Crime parfait

Dans tous les cas, quoi que pensent les uns ou les autres, un crime parfait aura été commis.

Jacques Viguier a été acquitté en appel par la cour d'assises d'Albi qui a confirmé l'arrêt de la cour d'assises de Toulouse. Il n'y aura pas de pourvoi en cassation  (20 minutes, LCI, Journal du Dimanche). Jacques Viguier demandera réparation pour les neufs mois de détention qu'il a subis. 

Tous ceux qui sont passionnés par l'actualité judiciaire, notamment criminelle, ont suivi avec une infinie curiosité les comptes rendus des débats présidés par un magistrat, Jacques Richiardi, qui a fait l'unanimité (Le Monde, Le Parisien, Le Figaro qui lui a consacré un beau portrait). Pour ma part je n'ai rien manqué au fil des jours aussi bien dans la presse écrite que sur Internet, en n'omettant pas Dominique Verdeilhan sur France 2. L'essentiel sur lequel je vais m'appuyer provient de la vision de nos deux plus remarquables chroniqueurs judiciaires : Stéphane Durand-Souffland à la fois fiable et volontiers subjectif entre critiques et éloges  et Pascale Robert-Diard plus objective, distanciée et sereine.

En appel, outre évidemment la personne du président, la nouveauté a consisté dans les écoutes téléphoniques qui n'avaient pas été examinées publiquement à Toulouse, l'interrogation sur une mention entourée dans un agenda de Jacques Viguier et la procédure périphérique établie à la suite des remous relatifs au comportement d'Olivier Durandet.

Ce qui en revanche est demeuré, à Toulouse et à Albi, c'est l'avocat général Marc Gaubert qui n'a trouvé grâce aux yeux de personne et a semblé avoir ignoré les leçons du premier procès. J'avais déjà été frappé par l'attitude de cet accusateur qui ne se levait pas lorsqu'il questionnait – quelle image auprès des jurys et comme cette grossièreté aurait dû susciter d'emblée l'ire de sa hiérarchie ! – et qui, à Albi, n'a exercé sa mission que de manière résiduelle, laissant toutes les initiatives à l'un des avocats des parties civiles. Il paraît même que le président Richiardi, lors des rares interventions du ministère public, avait parfois du mal à réfréner un fou rire. Il est évident qu'une telle pratique n'était pas de nature à mettre les jurés dans un état d'estime et de confiance à l'égard de l'accusation. On peut s'interroger, à ce titre, non pas sur Marc Gaubert mais sur son procureur général qui, à deux reprises, a cru bon, en dépit de tout et d'abord de l'avocat général, de le désigner puis de le maintenir dans une charge qui à l'évidence ne lui convenait pas. C'est ce même procureur général qui avait décidé d'interjeter appel de l'acquittement toulousain sans percevoir le risque de cette démarche alors que l'accusation et les parties civiles n'étaient même pas accordées sur le déroulement du processus criminel et la qualification à retenir. Ces considérations démontrent que le manque d'intuition dans le choix des hommes et des femmes susceptibles d'être à la hauteur des épreuves que le judiciaire impose constitue un défaut aux conséquences très largement sous-estimées.

La parfaite connaissance du dossier par le président Richiardi, la manière équilibrée et impartiale dont il a mené les débats, la courtoisie manifestée à l'égard de toutes les parties, la neutralité irréprochable de ses propos ont permis de faire apparaître à quel point une affaire criminelle était une histoire au long cours traversée par mille courants contradictoires, pleine d'aléas et de rebondissements, favorables un jour à la charge et un autre jour à la décharge, projetant avec générosité et sans discriminer ombres et lumières partout où la vérité l'exigeait. Pour qui de l'extérieur aspirait à rester attentif à l'évolution apparente de cette indépassable "tranche" de vie et chronique de mort, la première semaine est apparue plutôt favorable à l'accusé, la deuxième plus négative à son encontre, la dernière lui redonnant espoir avec les experts psychiatres et psychologues. Mais en définitive la balance semblait égale entre doutes et convictions, de telle sorte que si on excluait les moments émotifs forts qui viennent apporter leur trouble non mesurable dans l'espace judiciaire, presque mécaniquement l'acquittement survenait. Comme la consécration d'une hésitation ne cessant d'osciller entre la possibilité du pire et le meilleur, qui n'était pas impossible.

Je ne sais pas comment Me Eric Dupond-Moretti a plaidé en faveur de Jacques Viguier. Ce dont je suis sûr c'est du talent et de la force qui sont les siens et qui ont dû rendre encore plus infirmes, par contraste, les faiblesses de l'accusateur. L'intelligence du procès, la puissance du discours avaient clairement choisi leur camp. Mais cet acquittement, contrairement à tant d'autres, n'est pas venu sceller par défaut des audiences inachevées et frustrantes. On a l'impression qu'il a couronné un  mystère dont pourtant on a cherché, mais en vain, à dévoiler tous les secrets. 

Leçon ultime des assises d'Albi : si une hirondelle ne fait pas le printemps, un grand président "fait" la justice.

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  1. Thierry SAGARDOYTHO

    Allons plus loin cher Philippe: si, par hypothèse, le procès criminel français devenait, dans les années à venir, un procès inspiré « à l’américaine » dans lequel le Président ne serait qu’un arbitre des interventions de chaque partie, accusation et défense, que donnerait un procès aussi délicat que celui-ci ? On devine à peu près le déséquilibre qui existerait à l’audience. Il semble bien qu’à Albi, certains se demandaient s’il y avait un avocat général dans la salle (Cf. D. Verdeilhan). Fort heureusement, ce Président a mené magistralement les débats semble-t-il, et a rétabli, par un examen scrupuleux de l’ensemble du dossier, une discussion équilibrée et contradictoire.
    Comme vous le suggérez à demi-mot, cet exemple ramène davantage l’interrogation au niveau des hommes qu’au niveau des textes déterminant le déroulement de l’audience. Il n’est pas besoin que le procès Viguier inspire une énième réforme, cette fois sur le déroulement de l’audience criminelle. Le Code, tel qu’il existe, permet à un Président équitable et d’autorité de conduire un procès pénal dans des conditions exemplaires. Le même code ne prémunit pas contre les effets délétères d’une audience conduite par un Président qui serait l’inverse du portrait décrit ci-dessus.
    Moralité : on peut réécrire les lois aussi souvent que l’on veut, c’est davantage dans les valeurs de l’institution judiciaire, et la façon dont les magistrats répressifs doivent les appliquer, que l’on trouvera bien des remèdes aux désastres judiciaires connus et devenus légendaires : présomption d’Innocence, équilibre entre les parties, respect de la défense, que tous ces mots se traduisent en actes et l’on fera de grands progrès !

  2. yves.bouant

    Les incompétences de la Justice !
    Quand, oui quand la justice comprendra-t-elle qu’un juge d’instruction est comme un médecin généraliste, son rôle est d’envoyer, en urgence, son « patient » chez le spécialiste concerné.
    Dans des affaires aussi défrayantes que celles de Dominici, Bruay, Grégory, Outreaud, Giraud, Viguier et bien d’autres, où tout de suite nous sommes confrontés à quelque chose qui sort de la routine et où il semble y avoir incohérence, pourquoi ne pas faire intervenir des gens compétents, policiers, magistrats, comme pour le terrorisme.
    De plus, P.B nous décrit un avocat général, digne de chez Gaccio.
    Tout ce gâchis est la responsabilité de la hiérarchie de la place fantôme, où, tout comme au Vatican, on découvre ses propres bizarreries dans la presse.
    Je pense à toutes ces vies brisées, d’un côté comme de l’autre, la vérité restant au fond du puits, aux enfants, plus de la moitié de leur jeunesse, de leur adolescence marquée au fer rouge.
    Une victime, oui, comment en être sûr à 100%.
    Une ultime conviction : oui tout cela est une catastrophe.
    Si tout cela ne se termine pas par un autre drame, nous ne pourrons qu’en être heureux.
    Je pense que si le parquet se pourvoit en cassation, ce sera une incitation au crime.
    Les assassins de l’ordre habitent les beaux quartiers !

  3. Désolé pour les couacs dus à mon agacement dans le commentaire précédent indirectement dédié à ‘justice et citoyenneté’ et glissé faute de mieux sous « NS et les magistrats », mais je précise ici que
    le mari du sketch est « le public » (qui ne veut rien voir ou conclure), que l’amant du sketch est celui qui a été acquitté, que l’amant de la vie n’a pas d’équivalent dans le sketch (ou peut-être le public de Devos) et que l’épouse reste l’épouse, plus heureuse dans le sketch que dans la vie…
    AO

  4. Maître Dupond-Moretti s’est montré peu disert et très circonspect, précisant qu’il « n’a pas aimé ce procès ».
    De fait, le président de cette cour d’assises a fait honneur à la magistrature et, par-delà, à la Justice.
    Relativement à l’affaire elle-même, les débats ont montré de manière crue les insuffisances et de l’enquête policière initiale et de l’instruction. L’impression qui reste à l’issue des débats est que l’on aurait suivi une piste sans avoir procédé aux vérifications qui auraient « fermé les portes » de toutes autres hypothèses. Et, dans ces conditions, les jurés ne pouvaient, compte tenu de l’accroissement du doute par rapport au premier procès, que confirmer le premier verdict : l’acquittement de Jacques Viguier. Toute autre décision n’aurait pas été compréhensible puisque les décisions de cour d’assises ne sont pas motivées. En ce sens, justice est rendue à l’accusé.
    Reste une grande et profonde insatisfaction : qu’est devenue Suzanne Viguier ? La réponse n’est pas venue et donc, pour elle, justice n’est pas rendue. Est-elle même décédée ? Trop d’hypothèses restent possibles et donc il serait indispensable que des réponses fussent apportées par l’institution judiciaire à ces interrogations.

  5. yves.bouant @ Marie

    Et alors, le contraire serait confondant. Je vous signale que par deux fois, vous, moi tous les citoyens de ce pays susceptibles d’êtres jurés d’assises, nous avons acquitté M. Viguier.
    L’affaire est close, sauf fait nouveau qui en ferait une nouvelle affaire.
    Seul, l’amant aura à répondre de faux témoignage et subornation de témoin dans une affaire criminelle.
    La justice ne lui fera peut-être pas de cadeau !
    Je viens de lire que le parquet de Toulouse n’ira pas en cassation.
    Nos sentiments, aux uns et aux autres qui n’avons pas participé aux trois semaines de débats, n’ont strictement aucune valeur.
    Que cela plaise ou non M. Viguier a été acquitté au nom du peuple français.

  6. « Et si le mari et l’amant étaient complices ? après tout c’est une solution comme une autre ! »
    Rédigé par: Marie | 21 mars 2010 à 18:41
    __________________________________________
    Et dire qu’un jour tu pourrais faire partie d’un jury populaire, ça fait froid dans le dos…

  7. yves.bouant @ Marie

    Là, vous outrepassez, aucun respect, les enfants, le père, les proches de la disparue, (pas de corps).
    Vous me rappelez les conversations des pipelettes du 14ème d’il y a 60 ans.
    Allez-y pondez votre roman, mais dans Gala !

  8. Pourquoi parler de crime parfait ? Peut-être que madame Viguier vit le parfait amour à Bora-Bora ou à Tinbu ?

  9. yves.bouant @ PB

    Crime parfait,
    Non, pour qu’il y ait crime il faut un cadavre, une disparition qui s’éternise pour tous et surtout les enfants, une fratrie exemplaire et ô combien émouvante, qui n’a pas changé d’un procès à l’autre, trois enfants pour lesquels j’éprouve une immense tendresse, je n’ai que cela à leur offrir.
    Ils forcent l’admiration pour tout ce qu’ils ont dû endurer pendant ces dix ans.

  10. « L’impression qui reste à l’issue des débats est que l’on aurait suivi une piste sans avoir procédé aux vérifications qui auraient « fermé les portes » de toutes autres hypothèses. »
    Rédigé par: Robert | 21 mars 2010 à 18:50
    Non, Robert, à en croire Saby, ils avaient vérifié pas mal de pistes, il a dû déclarer quelque chose du genre, « tout ce que disait l’amant était vérifiable », sont pas si truffes que cela, pas manipulables par le premier VRP venu leur vendre ses salades, « nos flics ».
    Je n’ai jamais compris ce qu’il pouvait y avoir d’incohérent dans les agissements de Durandet ?
    Qu’un amant qui a laissé sa maîtresse au seuil de son domicile et qui a l’habitude de recevoir un coup de fil le lendemain n’en reçoive pas ni ne puisse la joindre, cherche à y entrer pour voir, tenter de comprendre, quoi de plus logique, surtout si il sait comme sont, il me semble, venus en témoigner des amis de Suzy, que celle-ci avait peur de son mari…
    Qu’il ait ensuite caché à la police que la baby-sitter l’a laissé entrer est condamnable, mais pas incohérent ; qu’il veuille la peau juridique de celui qu’il ne peut que soupçonner d’être à l’origine de la disparition est encore d’une cohérence parfaite.
    Je comprends que l’enquête ait raisonné ainsi.
    Que d’aucuns puissent encore dire que Durandet a menti en disant qu’elle est rentrée à 4h30 alors que Viguier lui-même le dit est quand même sidérant.
    Que Viguier l’ait dit spontanément est compatible avec le fait qu’il ne savait certainement pas combien de personnes pouvaient être dans la voiture raccompagnatrice. Que le hasard d’une tournée de dépôt de joueurs ait laissé Suzy en premier devant chez elle, maintenant trois ou quatre personnes sans intérêt commun ni collusion possible dans l’auto dont elle est sortie, et qu’il eût dit le
    contraire l’eut mis sur de mauvais rails.
    Pas d’accord non plus avec PB sur la plaidoirie d’EDM, mais d’accord sur la qualité du travail de Richiardi, à en croire la presse.
    AO

  11. @Yves Bouant, Savonarole et autres,
    Inutile de m’assassiner, je n’ai pas écrit le message ci-après :
    « Et si le mari et l’amant étaient complices ? après tout c’est une solution comme une autre !
    Rédigé par: Marie | 21 mars 2010 à 18:41 »

    Vive internet et l’anonymat !
    Je n’ai qu’écrit que monsieur Viguier demanderait « réparation » ?
    Monsieur Bilger, au secours !

  12. Pierre-Antoine

    @PB
    « Dans tous les cas, quoi que pensent les uns ou les autres, un crime parfait aura été commis. »
    Je suis surpris de cette affirmation !
    Une femme a disparu, comme des milliers d’autres personnes en France.
    Rien ne laisse supposer qu’elle ait été assassinée encore moins volontairement ou après accident !
    Elle a peut-être eu un accident et on retrouvera un squelette dans quelques années !
    Elle a peut-être trouvé une herbe plus verte ailleurs !
    Elle a peut-être été enlevée pour x raisons !
    Elle a peut-être été assassinée par une tierce personne totalement étrangère à sa vie !
    Parler de crime parfait de manière aussi péremptoire est surprenant !
    Par contre si j’étais magistrat je serais fier d’avoir un président d’assises comme Richiardi qui a su rendre à la Justice un peu de son J majuscule…
    Si j’étais policier… là… je serais moins fier !
    Cordialement
    Pierre-Antoine

  13. Bellier Philippe

    Le professeur Viguier après la relaxe de Dominique de Villepin. Nous ne connaissons pas « la vérité » sur ces deux affaires et nos impressions personnelles ne sont donc que des visions par médias interposés. Ceci étant dit, je rapproche ces deux décisions et je me sens un peu rassuré : on ne peut pas d’un côté être condamné pour un délit par abstention non démontré, ni de l’autre condamné pour un crime en l’absence totale de preuves. Transformer de simples présomptions en vérité judiciaire n’aurait pas été dans ces deux affaires très rassurant pour l’ensemble des justiciables.
    Un commentateur nous indique « l’affaire est close, sauf fait nouveau qui en ferait une nouvelle affaire ». Je m’étais posé la question (en pensant au film « La faille » avec Anthony Hopkins)… mais est-ce théoriquement possible ? Il faudrait peut-être consulter un professeur de droit pénal !

  14. @Yves Bouant, Savonarole et autres,
    « Inutile de m’assassiner, je n’ai pas écrit le message ci-après :
    « Et si le mari et l’amant étaient complices ? après tout c’est une solution comme une autre !
    Rédigé par: Marie | 21 mars 2010 à 18:41 »
    __________________________________________
    Trop tard Marie !
    Au parloir ! A la Conciergerie !
    Et en robe de bure !

  15. Savonarole : c’était pour rire, mais en revanche la complicité entre le mari et l’amant aurait été un très bon moyen de brouiller les pistes !!!! Et puisqu’on ne sait rien de la vérité, ne peut-on pas s’en inventer une ? Il faut savoir faire du second degré…
    Quant à m’envoyer à la Conciergerie, vous ne savez pas si bien dire… mon prénom complet est Marie-Antoinette !!!!

  16. @Savonarole,
    Trop tard Marie !
    Au parloir ! A la Conciergerie !
    Et en robe de bure !
    Rédigé par: Savonarole | 21 mars 2010 à 19:55

    Monsieur Bilger, puis-je vous réclamer comme Avocat général ? Juste pour le réquisitoire ! :o)

  17. @ AO Rédigé par: oursivi@Robert | 21 mars 2010 à 19:33
    « Non, Robert, à en croire Saby, ils avaient vérifié pas mal de pistes, il a dû déclarer quelque chose du genre, « tout ce que disait l’amant était vérifiable », sont pas si truffes que cela, pas manipulables par le premier VRP venu leur vendre ses salades, « nos flics ». »
    Comme vous, j’ai été convaincu par les propos tenus par le commissaire Saby, mais seulement lors du premier procès en assises. Je ne mets pas en doute sa compétence professionnelle, d’autant plus que je l’avais rencontré dans une « vie antérieure » il y a une vingtaine d’années…
    Mais un suivi attentif des débats de ce deuxième procès a largement entamé la confiance que j’avais eue précédemment dans ses affirmations. Par ailleurs, dans une émission de télévision diffusée il y a plusieurs mois sur cette affaire, lui qui a interrogé J. Viguier avait certifié que ce dernier avait failli craquer et avouer, mais qu’il s’était ravisé au dernier instant. Je ne saurais mettre en doute la conviction qu’il tire de sa confrontation avec le suspect d’alors dans son bureau à cette époque.
    Or, ce deuxième procès était l’occasion d’arracher l’aveu devant la Cour et cela ne s’est pas produit, bien que le président ait fait écouter maints enregistrements téléphoniques et facilité les débats qu’il a menés de manière rigoureuse, exigeante et impartiale. Mais les preuves d’une quelconque culpabilité n’ont aucunement été apportées.
    Par voie de conséquence, au-delà de l’intime conviction de ce policier, le doute subsistant et même ayant semblé être conforté, il devait nécessairement bénéficier à l’accusé. Ce que les jurés ont traduit dans le verdict.

  18. Crime parfait
    J’ai toujours trouvé que vous aviez un don pour choisir vos titres.
    Mais là, vous n’y allez pas de main morte.

  19. Même si on est déçu que la Police n’ait pu faire toute la lumière sur cette affaire, l’acquittement de Jacques Viguier est acceptable dès lors, d’une part, que le corps de la victime n’a jamais été retrouvé, et, d’autre part, que l’accusé n’a jamais fait d’aveu.
    Il faut souhaiter que la police reprenne le dossier afin qu’on sache ce qui s’est réellement passé.
    On espère maintenant que Jacques Viguier donnera un nouvel élan à sa carrière universitaire, laquelle s’annonçait très grande, si l’on considère son 3ème rang au concours d’agrégation de droit public, postérieurement à sa rédaction de thèse (sous la direction de Jean-Arnaud Mazères, actuellement professeur émérite à l’Université de Toulouse) sur la notion de régie en droit administratif français.
    Je suis de ceux qui pensent que Jacques Viguier, à cause de ses problèmes avec la justice des hommes, n’a pu conduire son travail universitaire dans de bonnes conditions. En effet, hormis un ouvrage sur les régies des collectivités locales et un petit livre sur le contentieux administratif, il n’a pas beaucoup publié depuis son succès à l’agrégation, même si dans le même temps il a beaucoup épaté en tant qu’enseignant, si on se fie à des déclarations de nombreux étudiants.
    Les professeurs de droit sont généralement excellents ou plus aguerris entre 40 ans environ et 50 ans environ. Pour Jacques Viguier, c’est précisément dans cette période de croissance qu’il a été attaqué par la justice des hommes.
    Pourra-t-il intellectuellement se relever maintenant qu’il a recouvré définitivement toute sa liberté ? Je l’espère, tout en pressentant qu’il éprouvera beaucoup de difficultés à cet égard. Il faudra être attentif à ce qu’il publiera dans le domaine du droit public dans les 12 mois qui viennent.

  20. Pas de corps pas de crime !
    Voilà les premiers mots de mon professeur de droit pénal il y a deux ans. Les hypothèses les plus originales sur la culpabilité de M. Viguier ont été envisagées.
    Rien ne prouve que la « pauvre » Suzanne n’est pas partie à l’autre bout du monde. Le cas a déjà été vu, un chef d’entreprise parti en douce dans les îles rejoint par sa secrétaire 6 mois plus tard… Le seul problème est que l’organisme financier qui avait versé la prime d’assurance vie à la « veuve » ne s’est pas laissé avoir. Le point commun ? Le détective privé engagé par la banque a cherché une personne vivante et non un cadavre. La police n’a cherché qu’un cadavre et jamais Suzy vivante !
    J’ai eu la chance d’avoir M Viguier en cours, le portrait qui a été dressé de lui est exact : énigmatique, une mémoire hors norme, une intelligence exceptionnelle… Ils n’ont jamais dit que cette affaire l’avait broyé, détruit, traîné en place public, sa vie déballée au grand jour… tient-on 10 ans sans rien dire ? Je ne pense pas.
    Nul ne sait ce qui s’est passé. Ce qui m’étonne est ce Durandet, bien trop présent dès le début. Il me fait penser aux pédophiles qui participent aux battues avec les gendarmes pour « retrouver » les enfants qu’ils ont cachés et ne font que brouiller les pistes. Les gendarmes s’en méfient d’ailleurs comme de la peste.
    Puisque ce procès n’a été qu’une partie de supputation je vous livre la mienne : même divorcée, elle ne voulait pas de Durandet, il a dégoupillé, l’a tuée et a fait porter le chapeau à Viguier !
    Mais encore une fois, pas de corps, pas de crime. Prouvez qu’elle ne vit plus !

  21. routa villanova

    Cher Monsieur Bilger,
    Le mépris de certains magistrats m’a fait réagir souvent sur votre blog. Vous aviez tenté de me rassurer et de me convaincre. Je vous dis à présent merci ! Vous me donnez raison.
    Comme quoi… La belle France…

  22. Jean-Dominique Reffait

    A la nuance près que je ne sais pas, moi, s’il y a eu crime, encore moins s’il fut parfait, je vous suis pleinement. Disons parfait mystère, cela nous fera deux desserts et nous serons contents tous deux.
    Pour avoir eu le rarissime privilège de voir à l’oeuvre quatre présidents d’assises et quatre avocats généraux dans quatre tribunaux sur un même dossier, j’ai pu mesurer à quel point un dossier auquel on ne change pas une virgule d’une audience à l’autre pouvait prendre des colorations très opposées selon la qualité des magistrats. Je n’évoque pas ici la satisfaction d’un verdict, la déception d’un autre, le fou rire nerveux qu’inspire un autre ; juste cette réalité mesurée avec le même dossier-étalon : l’histoire racontée n’est pas la même, les personnages sont différents selon les magistrats qui animent une audience d’assises. J’ai connu une présidente folle, et l’affaire est devenue entre ses mains une affaire folle dans une audience folle qui s’est terminée follement. La deuxième avait la voix claire, une organisation du dossier précise, une écoute remarquable d’où résulta une audience posée et construite. La troisième était de même acabit sans doute mais inaudible, entraînant une audience confuse, brouillonne et épuisante du fait de sa seule voix. Le quatrième était un malin, négociateur précis, ne voulant déplaire à personne, un brin sournois et l’audience fut cauteleuse, l’affaire devint un marchandage.
    Je crains, Philippe, de ne retenir aucun des mérites des avocats généraux rencontrés : ils furent très en dessous de ce qu’on pouvait attendre d’un adversaire, des ruses qu’on voyait arriver de fort loin, un curieux mélange de satisfaction de soi mêlée au doute de l’adolescent qui craint de n’être pas pris au sérieux. Dans le portait que vous tirez de votre éminent collègue d’Albi, je crois reconnaître la caricature de mes quatre compères.
    Un avocat général qui laisse F. Szpiner faire le boulot, c’est la faute professionnelle hein Philippe !
    Sur le fond de cette affaire – dont j’ai suivi les comptes rendus, c’est-à-dire presque rien – je laisse à Oursivi le soin de nous livrer ses lumières. J’envie tellement la cuistrerie qui permet d’aligner des sottises énormes sans rien savoir, c’est un talent appréciable. Il nous avait déjà servi une soupe à propos d’EDM, mais là, c’est plus copieux, toute l’affaire Viguier élucidée d’un coup d’un seul !
    PS: L’Alsace reste à droite. Les vacances sont sauvées !

  23. Denis Monod-Broca

    « Crime parfait » s’il y a eu crime comme le font remarquer d’autres commentateurs. Mais, au passage, qu’elle est étrange cette expression qui adopte le point de vue du criminel…

  24. Bonjour Philippe Bilger,
    Vous nous dites : « Leçon ultime des assises d’Albi : si une hirondelle ne fait pas le printemps, un grand président « fait » la justice. »
    Un grand président fait la justice mais le verdict laisse comme un goût amer.
    En effet, comme pour l’affaire du petit Grégory, celles de Montigny-Lès-Metz, Giraud-Lherbier et quelques autres, l’assassin n’a pas été confondu et puni.
    Encore un crime parfait… un de plus. Mais un principe intangible de la Justice n’est-il pas qu’il est préférable de laisser un assassin en liberté plutôt que de condamner un innocent…
    Hélas la perfection n’est pas de ce monde et le procès Viguier a créé l’événement au milieu des élections régionales, particulièrement médiocres.

  25. Véronique Raffeneau

    C’est vrai qu’un procès où un avocat général n’est que le stagiaire-assistant d’un avocat de la partie civile doit faire un drôle d’effet dans l’esprit des jurés d’assises…
    Plus sérieusement, qu’est-ce qui empêchait l’avocat général de dire clairement dans son réquisitoire que les débats n’avaient pas permis de valider son dossier d’accusation ?
    Pourquoi choisir de s’en remettre à l’imagination des jurés chargés semble-t-il par l’avocat général de décider entre la moins mauvaise des… hypothèses ?
    Je pense qu’un avocat général est aussi totalement dans son rôle quand il constate clairement dans son réquisitoire que l’examen des faits ne permet pas de condamner.

  26. Véronique Raffeneau

     » Un avocat général qui laisse F. Szpiner faire le boulot, c’est la faute professionnelle hein Philippe ! »
    A mon avis c’est au-delà de la faute professionnelle…
    C’est très étrangement ne pas s’y prendre autrement pour faire échouer l’accusation.
    Suicidaire, en somme.
    Vous ne pensez pas ? hein Philippe !

  27. Philippe Bilger

    Le titre de mon billet, « Crime parfait », renvoie aux conséquences qu’il convient de tirer des deux procès et des investigations infructueuses diligentées par ailleurs.
    L’hypothèse d’une fuite, d’une disparition volontaire de la victime est absurde. Elle aurait évidemment dans ce cas donné signe de vie à ses enfants. On peut évidemment tout imaginer à partir du moment où le corps a été si bien dissimulé que son absence conduit certains esprits à douter de la mort.
    Enfin, le comportement de Durandet a été troublant en ce qui concerne les pressions au moins sur un témoin mais les débats ont éclairé et précisé son rôle. Il faut prendre garde à ne pas gravement incriminer des tiers dont la non-implication criminelle est incontestable.
    Mon billet ne se rapporte qu’aux modalités techniques et judiciaires du procès et à l’équilibre entre doutes et convictions.

  28. Bonjour M. Bilger,
    Je n’ai jamais douté de l’acquittement en appel de Jacques Viguier.
    Quelle que soit la qualité de l’accusation, il faut se mettre à la place des jurés.
    Qui, sans être hanté par le doute de l’erreur judiciaire, pouvait voter en faveur d’une condamnation dans une affaire où il n’y a ni aveux, ni preuves, ni témoins directs, ni corps de la victime?
    Ni l’enquête de police, ni l’instruction, ni le parquet général n’ont été en mesure de proposer à la cour le moindre scénario.
    Le coup de théâtre autour de Durandet, mis en cause pour faux témoignage et subornation de témoin, a décrédibilisé davantage encore la thèse, si on peut parler de thèse, des enquêteurs.
    Ajoutons à cela les témoignages poignants des enfants de Jacques Viguier convaincus de l’innocence de leur père, celui de la mère de Suzanne Viguier, convaincue que sa fille est toujours vivante, comment dès lors étayer sérieusement une accusation.
    Ce qui fait froid dans le dos dans l’affaire Viguier, c’est que l’on prend conscience que l’on peut être renvoyé devant une cour d’assises sur la base d’un dossier vide et sans même avoir la certitude qu’un crime ait été commis. Combien de personnes disparaissent-elles volontairement en France chaque année?
    Je ne sais pas si l’avocat général Gaubert a été aussi nul que vous nous le présentez, convenez toutefois que sa tâche était ardue. Comme vous je ne comprends pas que le procureur général de Toulouse ait désigné deux fois le même avocat général, je croyais naïvement qu’en cas d’appel on changeait de ressort et par là-même de parquet. Toujours est-il que je reste persuadé qu’aucun avocat général, aussi brillant soit-il, ne pouvait inverser la tendance et entraîner la cour sur la voie de la condamnation.
    Vous vous êtes beaucoup intéressé à cette affaire et vous connaissant, j’imagine que vous avez songé au réquisitoire que vous auriez conduit si vous aviez représenté le ministère public à Albi. Je serais curieux de savoir comment vous auriez procédé.

  29. Achille @ Philippe Bilger | 22 mars 2010 à 09:18
    « L’hypothèse d’une fuite, d’une disparition volontaire de la victime est absurde. Elle aurait évidemment dans ce cas donné signe de vie à ses enfants. On peut évidemment tout imaginer à partir du moment où le corps a été si bien dissimulé que son absence conduit certains esprits à douter de la mort. »
    Difficile, en effet, d’imaginer que cette femme ait disparu pendant 10 ans sans essayer de prendre contact avec ses enfants.

  30. @Achille,
    « Difficile, en effet, d’imaginer que cette femme ait disparu pendant 10 ans sans essayer de prendre contact avec ses enfants. »
    Difficile certes mais pas absurde, en fait nous n’en savons rien.

  31. At the mercy

    L’apparition de blogs tenus par les chroniqueurs judiciaires qui assistent au procès a considérablement changé la manière de les relater. Le procès Viguier l’a encore confirmé. Le blog d’une part nécessite une plus grande rapidité (et donc moins de recul), mais il offre un espace où le chroniqueur dispose d’une plus grande liberté. Il peut à côté de la chronique classique d’une journée de procès, écrire des billets sur de petits faits d’audience, qui croquent l’ambiance des débats. Pascale Robert-Diard a exploité parfaitement cette ressource nouvelle (comme elle l’avait fait lors du procès Clearstream) en alternant des retranscriptions brutes de parties de témoignages (pour la rapidité) et des articles qui se focalisent sur un élément peut-être mineur, mais aussi révélateur (voir par exemple son billet « c’était l’aurore »). Les réactions sont un autre élément du blog (peut-être moins positif). Le temps du procès les internautes deviennent des habitués du blog et vivent avec passion les débats au travers de ce que le journaliste en rapporte. Dans le cas du procès Viguier, les intervenants se sont mués en inspecteur Colombo. La violence de la polarisation entre ceux convaincus de l’innocence de l’accusé et ceux convaincus de sa culpabilité tient pour une part au caractère mystérieux de l’affaire Viguier, mais également à un élément médiologique. La prochaine évolution médiologique en matière de journalisme judiciaire sera l’emploi de twitter (déjà expérimenté pour l’affaire Clearstream).
    La différence d’éclairage entre deux grandes plumes comme Durand-Souffland et Robert-Diard constitue un beau cas d’étude (l’objectivité absolue dans la relation d’un procès est un mythe ou au mieux un effet de style). Leurs points de vue sont complémentaires et s’équilibrent. La grande différence est à mon avis que Durand-Souffland avait couvert le premier procès qui est toujours présent en contrepoint dans ses chroniques. Il n’est donc pas arrivé avec un regard neutre à Albi. Lorsque le commissaire Saby se montre convaincant, le souvenir du premier procès corrige cette impression d’audience pour ne faire apparaître la déposition sobre du commissaire que comme une composition habile. Alors qu’il est déjà plutôt favorable à l’accusé, la preuve de la subornation de témoins de la part d’Olivier Durandet est l’élément nouveau qui confirme sa vision du dossier. À ce moment le second procès est joué pour lui. La seconde semaine d’audience, moins favorable à l’accusé, est chroniquée à partir de ce point de vue forgé par des éléments antérieurs.
    À l’opposé Pascale-Robert Diard n’était pas au premier procès et ne commence à couvrir le second qu’après le coup de théâtre de la mise en cause d’Olivier Durandet. Son point de vue est donc différent et son regard plus neuf et plus serein. Dans son premier billet elle constate le rapport de force qui à ce moment-là est clairement en faveur de la défense, puis au fil des jours elle voit que la défense peine à confirmer cet avantage. La déposition d’Olivier Durandet et du commissaire Saby font naître le doute et reçoivent un accueil favorable. L’élément déterminant dans ses chroniques est la question du président sur les clefs qui semble acculer l’accusé. Ce moment de l’audience (auquel le journaliste du Figaro ne prête que peu d’attention) lui apparaît comme crucial car il rééquilibre le rapport de force à l’audience. Les billets suivants sont dès lors plus favorables à la thèse de l’accusation.

  32. Aïssa Lacheb-Boukachache

    On ne pouvait que le deviner ; un tel billet ne pouvait qu’induire, à quelques intelligentes exceptions près, une nouvelle instruction et un nouveau procès en direct sur votre blog… Chacun y va de sa petite hypothèse, y compris vous, cher PB qui, dans votre commentaire d’explication et de justification, trouvez absurde qu’elle n’ait pas donné de nouvelles à ses enfants depuis dix ans, si effectivement elle avait bel et bien volontairement décidé de changer de vie….. «Elle aurait évidemment dans ce cas donné signe de vie à ses enfants.». Et pourquoi oui, pourquoi «évidemment» ? Pourquoi cette évidence ? Il n’y a rien d’absurde à soutenir le contraire ; on peut très bien tout quitter sans plus jamais se manifester, pas même à ses enfants… Sans compter avec une disparition qui serait doublée d’une amnésie totale…
    J’avais parfaitement compris que vous ne vous attachiez ici qu’aux modalités techniques et judiciaires du procès. Ce procès que je n’ai pas suivi quant à moi. Je me fie donc à votre propos quant à ces modalités. Votre collègue du Parquet à ce procès subit votre ire, c’est manifeste. C’est cela qui est intéressant car on devine chez vous à cet endroit comme la constatation amère, par le comportement de cet avocat général, d’une trahison de l’accusation. Mais pourquoi non là encore ? Faut-il être brillant et implacable dans toute ses démonstrations quand on accuse ? Le doute serait-il par une singulière essence exclu de la chaire de l’Accusation ? Lisant votre discours, la première et seule idée qui m’est venue à l’esprit, c’est celle de la vision d’un homme doutant. Et c’est cet homme qui devait porter l’accusation et ôter le moindre doute à toute une Cour. L’exercice est difficile, il faut en convenir et je ne crois pas qu’il faille l’accabler davantage. Ce doute porté en secret par l’accusation s’est rendu visible matériellement ; vous l’avez vu, tous l’ont vu ; une hésitation dans le propos, des propos faibles, une attitude assise, etc. Si cet avocat général a été «indigne» de sa charge ce jour-là, au sens où vous l’entendez, alors je pense que vous vous trompez, cher PB, ou à tout le moins que vous demeurez dans une vision absolument rigide de votre rôle et votre fonction qui serait celle d’accuser à tout prix et d’accuser fort et avec talent… Pour moi, cet avocat général aura été «indigne» (j’emploie ce terme d’indignité pour rester en phase même d’opposition avec l’expression de votre sentiment et ressentiment ; j’aurais préféré «faible»), a été indigne donc au sens qu’il n’a pas assumé son doute que je crois indéniable. Il aurait dû se lever, oui, vous avez raison, mais pour dire à la Cour : «Je n’en sais pas plus que vous et comme vous je cherche à savoir». Puis à la fin, n’en sachant pas davantage, se lever à nouveau et requérir, comme on le manifeste clairement, dans son doute. Là, oui, il aurait été brillant accusateur public ! Mais c’est difficile, je le conçois. Si vous changiez un peu vos mentalités… Quel rôle vous aura-t-on imparti et obligé d’accomplir que celui-là qui serait de ne jamais douter !…
    Aïssa.

  33. Par voie de conséquence, au-delà de l’intime conviction de ce policier, le doute subsistant et même ayant semblé être conforté, il devait nécessairement bénéficier à l’accusé. Ce que les jurés ont traduit dans le verdict.
    Rédigé par: Robert | 21 mars 2010 à 21:47
    Ne suis pas contre cela, là n’était pas le sens de mon interpellation à votre endroit.
    Je ne voyais pas à quoi servirait qu’il fût tenu éloigné de ses enfants des années, comme en quoi, si la menée de la justice a bien été correcte malgré le drolatique représentant de l’accusation (il est tombé de la lune celui-là, et Suzanne s’y est envolée…), la justice a été bien rendue, puisque les deux seules énigmes de quelque intérêt, que lui est-il arrivé, et du fait de qui, restent sans réponse.
    Probablement a-t-on apporté la moins mauvaise réponse en terme de rendu nécessaire, mais c’est bien le seul point vaguement positif de ce procès.
    Que des techniciens de la chose (PB entre autres) se rassurent quant au fonctionnement de « leur maison » est bien naturel, mais les amateurs de compréhension ont surtout eu là la preuve que celui qui sait et est probablement seul dans ce cas a aveuglé cette première en brouillant les pistes avec talent et intelligence, pliant morale et justice en chemin, mais surtout et hélas, qu’à lire les commentaires, une faible proportion de gens sont un tant soit peu lucides et savent raisonner.
    Je termine en regrettant deux choses.
    Que l’on ne connaisse jamais le contenu des délibérations.
    Aussi que l’on doive acquitter ou condamner – non que l’enquête ait été bâclée – alors que les faits permettant de conclure avec certitude sont insuffisamment présents.
    Vouloir fermer à jamais une porte symbolique alors que quelqu’un de très probablement mort reste dehors me paraît plus qu’insatisfaisant.
    AO

  34. Jean-Dominique Reffait

    Aïssa, vous avez raison sur cette funeste tentation qu’il y a à donner un avis dénué de tout fondement sur une affaire dont on ne connaît rien. Parler pour ne rien dire.
    S’agissant de l’accusation, je crois que le propos de Philippe englobe les deux audiences et l’incohérence de l’accusation dans cette globalité.
    Je crois que Philippe est un des rares avocats généraux à accepter l’idée que requérir un acquittement ne constitue pas une humiliation pour le parquet. Le problème ici est l’incohérence du parquet entre la première et la deuxième audience. Si le parquet avait des doutes sur la culpabilité de M. Viguier, pourquoi faire appel du premier verdict qui consacrait le doute ? S’il voulait requalifier, que ne l’a-t-il fait. Si le procureur général ne doutait pas, il lui fallait alors désigner un autre magistrat pour soutenir la certitude d’une accusation.
    Toujours est-il que rien n’est plus insupportable qu’un ministère public qui ne prend pas ses responsabilités : c’est le ministère public qui poursuit. Il doit donc avoir une certitude sinon, on ne poursuit pas. Soit la certitude du doute, et il requiert l’acquittement sans barguigner, soit la certitude de la culpabilité, dans le cadre d’une qualification précise. Ici nous avons eu un avocat général qui pense que M. Viguier est coupable mais qui ne sait pas de quoi au juste. C’est maigrichon comme éthique.

  35. « je laisse à Oursivi le soin de nous livrer ses lumières. J’envie tellement la cuistrerie qui permet d’aligner des sottises énormes sans rien savoir, c’est un talent appréciable. Il nous avait déjà servi une soupe à propos d’EDM, mais là, c’est plus copieux, toute l’affaire Viguier élucidée d’un coup d’un seul ! »
    Mon JDR que j’ai,
    Vous êtes parfois d’une incorrigible sottise qui fait bien plaisir à lire, surtout quand on doit se la coltiner de face.
    Je vous avais certes ridiculisé en vous rappelant l’extraordinaire succès remporté par votre EDM (gonflé) chéri dans sa glorieuse défense de JP Treiber, cette superbe efficacité que de laisser un pauvre monsieur perdu en ses propres mensonges au point de ne plus voir d’autre porte de sortie qu’une corde et un point d’attache, vous expliquant, ou plutôt tentant de vous faire comprendre que l’intérêt du prévenu comme celui de la justice eut été qu’il le fît accoucher d’une version simplement plausible, « je vous défendrai quand disposerai d’une chronologie cohérente dont j’essayerai d’extraire une somme de réflexes qui vous laisse du côté des humains, pas qui vous projette du côté des monstres », et non comme le disiez de manière fort croquignolesque, qu’il défende mordicus et sans répit une thèse indéfendable, déjà au sens de la plus pure logique, celle qui vous fait parfois si joliment défaut, quelle que soit la qualité de votre plume, qu’ai justement saluée en son temps, plume bien volatile aussi, mais n’est que la chasse au JDR ouverte ce jour, les canards peuvent passer leur chemin sans rentrer la tête dans leur épaules en bouteille Perrier, comme la structuration des dires de leur compère JDR.
    Sur l’affaire Viguier, je n’ai fait que ce dont parlait PB dans son papier d’il y a un an, lire à ce propos tout ce qu’ai pu lire, chose qui ne semblait pas l’empêcher de prétendre nous donner son avis… j’ai alors pensé, à l’image des professionnels en charge d’y faire la lumière, qu’un faisceau de présomption planait sur la brillante cervelle – prenez-en de la graine vos arguments battent souvent de l’aile.
    Vous devriez leur dire aussi qu’ils ont eu tort de penser comme l’ont fait, comme votre copain Szpiner l’a fait, et comme on continue de le faire, au vu des faits dont avons eu connaissance.
    D’ailleurs, votre œdème sait bien qu’il n’a rien fait pencher du tout, que c’est l’inutilité d’une peine qui se fût surajoutée à celle déjà endurée par les enfants, qui a emporté le morceau, sept heures plus loin.
    AO

  36. Véronique Raffeneau

    @ Ludovic
    « Toujours est-il que je reste persuadé qu’aucun avocat général, aussi brillant soit-il, ne pouvait inverser la tendance et entraîner la cour sur la voie de la condamnation. »
    A mon avis ce qui est reproché à l’avocat général par Philippe Bilger n’est pas le fait qu’il n’obtienne pas de condamnation, mais plutôt le constat que le réquisitoire de l’AG n’a reproduit que les flous, les variations et les brouillards de la mise en accusation, avec comme argumentaire central un duplicata de l’hypothèse imaginée par la partie civile.
    Extrait de la plaidoirie d’E. Dupond-Moretti rapporté par Pascale Robert-Diard dans son blog :
    « Comment vous dire? Je n’aime pas ce procès. Parce que je suis la dernière voix d’un homme qui a perdu la sienne. Parce que je dois me battre contre l’imagination, contre les suppositions auxquelles le réquisitoire de l’avocat général vous a invités.
    (…)
    En réalité, ce dossier est devenu un concours Lépine de l’hypothèse. »
    @ Aïssa
    « Si cet avocat général a été «indigne» de sa charge ce jour-là, au sens où vous l’entendez, alors je pense que vous vous trompez, cher PB, ou à tout le moins que vous demeurez dans une vision absolument rigide de votre rôle et votre fonction qui serait celle d’accuser à tout prix et d’accuser fort et avec talent… »
    Je ne pense pas une seconde que la vision de PB soit « celle d’accuser à tout prix et d’accuser fort et avec talent… »
    Je pense que Philippe Bilger regrette que l’avocat général n‘ait pas envisagé l’idée qu’il était possible pour lui de dire à son parquet général et dans son réquisitoire qu’il ne pouvait pas, en matière de cour d’assises, être un compétiteur crédible quand un dossier d’accusation est construit pour juste figurer dans le concours Lépine de l’hypothèse.

  37. Alex paulista

    Une hypothèse possible parmi d’autres:
    – elle quitte son mari pour aller chez son amant
    – elle ne se sent pas bien chez lui, va prendre l’air dans les bars du coin et disparaît, à cause d’une mauvaise rencontre comme la pauvre victime de Jaulnay
    – son amant est persuadé qu’elle est revenue et que le mari l’a faite disparaître, et dissimule le sac à main lors d’une visite avec la baby sitter
    Car il y a deux problèmes pour l’accusation: la préméditation est peu plausible et tout repose sur ce sac contenant des clefs.
    Or on apprend qu’il y a eu manipulation et subornation de témoin exactement à ce sujet…
    La Justice a bien fait d’acquitter Viguier. De toute façon, coupable ou pas, il a déjà gâché 10 ans de sa vie, est entré en dépression… S’il est le meurtrier de la femme de ses enfants, il devra vivre avec leur regard et celui de cette femme qu’il ne voulait pas perdre.
    Les 4 ans effectifs de prison que l’on prend en plus pour crime passionnel, cela ne pèse pas grand-chose finalement.
    C’est une limite de la justice des hommes qu’il faut accepter.

  38. Patrick Handicap expatrié

    Vous vous égarez Monsieur Bilger, un crime parfait est celui commis par un assassin qui ne sera jamais recherché… La justice n’en est même pas saisie. Dans l’affaire présente la justice a été saisie et a poursuivi un homme qui a été déclaré innocent à deux reprises.

  39. « Soit la certitude du doute, et il requiert l’acquittement sans barguigner, soit la certitude de la culpabilité, dans le cadre d’une qualification précise. Ici nous avons eu un avocat général qui pense que M. Viguier est coupable mais qui ne sait pas de quoi au juste. »
    JDR
    C’est vrai, comme quoi quand faites un effort, vous pouvez raisonner sans faillir.
    Toutefois, dix ans plus loin, il serait davantage pertinent de souligner le paradoxe auquel s’expose les pratiques et les textes existants, que tenir un procès dont on percevait déjà de longue date l’incapacité de faire autre chose que de dire « on n’est sûr de rien », est aussi stupide que de déclarer « innocent » ou « coupable » dans ces conditions, parfaite tartuferie de la comédie humaine qui ne distrait que les sots.
    Have some fun.
    AO

  40. @ Jean-Dominique Reffait, Oursivi
    Hum ? Cuistrerie ? Sottise ? Quand vous aurez fini de nous exhiber vos excès de testostérone, nous en serons fort aises. Plus que marre de l’agressivité épouvantable des Jean-Dominique Reffait, Oursivi, et consorts…
    (eh ! eh ! je pille sans vergogne les droits d’auteur d’une rédactrice ultra-occasionnelle de ce blog)
    Plus sérieusement, merci à Philippe Bilger, Jean Dominique Reffait, Oursivi et Lacheb-Boukacache de faire vivre la langue française (Zut ! que des hommes ! et si c’était la testostérone)

  41. Gaubert pcc sbriglia

    « Mon cher collègue,
    Il n’y a donc pas qu’au barreau que la confraternité est une haine vigilante !
    Loin de moi l’idée de vouloir me justifier à vos yeux dans ce que fut ma prestation au procès que vous évoquez, alors même que vous n’en avez été le témoin que par procuration, certes attentive mais néanmoins « corps absent » (pardonnez-moi ce mauvais jeu de mots en l’occurrence).
    Vous me fustigez cependant pour être resté assis lors des questions, me renvoyant à ma « grossièreté » ainsi qu’à l’ire de ma – de notre – hiérarchie…
    Je ne peux, devant cette étrange vindicte, rester taisant : certes, le ministère public est une partie comme une autre lors d’un procès d’assises, nonobstant la sempiternelle « erreur de menuisier » et il doit les mêmes égards à la Cour qu’aux avocats des prévenus…
    Pour autant le cérémonial quelque peu suranné des audiences criminelles me semble autoriser quelques libertés sous réserve que les entorses à l’étiquette ne soient pas de nature à altérer la dignité qui sied à un procès aux assises.
    Il vous a semblé que ma carence relevait de la grossièreté : le choix du terme et sa cruauté ne sont pas innocents mais ils vous appartiennent.
    Souffrez cependant que je puisse considérer que l’appel à une sanction de notre hiérarchie me laisse comme un goût amer et obscurcisse quelque peu l’image que j’avais de vous…
    Quant à mon absence de charisme, mes faiblesses d’accusateur ou ma piètre éloquence, si elles sont si manifestes, que penser du Procureur général qui me renvoyant au feu pour la seconde fois semble ainsi les cautionner ? A moins qu’il n’ait pas de son subordonné la vision foncièrement déceptive qui est la vôtre.
    Je reste, mon cher collègue, votre parfait obligé. »

  42. Gérard CHINETTI

    Je me doutais bien que « justice au singulier » nous ferait part de critiques averties sur le déroulé de ce sensationnel procès, matière première de choix pour tous les médias… en détournant leurs auditoires de sujets disons… plus sérieux.
    Mais combien cela a-t-il coûté ? Quelle a été l’utilité marginale pour la bonne administration de la justice en France ?
    Ainsi, un procureur général, vindicatif ou soucieux de gloriole? a pu prendre, sans aucun contrôle apparent, l’initiative d’engager des centaines de milliers d’euros, en engendrant pour des centaines de personnes et d’organismes « convoqués » à cette prestation, un coût économique global qui doit avoisiner la dizaine de millions d’euros, pour une opération qui n’apporte aucune amélioration à la sécurité d’ensemble des français !
    Cela me rappelle ce juge d’instruction qui avait convoqué Treiber à Auxerre, ou à Sens, je ne sais plus, mobilisant, des heures durant, des dizaines de policiers, des véhicules administratifs… alors qu’il aurait pu prendre, avec son greffier, le train pour aller l’entendre à Fleury-Mérogis.
    Et quelqu’un s’est-il avisé de calculer ce qu’avait coûté Outreau, en coût financier direct pour l’Etat, en coût économique pour la nation ?
    Quand j’entends le monde judiciaire se plaindre du manque de moyens, ce gaspillage insensé, produit du « fait du prince » de magistrats qui, du haut en bas de l’échelle semblent se ressentir, dans ce domaine budgétaire comme omnipotents, m’indigne profondément.

  43. Catherine A. Le crime, quel crime ?

    « Crime parfait », cela aurait pu être le titre, banal mais parlant, d’un de ces polars dont Viguier est paraît-il friand. Mais ici nous ne sommes pas dans la fiction et ça ne colle pas. Pas de corps, pas d’aveux, pas de preuves ; pour le crime c’est maigre. Au point que l’accusateur public, alors même que le Parquet a fait appel, était complètement déboussolé si j’en crois les divers papiers consacrés au procès.
    Comment, face à cette accusation lamentable, un jury aurait-il donc pu sérieusement condamner Viguier ?
    ps: les nombreuses personnes qui choisissent de disparaître coupent en général tous les ponts avec toute leur famille, enfants compris. C’est incompréhensible, voire choquant mais c’est comme ça.
    Cela dit je ne me hasarderai pas à la moindre hypothèse, Viguier seul sait s’il a tué ou non.
    Peut-être un jour, si le corps de son épouse est retrouvé, comprendra-t-on, grâce aux diverses analyses, ce qui s’est passé.
    Nous saurons alors si le crime était presque parfait. Ou pas.

  44. Rédigé par: Laurent Dingli | 22 mars 2010 à 14:30
    Laurent, je maintiens, c’est gens d’homme qui a éjaculé le premier.
    Moi, je ne faisais que p….., non, je ne la ferai pas celle-là !
    Avez raison, vive le français, l’expression, les loquaces et l’éloquence, même quand on doit tomber dans ses rets toriques.
    AO, redresseur de tores

  45. Il est certain que dans cette affaire, si l’enquête avait été confiée à Eusébio des experts Miami, l’affaire aurait été conclue sans coup férir dans les 10 jours. A partir d’un cheveu, d’une rognure d’ongle, d’un postillon égaré, il serait remonté jusqu’à l’assassin.
    Mais là bien sûr avec les moyens dont disposent nos gendarmes c’était perdu d’avance.

  46. « J’avais déjà été frappé par l’attitude de cet accusateur qui ne se levait pas lorsqu’il questionnait… »
    Ah ! Ce n’étaient pas des Assises !

  47. Aïssa Lacheb-Boukachache

    C’est intéressant ce que vous écrivez, Jean-Dominique … C’est bien ce que je dis; cependant, il faut me lire attentivement … «Il n’a pas assumé son doute …» … Il n’a pas assumé son doute (maintenant, après un bref échange avec PB, j’écrirais «Il n’aurait pas assumé son doute …» car PB, m’explicitant sa position, écarte toute autre conviction pour ne retenir que celle de l’incurie d’un homme doublée de celle de sa hiérarchie qui trouverait «fatigant de placer les bonnes personnes aux bons endroits» et n’ayant quant à moi absolument pas suivi ce procès et ignorant tout des personnes qui le conduisirent, je modère de facto mon opinion …). Plus globalement donc, c’est parce qu’on n’assume pas un doute qu’on interjette appel d’un premier verdict et qu’on s’obstine alors. C’est parce qu’on n’assume pas son doute qu’on ne requalifie pas et que de même on s’enferre … Vous comprenez? Soit un homme (ou une femme) dont la fonction est d’accuser. Il (elle) doute mais doit accuser. C’est un dilemme. Le doute est tu mais il se manifeste publiquement (l’audience publique) par une attitude décalée, une attitude qui fait douter que celui-là (celle-là) qui s’exprime «sans doute» ne doute pas et plus que les autres même … Si incohérence il y a, elle est assurément à cet endroit. Pour appuyer mon propos, je ne peux que vous renvoyer au procès mémorable des assassins de la petite Céline à La-Motte-du-Caire. Richard Roman, au premier procès, avait face à lui une accusation qui ne doutait pas. Au second procès, une accusation qui doutait. Dans les deux procès, chaque accusation a assumé l’une son doute, l’autre sa certitude. C’est au second procès que je me réfère ici. L’avocat général Legrand fut grand (sans jeu de mot, sic) ce jour-là car doutant, il a assumé son doute et l’a partagé clairement à toute la Cour … Il lui fut advenu ce que j’écris en conclusion de mon premier commentaire ci-dessous: savoir, qu’il fut longtemps honni et par ses collègues du Parquet et par sa hiérarchie précisément parce que pour eux, le doute (son doute) n’avait pas sa place à ce (sa fonction d’alors) ministère. Pour la loyauté et l’intelligence de la Justice, des avocats généraux Legrand, il faut espérer qu’il en demeure et s’en crée beaucoup en son sein et en-deçà, l’Ecole de la magistrature entre autres … On peut de même supposer une hiérarchie doutant mais se sachant liée, obligée, de par la fonction d’accusation toujours, de poursuivre. Dans ce cas, elle enverrait au ministère public de ce procès le plus malhabile des siens, sachant que de ce fait l’accusation ne pourra être que légère et peu fondée où le doute se manifesterait forcément dans l’esprit de la Cour … Une hiérarchie à la Legrand mais qui certes ne s’assumerait là encore pas clairement; oeuvrant néanmoins positivement par un biais qu’on pourra discuter longtemps si l’on veut … La question est: Les rôles sont-ils figés, obstinément figés? C’est une question d’actualité et qui est loin d’être légère.
    Aïssa.
    Laurent, mon cher Laurent, je signe avec vous pour la langue française et vous remercie de me remercier … Néanmoins et quand bien même il n’est pas encore entré dans le dictionnaire en nom commun puis en nom propre, que je vous interpelle quant à son orthographe … Relisez! C’est quoi ce Boukacache qui m’a fait sursauter de frayeur?!

  48. Pierre-Antoine

    @Jacques Viguier
    Vous dites :
    « Ce qui m’a le plus choqué, c’est d’avoir été traité de «monstre» par la juge d’instruction et d’«ordure» par des policiers. »
    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/03/22/01016-20100322ARTFIG00011-jacques-viguier-je-n-en-veux-a-personne-.php
    Voilà bien une réforme qui ne coûterait rien au contribuable, rendre les magistrats et policiers responsables de leurs propos diffamatoires en les obligeant à des excuses publiques, au moins en cas d’acquittement.
    Cela obligerait certains acteurs de la justice à plus de respect de l’être humain qu’ils ont en face d’eux et renforcerait la présomption d’innocence.
    Maintenant que vous voilà « lavé de tous soupçons » je vous souhaite, ainsi qu’à vos enfants, de trouver le calme familial et la paix de votre âme nécessaire à votre guérison.
    « Nulla certior custodia innocentia »
    Burton, Robert, 1577-1640 (The Anatomy of Melancholy)
    Cordialement
    Pierre-Antoine

  49. Marianne M.

    Je découvre le blog de PB avec tout le bonheur que m’inspire habituellement la lecture de ses interviews ou l’écoute de ses interventions télévisées. J’en profite pour remercier tant Philippe que les internautes qui lui ont répondu pour la qualité de leur français, un véritable régal. Je réagis au sujet du post de Ben C. dont l’hypothèse de la culpabilité de l’amant est une piste qui n’a pas manqué d’éveiller mon intérêt (mais l’on ne peut l’évoquer sans friser la diffamation, n’est-ce pas ?…). Ben invoque le principe selon lequel l’absence de corps entraîne l’absence de crime. Si c’est – je ne connais pas le droit pénal – une règle en droit français, cela ne l’est pas dans l’état américain de Floride. Il y a dix ans, j’ai suivi avec autant d’effroi que de passion sur la chaîne COURT TV le procès d’un pêcheur accusé du meurtre d’une petite fille dont on n’avait, justement, pas retrouvé le corps. L’inculpé était un pédophile déjà condamné, mais qui n’avait jamais commis de meurtre au premier degré (selon la formule US) auparavant. Il a été condamné à mort. Je ne peux décrire l’intensité du malaise qui fut le mien à l’énoncé du verdict, parce que le doute était énorme quant à sa culpabilité. Aujourd’hui encore je me sens mal lorsque j’y pense.

  50. « Relisez ! C’est quoi ce Boukacache qui m’a fait sursauter de frayeur ?! »
    Aïssa, ça c’est pour la testostérone ! « que des hommes ! et si c’était la testostérone » a écrit monsieur Dingli !
    Et vous avez sursauté ! Alors, il sourit ! :o)

  51. Pierre-Antoine

    @accusateurs publics !
    Arrêtez de tirer sur ce brave M. l’avocat général Gaubert. Je prends sa défense…
    J’espère qu’il n’y verra pas d’outrage de ma part.
    Qu’il soit resté assis pour poser ses questions doit probablement (simple hypothèse) trouver son origine dans la fameuse surcharge de travail que connaissent tous les magistrats.
    Debout ou assis ne change rien, il était tout simplement « absent », soit encore à Courchevel, ou déjà aux Îles Fidji.
    Mais cela s’explique, en effet arrivé à saturation un cerveau, « déconne-cte ».
    Quoi de plus naturel en somme que cette procédure de sauvegarde neuronale qui fait paraître le sujet en surcharge, « ailleurs » ou « hors sujet ». Mais ne voyez là encore qu’une simple hypothèse.
    Il aurait dû faire cassation, cela lui aurait donné un temps supplémentaire pour se reposer un peu et reconnecter intellectuellement pour faire ressortir dans l’écheveau du dossier une vérité si bien cachée. Ne voyez là encore qu’une hypothèse.
    Cordialement
    Pierre-Antoine

  52. Sur les rôles et leur fixation, c’est exactement le propos qu’avais tenu quant à l’utilité des EDM (j’arrête sinon il va me trouver gonflant) de tous poils, à savoir qu’on ferait mieux de chercher ensemble une vérité qui fût utile à tous qu’à tenter de jouer au plus gros verbe, chacun campé sur son pré carré, ou sur son rond champ pour être plus hippique.
    Ce que écrit Aïssa est juste, même trivial, que le doute doit profiter à l’homme, quel que soit son rôle.
    J’ajouterai qu’il convient de tenter de réduire celui-là, pas l’homme, l’instrument de confusion que ceux au sang-froid le plus achevé manipulent avec rouerie.
    Il en va de l’avocat comme de l’avocat général, qu’ils lâchent leurs querelles immanentes et leurs intérêts mesquins pour faire avancer une vérité chronologique seule absolu identifiable des affaires qu’ils traitent.
    La suite, l’interprétation de la gravité des actes établis sera déjà assez subjective comme cela que l’on veuille aussi entacher ce sans quoi elle n’est même.
    AO

  53. Juste une question parce que j’ai besoin d’un complément d’information juridique, que dis-je je requiers une information supplétive.
    Un avocat général peut-il refuser une affaire dans laquelle son procureur général lui demande de mener l’accusation ?
    Je me souviens avoir lu dans un ouvrage récent de Ph. Bilger, à propos du meurtre de Bousquet, qu’il avait fait part au procureur général de Paris de son souhait de ne pas être désigné, il le fût tout de même.
    Je me permets de poser cette question car je peine à penser que Marc Gaubert soit un incompétent notoire, cette affaire n’était pas sa première grande affaire et je ne sache pas qu’on l’ait mis en cause avant les procès Viguier.
    Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il a bien conduit sa mission cette fois, mais je n’aime guère que l’on s’en prenne à lui ad hominem.
    A tout prendre, je préfère encore m’en prendre au procureur général de Toulouse qui, contre tout usage, a désigné le même avocat général en première instance et en appel.
    Il me semble que même si Albi n’est pas un siège de cour d’appel, il était juridiquement possible de désigner le parquet du TGI d’Albi pour assumer la mission du ministère public.

  54. Je ne vais pas commenter la décision de justice. Mais je me pose une question à propos de la disparition de Suzanne Viguier. Le dossier est-il clos ? La police peut-elle continuer à la chercher ou faut-il que ce soit le parquet qui demande de nouvelles investigations ?
    Certains extrapolent et semblent penser qu’elle serait partie au bout du monde, sous les cocotiers, etc.
    Donc elle n’aurait rien emporté, même pas ses lentilles de vue ? Etrange !
    Je peux vous assurer que si je partais pour une autre vie, je n’oublierais certainement pas mes lentilles de contact…

  55. Aïssa Lacheb-Boukachache

    «A partir du moment où l’on vous juge non parce que vous l’avez fait mais parce que vous auriez pu le faire, on est déjà dans un état totalitaire.». Cette phrase a été dite par Maître Lévy à la fin du procès Viguier (Sources: France Inter ce matin). Alors on peut vous juger pour le meurtre de votre épouse (procès Viguier) parce que, considérant certainement l’enquête de personnalité ainsi que votre comportement au long l’instruction puis le procès, vous auriez pu le faire … On peut aussi (moins grave dans l’inculpation si on s’en tient aux petits trafics quotidiens et autres vols à la petite semaine, mais non moins dramatique pour l’accusé) vous juger parce que (Cf Eric Zemmour et ses propos concernant cette majorité, sic, de délinquants trafiquants noirs et arabes), faisant partie de cette majorité noire et arabe, vous auriez pu le faire … Eric Zemmour, contrairement à maître Lévy, oublie cependant de rappeler l’Histoire à l’appui de son propos (quel ignare ce petit Eric!). Ainsi les Juifs sous l’Occupation nazie de 1940 étaient suspects voire coupables, forcément coupables, tous, même les petits enfants, puisqu’ils «pouvaient le faire» car étant Juifs … Pour mille et une raisons, on peut «le faire», sans contredit. Où comment la Justice républicaine se mue insidieusement de protectrice des droits de chacun en bras armé d’une idéologie politique totalitaire. On s’est souvent servi ainsi d’elle dans les grands moments de doute et de crise économique et sociale; l’Histoire, en ce domaine, semble heureusement avoir dispensé ses avertissements. Ainsi la révolte actuelle des magistrats, révolte inédite par son ampleur et sa virulence, contre, je ne dirais pas totalitarisme, mais cette manière judiciaire étrange qui lui ressemble par quelques endroits, qu’on voudrait leur faire servir en cache-misère d’une incurie politique et d’une situation sociale profondément délétère …
    Aïssa.

  56. @Ludovic
    A la question : « Un avocat général peut-il refuser une affaire dans laquelle son procureur général lui demande de mener l’accusation ? », je réponds par l’affirmative. En effet, un avocat général m’a expliqué un jour qu’il a toujours refusé d’exercer le ministère public dans les affaires de terrorisme, précisant que dans de telles affaires l’avocat général n’est jamais libre intellectuellement mais requiert aux ordres.
    L’idéal, lorsque le ministère public a été battu en première instance, c’est quand même de désigner en appel un avocat général autre que le magistrat ayant tenu ce rôle lors du premier procès perdu par le ministère public.
    @Pierre-Antoine
    L’intervention de Pierre-Antoine m’inspire la question suivante : un avocat général qui s’aperçoit que le ministère public ne sera pas suivi par les jurés peut-il être amené à pousser le président de la cour d’assises à commettre une faute de procédure qui justifierait ultérieurement une cassation ? Mais on peut aussi poser la même question par rapport au président de la cour d’assises lui-même, sachant que celui-ci, de par l’organisation de la justice des hommes en France, est structurellement, voire intellectuellement, plus proche de l’accusation que de la défense.
    @Marianne M
    Il est juste de dire que les internautes de ce blog, à commencer par Monsieur l’Avocat général Bilger, pratiquent admirablement la langue française. Je m’extasie devant la belle langue de Jean-Dominique Reffait, particulièrement. Pour un type comme moi, autodidacte, né dans une famille d’ouvriers et ne possédant pas de culture littéraire classique, lire Monsieur l’Avocat général Bilger, Jean-Dominique Reffait, Aïssa, Véronique Raffeneau et d’autres me permet de progresser dans la connaissance de la langue française.
    Sinon, je trouve que Jacques Viguier en fait un peu trop depuis son acquittement. Il doit se taire et, s’il le faut, laisser ses avocats parler à sa place.

  57. Un avocat des parties civiles qui se pousse du col dans un procès d’assises ?
    Philippe Bilger n’aime pas trop – que ce soit à Albi ou à Paris, surtout quand c’est le même homme.
    Un Parquet général qui interjette appel d’un verdict d’assises, sans suffisamment de justifications palpables ?
    Philippe Bilger n’aime pas trop non plus – que ce soit à Toulouse ou à Paris.
    J’approuve notre hôte. Ne parasitons pas le service de la Justice.

  58. Aporétique

    J’aurais tendance à être comme Saint Thomas. L’enquête semble avoir été quelque peu orientée, mais le mari n’est-il pas le premier suspect ?
    « J’avais déjà été frappé par l’attitude de cet accusateur qui ne se levait pas lorsqu’il questionnait – quelle image auprès des jurys et comme cette grossièreté aurait dû susciter d’emblée l’ire de sa hiérarchie ! – et qui, à Albi, n’a exercé sa mission que de manière résiduelle, laissant toutes les initiatives à l’un des avocats des parties civiles. »
    Cette attitude qui vous interpelle, monsieur l’Avocat Général, n’est-elle pas en quelque sorte une contestation d’un magistrat à qui des ordres auraient été donnés puisque l’accusé était un professeur de Droit ?
    Ce retrait des débats paraît surprenant !
    Depuis que la droite est revenue au pouvoir, elle a fait voter l’article 30 du CPP, permettant au ministre de la Justice de donner des instructions concernant un dossier !
    Grand nombre de modifications aux codes furent votées depuis l’affaire d’Outreau…
    Il est évident que s’il y a instructions, ces dernières ne sont pas publiées dans la presse !
    L’année dernière en Picardie, une femme fut jugée pour le meurtre de son mari qui la battait. Il n’y avait aucune preuve. Elle fut pourtant condamnée !
    Et cette autre femme qui fut retrouvée au volant de sa voiture, dans l’Oise, je crois. Curieusement, il n’y avait pas de clef sur le contact. Pourtant, le suicide fut retenu !
    Ce qui relança l’affaire : la soeur, un jour, enfila un vêtement qui appartenait à la défunte, dans une des poches duquel elle trouva les clefs du véhicule ! Bizarre pour une suicidée d’avoir laissé ses clefs de voiture dans son vêtement à son domicile ?
    Depuis que nous sommes inondés de séries policières américaines ou autres, elle paraît bien peu efficace notre police d’investigation !

  59. Alex paulista

    Je suis rassuré que Marc Gaubert ait pu répondre avec ironie mais justesse à notre hôte. Je lui souhaite de recouvrer la force physique nécessaire à ses futurs procès.
    On prétend que la culture du doute doit imprégner tous les professionnels, mais en même temps ce doute énerve tout le monde, l’incertitude étant très inconfortable.
    Les policiers ou les juges d’instruction préfèrent un coupable qui avoue qu’un innocent qui, en plus, refuse d’avouer. Ils lui accordent a priori plus de crédit. Outreau a montré une caricature de ce mécanisme.
    Philippe Bilger accuse en somme Marc Gaubert du pire des maux: avoir laissé transparaître une part de son doute…
    Plus sérieusement, si Marc Gaubert avait directement requis pour homicide involontaire je ne vois pas pourquoi l’issue du procès eût été différente.

  60. Véronique Raffeneau

    @ Ludovic
    « Je me souviens avoir lu dans un ouvrage récent de Ph. Bilger, à propos du meurtre de Bousquet, qu’il avait fait part au procureur général de Paris de son souhait de ne pas être désigné, il le fût tout de même. »
    Si vous le permettez, je n’ai pas la même lecture que vous concernant la désignation de Philippe Bilger comme avocat général dans le procès du meurtrier de René Bousquet.
    Philippe Bilger n’a pas refusé cette désignation. Il a attiré l’attention de son procureur général sur le fait qu’un élément de sa biographie privée – la condamnation de son père à la Libération – pouvait être utilisé pour discréditer sa fonction d’AG dans ce procès.
    Je pense qu’il s’agissait alors pour PB d’être au clair vis-à-vis de sa hiérarchie sur le risque d’une éventuelle contestation que pouvait provoquer sa désignation.
    En toute connaissance de cause, le PG a estimé que la biographie et la pratique professionnelles de PB étaient très largement et très suffisamment éloquentes pour neutraliser le cas échéant ce genre de contestation basée sur des considérations de nature… « génétique ».
    Autre temps, autres moeurs…
    Quinze ans plus tard, un avocat de partie civile pourtant réputé brillantissime, n’hésitera pas à invoquer une traîtrise génétique pour disqualifier un réquisitoire qui pour le coup ne dupliquait au mot près et à la virgule près pas la thèse qu’il défendait comme représentant de la partie civile.
    Nous connaissons la suite de l’histoire.
    Le GDS – pour l’anecdote, un des GDS les plus et les mieux diplômés en droit – fera preuve d’une perméabilité et d’une passivité ahurissantes suite à cette injure publique prononcée à l’encontre d’un représentant de l’action publique.
    « Un avocat général peut-il refuser une affaire dans laquelle son procureur général lui demande de mener l’accusation ? »
    Un avocat général a une liberté de parole ENTIERE et TOTALE à l’audience. Mais la liberté est un apprentissage souvent ingrat, difficile et douloureux. Toujours à recommencer.
    @ Laboca
    Merci pour votre appréciation.
    Mais sachez que ce qui me motive ici ce sont les billets de Philippe Bilger. Je ne suis pas, loin, très loin de là, exemplaire dans le maniement de la langue française. J’essaie juste dans mes commentaires de faire au mieux pour rendre à Philippe un peu du respect qu’il inspire par ses billets à ses lecteurs. J’essaie de me mettre à hauteur.
    Parfois je suis très légèrement heureuse de mon commentaire. Le plus souvent je sais que je n’ai pas réussi à dire avec suffisamment de simplicité et de justesse ce que je voulais exprimer. A l’école du commentaire, c’est le plus périlleux à réaliser et à réussir.

  61. Marc VIALLON

    Qui a dit qu’il y avait meurtre ! Pas de corps, pas de traces de sang ! Il peut s’agir d’une fugue bien préparée et bien organisée.

  62. Est-il innocent ?
    Aujourd’hui, il est seul avec sa conscience !
    Ce serait un comble d’indemniser un individu sur lequel pèse de graves présomptions !
    Qu’est-ce qu’ils attendent nos scientifiques pour inventer un « détecteur de corps… décomposés » !!!! ? Qu’est-ce qu’on aimerait que la Justice nous ébaubisse !
    Conclusion qui s’adresse aux messieurs de ce blog :
    Les hommes fidèles auraient un QI plus élevé que les infidèles !!!
    http://fr.news.yahoo.com/55/20100313/tod-les-hommes-fidles-auraient-un-qi-plu-17baed7.html

  63. Jean-Dominique Reffait@Aïssa, Laboca, Oursivi

    Aïssa, l’une des choses que j’aie apprise à la longue lecture du blog de Philippe Bilger concernant l’accusation, c’est la notion de certitude dont doit être investie l’intime conviction. Il ne s’agit pas d’une vague opinion. Et c’est un impératif absolu que le parquet qui poursuit soit pénétré de cette certitude : certitude de culpabilité, certitude d’innocence, certitude du doute. Le doute peut être aussi certain qu’une culpabilité et ne doit pas se confondre avec une hésitation. Le ministère public doit oser affirmer sa certitude et c’est une parfaite obscénité qu’un Parquet qui, par la voix de M. Gaubert et quoiqu’il s’en défende éventuellement, dise aux jurés « Finalement, je n’en sais rien, faites comme vous le sentez. » Celui qui poursuit doit avoir une certitude et le parquet ne peut en aucun cas abandonner en rase campagne un tribunal qu’il a lui-même convoqué. En ce sens, M. Gaubert a parfaitement failli.
    Si M. Gaubert ne comprend pas la grossièreté qu’il y a à interroger les témoins assis, c’est qu’il lui manque un pan important de culture judiciaire, voire d’éthique : le Parquet représente la magistrature debout parce que celui-ci, en tant que partie au procès et non en tant que juge, est face aux juges ainsi que la défense.
    Laboca, c’est très gentil mais ne vous y fiez pas ! Une belle langue ne devrait jamais soutenir une laide intelligence, mais cela arrive trop souvent pour qu’on n’y prenne pas garde !
    Oursivi, ce qui m’énervait dans votre premier commentaire, c’est ce penchant à refaire le match et à gloser sur une affaire dont on ne connaît rien. Rien ni personne ne peut nous interdire d’éprouver un sentiment sur un procès médiatique, mais il faut rester absolument conscient que ce sentiment ne vaut strictement rien et qu’il n’y a aucun profit intellectuel à le communiquer.

  64. Jean Reffait

    Je ne connais pas le dossier autrement que par les articles journalistiques et je suis admiratif envers ceux qui ont des certitudes !
    Voici un jury populaire (vive le Tarn !) qui ne craint pas, lorsqu’il ne sait pas, de dire qu’il ne sait pas, et qu’en conséquence il acquitte ce Monsieur et lui rend son Honneur et sa Liberté, parfois confisqués sans nuances.
    Pourquoi Madame Viguier ne serait-elle pas partie ? Le bel interdit que celui qui nous oppose : « sans donner signe de vie à ses enfants » ! Il en est bien qui les font congeler leurs enfants, l’un après l’autre, et que tout le monde appréciait auparavant (je parle des « mères »). Qui a écrit « L’Amour en plus » ? Elisabeth Badinter qui fixe comme point de départ de l’amour maternel, comme nous le vivons aujourd’hui (paraît-il !)… le siècle des Lumières. Des Thénardier, il y en a dans le XVIème arrondissement. Ils puent moins, et font plein de belles manières.
    Alors, tout a été possible. Et, ce qui honore la Justice, à la suite de ce que Jean-Dominique Reffait rapporte avec une minutie de microscope électronique, c’est qu’un Président « fait » l’audience. Ce n’est pas l’Idéal, mais c’est mieux que les cotes mal taillées et les boursouflures pour camoufler la possible (probable) erreur.
    Je pense, Monsieur, que cette dernière constatation rencontre la vôtre, malgré votre titre ambigu.

  65. Combien de cocus y avait-il dans ce jury populaire ?
    La question a-telle été posée ?
    S’en est-on inquiété ?

  66. « sur une affaire dont on ne connaît rien.
    JDR
    Rien…? les jurés en savent-ils plus que ce que lisons chez PRD, par exemple, à part la rivalité des ego, toute cette mousse spectaculaire qui n’est là que pour les enfumer, la méforme éventuelle d’un homme (on n’est pas censé être tous au top chaque jour, avons nos périodes « sans », cela arrive Mister Gaubert), l’étalage d’aplombs qui ne sont que de façade …?
    Les seuls à avoir vécu cela sur le long terme et de près sont police et juge d’instruction, et, désolé d’avoir là ce conformisme, à examiner les faits, sommes quelques-uns pas totalement sots à avoir conclu comme eux, non sur une certitude, mais sur la solidité d’une impression générale. Pas de quoi envoyer un homme vingt ans au bagne, pas de quoi non plus se presser à le déclarer innocent.
    « Rien ni personne ne peut nous interdire d’éprouver un sentiment sur un procès médiatique »
    ya
    « mais il faut rester absolument conscient que ce sentiment ne vaut strictement rien et qu’il n’y a aucun profit intellectuel à le communiquer. »
    JDR,
    je vous aime bien, mais franchement, parfois… vos « conneries » me fatiguent.
    Il ne s’agit pas de refaire le match, juste d’être toujours dans la production d’idées, dans la fabrication de sens possibles, de pistes qui réjouissent l’esprit de leur prolongement ; et ce qu’elles demeurent simple et joli alignement de mots sans conséquence autre que de réjouir certains les lisant ou qu’elles aient un jour les conséquences les plus concrètes qui se puissent imaginer.
    Ce n’est pas vous, quelle prétention, qui déterminez ce qui apporte ou non, vous êtes bien trop incompétent sur bien trop de sujets pour vous déclarer tel.
    On vous aime bien, vous écrivez parfois superbement, même si c’est pour y loger à l’occasion de belles bêtises, restez dans ce rôle, chacun a le droit de s’exprimer, et je ne suis probablement le plus fade dans cet exercice.
    AO

  67. « Ce fut au pied levé que cet avocat général remplaça son collègue atteint d’un magistral lumbago. Quoique retourné, ce fut à main levée qu’il reprit un dossier trop hâtivement abandonné. Eût-il été seulement pensable, monsieur Bilger, qu’un avocat général « couché » arrivât pour ces « Assises » ? On gausse déjà tant sur la magistrature qui ne sait plus comment se positionner ! »
    Ce qui me gêne, voyez-vous, c’est qu’il faille dix ans pour dire, en deux fois, et ce, en quelques semaines, il est innocent !!
    @Monsieur Viallon,
    « Qui a dit qu’il y avait meurtre ! Pas de corps, pas de traces de sang ! »
    Si, des taches de sang furent trouvées dans toute la maison, dans la voiture.
    Mais ce n’est qu’à travers la série « Les experts » que l’on sait à quelle heure la goutte a été extirpée d’un organisme humain ou animal… duquel ? où ? quand ? comment ? combien de criminels ?… où sont les mouches ??? les asticots ???
    Il manque à la Justice, le « Médium », plein de certitudes, qui lui permettrait de niveler toutes ses incertitudes !
    S’il y a « doute », alors pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? Pourquoi y a t-il eu procès ?
    Pour activer la Justice, il faut quand même autre chose que des doutes ? Non ?
    Il y a tellement d’énormités dans ce dossier, selon ce qui fut relaté par la presse, que j’ai du mal à croire que seul le doute existait !
    http://www.affaires-criminelles.com/dossier_8-2.php
    Je rejoins l’avis d’Aporétique. Ce n’est pas clair du tout ! Et tout comme lui, j’ose espérer que monsieur l’Avocat Général n’a pas fait l’objet de pressions étant donné le statut de celui qui se trouvait être l’accusé !
    Autrement, cela démontrerait ce que deviendra la Justice de ce pays !… Celle voulue par Sarkozy !

  68. Aïssa Lacheb-Boukachache

    Jean-Dominique, vous n’avez en ces choses rien appris à la longue lecture du blog de ce cher PB et concernant l’accusation … C’est patent. Alors reprenons. Une obscénité, écrivez-vous quant à un Parquet qui dirait «finalement je n’en sais rien; faites comme vous le sentez», abandonnant en rase campagne (je vous cite) un tribunal qu’il aura lui-même convoqué … C’est très beau tout ça qui n’est en fait que de la littérature et votre théorie car je doute très fort qu’elle soit celle de PB. Prenons le cas Viguier puisqu’il s’agit de cela: une innocence proclamée. L’audience, vous en faites quoi, dites? Je répète: l’audience, vous en faites quoi, dites? Les longues audiences parfois s’étirant sur plusieurs jours, semaines ou mois. L’oralité des débats, c’est pour qui? Pour qui l’oralité des débats? Pour amuser la galerie? Un avocat général serait de facto, sous peine de trahison, imperméable à tout ce qui pourra être produit de nouveau durant l’audience et qui remettra en cause et dans le fond toute sa certitude que vous invoquez comme l’essence même et immuable du Parquet? Allons, soyez sérieux deux minutes … Quant à l’intime conviction que vous soumettez singulièrement à la certitude (il faudra que vous expliquiez cette étrange union car je doute que quelqu’un y ait compris quelque chose), je vous apprends qu’elle est au début de l’instruction d’abord comme un patrimoine (sens juridique du terme; c’est-à-dire que nous en avons tous un dès notre naissance, une sorte de sac vide si vous préférez en image) qui se remplit puis se vide et se remplit à nouveau de biens puis en perd, etc., au long la vie de chacun de nous. C’est la charge et la décharge en somme. A l’audience, ce patrimoine arrive ou plein ou vide ou à moitié plein, etc., selon ce qu’aura été cette instruction. Là on recommence tout; on a un patrimoine en l’état qui à nouveau, au fil de l’audience, des débats, de l’oralité de ceux-ci, des pièces nouvelles produites, des témoins nouveaux, des plaidoiries, tout ce que vous pouvez imaginer, à nouveau ou se remplira davantage ou moins, etc. Lors du délibéré, on ouvrira en secret le sac et on pèsera ce qui s’y trouvera à ce moment et uniquement à ce moment. Plus lourd, moins lourd, vide à nouveau, débordant, accablant … Voilà l’intime conviction! C’est une fluctuation de la pensée durant un moment (l’audience) quant à un fait donné. Et pas même un avocat général, même le plus brillant, surtout le plus brillant, ne s’en libèrera. Le Parquet n’abandonne rien ni personne en rase campagne, comme vous le dites; il pourra demeurer rigide durant toute une instruction, ferme de sa conviction de certitude, soit! mais il s’adaptera à l’audience et ce qui en sortira. Ce Parquet-là qui évoluera de cette sorte qui n’est rien autre que naturelle puisque humaine, au fil d’une audience, est le vrai Parquet. C’est ce que dit PB lui-même quant, invoquant tous les participants judiciaires d’une audience, il les nomme « auxiliaires de vérité ». On cherche la vérité ou à tout le moins s’en approcher le plus; on n’a aucune certitude. Si on en a, nul besoin dans ce cas de chercher autre chose. Votre Parquet est une sorte de machine totalitaire!
    Aïssa.

  69. @Jean Reffait
    Ecrire que Suzanne Viguier a pu partir en abandonnant ses trois enfants, c’est « salir » la victime.
    Philippe Bilger ne devrait pas laisser passer ce genre de post.

  70. Véronique Raffeneau

    @ Jean-Dominique
    « Le ministère public doit oser affirmer sa certitude et c’est une parfaite obscénité qu’un Parquet qui, par la voix de M. Gaubert et quoiqu’il s’en défende éventuellement, dise aux jurés « Finalement, je n’en sais rien, faites comme vous le sentez. »  »
    Je ne serais pas aussi catégorique que vous.
    Je pense que nous pourrions entendre un avocat général qui dirait :
    L’hypothèse qui a été imaginée par l’avocat de la partie civile m’apparaît être, compte tenu des éléments dont je dispose (détail des éléments) et qui vous ont été communiqués, la plus vraisemblable.
    Seulement, pour faire tenir indiscutablement droit et solide mon échafaudage, il me manque des rustines, des colles, des liants, des vis, des éléments que je ne possède pas dans mon dossier et que les débats ne m’ont pas apportés.
    Aussi en définitive la balance me semble égale entre doutes et convictions, de telle sorte que si j’exclue les moments émotifs forts qui sont venus apporter leur trouble non mesurable dans l’espace judiciaire, presque mécaniquement l’acquittement s’impose.
    ps: le dernier paragraphe est totalement inspiré par le billet de PB

  71. Jean-Dominique Reffait

    Aïssa, je me suis mal fait comprendre visiblement. Je ne proclame surtout pas que la certitude du Parquet doive être celle de l’acte d’accusation lorsqu’arrive le terme du procès. J’ai trop connu d’avocats généraux qui ne tenaient aucun compte des évidences de l’audience et qui répétaient bêtement, lors du réquisitoire, les âneries de l’acte d’accusation qui avaient volé en éclat au procès.
    Non, je suis parfaitement d’accord avec vous sur l’importance capitale du procès. Mais à son terme, ce que l’on demande au poursuivant, c’est de tirer des conclusions certaines, fussent-elles à l’opposé de l’acte d’accusation. Loin de moi l’idée d’un Parquet pétrifié absurdement dans son rôle d’accusateur contre toutes les évidences d’une audience. Il lui revient au contraire d’oser dire aux jurés – je rappelle que l’avocat général est le seul magistrat qui a le droit d’influencer le jury populaire – au terme d’un procès, dans quel état se trouve le dossier. D’oser décortiquer les certitudes et de reléguer les hésitations. Et si, au terme d’un procès, la seule certitude est celle du doute, l’avocat général est en devoir impératif de requérir l’acquittement. Si la seule certitude est une requalification, il doit requérir la requalification. Comprenez-moi bien, je dis qu’au terme d’un procès, le Parquet doit transmettre une certitude, quels que soient sa nature ou le cheminement par lequel on parvient à cette certitude au cours du procès. Au terme du procès, il revient au poursuivant de dire clairement s’il continue de poursuivre ou pas, ce qu’il poursuit et pourquoi. Sinon il ne sert à rien. L’avis de PB nous arrangerait bien tous deux car je pense que nous ne sommes pas très éloignés.

  72. Pierre-Antoine @ Claire

    @Claire
    En matière de logique amoureuse, la femme me surprendra toujours !
    La femme de mon oncle est partie en abandonnant ses trois enfants, le dernier en a tellement été blessé qu’il a eu un arrêt de croissance !
    Mon oncle était chasseur, « qui va à la chasse perd sa place » dit le proverbe.
    Ce n’est que plusieurs années plus tard qu’elle est réapparue. On a appris qu’elle était enceinte d’un amant (lequel ?) au moment de son départ et avait même eu un autre enfant… ailleurs à 800 km de là !
    On a mis cette fuite sur la souffrance jamais guérie qu’elle avait éprouvée à la mort d’un de ses enfants.
    La souffrance d’une femme est un abîme que peu d’homme peuvent sonder, encore moins combler.
    A qui est-ce faire injure que de le dire ?
    Cordialement
    Pierre-Antoine

  73. Et bien c’est a peine croyable mais voila une affaire de plus non elucidee… personne ici n’a pu localiser la dame disparue mais l’occasion d’une belle expression ecrite n’a pas ete perdue… cela me plait !
    Toutefois, un bemol me parait vraiment necessaire eu egard aux meres qui disparaissent a tout jamais sans laisser d’adresse, ni meme donner des nouvelles au-dela des decennies…
    Non, il faut vous retirer ca de la tete ; ce n’est pas une specialite de ces Messieurs que de fuir « le nid familial ».
    Ce n’est pas non plus le triste privilege des « prolotes » que de « lever le camp » sans retour.
    En France, il existe encore une telle sanctification de la maternite que ces sujets sont peu et difficilement souleves.
    En Angleterre, on a eu l’affaire de « Canoe Man » que sa femme, si j’ai bonne memoire, a declare noye ; il me semble que l’on a meme retrouve son embarcation et tous les grands moyens ont ete deployes pour recuperer son corps.
    Finalement, le couple de « vieux tourtereaux » a ete identifie des annees apres a l’autre bout du monde. Les enfants (jeunes adultes) ignoraient la supercherie que leur mere avait couvert et croyaient leur pere decede… charmante aventure !!!
    « From Times Online July 14, 2008
    Anne Darwin ‘played vital role’ in canoe man fraud »
    http://www.timesonline.co.uk/tol/news/uk/crime/article4331439.ece
    Ah, aussi autre chose qui me derange, c’est ce concept d' »intime conviction » qui j’espere n’est plus pris en compte aujourd’hui dans les affaires criminelles ; les faits… rien que les faits. Merci a la police scientifique d’y contribuer.
    Un commentateur mentionnait dans le cas qui preoccupe ici l’intime conviction des enfants. Je pensais que l’on ne pouvait etre « juge et partie » et la difficulte majeure est la loyaute filiale qui rend presque toujours aveugle ; pour s’en rendre compte pas besoin d’une affaire criminelle, il suffit d’observer les relations familiales a l’oeuvre pour n’etre point dupe de ce qui s’y joue meme a l’insu des protagonistes.

  74. Catherine JACOB

    «Il paraît même que le président Richiardi, lors des rares interventions du ministère public, avait parfois du mal à réfréner un fou rire. »
    Allons, bon!
    «si une hirondelle ne fait pas le printemps, un grand président « fait » la justice.»
    Ce qui est censé signifier que si l’hiver n’est nécessairement vaincu par l’arrivée d’une hirondelle précoce, la justice tient debout dès lors qu’un grand président l’a restaurée?
    «Ces considérations démontrent que le manque d’intuition dans le choix des hommes et des femmes susceptibles d’être à la hauteur des épreuves que le judiciaire impose constitue un défaut aux conséquences très largement sous-estimées. »
    Le manque d’intuition dans les choix des acteurs de quelque théâtre d’opérations que ce soit, est un grave défaut, c’est certain. Prenons par ex. le choix d’un ministre du travail pour promouvoir la valeur travail sur laquelle un certain président a été élu, nous voici déjà au quatrième essai et demi (
    1- Xavier Bertrand (UMP) : 18 mai 2007 – 18 juin 2007 (Ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité) (Gouvernement François Fillon (1))
    2- Xavier Bertrand (UMP) : 18 juin 2007 – 15 janvier 2009, (Ministre du Travail, de la Famille, des Relations sociales et de la Solidarité) (Gouvernement François Fillon (2))
    3- Brice Hortefeux (UMP) : 15 janvier 2009 – 23 juin 2009, (Ministre du Travail, de la Famille, des Relations sociales, de la Solidarité et de la Ville) (Gouvernement François Fillon (2))
    4- Xavier Darcos (UMP) : 23 juin 2009 – 22 mars 2010, (Ministre du Travail, de la Famille, des Relations sociales, de la Solidarité et de la Ville) (Gouvernement François Fillon (2))
    5- Eric Woerth (UMP) : depuis le 22 mars 2010, (Ministre du Travail,de la Solidarité et de la Fonction Publique) (Gouvernement François Fillon (2))
    entre mai 2007 et mars 2009 ainsi qu’au cinquième changement d’intitulé de ce ministère dans le même laps de temps!
    «On a l’impression qu’il a couronné un mystère dont pourtant on a cherché, mais en vain, à dévoiler tous les secrets.»
    C’est curieux, mais c’est aussi mon impression, toutefois très lointaine, vu que contrairement à vous, qui n’avez «rien manqué au fil des jours aussi bien dans la presse écrite que sur Internet, en n’omettant pas Dominique Verdeilhan sur France 2», je n’ai prêté qu’une oreille très distanciée, à ce procès dont on dit qu’il a passionné le public local. Mais bon, ce ne serait sans doute pas une bonne idée que d’émettre des hypothèses après coup, maintenant que tout est joué. Une remarque toutefois m’a frappée, c’est celle de l’un des enfants Viguier qui a fait observer que «certain de tenir le coupable, on a négligé de chercher sérieusement notre mère. » Quel double calvaire pour ces enfants! C’est affreux!
    Un crime parfait?
    Et si la « victime » n’avait disparu que parce qu’elle n’aurait pas trouvé d’autre solution pour être débarrassée et du mari et de l’amant, en comptant que l’un ou l’autre ou… les deux en paierai(en)t le prix, cet acquittement aura sans doute déjoué un tel « crime parfait »!

  75. Allez, cher Philippe, évacuez votre ire sur Marc Gaubert et parlez-nous de Monsieur Falletti… Je suis sûr que vous allez nous pondre un post comme vous en avez le secret !

  76. Philippe, votre réponse à différents commentaires sur l’incrimination de tiers incontestablement non impliqués laisse planer un doute effrayant. Et je comprends mieux le titre de votre note.
    Pour ma part je n’ai qu’une certitude, celle que je mettais en conclusion d’une de mes notes rédigée deux jours avant le verdict : « Suzanne Viguier a disparu. Si elle ne s’est pas volatilisée volontairement pour une destination qui l’éloignait d’une vie qu’elle ne supportait plus, sa disparition reste une énigme. C’est donc que quelqu’un l’aura tuée puis aura pris le temps nécessaire —forcément long, préparé, prémédité— pour soustraire sa dépouille à toute possibilité de recherche.

    Est-ce que Jacques Viguier en avait matériellement la possibilité? Je ne le pense pas. »
    Il fut acquitté, le parquet ne se pourvoira pas en cassation, il n’y a donc pas à revenir sur les éléments que je développais pour aboutir à cette conclusion.
    De cette affaire il restera ce sentiment, que je connais trop, d’un être infiniment unique dont le souvenir s’estompera à jamais de la mémoire des hommes, qui avait encore de longues années à aimer, à danser, à rire mais aussi à pleurer, à vivre en un mot et que la haine aura gommé de cette existence sans qu’on s’intéresse véritablement à son sort. En cela on peut sans doute incriminer la police, aussi subtile qu’un chasse-neige ne suivant qu’une piste, pour l’excellente raison qu’elle s’était convaincue de la culpabilité de Jacques Viguier et de lui seul, dès le départ. A trop vouloir une corrélation des faits à une hypothèse et une seule, on n’aboutit qu’à ces drames qui laissent à tous le goût amer d’en avoir été la victime.
    Si ce gâchis pouvait au moins servir d’exemple à ceux qui sont en charge d’enquêtes, d’agir avec circonspection, consciencieusement et sans a priori, tout n’aurait pas été si vain. Mais j’en doute.

  77. Véronique Raffeneau

    « Je ne sais pas de quoi Mme Carrère-Ponthieux est coupable, l’honneur de la justice et l’honnêteté me commandent de l’admettre, a confessé M. Rivaud. Je viens requérir l’acquittement. »
    Extrait du réquisitoire de l’avocat général Jean-Philippe Rivaud –  » Accusée du meurtre de son mari, une femme est acquittée après quatre procès  » Le Monde 27.03.10
    Voilà, je pense que cette position de l’avocat général – après 12 ans de procédure et 4 procès… grosse interrogation quand même au sujet de cette éternité – convient à l’idée que vous vous faites d’un réquisitoire.

  78. La réalité est pourtant claire : je ne vois pas pourquoi cette dame qui aimait ses enfants, sa famille (ses soeurs, sa mère)
    aurait tout quitté subitement du jour au lendemain. C’est ridicule. Le coupable apparaît clairement : c’est Viguier. Il existe de nombreux indices peu mis en valeur (si l’on a bien suivi ce procès) et c’est rageant de voir un coupable en liberté.
    Cet homme est un manipulateur. La justice a vraiment besoin de se rénover. J’ai écouté « C dans l’air », hier (le 10/06), sur la
    justice en France, c’est affligeant !!

  79. Rédigé par Lucie le 11 juin 2010 à 10:17
    « Pas vu, pas pris »… peut-etre !
    Qui sait ?
    Forcement, le coupable quel qu’il soit.
    Un rebondissement ulterieur… peut-etre un jour… peut-etre jamais.
    Ainsi va la Vie.

  80. Une nouvelle serie de « Non Elucide » sur France 2 a ete programmee. Les efforts de Messieurs Poivre d’Arvor et Bloch pour traiter ces affaires enigmatiques meritent d’etre salues, tout comme le travail de Maitre Corinne Herrmann. « L’heure du crime » sur RTL participe de cet effort egalement.
    Pour la Justice quant a ces affaires, je ne sais pas… Mais l’etablissement de l’exactitude des faits me tient a coeur.
    Quant aux meres qui disparaissent sans laisser d’adresse, cela s’est deja vu plus souvent qu’on ne le pense !!
    Dans ce premier numero, les amies de la victime s’expriment courageusement et sans crainte apparente. Un seul (couard) s’exprime a visage masque ; cherchez l’erreur…

  81. Parfait résumé de ce procès manqué (par l’accusation).
    Au regard de la loi, Viguier a été logiquement acquitté. Au regard du dossier, mon opinion est inverse (et je je suis pas le seul)…

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