Soljenitsyne nous surestime !

Pour Henry de Montherlant, « celui qui abaisse, c’est qu’il est bas ».

Nous sommes nombreux alors à être bas, et moi le premier.

Mon ami Hervé Mariton récemment m’a cité un propos d’Alexandre Soljenitsyne qui fait écho d’une certaine manière à la dénonciation qui précède.

Cet immense auteur a déclaré que « personne, sur la terre, n’a d’autre issue que d’aller toujours plus haut ».

Comme on aimerait qu’il ait raison et comme il est déchirant de constater au quotidien, et sur tous les plans, le contraire !

Je ne doute pas que lui-même, porté par sa foi intense et son génie, était persuadé de la validité de cette belle injonction qu’il adressait à tous en même temps qu’à lui-même. L’élévation lui semblait aussi naturelle que l’air et l’eau, le vent, la liberté et la résistance à l’oppression.

Mais pour nous autres ?

Sa pensée roborative appartient au registre qui exalte l’humanité et en même temps la désespère. Parce qu’elle confond l’optatif et l’indicatif et nous laisse croire que notre aspiration est d’aller vers les cimes, de manière irréversible, alors que tout démontre notre pesanteur et la tentation qui nous guette à chaque seconde de nous abandonner, de déserter l’allure, de choisir la facilité et de substituer trop souvent la dérision à l’intelligence et le procès à la contradiction.

Aller toujours plus haut ? Le monde politique nous donne-t-il vraiment l’impression, gauche et droite mêlées, d’être poussé par des élans positifs et des mouvements généreux, par la volonté de donner de lui une image gratifiante, noble ? A l’évidence ce n’est pas son souci prédominant. Le cynisme, le reniement, l’opportunisme et le manque de courage, à quelques exceptions près, sont les habits qu’il porte – au prétexte qu’ils sont inévitables à cause des fatales faiblesses de notre condition humaine.

Les sommets ne sont pas pour lui. L’escalade serait inconcevable. Mieux vaut un empirisme sans flamme ni vision.

Aller toujours plus haut ? La mousse et le divertissement médiatiques sont-ils inspirés par cette propension idéale ou bien au contraire sont-ils enlisés avec volupté dans le médiocre hilare, le partial sommaire ou le promotionnel vulgaire ? Dans cet espace on ne monte jamais, on descend toujours : prétendre redresser la barre serait un crime de lèse-démagogie.

Aller toujours plus haut ? Faut-il se rassurer avec certaines foucades et déjections artistiques, avec le clientélisme culturel, avec la rhubarbe et le séné des critiques de films, de pièces et de livres, avec l’intolérable congratulation de l’entre-soi qui prend le citoyen pour un imbécile et fait croire à de l’indépendance quand les dépendances et les services la gangrènent ?

Aller toujours plus faut ? Convient-il donc de nous innocenter, nous les citoyens, dans cette société civile dont on nous rebat les oreilles comme si, contre la classe politique, elle était forcément fraîche, spontanée, inventive, retenue et délicate ? Bien sûr que non quand, par exemple, en de multiples occasions, l’inculture judiciaire et démocratique domine et qu’on en est encore, dans une représentation de carton-pâte, selon une vision caricaturale à la Alexandre Dumas ou à la Eugène Sue, à s’imaginer que les ministres de gauche ou de droite tirent les ficelles de toutes les institutions et qu’il n’est plus un acte de procédure qui ne soit pas imposé aux magistrats ! L’ignorance et le complotisme ordinaires font des ravages (lepoint.fr).

On dit souvent que nous avons la classe politique que nous méritons. Celle-ci, parfois, mériterait mieux que les citoyens qu’elle est chargée de séduire et de convaincre !

Alexandre Soljenitsyne nous surestime, nous rêve. Il nous voudrait comme lui alors que nous sommes comme nous seulement et que petitement nous nous contentons de nos petites oeuvres. On a les archipels qu’on peut.

Ce qui vaut la peine – en tout cas, sans ce combat intime et personnel l’existence n’aurait plus grand sens et manquerait de lumière – est de laisser s’affronter en soi la tension vers le bas et la fascination pour le haut avec l’espérance que la seconde ne soit pas toujours battue à plate couture par la première.

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  1. Mille mercis Monsieur Bilger pour ce billet, j’ai surtout apprécié votre première phrase, super pour commencer cette nouvelle journée : « Celui qui abaisse, c’est qu’il est bas »… certains/certaines devraient méditer cette phrase durant leurs prières quotidiennes, ces mêmes qui ne savent que critiquer, projeter leur amertume, leur haine de l’autre, de tous les autres.

  2. Voilà l’écrivain dont la voix s’est éteinte et qui en ce jour viendrait nous secouer…
    Dies irae, dies illa ! Il y a toujours dans vos billets comme une tentative de ressusciter l’Homme mais, et c’est là que réside la faiblesse de l’argumentation, une faille du raisonnement ou une crainte du choc frontal retient la plume ou l’idée.
    C’est grand dommage, car la frustration naît de cette lecture ! Il reste une impression d’inachevé…
    Il conviendrait de souligner qu’à force de velléités, que sous les coups d’ego surdimensionnés, que par convoitises insatiables, que par goût inextinguible du pouvoir, que par absence totale de vertu, et enfin par inculture crasse, l’homme public, celui qui est le parangon, est un bouffon que nous avons sérieusement couronné et pour qui nous avons chanté « le Roi est mort vive le Roi ».
    En réalité, le Roi est mort, Dieu est mort et nous regardons l’Homme mourir, avec à peu près autant d’émotion que nous lorgnons vers nos premières amours, c’est-à-dire, comme chacun sait, avec une émotion factice que nous imaginons digne d’un poème d’Ovide !
    Chacun a un devoir à accomplir, il suffirait à chacun de s’y attacher, mais cela est déjà trop…

  3. Daniel Ciccia

    J’ignore si penser l’Homme au large de ce qu’il est est le surévaluer. J’espère que ce n’est pas le cas et, qu’au contraire, c’est le sous-évaluer que de penser que chacun d’entre nous n’est pas le témoin et le passage potentiel d’une aspiration et d’une dignité supérieures.
    Que valent et que peuvent valoir quelques années, quelques décennies d’errance sur le chemin long de l’humanité ?
    Ce que je crois, c’est que le peuple est un grand orphelin, mais que s’il l’est, il l’est avant tout de lui-même, c’est-à-dire d’une grande conception et d’une grande conscience de sa personnalité perdue dans le dédale de la représentation morcelée car nous sommes nous-mêmes éclatés façon puzzle.
    Il est possible de réduire cette personnalité à la différenciation des individus et de leurs intérêts respectifs, et tout devient insoluble parce que chacun des membres qui le composent est invité à ce que j’appelle la compétition des légitimités, et celle-ci passe, triomphalement mais tout aussi vulgairement, par une mauvaise agrégation, reposant sur des malentendus, des séductions et des mensonges.
    La République, la démocratie, est dès lors comprise dans un pacte social et républicain.
    « On sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher », assurait Michel Blanc dans « Les Bronzés font du ski ».
    J’ai l’impression, même si le propos se rapporte à la drague, que cela vaut du Soljenitsyne ou de Gaulle sur le plan prophétique.
    Nous vivons cette période avec l’espoir que, sur un malentendu, ça peut marcher… Mais cela démontre une chose : si nous préférons un malentendu, c’est que nous fuyons la lucidité.
    Le désordre et, je serais tenté de dire les désordres, car tous parlent avec puissance le même langage à l’attention de la même part de nous-mêmes, est produit par cette illusion, ce mirage dans nos vies.
    Pourtant, s’il est désespérant de voir le peuple se prendre aux ivresses éphémères auxquelles l’empire politico-médiatique le convoque afin d’exalter le registre de sentiments auxquels il est identifié et d’asseoir sa propre incontournabilité, le rêve émancipateur d’un Soljenitsyne (Le déclin du courage) ou encore d’un de Gaulle (discours de Bayeux), a encore cours.
    « Des Grecs, jadis, demandaient au sage Solon : « Quelle est la meilleure Constitution ? » Il répondait : « Dites-moi, d’abord, pour quel peuple et à quelle époque ? » Aujourd’hui, c’est du peuple français et des peuples de l’Union française qu’il s’agit, et à une époque bien dure et bien dangereuse ! Prenons-nous tels que nous sommes. Prenons le siècle comme il est. Nous avons à mener à bien, malgré d’immenses difficultés, une rénovation profonde qui conduise chaque homme et chaque femme de chez nous à plus d’aisance, de sécurité, de joie, et qui nous fasse plus nombreux, plus puissants, plus fraternels..
    « Pour quel peuple et à quelle époque? ». Je comprends ces compagnons de de Gaulle qui firent le constat amer que de Gaulle avait porté le cadavre de la France.
    Je comprends la nostalgie qui se saisit de nos compatriotes car nous rêvons tous d’un âge d’or qui nous aurait été légué et dont portons une sorte de culpabilité car nous avons le sentiment diffus que nous avons dilapidé cet héritage.
    C’est le propos même du discours sur la nostalgie.
    De la même manière que nous n’héritons pas de la terre mais que nous l’empruntons à la postérité, nous n’héritons pas des valeurs qui nous construisent mais nous les formons à l’intention de ceux qui vont venir après nous. Car chacune des conquêtes fondamentales au titre de l’humanité, du droit, de la conception que nous nous faisons du sens de notre vie et de celle des autres, nous hisse. Elle se réalise donc, dans la complexité et la brutalité du réel, au nom d’un idéal historique qui regarde devant soi et embrasse un plus grand cercle que celui qui lui est antérieur.
    Soljenitsyne a prononcé ces mots en conclusion de son discours « Le déclin du courage » à Harvard en 1978.
    « Si le monde ne touche pas à sa fin, il a atteint une étape décisive dans son histoire, semblable en importance au tournant qui a conduit du Moyen Age à la Renaissance. Cela va requérir de nous un embrasement spirituel. Il nous faudra nous hisser à une nouvelle hauteur de vue, à une nouvelle conception de la vie, où notre nature physique ne sera pas maudite, comme elle a pu l’être au Moyen Age, mais, ce qui est bien plus important, où notre être spirituel ne sera pas non plus piétiné, comme il le fut à l’ère moderne.
    Notre ascension nous mène à une nouvelle étape anthropologique. Nous n’avons pas d’autre choix que de monter… toujours plus haut. »

    L’humanité se reconstruit toujours secrètement et couve ses propres résolutions.
    C’est ce qu’il faut espérer d’elle.
    PS : Vous êtes à mon sens meilleur dans ce type de réflexion, M. Bilger, c’est-à-dire en situation l’enjeu au-dessus, que dans d’autres, en le situant plus bas.

  4. Bonjour Monsieur Bilger
    Le peuple français est ignare et inculte, porté vers la médiocrité, qui demande toujours plus de divertissements débiles à la télé : bref, c’est un rassemblement d’abrutis qui mérite son sort.
    Eh bien non, je ne suis pas d’accord, même si moi aussi parfois, je désespère.
    Quel peuple serait en mesure de résister au véritable matraquage de propagande qui confine au lavage de cerveau, entrepris par la clique politico-médiatique depuis plus de quarante ans ?
    Lavage de cerveau qui commence dès l’école que tous les gouvernements depuis Giscard inclus ont laissé démolir par les pédagogistes comme Philippe Meirieu (élu EELV, comme par hasard) alors qu’il aurait fallu enfermer ces fous furieux dans des asiles.
    Lavage de cerveau qui se poursuit à longueur de journée à la télé, dans la presse subventionnée, au cinéma subventionné, dans « l’art » subventionné, par les chanteurs cooptés par le camp du bien.
    Toutes les issues sont verrouillées pour celui qui n’a pas eu la chance de bénéficier d’une éducation solide.
    Vous écrivez : « (les gens pensent) qu’il n’est plus un acte de procédure qui ne soit pas imposé aux magistrats ! L’ignorance et le complotisme ordinaires font des ravages (lepoint.fr). »
    Déjà, se référer au Point, l’un des porte-parole de la pensée unique, bref, passons.
    Mais comment le peuple, qui garde malgré tout un reliquat d’esprit critique et de bon sens, pourrait-il réagir autrement quand il voit que :
    – des « magistrats » poursuivent et condamnent un citoyen qui a le malheur de se défendre contre deux agresseurs
    – des « magistrats » laissent repartir libre des multirécidivistes, qui ne sont que des victimes de la méchante société qui les discrimine
    – des « magistrats » poursuivent une affaire qui a été jugée par le Conseil constitutionnel, avec des dizaines d’enquêteurs et d’experts, alors que les mêmes pleurent misère et crient famine, pendant que d’autres affaires sont bizarrement en stand by
    – si vous passez un jour au tribunal, vous avez une chance sur trois ou quatre de tomber sur un « juge » qui soutient le mur des cons.
    Le citoyen lambda, Monsieur Bilger, veut simplement une Justice qui rende la justice.

  5. Notre génération s’effondre, et plus probablement c’est notre civilisation tout entière qui s’effondre. C’est moche. C’est ainsi.
    Nous ne pouvons pas le voir, parce que c’est trop « gros », et que nous sommes pris dedans.
    Peut-être que quelque chose d’autre renaîtra par la suite.
    Peut-être que la génération suivante, avertie par nos excès, nos dérives, nos renoncements, prendra la voie d’Eros et quittera Thanatos.
    Mais pour l’instant, il faut se faire une raison : tout va continuer d’empirer pour encore un bon moment. Seuls quelques îlots résisteront, des sanctuaires. Aux yeux du monde, il seront considérés comme des aberrations, et on se gargarisera de qualificatifs à leur encontre.

  6. Bonjour,
    Nous avons les politiques que nous méritons. Ils sont l’image de notre mentalité, le miroir de notre comportement, le résultat de notre égocentrisme. Chacun voulant bien sûr des réformes de notre société, mais à conditions que celles-ci ne touchent pas à ses petits avantages.
    Le Français n’est jamais content. Sa réputation dans ce domaine est devenue internationale. Ajoutons à cela une certaine arrogance qui remonte à l’époque où la France était le phare du monde et qui est déjà bien lointaine.
    Certes en France, aujourd’hui nous avons quelques philosophes éclairés, des artistes de grand talent et même des politiques visionnaires. Mais pour aller plus haut encore faut-il connaître les bons réseaux. Ceux qui vous ouvrent les portes des médias et donc vous font connaître du « grand public ».
    Sans entregent pas d’ascenseur social. Mais l‘ascension ne saurait se faire sans contreparties, sans soumission aux règles du système, quitte parfois à devoir renier quelques principes qui nous sont chers.
    Les purs, les « authentiques » seront toujours condamnés à jouer les utilitaires, les seconds rôles.
    C’est sans doute ce qui explique aujourd’hui la médiocrité de notre classe politique. Mais nous sommes seuls responsables de ces représentants du peuple que nous critiquons tant. C’est nous qui les avons élus en pleine connaissance de cause. En somme, nous sommes responsables et eux sont les coupables.

  7. J’ai regardé hier soir Polonium sur Paris Première et contrairement à certaines critiques reçues ici ou là, j’ai trouvé cette émission intéressante en sa diversité, ainsi que l’art de Natacha Polony pour faire respecter la parole de chacun, sans les éternels « le temps nous presse » ou le « on avance », mais avec le sourire dans la fermeté.
    J’ai retrouvé (sic) un Alain Finkielkraut pédagogue éloquent (et compréhensible ;-)) s’expliquant sur l’incident – provoqué – sur le plateau de « Des paroles et des actes ». Il m’a semblé extraordinairement décontracté et serein.
    J’ai bien aimé également le sujet sur la religion et l’école, et cette jeune femme de parents immigrés, pauvres, parlant mal le français, disant que, lorsqu’à l’école publique il avait été proposé à sa classe d’étudier des textes de rap plutôt que les grands auteurs tels Rimbaud ou Baudelaire, elle avait vécu cela comme une trahison, ajoutant que « l’école publique doit tirer vers le haut, elle doit être élitiste car elle permet à ceux qui n’ont rien d’avoir accès au savoir ».
    Or aujourd’hui l’école, dirigée par une jeune femme immigrée, fait au contraire tout pour supprimer l’élitisme, y compris en mettant en application une réforme proposée il y a 26 ans mais jamais appliquée, alors qu’elle-même a bénéficié de cette école élitiste.
    J’ai parfois été inquiète pour mes enfants à leur âge scolaire, aujourd’hui je suis tourmentée par l’éducation qu’offre l’école publique à mes petits-enfants.
    Ca va être difficile pour eux d’aller juste « un peu plus haut » si on continue de leur appuyer sur la tête 🙁

  8. Mary Preud'homme (hauteur de vues !)

    Je comprends cette aspiration spirituelle de Soljenitsyne sachant à quel univers matérialiste et froid il fut confronté dans son pays natal.
    Prendre de la hauteur et quitter les sentiers battus, bien sûr que c’est la seule issue pour tout homme désireux de s’élever. A plus forte raison aujourd’hui où tout est ramené à la société de consommation, à la pensée molle et à la propagande.
    S’élever, un chemin certes semé d’embûches eu égard à notre pesanteur, mais qui s’impose néanmoins si nous voulons garder notre altérité et préserver dans notre propre pays l’essentiel de notre culture et de nos valeurs.
    Le balancier entre notre dignité et notre indignité, c’est aussi ce dont Simone Weil sut si bien se faire l’interprète dans son célèbre essai : « La Pesanteur et la Grâce ».

  9. En France, l’individu est titulaire de droits et pas tellement débiteur de devoirs. Il défendra son pré carré avant de faire effort pour le bien collectif. Puisqu’il n’y a plus guère d’église, tout au moins bienfaisante, ni assez de famille, les pères étant souvent prompts à abandonner leur progéniture, ni assez de formation civique à l’école, ni d’éducation militaire, autant dire que nous sommes mal partis.
    Et que les propos de Philippe Bilger sont les bienvenus.
    Parmi les informations que Soljenitsyne a livrées au monde, j’ai retenu :
    – une observation sur l’aptitude particulière de celui qui a risqué sa vie pour son pays « seuls les soldats étaient immanquablement sincères… ne se fier à personne qui n’avait pas subi le baptême du feu ».
    – la logique fatale faisant d’un innocent un zeck (prisonnier) : « On s’aperçut qu’il avait été emprisonné pour propagande antisoviétique sur dénonciation de voisins qui avaient des vues sur son appartement. On s’aperçut qu’il n’avait fait aucune propagande mais qu’il aurait pu… puisqu’il écoutait la radio étrangère. On s’aperçut aussi qu’il n’écoutait pas la radio étrangère mais qu’il aurait pu, puisqu’ il avait un récepteur. On s’aperçut qu’il n’avait pas de récepteur mais il aurait pu puisqu’il était ingénieur- radio. »
    – le cynisme des goulags : un zeck polonais à qui ses camarades demandent sur qui le soldat polonais va tirer le premier ? sur un soldat allemand ou sur un soldat russe ? réponse : d’abord le Russe, par devoir, ensuite l’Allemand, pour le plaisir. »

  10. Comparer quelqu’un qui a affronté l’archipel du goulag et les affiliés à la chapelle des goulafres c’est demander à des culs-de-jatte d’affronter Usain Bolt.

  11. Sans doute y a-t-il de l’ambivalence dans le génie humain et Soljenitsyne ne fait pas exception, pour ce que j’en comprends.
    Cela dit, cette sommation à nous adressée dans « le déclin du courage » est plus qu’aucune autre justifiée.
    Le panorama qu’il dresse est à bien des égards visionnaire. Prédire BFMTV, i-Télé et LCI à trente ans de distance, il faut s’incliner. La médiocrité de ces médias n’a d’égal que leur capacité à capter l’adhésion de la majorité de la population.
    La raison en est que, requis de livrer des modèles de compréhension sur tout et pour tout, des « experts » appointés ont toujours répondu « présent » . Nos dirigeants politiques ne sont pas innocents, qui ont accepté de prêter leur concours à ces jeux médiocres. Monsieur Rocard, homme estimable s’il en est, fait figure à cet égard d’illustre précurseur. Il n’avait pas trouvé une phrase pour renvoyer dans les cordes un animateur télé qui lors d’un de ces happenings lui demanda si « sucer c’est tromper ». Une honte. Panem et circences.
    C’est après que pour ma part, je ne parviens plus à suivre Soljenitsyne. Sans doute sa prescription est-elle porteuse d’une science de l’homme. Mais cette anthropologie est celle du monde dont Soljenitsyne est issue. Mon impression est que le Soljenitsyne de l’archipel opère son acte de contrition par une critique du primat donnée à la raison dans nos sociétés occidentales. En un sens, il est permis de se demander quelle distance sépare Soljenitsyne de ce système soviétique dont il listait si justement les horreurs dans l’Archipel.
    Dire qu’une société humaine qui ne se contenterait que d’une « balance juridique impartiale » ne donne pas à l’individu la possibilité du plein accomplissement des potentialités humaines, tout le monde en sera d’accord. Qu’il lui paraisse indispensable d’adjoindre à la « balance juridique impartiale » une composante purement spirituelle d’où puiser « les meilleurs élans » de chacun, ça me laisse rêveur. Cette sorte de « Fides et ratio » façon Soljenitsyne peine à convaincre.

  12. Cet éloquent réquisitoire contre notre époque d’abandon et de médiocrité n’est pas sans contenir quelques éléments convaincants. Il est notamment intéressant de souligner que la « société civile », censée échapper à toutes les turpitudes de la « classe politique » ne saurait être exemptée des critiques dont elle est elle-même si généreuse à l’encontre des élus et des responsables dont on ne voit pas bien ce qui les rendrait inférieurs à elle.
    Ceci posé, ce morceau d’éloquence bouillant d’indignation aurait pu concerner bien d’autres époques que la nôtre.
    De ce que nous sommes plus informés que nos ancêtres plus ou moins lointains, il ne faudrait pas déduire que la vertu régnait autour d’eux et que depuis, une décadence qui va s’accélérant nous entraîne à l’abîme. Il n’y a pas plus d’incestes dans les familles, de femmes battues par leur conjoint, de viols d’enfants par des enseignants pédophiles, de prévarications, d’abus de biens sociaux que par le passé, pas plus de bêtise et de vulgarité qu’il n’y a plus d’étoiles dans le ciel depuis que nous disposons de bons télescopes.
    Si les temps qui nous ont précédés étaient caractérisés par la vertu, le sens de l’honneur, le désintéressement, la distinction des procédés et le respect des autres, pourquoi donc Martial et Horace auraient-ils stigmatisé les Romains et leurs mœurs ? Pourquoi Villon, Rabelais, d’Aubigné, Ronsard, La Fontaine, Molière, Voltaire ?

  13. Michel Deluré

    Comme vous PB, je nourris l’espérance que la fascination vers le haut triomphe de l’attirance vers le bas. Mais les conditions ne me paraissent pas pour l’heure réunies pour qu’il en soit ainsi.
    Nous avons malheureusement en France un Etat qui occupe une place beaucoup trop envahissante, au point d’en devenir même parfois étouffante, et dont la tendance à rechercher à tout prix l’égalité des conditions le conduit trop souvent à adopter des solutions de nivellement par le bas.
    On en arrive en fait à une situation déjà décrite par Tocqueville (« De la démocratie en Amérique ») dans laquelle au-dessus des individus « s’élève un pouvoir immense et tutélaire qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort…..Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril, mais il ne cherche au contraire qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ».
    Et Tocqueville de poursuivre : « C’est ainsi que tous les jours, il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre arbitre, qu’il renferme l’action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu à peu à chaque citoyen jusqu’à l’usage de lui-même ».
    Ce n’est pas une condamnation de la démocratie, c’est simplement en montrer certaines limites, certains dangers.
    L’homme doit garder sa lucidité, son volontarisme pour prendre en charge la part de son destin sur laquelle il a prise. Il est de son devoir de regarder toujours plus haut comme l’affirme Soljenitsyne et c’est ce qui donne du sens à sa vie. Et le rôle de l’Etat est de contribuer à créer les conditions favorables à la réalisation de cet objectif.

  14. Jean-Dominique Reffait

    L’homme Soljenitsyne avait aussi ses faiblesses, ses petitesses, il n’est pas possible à un homme de se hisser chaque jour, chaque heure, chaque minute. L’exaltation de l’écrivain ne rend pas compte des routines ordinaires de l’homme, de ses complaisances et de ses abdications.
    Il m’apparaît depuis fort longtemps que la vertu première d’un homme est l’indulgence. Bonté, générosité, idéalisme ne valent que s’ils reposent sur une indulgence quotidienne, routinière. Il ne s’agit pas d’excuser les manquements des autres mais de les faire siens en toute lucidité et d’admettre que la nature humaine est distincte de l’état de nature en ce qu’elle se heurte à elle-même, face au miroir ou dans la société. Céder à une vulgarité, négliger le bien que l’on aurait pu faire est acceptable dans la mesure où l’on est parfaitement conscient de ces démissions ordinaires.
    Sans doute convient-il de se tenir à distance des nocivités mondaines, de n’en accepter que le spectacle éloigné sans y prendre part et, lorsque la tentation est trop forte d’en être, de n’y toucher qu’avec la prudence de celui qui fume un joint pour la première fois en ayant déjà décidé que ce serait la dernière. Il me paraît toujours bon, lorsque je sors d’une mondanité flatteuse, de marcher dans les rues, de causer avec un mendiant, de caresser un chat planqué sous une voiture ou de pisser clandestinement dans un buisson : je me recadre ainsi, je fais dégonfler la citrouille, calme-toi petit bonhomme.
    Le société humaine ne vise jamais les hauteurs, elle est vulgaire au sens premier du terme et convient à la foule, ce monstre qui agglutine les petites banalités universellement partagées. La vie politique est vulgaire – elle l’a toujours été – et la démocratie renforce ce trait : qui n’a pas distribué de tracts en campagne électorale sur un marché n’imagine pas la bassesse des expressions, celle du candidat, ministre ou petit élu, qui drague les voix sans fierté, cherchant les mains à serrer, les sourires à qui répondre. Et la bassesse du quidam, brave homme ou brave femme en temps ordinaire et qui se mue en guimauve dégoulinante pour un selfie, une revendication grotesque, une fausse connivence arrachée. C’est sale, pas immonde, juste sale mais tout le monde y participe.
    On peut élever notre esprit en lisant Soljenitsyne sans se leurrer sur le fait que Soljenitsyne n’a pas mérité chaque jour de Soljenitsyne.

  15. @PhD
    Votre fougue et le reste vous vaudront à n’en pas douter, de tomber sous le coup de ce qui est dénoncé entre autres dans ce billet.
    Vous devriez relire le paragraphe où il est question de « l’inculture judiciaire et démocratique ».
    Je passe sur les guillemets dont vous avez cru bon de borner le terme magistrat, parce que j’ai idée que vous ne savez pas ce que vous dites.
    -« des magistrats qui poursuivent et condamnent », cela n’existe pas. C’est la société (ministère public) qui poursuit. Et c’est une cour qui condamne. Cela fait une grande différence.
    -« des magistrats poursuivent une affaire qui a été jugée par le Conseil constitutionnel ».
    Cela n’a aucun sens. Le Conseil constitutionnel ne juge pas des affaires.
    Et puisque vous faites allusion à l’affaire du dépassement dans le financement de la campagne de Monsieur Sarkozy, il n’y a rien dans la loi qui empêche le juge d’instruction de continuer, puisque l’affaire n’est pas éteinte, eu égard à ses nombreux volets. L’éloquence de Monsieur Herzog vous aura ébloui(e). Le renvoi du procès de Cahuzac ne répond pas à l’application d’une loi ou d’une jurisprudence. Rien ne dit que l’examen de la QPC donnera raison à ce monsieur. Donc, il faut se demander s’il est si urgent que ça d’appliquer au cas que vous sous-entendez quelque chose qui n’existe pas dans le droit, sauf erreur toujours possible de ma part.
    Le juge d’instruction n’agit que dans le cadre de la loi. Il arrive qu’il prenne de mauvaises décisions comme n’importe qui, mais il est borné dans son action par la loi. Et la mise en examen de Monsieur Sarkozy n’est pas une décision de justice, mais un moment de la procédure.
    Commencez par apprendre un petit peu de notre système de pouvoirs et revenez nous voir.
    Et puisqu’à bon droit vous fustigez « le lavage de cerveau », je crois qu’il ne serait pas inutile que vous vous penchiez un peu sur celui dont vous êtes l’exemplaire victime. La dictature de la théorie du complot et des évidences du sens commun.

  16. Franck Boizard

    Votre citation est courte et hors contexte. Il est donc difficile de se faire un avis. Mais on ne peut pas le taxer de naïveté.

  17. Cher Philippe,
    Votre texte est un beau parcours littéraire.
    Le parcours et les amours de Soljenitsyne sont plus glacials et restent obscurs et égoïstes.
    Enfin, c’est ainsi et les inspirations nourries de haine, voire intégristes ont grande facilité à germer et à semer. Amour pour Franco, pour Pinochet, pour les dictatures, c’est l’image d’un homme que les enseignants et les éditeurs ont tenté de rendre célèbre et Nobel.
    Aller plus haut, oui peut-être.
    Mais surtout voler le droit de dire, d’écrire et de publier.
    Voler le droit à l’oubli et lutter contre des oublis impardonnables.
    Et savoir dire NON, comme le soutenait très bien votre ami Henri Guaino dans une récente émission.
    A écouter Zemmour, on pourrait croire que tous les catholiques s’entraînent à marcher sur l’eau pour se rapprocher du divin, tout comme chaque musulman cherche à ressembler au divin.
    Zemmour surestime l’humain et son propre savoir. L’homme est plus sage.
    L’important, c’est de poser des questions et se poser des questions c’est comprendre son humilité et celle des hommes. C’est avancer en explosant des contradictions, en doutant, en creusant et l’élément terre ou désert n’est pas inférieur à l’air. Au minimum, cela permet de garder les pieds sur terre et la tête dans les étoiles.
    françoise et karell semtob

  18. Nous sommes petits, étroits de vision, mesquins de nos avoirs… Pour accepter de voter toujours et encore pour les mêmes dirigeants et leurs turpitudes avérées.
    S’élever c’est faire fi du lendemain sans calcul, sans d’autre espoir que d’être meilleur, là c’est rêver.
    Alors on s’accommode avec notre conscience de petits arrangements, parfois turpitudes par omission, comme il peut être dur d’être dur avec soi-même.
    Le Misanthrope nous éclaire en partie, on ne peut par excès se couper d’un monde social, ou d’une raison sociale. Autour de nous ce n’est pas l’utopie, alors il faut s’adapter, dans le fond s’élever c’est aussi jouer de faiblesses lucides mais jamais se renier.
    Le comportement humain est surtout un miroir sans tain où il faut être capable de se regarder sans baisser les yeux.

  19. @Diogène 18.2.16 – 14:33
    Soljenitsyne a prédit ces chaînes en continu, à plus de cinquante ans de distance… Une journée d’Ivan Denissovitch a été publié dans les années 60, même date pour l’Archipel du goulag qui relate des faits de la mi-1950, dont la date de publication est bien évidemment et largement postérieure, pour les raisons que l’on sait !
    Aucune polémique, juste pour l’histoire et rendre justice à cet homme… et nous souvenir que les années passent !

  20. Garry Gaspary

    Soljenitsyne ne s’est jamais élevé au-delà du Russe christianisé antisémite.
    Il ne s’agit pas d’aller toujours plus haut. Il s’agit d’être et de rester ce que l’on est, malgré l’Autre.
    Il s’agit donc de prendre pour exemple historique le modèle juif, et non de chercher systématiquement à le détruire parce qu’il nous éblouit.
    Il s’agit donc de déchristianiser parce que la christianisation est et a toujours été négation de l’être.

  21. « Aller toujours plus haut »
    Une bonne invitation, mais quel est le chemin pour aller plus haut ?
    Pour un croyant la Bible donne dans la Genèse une indication du chemin.
    « L’Éternel dit à Abram : va-t-en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai ». Genèse 12,1
    Le « va-t-en » s’explicite en hébreu par « Lekh Lekha » qui signifie « Va vers toi », et l’Éternel ajoute que le nom d’Abram deviendra Abraham.
    Un changement de nom qui est un changement de personnalité.
    C’est en plongeant dans nos profondeurs qu’on peut atteindre le haut, la voie du divin.
    Il est intéressant de noter que Nietzsche à la recherche du surhumain a proposé comme chemin le célèbre : « Deviens ce que tu es ».
    Avec ou sans le divin, il semble que l’accès au plus haut passe par la descente aux enfers du plus profond de nous-mêmes.
    Reste évidemment à savoir sortir de ces profondeurs pour s’élever en devenant meilleur !?

  22. @Diogène | 18 février 2016 à 19:11
    Arrêtez de prendre pour des idiots ceux qui émettent un avis différent du vôtre.
    Le ministère public et la Cour ne sont pas des entités virtuelles animées par un algorithme : il y a bien des personnes en chair et en os qui prennent la décision de poursuivre ou de condamner.
    Et dans le cas que je citais, ceux-là ne méritent pas le nom de magistrat, d’où les guillemets.
    Quant à l’affaire Sarkozy, je faisais simplement le parallèle entre la débauche de moyens utilisés pour une affaire de dépassement de comptes de campagne et « le manque de moyens » dénoncé par tous les magistrats.
    Par ailleurs, n’étant pas, loin de là, un supporter de Nicolas Sarkozy, je me suis dispensé d’écouter Me Herzog.
    Ce n’est pas l’affaire Cahuzac à laquelle je faisais allusion ; mais je peux ajouter les délais invraisemblables de jugement pour des affaires banales.
    J’ai eu la chance de faire mes études avant que les réformes post-68 ne provoquent l’effondrement de l’école de la République. Elles ont suivi de près mon passage dans les différents cycles de l’Education nationale, mais heureusement, elles ne m’ont jamais rattrapé.
    Je ne sais pas où vous avez vu que j’adhérais à une quelconque théorie du complot. Quant au lavage de cerveau, votre cerveau me semble bien déformé par le Kärcher qui a servi à le nettoyer de toute pensée originale.

  23. @ Diogène | 18 février 2016 à 19:11
    Je suis évidemment globalement d’accord avec votre réflexion sauf sur le cas évoqué de Sarkozy et de ses juges, pardon des juges chargés de son/ses dossiers, puisqu’en effet sur trois des juges chargés d’examiner les comptes de campagnes du candidat Sarkozy, deux ne s’adressent plus la parole, le troisième ayant été nommé pour faire le médiateur entre les deux autres.
    Je soutiens que dans ces conditions le justiciable peut légitimement s’interroger sur la sérénité de l’instruction et s’il n’est pas un enjeu carriériste.
    La mise en examen par « le petit côté » de l’affaire ne deviendrait-il pas alors une espèce de mise en garde ?
    Wait and see naturellement ;-))

  24. « Celui qui abaisse, c’est qu’il est bas »
    Mouaif, et comme dirait Aziz di Bel Abbes, mon merlan coupe-tif rebeu : « ciloui qui la bèz chouïa, ci bon comme là-bas dis »…
    Comme quoi mon merlan vaut bien votre Montherlant.

  25. « Où est allé Dieu ? s’écria-t-il, je veux vous le dire ! Nous l’avons tué, vous et moi ! Nous tous, nous sommes ses assassins ! Mais comment avons-nous fait cela ? Comment avons-nous pu vider la mer ? Qui nous a donné l’éponge pour effacer l’horizon ? Qu’avons-nous fait lorsque nous avons détaché cette terre de la chaîne de son soleil ? Où la conduisent maintenant ses mouvements ? Où la conduisent nos mouvements ? Loin de tous les soleils ? Ne tombons-nous pas sans cesse ? En avant, en arrière, de côté, de tous les côtés ? Y a-t-il encore un en-haut et un en-bas ? N’errons-nous pas comme à travers un néant infini ? Le vide ne nous poursuit-il pas de son haleine ? Ne fait-il pas plus froid ? Ne voyez-vous pas sans cesse venir la nuit, plus de nuit ? Ne faut-il pas allumer les lanternes avant midi ? N’entendons-nous rien encore du bruit des fossoyeurs qui enterrent Dieu ? Ne sentons-nous rien encore de la décomposition divine ? les dieux, eux aussi, se décomposent ! Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c’est nous qui l’avons tué ! »
    L’insensé de Nietzsche est lucide sur la folie de sa propre perception. Nier l’autre revient à se nier soi-même, car notre réalité n’est pas personnelle au sens du « moi » mais inscrite dans une relation qui, si elle est équilibrée, indique la juste polarisation du plus et du moins, aidant à prendre conscience qu’il n’y a que le temps, et donc notre propre finitude, qui accomplisse nos espérance d’altitude. Autrement dit, on peut être chrétien, et c’est même cela être chrétien, en accomplissant l’exemple historique juif, sa lumière éblouissante éclairant le chemin de nos sombres relations qui, hélas, finissent toujours dans le meurtre et la négation de l’autre par volonté de puissance personnelle et peur de la mort, si nous ne suivons celui qui accomplit la loi juive, et jusqu’au bout du supplice, révélant l’ultime nom de Dieu : l’Amour, équilibre de la relation dans le temps, Seul à même d’indiquer le plus haut.

  26. @Garry Gaspary | 19 février 2016 à 08:15
    « Il s’agit donc de prendre pour exemple historique le modèle juif… »
    Je vais vous taquiner, Garry.
    Le « modèle juif », c’est-à-dire finalement votre invitation à prendre le « juif » (de qui est-il le nom, d’ailleurs ?) comme figure identificatoire, père légiférant, ne risque pas de rencontrer l’assentiment – au mieux un intérêt indifférent – des milliards d’hindouistes, de confucianistes ou d’animistes…
    D’autre part, qu’est-ce qu’un modèle ?
    Une identification à un idéal de soi ?
    Vous mettez en balance, en antithèse, le christianisme et le judaïsme.
    N’étant aucunement partie prenante de l’un ou de l’autre, je me borne à remarquer que l’antisémitisme européen, religieux, a pour première source référencée le très trouble Paul de Tarse ; je remarque également que les relations de la culture française classique avec « Sion » sont loin d’être marquées par un rejet pur et simple : les tragédies « Esther » et « Athalie » en atteste.
    Enfin, comme l’a abondamment démontré la littérature, les lois et les actions anti judéo centrées du monde germanique du XIXe et XXe siècles, l’antisémitisme institutionnel procède pour beaucoup d’un refus inconscient, par déplacement, d’une religion chrétienne qui ne fut jamais profondément acceptée.

  27. « Cet immense auteur a déclaré que « personne, sur la terre, n’a d’autre issue que d’aller toujours plus haut » ».
    Alexandre Soljenitsyne a prononcé ces mots en Amérique pendant un discours alors qu’il était reçu avec les honneurs dus à un dissident russe. Pour rappel, AS s’était opposé au stalinisme dans les années 50 en médisant sur les purges de l’Armée Rouge que Staline avait instaurées dans les années 30. Ses idées n’étaient pas conformes à celles du journal « La Prada » (la vérité). Une simple correspondance épistolaire entretenue avec un ami lui avait valu d’être incarcéré dans le camp de Novy Jérusalem, près de Moscou. Ensuite, après sa libération, AS s’était opposé au pouvoir du Soviet Suprême en bravant la censure imposée aux écrivains russes. Ses livres sont autant de témoignages sur le système carcéral soviétique et ses dérives.
    Dans son discours prononcé à la fin des années 70 sur la côte est des Etats-Unis, AS cherchait probablement à se mettre à l’unisson de son public composé d’Américains. Dans un état d’esprit positiviste exacerbé, tout est possible, le progrès est sans fin, les records sont là pour être dépassés, les Américains ont une expression pour qualifier cet état d’esprit : « The sky is the limit ». En France, nous disons plutôt qu’il n’y a pas de limite.
    Après avoir survécu aux conditions de sa détention, AS avait de quoi se sentir euphorique. Il était dans la position du nageur qui a failli se noyer et qui retrouve l’air libre, l’oxygène remplit ses poumons et remplace le gaz carbonique, le vent de la liberté souffle dans ses cheveux. Il est tout à fait normal qu’il ait exagéré ses propos à ce moment-là. Après tant d’années perdues sous le joug de la dictature, AS a réussi à briser le couvercle, à monter vers les étoiles, il est devenu une célébrité internationale.

  28. @ sylvain | 19 février 2016 à 10:12
    « Mouaif, et comme dirait Aziz di Bel Abbes, mon merlan coupe-tif rebeu : « ciloui qui la bèz chouïa, ci bon comme là-bas dis »…
    Comme quoi mon merlan vaut bien votre Montherlant. »

    Je connais un autre Aziz, Aziz Senni. Il a écrit « L’ascenseur social est en panne… j’ai pris l’escalier ». Version moderne de « Aide-toi, le ciel t’aidera. »
    Bon, ce n’est peut-être pas du Montherlant mais il est très loin du cliché que vous vous faites sur les gens qui ne correspondent pas à vos « canons » de la respectabilité bien franchouillarde.

  29. @ Garry Gaspary | 19 février 2016 à 08:15
    « Il s’agit donc de prendre pour exemple historique le modèle juif »
    Il faudrait d’abord que vous définissiez ce que recouvre, pour vous, le mot juif.
    Un peuple ? Une religion ? Une idéologie ? Une race (d’où le « racisme antijuifs ») ?
    Je vous pose la question.

  30. @PhD
    Assumez vos écrits.
    Vous avez écrit « des « magistrats » poursuivent une affaire qui a été jugée par le Conseil constitutionnel ».
    Cela est faux et traduit une méconnaissance de notre système de pouvoirs.
    Vous ne pouvez pas tout connaître, ni moi non plus d’ailleurs. Mais il y a un minimum qui vous permet de vous élever au-dessus de « l’inculture judiciaire et démocratique ». LEGIFRANCE a survécu aux « réformes post-68 » et m’est avis que vous gagneriez à y faire un petit tour, rien que pour donner un peu plus de corps à votre connaissance du droit qui me semble tutoyer l’indigence. Ce ne serait pas suffisant, mais indispensable dans votre cas.
    Vous avez répété les idioties balancées jusqu’à plus soif sur les chaînes dites « infos ». Autrement, l’argument de « l’affaire jugée », vous ne l’auriez pas inventé. Tout ça vous confortait et vous vous en êtes emparé. C’est juste léger.
    Le Conseil constitutionnel a rendu une décision qui concerne le contentieux électoral. A savoir le dépassement. Il l’aurait fait à l’encontre de n’importe quel député. Vous en avez des tonnes après chaque élection.
    Le Conseil constitutionnel ne s’occupe pas du volet financement illégal.
    C’est la partie judiciaire.
    Je ne vous ai pas pris pour un idiot, j’ai juste relevé que vous racontiez des sornettes.
    Ces élucubrations contre les « magistrats » sont d’une vulgarité crasse.
    Mais gageons que vous devez en avoir en réserve contre les « intellectuels », ça va ensemble, tout ça. Les guillemets sont de vous.

  31. Eh les gars, faut arrêter le Wiki, un doigt seulement, ça fait des ravages la propagande occidentale sur nos petites cervelles.
    Vous ne vous êtes jamais posé la question de savoir que votre Soljenitsyne était sûrement un sous-marin de l’Ouest infiltré dans le vaste goulag soviétique ?
    En réalité, Soljenitsyne, profitant de son statut de commercial chez Ferrero, a transité à l’Est dans une valise diplomatique en compagnie d’une James Bonde girl (de lavabo) à qui il a roulé des pelles et des archi pelles durant tout le voyage ; les langues se délient, surtout celle de la nana, experte en « déliage » de langues.
    Toutes autres options appartiennent à la littérature de salle d’attente de gare.

  32. @breizmabro
    Je ne comprends pas bien votre réflexion sur les juges en charge de la vérification des comptes de campagne.
    Elle est terminée, cette vérification. Nous n’en sommes plus à cette étape.
    C’est la C.N.C.C.F.P. qui en est chargée. Et il ne s’agit pas là de juges au sens où on l’entend communément. Ce sont des magistrats de l’ordre judiciaire, administratif et financier qui composent cette commission.
    Je peux supposer que leur feuille de mission ne leur prescrit pas de s’embrasser sur la bouche. Je suppose que comme beaucoup de gens, il vous est arrivé de travailler en bonne intelligence avec des personnes pour lesquelles vous ne nourrissiez pas une estime sans limites.
    Pour l’histoire du médiateur, je sèche lamentablement.
    Mais puisque vous parlez d’instruction, il n’est plus question de vérifier les comptes de campagne de Monsieur Sarkozy, mais de constituer un dossier qui confirme ou pas la commission d’un délit.
    Sur la nécessaire sérénité de l’instruction, je suis à cent pour cent d’accord avec vous. Mais je suppose que le parquet prend des mesures quand il a des raisons de penser que cette condition est menacée. Cela peut passer par le dessaisissement du ou des juges d’instruction.
    Au risque d’encourir l’accusation de naïveté, je ne crois plus à une justice manipulée à des fins politiques. Sans doute cela a-t-il existé. Les choses évoluent heureusement sous ce rapport-là.
    Et il est permis de penser que des tentatives d’y recourir (la manipulation) seraient vite ébruitées pour les raisons que tout le monde comprend.

  33. @ Diogène | 19 février 2016 à 11:42
    J’ai dû mal m’exprimer. En fait je faisais allusion au temps, primordial, de l’instruction du dossier Bygmalion pour lequel Sarkozy a été entendu, et du résultat que l’on connaît.
    Tout le (petit) monde du Pôle financier sait qu’entre Van Ruymbeke et Serge Tournaire il n’y a non seulement aucun baiser sur la bouche mais qu’ils refusent, publiquement, de se serrer la main. Roger Le Loire devant servir de médiateur entre eux pour ce dossier… sensible. Bonjour l’ambiance ! 😀
    Pour le reste…
    Par contre « moi breizmabro » je ne pense pas que la justice soit si indépendante qu' »on » veut bien le dire ou faire accroire, dans ce monde dans le monde où les croche-pattes à l’avancement « font dans le feutré » (comme disait Audiard).
    Mais bon, comme diraient certains, « que celui qui n’a jamais péché.. »
    Par contre pour le(s) justiciable(s) cela devient un problème si une mise en examen pour certains est l’équivalent d’un rappel à la loi pour un voleur de bicyclette.

  34. Aller plus haut, c’est une image, on comprend ce que ça veut dire. Personnellement, je pense que c’est une image pour les jeunes, qui cherchent les sommets et se combattent pour se surpasser. En vieillissant, on accepte ses limites et celles des autres, et on s’approfondit plutôt qu’on ne s’élève, avec l’idée que ce qui importe ce n’est pas tant soi-même que ce que le monde devient, et la manière dont on y participe. Mais je ne discuterai pas l’image. On trouve chez Teilhard de Chardin l’image du serpent qui remonte le fleuve, pour illustrer l’idée que quelque chose en nous suit le mouvement inverse de notre corps vieillissant.
    Ce que j’ai plus de mal à interpréter, c’est l’idée que nous n’avons pas d’autre issue. Comme Philippe Bilger, je remarque que c’est une option, la plus difficile, la plus improbable, et qu’elle ne s’impose que sur le plan éthique, alors qu’en pratique, nous pouvons impunément commettre bien des bassesses. Au temps du communisme, et pour avoir connu des gens vivant sous le régime communiste le plus dur – au Vietnam et dans des pays satellites de l’URSS -, il m’était impossible d’ignorer comment des gens sous l’empire de la faim et de la pénurie devenaient obsédés par les nécessités vitales, et comment le manque et la peur leur dictaient des conduites avides que je me garderais bien de juger. Aller plus haut devient un rêve quand on est écrasé par l’asservissante obligation quotidienne de subsister, de se soigner, d’assurer un minimum de sécurité à soi-même et aux siens. Une fois à l’ouest, et à l’abri du KGB, A. Soljenitsyne a témoigné d’un certain mépris à l’égard de notre société de riches, comme si nous étions des enfants gâtés et comme si nos ancêtres ne s’étaient pas donné beaucoup de mal pour offrir à notre société des conditions économiques, politiques et sociales permettant à chacun d’envisager d’aller plus haut. Ça ne retire rien à son talent d’écrivain, pour moi « Le Premier Cercle » a été une révélation. Mais il faut avoir côtoyé des victimes du totalitarisme pour comprendre à quel point aller plus haut ne va ni avec la misère ni avec l’oppression politique.

  35. Tant pis pour les niaifs ! (niaifs : contraction de niais et naïfs)
    Afin de ne jamais encourir l’accusation de niaiserie naïve, je crois de plus en plus à une justice manipulée, surtout très gauchisée, à des fins politiques en faveur de la gauche. Cela a déjà existé. Les choses évoluent malheureusement sous ce rapport-là ; les derniers faits antisarko le prouvent.

  36. @breizmabro 19/2/2016 – 12.41
    Assez bien d’accord avec vous oh oh ahaha ! la justice est rendue par des hommes, enfin des humains, elle est donc aussi imparfaite que l’est l’être humain. Cependant on peut de plus en plus souvent s’interroger sur son indépendance et son impartialité. Ce qui me préoccupe c’est que régulièrement les décisions de justice sont discutées, remises en cause. La sortie du tribunal, une fois le verdict dit, est souvent une sorte de cirque, devant bien sûr micros et caméras, les cris de la famille des condamnés, etc.
    En ce moment des « jeunes » seraient en grève, contestant la condamnation d’un manifestant…
    Je croyais qu’en démocratie on ne contestait pas une décision de justice ; il me paraît à terme dangereux que même la justice soit aussi lourdement contestée dans ses fondements mêmes, n’est-ce pas le signe d’une démocratie malade et immature ?

  37. Mary Preud'homme

    @sylvain | 19 février 2016 à 13:23
    Evident que la justice est « honteusement » instrumentalisée par un noyau dur de gauche qui fait la pluie et le beau temps. Et les quelques qui ne suivent pas restent à la traîne et en panne de promotion quand ils ne sont pas rétrogradés ou placardisés. Idem dans l’Education nationale et de plus en plus dans la police et autres institutions chapeautées (ou plutôt étroitement corsetées par le pouvoir en place).
    @breizmabro | 19 février 2016 à 12:41
    Bien d’accord. A quand une vraie rébellion des magistrats pour mettre fin à cette emprise honteuse des socialos-gauchistes sur le troisième pouvoir ?

  38. @Garry Gaspary
    « Il s’agit donc de prendre pour exemple historique le modèle juif, et non de chercher systématiquement à le détruire parce qu’il nous éblouit »
    Ah bon ? Je ne vous ai jamais trouvé très éblouissant.

  39. Xavier NEBOUT

    @Garry Gaspary
    Vous avez raison, le modèle juif, c’est Abraham (pompé sur Brahman), l’archétype de celui qui c’est fait jeter de partout pour ses larcins et infamies mais qui peut trouver refuge en Israël et en être le citoyen modèle s’il est prêt à sacrifier son fils pour faire la guerre.
    Le modèle se perpétue de tout temps et aujourd’hui plus que jamais.
    Le christianisme « négation de l’être ».
    Mais pauvre malade, les juifs d’avant le christ ne croyaient même pas à l’existence de l’âme, alors que le christianisme est directement issu de l’influence grecque d’Alexandre.
    Enfin, avant de tourner le christianisme du Moyen Age en dérision, offrez-vous un livre.
    @Diogène
    Vos arguments juridiques à l’encontre de PhD sont justes dans la lettre mais faux dans l’esprit. Vous êtes de mauvaise foi.

  40. @Xavier NEBOUT
    Il n’y a pas d’arguments « à l’encontre ». C’est un échange avec quelqu’un qui pour le coup, semble savoir ce que c’est.
    Si vous prétendez que mes arguments sont faux « dans l’esprit », merci de développer. Je ne sais pas ce qu’est un argument faux dans l’esprit. Cela n’existe pas.

  41. Sur ce sujet, mieux vaut s’abstenir ; on risque trop de mauvais coups.
    Quoique… Ronsard écrivait… allons, ne rouvrons pas la mémoire d’adolescence, elle est trop fraîche pour les vieux sangliers.

  42. @sylvain 19/2/2016 – 11:33
    C’était donc chez Alexandre Soljenitsyne que se passaient les dîners chez l’Ambassadeur, là où tous et toutes se jetaient – dès l’apéritif – sur les fameux Ferrero Roche d’Or… Merci pour cette information que même Wiki ne connaît pas.

  43. sylvain @ eileen

    @eileen | 19 février 2016 à 16:49
    De rien chèèère eileen, je demande qu’à aider au comprendrement des situations ; d’ailleurs avec son physique de rêve, Soljenitsyne était aussi un taupe-modèle d’infiltration de la gent féminine ; toutes les nanas de l’archipel, qu’il a testées, l’attestent ; on retiendra surtout ses déhanchés langoureux dans les défilés de mode où il faisait un boeuf.

  44. @ eileen | 19 février 2016 à 14:01
    « Je croyais qu’en démocratie on ne contestait pas une décision de justice… »
    Sauf l’Etat à qui visiblement aujourd’hui tout est permis (voir l’affaire Sauvage et l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui a fait l’objet de plus de cent décisions de justice !).
    Personnellement je suis contre ce projet déraisonnable et incohérent de Notre-Dame-des-Landes, mais quand la justice rend autant de décisions, l’Etat, promoteur du projet, doit faire appliquer le droit ; sinon cela devient un déni de justice.
    Je serais curieuse de connaître le prix que toutes ces actions en justice ont coûté aux contribuables que nous sommes.

  45. Xavier NEBOUT

    @Diogène
    L’esprit est l’intention, comme l’Esprit est l’intention sur le monde.
    Le juge doit rechercher quelle a été l’intention des parties plus que s’attacher à la lettre (art 1156 du code civil ) ; vous ne saviez pas ?
    Vous deviez rechercher ce qu’a voulu dire PhD au lieu de vous moquer de lui parce qu’il ne maîtrise pas le langage juridique.
    Or, dans ce qu’il a voulu dire, il a raison.

  46. Xavier NEBOUT

    Pour se tourner vers le haut, il faut distinguer le haut et le bas.
    Or comment distinguer l’un de l’autre si l’on refuse de donner un nom à ce qui est au plus haut quand bien même serait-Il impensable ?
    Là est bien le problème du temps de notre société désorientée, où il est aisé de prétendre aller toujours plus haut en descendant toujours plus bas.

  47. Michelle D-LEROY

    En réalité je pense que tout cela est complexe et que cela fait des années qu’une lente dégradation est en marche. Une dégradation pour faire cool, zen, moderne et décontracté.
    Exit le costard cravate car cela faisait endimanché tandis que le jean branché est devenu le must… sauf qu’il y a jean et jean. Aujourd’hui plus il est troué mieux cela vaut. Et il est fréquent de voir arriver au travail des hommes à la barbe non taillée depuis trois jours… ou plus.
    Dans la conversation courante, exit le beau vocabulaire, remplacé par le verlan, puis l’argot banlieue pour faire djeun et branché.
    Sur son lieu de travail, le tutoiement est l’ultime bienséance et tout le monde s’embrasse dès l’arrivée, appelle son supérieur hiérarchique par son prénom, supprimant toute barrière. Un copinage qui se retourne assez facilement contre la hiérarchie qui n’a plus la moindre autorité.
    Côté politique, ce n’est pas mieux car plutôt que de montrer l’exemple d’une certaine classe, là encore on se met à la portée des autres, c’est-à-dire en s’abaissant : du « casse-toi, pov’con » à la blagounette à deux sous. On voit le Président aller en banlieue avec un acteur de second plan dans une salle de quartier pour faire proche. On voit aussi un Premier ministre venir dans une émission talk show. Tout semble fait pour dévaloriser la fonction au prétexte de modernisme, de faire jeune et moderne. On a vu M. Juppé en chemisette à carreaux boire et chanter avec les jeunes.
    Alors, il n’est plus imaginable de voir un Président, lors d’une interview, citer un classique pour montrer son savoir. Chacun se souvient de Georges Pompidou citer Paul Eluard lors de la question d’un journaliste après le suicide de Gabrielle Russier. Trop intellectuel, aujourd’hui il faut faire peuple.
    C’est ainsi. Ceux qui devraient faire monter le niveau intellectuel se complaisent à s’abaisser et du coup pour faire comme eux, les gens du peuple les imitent et les entraînent : une spirale à l’envers qui dévalorise et baisse le niveau.
    Je ne prends plus beaucoup le métro mais lorsque cela m’arrive, il faut regarder autour de soi, un vrai spectacle et un reflet de la société en pleine dérive.
    De tout temps les gens du peuple ont voulu imiter les notables et les grands de ce monde, alors je crois que pour être tiré vers le haut tant sur la façon de s’exprimer, de se tenir, de se comporter, c’est d’abord à eux, les politiques (les artistes étant un monde à part) de montrer l’exemple. Ils seront copiés et respectés. Ceci vaut pour tous les notables, enseignants, responsables, chefs de famille, grands-parents : ils devraient être des références. Au lieu de cela c’est tolérance, victimisation et laxisme.
    Les théories du complot persistent mais là encore comment pourrait-il en être autrement vu que mensonges d’Etat, copinages et traficotages entre amis sont légion. De quoi semer le doute pour tout.
    L’exemple vient d’en haut, avons-nous coutume de dire… je le crois aussi… et pareil dans la sphère familiale, elle aussi très perturbée.
    On voit des personnes bien élevées, polies, etc. et on s’en étonne, est-ce cela qui est normal ?

  48. @ Paul Duret
    «  »Il s’agit donc de prendre pour exemple historique le modèle juif, et non de chercher systématiquement à le détruire parce qu’il nous éblouit »
    Ah bon ? Je ne vous ai jamais trouvé très éblouissant. »
    Rien ne prouve que Garry Gaspary soit Juif, d’autres avant disaient salafistes. Qui sait ce qu’il est ? Se définir contre, comme il le fait, contre les chrétiens et christianisés comme il dit, est bien commode, cela évite de se définir.
    Je crois, pour ma part, qu’il imite mais mal, Nietzsche. Dans Ainsi parlait Zarathustra, Zarathustra avait un fou, et il ressemble un peu à lui. Mon Dieu, si j’ose dire ! Nous sommes loin du surhomme avec tout ça… Mais après tout, ne sommes-nous pas tous humains trop humains ?

  49. @breizmabro 19.2.16 – 18.43
    @sylvain 19.2.15 – 17.28
    Tout à fait d’accord avec breizmabro.
    L’un et l’autre, votre commentaire me conforte dans l’utilité et donc la remise en place/reprise/réactivation du LOL pour indiquer un second degré et une distance re un propos, LOL qui m’a tellement été reproché et plus encore par les ancêtres ahaha, qui pour certains ont fini par l’adopter.
    LOL qualifié de ringard par ces inconnus qui font la « tendance » ; LOL devenu « ahaha »… pour les modernes, les avant-gardistes ‘enfin ceux toujours inconnus’ de l’instant LOL ahaha LOL ahaha
    A ceux qui se prennent toujours au sérieux :
    – La gravité est le plaisir des sots (A. Vialatte)
    – Un homme sérieux a peu d’idées, un homme à idées n’est jamais sérieux (Paul Valéry)

  50. @ Xavier NEBOUT
    Ce salmigondis que vous nous servez là est indigeste.
    Je ne me reconnais aucune qualité pour donner des cours de défrichage du droit.
    Nous parlions d’un cas concret et de la manière dont il s’inscrit dans le droit comme processus.
    Et n’étant pas vizir, je n’ai pas à « rechercher à comprendre » ce que dit mon contradicteur, mais tenter d’analyser ce qu’il dit pour articuler une réponse.
    Et quand vous affectez de déplorer le « manque de maîtrise » par PhD de la langue juridique vous vous épargnez en même temps. C’est une erreur.
    Et à la fin je n’ai toujours pas compris pourquoi mes arguments étaient « faux dans l’esprit ».
    Quelle vaste blague.

  51. Merci à Philippe Bilger d’avoir évoqué ici Alexandre Soljenitsyne qui plus qu’un simple écrivain et plus qu’un penseur a été avant tout un témoin des désordres de notre époque, qu’il a lui-même subis dans sa chair.

  52. Garry Gaspary

    @ protagoras
    Prendre le modèle juif en exemple historique, c’est d’abord comprendre comment cette minorité a réussi à être et à rester ce qu’elle est alors que son être a été de tous temps menacé par la majorité au sein de laquelle elle évoluait.
    Dois-je vous rappeler que pour le christianisé actuel la simple présence à ses côtés d’une minorité musulmane suffit, selon lui, à mettre en péril mortel son propre modèle ?
    Le juif a historiquement démontré sa capacité à supporter la plus totale altérité. Le christianisé a historiquement démontré son incapacité à supporter la moindre altérité.
    Il faut donc déchristianiser.
    Sur le reste, ce n’est pas Paul qui était pote avec les lépreux et les prostituées, ce n’est pas Paul qui a professé que la misère, la bêtise formaient l’excellence humaine, que la richesse et l’intelligence humaines étaient maudites, mais bien le Christ.
    @ breizmabro
    L’être juif est, selon moi, une identité nationale – au sens premier du terme : on naît Juif comme on naît Breton, cela ne vous empêche cependant en rien de vous sentir tout autant Français – fondée sur une foi religieuse – au sens perdu en raison de la christianisation : une tension physique et morale constamment orientée vers l’être.
    Alors que la christianisation est une communion fondée sur une dépression physique et morale orientée vers le néant.
    Il est ainsi logique que ce qui est juif soit assez fort pour supporter ce qui est christianisé et que ce qui est christianisé passe son temps à tenter, en vain, de supprimer l’être que représente pour lui le Juif.
    C’est ce qui fait la particularité de la Shoah sur tout autre génocide : ce n’est pas un peuple que l’on a cherché alors à faire disparaître, c’est avant tout son espoir, et à travers lui, tout espoir humain en un avenir historique.
    @ Xavier NEBOUT
    Les langues indo-européennes n’ont rien de commun avec les langues sémitiques, et l’âme est un joli mot uniquement utile pour l’éloquence des homélies chrétiennes où l’on se demande si la femme en a une, et où l’on affirme que l’embryon de quelques cellules qu’elle porte en son sein en est par contre doté.
    Vous pensez être dans l’esprit, mais, en tant que christianisé, vous ne faites que tortiller vos fesses au son de tam-tams abrutissants…

  53. Monsieur Bilger,
    Il y a longtemps que je ne lis plus vos articles tant ils deviennent alambiqués dans la consensualité… et cela m’énerve.
    Mais, comme vous faisiez référence à Soljenitsyne dans celui-ci, je l’ai lu.
    Je suis d’accord avec votre analyse même si je considère que beaucoup de Français ont des excuses… ils sont lobotomisés par l’école, la télé, la société de consommation. On les a transformés en chiens de Pavlov.
    Pourtant, il en reste de lucides, de cultivés, de courageux et, c’est bon signe, beaucoup de ces derniers sont dans la jeune génération.
    Point n’est besoin de tout un peuple pour se relever. Il suffit de quelques-uns, de quelques justes, pour entraîner tous les autres. Et grâce à Internet, aux réseaux sociaux, aux blogs de qualité (Bd Voltaire, Le Salon Beige, Le Rouge & Le Noir, Nouvelles de France, Liberté Politique…), les gens commencent à ouvrir les yeux et se secouer.
    « Nous partîmes cinq cents, mais par un prompt renfort
    Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port »
    Pierre Corneille – Le Cid.
    Courage ! Demain nous appartient.

  54. @Garry Gaspary
    « Les langues indo-européennes n’ont rien de commun avec les langues sémitiques, et l’âme est un joli mot uniquement utile pour l’éloquence des homélies chrétiennes où l’on se demande si la femme en a une, et où l’on affirme que l’embryon de quelques cellules qu’elle porte en son sein en est par contre doté ».
    Que nenni !!
    Le coran distingue de façon argumentée et savante deux sortes d’âme : le « Nefs » (l’âme) et le « Rouh » (la conscience, le souffle, le vent). Une personne humaine est dotée d’un Nefs, d’un Rouh et d’un Badan (un corps).
    Tout ça pour dire que les musulmans, contrairement à ce que vous affirmez se posent des questions sur ces réalités ou ces concepts !!
    Quant à l’hébreu biblique il utilise 7 mots différents pour qualifier l’âme !!
    Pour la mystique juive et quelques pères de l’Eglise, l’homme est né en état d’inachèvement seulement charnel et psychique, il devient homme parfait, homme complet par l’adoption divine quand il naît selon l’Esprit (Nephesh en hébreu).

  55. @calamity jane 20/2/16
    Bien évidemment, comment avez-vous deviné ? Sur les citations je ne suis qu’une toute petite débutante et bien modeste dilettante, tant sur ce blog certains ne savent s’exprimer/affirmer une idée/développer un point de vue qu’en s’appuyant sur des grands textes.
    Remplacer A. Finkielkraut ? impossible, mon œuvre demeurera – hélas – à jamais inconnue, dommage pour l’humanité LOL ahaha LOL ahaha

  56. @Michelle D-LEROY 19.2.16 – 20.18
    Vous avez raison, cependant il y a certains cabinets – les plus prestigieux, en général les big 8 selon le classement du moment – où les hommes sont en costume cravate, rasé ou barbe bien taillée mais mal vue, et chaussures cirées… les femmes en tailleur jupe ou pantalon, décolleté très mal vu tout comme le maquillage tendance voiture volée… Friday wear bienvenu mais genre week-end à La Baule ou à Deauville, pas en bermuda tongs, ou short pour les dames… et seulement si on reste au bureau, ie. sans rendez-vous chez le client. Le tutoiement de rigueur uniquement entre ceux/celles issus de la même Grande Ecole, bien sûr, donc dans ces cabinets tous/toutes, tous les « partners », ingénieurs etc. !
    Les secrétaires sont vouvoyées, appelées par leur prénom, elles s’adressent aux partners, ingénieurs avec du madame xxx, monsieur yyy ! ce qui me fait toujours sourire, ce madame xxx c’est la manière dont on devrait s’adresser à une domestique, madame étant suffisant AHAH
    On se dit « tu » ? Le tutoiement dans l’univers professionnel est un rituel d’une grande subtilité.
    Le tutoiement ne masque pas la violence des rapports dans l’entreprise ni le jeu de pouvoir. Tout au plus les rend-ils moins visibles.
    Lorsqu’il est obligatoire, il devient un signe d’adhésion à la culture ambiante.
    Proposer le tutoiement est un exercice délicat où l’on s’expose à s’entendre répondre « comme vous voulez… »
    Tutoyer son patron ne fait pas de lui un copain. Reproduire les codes relationnels de la sphère privée et traduire ce « tu » par un rapprochement est une grande erreur… Et ça les Américains qui ne tutoient que Dieu, en font la démonstration, tous dans l’entreprise se tutoient et s’appellent par leur prénom… mais entendre comme je l’ai vécu, un président accompagné de son directeur des ressources humaines saluant un ingénieur d’un « salut Peter comment vas-tu, et la famille ? », trois pas… puis à son directeur « vire-le, le plus vite possible »… mais c’était à Seattle !
    Le tutoiement imposé peut également marquer une tentative de domination.
    Le tutoiement n’est jamais neutre, jamais anodin. Il faut savoir le décoder car il fait partie de ce morceau immergé de l’iceberg professionnel qui te permet… pardon… qui vous permet de jouer sur l’échiquier des relations professionnelles !
    Pour ma part je reste toujours prudente avec le tutoiement ; c’était à Londres, un collègue québécois et moi francophone, même niveau etc., à Londres nous nous tutoyions.
    Lui et moi, mais séparément nous étions assignés sur un contrat en Belgique wallonne, là où l’on parle français où nous allions côtoyer un univers francophone ; avant de partir, cet abruti me dit « je suggère que désormais nous nous vouvoyions, ceci afin d’éviter toute espèce de commérage ». Je suis restée bouche bée… le traduisant comme un compliment… j’étais donc « canon et désirable » ou peut-être « tellement moche une sorte de laideron »… ahaha LOL Je l’ai donc vouvoyé, certains et la secrétaire du CEO avaient compris/savaient qu’à Londres nous nous tutoyons, et qu’une fois sur le continent nous nous vouvoyons, et s’en étaient étonnés… j’en ai donné la raison… en fait ce passage du tutoiement au vouvoiement avait provoqué plus d’intérêt que celui du tutoiement précédent.
    Pour moi tutoyer correspond à certaines règles ; on tutoie ses parents, ses enfants, ses amis proches, quelquefois aussi ceux que l’on méprise. De même que la trop grande générosité engendre l’ingratitude, la trop grande familiarité engendre le mépris, la vraie convivialité n’est pas dans le tutoiement. Tant il est vrai que l’on vénère peu ce qu’on connaît trop bien, il n’y a pas de grand homme pour sa femme, ni de grande femme pour son mari ou son compagnon… et tellement moins encore pour un enfant de trois ans !

  57. (…)à s’imaginer que les ministres de gauche ou de droite tirent les ficelles de toutes les institutions et qu’il n’est plus un acte de procédure qui ne soit pas imposé aux magistrats !
    Les choses ne sont peut-être pas aussi caricaturales, mais elles n’en sont pas moins réelles, de façon plus subtile.
    Par ailleurs, il existe en France d’autres types de pouvoirs, parallèles, probablement encore plus influents que le pouvoir visible légal.
    Mais quand une élue ayant cru pouvoir se livrer à une caricature animalière d’un ministre en place – alors que cet exercice fait partie de la règle du jeu comme en témoigne la quantité innombrable de caricatures dans ce genre faites depuis plus d’un siècle – s’est vu assigner à comparaître devant un tribunal situé dans un Dom-Tom à des milliers de kilomètres de Paris dans le fief dudit ministre, nous pouvons quand même nous poser des questions…

  58. @ eileen | 20 février 2016 à 16:36
    « la vraie convivialité n’est pas dans le tutoiement »
    La preuve : en breton le tutoiement n’existe pas, même les gueux (divadoù en breton) vouvoient leurs enfants ;-).
    Ya pas que chez les de Rothschild ! Toc !

  59. Mary Preud'homme (in memoriam 21 février 1916, 7:15)

    « Avec ce qui est petit, Dieu fait de grandes choses »
    Je méditais cette phrase en ce matin du 21 février 2016 dans le cloître de l’Ossuaire de Douaumont, à l’issue de la messe célébrée pour commémorer le 100ème anniversaire du début de la bataille de Verdun.
    Un endroit qui impose le silence et le respect même à de très jeunes enfants…

  60. Des hommes comme Alexandre Soljenitsyne ou Nelson Mandela qui ont connu un régime carcéral sévère suggèrent que l’on peut y être très libre, de telles contraintes pouvant générer par contraste un esprit libre et puissant. Cela doit demander beaucoup de temps. A moins de devenir cinglé, ce qui est peut-être une autre façon, irrémédiable, de s’échapper par le haut.
    Je ne sais pas si certains « clients » d’un Philippe possiblement inspiré par quelque mystique dans ses réquisitoires retrouvent tout ou partie de leur expérience dans ces considérations très littéraires… ?

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