Un François qui réussit

Ce pape est un miracle.

Dans tout ce qu’il accomplit depuis son élection, il y a des leçons à prendre par tous ceux qui dans notre monde ont charge d’autrui, se trouvent investis d’un pouvoir et d’une autorité considérables et font de la politique parfois comme s’il s’agissait d’une activité ordinaire.

En effet, quel festival depuis que les cardinaux, avec une admirable clairvoyance, ont choisi ce cardinal argentin pour succéder à Benoît XVI ! Il n’est même pas besoin de les comparer pour être saisi par le parcours sans faute jusqu’à maintenant de cette personnalité qu’on annonçait de transition à cause de son âge et qui bien évidemment a déjà changé le visage de l’Eglise, et peu importent les grincheux !

Qu’on en juge : dialogue, respect, compréhension, écoute, simplicité, l’appareil sans l’apparat superfétatoire, un homme qui va vers les fidèles au lieu d’attendre qu’ils s’approchent de lui, un pape dans la mêlée, une multitude émue qui non seulement ne perd pas sa révérence mais la lui rend au centuple, considération pour tous, rien de péremptoire ni de brutal dans les affirmations et l’énoncé des principes et des valeurs, une volonté de médiatisation qui à la fois flatte les journalistes et permet de transmettre des messages essentiels en les imprégnant de familiarité et de confiance (Le Monde, Le Figaro, Paris Match). L’affection tranquille.

La religion, portée à ce comble d’authenticité et de talent, est du grand art.

Constatant avec bonheur, comme tant de chrétiens éblouis, le surgissement dans le siècle d’une transcendance aimable, chaleureuse, séduisante même pour ceux rétifs à toute forme de religion ou relevant d’autres chapelles, je me suis demandé si des actes allaient être accomplis ou si nous avions seulement affaire à un manipulateur de génie.

La réponse n’a pas tardé. Le pape François n’est pas le Guépard de Lampedusa pour qui il convient que tout change afin que rien ne change. Il a pris son temps mais des réformes de structure seront opérées qui offriront l’avantage d’être accordées au nouvel état d’esprit diffusé.

L’Eglise va vraisemblablement s’alléger d’une bureaucratie étouffante et captatrice dont le pape hier était prisonnier malgré ses efforts. Pour que le Vatican ne soit pas qu’un Etat et un gouvernement, il fallait rappeler qu’au-dessus d’eux, forcément, il y avait le souffle universel de l’humanisme et de la morale. Sans lui, même avec les meilleures intentions du monde, la papauté ne serait qu’un mix de pureté et d’opportunisme. Il est clair qu’avec ce pape, les accommodements indécents et tactiques vont prendre fin. Un zeste de foi, une touche de pragmatisme : terminé.

Le gouvernement de l’Eglise ne devra jamais se dégrader en église des gouvernements, quels qu’ils soient, où qu’ils se trouvent. L’énorme chance de ce pape, avec cette révolution de la forme et des apparences qu’il mène à bride abattue tant pour lui qu’à l’encontre des corporatismes massifs et figés qui confondent leurs intérêts et leur influence avec la vérité et l’intégrité, tient au fait qu’il n’aura jamais à s’encombrer du relatif et du contingent, du fluctuant et du provisoire : ce dont il est dépositaire représente une universalité, un absolu qui se dégraderaient s’ils venaient par démagogie à épouser les dérives du siècle ou ses avancées contestables.

La métamorphose qu’effectue au quotidien François, partout où il s’agit de démontrer que l’Eglise n’est pas engoncée dans un conservatisme qui refuserait la modernité de l’accueil de l’autre, de l’empathie avec d’autres pensées et de l’exemplarité de la modestie et du dépouillement, aura des effets décisifs. Changer les modalités, c’est tout changer en réalité puisqu’il y a des fondamentaux que pour ma part j’estime intangibles, sauf à faire du catholicisme une auberge ouverte à tous vents, même les plus discutables.

Le pape, d’une habileté diabolique (si j’ose dire), perçoit ce qu’il peut y avoir de difficile à accepter pour un esprit contemporain dans cette série d’intransigeances doctrinales. Alors, sans les répudier, il laisse entendre que d’autres chemins pourraient s’ouvrir, il s’interroge et il interroge, il évoque du virtuel pour que les modernistes s’en emparent mais, profondément, il y a des rocs, des ancrages : si on les enlève, la maison s’écroule.

François a redonné l’espérance à un univers qui peu ou prou croyait, mais dans la tristesse et l’excessif pardon des offenses.

Ce François réussit.

Il n’est pas trop tiare : je devine que ce pape me pardonnera ce calembour. Il sait être gai et grave à la fois.

Article précédent

Le jour de l'ascension

Article suivant

Des excuses pour Jean-Michel Gentil !

Ecrire un commentaire
  1. Bonjour Philippe Bilger,
    « Il n’est pas trop tiare : je devine que ce pape me pardonnera ce calembour. Il sait être gai et grave à la fois. »
    Ouh la la, ce calembour va faire pâlir de jalousie Stéphane Collaro qui se distinguait il y a déjà une bonne vingtaine d’années par ce genre de jeux de mots acrobatiques.
    Ceci étant, il est vrai qu’à une époque où l’intégrisme, le fondamentalisme, le dogmatisme, le prosélytisme et le fanatisme de quelques imams autodéclarés mettent le monde à feu et à sang, les paroles apaisantes de ce pape sont les bienvenues.
    Mais l’Eglise catholique a encore bien du chemin à parcourir pour être en harmonie avec les mœurs du monde actuel.
    Elle est encore engluée dans des préjugés archaïques sur bien des sujets et notamment sur la sexualité : la contraception, l’IVG, le mariage des prêtres, l’homosexualité.
    Si elle veut survivre et se démarquer d’un Islam réfractaire à toute évolution sociétale, il lui convient de se libérer du puritanisme hypocrite et désuet qui habite encore toute une frange de croyants qui se sont réfugiés dans une piété quasi mystique, refusant d’accepter l’ouverture intellectuelle offerte par les progrès de la science.
    Ces gens qui s’accrochent au créationnisme comme un naufragé à sa bouée sont plutôt pathétiques. Ils refusent la réalité et s’efforcent de nous imposer leur vision moyenâgeuse.
    A votre calembour « il n’est pas trop tiare » je suppose que ceux-ci vous répondront « mieux vaut tiare que jamais ».

  2. Si le monde est à feu est à sang, ce n’est pas à cause de Dieu ! La religion est le domaine du mystique. Au quotidien, cela devient de la politique. Les horreurs sont commises par l’Homme, pas par Dieu.
    Le pape François réussit pour l’instant, ce n’est que le début de sa charge papale à la tête de l’Eglise Catholique. Sa stratégie n’est pas de mettre l’Eglise en harmonie avec le monde actuel, sa stratégie est au contraire une attaque frontale contre le nouveau dieu « l’Argent » et sa loi : la loi de la jungle.

  3. Xavier NEBOUT

    Jean Paul II fut le Pape d’une époque.
    Aujourd’hui, l’avenir de l’Eglise ne se trouve pas dans l’humanisme, la morale ou l’habileté politique, mais dans la théologie, seule source de la puissance argumentative, essence de la charité chrétienne dont l’unique objet est le salut de l’âme.
    En attendant, d’entendre les prêtres retrouver le discours fondateur, les islamistes ont beau jeu de mépriser les chrétiens.
    En outre, suivre les traces de l’abbé Pierre ou du Père Pio amène à la sainteté, mais ce ne sont pas de leurs qualités dont un Pape doit faire état pour remplir son rôle.
    A laisser entendre que l’on doit affréter des paquebots et construire des hôtels pour aider tous les malheureux de la planète à envahir l’Europe, soit celle-ci sera dominée par l’Islam, soit nous aurons un christianisme nazi à l’issue d’une effroyable guerre civile.

  4. « Pour que le Vatican ne soit pas qu’un Etat et un gouvernement, il fallait rappeler qu’au-dessus d’eux, forcément, il y avait le souffle universel de l’humanisme et de la morale »
    Je dirais plus modestement qu’au-dessus d’eux, il y a Dieu, tout simplement. Celui qui est.
    Pour le reste votre enthousiasme à l’égard de François me réjouit.
    Si si, il me donne à penser que bientôt vous me rejoindrez dans ma perplexité, ma réserve, pas encore mon rejet, mais ça risque d’arriver rapidement, de François.
    J’explique : vous avez célébré avec le même enthousiasme que celui que vous manifestez à l’égard de François le Pape, les mérites de Nicolas le petit, de François le champi, (non je veux dire le Bayrou), de François le normal, pour finir par où j’avais commencé, le rejet total. Mais vous fonctionnez de façon réfléchie, je fonctionne à l’intuition orientée, je n’avais donc aucun mérite.
    Je sais bien que les Jésuites sont réputés pour leurs conduites de détour, mais comment adhérer à un Pape qui se montre plus prompt à verser des larmes, fussent-elles sincères ou de crocodile, sur le sort de migrants musulmans et qui oublie, ou qui en parle si peu que pas, les massacres subis par les Chrétiens du Moyen-Orient, les incendies d’églises.
    Si nous sommes tous fils de Dieu, alors il faut se lamenter également sur le sort de tous les malheureux.
    On peut également se souvenir de l’adage : « Charité bien ordonnée commence par soi-même », et au moins commencer par être charitable à l’égard de sa propre communauté.
    Après tout, on peut dire aussi : « Charité chrétiennes commence par la chrétienté », sans pour cela oublier les autres.
    Au fait quid du prosélytisme, il n’est plus dans le dogme ? Seules les autres religions ont le droit et le devoir de croître ?
    Non décidément non, je ne suis pas convaincu par ce François, pas plus par celui-là que par les autres.

  5. J’imagine que sous son impulsion, beaucoup de d’évêques , d’archevêques et de cardinaux vont redécouvrir ce qu’est un pauvre. Il y a tant de distance entre les ors du Vatican et les bidonvilles ! Le grand mérite de ce François, c’est que lui a vécu tout près des barrios misérables de Buenos Aires.
    Sans doute que certains vont traîner les pieds, mais on peut pressentir un certain rapprochement entre l’appareil catholique et le monde d’aujourd’hui confronté aux tristes réalités du quotidien.
    Bonne chance François ! Et que les voies du seigneur soient un peu moins impénétrables.

  6. «François a redonné l’espérance à un univers qui peu ou prou croyait, mais dans la tristesse et l’excessif pardon des offenses. Ce François réussit.»
    Ayant ainsi commenté l’élection du 13 mai 2013 à l’adresse d’un moine de ma connaissance : «quelles que soient ses prises de position futures, on sait d’emblée que c’est un homme bon et qu’il trouvera le meilleur chemin pour l’Église, je pense que c’est important. Ceci dit, c’est quand même un jésuite donc… »
    La réponse a été : «Je ne connaissais pas le cardinal Bergoglio avant son élection. Prions pour lui comme il nous l’a humblement demandé ! Et que disparaissent les caricatures au sujet des Jésuites ! Beaucoup montrent que le cœur et l’intelligence vont de pair ! »

  7. hameau dans les nuages

    « Mais l’Eglise catholique a encore bien du chemin à parcourir pour être en harmonie avec les mœurs du monde actuel »
    Achille
    Je suis scotché. C’est proprement hallucinant voire luciférien.
    Le dévoiement absolu du message du Christ. L' »Aimez-vous les uns les autres » à la sauce piquante Cohn-Bendit.
    Quand on dépasse les bornes il n’y a plus de limites.
    Comment comprenez-vous que tant de jeunes se tournent vers l’islamisme radical alors que les cathédrales en béton se vident et que leurs officiants ont jeté aux orties leurs vêtements sacerdotaux pour faire jeune ?
    Vous faites fausse route.

  8. À la fin de la chronique de Philippe Bilger, on sursaute de surprise joyeuse et complice : c’est drôle et bienvenu (merci) !
    Mais on reste perplexe quand un commentateur reprend la formule et tente d’en rajouter, de faire encore mieux (?).
    Le talent d’Achille…

  9. « l’Eglise »
    Vous voulez dire l’Eglise catholique ?
    Ce pape, non seulement est immensément dans l’erreur – c’est un pape (infaillible, vraiment ?), c’est un catholique (qui doit croire aux miracles du Padre Pio), c’est un chrétien (il croit qu’un homme en Palestine il y a deux mille ans a marché sur les eaux) – mais en plus, il est progressiste – ses prédécesseurs, au moins, semblaient conservateurs.
    Le cirque médiatique a gagné un pleurnicheur droit-de-l’hommiste de plus (avec l’humilité comme créneau spécifique) : il trépigne de joie, et Philippe Bilger bégaie d’enthousiasme.

  10. Je ne comprends pas ce dithyrambe à l’égard d’une personne et d’une institution qui n’ont aucune obligation de moyen, encore moins de résultat.
    Le nouveau pape donne une image de modestie et de simplicité ; et alors ?
    Son message, ses interventions et son style sont somme toute ce qu’il y a de plus normal lorsque l’on prêche l’amour du prochain, le désintéressement des choses matérielles, la rédemption et la pauvreté.
    Pourquoi s’esbaudir de ce qu’il y a de plus normal et qui aurait dû toujours être la règle ?
    N’empêche que l’église dans son fonctionnement est aux antipodes des discours de son mentor, elle est même en pleine turpitude : blanchiment d’argent, liens avec la mafia, réseaux pédophiles agissant au plus niveau. Il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser.

  11. Pour le meilleur (et pour le moins bon ?) le Pape François est très jésuite, avec sa capacité à s’adapter à l’air du temps (comme les jésuites l’ont toujours fait) tout en restant ferme sur les fondements du christianisme. Il a bien compris que pour se faire entendre (notamment des médias) il fallait mettre l’accent sur la dimension « compassionnelle » du message chrétien (l’amour des autres) et escamoter son aspect « ascétique » (tout ce qui peut ressembler à des obligations individuelles). Comme le dit un grand journal du soir, qui prend peut-être ses désirs pour des réalités : « Le message du pape François n’est plus moral mais social ».

  12. calamity jane

    Achille : excellent !
    Les Jésuites restent des Jésuites jusqu’à ce qu’ils donnent la preuve du contraire pour ne pas plagier G. Bernanos, qu’il
    destinait aux imbéciles.
    Moins d’un an. Je maintiens mes réserves.

  13. Mouais ! Faut voir :
    « Le pape François excommunie un prêtre australien progressiste »
    Voici François pris en défaut de contradiction entre l’esprit qu’il entend insuffler à son pontificat et des actes disciplinaires aux antipodes. Le dernier en date : il vient d’excommunier un prêtre estimé pour son dévouement. Coupable de divergences de vue, non sur la foi mais sur le mariage homosexuel et l’ordination de femmes. Le pape François ne pouvait ignorer une telle mesure prise en son nom. Ne pas l’empêcher ou ne pas la désavouer c’est l’approuver. Et c’est renier les nombreux signes d’espoir que le pape donne à tous les hommes et femmes de bonne volonté.
    C’est là : http://golias-editions.fr/article5174.html

  14. Ma foi… les Lumières ont combattu et combattent toujours l’Eglise pour deux raisons : d’abord pour éviter que Dieu soit le premier servi, comme le disait Jeanne d’Arc ; elle a d’ailleurs pu constater de visu la puissance juridique de l’adage. Le chevalier de la Barre et de nombreux autres plaisantins moins connus aussi… Certains l’éprouvent d’ailleurs encore à l’heure actuelle en des pays moins laïcs que le nôtre. Par exemple :
    http://atheisme.org/tennessee.html
    Dans cinq Etats de ce noble pays, au Texas bien sûr, mais pas seulement, les athées ne peuvent en aucun cas s’inscrire au barreau ou plaider. Thomas Jefferson, réveille-toi, ils sont devenus fous ! Bref…
    L’autre motif, plus essentiel encore, c’est que l’esprit de croyance provoque d’emblée l’intolérance. C’est sans doute pour cela que les délibérations de jurys d’assises ont vocation à rester secrètes.
    Evidemment, un bon diable de pape comme le père François, on ne peut vraiment pas le réduire à la théocratie ni au fanatisme. C’est aussi ce que je disais de Jean Paul II : Jarnipiedouze ! Pour un prêtre polonais, il est excellent ! Heureusement, Xavier Nebout est présent sur ce forum, pour me rappeler de quoi certains esprits forts sont capables lorsqu’ils croient réellement en quelque chose. Ceci étant, Xavier, votre allusion au christianisme nazi me rassure : vous n’êtes pas un disciple de Mayol de Lupé.

  15. L’Eglise catholique n’a pas indiqué vouloir être en harmonie avec les dérives des moeurs actuelles : l’IVG reste un crime, l’homosexualité un péché ; la seule différence du pape François avec ses prédécesseurs est de mettre l’accent sur l’accueil par l’église de ceux qui ont péché, d’être plus ouvert au pardon ; ce qui ne signifie pas l’oubli des fautes, mais la seule constatation que tout le monde est plus ou moins pécheur.
    L’Eglise catholique n’est pas un fonds de commerce qu’il faut faire prospérer en améliorant son image de marque : il n’y a aucun signe qu’elle accepte le dévergondage des élites boboïsantes avec leur religion du sexe, de la drogue, et de la vénération du corps ; la voie que l’on croit voir indiquée par ce pape est de conquérir ou reconquérir des populations qui se sont éloignées de la religion, non pas en changeant de doctrine, mais en marquant son intérêt pour les déclassés et les ignorants.
    L’Eglise catholique est concernée par le progrès scientifique parce que c’est un hymne à la vérité ; la teneur même de ces progrès lui est indifférente ; les leçons de morale, de moeurs que certains voudraient en tirer est complètement son affaire. D’ailleurs quels principes évidents de vie quotidienne sont à tirer du hasard et de la nécessité qui gouvernent l’évolution, ou de l’accroissement de l’entropie qui régit le monde physique, ou de la tautologie fondement des mathématiques : la recherche du beau, du vrai, du bon sont plus larges.
    L’Eglise catholique est aussi une organisation humaine et comme toutes les organisations humaines, précaire. Comme n’importe quel chef d’un gouvernement, le pape François veut en améliorer le fonctionnement avec plus de conviction que ses deux prédécesseurs immédiats. Il n’est novateur que là où la tradition n’est que l’écume de l’histoire. Il n’est sinon que le gardien d’un dogme, hérité de la tradition ; il est traditionaliste, en ce sens qu’il est chargé de porter à des fidèles ou incroyants, une croyance, une oeuvre de mémoire, un devoir de mémoire.

  16. @ hameau dans les nuages
    « Comment comprenez-vous que tant de jeunes se tournent vers l’islamisme radical alors que les cathédrales en béton se vident et que leurs officiants ont jeté aux orties leurs vêtements sacerdotaux pour faire jeune ?
    Vous faites fausse route. »

    Je m’explique cet engouement vers l’islamisme radical par un conflit culturel entre deux civilisations aux visions sociétales totalement incompatibles.
    – Une civilisation où la démocratie a lentement, au cours des siècles, réussi à s’installer dans les esprits et dans les mœurs.
    Une civilisation dans laquelle l’instruction de la population dès l’enfance lui a donné les moyens de maîtriser les éléments fondamentaux des sciences et de la technologie et donc de voir le monde tel qu’il est dans sa matérialité et sa complexité qui n’a rien à voir avec les concepts simplistes de la Genèse.
    Cet enseignement a sans doute eu pour effet de permettre à l’Homme de le rendre maître de son destin et non plus se fier à une entité spirituelle à qui il devrait tout et à qui, à ce titre, il serait redevable.
    – Une civilisation de pays dirigés depuis des siècles par des dictateurs corrompus, qui aujourd’hui sont à la solde de multinationales qui achètent les terres de pauvres gens qui jusqu’alors avaient réussi à vivre dignement de leurs exploitations et en sont chassés par leurs propres dirigeants.
    Ces gens-là n’ont d’autre ressource que de se retourner vers les seuls qui acceptent de les prendre en charge, les organisations islamistes.
    Ces dernières leur offrent pour tout enseignement d’apprendre le Coran par cœur avec en prime une exégèse destinée à en faire des soldats d’Allah contre le « Grand Satan » qu’est l’Occident.
    Je ne pense pas, pour ma part, que l’Eglise catholique y gagnerait à se répandre dans un prosélytisme guerrier. Le temps des croisades est déjà loin. Le monde occidental a évolué.
    Il y a eu le siècle des Lumières, la révolution industrielle, et la science nous apporte chaque année de nouvelles révélations sur l’univers, la matière et la vie.
    La spiritualité n’aura de sens que si elle reste en adéquation avec la connaissance. Dans le cas contraire elle ne fait que se décrédibiliser tous les jours un peu plus.

  17. @ tous ceux qui laissent des commentaires narquois, cyniques ou insultants à l’égard du Pape François
    Le pape exerce simultanément deux fonctions. En tant que chef spirituel de l’Église catholique, il défend la tradition chrétienne, avec ses dogmes et ses rituels. Comment lui reprocher de ne pas être « progressiste » ? En tant que chef temporel, il est responsable d’un État et de son organisation, qu’il s’efforce courageusement de réformer (au sens premier du terme, redonner à l’Église sa forme initiale).
    Le seul commentaire intéressant est celui rédigé par « olivier seutet | 06 octobre 2013 à 19:09 ». Il souligne fort justement que l’Église catholique ne s’est jamais désintéressée des progrès scientifiques ou de l’évolution des moeurs. Seuls des athées militants ou des catholiques prétendument progressistes peuvent soutenir le contraire.
    Le créationnisme, par exemple, n’a un certain crédit que dans les populations majoritairement protestantes. J’en parle d’autant plus librement que j’ai été baptisé selon le rite presbytérien écossais, ce qui suffit à faire de moi un membre de la communauté chrétienne, même si je suis indifférent en matière de religion.
    Je confesse humblement que j’éprouve une admiration certaine pour le Pape François. Son parcours, son intelligence, son humanisme, son humilité, sa volonté de réformer. Sans aucune ostentation, avec simplicité et détermination. Quel bel exemple ! Qu’on soit croyant ou non.

  18. « La spiritualité n’aura de sens que si elle reste en adéquation avec la connaissance »
    Rédigé par : Achille | 06 octobre 2013 à 20:31
    Plus précisément, avec la connaissance de soi.
    La connaissance scientifique n’a pas changé grand-chose à la relation profonde avec Dieu, qui ne relève pas de la raison.
    Tout au plus elle a permis de réduire les superstitions qui sont la forme la plus vaine et la plus erronée de l’approche du divin.
    On accède à Dieu de l’intérieur et non de l’extérieur.
    Mais c’est un autre sujet.

  19. Paroles de foi et de paix sont toujours étonnantes, en ce sens originel qu’elles nous frappent comme le tonnerre venant d’un pape, personnage institutionnel qu’on a pris l’habitude de méconnaître en le confrontant à l’inadaptation de son Eglise aux moeurs de ce monde ce qui revient à s’indigner que le pétrole ne se forme pas en quelques semaines dans les entrailles de la Terre.
    Par ailleurs l’Eglise dans son humanité, a été le site de scandales financiers et moraux de belle ampleur, exploités à l’envi.
    Le christianisme est dans une situation dramatique ; dépassé par l’Islam, répudié en Occident, il voit ses églises détruites administrativement, ses fidèles danser sur les ruines et les mosquées prospérer, son Dieu affiché à l’obscénité de journalistes consternants.
    La simplicité et la pauvreté de François sont des ingrédients insuffisants. C’est un portrait séduisant, ce n’est pas la force de l’Esprit. Cela n’intéresse même pas les musulmans, ne détournera pas les Roms et autres de leurs croyances superstitieuses, ne fera pas rentrer des séminaristes.
    L’Eglise a laissé ses enfants désemparés, elle a laissé la doctrine se flétrir en la vulgarisant, dans des homélies désarmantes de pauvreté intellectuelle, elle a confondu la compassion avec l’engagement politique et a, comme le président français, calculé l’état de grâce en raison inverse du portefeuille. Voilà cinquante ans que ce discours contribue à l’écrasement de notre société par un argument de lutte des classes, où le discours moral de l’Eglise a alimenté le délabrement marxiste.
    Plaider la misère du monde, alors que la pauvreté y a largement reculé, c’est faire le jeu des maîtres africains sans scrupules, des financiers émiratis roublards et renforcer le pouvoir de l’argent sans limites.
    Par ailleurs, la confrontation de la foi et de la science est plus vive que jamais pour des populations qui n’ont toujours pas appris à faire le départ entre l’augmentation des connaissances et l’humilité devant ce qui reste à découvrir, c’est-à-dire presque tout, avec la conséquence de l’inutilité de l’espoir intime pour se démettre entre les mains des démiurges modernes, souvent bien empêtrés dans le rôle qu’on leur décerne et dont ils connaissent, eux, les limites.
    Quand Staline demandait de combien de divisions disposait le Vatican il avait l’excuse du dictateur abscène et puissant. Quand M. Hollande dit ne pas avoir de candidat au Vatican il montre le fond de la bêtise humaine, cette indifférence rigolarde, ce scepticisme administrativiste devant ce qui torture les hommes: leur raison d’être.
    Il n’est pas vraisemblable que le Pape s’engage dans la voie de la reconquista. Face à la laideur, il peut seulement apparaître comme l’homme en blanc, exemple par lui-même ; en cela il est admirable, par cela il est déjà brisé.

  20. Mary Preud'homme

    Quelques formules tirées des Évangiles :
    « Ne jugez pas pour ne pas être jugé » « Que celui qui n’a jamais péché lui (1) jette la première pierre » « Bienheureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde » « Les premiers seront les derniers » « Vous êtes le sel de la Terre, vous êtes la lumière du monde… » « Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups » « Que celui qui est le plus grand se mette au service de tous » ; « Les publicains (2) et les prostituées vous précéderont dans le Royaume… »..
    Sans parler d’innombrables paraboles à tiroirs, celle des talents, du fils prodigue, des ouvriers de la dernière heure, du serviteur inutile, etc. Oui le Christ était constamment à contre-courant prônant sans relâche un amour et un pardon qui ignoraient les préjugés, les conventions et les conformismes de son époque.
    Exactement l’inverse de ce qui se fait généralement dans l’Eglise de notre temps, rigidifiée par un droit canonique omniprésent qui n‘a rien à envier à la froide et étroite rigueur de l’ancestrale loi juive.
    Et si le pape François veut en revenir aux fondamentaux (au sens noble du terme), c’est-à-dire à l’esprit de l’Evangile, esprit de feu, de liberté, de partage, d’amour et de miséricorde, il a du pain sur la planche. Car indépendamment de son rôle de gardien du dogme et des écritures saintes, il est investi d’une mission spirituelle qui fait de lui un premier témoin, un bâtisseur et un éveilleur des consciences dans un monde en perpétuelle mutation. Un monde où, d’autre part, en sa qualité de chef d’Etat du Vatican, il détient une autorité temporelle susceptible de le mettre parfois en porte-à-faux (dès lors qu’il privilégierait la diplomatie à la foi) avec la charge écrasante de successeur de Pierre et d’évêque de Rome.
    —-
    (1) il est ici question de la femme adultère.
    (2) les publicains étaient collecteurs d’impôts, réputés voleurs et collaborateurs de l’occupant romain.

  21. N’y aurait-il que cette agaçante mode – à laquelle vous succombez, Philippe – de le nommer par son prénom sans son numéro, pour souligner sa simplicité et son dépouillement, cela suffirait à me le rendre antipathique.
    Mais il y a ces bêlements humanitaristes, cette exposition tartuffienne de modestie, cette insupportable démagogie.
    Et puis, il y a la réalité, surtout.
    Ce pape soucieux de réformer l’Eglise et de la dépouiller, dit-on, de l’inutile fatras qui l’encombre accélère le processus de canonisation de Jean-Paul II et de Jean XXIII, redonnant corps à ce qu’il y a de plus archaïque et escroc dans la religion catholique : la croyance aux miracles.
    En fait de réformateur, il ressuscite les moeurs de la Rome impériale qui faisait de chaque empereur mort un dieu du panthéon.

  22. Il existe me semble-t-il deux profils de pape : les plutôt Pierre, les plutôt Paul. Les premiers sont fondateurs, les seconds bâtisseurs, étant bien entendu que l’un n’exclut pas l’autre, que sont les deux tendances en calices communicants. Chez les uns le cœur forge l’esprit, chez les autres l’esprit attise le cœur. Les Pierre sont de chair spirituelle, les Paul d’esprit charnel. L’ardeur les unit, ici plus enveloppante, là plus incisive.
    Il est probable que, par nécessité, l’on trouve plus de bâtisseurs que de fondateurs. Jean XXIII, fondateur. Paul VI, Jean-Paul II, Benoît XVI, bâtisseurs. François, fondateur. Et tous apôtres, avec leur sensibilité et, plus encore, leur mesure de l’urgence du temps.
    Le pape François sait pouvoir s’appuyer sur le corpus théologique consolidé par ses prédécesseurs. Sur une dalle première, la force des trois piliers suivants permet d’asseoir une dalle nouvelle, de revenir au fondement : la loi, mais pour l’homme.
    Dès lors, la miséricorde devant.

  23. Mon coup de cœur du jour :
    Bravo à tous les François, Vincent, Paul et les autres de Brignoles !
    Enfin une belle claque à cette secte socialoviétique qui empoisonne le pays depuis le 6 mai.
    Que du bonheur !

  24. Effectivement, avec ce pape François, l’Eglise est en train de changer de siècle.
    Benoît XVI aimait à se réfugier dans les livres et lui, aime les gens. Cette joie qui transparaît dans son large sourire est un signe extérieur de ce qui le fait vivre, l’amour du Christ et l’amour des personnes.
    Il nous redit tout simplement que le premier commandement « Tu aimeras ton Dieu de tout ton coeur… » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » sont la base de l’enseignement du Christ.
    Au niveau pratique, il lui reste à réorganiser le fonctionnement de cette institution trop vaticano-centré ; il a raison de prendre le temps de la réflexion et de la prière pour le faire. Je suis très confiant.

  25. Le pape considère le droit de migrer comme un droit fondamental. Vous disiez qu’il y avait des leçons à prendre.

  26. Michelle D-LEROY

    Tous les anticléricaux d’hier sont béats d’admiration devant ce nouveau Pape qui satisfait leur soif de normalité et d’humanitarisme.
    Le Pape François, dès son arrivée à Rome a voulu dépoussiérer, simplifier les rouages de l’administration vaticane, ce que les autres Papes plus conformistes n’avaient pas osé faire. L’ Eglise catholique en avait besoin. Besoin de faire le ménage dans les déviances de certains homme d’église, malheureusement de simples humains. Elle avait besoin aussi, à mon humble avis, de moderniser l’Institution avec (peut-être) le mariage des prêtres et qui sait des femmes prêtres, de prendre en compte les divorcés, de reconnaître l’avortement au moins dans certains cas, de reconnaître l’homosexualité sans pour autant aller jusqu’au mariage. Elle devait se moderniser.
    Par ailleurs, que le Pape fasse un travail de pasteur et de missionnaire, cela est tout à son avantage mais je ne pense pas que ce soit en recevant une claque et en tendant l’autre joue qu’il va s’attirer beaucoup de « brebis ». Entre humanité et démagogie, il y a une ligne très ténue, à lui de ne pas la franchir.
    Je ne pense pas non plus que ce soit en démystifiant les rites que les fidèles reviendront en masse, au contraire, la religion, par essence même a une part de mystère, elle en a besoin pour exister.
    Le Pape actuel est forcément intelligent et le sait. La pauvreté, venir en aide aux plus pauvres, c’est son rôle du catholique (normalement) mais ce ne doit pas être que cela. Dans tout il faut de la mesure. Faire entrer en masse des réfugiés, cela peut déséquilibrer les pays européens et provoquer des guerres civiles, le Pape le sait aussi. Sinon je crains que la prophétie de Malachie ne soit réelle et que cette religion disparaisse corps et biens dans les années à venir tant elle serait décevante pour des millions de croyants.
    Aujourd’hui, les puristes voudraient de la normalité dans tout, c’est-à-dire de l’ordinaire, du triste, du banal et même de l’insignifiant. On peut rester humain et digne dans la grandeur. Plus on tire tout le monde vers le bas, plus on croit à l’humanisme… je crois le contraire.
    Avant tout je reste attachée à ce Pape, pour moi extraordinaire et atypique, qu’était Jean-Paul II, à l’origine, indirectement mais sûrement, de la chute du rideau de fer et du communisme indigne de l’humanité, mais si peu décrié par les humanistes d’aujourd’hui. Je pense à lui et je ne l’oublie pas. De même que je n’oublie pas Mgr Lustiger, des personnages hors du commun, dignes mais fermes, qui ne transigeaient ni avec la tradition catholique ni avec leurs convictions… tout ce que j’apprécie chez les hommes d’envergure.
    Au fait, chez l’autre François, où nous ne voyons que la normalité (jean au conseil des ministres ou habits mal taillés, intronisation a minima, vacances en France, ministres qui se déplacent en vélo…) et vie étriquée, je me vois pas s’améliorer le quotidien des français modestes. A moins que je ne sois trop presbyte.

  27. …redonnant corps à ce qu’il y a de plus archaïque et escroc dans la religion catholique : la croyance aux miracles.
    Rédigé par : Frank THOMAS | 07 octobre 2013 à 07:22
    Je ne crois pas aux miracles, nous dit très sérieusement le rationaliste à qui on ne la fait pas mais croit volontiers qu’une soupe chaotique d’il y a quatorze milliards d’années a ordonné tout par hasard l’éblouissante beauté du monde, ce qui requiert depuis l’origine un splendide miracle a minima par seconde.

  28. N’est-ce pas une habitude fâcheuse de se précipiter dans les discours de rhétoriciens habiles sans les juger sur leurs actes ? Ce pape ensorcelle des foules béates faisant allégeance sur des promesses. Notre président a bercé les électeurs d’une comptine similaire. C’est un peu l’air du temps, celui des blabla sophistiqués qui engourdissent l’esprit critique. Par exemple, en lisant Boris, il est doux de constater qu’un partisan de l’extrême gauche parfume ses conseils du danger de l’esprit de croyance puis du risque de l’intolérance, en les emballant du ruban des Lumières : un vrai camelot.

  29. Un quidam écrit : « une soupe chaotique d’il y a quatorze milliards d’années a ordonné tout par hasard l’éblouissante beauté du monde, ce qui requiert depuis l’origine un splendide miracle a minima par seconde »
    Ignorantus, ignoranta, ignorantum.

  30. Les braqueurs socialoviétiques et leur inquisition antisarko a encore subi un échec cinglant, flop, fiasco, camouflet retentissants, comme d’hab !
    Nicolas Sarkozy – Comité de Soutien
    EXCLUSIF : Affaire Bettencourt : non-lieu pour Nicolas Sarkozy
    Dans l’affaire Bettencourt, les juges Jean-Michel Gentil et Valérie Noël ont décidé de ne pas renvoyer Nicolas Sarkozy devant le tribunal correctionnel. Les magistrats du tribunal de Bordeaux ont finalement estimé que les charges retenues contre Nicolas Sarkozy étaient trop ténues pour motiver son renvoi devant une juridiction.
    http://www.sudouest.fr/2013/10/07/affaire-bettencourt-non-lieu-pour-nicolas-sarkozy-1191643-4869.php

  31. calamity jane

    Stop !
    Le Vatican n’est pas un Etat. Il ne frappe aucune monnaie. Il ne régit aucune Bourse et n’accorde aucun droit à des salariées (le masculin est déjà contenu dans salariées). Il demande la soumission à des dogmes. Que dis-je, l’acceptation béate !
    Par contre, s’il bénéficie de tous les pouvoirs dont vous faites état, il a non seulement le droit, mais le devoir, d’affronter ses égaux et de leur signifier un désaccord.
    Ainsi que je l’ai déjà suggéré, il n’a aucun droit d’imposer le célibat des prêtres dans un pays laïque, par exemple.
    Quant à l’amour qu’il nous enjoindrait de pratiquer envers ses semblables n’aurait-il pas tendance à sublimer une sorte de compréhension mais en inversant les effets ? comme par exemple accepter que d’autres puissent croire autrement ? Ces vieux relents de guerre de religion où l’on irait encore combattre les infidèles (cad sans fidélité inventée).
    Alors, une fois encore : la paille dans l’œil du voisin comparée à la poutre de l’impétrant !

  32. Ce pape, je le vois un peu – toutes proportions gardées, les durées des périodes de l’Eglise catholique dépassant de loin celles du PC – comme Georges Marchais ou Robert Hue : le premier était une bête de télévision, le second était extrêmement sympathique – ils n’ont pas pu empêcher l’institution à laquelle ils avaient voué leur vie de sombrer dans l’insignifiance.

  33. hameau dans les nuages

    @ MCPN | 06 octobre 2013 à 23:53
    J’espère qu’étant conscient et à l’article de la mort vous aurez encore le loisir de continuer d’aussi saines lectures.
    Vous n’avez jamais saisi au vol de petites étincelles ou des clins d’œil vous faisant douter du néant ?
    Cela m’est arrivé. C’est étonnant. Je ne me suis pas pour autant précipité à l’église mais j’ai entendu, et compris le message à l’apparence sibylline.
    Je précise que je ne suis pas pilier d’Eglise, ne m’étant pas marié devant l’Autel et mes enfants n’ayant pas été baptisés.
    Soyez à l’écoute. C’est comme un léger souffle sur le visage et la vie continue.

  34. MS a écrit : « Je ne crois pas aux miracles, nous dit très sérieusement le rationaliste à qui on ne la fait pas mais qui croit volontiers qu’une soupe chaotique d’il y a quatorze milliards d’années a ordonné tout par hasard l’éblouissante beauté du monde, ce qui requiert depuis l’origine un splendide miracle a minima par seconde. »
    1° Même si le Big Bang était un miracle, pour aller du Big Bang à JC marchant sur les eaux et autres dogmes de l’Eglise catholique, il y a beaucoup de démonstrations supplémentaires à fournir…
    2° Un miracle, c’est une violation des lois naturelles. Il n’y en a jamais eu : ni en Palestine il y a deux mille ans, ni au cours de l’Evolution, ni à l’apparition de la vie, ni quand le « vide » quantique (qui n’est pas rien) s’est transformé il y a quatorze milliards d’années [je vous concède qu’on ne le prouve pas très bien encore, mais s’il n’y a pas eu de violation des lois naturelles depuis quatorze milliards d’années, pourquoi y en aurait-il eu une à ce moment ?].
    Alors maintenant, vous pouvez croire en Dieu, par exemple comme réponse à « Pourquoi y a-t-il quelque chose et non pas rien ? », mais, les miracles et prodiges, non, et la religion révélée, non.

  35. Il y a au moins un catholique ou quasi-catholique sur ce site : Philippe Bilger.
    Je livre le problème suivant à leur sagacité.
    Il paraît assez probable que, rien que dans cette galaxie, il y ait au moins une autre planète habitée par une espèce consciente.
    Pour un hindouiste, pas de problème : Shiva et Vichnou se manifestent là comme ici.
    Pour un musulman pas trop demeuré (ce qui est rare…), pas de problème non plus : Dieu a révélé une sorte de Coran approprié à ces êtres.
    Pour un chrétien assez littéraliste, et les catholiques sont assez littéralistes, il y a un gros problème : ces êtres ont-ils reçu de Dieu un autre Fils unique de Dieu, ou bien Dieu les laisse-t-il sans Sauveur ?
    Voilà le genre de question dont on attend d’une Eglise qu’elle se soit confrontée à elle : les sermons sur les pauvres, on n’en a rien à cirer, Mélenchon est capable d’en vagir tous les matins.

  36. Jean-Paul II qui a démarré avec : « N’ayez pas peur ».
    François qui démarre avec : « on attend d’un hôpital de campagne… »
    Ces très saints pères qui feignent de croire que nous sommes des petits enfants ou de grands blessés…
    Nietzsche en ricanait déjà un siècle avant qu’ils n’entrent sur la scène du monde.

  37. C’est le pape de la bonté, de l’écoute. Deux notions, surtout la première, bien incongrues à notre époque. Qu’est-ce que celle-ci peut bien en faire ? Dans l’hémisphère nord, le catholicisme est âgé, comme ses clercs. Peu prosélyte, en position de défense. Ses ouailles sont soucieuses de leur pouvoir d’achat, de leurs avantages acquis, de leurs biens matériels, un peu moins de la transmission de la tradition. Que François peut-il bien changer ? A lui seul rien ou presque. Il lui faudrait une catastrophe à l’échelle internationale : un blast économique, un bouleversement climatique. Ce qui donnerait à son discours une teneur très forte, voire assourdissante.
    Parce que si l’on attend la plus efficace des révolutions, celle qui commence par soi, ça peut être très long. Surtout dans des pays à la moyenne d’âge élevée, du bas de la société jusqu’aux dirigeants… le seul changement véritable pour eux les vieux, c’est la mort. A moins que le sud ne donne, en sus des jeunes migrants plus nombreux semble-t-il, l’exemple de la bonté contagieuse. François venant également du sud en serait le prophète. La revanche de l’être sur l’avoir ? Du spirituel sur le tout-économique ?
    C’est peut-être une mèche lente, très lente qui vient de s’allumer à Rome.

  38. Alex paulista

    @ Frank THOMAS | 07 octobre 2013 à 07:22
    Je ne comprends pas bien votre commentaire. Bien au contraire, en canonisant des anciens papes presque contemporains et restés dans les cœurs principalement pour autre chose que des « miracles » au sens classique du terme, il illustre le fameux
    « Commence par faire le nécessaire, puis fait ce qu’il est possible de faire et tu réaliseras l’impossible sans t’en apercevoir. »
    de Saint François d’Assise.

  39. Rédigé par : Buridan | 07 octobre 2013 à 14:20
    1° Même si le Big Bang était un miracle, pour aller du Big Bang à JC marchant sur les eaux et autres dogmes de l’Eglise catholique, il y a beaucoup de démonstrations supplémentaires à fournir…
    Sans doute, mais ce n’était rigoureusement pas mon propos qui n’était que de faire observer que du Big Bang à Buridan il faut un 421 à chaque coup.
    2° Un miracle, c’est une violation des lois naturelles.
    Admettons…
    Mais « miraculeuses » quand même les infiniment improbables valeurs combinées de quelques constantes physiques initiales, valeurs hors lesquelles l’univers puis la vie n’auraient pu exister.

  40. @MS a écrit :
    « infiniment improbables valeurs combinées de quelques constantes physiques initiales, valeurs hors lesquelles l’univers puis la vie n’auraient pu exister. »
    Cet argument est une forme moderne et fautive de « l’argument cosmologique », mieux exprimé par Kant.
    Je crois qu’on peut dire que parler de la probabilité de la valeur d’une constante physique est dépourvu de sens. Il y a une chance sur trente-six que le double six sorte, mais dire qu’il y a une chance sur un million qu’ait la valeur qui est la sienne une constante physique de valeur un million exprimée dans telles et telles unités de mesure, c’est dépourvu de sens…
    Bref, on peut croire en Dieu, du fait de cet argument, mais ici il est formulé d’une façon approximative au point d’en être fautive.

  41. @ Archibald
    « Par exemple, en lisant Boris, il est doux de constater qu’un partisan de l’extrême gauche… ».
    De l’anarchie, compagnon, de l’anarchie ! Et tout est permis à l’anarchiste, qu’il soit de droite ou de gauche…
    PS : Je précise quand même, tendance Léo Malet : jamais eu de goût pour la reprise individuelle…

  42. Je crois qu’on peut dire que parler de la probabilité de la valeur d’une constante physique est dépourvu de sens.
    Bref, on peut croire en Dieu, du fait de cet argument, mais ici il est formulé d’une façon approximative au point d’en être fautive.

    Rédigé par : Buridan | 07 octobre 2013 à 17:59
    Buridan,
    Je n’ai en aucune manière parlé de sens, mais de probabilité.
    Il se trouve que les constantes physiques qui régissent l’univers sont ce qu’elles sont avec une probabilité mathématique infinitésimale (telle qu’elle confine aux « miracles », et par milliards, quand l’hypothèse Dieu n’en demande qu’un seul : son existence).
    Pour autant, la foi n’a absolument rien à voir avec ça.

  43. Mary Preud'homme (sur fond d'orgue)

    C’est Sirice, premier pape législateur, qui serait à l’origine de cette machine infernale que devint au fil des siècles le droit canonique. Véritable usine à gaz qui enserra peu à peu l’Eglise d’un tentaculaire cilice l’empêchant de vivre et de respirer librement et la poussant à des dérives sectaires et à des exactions guerrières honteuses.
    Excès et outrances en tous points contraires à l’enseignement du Christ qui eut pour conséquences de faire passer la foi chrétienne reçue des apôtres à l’obscurité et à une survie végétative alliés aux pires excès du monde, dont le pouvoir et l’argent.
    Cependant, « Je ne suis pas le Dieu des morts, mais des vivants », est-il écrit dans Lc,20,38
    Ou encore, « On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau », Matthieu 5,15. Sous-entendu, mais pour être vue et éclairer ceux qui entrent dans la maison…
    Comme si le sacré ne pouvait s’exhaler autrement que par des postures de pouvoir, des apparences, des tiédeurs et des signes convenus, voire mortuaires. Et les Ecritures Saintes s’encombrer d’un fatras de codifications « canonistes » pointilleuses, établies par des vieillards misogynes, le tout aboutissant à des exclusions, des mises à l’index, des suspicions, culpabilités, exorcismes, excommunications, jusqu’à dresser des murs infranchissables entre des communautés qui ont pourtant le même Dieu et Seigneur. Alors que la lumière, l’harmonie, la jeunesse, la tolérance et la beauté devraient être au cœur de la foi, opérant chez le croyant un rayonnement, une élévation, une espérance, une liberté d’esprit, une fécondation heureuse et une musique de tous les sens tendus vers le divin. Toutes choses qui étaient pourtant la source du christianisme et sa raison d’être et tendent timidement à revenir ici ou là, grâce sans doute à certains témoins dont le pape Jean Paul II, qui amorça un réveil des consciences assoupies et sut donner aux jeunes chrétiens avec les JMJ une formidable espérance. Hélas mise en veilleuse par Benoît XVI manifestement dépassé, voire effrayé par l’audace et le charisme de son prédécesseur qui n’avait peur de rien et en témoigna jusqu’à l’extrême limite de ses forces. Eveil ou réveil salutaire auquel le pape François semble avoir donné un nouvel élan en reprenant le flambeau et la croix du charismatique pape polonais. Mais ira-t-il jusqu’à bousculer la curie, débroussailler les codes, sinon soulever des montagnes ?
    Mystère !
    ———–
    Par ailleurs, il est archifaux de dire que l‘islam serait sur le point de supplanter le christianisme, tant en France que dans le monde (ainsi que le prétend amfortas dans son commentaire du 7 oct. à 00:40). Couplet souvent entendu et sournoisement repris par les médias mais qui est démenti par toutes les statistiques. En réalité, pour 5 à 6 millions de musulmans estimés en France par le ministère de l’Intérieur (dont un tiers se dit pratiquant), il y aurait 38 millions de chrétiens (catholiques, protestants et orthodoxes), dont plus de la moitié se revendiquent comme pratiquants réguliers, irréguliers ou occasionnels, non compris les convertis de la dernière heure pour lesquels la famille demande des obsèques religieuses et qui de ce fait ne figurent pas au chapitre précité. A noter aussi que si le nombre des catholiques a régressé en Europe, il ne cesse de croître dans le reste du monde. Il est donc prématuré d’annoncer la mort d’une religion qui compte tout de même 2 milliards 200 millions de personnes, ce qui place le christianisme très loin devant l’islam (religion autrement prosélyte) dont les membres sont estimés par recoupements avec différentes statistiques à 1 milliard 400 millions.
    A noter enfin qu’il convient de considérer comme un progrès et non une régression le fait que les chrétiens d’Europe adhérent, rejettent ou reviennent à la foi – librement, contrairement aux musulmans, et par conséquent davantage par conviction que par tradition ou habitudes, à l’inverse de ce qui se faisait dans le passé. Changement qui est manifestement le signe d’une spiritualité renaissante en Occident et dont il résulte une laïcité mieux comprise, désormais entrée dans les mœurs et susceptible de mettre un terme à l’odieux sectarisme et au prosélytisme (à de rares exceptions près) des clercs de jadis. Certes, l’Eglise n’est pas encore débarrassée de toutes les scories qui l‘étouffaient et ont trop souvent dénaturé son témoignage et perverti sa mission mais une chose est sûre, la voie amorcée ces soixante dernières années par de grands témoins qui sont l‘honneur de notre temps (*) et pas seulement de l’église est désormais ouverte pour un authentique retour aux sources du christianisme. Et c’est plutôt une Bonne Nouvelle !
    ———–
    (*) Mgr Romero, Martin Luther King, Mère Teresa, Guy Gilbert, Desmond Tutu, Jean Paul II, Jerzy Popielusko, Sœur Emmanuelle, l’abbé Pierre, les moines de Tibbérhine pour ne citer que quelques religieux célèbres.

  44. MS a écrit : « Il se trouve que les constantes physiques qui régissent l’univers sont ce qu’elles sont avec une probabilité mathématique infinitésimale »
    Je me répète ; la notion de probabilité mathématique d’une constance physique est dépourvue de sens.

  45. Alex paulista

    « La notion de probabilité mathématique d’une constance physique est dépourvue de sens »
    Rédigé par : Buridan | 08 octobre 2013 à 13:20
    Pourquoi ?
    Je peux me poser la question suivante : quelle est la probabilité que la masse du boson découvert par le CERN soit comprise entre 125,2 et 125,7 GeV(/c^2), non ?

  46. Buridan,
    Les astrophysiciens sont d’accord sur ce point : un certain nombre de constantes physiques hors la valeur combinée desquelles l’univers et la vie n’auraient pu exister sont d’une précision inouïe (une variation de l’une d’entre elles dix chiffres après la virgule et c’était le néant). Le terme de « réglage » est à ce titre souvent employé. Autrement dit, le hasard (ou pas) a bien fait les choses parmi des milliards de milliards de possibles. C’est rigoureusement ce que l’on nomme une probabilité (en ce cas infinitésimale).

  47. MS a écrit : « un certain nombre de constantes physiques hors la valeur combinée desquelles l’univers et la vie n’auraient pu exister sont d’une précision inouïe […] Autrement dit, le hasard (ou pas) a bien fait les choses parmi des milliards de milliards de possibles. »
    Que la pluie tombe, ou pas, est un possible dans le cadre du monde tel qu’il est, avec ses constantes physiques. Et, sachant qu’en automne, devant chez moi, il pleut un jour sur deux, je peux dire qu’il y a une chance sur deux pour qu’il pleuve aujourd’hui. Je peux même en principe évaluer cette probabilité sans expérience, si je connais très bien les lois physiques qui font qu’il pleut.
    Mais les constantes physiques sont un possible dans quel cadre ? Notre monde est un monde possible parmi combien ? Vous dites : « parmi des milliards de milliards de possibles ».
    Ce nombre est absolument arbitraire.
    Et la probabilité que telle constante qui a la valeur 1,12345678901 ait la valeur 1,2345678902 n’est ni plus grande ni plus petite que celle qu’elle ait, par exemple, la valeur 2 ou la valeur 100.
    Mon argument contre votre position et celle d’Alex paulista est donc :
    Vous ne pouvez absolument pas évaluer la probabilité qu’une constante physique ait la valeur qui est la sienne.
    Ceci parce qu’elle ne pouvait pas avoir une autre valeur que celle qu’elle a.
    A quoi vous pouvez me répondre :
    1° Dans le cadre de la théorie du Big Bang, les constantes physiques elles-mêmes dépendent de l’histoire du monde.
    2° De très petites différences juste après le Big Bang auraient pu avoir de grandes conséquences quant au monde subséquent et à la valeur des constantes physiques.
    3° Le caractère indéterministe de la théorie quantique fait que plusieurs devenirs très différents auraient été possibles à partir du Big Bang, même si les variations quantiques sont, de nos jours, à peu près sans effet au niveau macroscopique.
    En d’autres termes : de minuscules bifurcations quantiques survenues dans un monde encore minuscule auraient pu engendrer des mondes très différents du nôtre, et ces modifications, on peut même – très approximativement – en évaluer la probabilité.
    Bref : ma position serait une position scientifiquement dépassée : la rencontre de la théorie quantique et de la théorie du Big Bang l’aurait périmée.
    A ce niveau de science je me perds un peu, et même pas mal, mais, en gros, je vous rends les armes :
    1° Dans le cadre des conditions initiales au moment du Big Bang, plusieurs univers étaient possibles.
    2° De ces univers possibles, on peut en principe évaluer très approximativement la probabilité d’un univers complexe permettant la vie comme le nôtre.
    3° Cette probabilité était faible.
    De ces trois assertions, je suppose que la troisième est la plus problématique, la cosmologie quantique étant une science particulièrement balbutiante, je crois – la cosmologie quantique, c’est-à-dire l’union de la théorie de l’extrêmement petit (la théorie quantique) et de la théorie du tout (la cosmologie).

  48. @MS
    J’avais dit que votre argument était une variante de l’argument cosmologique de Kant. Grosse bourde : c’est une variante de l’argument physico-théologique.
    Comment passe-t-on du premier argument au second (qui est l’argument cosmologique), puis du second au troisième (qui est l’argument dit ontologique) ?
    1° Vous dite que ce monde est trop bien ordonné pour n’avoir pas de créateur.
    2° Mais ce créateur lui-même, si bien ordonné lui-même, il lui faut un créateur… Et ce créateur lui-même…
    3° Il y a donc un être qui existe sans avoir besoin de créateur, ni de cause : l’être nécessaire.
    4° Cet être nécessaire, il existe par soi seul. Il existe parce qu’il est dans sa nature d’exister : il ne pourrait pas ne pas exister.
    [le croyant ajoute :
    . Etre nécessaire, c’est être infiniment puissant, parfait.
    . Celui qui est infiniment puissant, parfait, doit être bon.
    . Il est bon, donc il nous sauve.]
    Quelle est la relation entre les trois arguments ?[là, je suis hésitant, car je ne suis pas très sûr d’avoir compris Kant sur ce point].
    1° Le premier argument est le plus naturel, le plus évident. La façon dont nous nous rendons compte qu’il est mauvais – il pointe vers un créateur pour lequel il faut un créateur – nous amène à l’argument cosmologique : un monde (ou un créateur), quel qu’il soit, ne peut exister que du fait d’un être nécessaire.
    2° Mais on ne peut pas dire :
    a) un être contingent ne peut exister que du fait d’un être nécessaire.
    b) Il y a un monde contingent.
    c) Donc il y a un être nécessaire.
    Pourquoi ne peut-on pas le dire (et pourquoi donc l’argument cosmologique échoue-t-il) ?
    . Pas parce que un être nécessaire existe par soi seul et non du fait qu’il y a un monde : dans l’argument, on prouve l’être nécessaire par le fait qu’il y a un monde, mais son existence ne dépend pas de celle du monde.
    . Mais parce que « Tout ce qui existe a une cause » est une loi des phénomènes du monde et ne peut pas être extrapolé au monde dans son ensemble : il se pourrait que le monde soit sans cause. [ici Kant s’appuie (sans le citer à cet endroit) sur la critique de la notion de cause effectuée par Hume, et s’écarte du rationalisme : il se trouve que les phénomènes sont réguliers (Hume), et que je ne peux pas ne pas croire qu’ils ont une cause (Kant), mais la notion d’un monde sans cause n’a rien de contradictoire].
    3° Ce deuxième argument m’a amené à la notion d’être nécessaire. L’échec du deuxième argument me laisse avec cette notion.
    Je dis alors :
    L’être qui ne peut pas ne pas exister existe.
    Autre formulation : Il ne se peut pas qu’il n’existe pas, l’être qui ne peut pas ne pas exister.
    Autre formulation : L’être qui est infinie puissance d’exister ne peut pas ne pas exister.
    Autre formulation : celle d’Anselme.
    Autre : celle de Descartes.
    Autre : celle de Kant lui-même.
    Pourquoi ces variations dans la formulation (on peut même prendre la phrase de Parménide – « l’être est, le non-être n’est pas » – comme une autre variante de cet argument) ?
    Parce que l’argument est très très loin de l’expérience commune.
    Kant juge l’argument faux.
    Le juge-t-il faux et creux, purement verbal ?
    Ou bien le juge-t-il juste dans le cadre d’une philosophie fausse (l’idéalisme dogmatique), le juge-t-il même le dernier mot de cette philosophie ?
    Il me semble en effet que c’est ça : cet argument passe du concept à l’existence, il est la quintessence de l’idéalisme.
    Kant le réfute donc en niant l’idéalisme de la façon la plus générale possible : car dire que l »existence de la chose n’ajoute rien au concept de la chose, c’est dire que l’existence n’est pas un concept, que l’idée n’est pas l’essence de l’être.

  49. @ hameau dans les nuages
    Allons, soyons sérieux ! Les spectomètres de masse ne sont pas donnés, les experts ne font rien sans rien, et les fidèles, crise oblige, sont devenus pingres : le Vatican ne pourra pas se payer éternellement des analyses… Certes, aux dernières nouvelles, la banque locale est aussi grasse qu’un abbé de Cluny, mais l’Ambrosiano aussi semblait rouler sur l’or… Par égard pour les finances pontificales, je propose donc au Saint Siège, pour une somme modique – sinon gratis pro Deo ! – le produit suivant : il a fait ses preuves et permet d’évaluer toutes les entités métaphysiques et autres curiosités achéropoiètes… Entia non sunt multiplicanda praeter necessitatem ! Guilelmus Occam fecit, Boris revocat ! Et sans être excommunié, en plus.
    http://www.artdubarbier.com/rasoirs-de-securite/150-rasoir-merkur-47c-4045284012895.html
    Ceci étant, comme il faut que tout le monde vive, je présente aussi sur ce blog un docte ouvrage écrit sur le sujet par un de mes bons amis, membre éminent de l’Opus Dei… (si, si !). Le jour où j’aurai compris la querelle des universaux, j’envoie direct mon CV à la Curie…
    http://books.google.fr/books?ei=ckRVUt_WDNSc0wWrtoHIBQ&hl=fr&id=nBsFAQAAIAAJ&dq=cyrille+michon+occam&q=rasoir#search_anchor
    PS. S’agissant de ma petite commission, je ne suis pas gourmand. Si le Vatican est à court de liquidités, je me contenterai d’un petit bibelot… tiens, un petit doge du Titien, tout ce qu’il y a de plus laïc…

  50. oursivi@MS_AP_BUR

    Rédigé par : MS | 08 octobre 2013 à 22:06 Rédigé par : Buridan | 09 octobre 2013 à 10:06
    Rédigé par : Alex paulista | 08 octobre 2013 à 19:02
    Marc, Alex et Buridan,
    Dire que les astrophysiciens soient d’accord quant à déclarer que la vie n’était possible que selon des constantes bien précises relève de la fumisterie religieuse.
    Quant à dire que l’univers lui-même, qu’on qualifiera sans méprise d’existant, eut été impossible avec d’autres lois, cela devient drolatique.
    C’est à peu près aussi tarte – et pourtant Dieu (s’il existe ?) sait si les philosophes se sont égarés dans ses anthropomorphismes d’enfants de cinq ans – que de se demander pourquoi il y a au lieu de ne rien avoir, opérant en cela une projection globale sur ce dont ils sont capables localement, faire passer la bille d’une main l’autre.
    Puissamment conditionnés par nos expériences enfantines, nous transposons à toute échelle ce qui n’existe qu’à une de manière constatable.
    C’est un peu comme si au lieu de bâtir une théorie des cordes, les physiciens cherchaient le coefficient d’élasticité normal de ces petites billes que l’enfant croit être les atomes…
    Se poser la question de la probabilité que les constantes universelles aient les valeurs qu’elles ont, conditionnant la forme de l’univers constaté, est une tartufferie puisque qui dit probabilité dit ensemble des possibles, or nous ne sommes que dans un seul tout fortement possible que d’être.
    Et probablement même incontournable, puisqu’on aurait du mal à introduire un élément extérieur qui l’aurait fait dévier, puisque nous ne connaissons pas d’extérieur au tout.
    Quant à l’apparition de la vie (certainement présente en grand nombre dans l’univers), elle s’exprime certes dans une bande étroite, mais rien ne dit que des tas d’autres chemins de complexification matérielle, puisqu’elle n’est que cela, n’existent pas et encore moins qu’ils n’auraient pas existé si d’autres constantes s’étaient imposées (expliquez-moi plutôt selon quoi, voire qui, eut pu perturber le développement du grand tout où et dont nous sommes qui s’est développé d’une seule pièce…) quantifiant les lois que nous découvrons, « nous », retournements de la matière sur elle-même en ce processus qui s’appelle conscience puis raison.
    « On » est très loin de savoir en dire beaucoup plus. Si avez des arguments lisibles en des revues sérieuses, transmettez-les nous, nous essayerons de les lire.
    AO

  51. hameau dans les nuages

    @ Boris
    Comme la montre, j’utilise avec parcimonie l’objet dont vous faites état.
    Je comprends bien à vous lire que le blaireau que je suis précède le rasoir qui fera place nette.
    Mais voilà le poil repousse encore et encore, même après la mort.
    Je trouve au contraire que le Vatican a toujours été circonspect sur cette histoire de suaire, laissant divers experts faire des recherches contradictoires. L’Eglise ne doutant pas n’a pas besoin de preuves et ainsi les renvoyant dos à dos.
    Je trouve suspect cet acharnement à vouloir désacraliser ce linceul « moyenâgeux » au point même d’en être ridicule dans leurs conclusions démenties par les faits comme la présence de pollen de plantes poussant dans la région de Jérusalem et Jéricho et sur le fait que cette empreinte puisse être reproduite en laboratoire. La belle affaire.
    Si rêve il y a, pourquoi vouloir le détruire ?
    J’arrête là, je vois bien que je vous rase.
    Moi aussi, gratis pro Deo.
    Sinon l’autre miracle serait que monsieur Hollande finisse son mandat. Je ne parierai pas un sesterce.

  52. @MS
    Kant s’exprime de façon tellement concise qu’on a quelquefois de la peine à le suivre.
    Je dirais qu’on entend facilement un profane effectuer la réfutation de l’argument cosmologique en disant :
    « Je ne vois pas pourquoi l’Univers devrait avoir une cause. » [c’est-à-dire : la notion de cause ne s’applique pas à l’Univers dans son ensemble (qui est ce que dit Kant)]. Ta position consiste à poser le néant comme naturel, et à réclamer une cause pour qu’il y ait quelque chose. Mais pourquoi ? »
    Autre façon de formuler l’argument kantien : une cause, c’est ce qui était avant et qui détermine. En ce sens, l’univers est causé. Vous donnez au mot cause un autre sens, en réclamant qu’il y ait un être nécessaire. Rien ne justifie cette exigence.

  53. Je crois que la discussion de l’argument ontologique se poursuit après Kant.
    Kant dit : dans le concept de cent thalers, il n’y a pas l’existence de ces thalers, c’est-à-dire que cent thalers inexistants (= possibles) et cent thalers réels ont même concept.
    Donc l’existence n’est pas une qualité conceptuelle.
    Donc l’existence ne peut pas être une propriété du concept de Dieu (un attribut de Dieu).
    A quoi il lui a été répondu que, quant à l’existence, il n’en est pas de celle de Dieu comme il en est de celle de cent thalers.
    Personnellement, sous forme vague, je sens la force de l’argument ontologique. Quand je me dis : « Tout n’est pas accidentel ». « Le monde n’est pas perdu ». Bref, quand je pense qu’il y a un être qui est sa propre cause, qui est raison de lui-même et raison de tout.

  54. Axel,
    1. J’ai déjà indiqué à Buridan que la foi n’avait absolument rien à voir avec ces considérations astrophysiques. « Fumisterie religieuse » était inutile.
    2. Le consensus de la communauté scientifique vis-à-vis d’un réglage fin de l’univers ne fait aucun doute.
    Des théories dites du multivers expriment l’idée que notre univers est la combinaison gagnante parmi une infinité d’autres. Ainsi le hasard est sauf.
    Un corollaire est qu’il n’existe qu’une seule bonne combinaison, les mauvaises conduisant à des univers vides et stériles.
    Ce consensus ne s’avérera erroné que si l’on découvre l’existence de ces autres univers. Avec quelle physique ?

  55. oursivi@Marc

    Marc,
    « Des théories dites du multivers expriment l’idée que notre univers est la combinaison gagnante parmi une infinité d’autres. »
    Mais celles-ci ne sont que spéculatives, en concurrence elles-mêmes avec d’autres, et si on peut constater qu’elles le sont bien dans le champ de l’extrapolation humaine ou plutôt scientifique, à ma connaissance rien d’expérimental ne peut prouver qu’un tout autre univers peut être possible et je ne crois pas qu’une seule expérience ait pu être proposée pour confirmer cela, contrairement à l’existence du Boson nobelisé, par exemple, qui n’était qu’un concept dont la vérification de l’existence demandait de grandes énergies (et de géniaux savoir-faire) pour affirmer ou infirmer les supputations théoriques visiblement d’une superbe intuition.
    Je ne crois pas qu’un physicien ait jamais proposé moyen expérimental de donner corps à cela.
    Il est quand même une façon plus ou moins déiste de présenter tout cela, et comme vous le savez je suis agnostique.
    Maintenant, l’histoire est ou serait plus belle avec de profondes intentions, moi aussi j’aime à rêver, mais à comprendre aussi et peut-être surtout.
    AO

  56. Sinon, pour en revenir au sujet principal, il est en effet très bien ce François.
    Comme quoi la foi n’abrutit pas, contrairement à ce que les rationalistes de Damart* ont toujours voulu promouvoir :
    Foi, moi, jamais !
    AO
    * les voilà habillés pour l’hiver

  57. @ hameau dans les nuages.
    « Je trouve au contraire que le Vatican a toujours été circonspect »
    Certes. Les multinationales sont généralement prudentes. Ou elles le deviennent avec le temps.
    « Sinon l’autre miracle serait que monsieur Hollande finisse son mandat. Je ne parierai pas un sesterce »
    Hélas, la religion socialiste est en perte de vitesse. Après les municipales, nous allons assister à quelques bonnes apostasies…

  58. @MS
    « J’ai déjà indiqué à Buridan que la foi n’avait absolument rien à voir avec ces considérations astrophysiques. »
    Sans vouloir être indiscret, elle a à voir avec quoi dans votre cas (si foi il y a) ?

  59. Alex paulista

    @ oursivi
    Je suis d’accord avec vous sur toute la ligne, mais je soulignais juste mon désaccord avec la phrase de Buridan:
    « Je crois qu’on peut dire que parler de la probabilité de la valeur d’une constante physique est dépourvu de sens. »
    Spécialement parce que c’est une question qui est posée par les deux Prix Nobel récemment décernés sur le Boson scalaire.
    Parler de probabilité sans connaître l’espace de mesure est un non-sens, je suis bien d’accord.
    Mais la généralisation de Buridan n’est pas juste non plus, c’est ce que je voulais dire.
    Sinon, pour résumer Kant, Buridan, oursivi et MS « à grands traits », comme dirait Savo, on peut quand même remarquer que c’est drôlement bien foutu, mais en même temps ça ne pourrait pas être autrement sinon on n’en parlerait pas.
    Donc la « probabilité » est de 0 ou de 1 suivant la foi qu’on a.

  60. @Alex paulista
    « on peut quand même remarquer que c’est drôlement bien foutu, mais en même temps ça ne pourrait pas être autrement sinon on n’en parlerait pas.  »
    Tout à fait d’accord.
    A part ça, je suis étonné que la succession des expansions et rétractions ne soit pas davantage évoquée par les cosmologues – quoi qu’elle le soit de temps en temps – parce que penser qu’avant le Big Bang il y a eu un « vide quantique », et jamais rien avant, ça paraît vraiment difficile à admettre.
    Evidemment, ils ne peuvent rien en dire, scientifiquement parlant, mais il y a aussi que manifestement certains croient au Big Bang comme à un commencement absolu – c’est par exemple le cas de S. Weinberg dans « Les trois premières minutes de l’univers ».
    Ca paraît vraiment difficile à admettre, écrivais-je.
    Pour un athée, évidemment.
    Pour un théiste, ça m’a longtemps paru difficile aussi (« Dieu est resté seul, puis, il y a quatorze milliards d’années, il s’est trouvé seul et il a créé le monde »), tandis que la thèse de l’éternité du monde convient mieux (« Dieu a toujours créé le monde, au sens de : a toujours soutenu le monde dans l’être »).
    Cela dit, voilà comment je comprends maintenant la thèse de la limitation du monde dans le temps pour un théiste (sans avoir lu ce qu’en dit Thomas d’Aquin) :
    Dieu crée un contingent fini. Un des aspects de cette finitude est la limitation dans le temps. Et avant cette création, il n’y a pas de temps, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’avant.
    Bref, la création il y a quatorze milliards d’années et non pas la création sans limitation dans le temps, cela exprime la finitude du créé sans être incompatible avec l’immutabilité divine.
    Sur la difficulté pour un athée de croire au Big Bang comme à un commencement absolu, il y a un livre qui jadis m’avait beaucoup plu : « Comment se pose aujourd’hui le problème de l’existence de Dieu », de Tresmontant. Les deux critiques qu’on pouvait lui faire, en ce qui concerne le Big Bang, me semblait-il : 1° a) Il n’évoquait pas la possibilité qu’il y ait eu quelque chose avant. b) Il n’évoquait pas la possibilité que le « vide quantique » ne soit pas rien. Cela lui permettait de rejeter le matérialisme. 2° Il ne voyait même pas le problème posé par la nécessité de concilier immutabilité divine et création il y a quatorze milliards d’années. Quant à la partie de l’ouvrage consacrée à l’Evolution de la vie, elle m’était restée inintelligible. Il niait toute intervention divine par violation des lois naturelles, ou dans le cadre de l’indétermination quantique, et en même temps il condamnait le matérialisme. Enfin, sur la vie, Tresmontant était intelligible, je crois, si on admettait qu’il y a d’autres causes que les causes efficientes, ce que la science n’admet plus.

  61. Alex paulista

    @ Buridan | 10 octobre 2013 à 01:22
    La mesure du temps est liée (on le sait depuis la relativité restreinte et encore plus depuis la générale) au référentiel choisi et à la densité de masse ou d’énergie. Le Big Bang étant une singularité en un peu tout ça, la mesure du temps ne se trouve plus clairement définie, ni le « avant », ni le « commencement ». Un peu comme la probabilité de MS sur des espaces qui n’existent pas donc à métrique complexe à établir.
    J’ai donc du mal à vous suivre. Ça me rappelle quand je faisais un stage avec une équipe qui avait créé un condensat de Bose-Einstein, et qu’un physicien de passage me demandait la température du condensat. J’étais embêté : par définition, un condensat de Bose-Einstein n’a pas de température au sens de la physique statistique, ou s’il en a une c’est zéro. C’est même à ça qu’on le reconnaît, grâce à l’équation de Shrödinger non-linéaire décrivant son expansion hors du nuage thermique.
    Pour autant il a une vitesse.
    Bref, il faudrait revenir sur chaque mot. Et au final, quelle différence ? Pour moi Dieu est bien moins dans un Big Bang technique il y a des milliards d’années que dans le mystère de la vie chaque jour renouvelé.

  62. @ Axel
    Les théories du multivers sont plausibles mais on ne pourra en effet jamais les vérifier expérimentalement, parce que la physique de ces univers n’est par définition pas la nôtre.
    On remarquera quand même que ces théories visent à sortir d’un ajustement trop parfait pour exclure un ajusteur. L’imprégnation déiste n’est pas toujours où l’on croit.
    @ Alex
    « Donc la « probabilité » est de 0 ou de 1 suivant la foi qu’on a. »
    Je ne vois pas pourquoi. La foi n’a rien à redouter de la science. Inversement, croyant ou pas, un scientifique véritable devrait pouvoir objectivement tout envisager.
    @ Buridan
    D’athée à chrétien en un coup de foudre. Rien de grave.

  63. « Pour moi Dieu est bien moins dans un Big Bang technique il y a des milliards d’années que dans le mystère de la vie chaque jour renouvelé ».
    Rédigé par : Alex paulista | 10 octobre 2013 à 05:28
    Cela me plaît.
    Buridan a écrit des choses intéressantes à n’y pas enterrer Kant.
    Marc, vos phrases confessent la grâce qui semble vous avoir saisi.
    Heureux homme.
    AO

  64. AO a écrit : « Pour moi Dieu est bien moins dans un Big Bang technique il y a des milliards d’années que dans le mystère de la vie chaque jour renouvelé ».
    Rédigé par : Alex paulista | 10 octobre 2013 à 05:28
    Cela me plaît. »
    Cela ne me convainc pas : la vie, ce n’est rien d’autre que du physico-chimique. Aucun mystère propre là-dedans.
    Et le physico-chimique, la matière, on le sait depuis qu’on a compris que « le livre de la nature est écrit en langage mathématique » – depuis le XVIIe siècle – ce n’est rien de mystérieux, d’admirable.
    La nature a été radicalement désenchantée par la science.
    Il n’y a pas plus lieu d’admirer la vie qu’il n’y a lieu de vénérer une fontaine ou un rocher.
    Soit un Dieu, radicalement hors du monde parce qu’il ne s’y manifeste pas, soit rien.

  65. @Alex paulista
    J’ai entendu parler de la théorie de la Relativité, mais je ne parviens pas à y croire.
    Je me demande jusqu’à quel point ceux qui ont étudié la physique parviennent à y croire.
    Par exemple, je n’ai jamais entendu un instruit en physique dire :
    « J’espère passionnément qu’on découvrira une importante masse cachée, car cela aura pour conséquence une rétraction de l’Univers jusqu’à une Grande Contraction symétrique du Big Bang, dans x milliards d’années.
    Donc (version athée), je serai mort pendant x milliards d’années, pas indéfiniment, ou (version théiste, style traditionaliste), je serai mort pendant x milliards d’années, pas plus, après quoi viendra, je pense, le Jugement dernier. »

Laisser un Commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *