Le président est nu…

Le président est nu.

Après Michel Barnier, François Bayrou et la démission expéditive de celui qu’il espérait être son bouclier le plus sûr, Sébastien Lecornu, Emmanuel Macron est dorénavant confronté à sa responsabilité fondamentale : à cause d’une dissolution aberrante qui a rendu l’exercice parlementaire impraticable et, au-delà, gangrené la vie démocratique, le président de la République n’a à sa disposition que des solutions qui mettront en lumière son propre échec.

Le président ne démissionnera pas. Une telle décision, si elle émanait de lui seul, serait le signe d’une démarche parfaitement républicaine. Mais le propre d’Emmanuel Macron, et du macronisme qu’il a inspiré, a toujours été de substituer à la lucidité sur leurs erreurs une arrogance occultant le désastre.

En refusant la politique du pire et pour éviter le pire de la politique, le président peut être tenté de nommer un Premier ministre de gauche qui sera conforté par des forces de gauche et d’extrême gauche miraculeusement réunies par la tactique et l’unité imposée. Ce gouvernement peu probable serait balayé très rapidement.

La dissolution, cette fois nécessaire, devrait être l’expédient suprême. Sans le front républicain qui avait totalement dénaturé le résultat des dernières élections législatives, de nouvelles élections, organisées dans une totale liberté et transparence démocratiques, pourraient aboutir à une victoire incontestable, amplifiée, du Rassemblement national.

Si le RN se retrouvait en position de proposer un Premier ministre, le président, en l’acceptant, mettrait ce parti dans une position très inconfortable avant l’élection présidentielle : cela révélerait davantage son impuissance que son efficacité.

La France vit une situation totalement inédite.

Le président est nu. Ce n’est plus seulement une crise, pas encore une révolution. Le peuple piaffe.

Nous sommes au bord du gouffre. Il faut résister à la tentation – perverse ou lasse – d’y tomber.

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  1. Julien WEINZAEPFLEN

    Sébastien Lecornu était très attendu hier soir dans un numéro dont la première équivoque formelle tenait au fait qu’on ne savait pas pourquoi c’était lui qui devait prendre la parole, ni tenter d’« ultimes négociations ».
    On s’est aperçu que celui qui était nommé Premier ministre — pour quoi faire ? — avait simplement fait gagner quarante-huit heures à Macron en acceptant la « mission flash » que lui avait confiée le président, après sa démission qu’il avait acceptée.
    Il était invité au « 20 h » de France 2 pour parler sans rien dire, ou plutôt si : pour faire gagner quarante-huit heures de plus au président, en assurant que « le président de la République allait nommer un nouveau Premier ministre sous quarante-huit heures ».
    Mais quand on sait avec quelle lenteur il nomme un gouvernement après avoir nommé son Premier ministre — encore faut-il préciser qu’il nomme désormais son gouvernement en deux étapes, autre inédit sous la Ve République : une annonce pour les ministres, une autre pour les secrétaires d’État… — on comprend que le président, qui après Sarkozy a confisqué la Lanterne, l’ancienne résidence des Premiers ministres où les révolutionnaires de 1789 voulaient pendre les aristocrates, est bien parti pour nous faire lanterner.

    Lecornu a repris à son compte, pour se congratuler, le qualificatif de « moine-soldat » que son entourage lui décerne.
    Il en a fait un peu trop dans l’autosatisfaction — les fleurs ne coûtent pas cher en hiver, et ce n’est pas Macron qui lui en offrira —, mais on retiendra sa loyauté envers un mentor qui aurait gagné du temps s’il l’avait nommé plus tôt et s’il ne s’était pas laissé tordre le bras par François Bayrou : le Premier ministre qu’il aurait voulu et qui lui a fait perdre du temps en se déclarant « capé » pour gravir l’Himalaya avant de poser crampons et piolet à la première difficulté budgétaire.
    Sans doute notre nouveau Premier ministre démissionnaire serait-il arrivé au même résultat que le Béarnais, mais sans jeter l’éponge par une absurde « motion de confiance » qu’il ne pouvait pas remporter.

    Lecornu a assuré le service avant-vente de la parole présidentielle : « Le spectre de la dissolution s’éloigne » et « un chemin s’ouvre », sans que jamais Léa Salamé ne lui demande lequel.
    De même, il n’a cessé de ponctuer son interview de « J’ai démissionné », sans que Léa Salamé ne lui demande la raison de ce coup de tête.
    Sous-entendu : « Je quitte ce panier de crabes, même si je trouve qu’Édouard Philippe et Gabriel Attal sont de mauvais joueurs d’affaiblir l’institution présidentielle qui les a traités comme des fusibles — quand bien même c’est celui qui préside mal qui affaiblit tout seul, comme un grand, la fonction présidentielle. »

    Lundi dernier, Emmanuel Macron promettait de « prendre ses responsabilités ». On peut craindre le pire.
    Cependant, courageux mais pas téméraire, le président s’accordait un premier sursis de deux jours en envoyant Sébastien Lecornu au charbon pour consulter la horde des chiens enragés, muselés par des dents désappointées, ayant perdu leur aiguisement à force d’avoir trop rayé le parquet.

    Psychologiquement, Macron ferait un grand pas vers la reconnaissance de l’autre s’il acceptait de tester l’hypothèse que le NFP — l’insoumis en chef en tête — lui a soumise dès le soir du second tour des législatives : nommer Premier ministre un membre du bloc arrivé en tête de la tripartition aggravée par les élections issues de la dissolution, pour laquelle la Ve République n’a pas été pensée.
    S’il nommait un Premier ministre, Emmanuel Macron accepterait enfin qu’on ne peut pas cohabiter avec soi-même, et ce serait la fin d’un déni de réalité.

    Marine Le Pen réclame à corps et à cris une nouvelle dissolution — la seconde en un quinquennat, et même en un mandat présidentiel —, ce qui serait sans précédent sous ce régime de stabilité.
    Dans son parti, on est béat d’admiration devant la cheftaine qui « sacrifierait son mandat » et ne pourrait pas en réclamer un autre puisqu’elle est inéligible.
    « C’est pour mieux réclamer Matignon, mon enfant », se lèche les babines la grande méchante louve, qui s’entendait comme chien et chat avec les dobermans de son père.

    Dissoudre aujourd’hui ne servirait à rien, sinon à reconfigurer la tripartition — et d’une manière qui rendrait encore plus impossible tout équilibre politique.
    Macron ne veut pas se résoudre à dissoudre, et on ne peut que lui donner raison sur ce point : cela n’aurait strictement aucune utilité.

    Mais l’autorité tutélaire du Rassemblement national, qui veut rassembler les Français sous son nom, est aussi capricieuse que l’héritier, au sens bourdieusien, qui nous sert de président de la République.
    Aussi capricieuse, et plus irresponsable encore : rappelons-nous que c’est à son initiative et à celle de son parti qu’a eu lieu la première « dissolution sans raison » ; comme elle a censuré, sans raison, le gouvernement de Michel Barnier — qui lui faisait pourtant des mamours pour se maintenir au pouvoir —, aujourd’hui elle promet de « tout censurer ». Quelle perspective !

    Au concours Lépine de l’irresponsabilité, on s’abstiendra : c’est plus responsable — comme Marine Le Pen s’abstient de destituer Emmanuel Macron — de départager la fille Le Pen et le président Macron.
    Mais là où l’on tremble, c’est que Macron promet encore de « prendre ses responsabilités ».
    Dissoudre serait irresponsable, et il le sait : irresponsable et sans clarification.
    Néanmoins, cela le mettrait moins en échec que de démissionner.

    Démissionner serait pourtant la première des responsabilités que Macron pourrait prendre.
    On dit qu’il ne le fera pas parce que c’est un sale gosse qui, s’il claquait la porte, le ferait en estimant que les Français ne le méritent pas.
    Je crois plutôt qu’il ne le fera pas parce que démissionner le placerait face à un constat d’échec, et que la faille narcissique qui le pousse à « se caresser dans les miroirs » de l’Élysée ne lui permettrait pas de le supporter.

    À l’autre extrême, il ne lui reste qu’une forme de responsabilité — dont je ne souhaite pas qu’il la prenne, mais qui lui reste objectivement : c’est celle de décréter l’article 16, qui lui permettrait peut-être de se passer de Premier ministre pour se donner « les pleins pouvoirs », certes pour une durée limitée et encadrée par le Parlement.
    « Mais au moins, pourrait-il se dire, puisque mes compatriotes m’accusent d’avoir bridé leurs libertés au cours de mes deux mandats, au moins sauraient-ils pourquoi. »

  2. @ glw le 9 octobre 2025
    « Ce qui est plutôt comique dans cette histoire, c’est que finalement les grands moralisateurs de la droite molle qui ont « des valeurs » vont devoir mettre un bulletin de vote RN s’ils ne veulent pas avoir Mélenchon comme grand chef inquisiteur en 2027. »

    Je suis bien d’accord, ce qui importe c’est le courage politique, et là pas de frontières et comme a dit Robert Ménard, juste des « cojones ». Tout le reste est littérature.

  3. Je ne me suis jamais autant poilé que maintenant, ils sont tous retournés à l’école primaire, éditorialistes, journalistes et tutti quanti.
    Ils passent des heures à l’antenne à additionner, soustraire, diviser, tout ça pour savoir qui peut avoir une majorité à l’Assemblée.

    Un mot semble revenir : la lâcheté des ministres qui se sont succédé et de ne pas avoir engagé des réformes qui avaient été faites bien avant, en Allemagne et ailleurs.
    Personne n’ose encore dire, comme le fait le maire de Béziers, qu’il faut désigner les secteurs où il faut taper dans le lard : l’administration des hôpitaux est 30 % plus élevée que chez les Allemands. Des agences d’État multiples pour organiser la fête de la crêpe et du jambon, sans compter l’empilement des strates et doublons. Et 11 000 000 de pauvres : on dépense sans compter, et en plus on ne sait même pas à quoi ça sert.

    La lâcheté, le manque de courage, le Sénat et plus largement le nombre d’élus, les Hidalgo et consorts qui se nippent et se goinfrent aux frais de la princesse, un luxe démesuré au Sénat et à l’Assemblée, partout aussi dans les territoires, pas besoin d’aller chercher du pognon chez les retraités : à eux seuls, les gaspillages, c’est 120 MILLIARDS d’euros qui nous séparent de l’Allemagne. On ne peut pas dire que nos voisins sont d’horribles marxistes, et l’on a décroché depuis longtemps de ce qu’ils ont réalisé, nous leur faisons même un peu peur pour la constance de l’euro, son pouvoir d’échange ailleurs.

    J’en ai soupé de tous ces politiques qui vivent de carrières et de mandats, les pays nordiques les virent dès qu’ils pointent le nez, le mandat chez eux est un honneur de servir et de serrer les dépenses. Certes, ils ne sont pas parfaits, mais il suffit de voir leurs services de santé et les WC chez eux, tout cela est d’un blanc immaculé, et le sourire aux lèvres, en Espagne aussi.
    Nous n’avons eu que des batouilles pendant des années, des lavandières, des mots et du vent, la peur de ne plus être élus et reconduits. Assez ! Ils me donnent, ces recuits, l’envie de vomir.

    1. Ce qui est plutôt comique dans cette histoire, c’est que finalement les grands moralisateurs de la droite molle qui ont « des valeurs » vont devoir mettre un bulletin de vote RN s’ils ne veulent pas avoir Mélenchon comme grand chef inquisiteur en 2027.

  4. Patrick EMIN

    La fin du macronisme était tout entière en germe dans cette phrase sibylline : « On est tous pareils, alors oublions nos différences ».

    1. Je ne sais pas qui a dit cette phrase, mais elle me rappelle ce qu’avait prononcé le président au sortir de son entrevue avec le pape François :
      « Gouverner, c’est faire cheminer ensemble des entités contradictoires, espérant prendre les décisions les moins imparfaites. »
      Même si Macron est en échec, cette réalité n’a jamais été autant d’actualité.

  5. « Le président est nu… »

    Oui, trahi par deux de ses anciens Premiers ministres, qui lui doivent leur carrière et qui aujourd’hui lui demandent de démissionner.

    – Si Emmanuel Macron n’avait pas fait appel à Édouard Philippe pour occuper Matignon, ce dernier serait encore le maire du Havre et connu de ses seuls administrés.
    – Idem pour Gabriel Attal, propulsé Premier ministre à 35 ans et qui manifestement a attrapé le melon.
    Dommage, je l’aimais bien ce garçon car il avait de bonnes idées et un bon sens de la répartie. Mais là, il m’a terriblement déçu.

    Voilà une situation qui doit pleinement satisfaire Vladimir Poutine avec qui les relations sont devenues détestables. Pourquoi pas le président algérien Tebboune, ainsi que le président iranien et peut-être aussi Donald Trump qui trouve qu’Emmanuel Macron a un peu trop tendance à son goût à se mêler des affaires internationales, et qui pourrait lui ravir « son » prix Nobel de la paix, auquel il tient tant.

  6. Retailleau, le boutiquier qui voulait imposer la présence au gouvernement de ses deux copains Bellamy et Nasrou, s’est effondré en quelques minutes après un tweet. Sa chute dans les sondages va être sévère. Adieu l’Élysée. On imagine la joie de Wauquiez !
    Bilger porte la poisse à tous ceux qu’il soutient.

  7. Je n’entends plus le capitaine de coquille de noix, ni le député, ni le président qui s’est déballonné, ni le champion de la blagounette qui ne fait rire que les serviles.
    Pense-t-il, en catimini, à Mon Général et à 1958 ? Il doit sans doute en rêver : un retour triomphal, plébiscité par tous les Français, le sauveur du pays…

    Une qui n’a pas pu s’empêcher de donner son avis, c’est Ségo, aussi populaire que son ex, et qui fait partie de toute cette troupe sans courage, celle qui dépensait notre pognon — jamais le leur. Cette gauche “pâtes aux truffes” chère à DSK, celle qui cumule, comme François, en cachette, des retraites stratosphériques qu’il a sans aucun doute mieux gérées que nos sous.

    Le retour du PS ? Faut pas rêver non plus… à moins que Jupiter ne fasse comme Coty. Et la suite, on la connaît.

    Mais plus question, de ma part, de filer un euro à ces types, ni de me faire sortir le mouchoir pour boucher les trous… Ces chambres dans cet hôpital le hantent : je ne pensais pas qu’on puisse tomber si bas. Elles sont réservées à des patients qui méritent notre talent et notre amour…
    Ces politiques me donnent envie de vomir.

  8. @ Julien WEINZAEPFLEN le 8 octobre 2025

    Le centrisme fonctionnait à l’époque où il existait une gauche raisonnable dans ses ambitions et une droite s’appuyant sur des personnalités charismatiques.
    Il ne fonctionne plus face à une ultra-gauche révolutionnaire et une droite réactionnaire qui, toutes deux, tiennent un langage populiste et simpliste leur permettant d’attirer l’électorat et de s’emparer du pouvoir.
    Pour en faire quoi ? Un nouveau président de la République ne permettra pas de sortir de l’ornière dans laquelle le pays s’est embourbé.
    Il faut que tout change pour que rien ne change, dit-on, mais avec qui ? Là est la question.

    Il arrive parfois que le remède soit pire que le mal.

  9. J’ai regardé l’intervention de monsieur Lecornu sur le perron de Matignon ce matin : c’est là que l’on comprend qu’il n’est que l’instrument docile de monsieur Macron et qu’il porte dans son cœur un rejet devenu viscéral de monsieur Retailleau pour l’avoir contraint indirectement à démissionner aussitôt que nommé. Réaction humaine tout autant que celle de monsieur Retailleau qui s’est refusé à avaler une couleuvre supplémentaire.

    Il doit rendre cet après-midi le bilan de ses consultations et propositions au président de la République, rencontre purement formelle puisque tout aura déjà été discuté avant. Mais ce sera sans doute l’acte officiel de sa démission, ayant laissé entendre qu’un autre Premier ministre pourrait être nommé, la dissolution pour lui ne faisant qu’ajouter une crise à la crise.

    Donc l’on peut se préparer à un gouvernement de gauche auquel on ne sait si des représentants de LR auront été proposés par monsieur Wauquiez à monsieur Lecornu contre l’avis du président de LR…
    Reste à savoir si les membres des partis de MM. Philippe et Attal se précipiteront pour en être.

    Quant à la haine évidente de monsieur Attal pour la personne du président de la République, elle date de la dissolution qui l’a brutalement privé de Matignon. L’objectif stratégique du président de la République était certainement de conduire le RN à assumer les charges du pouvoir et de s’y discréditer avant la prochaine présidentielle. Mais la stratégie de désistement mise en place par monsieur Attal a réduit à néant celle de monsieur Macron. D’où une haine réciproque dont le Palmipède paru ce jour se fait écho…

    J’avais envie d’écrire que monsieur Macron et consorts nous jouent un vil théâtre de boulevard. Mais il me semble que l’édito de Natacha Polony à paraître demain dans Marianne est beaucoup plus juste : « L’indécence au pouvoir » !

  10. Julien WEINZAEPFLEN

    @ Achille

    Pourtant, la France aimait être gouvernée au centre. Et l’incarnation du centrisme, c’est le libéralisme.
    Encore fallait-il que le centrisme et le libéralisme fussent raisonnables, et raisonnablement individualistes.

    Avec le wokisme et l’inclusivisme — ou, autrement dit, avec la perversion de la démocratie, gouvernement de la majorité, en lutte des minorités —, l’individualisme est devenu fou, et le centrisme de gouvernement est devenu introuvable.

    P.-S. — La dérive prévisible de la démocratie représentative est contenue dans cet adage, déduit de La Fontaine :
    La raison de celui qui gueule le plus fort est toujours la meilleure.

    Et si nous devions le montrer tout à l’heure, cette crise de régime le démontre à toute allure.

    —————————————————————————

    @ Tipaza

    Lecornu n’est pas au niveau, je n’en suis pas sûr.
    Il n’a pas de conviction, je ne crois pas — c’est-à-dire que je crois qu’il en a.
    Ses convictions, ce sont d’être pragmatique en économie et va-t-en-guerre ukrainienne en stratégie otano-européenne, stratégie qui, à long terme, va nous faire quitter l’une et l’autre si ça continue.

    Lecornu a été bien vu de l’armée, car il est technophile. Il a commis, par loyauté, l’erreur de nommer ministre des Armées Bruno Le Maire — l’homme qui a « mis l’économie russe à genoux » et qui a « sauvé l’économie française », deux antiphrases qui resteront collées à ses basques et à sa veste désormais irréversible, bien qu’on ne soit jamais mort en politique.

    Vous tenez pour une erreur que Sébastien Lecornu ait renoncé à son arme fatale : le 49.3. En fait, il a appliqué la méthode que, depuis le début, le NFP — notamment en la personne de Marine Tondelier — se proposait d’appliquer : devant la tripartition de l’Assemblée nationale, pour laquelle la Constitution de la Ve République n’a pas été écrite ni pensée, appliquer un parlementarisme non rationalisé et ne pas chercher de compromis texte par texte, contrairement à la feuille de route qu’Emmanuel Macron avait donnée à Élisabeth Borne (dont on se demande pourquoi il l’a éjectée), mais accepter que chaque député se prononce texte par texte, y compris en suivant sa logique partidaire, au risque de désorienter ces textes et de rendre la politique illisible, car globalement incohérente — ce que redoutait François Bayrou, au point d’avoir exigé une motion de confiance.
    Mais sait-on jamais ? La sagesse des nations peut venir à bout des divisions les plus irréductibles.

    Quant au rôle de l’État profond en France et du socialisme de connivence à la tête de toutes les administrations, grandes et petites, fallait-il attendre que Donald Trump le dénommât ainsi pour en saisir l’impasse ? Et convient-il de se ranger sous son panache blanc — et sous ses lieux communs américains — pour en dresser l’état des lieux en France ?

    Le RN s’est présenté à toutes les élections comme s’il avait été en état (sic) ou en mesure de gouverner ce pays. Il a certes percé un plafond de verre, en faisant élire, sous sa bannière, une centaine de députés au scrutin majoritaire. Mais il y a loin de percer ce plafond de verre à ranger les administrations et les corps intermédiaires dans la discipline de ce parti boutiquier qui, pour être caméléon en diable, s’est tout de même fondé à partir de toutes les strates de l’extrême droite la plus rance et la plus autoritaire.
    Le fond de l’« État profond » ne pourra jamais l’oublier, ni celui de la société française.
    Contre l’impasse politique dans laquelle nous sommes enlisés, le recours au RN — ce parti épouvantail — paraît être une autre impasse.

  11. Le président est nu…
    Je découvre que la nudité est contagieuse ! Si, si.
    Élisabeth Borne se déculotte en demandant la suspension de la réforme des retraites qu’elle fit voter.

    Et Sébastien Lecornu abonde dans ce sens, en demandant à Bercy le coût d’une telle suspension, qui à l’évidence sera appliquée.
    Lui aussi se déculotte, avec l’aval probable, et même certain, de Macron.

    Une nouvelle version des Sans-culottes au pouvoir.
    Lorsque l’histoire se répète, la seconde fois c’est sous la forme d’une farce.

  12. Xavier NEBOUT

    Vous allez encore vous poiler !
    Comme tout le monde reporte ses dépenses, l’État n’encaisse plus de TVA, et dans quelques mois il pourra aussi s’asseoir sur les droits de mutation.
    Attendez ! Ne partez pas ! Il y a mieux : comme les riches sentent le vent venir, le pognon est en train de se barrer en Suisse et ailleurs.

    Ceci dit, si vous connaissez l’un de nos guignols, j’ai un tuyau pour eux : si vous voulez relancer l’industrie et l’activité en général, il suffit qu’on puisse débaucher un salarié aussi facilement qu’on peut l’embaucher, c’est-à-dire sans avoir à se justifier d’aucune manière.

    .

  13. Les supputations depuis hier vont bon train et l’on finit par ne plus supporter tous ces commentateurs ou commentatrices qui nous assènent leurs réflexions souvent fondées plus sur un esprit partisan que sur une analyse intellectuellement honnête de la situation, notamment créée par l’attitude de monsieur Retailleau qui cristallise la plupart des reproches quant à l’origine de la crise.

    Je viens de lire un billet de Descartes (https://descartes-blog.fr/2025/10/07/macron-doit-partir/) qui apporte des éléments d’appréciation fort instructifs.
    Comme beaucoup, il a été initialement séduit par le désir de rupture annoncé par monsieur Lecornu. Toutefois il a eu connaissance de la « feuille de route » que monsieur Lecornu a adressée aux partis du Bloc central.
    Il s’est ainsi aperçu que cette lettre, supposée rédigée par le Premier ministre lui-même, est en réalité écrite à la troisième personne, ce qui montre qu’en réalité il s’agit d’une feuille de route qu’il a reçue et dont Descartes dit : « La question se pose donc de savoir qui est le vrai auteur de ce texte. D’un texte qui apparaît plus comme des instructions données publiquement au Premier ministre qu’un engagement de celui-ci. Et poser la question, c’est y répondre. Emmanuel Macron a encore frappé. C’est l’Élysée qui a réduit la « rupture » annoncée par son Premier ministre à néant. »

    Dès lors l’on comprend mieux l’attitude de monsieur Retailleau qui s’est retrouvé devant un Premier ministre strictement guidé par monsieur Macron, sans la moindre indépendance ou même distance dont avaient fait preuve messieurs Barnier puis Bayrou.

    La lecture de ce billet de Descartes me semble donc indispensable, d’autant qu’à présent ce sont les anciens Premiers ministres de monsieur Macron qui sonnent la charge !

    1. Michelle D-LEROY

      Évidemment, c’est Emmanuel Macron qui tire les ficelles, et Sébastien Lecornu, aussi honnête soit-il, n’était qu’un pantin. Toutes ses actions auraient été compromises par le Président : il l’a senti et il a démissionné. C’est tout à son honneur.
      D’ailleurs, M. Macron ne sait faire que cela : manipuler à son profit, à sa gloire. Et comme le dit si bien caroff, il n’avait pas les épaules.

      La France mérite beaucoup mieux. Mais après toutes ces années de vide, il y aura tellement de choses à reprendre que ses successeurs devront travailler dur, surtout dans un paysage politique aussi clivé, fracturé, et dans une France lourdement endettée.
      Ce soir, un article du Figaro qui donne la parole aux Français genre « Radio Trottoir », où les personnes interrogées disent tout ce qui m’afflige.
      https://www.lefigaro.fr/actualite-france/c-est-le-cirque-pinder-on-assiste-a-un-spectacle-desolant-le-torchon-brule-entre-les-francais-et-la-politique-20251007?utm_source=CRM&utm_medium=email&utm_campaign=20251007_NL_ALERTESINFOS&een=b699486f69131c8af10c4406b2a71770&seen=2&m_i=HvLQSgkC0YrpuoqVZPL%2BcAKbZKxAzWAUOE_JMJ2qSGW7CZBCGrddFKXFgf9doLmnD5khVPAyhjl5aWMmhPWh%2BjkCL3G4f3GFHv
      En tout état de cause, je pense que M. Macron n’a plus qu’à démissionner, bien sûr s’il lui reste encore un peu d’honneur.

  14. « https://x.com/Erwann_TISON/status/1975130024320844208 »

    Bruno Le Maire, Éric Woerth, Jacques Chi…, Manuel Valls et puis tous les recuits de la politique : communes, communautés de communes, départements, régions, “grand ceci, grand cela”, Sénat pléthorique et goinfré de dorures, Assemblée nationale et ses 577 députés, environ 1 200 agences d’État, une cantine pour nababs avec tout ce qui suit dans chaque ministère — en Allemagne, une seule pour tous, pas de tralala…

    Ils commencent à se faire peur, nos voisins. Pour l’euro, nous n’avons plus un rond et ils se demandent où passe notre pognon. 1 100 milliards que Bruno, en chiromancien, a fait disparaître en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

    Et il faudrait, à nouveau, se cogner toutes ces structures, tous ces types, sans tailler dans le vif ? 3 500 milliards nous contemplent, et on se sert encore du rabot de mon grand-père pour enlever juste l’aubier… Mais ils devraient savoir que, sur une dette en chêne, majestueuse, l’aubier n’existe pratiquement pas. Il faut de la scie diamantée pour la couper, et abattre un chêne dont on fait les poutres après.

  15. Le roi est nunul, et l’on nous prépare le clone nommé G. Attal, qui, pour nous faire accroire qu’il est différent, dénigre l’itération antérieure qu’est le président actuel — bla bla bla.

    Mais l’État profond à la manœuvre est li-bé-ral : la preuve en est dans l’évolution des lois, à la fois dans la sphère privée et dans la sphère économique.

    L’aveuglement économique de la gauche a été acheté à coups de réformes sociétales dispensables, de visibilité accordée à des groupes spécifiques créés sur mesure [wokisme, LGBTQIA+ avec leurs petits clergés et leurs fidèles réduits à leur spécificité], et par la litanie inclusive — véritable arnaque sémantique.
    Pendant ce temps, les centristes, eux, géraient le pays, bien qu’ultra-minoritaires, mais en situation de donner la majorité alternativement à la droite et à la gauche, tout en dictant leur programme libéral.

    Question : le libéralisme est-il compatible avec la République ? Oui, un certain temps. Mais il semble que ce ne soit plus le cas. Et accoucher d’une nouvelle République par une constituante avec les zozos qui nous ont menés dans le mur serait redoutable.

    Identifier les républicains disséminés dans tous les partis, les faire travailler sur des axes transpartisans, le temps que les électeurs comprennent l’embrouille dans laquelle nous sommes, serait un programme pour nos assemblées. Cela supposerait de changer la présidence du Sénat.

    Le problème est aussi le contre-pouvoir qu’est la technostructure de Bercy, pas si pressée que cela de mettre la main sur les milliards d’euros d’optimisation fiscale identifiés depuis plus de dix ans [deux émissions de France Inter expliquent très bien les trusts au Canada et le mécanisme des Cum-cum].

    Pour commencer…

    1. « Identifier les républicains disséminés dans tous les partis, les faire travailler sur des axes trans-partisans, le temps que les électeurs comprennent l’embrouille dans laquelle nous sommes, serait un programme pour nos assemblées. »

      Avant, il faudrait peut-être commencer par les rééduquer, pour leur ôter toutes les âneries sans queue ni tête qui leur ont été mises de force dans le crâne.
      Et il y a du travail, croyez-moi.

  16. Cher Philippe Bilger,

    Après le bon tour de Lecornu
    Nous voilà tous cornecul
    Reste une seule issue :
    Virer le Père Ubu !

  17. La situation est affligeante, mais est-ce nouveau lorsque l’on connaît les protagonistes de cette farce ?
    Il suffit que l’opinion — les électeurs, quand on les sollicite — dise et redise que Macron a fait son temps, en laissant une ardoise dans tous les domaines qui pèseront cruellement sur les générations à venir, pour que l’intéressé méprise l’obstacle : c’est l’Achille Talon du Faubourg Saint-Honoré !

    Plus il entend les multiples voix qui réclament sa démission ou une dissolution, plus il fera le contraire, persuadant les observateurs politiques qu’il est davantage un pervers narcissique empli de lui-même qu’un homme d’État soucieux de maintenir le rang de son pays.
    Élu deux fois sur un malentendu — et surtout sur des magouilles médiatiques —, sa fin de règne s’achève sur une certitude : il n’avait pas les épaules.

  18. Si l’intéressé était un tant soit peu exhibitionniste, tout nu, pour lui, ce serait le rêve. S’il était un tant soit peu mégalomane et que la France entière retienne son souffle en attendant sa décision, il serait en train de boire du petit lait. S’il était flambeur, etc.
    Mais c’est surtout un magicien. Il a encore plus d’un tour dans son sac.

  19. Sous la IVe République, les candidats à la présidence du Conseil se succédaient devant Vincent Auriol ou René Coty en entretien de recrutement. S’ils acceptaient le poste, ils se présentaient devant l’Assemblée pour une investiture individuelle, puis, une fois leur gouvernement désigné, pour une investiture collective.
    Cela avait beaucoup d’inconvénients – De Gaulle qualifiait charitablement la procédure de « tournée des chevaux de bois » – mais avait l’avantage d’assurer au nouveau chef du gouvernement une légitimité minimale devant les partis politiques…

  20. « Si le RN se retrouvait en position de proposer un Premier ministre, le président, en l’acceptant, mettrait ce parti dans une position très inconfortable avant l’élection présidentielle : cela révélerait davantage son impuissance que son efficacité. » (PB)

    Sauf le respect que je vous dois, vous avez dû réfléchir longtemps avant d’écrire cela. Le RN serait d’une incompétence extrême ? Lorsque vous êtes partisan, vous devenez d’un commun… du ciel vous tombez dans la mare.

  21. « Le président est nu. » (PB)

    Les oripeaux des ténors de la droite radicale et de la gauche révolutionnaire montrent que l’opposition n’est pas dans une situation plus favorable et qui inspire le respect et la dignité.
    Notre pays est livré à des nains qui se prennent pour des géants.

    Maurice Martin a bien résumé l’ambiance délétère qui règne dans le pays.
    Tout est dit et magnifiquement dit. À lire jusqu’au bout !

  22. « C’est moi ou le chaos ». Pardonnez-moi mais à chaque fois que je me repasse cette séquence, je suis pris d’un fou rire incontrôlable. Finalement, Brigitte avait raison en parlant de son Mozart, on ne le mérite pas.

  23. « Mais le propre d’Emmanuel Macron, et du macronisme qu’il a inspiré, a toujours été de substituer à la lucidité sur leurs erreurs une arrogance occultant le désastre. »(PB)

    C’est le propre des Français, depuis la dernière guerre, de tendre à croire ne pas avoir été seulement dans le camp des vainqueurs, mais vainqueurs malgré tout, illusion promue par le Général, si bien que tout le monde en a été complice. Ce mirage est le socle des mirages qui ont suivi, de sorte que toute réalité, et même tout rêve, en a été dévoré — ainsi celui de progresser en liberté… Au lieu de cela, on a eu une Constitution fort peu démocratique, qui finalement n’assure même plus la stabilité pour laquelle elle avait été faite.

    J’en conviens : la réalité est insupportable. Nous souffrons, nous mourons, nous ne faisons donc que subir — des pantins à qui l’on fait même obstacle lorsqu’ils veulent se suicider, jaloux que certains accèdent à la seule liberté de ceux qui n’en ont pas d’autre.
    Comme une goutte d’eau qui fait déborder le vase — voire l’oublier —, les gens craquent pour bien moins ; et l’on se moque de l’individu, par exemple lâche ou vaniteux, tandis qu’on ménage les susceptibilités des nations. Or, les nations sont fortes, les individus faibles, ce qui explique la différence de traitement. Et pourtant ! Une nation qui déraille fait bien plus de dégâts, sans parler de ceux qu’elle subit. Je crains le pire pour le pays dont le démissionnaire avait bien raison de pointer que tout parti se comporte comme s’il avait la majorité absolue — encore un mirage…
    Je regrette que le projet d’union entre notre pays et l’Angleterre ne se soit pas fait. Quitte à être sous l’influence de la brume, la leur me semble plus avouable.

  24. Le roi est nu ou le roi est nul ?

    La farce de la nomination de Sébastien Lecornu devient grotesque. Le comique de répétition, cher au théâtre bas de gamme, ne marche pas toujours. Emmanuel Macron, dont on nous a dit qu’il fut acteur amateur, devrait le savoir.

    Soyons clairs : l’homme Lecornu n’est pas l’homme de la situation. Après les deux échecs de ses prédécesseurs, Barnier et Bayrou, il fallait un homme énergique, capable de rupture et de fulgurance, pour prendre tout le monde politique de vitesse.

    Je n’ai pas apprécié qu’un ministre des Armées renonce à sa principale arme de combat, le 49-3, et qu’il démissionne sans combattre devant l’Assemblée. Bel exemple pour des militaires, dont il est le chef et dont la mission est — ou devrait être — la victoire ou la mort.

    Finalement, Bayrou s’est comporté avec plus de dignité et de panache.

    Sébastien Lecornu, simple exécutant d’Emmanuel Macron, n’a aucun programme, si tant est qu’il ait des convictions.
    Ne l’accablons pas : il n’est pas au niveau, et celui qui se retrouve dans ce genre de situation — qui en est conscient puisqu’il a présenté sa démission — celui-là est malheureux.
    Rien de plus terrible que d’être surestimé et d’avoir à résoudre des problèmes qui le dépassent.

    La situation est inextricable.
    En renommant Lecornu pour un nouveau tour de piste, Macron s’est déconsidéré et a révélé plus que sa nudité : il a révélé sa nullité.
    Premier point de l’inextricable, qui serait résolu facilement par sa démission.
    Le fond du problème est qu’une dissolution de l’Assemblée ne résoudrait rien, surtout si le RN obtenait la majorité absolue.

    On a vu ce que ce genre de victoire électorale a donné lors du premier mandat de Donald Trump.
    L’État profond s’est ligué contre lui et a torpillé toutes les décisions qu’il prenait lorsqu’elles s’écartaient trop de la doxa démocrate.

    En France, la situation pour le RN serait pire.
    L’État profond est complètement contrôlé par les socialistes et, dans certains cas, certains syndicats par l’extrême gauche.
    Tous les grands corps de l’État, qui sont censés être des contre-pouvoirs démocratiques, sont de fait devenus de vrais pouvoirs, contre lesquels il n’y a pas d’appel possible.
    Sans compter les instances bureaucratiques de l’UE et les Cours de justice européennes, dont on voit combien elles mènent la vie dure à Viktor Orbán.

    L’annulation des élections en Roumanie, l’interdiction de candidature du candidat roumain d’opposition à l’UE.
    Les manœuvres d’intoxication des médias institutionnels ou acquis à la doxa post-moderne montrent que le système “adémocratique” qui se met en place dans l’UE ne laissera pas le RN appliquer sa politique anti-immigration.
    C’est-à-dire qu’il ruinera totalement sa crédibilité, sans parler du contrôle financier qui sera autrement plus sévère que celui qui a été exercé autrefois sur celui qui est devenu le comique troupier du jour, ministre des Armées de quelques heures : j’ai nommé Bruno Le Maire.

    Donald Trump a raison d’avoir déclaré la guerre à l’État profond aux USA : rien de grand ne pourra être fait s’il ne remporte pas cette guerre.

    Malheureusement, en France, liée par les contraintes de l’UE et aussi par une tradition de contestation de l’effort lorsqu’il n’est pas présenté par quelqu’un à la stature monarchique, la mise au pas de l’État profond est quasiment impossible, tant les élites et notables, acquis au confort socialo-bureaucratique, sont puissants.
    Un seul exemple : l’impossibilité de faire un quelconque référendum d’initiative populaire, sur l’immigration ou sur tout autre sujet fondamental.

    1. La référence serait donc Trump et Orbán !
      Les défaits de quarante en sont donc là : la vengeance froide offre aux ogres les restes du pays, tandis que les héritiers de l’OAS ont mis le masque gaullien de la souveraineté nationale, mimant économiquement la geste gauchiste pour satisfaire leur vindicte d’un temps révolu dont ils n’ont pas su tirer l’enseignement.

      Nous sommes en 2025 : les jeunes ne font plus d’enfants, et les vieux, incapables d’accepter la mort, astreignent leur descendance à rembourser les dettes de leur vie éternelle d’enfant-roi cacochyme.

      Retailleau voit ainsi sa droite sincérité gaulliste, comme Fillon en 2017, déchiquetée par les caciques partisans prêts à tous les renoncements. Il tombe en désignant à la vindicte le président d’une Ve République pourtant bien seule à savoir résister aux courants de l’oligarchie rouge-brune qui dévore les enfants — avec la liberté.

      La pierre rejetée, pourtant, apparaît en majesté, aussi aiguisée que le fil d’une lame sur laquelle peuvent danser les acrobates de la vérité, pour passer l’abîme où se sont jetés les inquisiteurs de l’un ou l’autre bord, abîmés aux gouffres du même enfer.
      L’alternative ne sera jamais entre le Hamas et Netanyahou. La paix n’est pas un choix entre la guerre et la guerre. Et la grande idée française de l’âme européenne réconciliée ne meurt pas d’être ainsi délaissée par son peuple, mais confirme la faiblesse toute-puissante de sa réalité : il n’y aura de vraie liberté égale que par fraternité.

    2. P.-S. : pour ceux qui n’ont toujours pas compris les raisons de la dissolution, Édouard Philippe comme Gabriel Attal répondent en l’épisode actuel à toutes les interrogations.

    3. « Les défaits de quarante en sont donc là »

      La défaite subie est un engagement qui rapproche de la vraie victoire. L’événement en marche compte seul.

      « il n’y aura de vraie liberté égale que par fraternité. »

      Pour qu’il y ait fratrie, il faut qu’il y ait famille.
      Les hommes ne sont pas frères en abstraction, mais frères en passé et en avenir communs, dans un lieu donné et une culture donnée.

    4. « Tous les grands corps de l’État, qui sont censés être des contre-pouvoirs démocratiques, sont de fait devenus de vrais pouvoirs, contre lesquels il n’y a pas d’appel possible. »

      Tous ces gens-là, qui se font passer pour des parangons de vertu démocratique, ont en fait horreur du peuple, au nom de qui, pour qui et par qui la démocratie est pourtant supposée exister.

      Il suffit de se reporter à la façon scandaleuse dont les résultats du référendum de 2005 ont été rapidement enterrés pour s’en convaincre.

      Mais en fait cela confirme que la France, qu’il s’agisse des gouvernants ou des gouvernés, n’a pas vraiment la fibre démocratique en dépit des grands discours prétentieux dont on nous inonde.

    5. « En France, la situation pour le RN serait pire. »

      Il suffit de se reporter à l’entre-deux-tours de 2002 pour en avoir une petite idée.
      L’Enfer vomirait sur la France tout ce qu’il recèle de démons et de succubes, et la République y déverserait tout ce que ses entrailles peuvent générer de copains et de coquins, de fripons et de félons, de Théodule et de crapules, de canailles et de racailles, peuplant parfois, par exemple, des corps comme l’Éducation ou la Justice, de la façon dont la peste s’est répandue sur le monde.

       

  25. Ça me rappelle les temps qui ont précédé le coup de force des généraux Salan et Massu, le 13 mai 1958 à Alger.
    Les gouvernements se succédaient et tombaient aussi vite qu’ils étaient nommés. Comme maintenant.
    Les généraux ont alors remis le pouvoir à de Gaulle, qui avait dans ses bagages la nouvelle Constitution — l’actuelle — préparée par Michel Debré.
    Mais aujourd’hui, que va-t-il se passer ?

  26. C’est une catastrophe !
    Aussitôt nommé, aussitôt démissionné ! De qui se moque-t-on ? A-t-on besoin de cette pagaille pour faire face à nos problèmes ?
    Pour moi, le président doit dissoudre l’Assemblée et, dans la minute qui suit cette annonce, démissionner lui-même.
    Je ne suis pas un fervent adepte de la démission présidentielle, mais cela fait trop longtemps qu’il n’arrive pas à trouver la personne capable de gouverner le pays. Il est en situation d’échec.
    Dans toute entreprise normalement constituée, il y a longtemps que les actionnaires lui auraient montré le chemin de la sortie.
    Il nous faut, je pense, repartir à zéro. Ce ne sera pas simple. Et que ceux qui se voient déjà au sommet se méfient : c’est la dernière station avant le chaos, et là ce sera une autre histoire.
    On se croirait dans la cour des petits : « Madame, je veux pas jouer avec lui, il est vilain… ». N’est-ce pas, monsieur Retailleau, lui qui a si souvent mangé avec ce bon Bruno ?
    Quelle honte.

  27. L’on peut se demander si la désignation des membres du gouvernement Lecornu n’a pas été une provocation volontaire de LR par le président de la République d’autant que, outre le nom de Bruno Le Maire sonnant comme un chiffon rouge, il laissait encore la part belle au ministre des Affaires étrangères dont les dernières activités de ses services à Alger ont été une provocation de plus contre le ministre de l’Intérieur.
    D’évidence, le président de LR ne pouvait pas cautionner un maintien dans ses fonctions ministérielles.
    Quant à monsieur Lecornu, tenu rênes courtes par l’Élysée et malgré ses qualités de négociateur, il ne pouvait que difficilement réaliser la quadrature du cercle, d’où sa démission à peine le gouvernement nommé.

    Mais dans cette classe politique, du président de la République, qui ne bénéficie plus de la confiance d’une grande majorité des Français, à la plupart de nos politiciens, qui a encore le sens de l’intérêt général ? Fort peu en vérité, quel que soit le parti.

    Pauvre France en vérité !

  28. « Le président est nu. » (PB)

    Mais qui nous garantit que ses courtisans ne continuent pas de le flatter à l’encontre de la réalité pour ses beaux atours, sa grande intelligence, sa compétence économique, sa finesse politique, son influence dans le monde, l’admiration que lui prodiguent ses quasi-sujets et tous les peuples de la Terre ?

    Leur terreur n’est-elle pas qu’un enfant l’apercevant ne s’exclame : « Mais le Président est nu » ?

     

  29. Michel Deluré

    Que le Président soit nu n’est pas le plus ennuyeux, il a en fait tout fait pour qu’il en soit ainsi et ne peut donc s’en prendre qu’à lui-même, mais ce qui est de loin beaucoup plus grave, c’est qu’il a entraîné la France entière dans cette séance de strip-tease. Politiquement, économiquement, financièrement, il a mis consciencieusement en scène l’effeuillage du pays, un effeuillage qui n’a malheureusement rien de langoureux et qui, plutôt que le désir, suscite la risée au-delà de nos frontières et surtout la désespérance et la colère à l’intérieur de celles-ci. Il a réussi ce tour de force de mener la France dans une situation politique où elle est devenue encore plus ingouvernable qu’elle ne l’était lorsque la défunte IVe République se trouvait en soins palliatifs ! Le problème, c’est que nous n’avons pas cette fois un de Gaulle en réserve.

  30. L’éphémère Premier ministre a parfaitement résumé la situation, il s’en faudrait de peu pour que les responsables trouvent une solution, que les partis préfèrent le pays à leurs illusoires lignes rouges.
    S’il restait un gaulliste, il l’aurait compris.

  31. Olivier Seutet

    « Nous » ne sommes pas au bord du gouffre. Une classe politique dénaturée a failli : qu’elle s’en aille. Elle ne propose qu’emplois aidés (explosion de la fonctionnarisation), alourdissement de l’assistanat (explosion du nombre de retraités et d’emplois aidés précaires), mépris des modestes, de leur vie dite étroite, de leurs coutumes considérées comme désuètes, au profit du vulgaire et du communautarisme. Elle n’a pas de projet, sinon de continuer à s’embourber dans une Europe germanisée, impuissante face au grand large ; elle n’a pas d’autre idée économique que de mentir sur les prix en les bloquant ou en favorisant des centrales d’achat, que de peser sur les salaires en favorisant une immigration peu alphabétisée, et que d’emprunter au détriment des générations à venir ; elle oublie de traiter la richesse du futur : quelle énergie abondante, pas trop chère, pour faire fonctionner les usines de demain qui en seront gourmandes ? Quelle recherche recentrée sur le scientifique (le vrai, pas le miroir aux alouettes de toutes les sciences molles, bavardes, trompeuses) ? Quelle restauration de l’autorité des enseignants face aux élèves, des parents devant leurs enfants, des forces de l’ordre confrontées au monde de la drogue et du vol, et plus généralement de ceux qui savent un peu devant des ignares qui répondent Wikipédia ?

    « Ils » sont au bord du gouffre : qu’ils fassent enfin un pas en avant, ou bien qu’on les y pousse. Nous n’avons pas besoin d’eux pour ne plus préparer ces lois absurdes (ces lois de mort et de blessure que sont celles dites « sociétales »), ne plus voter ces budgets mensongers (où l’« effort » est une augmentation des dépenses simplement moins importante que ce qu’elle aurait pu être !), ne plus maquiller des déficits gigantesques exprimés en pourcentages d’un PIB qui inclut l’économie des gangsters, ne plus célébrer enfin cette absence du goût de l’action.

  32. Cher Philippe Bilger,

    Narcisse, qui avait envisagé un instant de démissionner, est allé se mirer ce matin dans les eaux de la Seine : elles l’ont rassuré et encouragé à rester en place.

    Quant à la possible victoire du RN aux probables législatives, vous-même avez salué le bilan d’un Retailleau qui a tout de même pu faire avancer le Schmilblick sur le plan régalien malgré les obstacles divers et variés.

    Alors pourquoi le RN n’en ferait-il pas autant, lui qui a parfaitement conscience qu’il disposerait là d’une chance historique et unique ?

  33. Jean sans terre

    Je ne suis pas républicain mais je vis en République au milieu d’un peuple qui croit encore aux vertus de la République et qui est attaché à cette République. Il faut donc une solution républicaine.

    La dissolution de l’Assemblée nationale n’est pas une solution. Elle aboutirait à la même composition tripartite de l’Assemblée nationale d’où aucune majorité ne pourrait se dégager. Elle ne permettrait que le maintien du président jusqu’à une crise d’une pire ampleur que celle actuelle.

    La solution est la démission du président suivie d’une nouvelle élection présidentielle, puis de la dissolution de l’Assemblée nationale, de sorte que le peuple éclairé décide de l’arbitre constitutionnel qu’il se donnera pour les prochaines années et lui donne les moyens d’appliquer une politique exécutive en accord avec cette élection.

    Si le président s’obstinait contre l’esprit de la Cinquième République à se maintenir au pouvoir, il n’y aurait pas d’autre moyen que de l’y forcer par la procédure de destitution. Sans doute, celle-ci ne suffira pas à démettre le président. Toutefois, elle entamera plus encore la légitimité du mauvais prince et accélérera le moment où il n’aura pas d’autre solution que de se servir des ultimes recours de la Constitution pour imposer la dictature, ou alors de partir ; dans les deux cas, sa chute adviendrait et permettrait à la démocratie française de repartir sur des bases plus saines avec une autorité et une légitimité accrues de l’exécutif.

    Le président dispose de la faculté de se démettre puis de se représenter. S’il était à nouveau élu, sa légitimité serait renforcée et le peuple devrait être cohérent avec son vote en lui fournissant une majorité à l’Assemblée nationale.

  34. Déclaration télévisée prochaine de Macron :
    « Françaises, Français, le parlement que vous avez choisi rend la France ingouvernable. Une nouvelle dissolution ne changerait rien. Personne ne peut donc ni ne veut gouverner le pays. Aussi, j’assume mes responsabilités. Je vais donc en personne gouverner moi-même le pays dans ces circonstances graves qui nous amènent à l’impasse où nous ne pouvons plus disposer d’un pouvoir politiquement responsable et efficace. C’est pourquoi, à compter de ce jour et selon l’article 16 de la Constitution, je prends les pleins pouvoirs. »

  35. Marc Ghinsberg

    Sans surprise, Philippe Bilger attribue l’entière responsabilité de la crise actuelle à Emmanuel Macron, conformément à la pratique récurrente du « Macron bashing » observée parmi les chroniqueurs de CNews. Même si par sa position, le chef de l’État porte, en dernière instance, la responsabilité ultime, un minimum d’équité devrait inciter les sympathisants des Républicains à considérer le réel avec objectivité. Plusieurs éléments méritent d’être rappelés :

    Lors du vote sur la réforme des retraites, les Républicains s’étaient accordés avec Élisabeth Borne sur un texte commun. Mais les dirigeants de l’époque, Éric Ciotti, Olivier Marleix et Bruno Retailleau, n’ont pas su imposer une discipline de vote au sein de leur parti. Cette absence d’unité a contraint la Première ministre à recourir au 49-3 pour faire adopter le texte, offrant ainsi à l’opposition l’opportunité de contester la légitimité de cette réforme.

    Au printemps 2024, les Républicains ont annoncé leur intention de voter une motion de censure lors de l’examen du budget 2025. Cette décision a rendu la dissolution de l’Assemblée nationale inévitable, le président de la République ne conservant que le choix de la date de cette dissolution.

    Depuis plusieurs mois, le parti LR est le théâtre d’une rivalité sans pitié entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez. Bien que le premier ait remporté haut la main la présidence du parti, le second n’a pas pour autant renoncé à ses ambitions. Leur dernier différend a porté sur la participation des Républicains au gouvernement. Laurent Wauquiez a conduit Bruno Retailleau à la faute. Ce dernier peine à justifier son attitude dictée par des considérations partisanes étroites et non par l’intérêt du pays. Bruno Retailleau vient de perdre l’élection présidentielle de 2027.

    Cet épisode, qui prend des allures de crise politique majeure, a toutefois permis de mettre en lumière une personnalité peu connue du grand public : Sébastien Lecornu. Un homme politique qui a le sens de l’État, espèce devenue rare. On n’a pas fini d’en entendre parler.

    1. L’Assemblée nationale est composée d’une myriade de petits partis qui empêchent toute possibilité de constituer une majorité.
      Une élection présidentielle ne changera rien à la situation. Le nouveau président, quel qu’il soit, sera confronté à la même problématique.
      Ce ne sont que des alliances de circonstance, de coups fourrés contre le gouvernement avec pour effet la chute de celui-ci au bout de quelques mois.

      En complément à votre post, je mets le post de Louis Duclos que je ne connais pas, mais dont l’analyse particulièrement pertinente résume bien la situation actuelle.

      Trop d’ego, trop de rivalités parmi les chefs à plume de la droite : Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau, Xavier Bertrand et maintenant David Lisnard qui veut être de la partie.
      Trop de comportements négatifs de la part de la gauche qui propose un programme qui va encore accentuer la dette du pays. « Le toujours plus » qui conduit inéluctablement notre pays à la ruine.
      Tous ces gens-là pensent d’abord à leur carrière sans se soucier des conséquences pour la France. Il est temps d’en finir avec ce comportement qui va à l’encontre des intérêts de la France et des Français.

  36. « Nous sommes fous, j’espère qu’ils vont dégager et vite ! » ai-je écrit dans le billet précédent, ce n’est même pas de la prémonition, c’est juste du bon sens.
    Il suffit d’écouter autour de soi, les citoyens en ont assez de ces recuits de la politique, qui ne sont animés que par leur carrière.
    J’ai allumé Le Maire et Woerth dans ce billet, les pires nuls qui ont été de tous ces gouvernements qui ont détruit notre beau pays, qui l’ont abîmé. Qui peut avoir aujourd’hui une majorité absolue et le courage qui va aller avec ? J’ai encore l’image de ces locaux d’hôpital qui m’ont fait honte, honte à tous ces types, il faut dépecer ce mammouth obèse et faire le ménage. On en a soupé de tous ces types qui ne sont responsables de rien du tout. Depuis Chirac, une avalanche de carriéristes, il ne nous manquerait plus que Pépère soit proposé… On n’a pas fini de rire, et au fond, si cela reste ainsi, ce ne sera pas plus mal, ils auront participé à faire détester la politique, les dépenses somptuaires et le Dodu qui vit en son palais comme un nabab et que plus personne ou presque aujourd’hui ne soutient. Qu’ils dégagent ! On veut du frais, du courageux, du bosseur, bref un athlète, pas des rentiers.

  37. « Si le RN se retrouvait en position de proposer un Premier ministre, le président, en l’acceptant, mettrait ce parti dans une position très inconfortable avant l’élection présidentielle : cela révélerait davantage son impuissance que son efficacité. » (PB)

    Si Emmanuel Macron nommait Jordan Bardella Premier ministre (vu que Marine Le Pen a déjà dit qu’elle ne voulait pas du poste, préférant se réserver pour l’élection présidentielle), ce serait rendre un très mauvais service au RN. Il ne faudrait pas longtemps pour s’apercevoir que Jordan Bardella n’a absolument pas les capacités pour occuper ce poste. Son programme repose essentiellement sur des mesures populistes, et surtout coûteuses. Comme le disait François Mitterrand parlant de Michel Rocard : « Vous verrez qu’au bout de six mois, on verra au travers ». Sauf que là il faudrait beaucoup moins de temps. À noter quand même que Michel Rocard a tenu trois années pleines et a fait un excellent travail, alors que son successeur Édith Cresson a tenu onze mois et a accumulé les bourdes. Mais finalement ce n’est pas mal si on compare sa durée à celle des trois derniers Premiers ministres…😊

  38. Certes le Président est nu mais bientôt c’est la France qui va se retrouver à poil…

    Comment Macron a-t-il pu imaginer que le gouvernement Lecornu, clone du précédent, avait quelque chance de durer ?
    Comment croire que des formations politiques très minoritaires (LR avec 50 méchants députés et PS avec 68 malheureux élus) prétendent imposer leurs exigences ?
    Comment s’étonner du dégagisme ambiant face à ces petits gâte-sauces qui mitonnent la même ragougnasse depuis des lustres ?
    Comment attribuer quelque crédit à Olivier Faure, caniche de Mélenchon qui se précipitera vers son maître dès que celui-ci tapera sur la gamelle ?
    Comment respecter ces LR qui se castagnent de plus en plus rudement au fur et à mesure qu’ils rétrécissent ?

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