La cellule familiale est privilégiée par les Français et, en même temps, c’est sa faillite qui explique en grande partie les dérives graves de certains mineurs et adolescents livrés à eux-mêmes, sans éducation ni autorité.
La tragédie récente qui a conduit à la mort d’un conducteur de 14 ans, d’un autre mineur et d’un adulte, sous l’effet du, protoxyde d’azote, constitue une déplorable illustration de cette déréliction. En dehors du chagrin exprimé et de la douleur ressentie par les proches, on ne perçoit pas la moindre prise de conscience du scandale que représente ce trio transgressif ni de l’irresponsabilité coupable des géniteurs. Comme si l’essentiel ne résidait pas là, dans cette incurie et cette délinquance, mais dans les larmes forcément versées !
Cette réflexion m’est venue à la découverte de cet étrange paradoxe qui ne cesse de démontrer qu’on n’éradique pas le Mal, mais que celui-ci est mobile, il se déplace. Quand on croit l’avoir identifié ici et en partie réduit, il est déjà ailleurs, adoptant chaque fois d’autres configurations pour échapper au risque de sa suppression radicale.
Le Mal, tel que je l’entends, a mille visages. Du dérisoire au capital, de l’anodin au gravissime, c’est tout ce qui fait mal à l’humain !

Alors qu’il était permis d’espérer que MeToo engendrerait des effets positifs sur tous les plans, en tout lieu où des rapports de pouvoir, de dépendance et de domination étaient susceptibles de se manifester et d’être subis, la désillusion a été brutale.
On sait en effet « que les violences sexistes et sexuelles, les agressions se multiplient dans les transports en commun, ce qui contraint les femmes à adopter un état d’hypervigilance » (Le Parisien).
Cette lamentable évolution révèle que l’indécence, la grossièreté, les attouchements et les frottements constituent des comportements spécifiques, indépendants et autonomes : l’entreprise peut en réduire la fréquence, mais le métro par exemple offre la perverse opportunité de les multiplier. Le Mal trouve toujours des ressources pour s’approprier un nouveau terrain de gestes interdits.
Ce combat est donc toujours à renouveler, aucune leçon n’est définitivement acquise et les prédateurs de haute volée, même condamnés, ne nous préservent pas des salacités médiocres du quotidien. Comme si le progrès, ici, octroyait le droit de salir, là.
Je comprends l’inquiétude de ces femmes qui, en raison de l’inévitable promiscuité des transports bondés, redoutent des attouchements pervers.
Le Mal est mobile. On croit l’attraper, il est passé ailleurs.
Le féminisme universel a encore beaucoup de travail.