Contre les faux-culs d’Angoulême et d’ailleurs…

Le maire UMP d’Angoulême a fait retirer « provisoirement » les grillages qui avaient été installés autour de neuf bancs publics pour, selon ses opposants, empêcher les sans domicile fixe de s’y asseoir (lefigaro.fr).

Et beaucoup de crier victoire comme s’ils avaient gagné la guerre contre la pauvreté !

Je ne supporte plus les dénonciations des privilégiés de la vie, les indignations commodes et les leçons de morale de ceux qui se contentent, au nom de leur inaction, de vitupérer l’action de quelques autres, les délicatesses outrées de toutes ces Antigone de pacotille contre des Créon qui font ce qu’ils peuvent.

A cause de ces grillages, une multitude qui probablement ne s’est jamais assise sur ces bancs publics s’est élevée contre ce qu’elle a qualifié d’ignominie. Des artistes, qui ont le soutien facile quand il ne coûte rien, ont affirmé qu’ils auraient justement voulu s’asseoir sur ces bancs. En quelque sorte, nous sommes tous des SDF d’Angoulême !

C’est grotesque, honteux, de faire croire à une solidarité quand d’un côté il y a misère, dénuement, violence, alcool et drogue et que de l’autre il y a simplement le confort d’une empathie abstraite, verbalement généreuse et radicalement stérile.

Le maire a justifié sa démarche par « une alcoolisation récurrente » et le trafic de drogue dans ce secteur. Même plausibles, il est évident que ses explications seront vouées aux gémonies tant le scandale est délicieux à proclamer quand il n’exige rien de vous.

Si même la volonté de l’édile était, en effet, d’interdire aux clochards l’accès à ces bancs publics – qui n’avaient rien de poétique comme dans la chanson de Brassens -, où serait le crime ? Qui aurait le droit de se poser, de s’imposer comme authentique justicier ?

Seulement ceux – et ils sont rares – qui accomplissent concrètement, quotidiennement, même modestement, des gestes pour lutter contre cette misère et cette désinsertion.

Mais pour la masse des autres, dont je suis, qui compatissent, ont pitié, s’émeuvent mais passent, qu’ont-ils donc à reprocher au courage – oui, j’ose le terme – de ce maire qui tire les conclusions pratiques, opératoires de notre indifférence, de notre répugnance, de notre exaspération muette devant ces coagulations humaines de détresse, de vin et parfois de violence ?

En réalité, on lui impute de répudier les faux-semblants et d’aller au bout des désirs secrets – les SDF sont indésirables parce qu’ils incommodent – que notre humanisme à bon marché occulte.

Je vois, devant certains commerces, de véritables campements de clochards à l’encontre desquels, in petto, on proteste en mettant en cause l’inertie des pouvoirs publics qui les laissent perdurer au prétexte de la liberté individuelle.

Mais le maire qui prétend préserver l’accès à une galerie commerciale et favoriser l’activité de professionnels qui valent en dignité et en humanité ceux qui, par leur présence, l’entravent serait une personnalité irresponsable et, pire, immorale ? Mais de qui se moque-t-on ? Notre société se voile la face mais n’estime pas les lucides ou les pragmatiques qui affrontent un réel qu’on ne veut pas voir.

Les leçons sont inconvenantes quand elles se greffent sur le comble de l’hypocrisie ou d’une impuissance qu’on s’acharne à faire passer pour du respect.

Personne n’est sauf et les comédies sont multiples.

Valérie Trierweiler a accumulé une fortune grâce à un livre vulgaire, sans générosité ni justification mais elle distribue des cadeaux sur les Champs-Élysées au nom du Secours populaire. Simulacre et pose !

Christiane Taubira a pleuré sur les prisons et les « malheureux » détenus qui s’y trouvaient mais c’aurait été trop de rémédier à cette situation ! Il est jouissif de se sentir bien en déclarant que cela va mal mais sans en tirer la moindre conclusion pratique.

Les hypocrites d’Angoulême et d’ailleurs vont gagner. Je suis persuadé que ce « provisoire » va durer et que le maire sera obligé de céder. Pourquoi pas ? Mettre des grillages autour des bancs publics ne suscite aucune allégresse chez personne.

Mais, de grâce, que ceux qui se bouchent le nez ne viennent pas sans cesse reprocher à ceux qui ont la charge de tous les habitants d’une ville de ne pas avoir de coeur.

J’en ai assez de la France qui juge la France qui agit.

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Voir les Commentaires (80)
  1. Robert Marchenoir

    Je constate avec plaisir que votre souci de modération vous abandonne. Lorsque l’oppression devient extrême, l’extrémisme devient une vertu.
    Si Philippe Bilger commence à parler de faux-culs, les faux-culs feraient bien de numéroter leurs abattis.

  2. Marc Ghinsberg

    Beau coup de gueule contre l’hypocrisie de ceux qui sont prêts à s’indigner sans agir. En dénonçant les faux-culs on fait sans doute oeuvre utile, mais améliore-t-on le sort des SDF ? Et si l’on se bougeait un peu le cul ? Si chacun donnait 1% de son revenu disponible pour lutter contre la pauvreté cela ferait environ 15 Mds €, chiche ? Et si le maire d’Angoulême créait dans sa ville un SAMU social, quitte à augmenter un peu les impôts locaux, à l’image de ce qui existe à Paris et dans d’autres villes de France qui font un travail difficile et remarquable ?
    Encore des idées de bobo-socialo-bien-pensant. J’oubliais que l’assistanat est le cancer de la société, comme dit l’autre. Où avais-je la tête ? C’est tout de même plus efficace de grillager des bancs publics !

  3. Non, non et non. Je ne suis pas du tout d’accord avec ce billet.
    Il se base sur une imposture logique : Philippe Bilger nous explique que c’est de l’hypocrisie que de ne pas accepter de placarder une loi disant ce qu’un peu tout le monde ressent à titre individuel.
    Pourtant c’est toute la différence entre le Savoir Public (Public Knowledge comme le disent les Américains qui étudient la philosophie sociale) et la connaissance individuelle.
    Le PK, c’est savoir, mais aussi savoir que l’autre sait et qu’il sait que je sais et ainsi de suite jusqu’à l’infini. L’illustration de cette différence est la fameuse histoire des 40 cocus de Bagdad qui se massacrent tous après qu’un étranger a publié ce que tout le monde savait depuis toujours (qu’il y avait des cocus à Bagdad).
    Je ne peux pas croire que notre hôte puisse ignorer ce genre de notion, lui qui est un homme de Loi. C’est, j’imagine, ce qu’on enseigne en première année de droit, non ?
    C’est en tout cas ce qu’on enseigne aux ingénieurs qui ne se satisfont pas des seuls cours de Finkie.

  4. Tout à fait d’accord avec vous, et pour ce cas particulier de la ville d’Angoulême, et pour votre tableau de la tartuferie relayée par tous ces petits dévots des médias qui manipulent l’opinion sans jamais sortir de leur ghetto doré.

  5. Oulàlà ! Maire UMP ! Quelle importance qu’il soit UMP ou PMU ?
    Jean Guiton (avec un seul t) « assume parfaitement ». « Evidemment il est très facile et tout à fait regrettable de faire l’amalgame entre une période de Noël et la mise en place (d’une crèche ! oups) de ce dispositif, mais je
    rappelle que l’accueil, c’est aussi l’accueil des passants ».
    « Accueil des passants » ? Liberté d’expression ? Liberté d’exclusion ?
    Je m’en vas poser la question au pape François.

  6. Bonjour Philippe Bilger,
    « C’est grotesque, honteux, de faire croire à une solidarité quand d’un côté il y a misère, dénuement, violence, alcool et drogue et que de l’autre il y a simplement le confort d’une empathie abstraite, verbalement généreuse et radicalement stérile. »
    Difficile de faire la part des choses dans cette affaire. Certes les marginaux qui s’installent dans les lieux publics très fréquentés et demandent aux passants une petite pièce « pour manger » sont le spectacle gênant d’une société qui n’a pas pu se débarrasser de la misère. Elle est là, devant nous qui s’étale sans vergogne et nous donne mauvaise conscience.
    Alors que faire?
    La fonction de maire n’est pas facile. Il est en permanence confronté à des situations inextricables où pour satisfaire les uns il s’attire les foudres des autres.
    La pose de ces grillages était une solution maladroite car, ainsi que vous le soulignez Philippe Bilger, vous trouverez toujours des bobos prêts à utiliser leur notoriété d’artiste, de journaliste ou de politique pour faire de la morale compassionnelle. C’est leur façon à eux d’aider les pauvres. Mais le soir, après leur bonne action médiatique, ils retrouveront le confort douillet de leur foyer, attendant avec impatience l’impact de leur « indignation » auprès du public.
    Le plus attristant se retrouve, bien sûr, sur les réseaux sociaux, et notamment Twitter où s’entremêlent désinformation, amalgames, le tout agrémenté de vociférations et d’insultes.
    L’information objective, reposant sur des éléments factuels, dûment vérifiés et dépourvue de toute interprétation personnelle n’existe pratiquement plus. Même les éditorialistes et chroniqueurs des grands quotidiens et hebdomadaires y vont de leurs titres provocateurs. L’important n’est plus d’informer, mais de vendre. Question de survie dans un monde de concurrence impitoyable.

  7. C’est bien connu, les trafiquants de drogue ont besoin de bancs publics pour réaliser leur business. S’il y a un hypocrite dans l’histoire, c’est bien le maire d’Angoulême.
    Il paraît qu’au Canada, ils créent des bancs confortables pour que les SDF puissent se reposer et dormir.

  8. « Le PK, c’est savoir, mais aussi savoir que l’autre sait et qu’il sait que je sais et ainsi de suite jusqu’à l’infini. »
    Rédigé par : Alex paulista | 27 décembre 2014 à 05:37
    Ainsi donc puisque nous savons qu’ils savent que nous savons qu’ils savent que nous savons, nous pourrions…
    ouvrir une savonnerie !
    Ça ne vous amuse pas ?
    Vous avez tort, c’est du même niveau que ce que vous écrivez, et puis c’est la trêve des confiseurs !
    Pour le reste je partage tout à fait le point de vue de notre hôte.
    J’ai d’ailleurs de plus en plus de mal à le contredire, et ce sur beaucoup de sujets.
    Quoique, en cherchant bien… mais c’est la trêve.

  9. Je ne supporte plus les dénonciations des privilégiés de la vie, les indignations commodes et les leçons de morale de ceux qui se contentent, au nom de leur inaction, de vitupérer l’action de quelques autres, les délicatesses outrées de toutes ces Antigone de pacotille contre des Créon qui font ce qu’ils peuvent.
    Parmi ces SDF, certains le sont par choix de mode de vie, d’autres suite aux aléas de l’existence.
    Mais ces aléas, dont le chômage entraîné par une politique idéologique destructrice de l’entreprise et de l’esprit d’entreprendre et dont la préférence étrangère excluant des Français de la société de leur propre pays, ne sont-ils pas souvent imputables à ces faux gentils de la vraie gauche ou de la fausse droite qui directement ou non ont contribué à les créer ?
    Ces gens-là maudissent des conséquences dont ils chérissent les causes.

  10. Cher Monsieur Bilger,
    Je ne puis que livrer ma propre expérience.
    J’ai connu moi-même cela en 2001, me semble-t-il, à la faveur d’une expérience épique que ma mémoire a tout fait pour oublier.
    Cette année-là, pour la deuxième fois, je me suis lancé, armé de toute ma naïveté et de mon idéalisme, à la conquête de Paris, non pour m’y faire un nom à la façon d’un artiste à la recherche de son public et de la reconnaissance, mais pour répondre à un appel, au même appel en quelque sorte que celui qui m’avait fait renoncer à une carrière de journaliste localier, bien entamée. En 1996, lorsque le gouvernement de M. Juppé a dû faire face à la contestation généralisée alors qu’il défendait le premier pas de réformes dont on sait aujourd’hui qu’elles auraient été indispensables, j’ai divergé de mon groupe, ne me reconnaissant plus dans mes confrères, dans mes voisins, dans mon peuple.
    J’en ai tiré pour conclusion qu’il fallait démissionner, quitter mon confort et « créer ma propre entreprise », c’est ainsi que je me la suis assignée.
    J’étais fier de mon propre courage, de mon propre « exploit », qui me semblait inattendu tout en étant, j’en suis conscient, d’une nature absolument improbable. Après avoir usé mon énergie, je me suis mis comme en attente jusqu’en 2001, où les attentats du 11 septembre m’ont tiré à nouveau de l’état où je me trouvais.
    Je me suis retrouvé en plein hiver à Paris dans ces conditions difficiles, fort d’une conviction troublante et si ancienne que je la crois remonter à mon enfance, que ma parole pouvait être attendue, que j’avais par moi-même quelque chose à dire.
    Je me souviens avoir bataillé nuit après nuit car le système de tarification était inversement proportionnel à la fréquentation du lieu, dans un immense cybercafé d’easy… J’ai dépensé tout mon argent la nuit, le jour, à lutter sur les forums contre les haines digitales, anonymes, avatarisées, qui s’y déversaient.
    Cette introduction pour situer mon contexte. Mais pour en revenir aux bancs, je peux vous dire que j’ai cette expérience désagréable d’avoir marché parfois jusqu’à ce que mes pieds ne me soutiennent plus pour en chercher un de libre pour m’y reposer et j’ai constaté alors qu’étant assis quelque part, pour gagner une part de répit, un vigile venait me réveiller.
    Je ne me suis jamais révolté contre lui.
    Pourquoi ? Parce que, lors de ma déchéance sociale et de ce qu’elle a entraîné comme inconfort et désagréments, l’envie de révolte me submergeait, je me suis dit la chose suivante : « Tu as le droit de me combattre, mais tu ne peux survivre que si tu m’améliores. »
    En mon for intérieur, j’ai compris, si j’ose dire, qu’on ne peut pas dégrader les choses, le symbole qu’elles représentent, et les liens que ces choses ou symboles ont par ailleurs entre eux et au-delà, sans se dégrader soi-même et que le chemin, le seul qui puisse être de dignité, passe par ce fil.
    il est possible que le vigile, à son insu et avec sa fermeté et sa compassion, participe à cette loi invisible et que, m’invitant à me déplacer, il m’encourage à retrouver ce fil ou à continuer à le suivre.
    Cela suppose, il est vrai, une métaphysique. Mais si le banc n’est peut-être rien davantage qu’un banc, ce qui est fort possible, le SDF est peut-être, sans doute, autre chose qu’un SDF à ramener et à fixer à ce banc, en lui accordant de fait un passe-droit, sa présence s’accompagnant peut-être d’incivilités et de petits désordres auxquels il est légitime que l’environnement soit sensible, tragiquement et faussement compassionnel.
    Au fond, il est possible qu’une partie de ces êtres en décrochage puissent être les victimes d’une culture qui, justement, est celle qui se dispute autour de ces bancs, les invite à s’y installer et amène deux adolescents écervelés à s’enfermer dans les grilles censées en interdire l’usage.
    On voit là toute la bêtise de notre époque. Non, soyons modestes pour elle, pas toute…
    Bien à vous.

  11. J’apprécie ce billet et respect à tous ces anonymes qui aident et consacrent du temps à tenter de soulager la misère à nos portes.
    Tous ces artistes en mal de célébrité ou pour un instant à la mode, dégoulinant de bien-pensance, n’ont que leurs anathèmes comme unique viatique. Affichons-nous de gauche, nous éviterons les procès d’intention de la presse et continuons à vivre entre nous, île Saint-Louis. Du philosophe à la chemise blanche au tennisman chanteur en passant par toutes les bonnes âmes politiques dont le seul but est de noircir les autres, ils se gardent bien de mettre les doigts dans le cambouis, on a l’honneur sélectif.

  12. « …ce maire qui tire les conclusions pratiques, opératoires… » PB
    Pratiques, opératoires, vraiment ?
    Pendant combien de temps voulait-il laisser ces grillages :
    Durant les fêtes seulement (sympa…) ?
    Jusqu’à Pâques, ou jusqu’à la Trinité (quand va-t-il à confesse ?) ?
    Ou jusqu’à ce qu’il gèle en enfer ?
    Mais pourquoi, Bon Dieu, ne les a-t-il pas fait supprimer, tout simplement ?
    Envie de faire parler de lui ? bravo !
    Acte fort d’un créatif méconnu aspirant à la notoriété ? re-bravo : ça vaut largement le sapin cochon de la place Vendôme.
    On ne sait qu’admirer d’abord, la bêtise ou le cynisme.
    Tous mes vœux, monsieur le maire.

  13. Ce titre m’honore, voilà que M. Bilger nous fait du « sylvain » ; l’aurais-je contaminé ? avant j’hésitais à écrire cette expression par crainte d’être « modéré », maintenant je ne vais plus m’en priver ; merci cher Philippe !
    Ce maire d’Angoulême mérite à son tour d’être honoré pour sa franchise, il ne fait qu’appliquer ce que désirent les citoyens normalement constitués : pas de Roms, de SDF, de GDV, d' »étrangers de là-bas dis », pas de deuxièmes chances hyper-récidivistes, pas de logements « sociaux », etc. dans leurs alentours immédiats, dans leur voisinage, dans une zone sanitaire salubre correcte loin de leurs nuisances hygiéniques et sonores ; pas d’çà chez nous !!
    En fait je me rends compte que la droite est plus honnête que cette gauche FAUX-CUL qui se la joue humaniste solidaire sociale !
    Bien vu M. Bilger ! j’aurais pu écrire votre article que je déguste comme un bon foie gras, avec moins de talent bien entendu et ce n’est pas faux-cul ce que je dis.
    Le monde du showbiz détient toujours la palme des faux-culs de gauche : arrogance, cynisme, de parfaits comédiens menteurs hypocrites qui ne se priveraient pas d’appeler en loucedé la police si par malheur des SDF ou autres s’aventuraient devant le hall de leurs immeubles.

  14. Josiane Lacombe Minguell

    Les donneurs de leçon sont imbuvables et on voudrait qu’ils se taisent, c’est vrai. Mais structurer les villes pour les réserver exclusivement aux seuls usagers qui auraient des moyens (commerçants-clients) est un changement de conception qui a été subrepticement introduit en même temps que ces grilles et qu’il fallait contrer avant que cette discrimination établie de fait ne devienne une norme, déshumanisant notre société encore plus qu’elle ne l’est déjà. C’est pourquoi cette construction a été dénoncée avec autant de force et d’unanimité.
    En visite à Madrid il y a quelques années, j’avais eu la surprise de voir que la nuit venue, la place Mayor où les restaurants offrent des terrasses confortables à leurs clients, du petit déjeuner au dîner, cette place où les touristes, étrangers et espagnols, se photographient à longueur de temps, d’où les rues irradient, fréquentées elles aussi car commerçantes, créant un mouvement de vie incessant tout au long du jour, de voir que la nuit venue donc, des SDF s’installaient sous ses arcades pour dormir sans que personne ne leur dise quoi que ce soit (couverture, bougie, et même un livre). Étonnée de voir qu’un lieu si prestigieux et si bien entretenu de la capitale devienne un dortoir pour quelques-uns, sans que l’on ne s’en émeuve. Il est vrai que ces occupants étaient discrets. Ainsi une sorte de pacte s’était établi entre les occupants divers du lieu : pas de bruit, pas de désordre et, en contrepartie, pas d’expulsion (aujourd’hui j’ignore ce qu’il en est).
    Ce qui est incompréhensible à Angoulême (comme ailleurs) c’est pourquoi les dealers officiaient au vu et au su de tout un chacun sans que la police n’intervienne.

  15. C’est probablement la vue du grillage qui a surpris. Peut-être que le maire pourrait envisager un système de bancs démontables, amovibles.
    Je pense que ce maire a raison d’agir. Il est des lieux publics qui sont devenus des endroits de rassemblement d’ivrognes bruyants qui insultent les passants. La mendicité n’est pas destinée à s’alimenter mais à acheter de l’alcool. Les chiens divaguent et sont parfois agressifs.
    Quelle serait la réaction des donneurs de leçons si ce type de clochards séjournaient devant leur domicile bourgeois ou leurs commerces de ‘bobos’ ?

  16. Je n’ai pas la hauteur d’esprit des autres intervenants de ce blog et ne veux donc pas entrer dans la discussion. Mais depuis le temps que je lis les excellents billets de monsieur Bilger, je sens ces derniers temps une petite évolution. Il devient enfin un peu réaliste. Merci Monsieur Bilger, persévérez… Bonnes fêtes de fin d’année.

  17. On ne trouve plus guère de bancs dans les gares (c’est la même chose à Londres). L’espace public urbain est fait pour circuler, c’est une question de salubrité publique.
    Dans une association locale, nous avons réclamé des bancs à mi-côte, pour les personnes âgées qui faisaient leur promenade. Impossible de les obtenir. Plus bas, il y en a, mais ils servent au racolage nocturne et à la drogue. La municipalité nous a expliqué que faute de pouvoir faire respecter la loi, et compte tenu des réglementations complexes auxquelles elles sont soumises, les mairies ont recours à des obstacles techniques, par exemple des chicanes étroites pour que les deux-roues et leurs auteurs n’aient pas accès aux squares la nuit pour le trafic de drogue. Du coup ça pose un problème aux mères de famille et à leurs poussettes le jour. On abat les haies le long des jardins publics pour que les trafiquants ne s’y sentent pas à l’abri des regards la nuit. On éloigne, et on repousse le problème, parce qu’on ne peut plus faire autrement. Les grillages autour des installations sportives en plein air sont régulièrement détériorés, le matin le sol est jonché de toutes sortes de choses (tessons de bouteille, déjections, seringues, et jen passe), le personnel de la mairie ne veut plus nettoyer parce que c’est dangereux, et les écoles ne peuvent plus y emmener les enfants pour les mêmes raisons. Les associations de parents d’élèves font des pétitions pour qu’on emmène leurs enfants faire du sport, les habitants des quartiers font des pétitions parce que des poivrots investissent les bancs publics et s’en servent pour leur hygiène personnelle, bref, voilà à quoi les mairies passent leur temps.
    J’en profite pour dire qu’elles dépensent des fortunes aussi pour nettoyer les chewing-gums que les citoyens ordinaires crachent sur les chaussées et parfois sur les sièges publics. C’est pratiquement impossible à enlever. Il n’y a pas que les clochards qui souillent l’espace public.

  18. Monsieur Bilger, vous êtes un dangereux extrémiste ! Vous rendez-vous compte qu’en vous en prenant aux donneurs de leçons de morale engoncés dans leur sofa vous allez nous paralyser la moitié de la société française ? Toutes ces belles avancées comme le mariage pour tous, la procréation assistée, la légalisation prochaine du cannabis ne seraient que le rêve de bobos attardés bien au chaud chez eux et n’ayant aucune connaissance de la réalité ? Vous me faites peur.

  19. J’ai bien peur Monsieur Bilger, que le jour où plus personne – « privilégié de la vie » ou non – ne s’insurgera à l’encontre de ceux qui « agissent » en posant murs ou grillages pour se prémunir de la gênante présence d’autrui, alors ce jour-là il sera bien tard…
    Et sans doute n’aurez-vous plus vous-même le loisir de nous en faire part.

  20. Non non Philippe n’a pas changé sa façon d’écrire et surtout de titrer. Je pense que le terme « faux-culs » n’est là que pour désigner ceux qui ne s’asseoient pas sur ces bancs… Dommage ?

  21. En fait nous sommes redevenus un pays émergent, avec son cortège de pauvres, de sans-abri, désormais visibles.
    Quand j’allais à Paris depuis ma province, un clochard c’était un peu le folklore local.
    Maintenant nous sommes tous touchés, petites et grandes villes, phénomène de notre époque.
    Le maire a posé ses bornes, elles sont ce qu’elles sont. Discutables toujours par les bien-pensants à l’abri de leur propre territoire.
    Mais pour la suite, que faire, les services sociaux débordés, ceux qui mettent la main dans le cambouis épuisés. Alors, que les empathiques de circonstance endossent le maillot de bénévole ! Et là peut-être que leur jugement changerait à l’encontre du maire et de sa décision : le vrai problème est ailleurs, 5,2 millions de chômeurs, impossible de tous les cacher !

  22. Les moralisateurs intellos bobos de gauche ont aussi leurs icônes faux-culs de très haut niveau concernant tous ceux qui seraient rejetables et infréquentables à leurs yeux :
    souvenons-nous d’Olivier Py, maître chanteur du festival d.Avignon, qui exerça des pressions odieuses envers ceux qui oseraient voter FN, menaçant d’annuler le festival.
    O. Py est raciste !
    Bruel refusa d’aller chanter dans des municipalités FN
    Bruel est raciste.
    Boudjellal du RCToulon annula son déplacement à Béziers pour cause de victoire du FN.
    Boudjellal est raciste.
    C’est toujours le même refrain avec cette gauche faux-cul : ils sont « honnêtes, irréprochables, déontologiques » ;
    les salauds c’est seulement à droite.
    Tous ces c… ont besoin de boucs émissaires à leurs frustrations.

  23. poil à gratter

    Comme notre Hermine, à l’annonce de cette terrible nouvelle oyée, oyée avec des trémolos et des bouffées délirantes d’indignation par les oligarques de la nomenklatura médiato-politique, mon sang n’a fait qu’un demi-tour et j’ai sauté sur mon clavier pour parler et écrire sur la chose aux stations médiatiques.
    « Vous êtes des grands et beaux humanistes bisounours dégoulinants de bons sentiments gratuits et démagos tels des justiciers à la Zorro qui assènent leurs oukases à la schlague ou au fouet.
    Je vous propose une chose simple que vous pourrez aboyer sur votre antenne pour votre autopub… gratos.
    Hébergez quelques « malheureux SDF », éternelles victimes comme chacun sait, des sales Français, mais surtout invitez tous vos frères oligarques journaleux bobo comme vous, à faire de même.
    Vu vos beaux et grands logements le problème sera résolu et vous serez des héros et vous vous grandirez utilement pour une fois.
    Montrer l’exemple vaut mieux qu’une longue et tordue culpabilisation que vous nous imposez sans risque de contradiction avec des clichés braillés à la volée.
    Vos agissements et vos gémissements sont de la pure dictature médiatique… tranquille pour culpabiliser les gogos dans un espace dont vous êtes les seuls et uniques propriétaires sans vrais contradicteurs.
    Dans quel but ?
    Un jour vous devrez rendre des comptes. 26 12 14″
    Voilà la réponse qu’il faut proposer aux journaleux typés barbe de trois jours et aux journaleuses barbiesées.

  24. On ne dira jamais assez l’utilité des bancs publics.
    Le buzz en parle comme s’ils n’étaient réservés qu’aux SFD, aux dealers, ou à l’extrême rigueur à ceux qui benoîtement attendent l’autobus.
    Mais ces bancs publics ont aussi une fonction bien plus noble.
    Curieux que personne n’en parle, la jeunesse est donc si loin ?
    On a toujours vingt ans quelque part dans son cœur…
    https://www.youtube.com/watch?v=RiZaJRiOMMU

  25. L’hypocrisie est du côté de ceux qui approuvent sans réfléchir les mesures destinées à éloigner les marginaux et les sans-abri des centres-villes et des commerces. Ça ne fait que déplacer le problème sans y apporter aucune réponse. C’est toujours plus confortable de chasser de sa vue et de ses pensées ceux qui souffrent, ou de croire que la marginalité et la pauvreté relèveraient d’un choix personnel. C’est vrai que le spectacle de la misère est dérangeant.
    Au lieu de détourner les yeux, j’ai préféré devenir bénévole dans une association locale (une épicerie solidaire) qui vient en aide aux pauvres de mon quartier. Je récupère des produits d’alimentation et d’hygiène (ainsi que des jouets et des vêtements neufs) auprès de directeurs de supermarché compréhensifs. Ils ne sont pas distribués gratuitement mais revendus à un prix modique afin que les bénéficiaires se sentent traités comme des gens normaux, pas comme des assistés ou des mendiants.
    C’est une question de « common decency », comme on dit chez moi.
    @ zefir
    Il ne s’agit pas vraiment de bancs confortables, mais de seulement cinq bancs publics qu’on peut aisément transformer en abris provisoires, pour se protéger de la pluie, fréquente à Vancouver, BC. C’est une initiative locale destinée à attirer l’attention sur le sort des homeless. L’entreprise Spring Advertising a en effet transformé cinq bancs publics dans le cadre d’une campagne choc pour RainCity Housing, qui fournit hébergement et soutien aux itinérants de la ville. Voici quelques photos.
    http://quebec.huffingtonpost.ca/2014/06/30/banc-public-sans-abri_n_5544698.html
    Ailleurs, on retrouve les mêmes réactions stupides et les mêmes moyens honteux visant à dissuader les pauvres et les marginaux d’importuner, par leur seule présence, même paisible, les braves commerçants et leurs chers clients. Heureusement, Denis Coderre (maire de Montréal) et Boris Johnson (maire de Londres) ont réagi vivement contre ces pratiques détestables et fort peu charitables.
    Je souhaite malgré tout de bonnes fêtes de fin d’année aux faux-culs qui se prétendent « chrétiens » et se gavent de foie gras à Noël, mais qui méprisent (ou détestent) les pauvres, les malades, les handicapés, les vieux, les athées, les immigrés, les musulmans, et autres « marginaux », sans jamais se remettre en question.

  26. Les Tartuffe sont légion.
    En fait, le maire d’Angoulême n’a fait que répondre aux demandes de ces bons bourgeois qui voyaient d’un très mauvais œil ces clochards qui envahissaient le domaine public au bas de leurs immeubles ou de leurs magasins et qui leur donnaient, peut-être, mauvaise conscience.
    Rejeter les pauvres au loin pour ceux qui sont relativement nantis n’est ni de droite ni de gauche (il y a heureusement des gens bien partout).
    C’est vrai que passer près d’un homme ou d’une femme qui éructe, qui sent l’urine ou d’autre odeur nauséabonde a le don de faire fuir les honnêtes gens mais comment faire avec ces individus qui ont chacun leur drame.
    Les rejeter ? ils ont aussi le droit de vivre il me semble.
    Je n’ai pas de solution, et c’est la raison pour laquelle je ne jetterai pas la pierre au maire d’Angoulême, mais je lui donnerais seulement ce petit conseil que l’on donne aux enfants : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ».

  27. @ Marc Bontoux | 27 décembre 2014 à 15:44
    « En fait, le maire d’Angoulême n’a fait que répondre aux demandes de ces bons bourgeois qui voyaient d’un très mauvais œil ces clochards qui envahissaient le domaine public »
    Je ne sais où vous habitez mais si vous pouviez recueillir dans les parties communes chauffées de VOTRE immeuble, voire CHEZ VOUS, ces clochards et leurs chiens, contactez la mairie d’Angoulême. Merci.
    @ zefir | 27 décembre 2014 à 09:08
    « Il paraît qu’au Canada (…) »
    Il paraît que…
    au Canada il y a de la neige dès novembre 😀

  28. Rousselot Jean-Paul

    Bonjour,
    « Une caste politique à la godille »
    L’erreur du maire d’Angoulême est d’avoir agi comme le font les maires de l’ED-FN.
    Au lieu de dépenser une importante somme d’argent à construire des cages en inox pour ensuite les remplir de pierres, il fallait retirer les bancs… et plus de polémiques.
    Vous n’auriez pas écrit de billet. Et je n’aurais pas répondu.

  29. @ Daniel CICCIA | 27 décembre 2014 à 10:32
    « Mais pour en revenir aux bancs, je peux vous dire que j’ai cette expérience désagréable d’avoir marché parfois jusqu’à ce que mes pieds ne me soutiennent plus pour en chercher un de libre pour m’y reposer »
    Vous, pour vous reposer, mais pour passer la journée à picoler ou à vendre du shit en toute impunité ?

  30. On enseigne dans les écoles militaires américaines l’exit strategy qui consiste, pour atteindre un objectif, à concevoir une initiative déterminée, mais à prévoir ce que l’on fera si le but n’est pas atteint ; quitte à se contenter de sauver la face.
    Apparemment, quand Hollande a menacé Poutine de retenir les Mistral aussi longtemps que ce dernier n’abandonnerait pas ses visées sur l’Ukraine, il a présumé de ses forces et pourtant il ne peut pas ne pas honorer la vente des bateaux.
    La solution parfaite s’éloigne chaque jour.
    J’espère que la France cherche l’Exit, faute d’y avoir travaillé plus tôt, et qu’elle va sans barguigner saisir l’occasion de l’échange en cours de prisonniers entre Kiev et les pro-Russes pour conclure que ce début prometteur de réconciliation autorise l’exécution du contrat.

  31. Animal Lecteur

    Xavier Bonnefont, maire UMP d’Angoulême a un foutu talent. C’est Marcel Duchamp revisité, Magritte réincarné, l’homme politique étriqué reconverti en génie de l’absurde.
    Oui, une société productiviste qui invente le banc sur lequel il est interdit de s’asseoir ne peut que mériter le respect. Marque lucide d’une civilisation à son apogée ; matérialisation de l’intelligence humaine, dans toute sa quintessence.
    Déjà en termes économiques c’est prodigieux. Non seulement on produit des bancs, mais ensuite on produit du grillage pour annuler le banc. Faire et défaire étant toujours faire, ça ne peut que mériter le respect.
    Dans ce registre visionnaire et d’envergure on pourrait facilement décliner le concept et imaginer d’interdire la route aux véhicules, le train aux voyageurs et concevoir un téléphone qui n’appelle personne comme exposer un plug anal géant qu’on ne peut se carrer dans l’oignon.
    Le boulot sans salaire mais avec expulsion existant déjà.
    Car il est évident que dans l’histoire du banc, le problème central EST le SDF. Pas la société, ce monde sans pitié qui en fabrique par paquets de mille, pas la cause du désastre social mais bien sa conséquence directe : le pauvre.
    Faites disparaître le pauvre et vous aurez éradiqué la misère. CQFD.
    Car toute personne rationnelle et logique vous le dira : si vous voulez supprimer un problème il suffit d’en faire disparaître les conséquences, d’où l’invention de l’homo politicus, cet animal pragmatique de l’hyper compétitif libre et non faussé.
    Oui s’attaquer aux symptômes paraît autrement plus urgent que de s’attaquer à la maladie.
    Inventer un banc sur lequel on ne peut s’asseoir c’est comme inventer un monde dans lequel on ne peut ni vivre ni survivre mais où l’on rassure les marchés : le capitalisme.

  32. @ Rousselot Jean-Paul | 27 décembre 2014 à 16:22
    Comme le suggère Poil à gratter, recevez chez vous avec vos amis socialos sûrement nantis, les malheureux de votre ville, nourrissez-les, prenez-en bien soin et les mairies feront beaucoup d’économies… et en plus vous vous grandirez. Un bel exemple de générosité vaut mieux qu’un long discours stérile.

  33. Le socialisme, c’est la philosophie de l’échec, le credo des ignares et le prêche des envieux ; sa mission est aussi de distribuer des bancs pour lutter contre la misère de manière égalitaire pour le peuple.

  34. Eh bien, laissons les citoyens décider. Aux États-Unis, les villes peuvent organiser des référendums sur des sujets qui intéressent les citoyens, par exemple si tel sujet obtient tant de signatures de pétition, cela devient un sujet de référendum.
    Et la ville de Portland a posé à ses habitants la question : est-ce que les SDF peuvent rester dans le centre-ville ou pas ? Les citoyens de Portland ont répondu : oui, nous voulons que nos SDF puissent rester en centre-ville (et quand vous allez à Portland, vous voyez des SDF sous les ponts – il pleut beaucoup, à Portland -, les SDF font partie de la ville, ont le droit d’être des citoyens comme les autres).
    Peut-être que les Français ne sont pas si hypocrites : peut-être que ce que vous qualifiez d’hypocrisie n’est tout simplement que l’impossibilité concrète de se faire entendre, ce qui va à l’encontre de ce qui serait normal dans une démocratie.
    Mais allez demander à nos hommes politiques de partager leur pouvoir ! Pour eux, il n’y a rien de plus anormal que de demander au peuple son avis et de le respecter.

  35. Nous voilà rentrés dans le monde du combat à outrance.
    Faute d’avoir une philosophie sociale on la repeint en Public Knowledge, mais sans aller jusqu’à prétendre que les conclusions de cette discipline globishisante apportent quelque chose à la société. Il ne suffit pas de savoir qu’on sait qu’on qu’on sait, encore faut-il savoir ce que l’on sait.
    Le maire en question a voulu régler un abcès de fixation : il s’y est mal pris, exact. Pour déterminer une action, un avis public aurait annoncé son intention de mettre un terme à la chose, donnant les raisons et sollicitant l’avis de chacun, au moyen d’un bulletin jeté dans une urne publique. Les irrités auraient eu tôt fait de se mobiliser et d’inciter au vote négatif, les partisans se seraient ligués… ou pas, et la majorité l’aurait emporté. Mais, mais, mais, qu’auraient dit les inspirateurs du projet, négociants et drapiers, couteliers et ferblantiers, vieilles vierges et syndics, constructeurs de navires et maîtres de forges ? Sans compter les communistes qui s’y connaissent en déplacement de pauvres, de l’Atlantique à l’Oural ?
    La solution : transformer les cages de fer, évoquant par trop le cardinal La Ballue en élevage de vers à soie consommateurs de mûrier, comme jadis dans le grenier des mes arrière-grands-parents.
    Que les petits marchands se rassurent, l’herbe continuera de se vendre à Angoulême, et les populations marginales de se reposer sous le regard attendri des humanistes associés, société à responsabilité très limitée, sans capital et après tout, n’est-ce pas mieux ainsi ? Le taux de criminalité de la zone interdite ne semble pas avoir fait la une des bons messieurs de la gazette de M. Renaudot, se faire alpaguer n’est gênant qu’un instant et l’odeur, mon dieu, avec ce que nous respirons côté Assemblée nationale, on aurait tort de faire les timides.
    En revanche, l’exploitation de ce non événement me fait penser qu’encore quelques degrés plus bas et on sera dans la politique, et je connais des bancs qu’on ferait bien de verrouiller.

  36. Merci à l’Animal, qui a pris ici le risque de s’aventurer hors de son territoire.
    Le problème, quand on ne s’attaque qu’aux symptômes (et qu’éventuellement on aggrave les causes) c’est qu’ils finissent par se multiplier et se diversifier. Nous n’avons pas fini d’en voir de belles. Ce n’est qu’un début.

  37. @moncreiffe 14:26
    « Au lieu de détourner les yeux, j’ai préféré devenir bénévole dans une association locale »…
    Beurk !
    J’ai cru rêver !
    Voilà l’exemple parfait du slogan faux-cul gauchiste pour masquer son hypocrisie et s’acheter à bon compte une étiquette humaniste, une bonne conscience solidaire sociale low cost.
    Des faux-culs de ce genre, nous en avons plein nos entourages, ils s’affichent de gauche bien entendu mais se conduisent souvent pire que ceux qu’ils invectivent « égoïstes fachos etc. » ! Nous en connaissons des faux-culs prêcheurs de bonne parole, ils font la quête dans le hall de la supérette, servent les miséreux à la Banque alimentaire, mais leur solidarité a quand même des limites : pas d’ça chez nous, pas en face de notre immeuble, surtout pas dans le square et le jardin d’enfant, les crottes de chien passe encore mais que ces pouilleux débraillés puant la vinasse se tiennent à l’écart de nos marmots ! faut pas pousser mémé dans les orties tout d’même !
    Bande de faux-culs, vos masques tombent tous les uns après les autres !

  38. Je n’irai pas aussi loin que sylvain, j’en sais qui se dévouent sans calcul, sans retour sur investissement, et malheureusement il en faut de plus en plus.
    Il est vrai qu’ils ne manient pas la raquette ou qu’ils ne poussent pas la chansonnette. Des humbles, des besogneux qui mériteraient sans nul doute une vraie reconnaissance.
    Ce monde de la charité publique n’est pas fait pour eux, tout est marchandisé, la misère, la pauvreté, la preuve, les caprices de certaines starlettes en mal de reconnaissance qui font la tournée des Enfoirés, je devrais y rajouter certaines stars (sic).
    Dans le fond l’histoire de ces bancs publics est bien dérisoire, mais ce qui compte c’est que certains en parlent pour donner bonne conscience à tous ceux dont la générosité s’arrête au pas de porte de leurs paroles.

  39. Ce n’est pas bien compliqué d’entrer en communication avec un clochard car généralement il se place toujours au même endroit. Au fil du temps (des mois, des années), il devient un habitant comme un autre du quartier. A force de se voir tous les jours, on finit par se saluer, se parler (comment allez-vous ? avez-vous besoin de quelque chose ? puis-je vous aider ?). A partir du moment où le dialogue est instauré, on peut s’enquérir de ses besoins (proposer de la nourriture, des vêtements, des objets, de l’argent). On peut leur adresser la parole, être bienveillant sans se sentir obligé de les accueillir chez soi. Il y a des gens graves sur ce blog quand même ! On dirait des sauvages.

  40. anne-marie marson

    @adamastor@clafoutis
    D’après ce que j’ai compris des explications du responsable du centre commercial et du maire, il n’était pas possible d’enlever ces bancs car ils sont aussi un rempart contre une éventuelle attaque du centre à la voiture bélier. Le maire a paré au plus pressé, sans imaginer qu’il serait la cible de discours bien-pensants et dégoulinants, mais aussi de menaces de la part de quelques auteurs de BD dont le salon se tient dans quelques semaines à Angoulême.

  41. « …empathie abstraite, verbalement généreuse et radicalement stérile »
    Mots terribles de notre hôte, je voudrais lui rappeler que la peine de mort, pour qui est habillé de cette ligne, est abolie en France.
    Bon, mais cela résume assez bien le côté suintant d’empathie gangrenée de ceux qui l’affichent comme ils présenteraient le choix de leur dernière cravate.

  42. @ genau | 27 décembre 2014 à 19:26
    Sur la philosophie sociale relisez quelques girardiens et vous verrez qu’ils expliquent mieux où nous allons que les philosophes en vogue dans le microcosme français.
    Mais nul n’est prophète en son pays.
    La France devient la Suisse, et les mêmes qui s’en félicitent regrettent la grandeur française…
    Désolé mais moi, même à l’autre bout du monde, je reste français (et ceux qui veulent faire un concours de pauvres qui puent je les invite dans mon boteco).
    ————–
    Et les sylvain et compagnie qui font les malins derrière leur clavier, j’aimerais voir leur tronche si un clodo leur claquait entre les mains.
    Ils feraient les dégoutés, diraient non le bouche-à-bouche c’est sans moi, maudiraient le SAMU qui n’arrive pas ?
    Ils comprendraient peut-être que la notion d’hypocrisie est toute relative. La question est plus celle du vivre ensemble.

  43. Jean-Dominique Reffait

    SDF, facile à dire, plus difficile à cerner. Dans Paris, je vois des bancs colonisés par des ivrognes dans un état de crasse plus ou moins avancé. Puis des pauvres sans abri qui se calent contre les murs, sous les porches. Le monde des pauvres est violent, chacun y tient son rang et l’on est vite délogé d’un coin de square par celui qui s’en déclare l’occupant légitime. Les bancs, ce sont les clochards qui se les approprient, pas les Roms, pas les autres pauvres.
    Sur une grande bouche d’aération du métro, un tas d’immondices, un matelas pisseux, des déchets et, au milieu, un individu jeune qui avait élu domicile sur ce tas d’ordures qu’il s’était fabriqué, et qui y vivait nu. Mieux valait carrément changer de trottoir pour ne pas être étouffé par la puanteur. Est-ce supportable ? Évidemment non.
    A contrario, la femme rom qui se cale contre un arbre avec son chien, les peluches du chien, son caddie d’infortune, se tient propre, tient à montrer que ses vêtements sentent la lessive. Elle n’a pas droit au banc, privilège des soûlards ukrainiens.
    SDF aussi la femme qui venait discrètement dormir dans les caves de la copropriété et qui en détalait aux premières heures du jour. Certains ont exigé qu’elle soit virée, la majorité des copropriétaires a rejeté la demande : elle ne dérangeait pas, elle ne volait pas, elle cherchait juste de la chaleur. Certains, apprenant sa présence lors de ces discussions, ont commencé de lui apporter à dîner dans la cave.
    Il existe une hiérarchie morale parmi tous ceux que nous rangeons généralement sous le terme de SDF : des gens bien qu’il faut secourir, des pochtrons qui ne méritent pas d’égards. Certains veulent se maintenir dans un statut de dignité humaine, d’autres sont des loques, ne les confondons pas dans un même mépris ou dans une même empathie. Les uns me répugnent, les autres ont mon amitié.
    Ni hypocrisie, ni généralisation.
    Grillager des bancs ? C’est juste idiot. L’ivrogne s’adossera au grillage.

  44. Cher Philippe,
    Il n’existe pas de réponse possible.
    Chacun fait ce qu’il peut.
    Il n’y a pas besoin de grandes phrases pour cela.
    Déjà dire bonjour, c’est beaucoup.
    Offrir une cigarette ou quelques gâteaux. Echanger quelques paroles.
    C’est singulier mais demander à un travesti si tout va à peu près bien dans le froid glacé d’une nuit, aller chercher un sandwich chaud à quelqu’un qui a faim, chacun le fait.
    françoise et karell Semtob

  45. Véronique Raffeneau

    « J’en ai assez de la France qui juge la France qui agit »
    Grillager des bancs, est-ce agir ?
    Le maire d’Angoulême explique dans une interview à Sud-Ouest que la Ville finance « la solidarité à hauteur de 8 millions à travers le Centre communal d’action sociale ».
    Une évaluation concrète de l’utilisation et de la destination des 8 millions d’euros financés par la Ville constituerait, selon moi, le préalable tangible à toute action.
    Les indignations confortables que vous dénoncez, comme votre billet, restent des mots.
    Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit encore et toujours de la France qui commente, qui éditorialise, qui juge.
    J’en ai assez de cette France des mots.

  46. Bonjour,
    Vous usez d’un titre choc pour aviver une polémique bien faiblarde où vous vous en prenez une fois de plus à un état d’esprit que vous présentez général à partir d’exemples particuliers même pas identifiés (« des artistes », « des privilégiés de la vie »…).
    As de la pirouette, vous parvenez même à convoquer Christiane T. et Valérie T. dans une dénonciation tous azimuts qui nous éloigne quelque peu d’un sujet bien misérable à tous égards.
    Ce ne sont effectivement que des mots.
    L’initative de ce maire est imbécile et ne mériterait qu’un entrefilet dans la presse locale qui pourrait à cette occasion suggérer à cet édile une meilleure utilisation des deniers publics.
    Je ne peux aussi m’empêcher de me demander quels auraient été vos mots si la Mairie de Paris avait usé d’un tel procédé pour préserver cette place Vendôme – qui vous est chère – de toute présence des rebuts de la société, notre société.

  47. Bon sang mais c’est bien sûr ! que n’y avais-je pensé plus tôt !
    D’après les faux-culs qui défilent sur le blog de Philippe il suffit donc de dire un « bonjour » à ces malheureux SDF et même de leur amener un sandwich pour s’acheter une bonne conscience généreuse à prix réduit et ensuite rentrer chez soi fier du devoir accompli bien au chaud regarder Drucker à la télé pendant que l’autre continue à se cailler les miches.
    Pour faire une BA (de faux-cul bien entendu), j’ai donc proposé à ma meuf de ramener un de ces SDF à la maison pour suivre, confortablement installés dans notre canapé, le Boxing Day du Top 14 de rugby ; ses hurlements stridents m’en ont dissuadé ainsi que l’argument imparable de « l’odeur tenace qui risque de polluer longtemps les coussins », les microbes et saletés, etc.
    Alors que faire pour devenir un bon faux-cul ? ce n’est pas faute d’essayer, existe-t-il des coachs en faucuïsme ? des sites incitant à devenir faux-cul, des livres de recettes de faucuïtude ??
    Aidez-moi je vous en supplie, je veux devenir un bon faux-cul moi aussi !

  48. Jean-Paul Ledun

    Pour le même problème, le maire de Graz a fait installer de jolies plantes vertes en pots (énormes) pour empêcher l’accès à un certain endroit de la ville.
    Les faux-culs locaux (eh oui, il y en a partout) ont plaidé pour que les plantes vertes soient retirées…
    Grillages ou plantes vertes, les F.C. auront toujours raison.
    Les grillages, c’est quand même idiot comme solution, même provisoire. Les jérémiades des F.C. sont encore pires et là je partage intégralement votre avis Philippe.
    Que ceux-ci profitent de leur notoriété pour aider sur le terrain le maire d’Angoulême.
    Ce serait bien plus efficace que de montrer leurs bouilles dans les journaux.
    Noël, joyeux Noël… tu parles !

  49. Les bancs sont la propriété d’une catégorie de SDF qui sèment la terreur, il faut appartenir au clan qui domine pour s’allonger sur le banc public, ou s’asseoir sur les sièges des métros. Hier soir en rentrant d’un concert dans le XIXe, tard dans la soirée, les usagers ont assisté à une scène à la station Porte de Pantin entre un chef de SDF qui sermonnait un autre devant les autres terrifiés ; aucun usager muni de son titre de transport n’a osé s’asseoir sur un siège. Effectivement les émotions sélectives relèvent de la posture.

  50. @Jean-Dominique Reffait
    « Ne les confondons pas dans un même mépris ou dans une même empathie. Les uns me répugnent, les autres ont mon amitié. »
    Mieux vaut ne pas perdre son boulot et se retrouver à la rue à cause d’un problème d’alcool, car dans ce cas vous n’aurez droit qu’au mépris de la bourgeoisie (de gauche ?) pour les ivrognes, les loques, à moins que vous ayez eu la courtoisie de vous faire aider…

  51. Véronique Raffeneau

    sylvain, ce qui est discuté à juste titre dans le billet n’est pas le bal de faux-culs de tous bords, mais bien le fait de considérer que grillager des bancs soit du domaine de l’action, et par-dessus le marché significatif de « la France qui agit ».
    Faut quand même pas pousser, non ?

  52. Catherine JACOB

    Hors-sujet mais comment faire autrement.
    J’ai voulu poster un commentaire sur votre chaîne YouTube à propos de votre entretien avec Fabrice Luchini, mais il semblerait que pour avoir le droit de poster un commentaire, il faille disposer soi-même d’une chaîne YouTube. Et comme ce n’est pas le cas…
    Je voulais juste dire que : non, vous ne vous êtes pas laissé déborder, c’est Robert qui a laissé refroidir le thé, que je présume excellent, de Mme Bilger. Or, le thé qu’on laisse refroidir devient âcre à cause de la production de tanins. Il convient donc de le boire à bonne température.
    Comme je l’ai déjà dit ici, j’adore cet acteur. Toutefois, je pense qu’il devrait travailler à mieux distinguer la prononciation du « ai » de celle du « é ». Mais peut-être que c’est mon audition, ou mon haut-parleur, qui laisse à désirer.

  53. Sur la forme il est évident que l’initiative du maire d’Angoulême n’est pas l’idée géniale du siècle. Sur le fond il est bon de rappeler que la mendicité agressive est un délit et doit donc être sanctionnée comme tel.
    Toutes les grandes villes connaissent ce fléau de SDF puants, souvent avinés voire drogués, entourés par des meutes de chiens qui polluent les quartiers commerçants et qui justifient les arrêtés municipaux qui se multiplient en cette période de fêtes mais dont la plupart sont retoqués par les juges. Il n’empêche que ce problème de salubrité publique doit être traité car on ne voit pas au nom de quoi le citoyen contribuable devrait supporter les nuisances de ceux qui ne respectent rien et qui profitent du laxisme ambiant. Alors quelle solution pour traiter ce genre de nuisance ? Adapter le mobilier urbain et c’est ce qui se fait dans beaucoup de lieux publics, interdire l’occupation de l’espace public aux mendiants agressifs et à ceux en état d’ivresse et dissuader le gêneur par tous moyens légaux. Il y a deux sortes de misère, celle de ceux qui sont totalement démunis et qui ne demandent rien par fierté, celle de ceux qui par irresponsabilité polluent la vie des autres.
    La première doit être aidée et assistée, quant à la seconde elle ne peut se traiter que par des accompagnements plus drastiques. Le laxisme n’a jamais rien réglé.

  54. Faire le tri entre ceux pour qui on peut avoir des égards et ceux qui ne méritent que mépris parmi les SDF, tel que le fait JDR, devrait nous amener à le faire aussi pour les cancéreux, les braves qui ont respiré de l’amiante au travail et les imbéciles qui l’ont bien cherché en fumant toute leur vie. Mon père ayant fait les deux je ne sais dans quelle catégorie le ranger…

  55. Je suis bien d’accord avec le fait qu’il est trop facile de faire l’aumône pour se dédouaner du « je ne fais rien ».
    Que tous ceux qui fustigent ces derniers, aussi, accueillent chez eux la lie de la misère – et je le dis avec détresse et désespoir – et après on jugera.
    Les bonnes actions c’est bon pour ceux qui ne font rien : quand j’entends dire « ils sont gâtés ils vivent du RSA, ils n’ont qu’à vendre des beignets sur les plages, etc. », vous le feriez, vous ? vivriez-vous du RSA ?
    Je pense avoir bien connu la génération d’immigrés de mon époque, c’était différent, on travaillait parfois jusqu’à plus soif, mais on pouvait travailler et vivre décemment. Lisez « L’œil du lapin » de Cavanna et vous comprendrez comment était la vie.
    Aujourd’hui des millions de chômeurs… En fait je m’éloigne, mais effectivement la misère avinée ou pire, est généralisée, alors la compassion à deux balles c’est facile. « Boudu sauvé des eaux » c’est au cinéma que cela fonctionne, sur son canapé c’est une autre histoire. Et là je ne peux que pencher pour le raisonnement de sylvain.
    Pour le reste c’est bons sentiments et compagnie, comme d’habitude, les médias dont notre présentatrice nationale d’une chaîne privée ferait presque pleurer dans les chaumières, comme si elle vivait à l’année avec ces miséreux quand elle annonce un plan de secours pour ces derniers.
    Je voudrais rajouter aussi que tout le monde n’a pas le même talent, le même courage, la même pugnacité pour vaincre les événements, on ne peut pas être jugé non plus à l’aune de nos actions individuelles.
    Par contre notre démocratie, c’est un devoir, c’est de sa responsabilité de sauver ce qui peut être encore sauvé. Personne ne doit rester sur le quai de la gare, il faut aider à monter dans le train.
    Mais là, je suis dans l’utopie et les vœux pieux, alors en dernier recours comme disait un prof de maths de mon époque quand nous planchions sur un exercice, « aide-toi, le ciel t’aidera » ; en fait cela m’a beaucoup servi, je m’en souviens encore.

  56. Votre réaction, Alex paulista, ne me surprend pas… et les rapporteurs, rapporteuses de constats exotiques donc certains Etats anciennement dits du « tiers monde » où, ils, elles voyaient de nombreux mendiants et beaucoup de laisser-aller des services publics : c’était avant et ailleurs (pas en France) !
    Car, ici, ils, elles sont préoccupées (le masculin est compris) par la venue de l’homme providentiel (logique en cette période de Noël suivie de la fuite en Egypte pour protéger le mâle sauveur d’Israël (faut mettre une majuscule ?) !
    Un comble en soi lorsqu’on nous serine avec le fait que la transmission de l’identité juive est l’apanage de la mère ; et écoutant les chants de cette période avec une attention « décalée » cad détachée du merveilleux inhérent aux
    contes pendant l’enfance, j’ai réentendu « pour un dieu quel abaissement, naître dans une étable ».
    L’homme providentiel qui, s’il doit se manifester ne devrait pas être le produit de tel ou tel autre milieu mais un quelconque c’est-à-dire qui voit plus avant ou aura vu plus avant (signification du mot pro et videre) et que
    donc (ainsi que j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire ici) personne ne reconnaîtra !
    Désirer un être providentiel dans l’immobilisme intellectuel et empathique c’est revenir au fameux conte du sauveur né dans une étable.
    Préférer une image, un symbole à l’épreuve (dans le sens de passage à un autre choix de vie collective) est une attitude d’arrière-garde qui se gargarise de mots. La jeune garde a déjà initié un autre choix tendant à déstabiliser le sacro-saint diktat du « moi je ».
    Mais arrière et jeune gardes peuvent se manifester de concert en apprenant de part et d’autre l’humilité du savoir pour les uns, celle de l’oser pour les autres, puisque ce qui est fait n’est plus à faire…
    (Sans Hollywood bien sûr : les seuls capables de nous inventer un sauveur et de nous en imposer la véracité de son existence)

  57. La RATP, il y a près de vingt ans, avait anticipé l’inconvénient de voir nos gueux s’affaler sur nos bancs de métro, le bon vieux banc en bois de deux mètres de long fut remplacé par un Philippe Starck de l’époque, des fauteuils métalliques individuels où il est impossible de s’allonger, sauf à vouloir jouer les fakirs sur tapis de clous.
    À New York c’est kif-kif, pas de bancs dans le métro et le pauvre doit se tenir debout dans le froid. L’alcool y étant très cher et prohibé sur la voie publique, le miséreux est très discret. On en voit moins qu’en France, je viens d’y passer une semaine, c’est frappant.
    Ce député UMP a perdu l’occasion d’être un jour réélu, le bon docteur Xavier Emmanuelli avait créé le SAMU social en 1993, et sous Sarkozy il y eut des hivers où cette association aurait mérité un Nobel en lieu et place de scribouillards français sur la misère humaine.
    Relire « Les soliloques du pauvre » de Jehan-Rictus.
    De Brassens à Malaparte, le banc est un thème amoureux ou tragique, et comme c’est dimanche aujourd’hui, voici une vision particulière du banc :
    « Un banc de jardin public, peint en vert, le siège et le dossier en bois, les pieds de fer recourbés, terminés en forme de patte de chien. Un vrai banc : solitaire, paresseux, mélancolique. De ces bancs, qui patients et sans espoir, attendent à l’ombre d’un platane, sur la petite place de tous les bourgs et villages de France. Un platane seulement, un réverbère, un pan coupé de mur avec la sentence Défense d’afficher suffiraient peut-être pour faire de ce banc le témoin d’une civilisation provinciale fatiguée, le signe précis d’un ordre ancien et noble.  »
    Malaparte – Le soleil est aveugle

  58. Véronique Raffeneau

    @ Jabiru
    « Sur le fond il est bon de rappeler que la mendicité agressive est un délit et doit donc être sanctionnée comme tel »
    Sur le fond, il est également bon de rappeler que selon la mairie d’Angoulême, l’opération « au gnouf les bancs publics ! » est un couac de… communication.
    En effet, en raison des sacro-saints congés de Noël, deux entreprises prestataires de la Ville n’ont pas synchronisé leurs interventions respectives : la première qui a posé les grillages, la seconde qui n’a pas livré à temps les galets initialement prévus à l’intérieur des grilles, destinés à faire « contemporain ».
    Bref, ce que le billet décrit, hélas, comme exemplaire de l’action publique et/ou de l’action tout court est en réalité exemplaire de la laideur institutionnalisée et fonctionnarisée.

  59. Réduire cette affaire à un « couac de communication » chère Véronique me fait rire devant mon feu de cheminée.
    Quand on a les couil… au vent par moins quinze il serait décent que vous cessiez vos statistiques et autres mesures médiamétriques.

  60. Véronique Raffeneau

    Précision.
    J’ai écrit que les galets, c’est pour faire contemporain, en réalité il faut dire « installation paysagère », « esthétique minérale du lieu » :
    « Neuf bancs attenant à la verrière de la galerie du Champ de Mars, sur la trentaine que compte la place, ont été grillagés pour devenir des panneaux en gabion. Il s’agit d’une installation paysagère contenant des galets, qui s’inscrit dans l’esthétique minérale du lieu. (M. le Maire d’Angoulême – Sud Ouest)
    « …un réverbère, un pan coupé de mur avec la sentence Défense d’afficher suffiraient peut-être pour faire de ce banc le témoin d’une civilisation provinciale fatiguée, le signe précis d’un ordre ancien et noble. » (citation de Malaparte par Savonarole).
    « le banc est un thème amoureux ou tragique » (Savonarole)
    A-t-on seulement encore le droit d’être une foule sentimentale ?
    Cher Savonarole, ce n’est pas moi qui réduis cette affaire à un couac de communication, mais la Mairie d’Angoulême :
    Sud Ouest – 26-12 :
    Bancs grillagés d’Angoulême : « un couac » pour la mairie
    « C’est un couac », assure le directeur de cabinet du maire Antoine Truffaux, joint ce vendredi matin.
    Entre deux interviews, il assure que le remplacement des neufs bancs publics grillagés le matin du 24 décembre devait l’être le 5 janvier. « On avait prévu de les transformer en une seule fois. C’est une société privée qui a installé ces gabions, ce ne sont pas des grillages, il faut le souligner. Elle a anticipé notre demande, sans nous avertir, parce qu’elle allait être en congé du 24 décembre au 5 janvier, et elle ne s’est pas assurée que l’autre prestataire, également privé, puisse suivre ».
    Les gabions, sortes de casier utilisés dans le bâtiment (qui ressemblent néanmoins à des grillages) ont finalement été retirés, en toute discrétion, le 25 décembre à 22 heures. « On l’a fait par mesure de sécurité », se défend Antoine Truffaux, qui assure que la Ville communiquera cette fois lorsque les galets seront aménagés.
    « On pensait pouvoir le faire ces jours-ci mais le fournisseur de galets est en congé », ajoute le directeur de cabinet.

  61. On s’attaque aux clodos quand on devrait s’attaquer à la pauvreté qui les a mis à la rue. Il est là le débat. Faire semblant de ne pas le voir et le déplacer sur l’action contre la bien-pensance est hypocrite. Assumez votre dégoût des parasites, on gagnera du temps.

  62. Denis Monod-Broca

    Trop facile de jouer à l’Antigone de salon et de plateau télé, vous avez raison, Monsieur Bilger.
    Quelques bancs neutralisés, pourquoi se scandaliser pour si peu en effet ?
    Mais pourquoi se scandaliser de ces ridicules cris d’orfraie ?
    Le scandale est dans la prolifération des exclus. C’est une faillite collective de première ampleur. À continuer à croire en la mondialisation et en son inéluctabilité, nous nous condamnons à une aggravation continue de la situation, les riches s’enrichissant, les pauvres se multipliant, n’en déplaise aux tenants de la honteuse théorie du ruissellement.
    Mais il suffit de suggérer qu’on puisse en sortir pour passer pour un naïf et un aveugle : « la mondialisation est là, voyons !, sois réaliste !… » Alors, on n’a pas fini d’interdire les bancs aux sdf et de s’en scandaliser… en pure perte !
    Je pense que la paix est préférable à la guerre. La mondialisation est la guerre de tous contre tous. Nous devrions tout faire pour instaurer la paix. C’est pas demain la veille…
    La réalité est la réalité. La politique est d’essayer de l’améliorer.

  63. @Véronique Raffeneau | 28 décembre 2014 à 15:34
    C’est entendu, j’ai dû mal comprendre, mal interpréter, désolé, je suis loin.

  64. Véronique Raffeneau

    « Assumez votre dégoût des parasites, on gagnera du temps »
    Je suis en total accord avec Nordine.
    Assumez votre dégoût des miséreux.
    Ne les utilisez pas pour, en réalité, juste fustiger et dénoncer, à travers eux, les bien-pensants de salon compassionnels.
    Ce qui compte c’est ce que l’on fait soi quand quelqu’un nous demande de l’aide.
    Le reste ce sont des mots, des pauvres mots.

  65. L’hiver de Jehan-Rictus (toujours d’actualité)…
    Merd’ ! V’là l’Hiver et ses dur’tés,
    V’là l’ moment de n’ pus s’ mettre à poils
    V’là qu’ ceuss’ qui tienn’nt la queue d’ la poêle
    Dans l’ Midi vont s’ carapater !
    V’là l’ temps ousque jusqu’en Hanovre
    Et d’ Gibraltar au cap Gris-Nez,
    Les Borgeois, l’ soir, vont plaind’ les Pauvres
    Au coin du feu… après dîner !
    Et v’là l’ temps ousque dans la Presse,
    Entre un ou deux lanc’ments d’ putains,
    On va r’découvrir la Détresse,
    La Purée et les Purotains !
    Les jornaux, mêm’ ceuss’ qu’a d’ la guigne,
    À côté d’artiqu’s festoyants
    Vont êt’ pleins d’appels larmoyants,
    Pleins d’ sanglots… à trois sous la ligne !
    Merd’, v’là l’Hiver, l’Emp’reur de Chine
    S’ fait flauper par les Japonais !
    Merd’ ! v’là l’Hiver ! Maam’ Sév’rine
    Va rouvrir tous ses robinets !
    C’ qui va s’en évader des larmes !
    C’ qui va en couler d’ la piquié !
    Plaind’ les Pauvr’s c’est comm’ vendr’ ses charmes
    C’est un vrai commerce, un méquier !
    Ah ! c’est qu’on est pas muff en France,
    On n’ s’occupe que des malheureux ;
    Et dzimm et boum ! la Bienfaisance
    Bat l’ tambour su’ les Ventres creux !
    L’Hiver, les murs sont pleins d’affiches
    Pour Fêt’s et Bals de charité,
    Car pour nous s’courir, eul’ mond’ riche
    Faut qu’y gambille à not’ santé !
    Sûr que c’est grâce à la Misère
    Qu’on rigol’ pendant la saison ;
    Dam’ ! Faut qu’y viv’nt les rastaqoères
    Et faut ben qu’y r’dor’nt leurs blasons !
    Et faut ben qu’ ceux d’ la Politique
    Y s’ gagn’nt eun’ popularité !
    Or, pour ça, l’ moyen l’ pus pratique
    C’est d’ chialer su’ la Pauvreté.
    Moi, je m’ dirai « Quiens, gn’a du bon ! »
    L’ jour où j’ verrai les Socialisses
    Avec leurs z’amis Royalisses
    Tomber d’ faim dans l’ Palais-Bourbon.
    Car tout l’ mond’ parl’ de Pauvreté
    D’eun’ magnèr’ magnifique et ample,
    Vrai de vrai y a d’ quoi en roter,
    Mais personn’ veut prêcher d’exemple !
    Ainsi, r’gardez les Empoyés
    (Ceux d’ l’Assistance évidemment)
    Qui n’assistent qu’aux enterr’ments
    Des Pauvr’s qui paient pas leur loyer !
    Et pis contemplons les Artisses,
    Peint’s, poèt’s ou écrivains,
    Car ceuss qui font des sujets trisses
    Nag’nt dans la gloire et les bons vins !
    Pour euss, les Pauvr’s, c’est eun’ bath chose,
    Un filon, eun’ mine à boulots ;
    Ça s’ met en dram’s, en vers, en prose,
    Et ça fait fair’ de chouett’s tableaux !
    Oui, j’ai r’marqué, mais j’ai p’têt’ tort,
    Qu’ les ceuss qui s’ font « nos interprètes »
    En geignant su’ not’ triste sort
    S’arr’tir’nt tous après fortun’ faite !
    Ainsi, t’nez, en littérature
    Nous avons not’ Victor Hugo
    Qui a tiré des mendigots
    D’ quoi caser sa progéniture !
    Oh ! c’lui-là, vrai, à lui l’ pompon !
    Quand j’ pens’ que, malgré ses meillons,
    Y s’ fit ballader les rognons
    Du Bois d’ Boulogn’ au Panthéon
    Dans l’ corbillard des « Misérables »
    Enguirlandé d’ Beni-Bouff’-Tout
    Et d’ vieux birb’s à barb’s vénérables…
    J’ai idée qu’y s’a foutu d’ nous.
    Et gn’a pas qu’ lui ; t’nez Jean Rich’pin
    En plaignant les « Gueux » fit fortune.
    F’ra rien chaud quand j’ bouffrai d’ son pain
    Ou qu’y m’ laiss’ra l’ taper d’eun’ thune.
    Ben pis Mirbeau et pis Zola
    Y z’ont « plaint les Pauvres » dans des livres,
    Aussi, c’ que ça les aide à vivre
    De l’une à l’aute Saint-Nicolas !
    Même qu’Émile avait eun’ bedaine
    À décourager les cochons
    Et qu’ lui, son ventre et ses nichons
    N’ passaient pus par l’av’nue Trudaine.
    Alorss, honteux, qu’a fait Zola ?
    Pour continuer à plaindr’ not’ sort
    Y s’a changé en harang-saur
    Et déguisé en échalas [1].
    Ben en peintur’, gn’y a z’un troupeau
    De peintr’s qui gagn’nt la forte somme
    À nous peind’ pus tocs que nous sommes
    Les poux aussi viv’nt de not’ peau !
    Allez ! tout c’ mond’ là s’ fait pas d’ bile,
    C’est des bons typ’s, des rigolos,
    Qui pinc’nt eun’ lyre à crocodiles
    Faite ed’ nos trip’s et d’ nos boïaux !
    L’en faut, des Pauvr’s, c’est nécessaire,
    Afin qu’ tout un chacun s’exerce,
    Car si y gn’ aurait pus d’ misère
    Ça pourrait ben ruiner l’ Commerce.
    Ben, j’ vas vous dir’ mon sentiment
    C’est un peu trop d’hypocrisie,
    Et plaindr’ les Pauvr’s, assurément
    Ça rapport’ pus qu’ la Poésie
    Je l’ prouv’, c’est du pain assuré ;
    Et quant aux Pauvr’s, y n’ont qu’à s’ taire.
    L’ jour où gn’ en aurait pus su’ Terre,
    Bien des gens s’raient dans la Purée !
    Mais Jésus mêm’ l’a promulgué,
    Paraît qu’y aura toujours d’ la dèche
    Et paraît qu’y a quèt’ chos’ qu’ empêche
    Qu’un jour la Vie a soye pus gaie.
    Soit ! — Mais, moi, j’ vas sortir d’ mon antre
    Avec le Cœur et l’Estomac
    Pleins d’ soupirs… et d’ fumée d’ tabac.
    (Gn’a pas d’ quoi fair’ la dans’ du ventre !)
    J’en ai ma claqu’, moi, à la fin,
    Des « P’tits carnets » et des chroniques
    Qu’on r’trouv’ dans les poch’s ironiques
    Des gas qui s’ laiss’nt mourir de faim !
    J’en ai soupé de n’ pas briffer
    Et d’êt’ de ceuss’ assez… pantoufles
    Pour infuser dans la mistoufle
    Quand… gn’a des moyens d’ s’arrbiffer.
    Gn’a trop longtemps que j’ me balade
    La nuit, le jour, sans toit, sans rien ;
    (L’excès même ed’ ma marmelade
    A fait s’ trotter mon Ang’ gardien !)
    (Oh ! il a bien fait d’ me plaquer
    Toujours d’ la faim, du froid, d’ la fange,
    Toujours dehors, gn’a d’ quoi claquer ;
    Faut pas y en vouloir à c’t’ Ange !)
    Eh donc ! tout seul, j’ lèv’ mon drapeau ;
    Va falloir tâcher d’êt’ sincère
    En disant l’ vrai coup d’ la Misère,
    Au moins, j’aurai payé d’ ma peau !
    Et souffrant pis qu’ les malheureux
    Parc’ que pus sensible et nerveux
    Je peux pas m’ faire à supporter
    Mes douleurs et ma Pauvreté.
    Au lieu de plaind’ les Purotains
    J’ m’en vas m’ foute à les engueuler,
    Ou mieux les fair’ débagouler,
    Histoir’ d’embêter les Rupins.
    Oh ! ça n’ s’ra pas comm’ les vidés
    Qui, bien nourris, parl’nt de nos loques,
    Ah ! faut qu’ j’écriv’ mes « Soliloques » ;
    Moi aussi, j’en ai des Idées !
    Je veux pus êt’ des Écrasés,
    D’ la Mufflerie contemporaine ;
    J’ vas dir’ les maux, les pleurs, les haines
    D’ ceuss’ qui s’appell’nt « Civilisés » !
    Et au milieu d’ leur balthasar
    J’ vas surgir, moi (comm’ par hasard),
    Et fair’ luire aux yeux effarés
    Mon p’tit « Mané, Thécel, Pharès ! »
    Et qu’on m’ tue ou qu’ j’aille en prison,
    J’ m’en fous, j’ n’ connais pus d’ contraintes
    J’ suis l’Homme Modern’, qui pouss’ sa plainte,
    Et vous savez ben qu’ j’ai raison !

  66. Cher Philippe,
    Avant d’insulter les invités de Philippe, encore faudrait-il un peu mieux les connaître.
    Si vous aviez fait quelques stages à la Croix-Rouge, vous auriez pu comprendre qu’il n’est pas nécessaire d’envoyer en teinturerie les vêtements que vous déposez car cela devient tapis de voiture au lieu d’aider à la réinsertion.
    Si vous connaissiez mieux les invités de Philippe, vous auriez pu les voir essayer de couper des ongles qui ne permettaient plus la marche, mettre en paquet de dix des draps maculés de matières fécales, danser avec les exclus de notre société en certaines soirées festives.
    Si vous pensez être le seul à avoir reçu un exclu chez vous, la fierté risque de vous exclure.
    Quand vous critiquez les gestes simples et nécessaires à la survie, vous ignorez que l’exclusion est double : elle est physique car le froid mord, le manque d’alcool plonge dans des délires redoutables et les crises de manque dans des déchirements musculaires insupportables. Elle est aussi relationnelle.
    Le regard de l’autre et sa voix sont aussi très importants, même si nos propos font sourire.
    Toutes les invitations d’exclus à domicile ne se passe pas dans le meilleur des mondes.
    Ayant reçu un jeune d’une trentaine d’années, quel ne fut pas notre embarras quand à peine arrivé à domicile, le jeune exclu se mit à l’aise et passa une semaine en position de chandelle nu dans le salon et totalement sourd à nos propos. Notre patience fut récompensée par son départ en notre absence.
    Un de nos amis de la région nîmoise a aidé un jeune pendant quelques mois en l’hébergeant. En rentrant de son travail, il croisa ses disques dans l’escalier qui s’était transformé en cascade, le jeune avait quitté les lieux en laissant les robinets de douche et d’évier en position ouverte. Sans parler de quelques dégâts avec le voisinage qui avait perdu un peu le sourire.
    Le mur des faux-culs n’a pas trouvé sa place dans le blog de Philippe.
    françoise et karell Semtob

  67. @semtob | 28 décembre 2014 à 18:57
    Vous êtes des intermittentes du spectacle ?
    Si j’ai bien compris je vous paye pour aller faire les clowns chez les pauvres ?
    Et ça vous permet de toucher le chomedu pendant 11 mois par an ? C’est ça ?

  68. V. Trierweiler est comme François-Marie Banier qui photographiait sans son autorisation un SDF sur les Champs-Élysées, jusqu’au moment où celui-ci lui a porté un coup.
    Une vraie tête à claques pour quelqu’un qui souffrait à ce moment-là ; car on savait par les infos que FMB était le millionnaire serviteur de la patronne au cœur large. Un dandy disait-on. Aucune pudeur.
    Quel besoin donc de reconnaissance, une association comme le Secours populaire a-t-elle pour se compromettre avec une mégère éconduite, mystère… Je le découvre par ce billet.
    Mais je suis sûr qu’elle aura fait larmoyer les naïfs, et il n’en manque pas malheureusement.
    Eh oui, contrairement à certains, elle n’est pas les mains dans les draps souillés, et pourtant elle profite sans doute plus que tous les bénévoles, c’est à désespérer pour ces derniers. Aucune pudeur, elle non plus.

  69. Jean le Cauchois

    J’ai eu la chance de ne découvrir le blog et ses commentaires divers et passionnés que tout récemment. Mais j’ai aussi visité le site de la mairie d’Angoulême et j’ai lu deux informations. La première venant du maire d’Angoulême, Xavier Bonnefont, datée du 25 décembre à 04:06 (tard dans la soirée ou tôt dans la matinée ?) parue dans Sud-Ouest : « Neuf bancs attenant à la verrière de la galerie Champ-de-Mars, sur la trentaine que compte la place, ont été grillagés pour devenir des panneaux de gabion. Il s’agit d’une installation paysagère contenant des galets, qui s’inscrit dans l’esthétique minérale des lieux .. » Ce texte continue avec des explications claires. La deuxième information provient d’un texte signé de la journaliste Camille Polloni le 26 décembre à 13:30, publié dans « L’Obs avec Rue 89 » : « …Le maire n’a fait grillager que les neuf bancs traditionnellement occupés par les clodos et punks à chiens du coin, laissant tous les autres sièges de la place – une bonne quinzaine – libres de recevoir des postérieurs… » et la publication se poursuit avec des exemples d’aménagement urbain pour mieux organiser la vie collective pour tous. A titre personnel, j’ai déploré, en son temps, l’occupation des gradins constituant le parvis de l’église de la Madeleine, l’été, par des touristes fatigués mais ne faisant pas tous que s’y reposer quelque temps (c’était devenu pour certains un lieu d’exhibition, cité même dans les guides de voyage à diffusion restreinte d’étudiants anglo-saxons). Le problème a été réglé il y a déjà quelques années, à grand renfort de jardinières, toute l’année, et je n’ai pas vérifié si les guides de voyage avaient été mis à jour. Pour finir, je salue l’intuition de notre hôte d’avoir pris sa position, sans attendre les apports d’un juge d’instruction.

  70. @ JDR
    Moi c’est exactement le contraire : du fond de mon bouge, je ressens de la tendresse et paye une pinga (et propose une petite brochette de viande) à tous les clodos qui me le demandent sans hypocrisie.
    Ils m’appellent tous ‘tio’ même si je suis bien plus jeune que la plupart d’entre eux.
    La solidarité dans le vice, en quelque sorte, ou bien utiliser le vice pour créer une convivialité.
    Mais je ne vous juge pas. Juger négativement quelqu’un qui se permet de juger les autres serait une absurdité.

  71. @calamity jane
    Puisque vous m’y avez invité à l’heure du « t », et que vous faites une alerte pédagogie latine sur « pro videre », je vous recommande la lecture du discours de réception de Jean Guitton consacré à son prédécesseur, M. Bérard, magistrat et ancien garde des Sceaux (garde-t-on encore quelque Sceau, je conserve l’orthographe malgré la tentation).
    Quel a pu être le contenu des débats qui ont conduit à l’élimination du latin dans l’enseignement ?
    Cela nous a privés de l’intelligence de sa ressource. Etait-ce délibérément ? Ce n’est pas à exclure, mais ce serait machiavélique.

    …Mais Léon Bérard proposait un remède paradoxal : il demandait que, de la sixième à la quatrième, de dix ans à quatorze ans, tous les petits Français fissent du latin. Il voulait une prédestination latine antécédente à la liberté du choix. Il disait que l’enfant sans latin, lisant Racine, donnait forcément à des mots comme détestable, misérable, fier, triste, génie, gloire, ennui, inquiétude un sens que ces mots n’avaient pas, ou encore qu’un député sans latin était incapable de comprendre ces trois mots pourtant si nécessaires d’élection, de dissolution, et surtout de déficit. L’apprentissage du latin devenait la vraie initiation à l’esprit scientifique, car il forçait l’enfant à ne jamais biaiser devant les faits. On pourrait se demander si une démonstration mathématique n’enseigne pas plus la rigueur qu’une traduction, s’il ne faut pas joindre la géométrie et le latin – l’une apprenant ce qu’est l’évidence, l’autre que l’esprit doit sentir le prix de la nuance, de la manière, qui est inexprimable. La culture humaine roule sur ces deux pôles : je crois qu’il faut les maintenir le plus longtemps possible, retarder un choix si cruel.

    http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-et-reponse-du-general-weygand-0

  72. « Des artistes, qui ont le soutien facile quand il ne coûte rien, ont affirmé qu’ils auraient justement voulu s’asseoir sur ces bancs. En quelque sorte, nous sommes tous des SDF d’Angoulême !  »
    Je ne peux pas me résoudre à être englobé dans la misère. Je ne suis pas un mendiant, je ne peux pas m’identifier à des clochards qui mendient pour se payer de la drogue, de la nourriture et des prostituées. Je ne suis pas un artiste non plus qui « travaille » deux mois dans l’année pour recevoir ensuite dix mois d’indemnités de chômage. Pour moi, la vie, c’est autre chose, un peu de pudeur que diable !
    Il ne s’agit pas d’obstruer complètement les yeux, les oreilles et la bouche ; mais de les fermer suffisamment pour éviter ce que la vie peut fournir de pire afin de mieux profiter de ce qu’elle peut procurer si on se donne la peine d’aller vers la lumière. Plus je me rapproche de l’âge de la retraite et plus je me dis qu’il va falloir continuer à travailler d’une manière ou d’une autre car l’oisiveté est la mère de tous les vices.

  73. Jean-Paul Ledun@vamonos

    @vamonos
    « Plus je me rapproche de l’âge de la retraite et plus je me dis qu’il va falloir continuer à travailler d’une manière ou d’une autre car l’oisiveté est la mère de tous les vices ! »
    Bien vu ! C’est pourquoi à la lisière de mes 60 berges, je me paye trois spectacles par jour et je pète la forme !
    J’ai quand même des vices…

  74. Jean-Dominique@Alex paulista

    Alex paulista, je ne juge pas, je ne connais pas l’histoire des gens. La rue me met en présence de misérables et j’ai donc mes sympathies qui ne sont pas infinies et qui se doivent aussi d’être à la mesure de mes moyens matériels. Je pourrais chanter la romance de la compassion générale, mais je préfère assumer les hiérarchies morales que j’établis. J’accepte donc de dire que je n’éprouve pas d’estime pour les ivrognes qui pissent et défèquent sur eux sans même s’en apercevoir : cela résulte sans doute d’une pathologie mais je ne suis pas médecin. J’essaie d’être le plus utile et le plus empathique avec celles et ceux qui se tiennent droit dans la misère, en petit nombre car je préfère donner plus d’argent et de temps à quelques-uns que distribuer négligemment deux pièces au passage. Ce faisant, je suis sans doute un salaud pour les autres. A cinquante mètres de distance, j’ai deux femmes roms qui mendient. L’une d’elle ne supporte pas que je consacre du temps et surtout un peu d’argent à l’autre. Elle me poursuit dans la rue, je l’envoie paître. Elle exige sa part et ce n’est pas ainsi que je pense les choses. De guerre lasse, un jour, j’ai payé des chaussures à sa fille : je le regrette aujourd’hui, c’est un harcèlement servile, elle court avant que je n’arrive au niveau de l’autre femme en espérant capter ce que je réserve à sa concurrente. C’est pénible aussi.
    C’est très facile de donner des leçons – je ne parle pas de vous – mais se confronter à la misère c’est entrer dans l’extrême violence qui existe entre misérables. Je suis contraint de choisir et je le fais sur la base d’empathies humaines. Je ne donne rien aux ivrognes, c’est comme ça.

  75. « Au fond, il est possible qu’une partie de ces êtres en décrochage puissent être les victimes d’une culture qui, justement, est celle qui se dispute autour des bancs »…
    Daniel Ciccia.
    Patrick Topaloff, qui avait eu l’expérience de la rue, en avait fait un récit sans concession décrivant les mécanismes de ces situations et la hiérarchisation de cette microsociété de sans domicile fixe, que tous nous pouvons comprendre. La notion de temps dissemble, me semble-t-il, pesante pour le temps au-dehors.
    Les digressions visant à une justification concernant les grillages d’Angoulême restent à la discrétion des responsables de la ville et de sa sécurité.
    Cependant, interdire sans rien proposer en échange pour ceux qui ne sont pas des passants exerçant leur commerce, devient un système qu’il serait prudent de revoir. N’étant pas spécialiste des faits de marginalisation réelle, je me demande comment un pays accepte de paupériser ses citoyens et d’en révéler le décès dans l’indignité à toutes les heures de plages informatives notamment durant les périodes de grand froid…!
    Sinon, et, pour faire court : les mots ont un sens. Répondant à une organisation plurimillénaire de la présence humaine sur la planète, elle-même partie du
    cosmos. Ce qui se réduit à des formules est le fruit de l’observation humaine quand certains autres mystères restent entiers.
    PS : Vous pouvez, puisque vous m’invitez à l’échange, voir les écrits de Paul Guiton, italianiste reconnu, grand amoureux de la montagne et sûrement pionnier de la littérature dite alpestre, ami d’artistes sculpteurs et autres peintres.

  76. @Jean-Dominique Reffait
    « Certains veulent se maintenir dans un statut de dignité humaine, d’autres sont des loques, ne les confondons pas dans un même mépris ou dans une même empathie. Les uns me répugnent, les autres ont mon amitié. »
    « De guerre lasse, un jour, j’ai payé des chaussures à sa fille: je le regrette aujourd’hui, c’est un harcèlement servile, elle court avant que je n’arrive au niveau de l’autre femme en espérant capter ce que je réserve à sa concurrente. »
    Nausée

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