Les dernières péripéties politiques oscillant entre gravité et vaudeville ne laissent pas beaucoup d’espoir. La morale semble avoir déserté l’espace public et les comportements de ceux qui nous dirigent.
Il me semble, dans ce vide, qu’on devrait se tourner vers le président de la République, non pour lui imposer un départ que son caractère refuserait, mais pour l’entretenir de l’honneur.
L’honneur est une exigence, une allure, une conduite personnelle. C’est une manière d’être qui relève de la morale au sens large et mériterait d’être prise en considération par le président de la République, qui pourrait en faire librement le choix, conscient de ce qu’un tel geste, plaçant la France au-dessus de sa personne, apporterait à une crise inédite dont il a été le responsable premier. Comme il la débloquerait et redonnerait ainsi sa chance à l’avenir.
Après une réélection sans campagne et une dissolution calamiteuse, à la suite d’élections législatives qui ont abouti à une Assemblée nationale tripartite ingérable, il a perdu son crédit et plus largement l’estime publique. Il est pathétique, de la part du Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu, de renvoyer loyalement à la décision présidentielle dans quarante-huit heures, comme si ce rite constitutionnel avait encore du sens et n’était pas dépourvu de la moindre effectivité.

J’insiste : il pourrait se sentir investi par l’honneur d’accomplir son devoir, révélant davantage de vraie grandeur dans le renoncement que dans la poursuite d’un quinquennat dont l’unique finalité, aujourd’hui, serait de faire durer encore un peu le mandat.
L’honneur, dans un pays confronté à un désastre qu’apparemment nulle manœuvre politique ni habileté partisane ne saurait atténuer, et encore moins faire disparaître, se présente, avec son ascèse austère mais sa profonde rectitude, comme une solution résultant de la seule liberté présidentielle, suscitant reconnaissance pour lui et espoir de guérison pour le pays.
Je suis d’ailleurs persuadé que la morale, l’intégrité, le souci de vérité, tout ce que, banalement, on déclare impossible dans la vie politique, permettraient à la personnalité qui en userait avec conviction d’obtenir, dans notre démocratie, un succès d’estime et d’admiration.
Le peuple déteste sa classe politique, mais il n’espère qu’une chose : renouer avec elle un lien fort, fondé sur son exemplarité et des œuvres conformes à ses promesses.
L’honneur comme une idée neuve dans notre pays.
L’honneur, la morale, l’intégrité, le souci de vérité sont des valeurs en voie de disparition.
Jugées trop vieillottes et désuètes, c’est toute la société du sommet de l’État au bas de l’échelle qui, de plus en plus, veut s’y soustraire. On voit ce que cela donne finalement, la société dévisse de partout.
Le chef de l’État devrait montrer l’exemple mais on le connaît maintenant, avec son sens de la provocation, la rigueur et l’honneur ne font pas partie de sa conduite. Au contraire, il aime choquer, pensant mettre en valeur sa jeunesse et son modernisme. Il veut casser les codes et les conventions, pour lui trop rétrogrades.
M. Macron avait beaucoup de cartes en main en 2017, dont la sympathie d’une très grande majorité de Français admiratifs de son intelligence, de sa jeunesse et de ses discours, il s’est grillé lui-même car il ne s’en est pas servi de la bonne façon, peut-être grisé par ce succès.
Reste que les relations humaines ne peuvent pas s’exempter de règles de conduite qui font toute la différence d’éducation.
Et voilà, nous y sommes ! Philippe Bilger, après s’être livré au Macron-bashing, rejoint le chœur de ceux qui exigent sa démission, notamment La France insoumise et Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier, pressé de saisir sa dernière chance avant que l’âge ne le disqualifie, rêve d’un duel au second tour contre Marine Le Pen ou Jordan Bardella, persuadé de l’emporter en faisant appel une fois encore au front républicain. C’est donc cette alternative que Philippe Bilger nous propose implicitement pour sauver la France : confier l’Élysée soit à un vétéran trois fois battu, soit à un novice sans expérience ou à une éternelle candidate échappée miraculeusement de ses démêlés judiciaires.
En mai 2016, notre Philippe admonestait déjà François Hollande dans ces termes : « Et pourtant, il s’accroche… Comme si les signaux, les alertes, les chiffres, les murmures et les cris de son propre camp ne suffisaient pas à lui faire entendre raison. Il s’accroche, par orgueil, par narcissisme, par peur de quitter l’Histoire par une petite porte. Il s’accroche, et c’est là son erreur la plus tragique. » François Hollande a renoncé à se représenter en 2017, un choix qu’il regrette encore amèrement.
Aujourd’hui, l’enjeu est plus grave. Appeler à la démission d’un président en exercice est un acte irresponsable, une attaque frontale contre les institutions. Ouvrir la voie à un tel précédent, c’est condamner chaque président élu à affronter, dès sa première année, des injonctions de la part de ses adversaires à quitter le pouvoir.
En cédant à leur animosité contre Macron, ces beaux esprits dynamitent la Constitution de la Ve République.
Je n’écoute jamais CNews, sauf le dimanche matin, à 10 heures, pour voir si l’invité politique m’intéresse, ce qui arrive. Et je n’écoute jamais le JT de 20 heures sur France 2. J’écoutais mercredi soir LCI, quand j’ai compris, par une réplique de l’animateur, que Sébastien Lecornu parlait ailleurs. J’ai cherché et j’ai trouvé. C’était l’invité du JT de France 2. L’intervention de Sébastien Lecornu n’était pas bonne : elle était excellente, presque enthousiasmante. Pourvu qu’il reste à Matignon. Sans le coup tordu du Vendéen, il y serait encore.
Il y a un certain honneur chez Retailleau à ne pas accepter de travailler aux côtés de Bruno Le Maire, même si les deux ont été proches par le passé.
De même que le soutien appuyé à Fillon dans la tourmente fut un comportement honorable.
J’ajoute le fait d’avoir accepté d’être ministre, pour éviter que la bande à Mélenchon saccage le pays.
Il est inadmissible que Le Maire ait été rappelé. Que n’aurait-on pas dit si Retailleau était « quand même resté » ?
Qu’on soit ou non pro-Macron, ce dernier est président de la République, élu par deux fois au suffrage universel.
Ce n’est pas le cas d’Édouard Philippe, sauf au Havre.
Que ce dernier, craignant sa propre chute dans les sondages, pousse le président à la démission est inacceptable. Il n’aura pas mon vote à l’avenir.
Gabriel Attal, lui, est cuit depuis la passation de pouvoir avec Barnier.
L’honneur n’est donc pas du côté des enfants de Macron. À part Jean Castex. Et si c’est lui qu’il fallait à la tête du pays ?
Mais ces gens n’en ont pas. Le Maire qui nous joue le retour de Nono la Rondelle, Retailleau qui fait sa diva, les socialos, Olivier Faure en tête, qui crève d’envie d’y être, Jean-Cul Méchencon n’en parlons pas, il se rêve en Duce, successeur de notre Naboléon au petit pied.
Quant à Lecornu, un type qui s’invente des diplômes, comment ose-t-il se mettre en scène comme ça ?
Nous sommes mal partis, cher hôte, c’est désolant. J’écoutais une dame des LR il y a deux ou trois jours : affligeant. Elle plaide pour le vote d’un budget afin de pouvoir redistribuer. Ils sont tous médiocres. Et que je te donne un chèque essence, une épilation, si t’es homo une détaxe sur la vaseline… Ils ne savent plus quoi inventer pour se vendre. Vous avez dit honneur ?