Affaire Lambert : un arrêt de mort miséricordieux ?

Le 24 juin, les 17 juges de l’assemblée du contentieux du Conseil d’Etat rendront leur décision sur le maintien en vie ou la mort de Vincent Lambert.

Le rapporteur public Rémi Keller, pour cette affaire hors du commun selon ses propres termes, a préconisé dans ses conclusions un arrêt des traitements et donc la mort de Vincent Lambert, contre le jugement du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne qui avait ordonné, au contraire, leur maintien.

J’entends bien que le rapporteur public a souligné que « le traitement dont il bénéficie n’a pas d’autre effet que de le maintenir artificiellement en vie, emmuré dans sa nuit de solitude et d’inconscience » (Le Monde, Le Parisien, Le Figaro).

Pour ce tétraplégique de 39 ans en état végétatif chronique, il conviendrait donc de mettre fin à ce qui, selon le sens commun et la majorité des avis médicaux, ne serait plus une vie digne de ce nom.

On comprend bien pourquoi, au-delà de l’analyse technique et juridique, Rémi Keller s’est attaché à décharger les juges de toute mauvaise conscience dans le cas où ils valideraient et suivraient son point de vue et à exprimer aux parents de Vincent Lambert sa compréhension et sa compassion dans la mesure même où il s’est opposé à leur désir de voir sauvegardée, même dans ces conditions, l’existence de leur fils.

Cette gêne, ce malaise perceptible du rapporteur public ne sont-ils pas ceux du citoyen ayant appris que d’une certaine manière certes honorable et légitime et à des fins admissibles, cet éminent représentant de la justice administrative avait tout de même « requis » la peine de mort de Vincent Lambert ?

Les subtilités, pour tenter de dissimuler la nudité brutale de cette conclusion sous une apparence faisant de l’arrêt des traitements une mesure de salubrité humanitaire et médicale, comme s’il s’agissait d’un simple débranchement technique, ne sont pas très convaincantes et révèlent que, quoi qu’on en ait, il est dérangeant devant un souffle de vie prolongé, même réduit à sa plus simple expression, de souhaiter sa fin. On met son intelligence et son savoir au service de l’adieu quand tout, au contraire, les prédispose à la lumière.

Sans tomber dans le grandiloquent, au-delà de la problématique qui passionne et excite les spécialistes de la fin de vie, j’éprouve comme un effroi devant ce qu’avec la meilleure volonté du monde, le droit et la pitié mêlés pourraient avoir comme conséquences négatives. Si, par exemple la porte de cette affaire Lambert ouverte, on ne savait plus la refermer et si on abusait d’une forme de compassion qui trouverait toujours de quoi se justifier sur le plan médical, et trop prompte à l’irréversible ?

Surtout j’avoue que, face à un aussi tragique dilemme que celui mettant aux prises les parents de Vincent avec son épouse, son neveu et une partie de ses frères et soeurs, il me semble que précisément la solution serait de trancher non pas en faveur de l’abolition mais, aussi terriblement limitée qu’elle soit, pour la vie. Sur les plateaux de la balance, ne serait-il pas prudent, dès lors qu’une contestation profonde oppose la famille et les proches de l’être dont le sort est en suspens, de privilégier l’attentisme sur l’un au détriment de l’irrémédiable sur l’autre au nom de ce double constat : la dispute est le signe éclatant de l’interrogation et de la difficulté d’y répondre et, s’il le faut, comment opter pour la cause qui, au moins superficiellement, est la moins conforme à nos principes, la plus transgressive ?

Impossible de réagir autrement que sur la pointe de l’esprit et du coeur en n’étant sûr de rien et en n’enviant pas les juges qui dans très peu de temps devront donner raison à ceux qui veulent maintenir coûte que coûte Vincent Lambert parmi nous – végétatif peut-être mais présent, insensible mais source chaude, encore, d’émotion et de tendresse – ou à ceux qui ne supportent plus de le voir, de le savoir ainsi.

Sans mauvaise foi d’un côté ou de l’autre, les uns pensent à eux d’abord, les autres à lui essentiellement.

Le 24 juin, s’il y a un arrêt de mort miséricordieux, la joie ne sera nulle part.

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  1. De grâce, ne confondons pas tout. Ce garçon ne continue à palpiter que grâce à la technologie. Il y a cinquante ans, il serait parti depuis longtemps. Le processus angélique ou démoniaque engagé avec le défi à la mort engendre par lui-même des perspectives inattendues. Qui a lu l’ouvrage extraordinaire dirigé par le Pr Puybasset, où tous les professionnels donnent leur avis technique à propos de la loi dite Leonetti ?
    Bien sûr, le sentiment, avec les mots qui l’accompagnent prévaut et nous inflige à tous une souffrance supplémentaire, mais quelle est la portée de cette apparence extérieure de la vie qui est aussi une raison quotidienne de se morfondre ? La mort n’est pas une victoire, c’est la certitude de la continuation de la vie particulaire, la fusion par la récupération des éléments dans l’univers palpable.
    Orgueil de la condition humaine, qui défie sans arrêt les lois naturelles tout en sachant qu’un jour ou l’autre, celles-ci seront plus fortes. Il est vrai que les avancées de la connaissance font également partie de la nature ; mais notre espèce n’a pas toujours existé, un jour elle disparaîtra.
    Le recours judiciaire reste pour moi un grand tourment. Les malheureux juges ont à régler une question simple: l’état du droit permet-il de retirer du domaine des soins un organisme qui, grâce à eux, continue d’avoir un fonctionnement physiologique partiel, c’est-à-dire végétatif ? Autrement posée, la question revient à décider de la frontière de la vie, lorsque la connaissance scientifique en fait un artefact. Il est cependant certain que les hommes préhistoriques faisaient des trépanations et on peut répéter au cours des siècles le lent progrès de la lutte contre la mort.
    Toute autre considération sensible ne fait que compliquer le problème, même si tout le monde comprend sa nature. Y céder serait jouer et cela a commencé avec l’invraisemblable interprétation du rôle du rapporteur public; il a « requis » la mort. C’est à ce degré d’aberration que conduit l’ignorance du sujet.
    Par là même, la dérive n’est pas à craindre, mais les moyens de l’empêcher appartiennent maintenant pour longtemps au droit, donc, in fine, à une décision éventuellement judiciaire ; la prolongation de l’espoir de vie entraîne ainsi une perte de notre liberté remise entre les mains de tiers. Diogène Laërce VI, 70 nous renvoie à ce principe : « c’est à cause de leur folie que les hommes sont malheureux. »

  2. Sur le fond, je suis également dubitatif sur la solution proposée par le rapporteur public, mais pas exactement de la même manière que vous.
    L’interruption d’un traitement d’hydratation pour ne pas nuire au malade au cours de la phase terminale d’une maladie (pour éviter des effets secondaires nocifs ou pénibles), cas classique en soins palliatifs et clairement conforme à la loi, ce n’est pas la même chose que ce qui est envisagé ici, à savoir l’interruption d’un traitement d’hydratation (ici simplement par voie entérale) alors que l’état de la personne profondément handicapée est stabilisé et que le traitement ne lui nuit pas (à moins de considérer que c’est la vie elle-même qui nuit à la personne : cf. les débats autour de l’arrêt Perruche).
    Les causes de la mort ne seront d’ailleurs pas les mêmes dans les deux cas : la maladie dans le premier cas (mort parfois un peu anticipée du fait des traitements antalgiques strictement nécessaires) ; la déshydratation causée par l’arrêt de soins dans le second. Et surtout, la finalité de l’arrêt de traitement n’est pas le même dans les deux cas. Je ne suis pas convaincu dans le second cas que c’est ce que la loi demande ou permet.
    L’alimentation et l’hydratation, par un moyen simple, non douloureux, sans effets secondaires nocifs, d’une personne dans un état stable, respirant normalement, ne me semblent pas facilement qualifiables ni de traitements « déraisonnables » (ou objet d’une obstination déraisonnable) ni de traitements maintenant purement artificiellement en vie (on risque sinon d’avoir à qualifier la valeur ou le sens de la vie, voire le droit de vivre, d’une personne très profondément handicapée, notamment en fonction de son état de conscience).
    Je comprendrais mieux qu’on arrête les traitements parce que tel était, autant qu’on puisse le savoir, ce qu’aurait décidé M. Lambert avant son accident, d’après deux témoignages. Il y aurait peut-être quelque incertitude à faire ainsi, mais sans risque de dénier l’humanité et la vie à la personne profondément handicapée qu’est M. Lambert, et sans risquer de généralisations abusives à la situation d’autres personnes gravement handicapées suite à un traumatisme crânien, en particulier celles en éveil non répondant.
    On est dans des situations difficiles, délicates, douloureuses pour les proches et les soignants. Compassion et délicatesse sont nécessaires vis-à-vis de chacun, notamment épouse et parents. Qui tous, je crois, essaient de trouver ce qu’il y a de mieux pour leur proche handicapée.
    Une de mes questions, c’est comment intervenir avec prudence et humanité (loin des violences verbales, des accusations, voire des insultes qu’on trouve parfois sur Internet, hélas), sans rajouter à la souffrance des personnes.
    Bravo à ceux qui essaient d’aborder ces questions difficiles avec pondération, raison et compassion.

  3. Sans tomber dans le grandiloquent, au-delà de la problématique qui passionne et excite les spécialistes de la fin de vie, j’éprouve comme un effroi devant ce qu’avec la meilleure volonté du monde, le droit et la pitié mêlés pourraient avoir comme conséquences négatives.
    Fin de vie ?
    On nous rebat les oreilles avec cette expression alors que Vincent Lambert est jeune et vivant !
    Et mis à part sa situation de tétraplégique, il est en bonne santé !
    Il faut aussi savoir, à la lumière d’exemples récents, qu’une personne peut être plongée dans ce qui ressemble à un coma, avec une insensibilité apparente aux stimuli y compris à ceux créateurs de douleur alors qu’elle est en fait consciente mais incapable de la moindre réaction (cas d’Angèle Lieby, par exemple, revenue « à la vie » alors que les médecins parlaient de la « débrancher »).
    Cette affaire nous pose de nombreuses questions.
    Qui peut se permettre de juger que telle personne doit vivre ou mourir ?
    Le droit à la vie, indépendamment de considérations simplement morales, n’est-il pas pourtant reconnu par la DUDH (Art 3) ?
    Est-il du rôle du médecin de donner la mort (ne fût-ce que de façon hypocrite par arrêt d’alimentation, procédure par ailleurs effroyable) ?
    Le fait que les juges qui ne requièrent plus la mort pour les pires criminels récidivistes coupables de monstruosités acceptent par contre sans broncher de la requérir contre un innocent, une personne sans défense, n’indique-t-il pas une fois de plus que notre société marche sur la tête, sur un empilage de valeurs inversées ?
    En mettant le doigt dans un engrenage aussi dangereux, n’est pas tout notre conception de la civilisation qui risque de s’écrouler, pour nous plonger dans la barbarie à visage humain ?

  4. Xavier NEBOUT

    Tiens donc, la pensée moderne serait incapable de savoir ce qu’est au juste la fin de la vie ?
    Si on nous proposait de choisir entre perdre l’usage de son corps ou sa mémoire, que choisirions-nous ?
    Tel mystique vous dira que la pensée suffit pour prier et remplir une vie.
    Par ailleurs, parlons-nous de vie ou d’existence ?
    Il a été scientifiquement constaté que l’âme vit bel et bien en dehors du corps avec un encéphalogramme plat.
    Alors, qu’a-t-il été constaté ici ? un encéphalogramme plat, ou une absence de vie ?
    Quelle est l’utilité du corps dans la vie en dehors du corps ?
    Lorsqu’on aura retrouvé sa liberté d’esprit, sa véritable liberté de penser, on pourra aborder ces problèmes.
    On pourra en attendant affirmer qu’on ne doit pas faire peser la responsabilité d’une telle décision sur les proches, et même qu’ils devraient être écartés de toute possibilité d’action et d’implication, le serait-ce en intentant une action judiciaire, mais la « société » rationaliste est bien trop lâche pour ce faire. Elle cherche la loi salvatrice de toute responsabilité que le cœur et l’intelligence ne lui ont pas donnée.
    Pour traiter un tel cas, c’est un collège de moines et de prêtres exorciseurs mais aussi de ces médecins anesthésistes qui s’escriment à constater les NDE, auxquels il faudrait s’en remettre, pauvres ignorants à l’esprit borné sous couvert de la farce humaniste, vous qui avez consacré le corps, nié l’âme, et êtes infichus de seulement admettre qu’on puisse voir un centimètre d’aura alors qu’elles ornent les vitraux de nos églises.

  5. Bonjour Philippe Bilger,
    « Affaire Lambert : un arrêt de mort miséricordieux ? »
    Certains font bien des simagrées pour maintenir dans une vie qui n’en est déjà plus une un jeune homme qui n’espère qu’une chose c’est qu’on le délivre de son lit de souffrance.
    Pendant ce temps les marchands d’armes n’ont pas de scrupules pour fabriquer des mines anti personnel et autres engins de mort qui détruisent chaque année plus de civils que de soldats. Quant aux quelques blessés ramassés sur le terrain, ils n’ont pas droit au battage médiatique des bien-pensants qui vont clamer leur indignation sur les plateaux TV.
    Il est grand temps d’arrêter cette mascarade tartufféenne et laisser enfin Vincent Lambert reposer en paix, vu que c’est ce qu’il réclame depuis des mois.

  6. Denis Monod-Broca

    @ genau
    D’accord avec vous.
    Mettre fin à une vie devenue artificielle, ce n’est pas mettre à mort.
    Quand la mort a fait son office, que la vie est arrivée à son terme, il faut savoir le reconnaître.
    Sauf à donner toujours plus d’arguments aux défenseurs de l’euthanasie.
    A propos de la folie et de la citation de Diogène Laërce, connaissez-vous cette définition du mot folie de l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert : « S’écarter de la raison, sans le savoir, parce qu’on est privé d’idées, c’est être imbécile ; s’écarter de la raison le sachant, mais à regret, parce qu’on est esclave d’une passion violente, c’est être faible ; mais s’en écarter avec confiance et dans la persuasion qu’on la suit, voilà ce me semble, ce qu’on appelle être fou. Tels sont du moins ces malheureux qu’on enferme, et qui peut-être ne diffèrent du reste des hommes, que parce que leurs folies sont d’une espèce moins commune, et qu’elles n’entrent pas dans l’ordre de la société. »
    Et en effet, c’est bien souvent quand on se croit le plus raisonnable qu’on est le plus fou…

  7. marie dumont

    Si j’ai bien compris, le maintien en vie de Vincent Lambert n’existe que parce qu’il y a divergence de vue entre les divers membres de cette famille, sans cela, la médecine avait tranché, et Vincent Lambert serait mort. J’avoue avoir du mal à entrer dans le raisonnement des parents extrêmement croyants, qui par leur acharnement, retardent l’entrée de leur enfant dans ce paradis auquel ils croient.
    En conclusion, il faudrait faire une campagne d’information pour que chaque adulte ait pris la précaution de faire connaître sa volonté si, victime d’un accident, il se trouve dans la situation de Vincent Lambert.

  8. Parisien Philosophe

    Vincent Lambert survit très bien tout seul, il faut juste le nourrir et lui donner à boire. Pas de respiration artificielle, pas de stimulation cardiaque, pas de perfusions…
    Mais voilà, il ne veut pas mourir proprement… alors on invente un condamnation à mort avec exécution par déshydratation et famine !
    Et ça ose se dire civilisé !

  9. Michelle D-LEROY

    « Impossible de réagir autrement que sur la pointe de l’esprit et du coeur en n’étant sûr de rien et en n’enviant pas les juges qui dans très peu de temps devront donner raison à ceux qui veulent maintenir coûte que coûte Vincent Lambert parmi nous  »
    J’ai des convictions sur beaucoup de sujets, mais sur ce sujet hyper sensible, humain, intime, je n’en ai pas. C’est quelque chose qui prend aux tripes en pensant à cette famille déchirée, à cet homme en état végétatif… Mais qui a le droit d’interrompre une vie ? un débat sans fin.
    Le droit à mourir dans la dignité, oui sans doute mais lorsque je lis que les médecins proposent de ne plus alimenter le malade, cela me laisse une drôle d’impression.
    Je ne voudrais être à la place d’aucuns des acteurs de ce drame.
    Je précise que des proches en fin de vie sont partis dans la dignité, accompagnés, dans des hôpitaux lambda, par un personnel médical à qui je rends hommage pour leur discrétion, leur dévouement et leur humanité.
    Un sujet difficile et presque inhumain.

  10. @ Parisien Philosophe
    « Vincent Lambert survit très bien tout seul, il faut juste le nourrir et lui donner à boire. Pas de respiration artificielle, pas de stimulation cardiaque, pas de perfusions…
    Mais voilà, il ne veut pas mourir proprement… alors on invente un condamnation à mort avec exécution par déshydratation et famine !
    Et ça ose se dire civilisé ! »

    Non mais on rêve ! Mourir proprement, ça veut dire quoi ? Demeurer dans un état végétatif pendant des années sans aucune possibilité de s’exprimer, d’agir, de profiter pleinement de son existence.
    Combien de temps seriez-vous capable de supporter son calvaire si vous étiez dans la même situation ?
    Vincent Lambert veut juste qu’on lui donne le droit de mourir dans la dignité. C’est cela mourir proprement.

  11. Dieu quelle triste affaire, et la surenchère des médias nous accable de leur ignorance crasse. On va encore opposer les catholiques réactionnaires aux avant-gardistes de mes deux.
    On sent que ça va être le topic médiatique des dix prochaines années.
    Pourtant voyez la retraite de Russie, ce sujet est à peine évoqué, Larrey, Percy, Desgenettes, les grands médecins de Napoléon en parlent peu dans leurs mémoires, lorsqu’il n’y avait plus d’espoir on laissait la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) faire son œuvre.
    Mon grand-père gazé à Ypres lors de la Première Guerre mondiale racontait qu’au sanatorium les infirmières passaient vers trois heures du matin ouvrir les fenêtres en plein hiver pour emporter la moitié de la chambrée.
    On peut s’étonner qu’ici personne de relève que Sarkozy a reçu, en tête-à-tête, le médecin traitant d’une dame atteinte d’un cancer de l’œil, et que le lendemain elle était morte comme elle le souhaitait. Serait-ce trop demander ici de reconnaître à Sarkozy d’avoir trouvé une solution alors que Marisol Touraine va nous accabler de son bréviaire socialisant ?
    Ne vous en faites pas un monde, la mort c’est quelques secondes, cessez de vous représenter Michel Piccoli dans un accident de voiture où il revit sa vie entre deux tonneaux sur route nationale… c’est de l’humanisme pour les ploucs.

  12. @Achille
    Vincent Lambert veut juste qu’on lui donne le droit de mourir dans la dignité.
    Cette expression piégée « mourir dans la dignité » est une de ces figures de style tirées du langage orwellien et forgées par des officines obnubilées par la culture de mort pour présenter sous un emballage cadeau orné d’un joli ruban rose un contenu pas très ragoûtant.
    Et si, au lieu de s’acharner à faire mourir contre leur gré les gens soi-disant « dans la dignité » ils s’efforçaient plutôt de les faire vivre en respectant leur dignité?
    C’est cela, le véritable humanisme.

  13. S’agissant de la fin de vie, entre la théorie et la pratique il y a quelques usages non avoués mais parfaitement avérés ! Deux cas précis pour étayer mes dires. Une patiente âgée victime d’un AVC après une opération du dos tombe dans le coma. Dans la demi-heure qui suit le coma, l’urgentiste de garde prévient la famille et pose une seule question : peut-on couper la ventilation ? Réponse indignée : c’est non ! La patiente est sortie de son coma dans les trois jours. Un patient âgé victime d’une grave occlusion et non opérable. Deux questions au médecin en charge : processus vital engagé, réponse oui. Va-t-il souffrir, réponse : nous avons les moyens pour faire en sorte qu’il ne souffre pas. Le temps d’aller récupérer quelques affaires, le patient s’était endormi.
    Il est temps de se pencher à nouveau sur les modalités qui permettraient une fin de vie dans la dignité et c’est la raison pour laquelle il va être intéressant de suivre les attendus du procès en cours à Pau.
    Dans les deux cas que je citais s’agissant de mes proches, j’ai eu à connaître de l’illégal et de l’humanité. La distance entre les deux étant une source de dérive, il y a lieu d’en reclarifier les limites dans l’intérêt des malades et de leurs familles.

  14. Alex paulista

    « J’éprouve comme un effroi devant ce qu’avec la meilleure volonté du monde, le droit et la pitié mêlés pourraient avoir comme conséquences négatives »
    Certes. Mais ce n’est rien à côté de ce que la négligence et la bêtise causent déjà tous les jours.
    Live and let die…

  15. @ Parigoth
    « Et si, au lieu de s’acharner à faire mourir contre leur gré les gens soi-disant « dans la dignité » ils s’efforçaient plutôt de les faire vivre en respectant leur dignité ?
    C’est cela, le véritable humanisme. »

    Vivre en étant relié au monde extérieur par des sondes et du personnel médical chargé de les remplacer régulièrement et faire votre toilette intime, ceci sans espoir de retrouver une vie normale ainsi que l’attestent les rapports d’un collège d’experts qui s’est penché sur l’état de Vincent Lambert n’est pas ce que l’on peut appeler vivre dans la dignité.
    Je ne souhaite à personne de connaître un jour ce genre de situation. C’est tout simplement l’enfer.
    L’enfer c’est les autres disait Sartre, à commencer par ceux qui vous empêchent de partir alors que l’on ne peut plus rien attendre de la vie.

  16. « Il a résisté pendant vingt longs jours
    Et sa mère était à côté de lui.
    Il a résisté, Florentin Prunier
    Car sa mère ne veut pas qu’il meure.
    Elle arrive à l’heure où l’on fait du feu
    Et reste jusqu’à l’heure où Florentin délire. »
    Georges Duhamel, La ballade de Florentin Prunier
    Elle est là, elle. Une mère, une vraie…

  17. L’embarras est patent ici sur ce blog, soit ce sont des « pisse-copie », comme disait sbriglia, avec des litanies grotesques, soit la gêne génère des commentaires brefs car le sujet les dérange.
    Soyez braves, mes frères, pensez à votre propre mort, cessez de nous bassiner avec ce malheureux enfant Lambert.
    Et vous ? Et vous les commentateurs distingués du blog ?
    Et vous ?
    Et vous ?
    Allez, quittez vos charentaises, et à poil dites-nous ce que vous souhaiteriez pour vous ?

  18. Cette affaire Lambert nous amène à exprimer ici des opinions personnelles, reposant plus sur divers critères subjectifs et sur l’émotion que sur des bases sérieuses.
    Mais l’Académie de Médecine avait déjà mis les points sur les « i » :
    «L’arrêt de vie, en réponse à une demande volontaire à mourir alors que la vie en elle-même n’est ni irrémédiablement parvenue à son terme, ni immédiatement menacée ne peut être assimilée à un acte médical. Sans équivoque, quand bien même il s’agirait «seulement» d’une aide au suicide, il n’est pas dans la mission du médecin de provoquer délibérément la mort».
    (…)
    Tout aussi fermement, le rapport de neuf pages réaffirme que «le droit de la personne à l’alimentation et aux mesures appropriées à la qualité de vie», comme la kinésithérapie, l’hygiène et la prévention des escarres, ne peut être «subordonné à sa capacité relationnelle», qu’«aucun médecin ne peut l’accepter». Pourtant, Vincent Lambert, depuis fin 2012, ne bénéficie plus de kiné ni d’orthophonie.
    En d’autres termes, peu importe le degré de conscience ou de communication, un médecin «a mission de soigner», dit l’Académie en précisant ne pouvoir «souscrire» à une «distinction entre état végétatif chronique et état de conscience minimal».

    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/05/15/01016-20140515ARTFIG00014-affaire-lambert-le-rappel-a-l-ordrede-l-academie-de-medecine.php
    Merci à l’Académie de Médecine de rappeler avec fermeté ces principes qui devraient aller de soi mais que trop de nos contemporains y compris ceux qui occupent des postes à responsabilités ont tendance à oublier.
    De quoi rassurer les patients potentiels qui se demandent parfois si, rentrant à l’hôpital par la porte des urgences, ils n’en sortiront pas par la cheminée de l’incinérateur sur un caprice d’un médecin de garde pressé de partir en congés.
    Ceci dit, si la justice persiste à vouloir condamner à mort un de ces nouveaux accusés coupables d’être innocents, devra-t-elle recruter et former des bourreaux successeurs de Deibler pour cette besogne ?

  19. « Live and let die… »
    Rédigé par : Alex paulista | 22 juin 2014 à 14:37
    Ah ouais, c’est super, la pop pour toute philosophie…

  20. « Sans mauvaise foi d’un côté ou de l’autre, les uns pensent à eux d’abord, les autres à lui essentiellement »
    La formule est ambiguë (qui sont les uns et les autres ?) et en même temps elle a un caractère binaire et affirmatif qui me paraît erroné.
    L’amour, l’affection, la relation humaine sont bien plus complexes, et cette complexité serait mieux traduite par une description non exclusive. Par exemple :
    Sans mauvaise foi d’un côté ou de l’autre, les uns ET les autres pensent à eux d’abord ET à lui essentiellement.
    Et si cette formulation n’est ni logique, ni rationnelle, c’est que la vie et la mort ne le sont pas.
    Pour le reste, seul Salomon serait en mesure de prononcer un jugement pertinent.

  21. Sans mauvaise foi d’un côté ou de l’autre, les uns pensent à eux d’abord, les autres à lui essentiellement.
    ____________________________________________
    Nous n’avons pas à reprendre de façon inconsidérée cette antienne faussement humaniste forgée par les manipulateurs pour tromper l’opinion afin de la conduire à approuver leurs thèses spécieuses sur la base d’une approche inversée des valeurs.
    Croyez-vous que ces conjoints qui se sacrifient littéralement pour s’occuper d’une personne dans une telle situation « d’état végétatif chronique » pensent réellement à eux-mêmes, alors qu’il s’agit plutôt là au contraire d’une preuve d’abnégation ?
    Quant à vouloir absolument envoyer tout ce qui nous dérange ad patres – une solution de facilité – sous de faux bons prétextes, n’est-ce pas là une attitude digne d’humanistes de pacotille ?

  22. @Denis Monod-Broca
    Merci pour cette citation, étrangement dérangeante car elle donne à penser que la détermination de la folie serait faite à travers la mesure du degré idéal de conscience de l’état. Quelle dure perspective, mais bien dans l’esprit des libertins aboutis du XVIIIe.
    Quant à dire que le patient vit par lui-même, qu’il a seulement besoin de la becquée, c’est faux, il est pauci-relationnel d’après ce que j’ai compris et n’a plus du tout la capacité de mastiquer ou de déglutir. Non, il ne paraît pas être en bonne santé, seulement voilà, c’est un peu notre enfant à tous et lorsqu’il s’en ira nous aurons tous le chagrin qui s’y attache.
    Pour lors, on ne pourrait que souhaiter la réunion de la famille.
    Il faut penser à l’épouse, clouée à son statut de femme qui n’en finit pas, elle, de souffrir et qui n’a pas le droit de faire son deuil, c’est-à-dire qu’elle peut aussi, lentement, se détruire de l’intérieur sans qu’il y ait de coupable, sans mauvais traitement, seulement dans un combat douteux.

  23. @ Parisien Philosophe
    « Vincent Lambert survit très bien tout seul, il faut juste le nourrir et lui donner à boire. Pas de respiration artificielle, pas de stimulation cardiaque, pas de perfusions… »
    Vous mettez de côté l’ensemble des éléments qui fondent sa situation actuelle : il est dans l’incapacité de communiquer avec ses proches (inconscient), on ne sait rien de ce qu’il ressent (douleurs physiques ?), il faut le nourrir, l’hydrater, lui faire les soins de nursing nécessaires à la prévention des escarres et des complications du décubitus (calcifications de certaines articulations, risque de phlébite et d’embolie, risque infectieux), tout en sachant qu’il avait clairement exprimé (de façon verbale) son refus de survivre dans de telles conditions si cela lui arrivait.
    Des situations comme celles-ci sont heureusement rares et se doivent d’être résolues au cas par cas. Je suis défavorable à une loi sur l’euthanasie active mais, dans le cas précis, suis tout à fait en accord avec la décision prise voici quelques mois par la famille proche (celle qui vient régulièrement à son chevet et dont les parents ne font pas partie) et l’équipe médicale. La décision du Conseil d’Etat n’a rien d’une condamnation à mort, l’article se trompe de cible. Sans l’acharnement d’une mère pourtant très éloignée de son fils, jamais cette situation n’aurait eu un tel retentissement. Laissons donc ce malheureux homme s’éteindre en paix.

  24. « Cette gêne, ce malaise perceptible du rapporteur public ne sont-ils pas ceux du citoyen ayant appris que d’une certaine manière certes honorable et légitime et à des fins admissibles, cet éminent représentant de la justice administrative avait tout de même « requis » la peine de mort de Vincent Lambert ? »
    La fin de cette phrase rejoint l’argumentaire de l’avocat des parents et je la trouve excessive, pour ne pas dire démagogique car elle fait appel bien plus au sentiment qu’à la raison, raison en l’espèce médicale.
    On veut ici confondre morale et éthique alors que le problème se place à l’évidence dans le seul champ médical.
    Regardons un médecin urgentiste qui doit à un moment décider de donner la consigne de cesser de pratiquer un massage cardiaque : condamne-t-il à mort le patient dont la vie file entre ses doigts ? A l’évidence : non !
    Dans le cas d’espèce Lambert, le problème ne se pose que parce qu’il y a mort cérébrale tandis que seules les fonctions basales continuent spontanément. Médicalement Monsieur Lambert est mort, malgré les apparences de vie (respiration autonome, sang circulant, chaleur du corps). La décision médicale « normale » serait l’arrêt des soins qui le maintiennent en vie tout en lui assurant une fin de vie digne et sans souffrance.
    Ce problème se pose à quantité de parents à la suite d’un accident de la route, l’arrêt des soins autorisant, avec l’accord des parents, le prélèvement d’organes au profit de receveurs en attente pour leur survie. Il est effectivement particulièrement douloureux pour ces parents de voir partir au bloc leur enfant avec les apparences de vie pour ensuite récupérer un corps froid, figé par la mort.
    Ici, il me semble s’agir d’un refus caractérisé d’acceptation de la mort d’un fils par des parents auxquelles seules des convictions religieuses conduisent. Elles sont certes respectables, mais ne relèvent pas d’une approche raisonnée et poussent à un excès de juridisme.
    Question : le Conseil d’État a-t-il qualité pour se substituer à l’autorité médicale ? Ma réponse est catégoriquement non.
    Je reste intimement persuadé que la question relève exclusivement d’une équipe médicale qui doit seule prendre sa décision selon son code d’éthique et en fonction des connaissances médicales du moment.

  25. @ Savonarole
    Et vous Savonarole le bien nommé qui demandez aux autres de dire ce qu’ils voudraient à la place de Vincent Lambert, que voudriez-vous pour vous-même ?

  26. @genau
    Il faut penser à l’épouse, clouée à son statut de femme qui n’en finit pas, elle, de souffrir et qui n’a pas le droit de faire son deuil (…)
    Donc selon vous, pour soigner l’épouse, tuons le mari (est-ce remboursé par la S.S. ?) !
    Car c’est à cela que cela revient en dépit de toutes les circonvolutions hypocritement humanistes que l’on nous serine en boucle.

  27. Je lis à l’instant sur Reuter que Jean Leonetti va devoir de nouveau plancher sur la fin de vie afin de proposer une adaptation de sa loi de 2005 qui serait aujourd’hui mal connue, mal comprise et mal appliquée.
    Ce débat sur l’euthanasie reprend la Une de l’actualité à l’occasion de deux dossiers devant les tribunaux, celui de l’ex-urgentiste Bonnemaison et le cas de Vincent Lambert. Nul doute que les nombreux témoignages qui émanent des milieux médicaux seront de nature à permettre de clarifier ce qui est formellement permis et ce qui ne l’est pas. Sachant quand même qu’aujourd’hui la Loi Leonetti proscrit « l’obstination déraisonnable » ce qui peut être interprété comme une réponse dans le cas de Vincent Lambert.

  28. calamity jane

    Entre deux tonneaux sur l’autoroute on voit défiler sa vie entière presque minute par minute depuis que l’on a acquis la capacité de communiquer verbalement…
    Michel Piccoli n’en a pas l’exclusivité.

  29. Alex paulista

    @ Savonarole
    La philosophie, c’est pour ceux qui ont du temps à passer dans le boudoir. Elle comptera peu si votre fille tombe enceinte après un viol ou si vous vous retrouvez comme un légume…
    Vive l’esprit pratique !

  30. Cher Philippe,
    Si les juges décident de tuer ce jeune homme, car ce jeune homme est handicapé physique, nous regarderons l’Etat comme un Etat assassin ou complice d’assassinat.
    Que l’on donne des pouvoirs de droit de mort sur une personne à des réanimateurs nous semblent terrifiant.
    Que cette femme reprenne sa liberté et laisse la vie sauve à celui qui est devenu un poids pour elle.
    Aucun scientifique ne peut affirmer que ce jeune homme qui n’est pas atteint d’une maladie incurable ne retrouvera pas un jour ses fonctions en partie.
    Le soutien doit l’emporter sur ceux qui privilégient la vie.
    Cela nous rappelle cette certitude d’une équipe médicale qu’en débranchant l’assistance respiratoire d’un autre patient médiatisé, celui-ci allait décéder. Voir les têtes des experts scientifiques lorsque cette personne se mit à respirer d’elle-même venant contredire l’attente médicale.
    Si les gens en majorité se réjouissent de la mise à mort des handicapés, des personnes âgées, c’est que les hommes ne sont comme le disent les rappeurs que des bouts de viande, des bouches inutiles.
    Certains éléphants peuvent parcourir des centaines de kilomètres pour rapporter un fragment osseux sur le lieu du cimetière des éléphants. Certaines lionnes peuvent braver tous les dangers pour défendre leurs petits.
    Les pandas hurlent pendant des jours lorsque les humains arrachent leur petit, celui qu’elles ont pu nourrir.
    L’hôpital regardait le moindre petit progrès comme un miracle. Dans certains espaces, il faut être docte en patience plutôt qu’en science.
    Le scientifique qui ne sait plus qu’afficher des certitudes et oublie l’infinie diversité des situations qu’il rencontre, bafoue l’hypothèse dans son domaine n’est plus un scientifique.
    Le juriste qui prétend définir un droit de vie et de mort sur les enveloppes fragiles des âmes a perdu le sens de la justice qui était supposé défendre le faible.
    Non au rétablissement de la peine de mort en France. Un handicapé n’est pas un coupable de son handicap.
    françoise et karell Semtob

  31. Jean-Dominique Reffait

    Non, il ne s’agit pas d’une « peine de mort », le tribunal n’ordonnera pas la mort mais peut laisser l’équipe médicale et la famille, ainsi que le principal intéressé qui s’est exprimé lorsqu’il en était encore capable, choisir la solution la moins mauvaise.
    D’un point de vue moral et philosophique, je ne comprends pas le débat. La nature fait des choix. Lorsqu’on peut les contrecarrer au moyen de la médecine, il est évidemment légitime de pousser le plus loin les soins. Mais lorsque la nature refuse les soins, quelle vanité humaine que de s’acharner à lui contester le dernier mot ! Pour la nature, Vincent Lambert est déjà mort, il ne reste de lui qu’une enveloppe physique qui, au moyen de machines, persiste à donner de lui l’illusion qu’il est encore en vie. Ce sont les machines qui vivent, pas lui.
    L’homme est un transgresseur à l’égard de la nature, c’est ce qui le distingue des autres animaux. Nous transgressons quotidiennement avec celle-ci en portant des vêtements, en nous soignant, en vivant tel que nous le faisons. Le dessein de la nature ou de Dieu est contesté chaque seconde de notre vie : c’est l’héritage utile de l’humanisme de la Renaissance qui considérait que l’homme n’a aucun compte à rendre à la transcendance sur ce qui le concerne ici-bas. Cet humanisme a conduit les progrès de la médecine pour déjouer les plans de la nature ou de Dieu sur le cours de nos existences. Mais au bout du bout, l’éternité n’est pas de ce monde, il faut mourir, il faut se rendre à la décision ultime. A quoi sert-il, lorsque ce terme est arrivé et qu’il ne peut plus être éviter que par des illusions mécaniques, de refuser de se rendre ?
    Vincent Lambert doit-il vivre cette pseudo-vie un mois, deux ans, cinquante ans, deux cents ans ?
    Et si demain, le cœur de Vincent Lambert lâche, comme tous les cœurs le font un jour, il conviendra alors de le ranimer. Si ses reins se fatiguent, il faudra le greffer, s’il contracte un cancer, il faudra l’opérer, lui faire des séances de chimiothérapie et de rayons. Et si, compte tenu de son état, on ne relance pas son cœur, on ne lui greffe pas un rein, on ne l’opère pas de son cancer, ce sera une euthanasie. C’est à cela qu’aboutit votre propos, Philippe : faire semblant d’avoir affaire à un vivant à qui nous devrions tous les efforts médicaux pour sauver une illusion de vie. Les progrès techniques doivent permettre de maintenir Vincent Lambert dans cet état encore longtemps, d’autres progrès techniques permettront d’enrayer son vieillissement cellulaire, bref Vincent Lambert a toutes les chances de survivre mille ans dans cet état. Cela ne se produira pas, nous le savons tous : si le cœur de Vincent Lambert s’arrête, rien ne sera fait pour le relancer, personne ne prendra la décision absurde de lui greffer un nouveau rein, bref, tôt ou tard, Vincent Lambert sera euthanasié, au sens machiniste que vous lui donnez.

  32. C’est étrange la passion de faire d’un cas banal un archétype. C’est bien alors l’auteur de ce billet et les contributeurs qui « sans mauvaise foi d’un côté ou de l’autre » pensent plutôt à leurs propres sentiments pour le meilleur, à leur propre idéologie pour le pire.
    Songez que sans le désaccord des parents de cette personne, vous n’auriez jamais entendu parler de ce cas. Pas d’affaire « Lambert », pas de tribunal embarrassé ou déterminé n’a jamais à se prononcer dans 99,99 % des situations semblables.
    Il suffit de taper « débrancher » sur un moteur de recherche et des dizaines de situations semblables apparaissent et cela dure depuis des décennies.
    Que chacun vive selon ses principes moraux et n’essaie pas d’insinuer que ceux qui vivent selon d’autres normes sont forcément sans morale ; et surtout que personne n’essaie, sous couvert de compassion comme Parigoth, de nous entraîner avec des mots tels que « culture de mort » dans son sillage. Cette expression est communément utilisée par les opposants à l’avortement. Confrontation d’idéologies où le sort de ce monsieur n’est au fond qu’un prétexte.

  33. Véronique Raffeneau

    @ Jean-Dominique
    « Non, il ne s’agit pas d’une « peine de mort », le tribunal n’ordonnera pas la mort mais peut laisser l’équipe médicale et la famille, ainsi que le principal intéressé qui s’est exprimé lorsqu’il en était encore capable, choisir la solution la moins mauvaise. »
    Choisir et ordonner de ne plus alimenter et de ne plus hydrater Vincent Lambert équivaut à un arrêt de mort.
    Nous savons tous que cette décision, si elle intervient, créera une situation sans précédent qui, selon la formule consacrée, aura valeur de jurisprudence.
    « Si, par exemple la porte de cette affaire Lambert ouverte, on ne savait plus la refermer et si on abusait d’une forme de compassion qui trouverait toujours de quoi se justifier sur le plan médical, et trop prompte à l’irréversible ? » (Philippe)
    Jean-Dominique, personne ne saura plus refermer la porte, personne n’aura plus jamais la possibilité de défendre et de protéger le commandement suprême : tu ne tueras point.
    L’enjeu est très au-delà du cas particulier, aussi tragique soit-il.

  34. Franck Boizard

    Certains voudraient qu’on se concentre sur les seuls aspects pratiques ou exclusivement sur la personne de Vincent Lambert ou qu’on évite des expressions comme « culture de mort ».
    Mais ces propositions sont déjà un choix moral. On ne peut y échapper.
    Pour ma part, bien au contraire de ces propositions, je pense que cette affaire a des dimensions philosophiques, que le cas de Vincent Lambert nous interpelle collectivement et que la culture de mort est le coeur du problème.
    La problématique est fort bien résumée par Chantal Delsol.
    Notre culture a été façonnée par le personnalisme chrétien et sa notion de dignité humaine.
    La vie est donnée par Dieu et donc sacrée (en l’absence de crime volontaire). La notion de vie indigne d’être vécue est blasphématoire. Le Christ a souffert sur la croix, tous ceux qui souffrent dans leur vie ont cet exemple supérieur sous les yeux. D’où l’interdiction de l’avortement et de l’euthanasie.
    Aujourd’hui, le christianisme a quasiment disparu du paysage en Occident (autour de 5%, voire moins, de catholiques pratiquants). Il est donc compréhensible qu’on en revienne à l’état habituel de l’humanité où l’avortement et l’euthanasie sont courants.
    Mais ne m’obligez pas à dire que c’est bien, ne me tartinez pas de « mourir dans la dignité », ne m’empêchez pas de professer ma conviction profonde : c’est une horreur, un crime contre l’humanité.

  35. Yves Maillard

    Du fond du coeur, je vous approuve chaleureusement. J’aurais été incapable de dire aussi bien ce que vous dites et que je partage totalement.
    Puissent les juges vous entendre !
    Très cordialement

  36. Pour ce tétraplégique de 39 ans en état végétatif chronique, il conviendrait donc de mettre fin à ce qui, selon le sens commun et la majorité des avis médicaux, ne serait plus une vie digne de ce nom.
    Mais en quoi la majorité serait-elle considérée comme présentant un caractère de légitimité en la matière ?
    Une majorité peut être invoquée pour décider du ravalement d’une façade d’immeuble ou bien pour la construction d’un rond-point, mais que vient-elle faire dans une question touchant à la vie et à la mort ?
    Rappelons aussi qu’un homme seul peut avoir raison contre une majorité : cela a été le cas de Pasteur face à la majorité des scientifiques partisans de la théorie de la « génération spontanée ».
    Et qui peut se permettre de dire en quoi consisterait une «  vie digne de ce nom » ?
    La vie d’un homme lui est intrinsèque et ne dépend pas de critères extérieurs subjectifs liés aux modes du moment.

  37. Je ne supporte plus l’utilisation de l’expression « mourir dans la dignité » pour promouvoir l’euthanasie.
    Et si mourir dans la dignité c’était, justement, continuer à être hydraté et nourri ? Et si mourir dans la dignité, c’était pouvoir faire face à sa propre mort (en maîtrisant si possible la souffrance physique) au lieu de chercher à l’escamoter ? L’homme a certainement la force de regarder sa propre mort dans les yeux sans qu’on la lui vole.
    Priver quelqu’un de sa nourriture sur son lit de mort, c’est cela selon moi qui est indigne et barbare. Jeter aux médias les déchirements de la famille, c’est cela qui est indigne. Arguer du fait que les parents de Vincent Lambert pourraient être influencés par leur religion dans leur insistance pour que leur fils vive, c’est cela qui est indigne. La volonté de l’épouse de voir les autorités autorisées à tuer son mari, en la dédouanant de toute responsabilité, c’est cela qui est indigne. Qu’un médecin se fasse le chantre de ce geste de tuer un de ses patients, c’est bien cela qui est indigne.
    Devant tant d’indignités et de bassesses, qui rabaissent l’homme en le transformant en être irresponsable, défiguré par la peur de la mort, il est urgent d’attendre, je suis bien d’accord avec vous Philippe Bilger.
    Laissez Vincent Lambert tranquille !

  38. Garry Gaspary

    Il y a une profonde différence à faire entre l’existence humaine et la vie humaine.
    Si l’humain a une quelconque dignité particulière, elle ne peut se définir dans le simple fait de vivre, au sens biologique du terme, mais dans celui d’exister humainement, c’est-à-dire comme un être apte à se projeter consciemment vers ce qu’il désire.
    C’est cette existence qui doit être sacrée pour une civilisation humaine sortie de l’absurdité de l’obscurantisme qui sacrait l’âme humaine sans même savoir ce qu’elle était !
    C’est par rapport à la définition de cette existence humaine et de son caractère sacré que le droit à l’avortement est légitime, que le crime contre l’humanité imprescriptible. Que la peine de mort trouve la raison d’une abolition, que la prison à vie pose un problème civilisationnel.
    Enfin, que la mort dans la dignité trouve un sens.

  39. Franck Boizard

    Je me sens comme un vieux Romain qui voit son monde s’écrouler.
    Deux choses me gênent, au-delà de la discussion générale sur l’euthanasie :
    > qu’une décision de vie ou d’un mort d’un innocent soit prise par des juges.
    > qu’on s’appuie pour cela sur de prétendues certitudes scientifiques. La science est beaucoup plus incertaine, c’est même une méthode pour gérer l’incertitude, que ne le croie le public qui en fait une idole.

  40. Chaque jour, en conscience, des médecins dans les hôpitaux prennent des décisions difficiles. Ils agissent collégialement dans le cadre de la loi Leonetti. Il me semble qu’ils sont mieux à même de se prononcer qu’un juge administratif. Ce cas douloureux est monté en épingle sur fond d’intégrisme religieux et d’antagonisme familial. Effectivement, au point où nous en sommes, les juges administratifs vont devoir exercer un droit de vie ou de mort. Inhabituel et dérangeant.

  41. @Hermione
    de nous entraîner avec des mots tels que « culture de mort » dans son sillage.
    _________________________________________
    Cette attitude montre que vous tentez de vous leurrer vous-même en refusant de voir la vérité en face.
    Quand une société s’acharne à tuer les êtres humains qui ne correspondent pas à ses normes au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes (telle ou telle maladie, tel ou tel problème pratique etc.), en donnant la priorité à la mort sur la vie, n’est-elle pas tombée de fait dans la culture de mort ?
    Allons plus loin.
    De nos jours les belles âmes se permettent de dénier le caractère d’appartenance à l’humanité aux gens qui sont plongés dans le coma, aux embryons, aux trisomiques, demain aux vieillards etc., en résumé aux « gêneurs ».
    Mais au fait, n’était-ce tout simplement pas l’attitude des Nazis, qui déniaient à toutes ces catégories le statut d’êtres humains, en ayant selon la même logique ajouté à cette liste certaines catégories raciales ?
    Eh oui, dénier à un homme sa qualité intrinsèque d’être humain, quelles que soient les circonstances, c’est s’inscrire dans la lignée des théories nazies…

  42. Tout en avouant ne pas bien connaître le fond de cette triste affaire, je m’interroge en mettant en parallèle deux cas cliniques considérés, par le corps médical, comme graves.
    Dans le premier, celui qui est l’objet du billet, il semblerait que ce soit la famille qui, pas d’accord sur le principe de dignité de leur frère, cousin, ou fils, fait assaut de procédures diverses pour satisfaire leur propre examen de conscience.
    Qui a raison, qui a tort, difficile de le savoir et la décision, pour qu’elle soit apaisante, sinon satisfaisante, serait que TOUTE la famille fasse bloc pour le mieux-être de cet homme.
    Dans le deuxième cas nous avons Michael Schumacher. Là, visiblement, l’organisation autour du blessé est plus feutrée et, surtout, pas médiatisée, et la famille fait bloc pour le bien-être de la personne aimée.
    Pourtant personne ne sait si M. Schumacher reviendra dans le monde de ses proches, ils font juste le pari que, tant qu’il ne souffre pas il fait encore partie de leur monde.
    Pour moi je ne vois pas où est la « morale » dans tout cela. Je ne vois que deux points de vue différents sur la façon d’appréhender le vide que laisse celui que l’on aime, lorsqu’on ne peut plus communiquer avec lui pour qu’il nous dise : « je préfère cela à cela… »
    Pourquoi ne peut-on se résoudre à dire, comme Péguy :
    « Le fil n’est pas coupé. La mort n’est rien. Je suis seulement passé dans la pièce à côté.
    Je suis moi, vous êtes vous. Ce que nous étions les uns pour les autres, nous le sommes toujours (…) »

  43. @ Sandrine
    « Laissez Vincent Lambert tranquille ! »
    Vous avez raison laissons Vincent Lambert tranquille. Pour cela retirons-lui les appareils médicaux qui maintiennent les fonctions essentielles de son corps, alors que son esprit est déjà ailleurs.

  44. « Le fil n’est pas coupé. La mort n’est rien. Je suis seulement passé dans la pièce à côté.
    Je suis moi, vous êtes vous. Ce que nous étions les uns pour les autres, nous le sommes toujours (…) » Péguy
    Rédigé par : breizmabro | 23 juin 2014 à 11:37
    Enfin une citation qui élève le débat, bravo breizmabro.
    On notera au passage le silence assourdissant de notre sainte mère l’Eglise… Où est donc notre archevêque de Paris ? Notre Jean 42 ou avoisinant ? Il a un nom de formule 1, impossible de me rappeler de son nom… Il ne passe chez Elkabbach que lorsque le Pape va faire une tournée quelque part…
    Ah, l’Eglise aéronautique !…

  45. @Achille
    Non.
    Vincent Lambert n’a plus aucun appareil médical maintenant ses fonctions. Vous ne connaissez pas le dossier. Il n’a plus qu’une sonde gastrique destinée à le nourrir. La retirer, c’est priver de nourriture un mourant : une véritable honte indigne de ce que nous croyons être.

  46. Je trouve obscène de maintenir en vie le corps de Vincent Lambert et de médiatiser son cas comme on exposerait un monstre humain dans une fête foraine.
    Peut-on croire que son âme siège encore dans son corps ? Car c’est ça la vraie question à se poser, avant de trancher la question judiciairement.
    J’emploie volontairement le verbe « croire » car nous sommes aux confins entre la foi, la science et la justice.
    Personnellement je crois que son âme a déjà quitté ce corps inanimé sans activité cérébrale, maintenu en vie artificiellement et dont l’état a été évalué comme irréversible. Mais comment être certain que son âme a déjà quitté son corps ? Si l’âme a quitté le corps, maintenir en vie des organes dans un corps inerte a-t-il un sens ? Si ce n’est pour se prouver que l’Homme est capable de dépasser la nature ? Si ce n’est pour cultiver des organes sains potentiellement destinés à une greffe vers autrui ? Serait-il autorisé, serait-il décent, de voir et de savoir ce corps vivant amputé de ses organes au fur et à mesure des besoins en greffes des autres patients ?
    En ce qui me concerne, mes proches savent que je voudrais mourir plutôt que de continuer à vivre artificiellement. Rendre mon âme à Dieu, et donner mon corps à la science…

  47. Alex paulista

    On parle ici de ‘culture de la mort’. C’est bien du contraire qu’il s’agit. Nous sommes dans une culture de négation de la mort. La population vieillit, on mange du faux-filet à tous les repas, mais on préfère se taper la bascule et militer contre la corrida.
    Je mentionne les animaux parce que si leur mort nous est devenue inregardable, c’est par pur antropomorphisme.

  48. @ Sandrine : « Laissez Vincent Lambert tranquille ! »
    Je crois que lui, il l’est, depuis longtemps, tranquille, ce sont les autres qui vibrionnent autour de lui reprenant à leur compte la célèbre phrase de Cocteau :
    « puisque ces mystères nous dépassent feignons d’en être les organisateurs »

  49. Si on veut bien me pardonner d’aborder une question autre que celle proposée, j’appellerais la sagacité des lecteurs sur un aspect du texte de l’accord concernant Alstom.
    Nous avons entendu le ministre se féliciter que l’État ait obtenu une option sur 20% du capital d’Alstom, option consentie par Bouygues.
    Un membre de phrase de l’accord définit l’enjeu:
    « ….l’État dispose d’une option d’achat d’un maximum de 20% du capital d’Alstom détenu par Bouygues… »
    Si j’étais le gouvernement et si j’avais voulu que Bouygues s’engage au delà de 4%, j’aurais rédigé un autre texte.

  50. Yves | 23 juin 2014 à 13:04
    Ça c’est un coup à faire ressusciter Vincent Lambert, il va se précipiter pour acheter des actions. Tiens, la Médecine n’y avait pas pensé, la Bourse et la Vie…

  51. @Garry Gaspary
    « par rapport à la définition de cette existence humaine et de son caractère sacré que le droit à l’avortement est légitime… »
    C’est justement le contraire. Et si la dignité était « aussi » d’être responsable, donc d’assumer une grossesse et de ne pas avorter ?…
    C’est le caractère sacré de la vie, dont vous parlez, qui justifie de ne pas avorter. Et d’aider les femmes enceintes au lieu de leur faire ce terrible croche-pied. Dont beaucoup ne se remettent pas.

  52. Je vais peut-être choquer mais l’obstination déraisonnable proscrite par la loi Leonetti à forcément un coût.
    Il est en conséquence naturel de se poser la question de qui doit supporter ce coût.
    La société ou la partie de la famille qui maintient son veto à une préconisation médicale ? Si les juges estiment que la décision n’est du ressort que du corps médical, cet élément « bassement matériel » sera-t-il pris en compte ? L’avenir le dira… ou pas.

  53. @RF
    « peut-on croire que son âme siège encore dans son corps ? »
    Oui bien sûr, puisqu’il lui arrive de sourire ou de pleurer !… Aucun doute.
    Ce qui est obscène, c’est votre proposition de garder son corps tout chaud pour donner ses organes à la science.
    Il y a de grands handicapés qui communiquent à peine et qui pourtant veulent encore vivre. Rendez-vous quand vous serez dans ce cas, on verra si vous n’avez pas changé d’avis et si vous êtes toujours d’accord pour être dépecé vivant et donner vos organes un à un…

  54. @Franck Boizard
    Mais ne m’obligez pas à dire que c’est bien, ne me tartinez pas de « mourir dans la dignité », ne m’empêchez pas de professer ma conviction profonde : c’est une horreur, un crime contre l’humanité.
    ___________________________________________
    Sur ce point précis, je ne puis que vous rejoindre.
    Vous avez parfaitement saisi la gravité de la question.
    Bien des crimes contre l’humanité ont été commis non pas par des bourreaux mais par des gens ordinaires qui avaient la conscience tranquille, confortée par une multitude de bonnes raisons plus ou moins spécieuses.

  55. Vincent Lambert respire seul, il a juste une sonde gastrique pour le nourrir. Je ne vois pas où se situerait l’acharnement thérapeutique. Vincent Lambert se trouve aujourd’hui dans un coma dit « pauci-relationnel », plus précisément en état dit de « conscience minimale plus ». Il bouge les yeux, ressent la douleur, sans qu’il soit possible de savoir s’il comprend ce qu’on lui dit.
    J’ai regardé des photos de Vincent Lambert sur Google Images. Indécence ? Non, besoin de comprendre. En aucun cas Vincent Lambert ne ressemble à ces cancéreux incurables dans une fin de vie faite de souffrances atroces. Maintenant, il y a les apparences, et sa réalité, que nous ignorons. Faudrait-il pour autant le condamner à mort, sur décision des médecins, et de son épouse ?
    Le refus d’un acharnement thérapeutique signifié par quelqu’un en très bonne santé n’a que peu de valeur en situation, certains changent d’avis quand l’heure est grave.
    Sur les photos, sa mère se trouve à son chevet. En qualité de mère, à aucun prix je ne voudrais que soit décidée une sédation qui emporterait mon fils dans la mort, même s’il devait rester des années dans un état végétatif tranquille.
    Une vie est une vie.
    L’ancien footballeur Jean-Pierre Adams vit depuis trente ans dans le coma, veillé avec amour par sa femme Bernadette.

  56. @Parigoth
    Je ne comprends pas le sens de votre interpellation : parce que j’ose penser à celle qui est vivante, je préconise le débranchement de celui qui en est l’origine ? Vous ne m’avez pas lu, j’imagine.
    D’habitude, j’aime assez vos positions, mais là, c’est ce que Popper aurait appelé une falsification de l’hypothèse.
    Par ailleurs, en utilisant un vocabulaire volontairement réducteur, vous ne donnez pas aux interrogations de chacun la valeur qui s’y attache.
    Se trouve ainsi démontrée la nécessité d’avoir recours à des juges pour ne pas laisser le débat s’enfoncer. Des juges administratifs, autant que possible, car les juges judiciaires n’ont, à mon humble avis, pas la culture pour aborder ce sujet, marqués qu’ils sont par le droit pénal, les situations civiles triviales et surtout leur entraînement à tout traiter en phrases sèches et denses. Le style administratif me paraît préférable, ou le style européen, mais qui a l’inconvénient, par le rapport des opinions dissidentes, d’emprunter des parcours sinueux. Or, il faudra être clair, compréhensible, comme le souhaitait Pierre Drai, même par son concierge.

  57. « Peut-on croire que son âme siège encore dans son corps ? » RF
    « Oui bien sûr, puisqu’il lui arrive de sourire ou de pleurer !… Aucun doute », assène Sandrine qui nous réinvente l’anatomo-physiologie.
    Si ça continue ainsi sur ce blog, on va virer en seconde controverse de Valladolid entre Sandrine et les sœurs Semtob, arbitrées par le grand inquisiteur Nebout…
    Heureusement que Savo fait passer du protoxyde d’azote dans les tuyaux.

  58. @sandrine
    Oh là, tout doux.
    Vous m’avez mal compris ou je me suis mal exprimé.
    Je ne suis pas dans l’affirmation, je suis dans le questionnement.
    Je ne préconise pas de cultiver des organes dans un corps chaud anesthésié pour ensuite dépecer ce corps au gré des besoins médicaux. Loin de moi cette perspective effrayante. Ce que je veux dire, c’est que dans la mesure où toutes les sensations du corps sont définitivement abolies, dans la mesure où le cerveau est mort, ce qui voudrait dire que l’âme a quitté le corps, je crois que dans ce cas-là il est insensé et contre-nature de lutter contre la mort corporelle.
    Et je pose cette question : à quoi sert-il de maintenir en vie un corps si son âme ne l’habite plus ? D’où mon interrogation sur la jouissance de l’Homme supplantant la nature, puis ma question sur les greffes d’organes provenant d’un corps inanimé mais vivant.
    Enfin, vous dites que Vincent Lambert sourit et pleure. Ces manifestations émotionnelles, dans son cas, sont-elles commandées par son cerveau (donc volontaires) ou naissent-elles de décharges électriques produites par le système nerveux périphérique (donc involontaires) ? Si ses pleurs sont conscients et voulus, pourquoi pleure-t-il ? Se rend-il compte de son état ? Pleure-t-il par empathie et par compassion pour sa femme et ses proches ? Pleure-t-il de les voir souffrir à cause de son état ? Pleure-t-il à cause de leurs pleurs actuels et futurs ? Pleure-t-il par peur de sa propre mort ? Pleure-t-il parce qu’il voudrait nous dire qu’il ne supporte pas son état et qu’il veut qu’on abrège son existence ? Pleure-t-il par amour pour Dieu, pleure-t-il de joie à l’idée de Le rejoindre prochainement ?
    Si son sourire est conscient, pourquoi sourit-il ? S’accroche-t-il à la vie au point d’espérer une rémission prochaine ? Aime-t-il la vie au point d’aimer même une existence végétative ? Sourit-il, ironiquement, de la vacuité de l’existence et de la précarité de sa condition humaine ?
    L’Homme se fait une haute idée de lui-même.
    Le cas de Vincent Lambert a le mérite de nous remettre à notre place de simples mortels en proie à des doutes existentiels.
    Nous ne sommes pas immortels et il faut accepter l’idée de notre propre mort. Je crois que si on veut avancer sur ce sujet-là et dédouaner à la fois les médecins, la justice et les proches, il faudrait faire évoluer la loi dans le sens où on puisse déposer chez un notaire ou chez un huissier une attestation qui anticiperait ce genre de situation et qui ferait autorité devant un tribunal. On pourrait imaginer que l’attestation soit scellée et déposée chez l’officier judiciaire en toute confidentialité, et décachetée seulement lorsque l’intéressé serait plongé dans une situation végétative jugée irréversible par les médecins. On pourrait imaginer un texte un peu comme ceci : « Moi, M. Tartempion, je déclare m’exprimer librement, sans contrainte et être en pleine possession de mes facultés mentales et cognitives à l’heure où j’écris ces lignes, comme l’atteste le certificat médical récent, joint à la présente, qui prouve mon niveau de conscience actuelle.
    Si, par malheur, je suis plongé un jour prochain dans un état végétatif irréversible (dont le caractère d’irréversibilité sera établi par un collège d’experts médicaux et vérifié par une contre-expertise médicale), et que mon corps ne pourra plus fonctionner autrement que par une assistance médicalisée, je refuserai alors toute assistance et réclame, par anticipation, ma mort par suppression de soins. J’écris la présente pour faire valoir ce que de droit, le moment venu. »
    De cette manière, la société n’aura pas à décider de l’issue fatale, en lieu et place de l’intéressé.

  59. Garry Gaspary

    @ Sandrine
    J’avais pris la peine de bien distinguer vie humaine et existence humaine pour souligner que la dignité chez l’homme ne se situe pas dans le fait d’être simplement vivant…
    Sinon, vous parlez de responsabilité dans la dignité, pour moi, cette responsabilité ne peut s’affranchir de la volonté individuelle. L’humain ne se sent obligé que lorsqu’il est libre.
    La femme, puisque c’est plus particulièrement d’elle que nous parlons ici, n’est pas un objet sexuel, c’est pour cela que le viol est un crime. Mais elle n’est pas non plus un objet de reproduction sociale, c’est pour cela que parler d’une irresponsabilité dans le fait d’avorter me semble être une terrible offense que vous faites à la condition féminine.
    Et quand on sait (ou on se doute fortement) que vous vous permettez cette offense suite à un catéchisme que je qualifierais d’ubuesque, on est en droit de se demander si le terme de responsabilité humaine vous touche d’une façon aussi absolue que vous tentez de le laisser paraître. Je veux bien qu’on critique le droit à l’avortement, mais j’estime que votre critique ne vaut pas grand-chose tant qu’elle n’est pas éclairée par celle de la dogmatique absurde qui vous a persuadée d’une façon totalement irrationnelle que l’avortement était un mal…
    Il existe effectivement de grands handicapés qui communiquent à peine mais assez pour exprimer leur volonté de vivre, et il est clair que si c’était le cas de Vincent Lambert, son éventuelle mise à mort ne ferait pas débat. Mais il existe aussi des femmes qui se retrouvent enceintes suite à un viol.
    Je ne serais pas aussi « charitable » que vous l’avez été avec RF en m’abstenant de vous souhaiter le rendez-vous d’une leçon de vie qui vous serait pourtant bien utile à mieux saisir le problème de la responsabilité à assumer une grossesse.

  60. anne-marie marson

    @Véronique Raffeneau
    Je suis d’accord. J’approuve aussi chaque mot de ce billet.
    @genau
    …mais notre espèce n’a pas toujours existé, un jour elle disparaîtra.
    Méchante remarque, s’agissant du cas particulier de Vincent Lambert.
    Il ne s’agit pas d’une disparition, il s’agit d’une condamnation.
    @Achille et aux autres qui voudraient que Vincent Lambert meure dans la dignité
    Je comprends ce que vous voulez dire par « mourir dans la dignité ». Il faudrait que le coeur et les poumons de Vincent Lambert se décident enfin à s’arrêter tout seuls. Le problème est que le coeur et les poumons de Vincent Lambert en ont décidé autrement et qu’ils continuent à battre. Il faudra donc les arrêter.
    Et la mort n’est pas la vie : la vie est fragile et la mort dure longtemps. Il n’y a rien de miséricordieux dans l’euthanasie.

  61. « Si ça continue ainsi sur ce blog, on va virer en seconde controverse de Valladolid entre Sandrine et les sœurs Semtob, arbitrées par le grand inquisiteur Nebout…
    Heureusement que Savo fait passer du protoxyde d’azote dans les tuyaux. »
    Rédigé par : sbriglia | 23 juin 2014 à 17:47
    Bon, pour détendre un peu l’atmosphère, je propose qu’on se passe une toile : « Johnny got his gun ».
    Mais n’oubliez pas le protoxyde d’azote.

  62. Franck Boizard

    Un des textes qui m’a le plus marqué ces dernières années est celui-ci :
    Hitler a gagné
    Jacques Ellul y explique qu’Hitler a gagné la guerre politique. Il a perdu la guerre militaire mais il a gagné la guerre politique car ses idées se sont imposées.
    Je me rappelle que les nazis appelaient la mise à mort des handicapés la «mort compatissante» (est-ce si loin de la «mort dans la dignité» ?) et que le programme d’euthanasie des anormaux a été lancé à l’occasion de la demande d’une mère qui voulait abréger les souffrances de son fils gravement handicapé.
    Comprenez-moi bien : je ne cherche pas à gagner un point Godwin facile. Je ne cherche pas à disqualifier mes contradicteurs par un amalgame inapproprié.
    Je pense réellement que les partisans de l’euthanasie, qui sont aussi, peut-être sans en avoir pleinement conscience, des partisans de l’eugénisme (car l’avortement est une forme d’eugénisme) donnent raison à Hitler. Par certains côtés, ils partagent la même obsession de la race, mais inversée : là où Hitler exaltait la race pure, ils exaltent le métissage, comme on a bien vu en pleine crise d’obamania, où le métissage devenait une qualité en soi.
    Cela ne signifie pas, bien entendu, que je traite les partisans de l’euthanasie d’hitlériens conscients et assumés. Mais il faut avoir à l’esprit cette parenté des idées lors de ce débat, surtout venant de gens qui portent à la moindre occasion l’antifascisme en bandoulière. Elle ouvre un gouffre sous nos pieds.

    ———————–
    J’ai lu à propos du débat qui nous occupe une phrase de Bernanos : « L’homme moderne a la tripe sensible et le coeur dur. » Avec l’à-propos du génie, Bernanos a résumé en ces quelques mots mon sentiment. Comme on ne supporte pas de voir les souffrances (la tripe sensible), on est prêt à tuer sans barguigner un homme (le coeur dur).

  63. @genau
    Je ne comprends pas le sens de votre interpellation : parce que j’ose penser à celle qui est vivante, je préconise le débranchement de celui qui en est l’origine ?
    Disons, pour simplifier, que le fait de diverger du cas de Vincent Lambert (ou équivalent) sur sa famille pour faire pleurer dans les chaumières introduit une confusion reposant plus sur l’émotion que sur la raison et fausse la logique de la réflexion.
    Un médecin soigne avant tout un homme particulier atteint d’une maladie, pas sa famille, même si bien entendu il veillera à la ménager avec tact.
    Si les membres de la famille éprouvent des troubles, le soin porté à ces derniers sera dissocié de ceux qui sont consacrés au patient principal, et traités de façon individuelle.
    Quant à mon vocabulaire « réducteur », il se borne à décrire la réalité des choses, loin des circonlocutions inspirées de la langue de bois employées dans notre monde employant le mensonge pour masquer des réalités inflexibles.
    Par exemple, ce n’est pas en appelant un aveugle un « non voyant » qu’on lui rendra service.
    Et puis si par exemple j’emploie à dessein le verbe « tuer », c’est pour rappeler la dure réalité correspondant à certains euphémismes aussi trompeurs que des slogans publicitaires.
    Ainsi, le prétendu « mourir dans la dignité » correspond en pratique à un meurtre, ce n’est pas la peine de se cacher derrière son petit doigt.
    Tous ces amphigouris ne sont là que pour nous leurrer et pour nous faire commettre le pire avec bonne conscience.
    Enfin la question de faire trancher le problème par des juges administratifs ou judiciaires n’est absolument pas pertinente, c’est un peu comme si on vous demandait si vous préférez qu’on vous coupe le cou avec une guillotine en chêne ou bien avec une guillotine en acajou.
    La réponse est : ce n’est pas du ressort des juges, ni de quiconque d’autre d’ailleurs.
    ———————————
    Philippe Pozzo di Borgo, tétraplégique : J’ai assisté avec une sourde appréhension à un débat sur le « droit à mourir dignement », comme si au menu de la vie on pouvait choisir la mort, être euthanasié quand la vie n’est plus une vie, quand le mal incurable ne vous laisse plus rien espérer de l’existence. Est-ce vraiment une liberté nouvelle que de disposer d’une vie qui aurait perdu les attributs de la dignité ? L’homme, après s’être rendu maître de la nature, se rendrait maître de la mort ; après l’abolition de la peine de mort, serait-ce l’abolition de la peine de vie ? (…) Redonnons un peu de fraîcheur au mot de dignité, ne réduisons pas la dignité à la dignité d’apparence. Notre vivre-ensemble est fait de liberté entendue comme responsabilité, d’égalité devant la considération, de fraternité à l’égard des plus faibles et de solidarité dans l’épreuve. La dignité est le respect dû à la personne : ne touchez pas l’Intouchable ! http://www.ouest-france.fr/node/2645785

  64. Monsieur,
    J’ai lu votre article sur Boulevard Voltaire, mais comme il m’est impossible de vous répondre sur ce site puisqu’il faut obligatoirement passer par facebook, j’ai cherché et trouvé votre blog et me permets donc de vous répondre sur celui-ci.
    Je partage entièrement votre opinion : il y a peut-être peu de personnes qui pensent vraiment que Vincent Lambert est une personne, qu’il est peut-être plus ou moins conscient de ce qui se discute autour de lui et que, même s’il ne l’est pas, mieux vaut, dans l’incertitude, choisir d’attendre plutôt qu’une condamnation à mort, évidemment irrémédiable.
    On peut comprendre que sa jeune épouse, qui depuis des années est liée par le mariage à un homme qui ne peut lui rendre de façon sensible son amour, ait fini par se persuader qu’il vaudrait mieux « pour lui » (mais son inconscient n’oublie pas que ce serait surtout « pour elle » ; je dis son inconscient, parce que je ne pense pas qu’elle fasse quelque vilain calcul que ce soit). On comprend moins que le médecin ait décidé de sa mort bien avant d’avoir même les éléments plus ou moins incertains dont le Conseil d’État dispose aujourd’hui. Il est encore plus difficile de comprendre qu’il ait pris cette décision de façon si ferme qu’il a cru pouvoir se passer des dispositions légales en pareil cas, qu’il n’a cessé de faire appel des décisions de justice contredisant sa volonté de mort et qu’il a toujours refusé le transfert de Vincent dans un établissement plus adapté à sa situation, situation où il avait une place et où on l’attendait. Ne serait-il pas plus le médecin de l’épouse dont il veut soulager les souffrances, que celui de Vincent qu’il estime inconscient ?
    J’ai connu un médecin qui a souffert d’une assez longue période de coma apparemment profond dont il a fini par se réveiller quand l’obstination des chirurgiens qui le suivaient après la chute qui avait entraîné ce coma a porté ses fruits et qu’il s’est réveillé : il a affirmé (je le tiens de lui-même) que tout au long de cette période de coma, sauf quand il dormait, il était totalement conscient de ce qui se passait autour de lui et en particulier, qu’il avait diagnostiqué la cause exacte de son coma et s’étonnait que ses confrères ne l’entendent pas le leur crier. Cet exemple suffit pour me convaincre qu’il n’est pas impossible que Vincent soit conscient et qu’il puisse redouter qu’on mette fin à sa vie.
    Je pense donc qu’il est plus important de se soucier de Vincent que de la très réelle souffrance morale qu’éprouvent certains de ses proches en le voyant dans une situation où il se pourrait, comme le dit le rapporteur public, qu’il soit emmuré dans son propre corps, dans une terrible solitude. Ce qui n’est qu’une hypothèse entre beaucoup d’autres et ne me paraît pas, pas plus que la prétendue « indignité » de sa vie actuelle, de nature à justifier sa mise à mort. Car, pas plus que vous, je ne suis prête à estimer que la dignité de la vie humaine tient à la santé ou à la maladie, à l’âge ou à toute autre caractéristique. Sinon, il faudrait se dire qu’un Goering pétant de santé avait plus de dignité que les déportés cachectiques et mourants…
    J’ai aussi le souci de toutes les autres personnes (il y en a, paraît-il, environ quinze cents en France) qui sont dans cet état qui n’est pas le coma profond, mais un état « pauci-relationnel », où il semble que la personne éprouve divers sentiments, mais ne soit pas en mesure de communiquer, si bien que l’on ignore si leurs larmes signifient peur ou chagrin, le sourire satisfaction, ou tout autre chose…
    Car si le Conseil d’État suit l’avis de M. Keller, il ne faut pas se faire d’illusions : le coût des soins à apporter à ces personnes qui, comme Vincent, ne sont ni malades, ni en fin de vie, mais seulement très gravement handicapées, est si élevé que leur condamnation à mort devrait suivre à brève échéance…
    Je n’arrive pas à oublier que Vincent et ceux qui sont dans le même état ont un organisme qui fonctionne normalement, qu’ils ne sont pas asservis à des machines qui leur permettraient de respirer et qui feraient battre leur cœur, qu’il ne s’agit donc pas de les « débrancher » d’instruments de survie artificielle, mais bien de les faire mourir de faim et de soif[*], même si on leur concède, pour leur éviter l’abominable souffrance que cela comporte (et qu’il semble que le docteur Kariger n’avait pas prise en compte quand, pendant 18 jours, jusqu’à l’intervention des parents, il l’a privé de nourriture et d’une partie de l’hydratation nécessaire), une sédation profonde. Il ne s’agit pas de « laisser mourir », mais de « faire mourir ». Allons-nous avoir une IVV (Interruption volontaire de vie), laissée au libre arbitre du médecin ?
    [*] Si Vincent Lambert est nourri et hydraté artificiellement, ce n’est pas parce qu’il serait incapable de déglutir ou que sa digestion serait perturbée, c’est seulement par crainte qu’il fasse une « fausse route » et s’étouffe. On veut donc le mettre à mort volontairement en le privant d’un moyen qui a été choisi pour éviter qu’il ne meure accidentellement !

  65. « Affaire hors du commun » certes, mais très médiatisée, il faut dire qu’il s’agit d’une question de société et ceci explique certainement cela.
    Mais alors pourquoi certains faits de société sont-ils traités avec le mépris du silence, tandis que d’autres font l’actualité ?
    J’en conclus, peut-être à tort et avec une grande naïveté, que l’affaire Lambert ne gêne pas tant que ça…
    Car enfin quel média, radio ou télévision, a consacré ne serait-ce que quelques minutes au verdict prononcé par le tribunal correctionnel de Mulhouse à l’encontre de Monsieur André Bamberski ?
    Il faut dire que la profession journalistique a été épargnée (relaxe de la journaliste autrichienne) et finalement c’est peut-être ainsi que l’on achète le silence en démocratie.
    N’y aurait-il pourtant pas là matière à développements et interrogations – un notable psychopathe étrangement épargné par la justice de son pays et une justice française peu encline, semble t-il, à faire le nécessaire – voire à une légitime indignation à l’encontre d’une justice qui ne cesse de proclamer sa volonté d’indépendance à en devenir grossièrement susceptible et méprisante à l’égard de quiconque oserait la mettre devant ses responsabilités, ou pire encore, qui oserait mettre en lumière son absence de responsabilité ?
    Car enfin pourquoi ce silence, sinon la marque d’une volonté partagée de ne pas mettre le doigt là où ça fait mal : corporations soudées, émergences de nouvelles aristocraties et recul de nos démocraties ?
    D’aucuns diront qu’il s’agit là d’un simple fait divers comme il y en a beaucoup d’autres. Peut-être. Mais alors, il s’agit d’un fait divers bigrement révélateur de notre époque.

  66. @Garry Gaspary
    Vous avez pris la peine de distinguer vie humaine et existence humaine « pour souligner que la dignité chez l’homme ne se situe pas dans le fait d’être simplement vivant… » ??
    Vous avez tort. C’est une ânerie. Car la dignité de l’homme se situe dans le fait même d’être simplement vivant. Nous n’avons pas à juger de quelle manière il vit. Demandez aux organisations humanitaires ce qu’elles en pensent, au Darfour ou ailleurs. Demandez aux boat people qui arrivent à Lampedusa s’ils ne sont pas contents d’être « simplement vivants ».
    Un nourrisson a autant de dignité humaine que n’importe quel savant ou prix Nobel.
    L’humain ne se sent obligé que lorsqu’il est libre ? C’est vrai. La femme n’est pas un objet de reproduction sociale, exact aussi.
    Une offense de vouloir des gens responsables ? Vous y allez fort. Et vous avez tort de croire que c’est pour obéir à un dogme, oh là là ! Nulle trace d’idée religieuse en moi sur ce sujet, détrompez-vous. Juste une évidence qui s’impose. J’ai passé l’âge de l’obéissance aveugle à une religion ou à un dogme, figurez-vous. D’ailleurs chez les cathos on ne demande pas une obéissance aveugle mais l’usage de la raison.
    « Mais j’estime que votre critique ne vaut pas grand-chose tant qu’elle n’est pas éclairée par celle de la dogmatique absurde qui vous a persuadée d’une façon totalement irrationnelle que l’avortement était un mal… »
    Dogmatique absurde ? totalement irrationnel ?…cékoissa ? Vous êtes sûr que ce n’est pas ce que vous écrivez, qui est un charabia irrationnel ?
    Et de mieux en mieux : « Je ne serais pas aussi « charitable » que vous l’avez été avec RF en m’abstenant de vous souhaiter le rendez-vous d’une leçon de vie qui vous serait pourtant bien utile à mieux saisir le problème de la responsabilité à assumer une grossesse. »
    Sachez que le problème de responsabilité à assumer une grossesse, je connais, je suis mère de famille nombreuse, d’enfants tous désirés. Un peu tard pour le RDV de vie que vous me souhaitez !… Et je le maintiens : l’homme et la femme doivent assumer ensemble ce qu’ils font, et qui n’est pas anodin. Une grossesse ne s’attrape pas comme la grippe et ne passe pas avec un doliprane. Si on ne veut pas d’enfant, il faut prévoir. La contraception n’est pas faite pour les imbéciles. A se demander si vous en avez jamais entendu parler. Dès lors, votre fameux « droit à l’avortement » (???) n’est qu’un faux problème. Un scandale, en fait. A l’époque de l’abolition de la peine de mort, on avorte, et on abrège des vies en faisant mourir de faim des malades : on est tombé sur la tête.
    @RF
    Je crois que j’avais compris, mais vos propos m’ont ouvert ce sinistre horizon-là, pourquoi en effet n’en arriverait-on pas à de telles extrémités de pauci-relationnels voués aux dons pour greffes, puisqu’on est déjà fortement dans l’absurde orwellien ?… Vos interrogations sur les réactions de Vincent sont intéressantes. Sourit-il ou est-ce un réflexe ? Eh bien je répondrais, dans le doute, abstenons-nous de l’euthanasier. Passons à la suite, vous préconisez la possibilité de déposer un texte chez un notaire. Mais je vois tout de suite l’un des problèmes : supposez qu’il y ait une guerre civile et que des gens cherchent à vous faire disparaître parce que vous les gênez, étant dans le mauvais camp. Des esprits malintentionnés pourraient fabriquer de toutes pièces un document signé RF et demandant la mort. Certains milliardaires craindront jour et nuit que leurs proches imitent leur signature… Et vous voyez le risque dans un Etat totalitaire ? Et on pourrait aussi bien décider qu’à partir de tel ou tel âge les gens coûtent trop cher et qu’il faut les éliminer. J’avais lu une nouvelle à ce sujet. Une femme en excellente santé devait passer devant une sorte de tribunal pour une prolongation de vie. Et elle savait que cette fois elle ne l’obtiendrait pas. Cette nouvelle était peut-être prémonitoire de certaines dérives que nous allons connaître… Il ne faut pas trop jouer aux apprentis sorciers.

  67. Petite précision : mon post d’aujourd’hui à 18:19 s’adressait à Sandrine.
    Sandrine, je vous prie de m’excuser pour mon manque de précision quant à la destination de mon message.

  68. Sandrine,
    L’épreuve de Vincent Lambert n’est pas seulement son épreuve à lui. C’est une épreuve pour nous tous parce qu’elle interroge notre conception personnelle de la vie et de la mort. Une épreuve aussi et surtout pour ses proches qui se déchirent au-dessus de son chevet, et pour les professionnels qui sont amenés à se prononcer sur son avenir. Je n’aimerais pas être à la place des experts et des juges qui sont en charge de cette affaire, parce que j’en sortirais avec un énorme poids sur la conscience, quelle qu’en soit l’issue. C’est pourquoi il faudrait parvenir à prendre en compte la volonté du patient lorsque celui-ci était lucide, en pleine possession de ses moyens, et en état d’exprimer librement sa volonté par rapport à un futur hypothétique de vie végétative.
    J’ai pensé, comme vous, aux inconvénients d’un dépôt chez le notaire.
    Certes, anticiper sa propre déchéance future présente des risques et des dangers. Mais la vie elle-même n’est-elle pas, en définitive, un danger de mort, puisque la vie se solde de toute façon par la mort ?
    Un régime totalitaire repose sur l’arbitraire et sur le principe élémentaire du « qui veut noyer son chien l’accuse de la rage ». Il faut partir du principe que nul n’est à l’abri dans un régime totalitaire. D’ailleurs, on n’est pas plus à l’abri d’une personne mal intentionnée qui veut vous faire la peau pour toucher votre héritage.

  69. Jean-Paul Richier

    Bonjour M. Bilger,
    La mission du Défenseur des Droits, en France, est sans doute plus décorative que la mission de la Defensoria del Pueblo en Amérique Latine.
    Mais la société humaine est aussi faite de symboles.
    D’accord, les arguments qui circulent contre la nomination de M. Toubon sont souvent tronqués.
    A commencer par ceux que mettent en avant les auteurs de la pétition à son encontre.
    Sur les deux premiers arguments mis en avant (opposé à la loi d’abolition de la peine de mort de Robert Badinter, et opposé à la dépénalisation de l’homosexualité), je les commente en première partie de cet article.
    Sur les deux autres arguments, j’ajouterai les commentaires suivants :
    opposé à la création du délit de révisionnisme ?
    La PPL de M. Gayssot et coll tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe, qui introduisait notamment dans la loi du 29 juillet 1881 un article 24 bis réprimant le révisionnisme, avait donné lieu en 1990 à l’Assemblée, entre gauche et droite, à des échanges virulents, des invectives, et autres interruptions. C’est l’Assemblée qui la vota seule finalement, le Sénat ayant à trois reprises annulé sa délibération par la même « question préalable« . La gauche vota pour comme un seul homme, et la droite (dont M. Toubon) vota contre comme un seul homme. La même PPL eût été présentée par des députés RPR que bien entendu les votes eussent été inversés, ainsi va la politique…
    Beaucoup font aujourd’hui référence à la « loi Gayssot » comme à un texte sacré, mais non seulement son adoption n’alla donc pas de soi, mais encore de nombreux historiens (voir par exemple l’association Liberté Pour l’Histoire) restent résolument opposés aux « lois mémorielles », ces lois visant à définir une fois pour toute l’histoire. Et j’avoue que c’est également ma position.
    montré favorable aux commandos anti-IVG ?
    Les commandos anti-IVG faisaient partie du projet de loi d’amnistie présenté à l’Assemblée par M. Toubon en tant que garde des Sceaux le 27 juin 1995, suite à l’élection de M Chirac.
    Cette inclusion était probablement due à la pression des lobbies anti-IVG, très actifs cette année 1995, mais M. Toubon accepta sans réticence l’amendement socialiste qui les excluait de l’amnistie.
    Rappelons par ailleurs que le même Toubon, dès le 5 juillet demanda au parquet de Paris de faire appel de la relaxe par le tribunal correctionnel de Paris des neuf membres d’un commando anti-IVG.
    En revanche, lorsque vous balayez d’un revers de main « sa conception minimaliste de l’indépendance du parquet« , là, je trouve que vous allez un peu vite, M. Bilger.
    Je m’étends un peu sur cet aspect dans la deuxième partie de mon article.
    Si je ne m’abuse, vous étiez avocat général à la cour d’assises de Paris durant le ministère de M. Toubon.
    Même si vous n’avez pas eu à traiter personnellement d’affaires impliquant la famille RPR, n’auriez-vous jamais entendu de commentaires sur les façons de faire de Jacques Toubon, d’Alexandre Benmakhlouf ou de Gabriel Bestard ?
    Allez, vous n’êtes plus lié par de devoir de réserve, M. Bilger…

  70. Cher Philippe,
    Nous aimerions qu’avant de prendre une décision, car de cette décision qui devrait être suspendue personne ne sait mesurer les conséquences, les futurs assassins ou les futurs sages entendent les discours de grands brûlés, de personnes dialysées ou encore de victimes de guerre.
    Si l’Etat prend une décision de non assistance à personne en danger autant qu’il le fasse en toute connaissance de réalité.
    Que les parlementaires aillent faire des séances de rythme avec de jeunes enfants hydrocéphales et voir si ceux que des intellectuels nomment légume ou plante verte n’ont pas malgré leur incapacité à verbaliser et à voir ce qui les entoure des émotions et des rires, des pleurs qui ont toute la dignité et la chaleur des hommes.
    Ce que nous disons n’est pas l’histoire de la Belle au bois dormant, mais nous soulignons que cet homme pourrait sans doute beaucoup apprendre à tous les scientifiques.
    Des nourrissons savent se laisser mourir et si ce jeune homme garde espoir de vie, nous devons l’entendre.
    L’Etat doit se comporter comme une mère attentive aux émotions, aux pulsions de vie qui sont à l’oeuvre dans ce que l’on peut entendre.
    Nous pensons que l’âme existe avant le corps matériel et qu’elle accompagne le corps dans la vitalité comme dans le handicap. La nature l’aide à vivre. Son âme aussi. Les prières de ses proches et de nombreuses personnes autour de lui le soutiennent.
    Il existe de nombreuses communications possibles qui ne sont pas du domaine de l’Etat.
    Ce que j’essaye de dire et de faire comprendre c’est que :
    Si je ressens la douleur, alors je ressens aussi, la caresse du vent, la chaleur des rayons du soleil, les baisers de mes proches. Je peux quelquefois entendre sans pour autant avoir la possibilité de répondre et considérer les paroles qui m’entourent comme un bain de sécurité.
    Je peux aussi avoir un enfant ou plusieurs et c’est le cas de nombreux militaires.
    Je peux entendre la musique, de l’opéra au rap, suivre les vibrations qui m’entourent, retrouver les miens dans l’espace de rêve, faire du sport, retrouver des sensations de conduite. Eh oui, la peau a une mémoire, l’os également. Ceux qui pensent que le cerveau ne se trouve que dans la boite crânienne n’ont pas lu le moi-peau, le monde personnel du nourrisson.
    Ceux qui n’ont jamais exploré le monde intérieur de la relaxation ne peuvent pas envisager la richesse de ce domaine. Et pourquoi ce domaine serait-il moins digne que des démonstrations de puissance de mouvement ? Le monde émotionnel est encore à découvrir dans sa presque totalité.
    Vivre d’une autre façon peut revêtir d’autres joies, d’autres peines.
    Vivre, survivre encore, c’est un droit.
    françoise et karell Semtob

  71. @RF
    Il y a un autre inconvénient au dépôt de la volonté chez le notaire : on peut changer d’avis ! Supposez quelqu’un qui réclame sa propre mort. Il change d’avis mais n’a pas le temps de rectifier le document. On le mettra à mort alors qu’ayant changé il réclame la vie ?…
    Non vraiment il y a trop de possibilités de dérives pour qu’on les favorise ainsi. De plus à une époque où on a enfin à peu près découvert comment lutter contre la douleur ! Car c’est la douleur le problème.
    Je suis persuadée que nous souffrons plus de la mort des autres que de notre propre mort. C’est d’ailleurs cette impossibilité de supporter la mort de son mari qui anime l’épouse de Vincent Lambert.
    La vie ne se solde pas par la mort, du moins pas pour ceux qui depuis Socrate et même depuis plus longtemps encore, croient qu’il y a une vie après la mort. La mort n’est qu’un passage. Il faut se consoler de notre propre mort.
    Vous n’aimeriez pas être à la place des juges, moi non plus mais ce n’est pas un argument, ou plutôt cela prouve bien qu’on a tort de mettre ce problème sur le dos des juges : laissons donc faire la nature.
    Mais je ne suis pas non plus pour l’acharnement thérapeutique. Ce n’est d’ailleurs pas le problème puisque Vincent Lambert ne reçoit pas de soin ! Assimiler la nourriture à un soin est un abus. La nourriture est ce qu’on doit à tout être humain, même aux portes de la mort.

  72. Mary Preud'homme @ Sandrine

    Votre commentaire fait du bien Sandrine.
    Tout ceci me rappelle ce qui est arrivé à Cécile de Cherisey à la suite d’un grave accident en 1983 suivi d’un coma de 7 mois. Durant tout ce temps et la lente rééducation à laquelle personne ne croyait au tout début, sinon sa mère et quelques proches, notamment son frère Laurent, il a bien fallu que ces derniers résistent à tous les oiseaux de mauvais augure, à tous les raisonnements pessimistes et mortifères. Tenir la vie de Cécile à bout de bras, se faire passeurs d’espoir, convaincre, susciter l’adhésion et remuer ciel et terre afin de créer un environnement stimulant pour Cécile, l’aider à retrouver goût à la vie, à se mouvoir même maladroitement, à parler, chanter etc. avec l’aide de dizaines de bénévoles se relayant chaque jour. Quelle somme de courage et d’amour il a fallu pour constituer cette magnifique chaîne de l’espoir qui est devenue aujourd’hui une association d’handicapés et de valides qui se retrouvent dans un partage d’activités où chacun a l’impression de recevoir bien plus qu’il ne donne.

  73. J’ai attentivement lu votre billet (mais pas les commentaires aussi fournis que nombreux, demain sans doute).
    D’accord avec vous, je regrette cependant que vous n’ayez pas noté la coïncidence avec le procès Bonnemaison. D’un coté le dépressif tout-puissant, dont les médias n’omettent pas de mettre en avant sa charmante épouse (« cocue magnifique » pour rappel, ce qui en dit long sur l’exemplarité morale de l’individu…), de l’autre un homme dont la souffrance, potentielle mais fort probable comme vous le dites, restera ignorée.
    En bref, d’un côté la mort assurée d’une victime sans défense propre et de l’autre probablement quelques mois avec sursis pour un individu qui aura non seulement trahi son serment mais un encouragement, presque une légitimité, aux partisans de la « mort bureaucratique ».
    Encore beaucoup à dire sur ce que tout cela traduit de notre monde, mais il est tard et j’ai déjà été trop long
    Merci de votre blog, et tout spécialement ici, de votre combat pour une vraie défense de l’humain. Hélas…

  74. Véronique Raffeneau

    @ anne-marie marson
    Je voudrais ajouter que le débat intime du juge n’est pas celui du médecin.
    La ligne d’horizon du médecin est son patient, tout se joue dans cette relation on ne peut plus singulière (le colloque singulier), d’homme à homme ; la ligne d’horizon du juge est l’application de la loi, la référence sociale et collective, notre bien commun.
    Le rapporteur public, s’adossant à la loi Leonetti, a estimé que poursuivre l’alimentation et l’hydratation de Vincent Lambert relève de l’obstination déraisonnable.
    C’est à ce questionnement que doit répondre le juge et transcendant son interrogation, sa réflexion et sa décision portent les conséquences pour la société tout entière.
    Oui, Madame Marson, comme vous, j’approuve chaque mot, chaque phrase du billet.

  75. Il y a manifestement une lacune dans nos institutions. De même que chaque citoyen est tenu d’avoir une carte d’identité il devrait être tenu d’avoir une mention de ses volontés dans l’éventualité d’une situation semblable à celle-ci.
    Il est vrai que sans ces volontés nous sommes dans l’impasse. Et comme presque toujours nous en prenons conscience lorsqu’il est trop tard pour avoir une solution satisfaisante.

  76. Garry Gaspary

    @ Sandrine
    Je suis ravi d’apprendre que vous avez des enfants tous désirés et tout aussi ravi de vous apprendre que les femmes qui avortent ne désirent généralement pas l’enfant qu’elles portent, que la contraception n’est jamais sûre à 100 %, et que personne de toutes façons ne la conseillerait raisonnablement à, pour l’exemple, la petite Brésilienne de neuf ans qui a défrayé assez récemment la chronique en se retrouvant enceinte après avoir été violée par son beau-père et à qui l’Eglise demandait la même « responsabilité d’assumer sa grossesse » que vous évoquiez, alors même que cette grossesse mettait sa vie en danger.
    Et si la dignité de l’homme se situe dans le simple fait d’être vivant, ou d’avoir, pour reprendre les mots d’Anne Lys, un organisme qui fonctionne parfaitement, alors un rat est aussi digne qu’un homme, et je me demande même si ma voiture neuve n’est pas plus digne que certains organismes humains cancéreux. N’étant pas assez matérialiste pour être cynique, je préfère pour ma part rechercher la dignité de l’homme dans ce qui le différencie du rat ou d’un simple mécanisme fonctionnant parfaitement, plutôt que dans ce qui l’en rapproche.
    Enfin, pour répondre aux quelques fanatiques présents ici à jamais friands de fantasmes apocalyptiques et qui nous parlent d’Hitler ou d’eugénisme, je dirais que de la même façon que son droit à avorter n’a pas empêché Sandrine d’avoir des enfants ou qu’il respecte la liberté de conscience des médecins, son droit à mourir dans la dignité n’empêcherait personne de la maintenir en vie si telle est sa volonté.

  77. Merci pour cette analyse…
    Marie de Hennezel avait déjà souligné l’hypothèse que vous soulevez :
    « Sans mauvaise foi d’un côté ou de l’autre, les uns pensent à eux d’abord, les autres à lui essentiellement. »
    Ce que j’ai déjà pu vérifier de près…

  78. @ Parigoth
    Bon, si vous voulez, mais cela procède d’un refus d’hypothèse. Je ne fais qu’interroger ; « les chaumières » est aussi un rabaissement de vocabulaire pour déclasser une éventualité qui, comme une autre, mérite qu’on l’évoque.
    Comme je n’ai pris aucune position sur le sujet de fond, rien ne permet de critiquer l’exploration du sujet.
    Quant aux juges et le recours, c’est une vérité objective. Les juges administratifs n’ont jamais guillotiné personne et ils sont bien les seuls à avoir enfoncé dans les flancs du pouvoir politique le sens profond de la légalité (Arrêt Robin, Canal, Godot) dont M. Bilger se souvient nécessairement, en annulant une sentence judiciaire.
    @anne-marie marson
    Enfin, sur la disparition de l’espèce humaine, c’est une évidence, exclusion faite de son acharnement à créer les conditions de celle-ci, avec la conscience qu’on pourrait faire autrement. C’est une autre histoire qu’il n’est pas pertinent de rattacher au cas Lambert, simple incise.
    Puisqu’il faut prendre position, eh bien, je ne sais pas ce qu’il faut faire dans le cas présent, sauf peut-être revoir Rollerball.

  79. @Garry Gaspary
    Mais le problème avec vous c’est que vous ne m’apprenez rien !…
    Les membres de l’Eglise qui ont condamné l’avortement de la petite Brésilienne auraient mieux fait de garder le silence a posteriori et se sont discrédités par leur manque de charité et d’empathie. Rien à voir avec le Christ qui dit à la femme adultère « va et ne pèche plus ».
    Mais quand on voit le laxisme sexuel ambiant il faut, à l’avance, crier « casse-cou » et essayer de responsabiliser les gens. L’acte sexuel engage notre responsabilité, que cela nous plaise ou non.
    Oui la dignité de l’homme existe dès lors que celui-ci est vivant, c’est une évidence et vous n’avez pas à faire de discrimination entre les vivants. Ils ont tous droit à notre considération. Mais si vous ne savez pas distinguer l’homme du rat ou pire d’une mécanique, on ne peut rien pour vous.
    NB : l’expérience de la majorité des femmes est qu’elles sont attachées à leur enfant dès qu’elles se savent enceintes et que leur premier réflexe est de le protéger, même quand elles n’avaient pas prévu cette grossesse. L’avortement n’est donc pas dans la norme, il n’est pas naturel, et c’est bien ce que disait Simone Veil en 1975 dans sa loi, qui devait rester une exception et non devenir une effrayante banalité. Plutôt que d’encourager l’avortement, et d’en faire un droit (!) la société ferait mieux de soutenir les femmes enceintes, surtout à notre époque de dénatalité !
    De plus un enfant non désiré est parfois par la suite le plus aimé. Le désir ne devrait pas être considéré comme source de légitimité (ça aboutit aux dérives que sont l’IVG, la PMA, la GPA…).

  80. Apres une lecture attentive, mis a part les commentaires de cette nuit et de ce jour, personne n’a (semble-t-il) note l’analogie de ce cas… avec celui ayant defraye la chronique il y a plus d’une dizaine d’annees.
    Notons que la personne mentionnee porte le meme prenom et la consonance du patronyme est tres similaire.
    Effroyable traquenard me(r)diatique dans lequel se trouve, involontairement, piege ce patient qui devrait avoir droit, avant toute chose, a la confidentialite de son traitement.
    « Famille, je vous aime » comme l’actualite vient encore nous le rappeler…

  81. marie dumont

    Monsieur Bilger,
    En ce moment les juges sont peut-être en train d’examiner les arguments qui seront pertinents pour décider si Vincent Lambert a le droit ou non de continuer à vivre.
    En lisant, en plus de votre blog, tous les commentaires qu’il a suscités, je suis frappée de l’intensité de chacun d’entre eux, comme si chacun des participants se sentait personnellement concerné.
    La Vie, la Mort, l’Eternel au chapitre 3 de la Genèse, verset 24, place des chérubins à l’épée de feu pour garder l’arbre de Vie qui les symbolise.
    Ce questionnement ne date pas d’aujourd’hui.

  82. Rédigé par Dame Sandrine le 24 juin 2014 à 10:34
    « …il faut, à l’avance, crier « casse-cou » … »
    Ouille…
    J’en peux plus de ce verbiage sur l’amour maternel : « …De plus un enfant non désiré est parfois par la suite le plus aimé… »
    Besoin de prendre l’air…

  83. Mary Preud'homme

    La femme est propriétaire de son corps mais pas de l’enfant à naître conçu par ses deux parents. Il est donc aberrant que le père de l’enfant à naître n’ait pas un pouvoir de décision égal à celui de la mère, qu’il soit marié ou vive maritalement, d’autant plus si dans ce dernier cas il a fait une reconnaissance anticipée.
    Cette atteinte au droit à la paternité est donc non seulement choquante et barbare mais profondément injuste.
    Quant aux droits de l’enfant (avant comme après sa naissance) certains devraient bien relire la charte universelle s’y rapportant avant de poursuivre sur leur idée fixe d’un prétendu « droit à l’avortement » qu’ils confondent allégrement avec le « droit de l’avortement ».

  84. Sandrine,
    Voyez vous-même les conséquences de cette sinistre affaire : une famille déchirée, un procès qui n’en finit pas, des médecins désabusés. Ce qui arrive à Vincent Lambert et à sa famille nous oblige à avancer sur le terrain législatif et judiciaire, qu’on le veuille ou non, et toutes les idées sont les bienvenues. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et fermer les yeux en attendant la prochaine affaire de ce type. Car il y en aura d’autres, des affaires comme celle-ci, soyez-en certaine. La volonté du patient me paraît donc primordiale pour faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.
    Il faudrait prévoir effectivement que la personne puisse changer d’avis au cours de son existence. Rien ne doit être immuable et il faudrait envisager de prendre en compte la dernière volonté du patient.

  85. En saisissant en urgence la Cour européenne, les parents de Vincent Lambert rendent-ils service à leur pauvre fils ?
    Son calvaire doit-il continuer ?

  86. Catherine A. Sandrine, un droit n'est pas un devoir.

    Sandrine les mots ont un sens. Pour qui veut faire une démonstration, j’aurais tendance à penser que les utiliser à bon escient est un devoir. Comme il est un devoir d’être honnête et de ne pas mélanger IVG et GPA.
    Vous avez le droit de penser ce que vous voulez mais le devoir de ne pas imposer aux autres vos choix de vie. Ou de mort. L’euthanasie est souvent, comme l’a écrit François de Closets dans un essai passionnant, l’ultime liberté.

  87. Franck Boizard

    Je ne suis pas surpris de la décision du Conseil d’Etat : elle valide mon opinion sur notre société et son évolution.
    J’en profite pour signaler quelques lectures intéressantes :
    > l’entretien de Philippe Pozzo di Borgo à Ouest-France.
    > l’article d’Anne-Laure Bloch dans Le Figaro sur les dérives technicistes de la médecine.
    > Le scaphandre et le papillon, de Jean-Dominique Bauby. Bauby, entièrement paralysé sauf une paupière, a dicté son livre par des clignements d’oeil. Il était conscient, mais il a fallu du temps pour qu’on s’en aperçoive.

  88. @ Valérie
    « je n’en peux plus de ce verbiage sur l’amour maternel… »
    C’est pourtant une réalité, qui vous permet d’être en vie aujourd’hui, même si vous la vilipendez. Sans votre mère vous ne seriez pas là.
    @catherine A
    IVG, GPA, PMA et euthanasie ont un dénominateur commun : le désir qui se fourvoie et qui devient premier, aux dépens de la raison. En l’occurrence, ne croyez-vous pas que ce sont les gens de votre camp qui essaient d’imposer leurs vues aux autres ?… Et qui y réussissent.
    @RF
    Pourquoi voulez-vous légiférer ?… La prochaine affaire de ce type est déjà solutionnée. On va débrancher tout le monde allègrement, les prématurés, les grands handicapés, les accidentés de la route, les vieux, ceux qui toussent trop, ceux qui ne toussent pas assez, ceux qui déplaisent… c’est pratique pour une civilisation qui cultive la honte de soi, la négation de ses valeurs, la culpabilisation, et cherche à se saborder.
    Alea jacta est.

  89. La Cour européenne des droits de l’homme a demandé en urgence le maintien en vie de Vincent Lambert, contre l’avis rendu par le Conseil d’Etat.
    Une décision humaniste, contre celle, barbare, du Conseil d’Etat, dont la vocation première ne devrait pas consister à céder aux blouses blanches. Qui ne sont jamais omniscientes, quoi qu’elles en disent.

  90. RF @ Camille | 24 juin 2014 à 23:35

    « La Cour européenne des droits de l’homme a demandé en urgence le maintien en vie de Vincent Lambert, contre l’avis rendu par le Conseil d’Etat. Une décision humaniste, contre celle, barbare, du Conseil d’Etat, dont la vocation première ne devrait pas consister à céder aux blouses blanches. Qui ne sont jamais omniscientes, quoi qu’elles en disent », dites-vous à la hâte.
    Première remarque : la Cour a demandé au gouvernement français de faire suspendre l’exécution de l’arrêt pour la durée de la procédure devant la Cour.
    En effet, quoi de plus normal que de demander dans l’urgence le maintien en vie de Vincent Lambert, le temps que la Cour examine le dossier et rende sa décision ?
    Vous ne voudriez tout de même pas que Vincent meure avant que la Cour se soit prononcée sur son avenir ?
    Deuxième remarque : les blouses blanches en savent infiniment plus que nous tous ici sur le corps humain et sur son fonctionnement. J’observe que certains commentateurs se défoulent assez facilement sur le corps médical. Serait-ce parce que les médecins n’ont pas encore trouvé le moyen d’être Dieu à la place de Dieu ? Moi, je préfère me convaincre que les médecins font tout ce qu’ils peuvent pour sauver les vies.
    Troisième remarque : ce n’est pas UN médecin, NI DEUX médecins, qui ont donné leur appréciation de la situation, mais DIX médecins ! Un collège de sept médecins à Reims il y a quelques mois plus un autre collège de trois médecins neurologues, formé plus récemment pour éclairer le Conseil d’Etat. Je crois qu’il serait indécent de soupçonner les médecins de vouloir éliminer un être gênant, un être encombrant, un être qui leur complique l’existence parce qu’il les met en échec.

  91. Camille @ RF

    @ RF
    « Je crois qu’il serait indécent de soupçonner les médecins de vouloir éliminer un être gênant, un être encombrant, un être qui leur complique l’existence parce qu’il les met en échec. »
    Vous me prêtez des arrière-pensées que je réfute ici. Les médecins se sont penchés sur le cas de Vincent Lambert en accord avec l’épouse et certains membres de la famille, et se sont prononcés en toute bonne foi. Leur rigueur scientifique les conduit à considérer qu’un être dans l’état de Lambert ne doit pas survivre.
    C’est leur opinion, médicale, mais dépourvue d’humanité. Sans compter que les connaissances scientifiques au sujet du coma ne sont pas suffisamment avancées pour que le doute ne profite pas à Lambert.
    Que le Conseil d’Etat prononce un arrêt de mort me choque, et je comprends la réaction des parents.

  92. Franck Boizard

    @ RF
    Deux remarques pour alimenter la réflexion :
    1) Les médecins ne sont que des hommes, avec leurs faiblesses. Cette affaire Vincent Lambert a été l’occasion de faire sortir dans la presse des articles sur les relations entre la médecine, l’éthique, la morale et la technique.
    Certains médecins pensent par exemple que cesser d’alimenter Vincent Lambert, c’est trahir le serment d’Hippocrate.
    2) Le fait que la décision soit collégiale ne me rassure pas, elle m’inquiète. La collégialité favorise la dilution de la responsabilité et les effets de groupe. Je sais bien que c’est la procédure des jurys d’assises, mais cela ne signifie pas qu’elle est sans défaut.
    C’est en fonction de ces réflexions que je préfère la situation antérieure : donner la mort à un malade est un crime qui doit être jugé.
    Ainsi, dans l’esprit du médecin, les arguments émotionnels sont contrebalancés par la peur du procès.
    Mon système n’est pas parfait, c’est en partie hypocrite, mais l’hypocrisie est un ingrédient indispensable de la civilisation.
    C’est dans les interstices de l’hypocrisie, dans les ombres du clair-obscur, que peuvent s’exprimer toutes les nuances, les complexités des relations humaines et la liberté.
    A mes yeux, le prurit législatif du monde moderne est un des nombreux symptômes de décivilisation.
    Il n’y a que des barbares pour croire qu’il faut tout codifier.

  93. Rédigé par Dame Sandrine le 24 juin 2014 à 18:29
    « …C’est pourtant une réalité, qui vous permet d’être en vie aujourd’hui, même si vous la vilipendez. Sans votre mère vous ne seriez pas là… »
    Pour conclure cet echange hors-sujet… nul doute que les petites Fiona, Marina et Typhaine (et autres victimes anonymes et/ou non repertoriees), eussent-elles eu la benediction d’atteindre l’age adulte, auraient approuve votre affirmation.
    Quant a l’adage « Mer*e un jour, mer*e toujours »… la neuvieme lettre de l’alphabet (sens inverse) peut, en certaines circonstances, y etre inseree.
    Voila, je retourne me plonger dans ma lecture et dans la torpeur estivale ambiante… Bel ete a toutes et tous !!

  94. Franck Boizard

    Il faudrait un jour que nous ayons un débat sur la place des médecins dans la société.
    J’ai quelquefois l’impression qu’ils tiennent la place des prêtres disparus.
    Je rappelle que le médecin n’est qu’un homme, qu’il y a toujours des médecins complices des pires horreurs. Mengele et compagnie…
    « Le médecin le dit », certes. Mais le médecin n’est pas obligatoirement bon et intelligent, il peut être méchant, vicieux, incompétent, sectaire, etc.
    Il n’y a pas de surhomme, même après dix ans d’études.

  95. @Valérie
    Désolée, votre dernier commentaire est trop énigmatique pour être compris.
    Laissons les mères de côté, il s’agit de Vincent Lambert. Je note que la parole de Vincent Lambert au sujet de l’acharnement thérapeutique n’a rien de sûr, juste les affirmations de ceux des membres de sa famille que ça arrangerait, c’est un peu court. Je note aussi que l’alimentation est mise au rang de produit pouvant maintenir la vie artificielle et cela me semble gravissime.
    On pourra donc à l’avenir dire qu’un tel ou un tel a dit que… et de ce fait le priver de nourriture.
    Je note enfin que ce cas fera jurisprudence malgré les affirmations des juges.
    Tout cela est très inquiétant.

  96. Franck Boizard

    @ Sandrine
    Le fait de considérer la nutrition comme un acharnement thérapeutique a permis un peu d’humour noir sur Twitter du genre « Chérie, où as-tu mis la carte Vitale ? Je vais chez le boucher. »

  97. @Franck Boizard
    L’humour noir permet de supporter mieux l’horreur.
    Une dernière réflexion sur les médecins : comment peuvent-ils savoir que Vincent Lambert, une fois cessé l’acharnement thérapeutique qui consiste selon eux à… le nourrir, mettra de trois à cinq jours à mourir ? On l’a déjà débranché pendant un mois, et il a survécu. On sait très bien qu’on peut survivre plusieurs semaines sans nourriture. Cela veut dire pour moi qu’ils voulaient dans la sédation inclure une potion pour accélérer le tout. Euthanasie et non loi Leonetti.

  98. Arobase du Ban

    Affaire Vincent Lambert et Conseil d’Etat.
    J’ignorais que le Conseil d’Etat, haute juridiction administrative, était compétent en matière de justice « sociétale » ou de choix de la fin de vie (qui n’est pas la « condamnation à mort » comme l’écrivent certains « médiateux ») par les parents ou l’épouse du malade, ou par les médecins.
    Comment a-t-on pu en arriver là ?
    Je suggère que l’on institue une Commission civile juridictionnelle régionale pour décider de l’application du droit de mourir dans la dignité, qui serait saisie par le corps médical et/ou la famille, à l’initiative des membres de l’un ou de l’autre.

  99. Parigoth@Franck Boizard

    Mais le médecin n’est pas obligatoirement bon et intelligent, il peut être méchant, vicieux, incompétent, sectaire, etc.
    Vous touchez là du doigt un point essentiel.
    Les formations dispensées de nos jours dans divers domaines sanctionnent par des « diplômes » des compétences techniques, en faisant l’impasse sur les qualités personnelles et morales indissociables de l’exercice de certaines professions.
    C’est bien entendu le cas pour les médecins, mais ça l’est aussi pour les magistrats, les fonctionnaires de police, les enseignants et même les journalistes, etc.
    Et dans certains cas nous pouvons nous retrouver sous la coupe de crapules diplômées qui peuvent pratiquer l’abus d’autorité avec cynisme.
    Comment faire pour que notre société puisse remédier à ce travers ?

  100. En disant « les uns pensent à eux d’abord, les autres à lui essentiellement », vous portez indirectement un jugement sur l’attitude des deux parties de la famille, semblant désapprouver l’une d’elle dans la mesure où elle serait égoïste (« les uns pensent d’abord à eux »), mais laquelle?
    Il est possible que la partie qui souhaite le maintien en vie soit mue par l’égoïsme, préférant un enfant en vie à la douleur de vivre la perte d’un enfant, et il est possible que la partie qui souhaite la fin de l’alimentation soit mue par la volonté d’épargner à Vincent Lambert la douleur qui pourrait être la sienne de vivre en simple spectateur de la vie. On peut concevoir qu’une personne souffre dramatiquement de ne vivre la vie qu’avec les yeux. Je souscris en revanche à l’idée selon laquelle dans le doute il vaut mieux s’abstenir, on ne donne pas la mort à la légère, et j’ai été très mal à l’aise lors de l’annonce de la décision du Conseil d’Etat ; j’ai bien conscience qu’il faille une personne pour trancher ce douloureux contentieux mais je me demande si cette décision revient à l’Etat et à la Justice, ayant ressenti avec gêne qu’une « peine » de mort venait d’être prononcée. Je me demande du coup s’il n’y aurait pas des contentieux si intimes et douloureux que l’intervention de l’Etat perd sa légitimité, devant s’effacer face aux personnes directement concernées.

  101. Un juge a trouvé lumineux de contraindre Marine Le Pen à une expertise psychiatrique, on se demande pourquoi la mère du malheureux Lambert n’est pas mise sous camisole de force. Il y a urgence.
    Les « catholiques zombies » (Emmanuel Todd)…

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