Nous vivons une époque et un climat qui conviennent aux immatures en politique comme moi. Non que je sois dépourvu de convictions ou de quelques rares admirations, mais je ne suis pas loin, m’abritant derrière le génie de Friedrich Nietzsche, de penser que « le contraire de la vérité n’est en effet pas le mensonge, mais la conviction ». Dès lors qu’on est presque autant attentif à la réflexion et à l’écoute de l’autre que soucieux de sa propre affirmation, la politique d’aujourd’hui n’est pas faite pour vous.
D’ailleurs, cette dernière prend un tour passionnant sur le plan de la psychologie humaine où, par exemple, on baptise « compromis » des abandons en rase campagne, où l’on cherche à tout prix à sauver sa peau partisane à coups de calculs, de tactiques, de concessions de dernière heure, le tout imprégné d’un cynisme qui n’a plus la moindre honte de lui : au contraire, il s’affiche…
En même temps, quelle spectaculaire comédie humaine, où les nerfs sont à vif, où les sensibilités s’expriment, où les détestations se montrent à haine ouverte, où les affrontements ne cherchent même plus à s’ennoblir, mais se réduisent à une hostilité nue, une antipathie éclatante, une multitude de combats singuliers. Comme si l’on en avait assez de la poudre aux yeux, des simulacres, des prétextes, de l’humanisme abstrait, et que l’on désirait seulement faire surgir, du fond de soi, la pureté d’une malfaisance sans excuse, la cruauté voluptueuse débarrassée de tous ses voiles prétendument politiques.
Ce n’est pas seulement vrai dans les joutes de l’Assemblée nationale ou au Sénat.

Songeons à Brigitte Macron, dont on découvre avec stupéfaction qu’elle est humaine et qu’elle est capable, pour une bonne cause – celle d’un Ary Abittan qui a bénéficié d’un non-lieu et à qui il convient de « fiche la paix » en le laissant enfin travailler -, de s’abandonner à un verbe cru et grossier qui, en l’occurrence, ne laisse aucune place au doute : elle ne dénonce pas le féminisme, mais certaines de ses odieuses manifestations.
Jean-Luc Mélenchon, malgré la révérence, est probablement détesté par certains de ses inconditionnels apparents ; lui-même n’aime pas Olivier Faure, qui le lui rend au centuple. Ce n’est pas le socialisme qui se bat contre l’extrémisme révolutionnaire et irresponsable, mais un tempérament qui ne supporte pas l’autre, une manière d’exister qui juge lamentable celle de l’autre. Une brutalité satisfaite d’elle-même et assurée de sa propre domination, qui honnit les calculs sournois d’une personnalité équivoque.
Laurent Wauquiez fait tout ce qu’il peut pour s’ériger, lui et son groupe parlementaire, en ennemis irréductibles de Bruno Retailleau. C’est tellement systématique de sa part qu’il n’éprouve même plus le besoin de déguiser son hostilité en considérations politiques.
La rigueur, la constance et l’intégrité de l’ancien ministre de l’Intérieur et président des Républicains sont tellement aux antipodes de son caractère qu’il s’agit d’une lutte d’homme à homme se servant de prétextes partisans et conjoncturels pour éclater au grand jour.
Il me semble d’ailleurs que le lien entre Bruno Retailleau et Sébastien Lecornu relève de la même méfiance humaine. La transparence honorable du premier n’a pas admis les sinuosités masquées du second. Les personnalités en deçà ou au-delà de la politique sont vouées à se détester.
Que les passions humaines prennent le dessus n’est sans doute pas très progressiste, mais c’est ainsi : il faut bien que les êtres respirent et soient eux-mêmes. On a beau apposer des couches multiples entre soi et le réel, à un certain moment – miraculeux ou déplorable – il n’y a plus que soi !
@ Xavier NEBOUT le 11 décembre 2025
Quand vous pensez défendre Nico, c’est encore plus cruel que de l’attaquer.
C’est du niveau de l’explication sur l’usage de son téléphone en prison : on a l’impression qu’il découvre la Lune, à la manière d’un astronaute ou d’un astronome.
Harold Lloyd, s’il le lisait, en rirait sûrement : le « prisonnier » digne de Safety Last!… en beaucoup moins risqué quand même, le premier prenait de vrais risques.
Nicolas Sarkozy et sa nouvelle série, digne de celle de Patrick McGoohan… Il ne va rien nous épargner. Les groupies attendent la suite avec impatience — mais quelle poilade !
À côté des passions politiques visant les hommes, nous avons les passions politiques appliquées aux idéologies. À nouveau, l’une des plus hideuses vient d’ériger sa tête immonde au-dessus du marigot de l’actualité : j’ai nommé le gaullisme, ou si vous préférez, le gaullo-communisme.
Ce vieil ancêtre du « en même temps » et du mariage rouge-brun a étalé à nouveau toute sa bêtise et sa vilenie à l’occasion de la faillite de l’entreprise d’électroménager Brandt. C’est un répugnant mélange de chauvinisme, d’étatisme, d’ignorance et de prétention.
Or donc, Brandt vient d’être placé en liquidation judiciaire. Aussitôt, les pleureuses médiatiques et politiques ont déclenché leurs lamentations traditionnelles : un « fleuron industriel français » vient de s’éteindre. Et ce n’est pas Neuneu Colargol qui sort ce clicheton éculé sur Twitter : ce sont deux ministres, pas moins, celui de l’Économie et celui de l’Industrie.
Alors pour commencer, cela fait longtemps que Brandt n’est plus un « fleuron ». Quiconque connaît le moindrement le marché et a un tout petit peu étudié les bancs d’essai menés en laboratoire par les revues de consommateurs sait que Brandt est une marque pourrie. Personne n’achète une machine à laver ou un réfrigérateur Brandt, à moins d’être un clochard sans un sou vaillant.
D’ailleurs, par définition, une entreprise mise en liquidation judiciaire, ou simplement vendue car en difficulté (on dit « bradée » en jargon gaullo-communiste) n’est, par définition, pas un fleuron : parce que sinon, elle n’aurait pas besoin d’être « bradée » et encore moins liquidée, eh, abruti !
Ensuite, Brandt n’est pas une entreprise française : elle est, depuis onze ans maintenant, une entreprise… algérienne. La honte ! Nos « fleurons industriels » ne sont même plus « bradés » aux Américains (sur lesquels on peut au moins se donner le plaisir de cracher, puisqu’ils nous ont sauvés en 1945). En 2014 déjà, il n’y avait plus que la patrie du halal, de la drogue et de la prise en otage des écrivains cancéreux qui en voulait.
Ça fait bien trois quarts de siècle que Brandt n’est plus le roi de la machine à laver françouése : après une tripotée de dépôts de bilan et de rachats, il était devenu la filiale du conglomérat algérien Cevital, qui vend aussi bien de l’huile de tournesol, des fenêtres en PVC que des centres commerciaux.
Mais ça ne fait rien : la machine idéologique gaullo-communiste pleure des rivières de larmes sur le « savoir-faire français » et les méchantes banques qui ont refusé de verser des capitaux à fonds perdus dans cette antique poubelle. C’est, bien sûr, toujours la faute de lébanks. Ce n’est jamais la faute de l’État gaullo-communiste qui écrase les entreprises d’impôts et de cotisations, dans le but de sauver notre modèle social que le monde entier ne nous envie pas.
Dernière étape de la pleurnicherie communiste obligatoire, réglée comme du papier à musique et qui se reproduit avec une constance parfaite à chaque disparition d’un « fleuron » de ce genre : les méchants juges n’ont pas accepté que l’entreprise soit reprise par une SCOP (société coopérative de production).
Encore un fantasme français : là où le capitalisme échoue, bien sûr que le socialisme va réussir. Si Brandt est en faillite, c’est naturellement que les patrons y ont mis leurs grosses mains pleines de doigts. Il suffirait que les nobles ouvriers reprennent les choses dans leurs blanches mimines pour que tout s’arrange (avec de grasses subventions étatiques, comme toujours dans le cas d’une reprise par une SCOP).
Baissez massivement cette fichue dépense publique !
On vous dit tout dans Le Média : lecture des passages les plus importants. Durée : 32:34.
Merci à Le Média de nous avoir fait des économies…
Dans Journal d’un prisonnier du 10 décembre, Nicolas Sarkozy raconte ses vingt jours d’incarcération à la prison de la Santé. Le Média s’est infligé la lecture et vous en livre les meilleures feuilles écrites. Pour N. Sarkozy, la prison a tout d’un rendez-vous en terre inconnue. Malgré sa volonté affichée de se présenter comme un détenu « comme les autres », son récit révèle au contraire une succession de privilèges. Ses plaintes touchent souvent au dérisoire : la douche à bouton-poussoir, la plaque électrique qu’il refuse d’utiliser, les barquettes alimentaires qui l’écœurent ou la découverte de sa cellule de 12 m².
Le livre est aussi l’occasion de distribuer les bons et les mauvais points à ceux qui l’ont soutenu ou non. Par moments, on frise le règlement de comptes, notamment avec Emmanuel Macron, La France insoumise, les juges ou Mediapart.
https://www.youtube.com/watch?v=1kgxrXEzx4I
Attendons les intentions judiciaires du procès en appel, devant se tenir à compter du 13 mars 2026.
Ce que, Monsieur Bilger, vous dénoncez dans la partie précédant la photographie d’illustration n’est rien d’autre que ce que l’on appelle la « politique politicienne », ou « politichienne » si l’on préfère.
De fait, il ne s’agit là que de batailles d’ego et de guerres de places dans les hautes fonctions de l’État. Mais nulle part vous ne trouverez trace de la défense de l’intérêt général, des intérêts supérieurs de la France, de la nation et du peuple français, jugé méprisable et donc méprisé pour ce qu’il est. Quelle insulte, en effet, que d’être traité de « populiste » et de refuser de donner au peuple la parole pour décider des orientations politiques qui serviraient ses intérêts supérieurs !
La noble idée de « servir », qui fait partie des fondements du service dans les forces armées (le drapeau étant l’emblème de la nation), n’a plus cours dans les discours de ce personnel politique, de cette classe politique complètement démonétisée, discréditée, quel que soit le parti.
Et les trois personnages qui figurent sur la photo en sont parmi les plus emblématiques.
De l’autre côté de l’échiquier politique, vous évoquez les noms de Wauquiez et Retailleau.
Monsieur Wauquiez, comme une bonne partie des caciques de LR, pratique le mépris de classe qu’a subi Monsieur Ciotti en son temps, tout particulièrement à l’endroit de l’actuel « patron » élu par les membres cotisants de LR.
Monsieur Retailleau me semble animé d’une assez haute idée de la politique et a manifesté, au ministère de l’Intérieur, une volonté réelle de modifier le cours des choses. Mais il a été circonscrit par le président de la République et son entourage. Par voie de conséquence, son action a été systématiquement entravée et n’a pas pu produire les effets qu’il espérait. D’où son opposition, très saine à mon sens, aux actions de Monsieur Lecornu, le plus fidèle exécutant des choix présidentiels.
Cependant, il n’a pas la stature d’un général de Gaulle, et il devrait se rapprocher d’un autre Vendéen qui pourrait l’aider à l’acquérir : le général Pierre de Villiers. En effet, un tel tandem pourrait sans doute infléchir les orientations mortifères pour la France dont use cette classe politique qui a sacrifié notre pays sur l’autel d’une construction européenne utopique, laissant son pilotage à l’Allemagne. Celle-ci vient d’ailleurs de supplanter la France dans la maîtrise du domaine spatial, comme elle a poussé à la destruction de certains de nos plus beaux fleurons, tels qu’EDF-GDF, et bien d’autres encore ! L’Allemagne défend ses intérêts bien compris, y compris à la Commission européenne, par la présence d’une Allemande, Madame von der Leyen, à qui notre président déroule complaisamment le tapis rouge.
Enfin, Monsieur Bilger, bien que je comprenne votre conclusion — « Que les passions humaines prennent le dessus n’est sans doute pas très progressiste, mais c’est ainsi : il faut bien que les êtres respirent et soient eux-mêmes. On a beau apposer des couches multiples entre soi et le réel, à un certain moment – miraculeux ou déplorable – il n’y a plus que soi ! » — je m’interroge sur le sens profond de ce « il n’y a plus que soi ».
À l’évidence, en 1940, le général de Gaulle n’était plus qu’en face de lui-même lorsqu’il a renversé la table et s’est appuyé sur Churchill pour lancer la Résistance au régime de l’État français et poursuivre la guerre contre l’Allemagne alors gagnante sur tous les fronts.
Bon, je craque. En fait, c’est trop tentant de se laisser aller à ses émotions en politique. Au chapitre « Nicolas Sarkozy se f… de la g… du monde », ce passage de son nouveau, euh… livre :
« Un téléphone était installé dans ma cellule comme dans celle des autres détenus. Il s’agissait d’un poste fixe. Je devais me tenir debout pour l’utiliser car il était fixé au mur à hauteur d’homme. Son utilisation n’était guère aisée. Personne n’avait la possibilité de m’appeler. Je pouvais le faire, mais uniquement pour des numéros qui avaient été préalablement enregistrés et agréés par l’administration pénitentiaire. Il convenait ensuite de composer pas moins de dix chiffres qui constituaient autant de codes nécessaires pour obtenir la ligne permettant enfin d’atteindre le correspondant désiré. Un véritable parcours du combattant. »
Pôv’chou. Quel calvaire.
On admirera aussi l’interminable rangée de… petits pois faisant la queue pour acheter le précieux opuscule, et surtout serrer la main à son auteur. L’un d’entre eux, interviewé à la radio, expliquait que tout de même, publier un livre juste parce qu’on a fait vingt jours de prison, c’était un peu culotté. Mais il faisait la queue pour l’acheter, comme les autres, et surtout pour avoir le privilège de toucher le Corps du Roy…
Remarquez, j’apprends aussi, par les gazettes, que Sarkozy, jadis voué aux gémonies par ses électeurs de droite pour avoir fait l’ouverture à gauche (et avoir nommé un ministre qui a déclaré, devant un auditoire d’Arabes et de Noirs, que le peuple français n’existait pas), est désormais l’idole des « jeunes identitaires » (donc de « l’ultra-droite », selon la nomenclature en vigueur), parce que… parce que… eh bien je cherche encore.
À côté de ça, nous avons ici Xavier Nebout qui se liquéfie parce que Nicolas Sarkozy « prône le retour du spirituel ». Tout cela parce que le parrain supposé de la droite a l’insigne indécence de rapporter, dans son livre, qu’il s’agenouillait pour prier dans sa cellule. La démagogie impudente des uns reflète l’empressement des autres à se laisser manipuler. Plus on se prévaut d’être un « rebelle », plus on se fait mener par le bout du nez par le premier hâbleur venu.
Pardon cher hôte, Mme Macron est juste vulgaire et n’est en rien féministe. Ce n’est pas parce qu’on se poudre la vitrine qu’on est classe. cette femme est une réactionnaire dans le plus mauvais sens du terme.
Par ailleurs, je n’ai pas bien compris vos propos. Vous affirmez d’un côté que ça manque singulièrement d’écoute, de l’autre que tenir compte d’avis contraires serait un abandon en rase campagne. Le compromis n’est pas une mauvaise chose. Cela vous oblige. Vous connaissez le proverbe : compromis, chose due.
@ Patrice Charoulet
Cher ami, vous êtes vraiment distrait ! Ces poches sont connues de tous les porteurs de blue-jeans. Je me demande comment vous avez pu introduire un trousseau de clefs dans une aussi petite poche ! Cela aurait dû vous gêner à la ceinture.
Par ailleurs, je m’interroge sur le rapport entre cet incident et le billet du jour de Philippe Bilger…
@ Patrice Charoulet
le 10 décembre 2025
« Je reviens chez moi. Je cherche sur mon ordinateur des renseignements sur cette petite poche… inconnue. J’apprends qu’elle servait autrefois à mettre une montre attachée à une chaînette. »
Cette petite poche s’appelle un gousset.
« Petite poche du gilet ou de l’intérieur de la ceinture du pantalon destinée à loger une montre. » (Larousse)
Comment vous, le possesseur de kilos de dictionnaires, avez-vous pu l’ignorer ?
Cela vous aurait permis de ne pas paniquer en remuant ciel et terre.
La déclaration politique la plus importante du siècle, et même depuis 1789, est celle de N. Sarkozy — ancien président de la République — prônant le retour du spirituel.
Espérons qu’il rencontrera plus d’écho que moi lorsque j’en parle ici à nos doctes ignorants.
Par ailleurs, nous apprenons que sa condamnation à la détention provisoire était illégale pour n’avoir pas fait l’objet d’une discussion alors qu’elle n’était pas requise par le parquet.
Nous attendons qu’un magistrat courageux dise que la juge qui l’a prononcée devrait être destituée et emprisonnée.
@ Patrick EMIN le 11 décembre 2025
« À ce propos, une expérience de pensée m’est souvent venue à l’esprit, que personne, à ma connaissance, n’a jamais véritablement mise en œuvre : il serait singulièrement instructif d’inverser les locuteurs tout en conservant intacts les propos tenus. Imaginez que l’on attribue à Emmanuel Macron les déclarations de Jean-Luc Mélenchon, ou l’inverse. »
Mais nous avons déjà connu ce genre de situation. C’était le 2 mai 2017.
. Marine le Pen a repris mot pour mot un discours de François Fillon .
Pourtant à cette époque on ne peut pas dire que le RN et LR suivaient la même ligne politique. Depuis, il est vrai que les choses ont bien changé, puisque même Nicolas Sarkozy plaide pour une union des droites allant jusqu’au RN.
Mais à LR tout le monde n’est pas d’accord. 😊
« Que les passions humaines prennent le dessus n’est sans doute pas très progressiste, mais c’est ainsi » (PB)
Le progressisme n’a pas l’exclusivité des passions humaines ; elles sont partout puisqu’elles constituent le fondement du comportement humain.
La politique est le lieu privilégié de l’irrationnel, qui est la marque des passions humaines.
C’est un privilège qu’elle partage avec la religion.
Ces deux domaines de la pensée reposent sur des postulats non rationnels :
la politique sur des convictions, et la religion sur la foi. Convictions et foi ne reposent sur aucune démonstration raisonnable au sens logique.
Aucun humain n’a jamais vu son dieu.
Deux l’ont entendu, Moïse et Mahomet, si l’on en croit l’histoire des religions ; les autres font confiance aux propos qui leur ont été rapportés, et ils croient, en dehors de tout raisonnement.
C’est même la définition de la foi : croire sans démonstration divine. Dieu sait, ou doit savoir, que c’est d’ailleurs le principal reproche qu’on lui fait : être absent et ne pas répondre à l’appel, et pourtant les gens croient, moi aussi.
Il en est de même pour la politique. De doctes philosophes ont expliqué comment une société devait fonctionner pour être parfaite et donc donner à chacun le bonheur qu’il mérite.
Déjà, sur l’attribution au mérite, il y a divergence. L’égalité vue par certains impose que le bonheur soit également réparti, quels que soient les mérites.
Première passion humaine insoluble, quel que soit le système politique choisi. Mais c’est un autre sujet.
Ensuite, les mises en application, rationnelles et logiques, de ces philosophies de vie en société ont toutes, sans exception, échoué, que ce soit le socialisme pur et dur sous forme de communisme, ou le libéralisme sauvage du « chacun pour soi et Dieu pour tous ». Dans cette forme, on retrouve la conjonction du religieux et de la politique.
Malgré ces échecs, on trouvera toujours des communistes et des libéraux ou libertariens pour souhaiter et œuvrer à la mise en place de leurs convictions, que le réel n’a jamais confirmées.
La passion humaine d’un monde meilleur fait partie, et c’est heureux, de la nature humaine, et donc il faut se battre pour faire advenir ce monde, avec un dieu si l’on y croit, ou avec les hommes seuls si l’on n’y croit pas.
L’irrationnel n’a pas besoin de résultats pour espérer et persévérer.
C’est qu’à cette passion humaine de bâtir un monde différent et meilleur, de préférence, se superpose une autre passion, moins avouable.
Et pourtant c’est la vraie, la seule, qui anime tous les hommes, du bas au sommet de la société : la passion du pouvoir, le grand pouvoir du grand chef ou le petit pouvoir du petit chef, et, à la limite, celui du « cordonnier qui est maître chez lui », comme dit le proverbe.
Foi, convictions irrationnelles toutes deux ; et volonté humaine, trop humaine, de pouvoir, de puissance : comment éviter que les passions dominent la société ?
La sagesse (?) est de faire avec, et de feindre d’être logique, cohérent et, pour tout dire, rationnel.
Ce qui, si ces trois conditions sont réunies, donnera une vie bien tristounette. 😉
Le politicien n’est qu’un humain comme un autre : plein de haine. La femme n’est qu’un humain comme un autre : pleine de grossièreté. Seulement, quand les gens ne savent pas se transcender un tant soit peu, ils sont mal placés pour faire la morale aux autres : au panier donc toute remarque de gens qui n’en sont pas dignes.
Et tant mieux : appeler les uns ou les autres à se sacrifier pour le budget me paraît insensé ; le pays étant mal géré, il convient d’abord que les politiciens le débarrassent de son millefeuille administratif et d’autres scories.
Sacrifier aux dieux ou au budget des gens parce que le char de l’État ne marche pas, avant même d’avoir essayé de le réparer, n’a pas de sens. Encore plus fort que le sacrifice d’Iphigénie presque commis parce qu’il n’y a pas de vent : ici, on veut saigner les gens alors que le problème est que l’engin, char ou navire, est encombré d’un tas de pièces rendant sa marche plus onéreuse et moins efficace !
Les femmes ont le droit d’être aussi grossières que les hommes. Les plus prétentieuses ne perdent que le droit de prétendre, sans qu’on en rie, qu’elles civiliseraient les hommes. Par ailleurs, les gens espionnant les célébrités sont bien plus grossiers que ceux dont ils pointent les imperfections, parasites de leur lumière.
Cela fait longtemps, en vérité, que nous avons observé ce phénomène troublant : dans nos débats publics, nous n’échangeons que rarement des arguments de fond, préférant nous livrer à des affrontements de personnalités, à ces fameux arguments ad hominem qui empoisonnent tout dialogue véritable.
À ce propos, une expérience de pensée m’est souvent venue à l’esprit, que personne, à ma connaissance, n’a jamais véritablement mise en œuvre : il serait singulièrement instructif d’inverser les locuteurs tout en conservant intacts les propos tenus. Imaginez que l’on attribue à Emmanuel Macron les déclarations de Jean-Luc Mélenchon, ou l’inverse. Vous saisissez l’idée. Une telle permutation nous ramènerait à l’essentiel — ou du moins à ce qui devrait constituer l’essentiel de toute discussion politique : le contenu des idées elles-mêmes, débarrassées de leur enveloppe rhétorique et surtout de l’identité de celui qui les énonce, détail qui n’a, au fond, strictement aucune pertinence intellectuelle.
Gageons que si l’on exposait l’ensemble des arguments circulant dans l’espace public sans jamais révéler leur origine, le résultat serait profondément déroutant. Il y a fort à parier que nombre de polémiques stériles s’évanouiraient instantanément, privées du carburant identitaire qui les alimente. Cette modeste expérience pourrait même engendrer des situations qui paraissent aujourd’hui inimaginables : concevoir, par exemple, que l’on vote non plus pour une personnalité, mais pour un programme d’idées — événement qui, convenons-en, ne se produit pour ainsi dire jamais.
Je parle là, bien entendu, d’une expérience purement fictionnelle, aux confins de la philosophie politique et de la science-fiction, qui ne verra sans doute jamais le jour. Mais qui, je l’espère, conserve cette vertu essentielle : nous faire réfléchir sur la nature véritable de nos engagements démocratiques.
La presse magazine, comme les médias audiovisuels, s’ingénie depuis des années à persuader le public que Mme Macron incarnerait l’élégance à la française, au prétexte qu’elle porte des habits de la maison Vuitton et qu’elle est l’épouse du président, dont elle aurait guidé l’éducation sentimentale.
Le comité Miss France s’évertue à faire de même en offrant en spectacle quelques jeunes femmes à l’admiration du public. L’an dernier, une candidate au charme jugé « exotique » fut désignée comme celle qui combinerait au mieux beauté et distinction.
Qu’ont donc en commun les miss et la première dame ? Non pas la beauté : chez l’une, la jeunesse est passée sans laisser de trace manifeste de quelque beauté ancienne, et pour les autres, la distinction et l’élégance ne sont pas toujours évidentes.
Il aurait mieux valu que ces femmes se tussent : le public aurait pu rester dans l’illusion, au lieu d’être contraint de constater, malgré lui, la vulgarité que leurs paroles ont révélée.
Tant d’efforts réduits à néant pour une parole de trop. Il messied à la beauté des femmes de trop se découvrir !
@ Patrice Charoulet -10 décembre 2025
C’est étonnant que la police n’ait pas pu vous aider. D’habitude, elle possède des clés passe-partout pour ouvrir les portes, même blindées. Une fois chez vous, à l’abri et au chaud, vous auriez pu tranquillement inspecter de nouveau toutes vos poches, sans tomber dans la panique.
Accrochez votre trousseau de clés à la boucle de votre ceinture de pantalon. Si vous oubliez votre veste ou votre manteau, ou si l’on vous vole, vous êtes sauvé…
Comme vous dites. Les passions humaines prennent le dessus. Malheureusement, il n’y a pas que nos politiques français qui sapent notre moral.
On a intérêt à se dépêcher de devenir forts pour éviter que la France et l’UE ne tombent encore plus bas qu’elles ne le sont déjà.
Cela nous concerne ! À partir de la page n°25 du document « Stratégie de sécurité nationale » de décembre 2025, envoyé par Donald Trump au monde entier, « la France et l’UE » semblent être dans le collimateur de la Maison-Blanche. On nous a à l’œil !
Vous pouvez convertir ce document PDF en HTML si vous souhaitez le lire en français après l’avoir traduit : il faut d’abord le télécharger, puis suivre le mode d’emploi qui s’affiche, puis suivre les instructions données dans une fenêtre séparée pour la traduction.
https://www.whitehouse.gov/wp-content/uploads/2025/12/2025-National-Security-Strategy.pdf
Donald Trump aurait déclaré : « L’UE a été construite pour emmerder les États-Unis. »
Mais pas seulement : les Européens souffrent tout autant de voir leurs pays sans réel pouvoir national ni identitaire !
Ce mercredi, je vais boire un café avec mes amis aux « Tribunaux » à Dieppe. À neuf heures, je vais à ma banque pour régler quelque chose. Je reviens chez moi. Je veux ouvrir la porte au bas de mon immeuble. Je cherche mon petit trousseau de clés. Rien dans les poches de mon manteau, rien dans les poches de mon jean. Trousseau disparu !
Je retourne à ma banque, puis à mon café. Personne n’a trouvé de trousseau. Que faire ? Je vais à la police municipale, puis au commissariat. Toujours pas de clés. Je n’ai pas de famille à Dieppe. La seule solution qui m’apparaît : aller à Paris en train pour demander à mon fils les deux clés qu’il possède.
Je vais à la gare. En faisant la queue au guichet, j’appelle mon fils et je lui explique la situation. Je tenais le téléphone de la main gauche. Je ne sais pourquoi, je voulus mettre ma main droite dans ma poche. Surprise ! Je sens quelque chose de dur : c’était mon trousseau de clés, qui ne se trouvait pas dans ma poche habituelle, mais dans une toute petite poche située entre ma ceinture et ma poche principale. De ma vie, je n’avais jamais remarqué l’existence d’une poche aussi minuscule à cet endroit.
Je reviens chez moi. Je cherche sur mon ordinateur des renseignements sur cette petite poche… inconnue. J’apprends qu’elle servait autrefois à mettre une montre attachée à une chaînette. Mais en 2025, qui utilise encore une telle montre ? Les fabricants de jeans devraient supprimer cette petite poche inutile. Cela m’aurait épargné toutes ces inquiétudes.
@ revnonausujai le 10 décembre 2025
Pas faux ! Trois « pintades », dont l’une — Cotillard — avait été égratignée par Le Canard enchaîné pour ses engagements écologistes, alors qu’elle produirait, selon ce journal, plus de carbone qu’un charbonnier avec ses déplacements.
Elle avait en effet été critiquée pour une contradiction entre son discours écologiste et ses voyages en avion. Plusieurs médias, dont Le Canard enchaîné et d’autres encore, ont relevé qu’elle défendait des causes environnementales tout en adoptant un mode de vie jugé incompatible avec ces positions, notamment en raison de ses déplacements fréquents en avion.
https://www.starmag.com/actu-people/marion-cotillard-pointee-du-doigt-par-les-ecologistes-elle-sexplique-653032.html
Et ce trio prétend donner des leçons de maintien à la terre entière. Elles ne sont d’ailleurs pas seules : dans ce genre-là, ça vole souvent en escadrille.
Brigitte Macron a simplement eu la dent dure, et, ma foi, ça fait du bien !
Dans l’infâme pétaudière qu’est devenue l’Assemblée nationale, il faut bien reconnaître que Sébastien Lecornu fait preuve d’une remarquable habileté.
Renonçant au 49.3, il a mis les députés face à leurs responsabilités. Le résultat est plutôt édifiant, car cela a permis de mettre en évidence les petits arrangements entre les partis, mais également les dissensions à l’intérieur des partis.
Mais enfin le Premier ministre que beaucoup voyaient déjà renversé par une motion de censure – alliant comme il se doit LFI et le RN – est toujours en place et réussit à faire passer aux forceps le budget de la sécurité sociale.
En fait, personne n’est satisfait mais ça permet de continuer à faire fonctionner les institutions jusqu’à la prochaine élection présidentielle.
Après, ce sera aux électeurs de choisir le président qui sera amené à décider du report de l’âge de la retraite, prendre les dispositions qui s’imposent pour lutter contre l’immigration sauvage, le narcotrafic, assurer la sécurité du pays contre les velléités de la Russie, endiguer l’invasion des produits chinois, résister à l’ingérence des États-Unis de plus en plus envahissante et maintenir le pouvoir d’achat des Français.
Vaste programme ! Je lui souhaite beaucoup de courage.
Malgré quelques remous assez cosmétiques, il semble qu’on n’ait jamais vu dans l’histoire politique française une assemblée aussi calme et pondérée que celle de la XVIIe législature, où l’autocensure règne en maître, réduisant les dérapages les plus sanglants à d’inoffensifs zéphirs et dégonflant les cris de haine en des démentis lénifiants.
Je pourrais citer comme contre-exemple les apostrophes de Clemenceau, mais elles sont beaucoup trop horribles, surtout quand elles sont misogynes, pour apparaître sur un blog aussi distingué – en plus, il y en a trop ! À défaut, l’énumération hugolienne de Quatrevingt-treize pourra servir de point de comparaison :
« Les menaces volaient et se croisaient dans la discussion comme les flammèches dans l’incendie.
Pétion : Robespierre, venez au fait.
— Robespierre : Le fait, c’est vous, Pétion ; j’y viendrai, et vous le verrez.
— Une voix : Mort à Marat !
— Marat : Le jour où Marat mourra, il n’y aura plus de Paris, et le jour où Paris périra, il n’y aura plus de république.
— Billaud-Varenne se lève et dit : Nous voulons…
— Barère l’interrompt : Tu parles comme un roi.
— Un autre jour, Philippeaux : Un membre a tiré l’épée contre moi.
— Audouin : Président, rappelez à l’ordre l’assassin.
— Le Président : Attendez.
— Panis : Président, je vous rappelle à l’ordre, moi.
On riait aussi, rudement.
— Le Cointre : Le curé du Chant-de-Bout se plaint de Fauchet, son évêque, qui lui défend de se marier.
— Une voix : Je ne vois pas pourquoi Fauchet, qui a des maîtresses, veut empêcher les autres d’avoir des épouses.
— Une autre voix : Prêtre, prends femme !
Les tribunes se mêlaient à la conversation. Elles tutoyaient l’assemblée. Les imprécations se donnaient la réplique.
— Conspirateur !
— Assassin !
— Scélérat !
— Factieux !
— Modéré !
On se dénonçait au buste de Brutus qui était là. Apostrophes, injures, défis. Regards furieux d’un côté à l’autre, poings montrés, pistolets entrevus, poignards à demi tirés.
Un jour, Robespierre prend la parole et parle deux heures, regardant Danton tantôt fixement, ce qui était grave, tantôt obliquement, ce qui était pire. Il foudroie à bout portant. Il termine par une explosion indignée, pleine de mots funèbres :
— On connaît les intrigants, on connaît les corrupteurs et les corrompus, on connaît les traîtres ; ils sont dans cette assemblée. Ils nous entendent ; nous les voyons et nous ne les quittons pas des yeux. Qu’ils regardent au-dessus de leur tête, ils y verront le glaive de la loi ; qu’ils regardent dans leur conscience, ils y verront leur infamie. Qu’ils prennent garde à eux !
Et lorsque Robespierre a fini, Danton, la face tournée vers le plafond, les yeux à demi fermés, un bras pendant par-dessus le dossier de son banc, se renverse en arrière, et on l’entend fredonner :
Cadet Roussel fait des discours — Qui ne sont pas longs quand ils sont courts. »
JLM a beau se prendre pour un conventionnel, c’est quand même autre chose que lorsqu’il demande la démission de Retailleau…
Cher Philippe Bilger,
Je partage votre constat. N’oublions pas en effet que la politique est d’abord et avant tout affaire d’incarnation : le gaullisme n’aurait pas existé sans de Gaulle.
Ce que retient l’Histoire, au-delà des mouvements politiques, ce sont avant tout les hommes et les femmes qui les ont incarnés.
Dans un passé récent, on pense notamment à Mitterrand, Chirac et Sarkozy qui, dotés d’une force de caractère peu commune, ont su convaincre bien au-delà de leur camp.
Au contraire de l’ectoplasme Hollande et de l’histrion Macron, tous deux élus par défaut, respectivement après l’épisode DSK et après le faux pas de Fillon, et dont il ne restera rien, sinon du négatif.
La prédominance de l’homme sur l’idée s’est aussi manifestée avec Éric Zemmour, dont on est forcé de reconnaître chaque jour davantage la justesse des prévisions et la pertinence des solutions, mais dont la personnalité inutilement tranchante (au contraire de celles de Sarah Knafo et de Marion Maréchal qui proposent exactement le même programme) constitue un obstacle rédhibitoire à un quelconque rassemblement.
On terminera avec votre protégé, qui est aussi le mien (avec Lisnard), mais qui semble singulièrement manquer de charisme. Un homme politique doit vous prendre aux tripes, doit vous faire lever de votre chaise. Malgré les qualités humaines qu’il réunit (rares dans le monde politique), Bruno Retailleau semble handicapé par cette obsession de parler à la raison plutôt qu’au cœur. Mais l’occasion fait le larron et on a vu un Zemmour se métamorphoser en redoutable orateur en 2022.
Surtout si l’on y ajoute que les élucubrations de Wauquiez et de sa clique (dont 18 d’entre eux ont fait basculer hier le vote* en faveur de la suspension de la réforme des retraites !!) brouillent encore davantage l’image du parti de Bruno Retailleau.
Mais il n’y a pas de fatalité : si Retailleau était, comme les trois exemples cités plus haut, un vrai chef, cela ne serait pas arrivé. Avec 75 % des adhérents derrière lui, un vrai chef doit trancher dans le vif et mettre sans états d’âme les traîtres hors d’état de nuire ; répugnant à le faire, il lui sera difficile de rassembler son camp pour 2027.
*Voilà qui confirme malheureusement mon propos d’hier sur la tentation centripète viscérale d’une partie de la droite LR. Et Bruno Retailleau semble impuissant à empêcher cette dérive suicidaire.
À propos de Brigitte Macron :
https://www.rtl.fr/culture/medias-people/marion-cotillard-camelia-jordana-marine-tondelier-ces-celebrites-qui-publient-je-suis-une-sale-conne-en-reponse-a-brigitte-macron-7900576017
Elles ont bien raison de proclamer cette vérité d’évidence ; on peut reprocher pas mal de choses à Brigitte Macron mais, dans la petite minute qu’il lui a fallu pour énoncer sa phrase, elle a montré plus d’intelligence que les trois pintades durant toute leur vie !
C’est bien pourquoi il faut lever le pied de la politique de temps à autre. D’une part, il n’y a pas que la politique dans la vie, d’autre part, elle a fini par devenir le principal moyen de distraction de bien des gens, au travers de la toute-puissance des médias et de leur consommation frénétique par la population.
Se pervertissant ainsi, ce qui est extraordinairement dangereux, puisque la politique est indispensable et existera toujours. C’est précisément afin de préserver les vertus politiques qu’il faut se déprendre de son emprise sur nos vies. Les dirigeants du pays ne sont pas des vedettes du spectacle, et les rapports que nous entretenons avec eux ne doivent pas imiter ceux qui peuvent nous attacher à des chanteurs à la mode – ou même à des personnages de roman.
Il est nécessaire de remettre la politique à sa place : fondamentale, mais limitée. C’est cela aussi, l’éthique libérale.
Nietzsche est convoqué : « Le contraire de la vérité n’est pas le mensonge, mais la conviction ». C’est une remarque puissante : elle montre que la certitude aveugle est plus dangereuse que le mensonge, car elle ferme la porte au doute et au dialogue. Et moi qui me suis pris une pelle en philo au bac, je suis en cannes alors je vais essayer de me rattraper pour l’honneur.
Notre hôte décrit la politique comme une scène où les passions dominent, où les compromis deviennent des abandons, et où les affrontements se réduisent à des hostilités personnelles. Une politique qui ressemble davantage à un théâtre des ego qu’à un projet collectif. Peut-être est-ce justement le signe que la politique n’est plus pensée comme un service, mais comme une lutte de survie : le pouvoir pour le pouvoir, jamais les citoyens. Et c’est ainsi que le FN/RN est grand… et Nicolas Sarkozy son prophète.
Au fait, il faut quand même être un peu secoué pour ressortir de la boîte un has-been et faire croire qu’il serait un maître à penser alors qu’il est aujourd’hui une machine à perdre. Il ressemble en cela à Hollande, persuadé de participer encore au débat politique alors que les citoyens l’exècrent, que l’électeur n’en veut plus depuis longtemps — et pourtant ils s’accrochent, ils s’accrochent comme la gale au pauvre monde. Il suffit de se pencher sur leurs derniers sondages et sur les résultats des primaires pour Nicolas, ainsi que sur la baudruche “Pépère” qui n’a même pas eu le courage de monter au feu pour un second mandat. ¡Afuera !
Les exemples donnés (Brigitte Macron, Mélenchon/Faure, Wauquiez/Retailleau) montrent que les conflits dépassent les idéologies et relèvent avant tout de la psychologie et des tempéraments. Ce que l’on voit ici en pleine lumière, c’est que derrière les étiquettes partisanes, ce sont surtout des personnalités qui s’affrontent. La politique devient alors un miroir grossissant des passions humaines, de leurs travers surtout, de leurs égoïsmes profonds et rédhibitoires.
La politique n’est plus seulement un affrontement d’idées, mais une mise à nu des passions humaines. On peut le regretter, mais peut-être est-ce aussi une manière de rappeler que, derrière les institutions, il y a des êtres faillibles, avec leurs rancunes, leurs colères et leurs fragilités : des hommes détestables parfois, des êtres brillants d’autres fois… La panoplie universelle portée par les humains, pour le pire et pour le meilleur.
Le “prisonnier” fait rire la planète entière, je n’irai pas jusque-là : “Tous les arts ont produit des merveilles ; l’art de gouverner n’a produit que des monstres” disait Saint-Just dans son Discours sur la Constitution à donner à la France. Ce dernier avait l’exigence ultime — celle des fous peut-être, je ne suis pas psychiatre — mais ce dont on se rend compte, c’est que le règne des plus tristes et des minus est loin d’être achevé.
Ce combat de coqs m’exaspère et fait monter la colère dans les campagnes. Prions que la grippe aviaire atteigne cette basse-cour à bijoux alors que l’on abat avec un cynisme incroyable du bétail même vacciné pour une maladie soignable qui n’est en rien une zoonose,
la viande restant consommable.
Encore un prétexte pour réduire le nombre de paysans dans le cadre du Mercosur et supprimer notre indépendance alimentaire. Comme l’avait annoncé il y a déjà maintenant trente années François Bayrou à une réunion publique où j’étais présent: « 100.000 paysans suffisent à la France ». Là je peux vous dire que la gendarmerie est bien présente, FAMAS en bandoulière, pour pénétrer dans les fermes et assister à l’abattage à l’arme à feu.
Cela va très mal finir. Croyez-moi, les Parisiens…
https://www.youtube.com/watch?v=bMGqcGtSgho
Cher Philippe Bilger,
Votre vision des passions politiques comme chaos humain est lucide, mais terriblement pessimiste… Optimisons-la !
Avec Gramsci, faisons du pessimisme de l’intelligence un outil de diagnostic.
Avec Hegel, souvenons-nous que les conflits dialectiques peuvent conduire au progrès.
Et avec John Gray, acceptons les failles humaines pour bâtir des fondations plus stables.
Ainsi, les haines mises à nu cessent d’être de simples déflagrations : elles deviennent des catalyseurs de renouveau.
#PhiloPolitique