Ce billet m’est venu à l’esprit quand j’ai entendu citer – pour la millième fois ? – cette pensée de Nietzsche : « Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort ».
Il y a des citations qui servent de terreau rassurant à des personnalités qui ont besoin de se réfugier derrière elles et qui profitent de l’aura, croient-elles contagieuse, d’intelligences exceptionnelles.
Il n’y a pas que cet immense philosophe pour avoir été ainsi mis à contribution. René Char est beaucoup exploité également comme son ami Albert Camus ; ou Cocteau : « Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être l’organisateur » ; ou le Cardinal de Retz : « on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment ».
Il arrive que des phrases célèbres soient attribuées à tel ou tel avec une certitude fluctuante. Une forme de gloire. François Mitterrand, ayant popularisé l’avertissement du Cardinal, était passé maître dans cet art de l’équivoque…
J’ai connu des avocats si peu sûrs d’eux ou au contraire si désireux d’afficher leur culture qu’ils n’hésitaient pas dans leurs plaidoiries à mentionner une citation par phrase ou quasiment. On avait envie de leur crier des encouragements pour qu’ils acceptent de s’encombrer d’eux-mêmes.
Il y a aussi des sensibilités et des argumentations tellement conscientes de leur héritage et si pénétrées de la richesse de certains penseurs qu’elles parviennent, dans un mouvement souvent exaltant, à mêler ce qui relève d’elles et ce qui tient à autrui. Elles ne s’abritent pas, elles s’enrichissent et nous offrent des lumières composées de culture et de liberté.
Le parfait exemple de cette démarche est Alain Finkielkraut auquel certains esprits étriqués reprochent d’user de trop de citations quand au contraire il nous en fait cadeau. Sur un autre registre, avec la passion de celui qui a dévoré les livres dès son plus jeune âge et la frénésie de l’autodidacte, on trouve Fabrice Luchini qui répand ses citations comme des trésors et manifeste ainsi brillamment qu’il ne faut avoir aucun scrupule pour s’approprier le bien d’autrui quand il peut servir à tous.
Paul Valéry a défini la culture comme ce qui reste quand on a tout oublié. Dans un livre je me suis permis de jouer avec cette saillie en affirmant que la culture est ce qui reste quand on n’a rien oublié. Mais la culture est aussi l’aptitude à la transcendance d’esprits qui sans elle, ne douteraient pas de leurs limites.
Je dois battre ma coulpe. Quand je considère le nombre de mes interventions publiques et médiatiques il est évident que j’ai tourné autour de quelques citations, toujours les mêmes, parce que probablement elles me permettaient de définir ce que je suis ou ce que je rêverais d’être mieux que beaucoup de longues analyses. L’apport irremplaçable des génies est que pour le fond et la forme ils ont tout dit. Ils ont écrit ou parlé pour nous. Dans leur sens de l’universel, notre subjectivité a trouvé à se nourrir.
Sur le plan des mots d’esprit, j’ai ressassé iusqu’à plus soif le trait de Woody Allen pour qui « l’éternité c’est long, surtout à la fin ». Je n’ai jamais pu me passer aussi de rappeler la pointe de Chamfort à qui l’auteur d’un vers de six pieds demandait son avis et qui avait répondu : « C’est bien mais un peu long ».
On ne sait pas pourquoi des mots et des jaillissements spirituels restent plus inscrits dans nos mémoires que d’autres. Sans doute correspondent-ils à notre manière d’appréhender le langage et d’apprécier les finesses de l’esprit.
Pour moi, les exemples que je cite sont immédiatement et ostensiblement drôles, mêlant le style à une tournure vive et singulière de la pensée. Le constat trop répandu aujourd’hui que l’esprit ne serait que dérision et qu’il n’imposerait pas de l’intelligence me désole. D’où la pauvreté affligeante qui en résulte avec trop de mimiques de substitution.
Dans un registre plus sérieux, quand on est questionné sur sa devise ou ses préceptes d’existence, j’ai abusé de cette pensée d’Honoré de Balzac qui résume tout ce que je suis pour le pire sûrement et aussi je l’espère un peu pour le meilleur : « Je suis de l’opposition qui s’appelle la vie ».
Et aussi de « Exister c’est insister », qui constitue avec densité le ressort fondamental d’une vie réussie ou du moins présente dans l’espace intellectuel et social. Trouver le juste milieu entre arrogance et effacement. N’avoir pas peur des autres, soit, mais pas non plus de soi. Vision tellement exacte qu’on ne sait plus de qui on la tient. Quand le temps a créé une sorte d’anonymat réputé, on peut être certain que la source est pure et mérite le détour.
On dit beaucoup en parlant de soi, certes, mais on est aussi ce qu’on cite. Il suffit d’écouter pour pouvoir nous lire.
On pourrait résumer ce billet par une citation, légèrement modifiée :
« Être ou ne pas être »… soi !!
Bonjour Monsieur Bilger
« Alain Finkielkraut […] Fabrice Luchini […] il ne faut avoir aucun scrupule pour s’approprier le bien d’autrui quand il peut servir à tous. »
J’estime que ces deux personnes ne s’approprient pas le bien d’autrui.
Ils ne font que s’en saisir pour le mettre en valeur et ainsi mieux le transmettre, un peu à la manière des jardiniers qui entretiennent le magnifique parc du château de Versailles.
Il est des citations qui peuvent résumer une règle de vie :
« Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. »
Kant
Bonjour Philippe,
On emprunte à nos génies, nous n’avons pas tous les mêmes, l’expression « théseuse » ou poétique de ce qui nous agite.
Sans un terreau personnel ces emprunts ont-ils quelque valeur ?
Education is an admirable thing, but it is well to remember from time to time that nothing that is worth knowing can be taught
Oscar Wilde
Bonjour,
« Paul Valéry a défini la culture comme ce qui reste quand on a tout oublié. Dans un livre je me suis permis de jouer avec cette saillie en affirmant que la culture est ce qui reste quand on n’a rien oublié. »
Je ne dédaigne pas une citation qui tombe à point nommé pour étayer une argumentation. Il serait dommage, en effet, de se priver de la puissance de la pensée de ces immenses philosophes que sont Nietzsche, Spinoza, Hegel, Bergson et quelques autres. Généralement votre interlocuteur est pris au dépourvu et a bien du mal à s’opposer à cette réplique implacable.
Là où ça devient pénible c’est lorsque ces citations envahissent la conversation au point de littéralement la polluer. Le côté négatif de l’abus de citations est qu’elles ont tendance à se substituer à la pensée intime de celui qui les affiche savamment. J’ajouterai que ce vernis culturel révèle souvent une incompréhension de la pensée de son auteur. Une citation sortie de son contexte peut souvent dénaturer la pensée de son auteur. Les exemples ne manquent pas. Marx lui-même disait à la fin de sa vie qu’il n’était pas marxiste…
C’est un peu ce que je reprocherais à Fabrice Luchini, qui est un comédien que j’aime bien, mais qui a le don de m’agacer lors de ses interviews dans lesquelles il ne peut pas faire une phrase sans citation.
En fait la culture est ce que l’on a bien compris dans la pensée des autres. Rabelais ne disait-il pas « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Et je terminerai sur cette citation qui est l’une de mes préférées.
Ces affirmations si bien tournées et si volontiers citées, le sont pour la vérité qu’elles expriment.
Mais parfois, fausses, elle servent au contraire à justifier, à consolider un mensonge…
Ce qui ne vous tue pas peut, loin de vous rendre plus fort, au contraire vous affaiblir…
Vous avez omis la plus centripète d’entre toutes, au moins pour ce qui est des derniers mois. C’est la citation de Camus, avec ses variantes : « Mal nommer les choses, c’est ajouter du malheur au monde. ». Elle a fait florès après le 7 janvier 2015.
Je n’ai jamais parlé avec Camus. J’ai lu, comme beaucoup de monde, L’Etranger et La Peste, mais je subodore que l’acuité que représente la règle de conscience qu’il énonce en disant ce qu’il a dit, dépasse de loin l’usage de la facilité et du gargarisme – parce que c’est lui Camus – qu’il représente pour le commun des mortels.
Personnellement, fort maladroitement au regard des subtilités de l’esprit que la critique est légitime de produire, je me suis posé, le 25 février 2015, la question suivante, qui est le titre de ma contribution d’alors : « Si un nombril sémantique se formait, cela donnerait quoi ? ».
J’y relève la chose suivante :
« Devant des étudiants de l’association d’Oxford, le 6 février dernier, Marine Le Pen s’honorait d’avoir été la première, parmi la classe politique française, à avoir su nommer la chose.
« En tant que chef du premier parti de France, ma responsabilité est de proposer des solutions pour assurer la sécurité des Français et endiguer la menace terroriste.
Il était indispensable de nommer le mal et le danger.
Quand on est en guerre, l’identification de l’ennemi est une impérieuse nécessité pour pouvoir le combattre efficacement. Albert Camus disait ainsi « mal nommer les choser, c’est apporter du malheur au monde ».
J’ai été le premier responsable politique français à qualifier nos ennemis et à les désigner pour ce qu’ils étaient », a-t-elle assuré. »
Au grand jury, d’autres hommes et femmes politiques, commentateurs, ont participé à cette compétition consistant pour chacun et chacune d’eux à se prévaloir de Camus pour soutenir des thèses, un emploi, qui, de loin, me semble aux antipodes de Camus.
Pourquoi nous faire prendre le « veau » pour le « beau » ?
Ceci étant, l’esprit humain libre et à l’écoute fait ses propres vérités au-delà des attrape-mouches.
Hier un « ami », notion qui ne va pas au-delà de la lecture et des quelques messages dont j’ai gratifié sa page Facebook, Rami Jarrah (journaliste à Alep en Syrie) se posait la question : « A lonely man is not necessarily one who is not able to undergo friendship, he is possibly someone whose compassion for friendship is with depth and cannot be handed to those that he sees unworthy. In that respect a lonely man is one who chooses to be lonely, and with all his love is unable to love. »
Je lui ai répondu qu’il était prêt pour la philosophie et qu’au-delà de ce qu’ils laissent paraître d’eux, la plupart d’entre nous sommes typiquement l’homme seul qu’il décrit, celui de la peur et des fards auxquels elle l’oblige.
Jusqu’à la méconnaissance ou la défiguration de soi ce qui n’est en aucun façon, et surtout pas dans celle de se prononcer, le chemin menant à bien nommer les choses (souci auquel Jean-Christophe Jouffrey, ici et depuis quelques heures, se révèle fort attaché) pour enlever du malheur au monde.
J’ignore si c’est camusien, relativement au nombrilisme sémantique que je visais plus haut.
Bien à vous.
https://enattendantlarenaissance.wordpress.com/2015/02/25/si-un-nombril-semantique-se-formait-cela-donnerait-comme-quoi/
Chacun a son lot de phrases dont il abreuve ses proches, tiens, mes confrères juristes seront sûrement d’accord avec Paul Valéry disant : « le détail oublié se venge ». A vous, la suite !
Épicure écrit ainsi à Ménécée :
« Que personne, parce qu’il est jeune, ne tarde à philosopher, ni, parce qu’il est vieux, ne se lasse de philosopher ; car personne n’entreprend ni trop tôt ni trop tard de garantir la santé de l’âme. Et celui qui dit que le temps de philosopher n’est pas encore venu, ou que ce temps est passé, est pareil à celui qui dit, en parlant du bonheur, que le temps n’est pas venu ou qu’il n’est plus là. »
« Il suffit d’écouter pour pouvoir nous lire » (PB).
C’est certainement vrai, mais vous avez omis un genre, la « raffarinade », reprise en cœur et cité par tous les internautes.
Du coup j’ai du mal à ne pas rire dès qu’il passe à l’écran, encore aujourd’hui.
Voici une maxime qui doit régir nos vies :
« The only way to get rid of temptation is to yield to it » (Oscar Wilde)
à laquelle bien sûr j’ajoute celle de W.Churchill : « No sport ».
La citation est souvent bienvenue comme rehausseur de goût.
Elle peut avoir d’autres vertus. Je l’utilise parfois pour me camoufler. Si moi, goy, je faisais allusion au rapport à l’argent de certains Juifs, je serais soupçonné – à tort d’ailleurs – de pensées antisémites.
Quand cet étudiant israélien de l’INSEAD raconte l’apprentissage du calcul dans sa famille, on a le droit d’apprécier :
» 2+ 2, ça fait combien ?
– 4
– Non, tu te trompes, il faut demander si c’est pour acheter ou pour vendre ! »
Si je cite Woody Allen, tout le monde rigole de bon cœur :
« Je tiens beaucoup à cette montre. Mon grand-père me l’a vendue sur son lit de mort ».
Il me semble également que l’on pourrait ouvrir un concours des citations qui feront florès, un jour. J’en devine une, de Céline, qui appréhendait de croiser les fous dans les couloirs de l’asile où il travaillait :
« Les aliénés ont le meurtre encore plus facile que les hommes normaux ».
@ Achille | 22 mai 2016 à 09:49
« C’est un peu ce que je reprocherais à Fabrice Luchini, qui est un comédien que j’aime bien, mais qui a le don de m’agacer lors de ses interviews dans lesquelles il ne peut pas faire une phrase sans citation »
C’est ce que je reproche également à Luchini qui, comme pour vous, « a le don de m’agacer lors de ses interviews dans lesquelles il ne peut pas faire une phrase sans citation » (je vous cite 😉
Il a un côté shooté à la citation qui est quasi freudien 🙁
Mais est-ce que citer sa grand-mère est une citation (exemple, Martine Aubry) ? Est-ce que citer des dictons régionaux populaires est une citation ?…
Ou les citations ne sont-elles réservées qu’à ceux à qui on les attribue… prétendument ?
Ainsi Clemenceau aurait dit « On ne ment jamais tant qu’avant les élections, pendant la guerre et après la chasse ».
En même temps « on ne prête qu’aux riches » (citation des « Nuit Debout » et de plein d’autres 😉
Cher Monsieur Bilger,
Dans ma folle jeunesse j’avais coutume de dire : « Dites toutes les bêtises que vous voulez, mais attribuez-les à Nietszche, Schopenhauer ou Kierkegaard, on ne vous contredira pas ».
Voilà que je commets l’ultime péché de l’autocitation :-).
Je suppose qu’il existe quelque part un dictionnaire des citations faussement attribuées, tronquées et interprétées à mauvais escient.
On pourrait y mettre celle tant ressassée ces dernières années aussi, et qui n’est pas de Voltaire : « Je ne pense pas comme vous, mais je défendrais votre liberté de vous exprimer ». Je ne cite pas textuellement, puisque le texte n’existe pas :-). Et qui est d’autant plus amusante qu’il est arrivé à Voltaire de tenter de faire mettre en prison ceux qui le contredisaient et se moquaient de lui.
Sans oublier Kierkegaard, qui n’a jamais parlé de « leap of faith » (saut de la foi), une expression qui est constamment reprise par les Anglo-Saxons.
Et la liste devenant gigantesque pour les auteurs chrétiens et surtout catholiques, comme je m’efforce de faire court, je ne citerai que le « Credo quia absurdum » de Tertullien.
Les citations doivent être utilisées comme faisant partie d’un raisonnement, ou pour l’illustrer, ou comme point de départ d’un débat, et le plus rarement possible à la fin, et jamais pour stopper la discussion en argument d’autorité.
La culture, ce n’est ni le divertissement ni le dictionnaire des citations. « Les Grosses Têtes » ont une place légitime dans le divertissement, mais se fourvoient (ou font diversion) en croyant faire de la culture.
Bien utilisées les citations sont une preuve de modestie, car on ne s’attribue pas la pensée d’autrui, même si on l’utilise et se l’approprie pour faire avancer la sienne (comme vous le remarquez judicieusement). Pour faire une analogie, où l’on confond aussi vanité et modestie : un étudiant se moquait d’un professeur qui venait de publier un livre sur la couverture duquel, après son nom, on voyait l’énumération de certains postes qu’il avait occupés. Le professeur lui expliqua que c’était au contraire une pratique de modestie, puisqu’il ne présumait pas que les gens savaient qui il était.
@ Claggart | 22 mai 2016 à 14:19
« La seule façon de se débarrasser de la tentation est d’y céder » (O.W) (traduction littérale).
Dans « l’Eventail de Lady Windermere » il dit, plus simple : « Je peux résister à tout sauf à la tentation » (ce qui lui ressemble plus).
MAIS Epicure avant lui avait dit « Dépêchons-nous de succomber à la tentation avant qu’elle ne s’éloigne ».
Ce qu’il y a de bien dans la vie des citations c’est qu’on ne sait plus laquelle est attribuée à qui.
Sauf Luchini naturellement 😀
« Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends » citation que l’on attribue à Nelson Mandela. Cher Monsieur Bilger, à lire votre billet sur les citations et les nombreuses vertus qu’on peut leur accorder, l’une serait dans le choix fait de celles-ci, précisément par son utilisateur : « Dis-moi ta citation, je te dirai qui tu es ! » C’est ainsi, me concernant, qu’une citation me sied : par sa concision et l’adhésion que j’en fais, d’autant plus concise et attachante qu’elle repousse instantanément mon horizon avec la même brutalité que l’ouverture d’une vanne libérant l’eau qu’elle retient. Instruit de l’agencement de quelques mots, ma pensée endormie s’éveille à la vitesse d’un cheval fou chevauchant des herbes folles. Le pouvoir de la citation est de stimuler la pensée humaine, tel un détonateur, pour faire de nous un peu de ce que nous ne sommes pas ou ne pensions pas être. L’humilité et l’expérience sont un des fondements de la citation, c’est pourquoi son usage doit rester utile, jamais réduit à une forme esthétique, et encore moins pour servir opportunément une culture aride.
J’aime les citations. En vérité j’en fait la collection, voilà un petit échantillon.
Il en est de cruelles :
« Je vous croyais du marbre dont on fait les statues, vous n’êtes que de la faïence dont on fait les bidets.»
Marie-France Garaud à propos de Jacques Chirac
Il en est de gentiment macho :
« La plus belle femme du monde ne peut, paraît-il, donner que ce qu’elle a. Moi, ça me va. »
Jean-Michel Ribes
Il en est de décoiffantes :
« Les chiffres sont accablants, il y a de plus en plus d’étrangers dans le monde.»
Pierre Desproges
Il en est de profondes :
« Il est idiot de monter une côte à bicyclette quand il suffit de se retourner pour la descendre.»
Pierre Dac
Ou comment penser dialectiquement l’unité des contraires.
Il en est qui révèlent des parentés inattendues :
« Mon seul adversaire, celui de la France, n’a aucunement cessé d’être l’Argent. »
Charles de Gaulle, 11 décembre 1969, discussion avec André Malraux, cité dans Les chênes qu’on abat.
Il en est de sévères que l’on pourrait retrouver comme sujet au bac :
« Dès lors que l’analyse du singulier s’accorde avec une pensée sur le pluriel et que le particulier impose en quelque sorte le général, rien n’est insignifiant. »
Philippe Bilger
Vous avez quatre heures pour expliquer ce que l’auteur a voulu signifier.
Antanaclase
« La culture, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale »
Aussi, je ne m’étalerai pas d’avantage.
Nous faisons tous des citations sans le savoir, sans même nous douter que nous nous bornons à reproduire et perpétuer un cycle de paroles aussi vieux que le monde. Tant de gens ont prononcé ces mêmes mots, ces mêmes phrases longtemps avant nous… Et ce dans toutes les langues. Et qui fut le premier à les dire, les écrire et se les approprier comme siennes ? Bien malin serait celui qui pourrait répondre !
@ Jean-Christophe Jouffrey | 22 mai 2016 à 15:54
« …la liste devenant gigantesque pour les auteurs chrétiens et surtout catholiques, comme je m’efforce de faire court, je ne citerai que le « Credo quia absurdum » de Tertullien »
Vous le faites exprès pour titiller G.Gaspary ou quoi 😉 parce que l’histoire de la citation de Voltaire tout le monde la connaît et tout le monde sait aussi que ce n’était pas, contrairement à ce qui a été rapporté, le plus tolérant des hommes.
Nemo perfectus est 🙁
@ breizmabro | 22 mai 2016 à 15:10
« Il a un côté shooté à la citation qui est quasi freudien »
J’ai l’impression que Fabrice Luchini fait le complexe de l’autodidacte. Il aurait sans doute aimé faire des études littéraires et aurait été un brillant agrégé dans cette matière vu sa passion pour la littérature, mais le destin en a décidé autrement.
Comme tous les bons comédiens il a la chance de posséder une excellente mémoire qui lui permet d’apprendre (et de retenir) des milliers de lignes de ses auteurs préférés, à commencer, bien sûr, par ceux qu’il a été amené à interpréter à l’écran.
Ce n’est pas de la cuistrerie de sa part, simplement sa passion pour les belles-lettres. Ceci étant, son côté un peu trop expansif le conduit à en abuser. Je préfère quand il se laisse aller à ses réflexions personnelles. Il a montré qu’il était capable de très belles réparties et il gagnerait à davantage les développer lors de ses interviews.
@Lev | 22 mai 2016 à 08:51
Un billet sans Sarko, FH, Taubira, Salamé, Chazal et bien d’autres…!?
Ça repose. Et surtout j’aime beaucoup …/…
Ô combien d’accord !!
A quoi repère-t-on un normalien ? à la besace de citations qu’il trimballe… la plus lourde étant celle de BHL.
Comment a-t-il réussi à introduire au Festival de Cannes sa balade en costard parmi les pêches Melba ? Combien de citations dedans ?
J’aime assez cette citation sous forme d’adage (de Raffarin ?), toute pleine de vérité : « Brouillard en novembre, Noël en décembre »
Et pour rire un peu, voici les citations à apprendre par cœur par le camarade Placé, « colonel » au 13e Dragons :
Dans un régiment de Cavalerie :
– le sous-lieutenant a des roubignolles
– le lieutenant a des roupettes
– le capitaine a des roustons
– le commandant a des burnes
– le lieutenant-colonel a des baloches
– mais seul le colonel a des c******
et gare à son matricule si un cavalier est mal tenu car dans ce cas, comme disait le général de Brack : « Punissez le Colonel ».
Ne pensez-vous pas, Philippe, que nous sommes peut-être moins les citations que l’on diffuse parfois à l’excès que celles qui nous parcourent chaque jour sans que nous les exprimions ?
Les citations de conversation n’ont pas besoin de contexte et il importe peu que nous les ayons nous-mêmes découvertes dans l’oeuvre dont elles sont extraites : elles sont des chevilles de la discussion, des ponctuations, des points de ralliement, des arguments d’autorité ou des récréations. Il n’en va pas de même de celles, peut-être moins séduisantes immédiatement, que nous nous répétons sans les rendre publiques et qui jalonnent les expériences d’une journée. Je ne cite jamais Villon dans une conversation mais il n’est pas de semaine sans que les mêmes vers, fort connus au demeurant, me viennent en tête face à une situation. Et plein d’autres ainsi. Ces citations intimes que l’on n’exprime qu’à soi-même résument une complexité dont l’évidence nous est apparue à la lecture d’une oeuvre : leur sens n’est pas transmissible, nous seuls savons ce qu’elles recoupent.
Luchini est un peu le contre-exemple de votre propos : à l’évidence, il n’est pas ce qu’il cite, il interprète des citations parfois contradictoires comme le passeur de sens qu’il est.
« Elle vit sa vie par procuration, devant son poste de télévision… »
{Jean-Jacques Goldman}
C’est la solution de facilité de se livrer à des citations multiples, de se réfugier derrière des phrases trouvées par des célébrités. C’est aussi une forme de procuration, on fait dire à ces célébrités ce qu’il est difficile de mettre en forme, d’expliquer.
D’autre part, la citation doit étayer le discours et non l’inverse, c’est parfois ce que je me dis quand j’écoute M. Luchini qui discute avec un journaliste.
Mon proverbe favori est :
« L’homme qui se noie se raccroche même à un serpent »
Son origine est incertaine mais il est approprié à de nombreuses situations. La dernière en date pourrait convenir au dispendieux quinquennat de Hollande qui voudra rester au pouvoir à tout prix et va nous en faire baver pendant encore quelques mois car il nous aura prouvé qu’en dehors de lui rien n’existe !
Cette citation que je rumine tous les jours doit venir de moi à force d’être vraie
Quand on aime et qu’on est aimée,
On devrait rendre grâce toute la journée
De ce miracle…
Puisqu’on en est aux citations…
« N’a de convictions que celui qui n’a rien approfondi » Cioran, De l’inconvénient d’être né
C’est sûr, la citation nous renseigne sur celui qui la fait. Je me souviens d’une candidate à un concours d’entrée, qui devait citer sept sculpteurs et qui, après avoir cité Rodin, évoqua Milo et sa célèbre Vénus…
Parfois il vaut mieux assumer son ignorance…
« La culture est ce qui reste… » etc.
S’il s’agit d’une citation de Paul Valéry, j’aimerais connaître la référence. L’auteur qu’on cite généralement pour cette phrase est Edouard Herriot. Pour certains, il s’agirait d’Emile Henriot, un critique de l’entre-deux-guerres.
Quelqu’un en sait-il plus ?…
« Je suis de l’opposition qui s’appelle la vie ».
« Exister c’est insister ».
Formidable ! J’ai bien envie de les faire miennes.
Sinon, il faut écarter les citations si elles risquent de détruire la cohérence de ses dires.
Les placer au contraire si elles posent ce qu’on voulait exprimer. Et alors, ça passe ou ça casse ! La citation dévorera tout cru le dire qui lui est par trop inférieur. Je pense que certains en font pour se mettre à l’épreuve. Si ce que je dis est trop mauvais, que le souvenir s’en estompe au plus vite. Je n’aurai pas mérité de rester, mais au moins, la citation revivra encore une fois par moi.
@breizmabro | 22 mai 2016 à 18:01
« L’histoire de la citation de Voltaire tout le monde la connaît et tout le monde sait aussi que ce n’était pas, contrairement à ce qui a été rapporté, le plus tolérant des hommes »
Bien sûr ! vous aurez remarqué que je fais une liste de trois fausses citations, dont la première et sa contradiction sont devenues une banalité, et que pour les autres citations je donne de moins en moins d’explications sur les falsifications qui s’y trouvent. Il s’agit d’une méthode d’exposition : du connu à l’inconnu.
Sans trop d’illusions de ma part pourtant, peut-être certains contributeurs, étant mis en confiance par la familiarité avec la première citation de la liste, auront-ils la curiosité d’aller voir pourquoi les deux dernières sont fausses elles aussi.
« Vous le faites exprès pour titiller G.Gaspary ou quoi 😉 »
Un petit peu, mais pas que… 🙂
Je les ai choisies, car elles sont utilisées à la fois par les partisans du fidéisme, et par les détracteurs de la superstition. Il y a derrière la (fausse) opposition de la croyance et du savoir, de la foi et de la raison…
« Nemo perfectus est 🙁 »
Encore une fois, nous sommes d’accord, et pour faire le lien avec des citations du type « la culture est ce qui reste… », je dirais « la perfection comme la culture n’est pas un état c’est un processus ».
Je pourrais faire ici une dissertation analogue à celle de la distinction entre « fait » et « événement » et je pourrais lier ceci à ce que dit Daniel CICCIA | 22 mai 2016 à 09:59, et de compléter que non seulement certains ont le réalisme simpliste de croire que quelque chose existe parce qu’ils lui ont donné un nom, mais qu’il est une autre forme de réalisation (au sens premier) qui est celle des figures de style… il en est de subtiles comme celles de confondre un processus avec son résultat, il en est de grossières, comme celle notée par Alex paulista | 22 mai 2016 à 22:17 (sur la Vénus de Milo). Mais cette fois-ci, je suis votre conseil, et je conclus ici. 🙂
Je lis régulièrement les sujets et commentaires de ce blog, pour en rechercher et en extraire l’essentiel et le(s) mot(s) qui pourraient mettre en exergue l’idée principale en une seule phrase courte de préférence.
En l’occurrence pour ma part, j’ai bien aimé aujourd’hui celle-ci :
« Il n’y a que les mots qui comptent – le reste n’est que bavardage ». (Eugène Ionesco)
et celle-là pour le trait d’humour envers Luchini :
« Parole de coiffeur : il est interdit de descendre avant la raie. »
(de Pierre Desproges évidemment).
Mais j’ai souvent médité sur la suivante :
« J’appelle pensée, une vue enrichissante prise par l’esprit sur la réalité », de Julien Brenda (je crois).
Cher Philippe,
On est surtout ce qu’on quitte.
Quitter son vernis, c’est bien aussi. Quitter ses illusions, cela peut se défendre.
Réussir une vie, une belle question sans réponse unique.
Notre planète n’est pas si nette.
Un piano n’est pas un objet d’ornement et bien souvent les citations ne sont pas des rampes de décollage d’idées, mais une mauvaise utilisation de la pensée.
Comment s’enfoncer dans des pseudo-certitudes ou se servir de celles-ci pour s’affirmer. C’est limite d’une paresse intellectuelle au sens de refuge.
La seule utilité de la citation est de l’interroger, de la bousculer.
C’est un outil de développement qu’il faut dépasser, sublimer et souvent démolir.
Ce soir, nous avons regardé le fameux film « La vie d’Adèle ». Chapitre un et deux. Un tas de vieux clichés bourgeois. Quelle longueur, quel ennui, quelle vue bourgeoise et conventionnelle. Une absence totale d’érotisme.
Une absence d’histoire. Des dialogues médiocres. Un film de propagande CGT et gauche caviar qui reproduit les vieux fantasmes des vieux couples.
Dans le genre, une qui fait la popote et l’autre la snob. L’enfant, cet être impuissant alors qu’il traverse tout même un soi grandiose ou au minimum une pensée magique. L’instit et ses lunettes. Une véritable caricature d’une femme-enfant et d’une femme homme narcissique. Un petit peu premier amour de Tourgueniev avec tous les clichés du genre.
Une palme pour un navet. Il en est de même de certaines citations qui sont déclamées à force de répétition comme des écholalies sans apport de tremplin à la pensée, sans lumière.
Nous ne savons pas si les citations peuvent intégrer le Sur-Moi. Il semblerait plutôt que ce soient des marqueurs de générations, voire d’appartenance à des milieux sociaux qui se vident de sens de par leur utilisation fréquente.
Ce sont plus des clins d’œil sociaux.
Quant à appartenir au Moi d’un individu, cela serait beaucoup trop réducteur.
Par conséquent, nous pensons que l’individu ne peut être aussi figé qu’une citation et qu’être ce que l’on cite serait une grille inutile de par son angle résumé, statique.
L’émerveillement poétique ou l’exploration sont de meilleurs chemins.
françoise et karell Semtob
« Ce n’est pas parce que l’on a un cheveu sur la langue qu’il faut avoir des pensées de garçon-coiffeur »
Je crois que c’est de Démosthène (avant les cailloux), ou de Maniatis, ou de Savonarole…
Pas de moi, j’aurais trop honte…
« Celui qui dans la vie est parti de zéro pour n’arriver à rien dans l’existence n’a de merci à dire à personne »
Pierre Dac
Si les comédiens sont devenus ces sortes de nouveaux empereurs médiatiques, c’est qu’ils savent s’absenter de leurs « Moi », révélant que ce moi n’est qu’une réponse, une recomposition des influences plus passive que volontaire, leurs ego, par ailleurs monstrueux, s’évaporant au moment du jeu au bénéfice de la réalité perçue, leur expressivité témoignant de l’effet qu’elle a sur leur être car ils acceptent d’être manipulés par les poètes, d’être cet océan de chair et de sentiments permettant aux mots de s’incarner, ils acceptent qu’être soi ne se définit qu’en relation à l’autre, que l’autonomie du moi n’est qu’une mauvaise blague génératrice des pires malentendus.
Il y a les citations sans les mots.
Celle-ci, par exemple, entre 1:39 et 1:43 :
http://www.arte.tv/guide/fr/065263-000-A/des-hommes-et-des-dieux?autoplay=1
Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Olivier Rabourdin, Philippe Laudenbach, Jacques Herlin, Loïc Pichon, Xavier Maly, Olivier Perrier,
plus forts que Luchini !
@Martial Watrin
« La culture est ce qui reste… » etc.
Cette citation est due à la pédagogue suédoise Ellen Key (1849-1926) :
« La culture est ce qui subsiste, quand on a oublié tout ce qu’on avait appris »
(Revue Verdandi, 1891, p. 97, article « On tue l’esprit dans les écoles »).
En fait, il est probable que cette citation était probablement alors dans l’air du temps, sans qu’il soit possible de déterminer quel en était l’auteur initial.
Mais est-ce là le plus important ?
Bonjour Philippe,
J’ai beaucoup aimé cette citation trouvée sur Facebook :
« Le problème avec les citations de Facebook, c’est qu’il est difficile de savoir si elles sont authentiques »
Napoléon Bonaparte
Une citation qui pourrait s’appliquer à F. Hollande après les lois Macron et El Khomri votées toutes deux grâce au 49-3, tardivement, dans un quinquennat en déconfiture.
« Il voudrait tout reprendre par le commencement. Mais où est le commencement ? »
C’est d’Elias Canetti !
Je vous ai lu et je ne vous ai pas compris… Quel était le propos ? Les citations, leurs auteurs, leurs utilisateurs, leurs auditeurs, ou tout cela ?
Bref ! Soyons bref ! Une citation c’est bien, c’est bon, c’est efficace, c’est intelligent quelquefois, c’est creux d’autres fois, c’est un hommage souvent, c’est généreux par hasard et c’est toujours périlleux.
Si une métaphore culinaire vient soutenir (dangereusement) le propos, je dirais qu’une citation ne doit pas être jetée dans la conversation comme une pomme de terre crue dans la soupe prête à servir ! Ce n’est pas bon… pas bon du tout ! L’art de la conversation suppose de l’esprit, de l’à-propos, qui sont là pour accueillir l’idée d’un autre plus subtile, et alors le plaisir vient de cet ensemble uni et confondu. Je voulais être clair et me voilà obscur…
La fameuse citation de Pierre Dac, reprise d’ailleurs par Coluche autrement, est de Groucho Marx : « Parti de rien, je suis arrivé à rien mais tout seul ».
« Vanitas, vanitatum et omnia vanitas ».
@fugace
Julien Benda, auteur de « La trahison des clercs » et d’un discours à la nation européenne que je place à un haut niveau.
http://classiques.uqac.ca/classiques/benda_julien/discours_nation_europeenne/benda_discours_nation.pdf
Bien à vous.
@Exilé | 23 mai 2016 à 09:35
Le plus grand merci pour la référence précise de cette citation et son contexte (titre de l’article, etc.). Avez-vous vu l’article vous-même, ou est-ce une référence de seconde main ?
Je mentionnais brièvement un peu plus tôt (23 mai 2016 à 01:18) qu’il y avait confusion en parlant de culture entre un « état » et le « processus ». J’allais ajouter que c’était lié à la confusion entre « savoir » et « culture », mais cela m’aurait entraîné trop loin à cet instant…
Vous confirmez par votre référence que cette citation est liée aux questions d’instruction et d’éducation, et surtout qu’elle n’est pas française d’origine.
Comme je le fais remarquer sur un commentaire d’un autre article de ce blog (sur la police), au XIXe, l’allemand dit « Kultur », là où le français (et l’anglais) dit « civilisation ». La notion de civilisation étant elle-même liée à l’éducation, en tant que citoyen membre de la civis ou polis, d’où les sens très apparentés de politesse, civilité, policé, civilisé, en opposition aux « sauvages » et « barbares » (dans l’ordre progressif) incultes…
Comme je m’intéresse particulièrement à ces questions, j’appelle de tous mes vœux des citations référencées, qui confirment ou infirment dans la langue française entre le XIXe et le XXe, le passage de l’utilisation du mot de civilisation à celui de culture.
Ces changements sont très significatifs, comme entre « Instruction publique » et « Education nationale », et « ministère de la Guerre » et « ministère de la Défense ».
« Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends »
Merci Jean-Pierre Cassagne pour cette belle citation.
Celle-ci, au contraire de « Ce qui ne te tue pas… » me paraît beaucoup plus juste car comme l’a souligné Denis Monod-Broca le trop célèbre aphorisme de Nietzsche est hélas faux. D’ailleurs Nietzsche a dit beaucoup de bêtises, mais pour je ne sais quelle raison c’est tellement chic d’aimer ce « philosophe » et de le citer…
« N’a de convictions que celui qui n’a rien approfondi. »
C’est de Cioran.
« Je connais toutes formes de lâcheté, sauf l’intellectuelle. J’ai, indéniablement, un certain courage devant le papier blanc. Je dois ajouter aussi que je n’ai jamais écrit une seule ligne contre mes convictions. »
C’est encore de Cioran.
« Serrant son sabre à deux mains, il dégaina son poignard de l’autre et fit feu. »
C’est de Pierre Dac, qui ne parlait pas forcément de Cioran.
Il en est une que j’aime particulièrement et qu’il m’arrive de citer.
À la suite d’une réunion où les responsables des agences nationales geignaient sur le mauvais temps, cause de leur chiffre d’affaires en berne et donc de résultats en grande baisse pour certains, le patron ultime avait répondu : « Il neige en hiver, vous méditerez. »
Vingt-quatre heures que ce sujet est à l’affiche !
Vingt-quatre heures d’ingratitude.
Il a tant donné, on lui a tant prêté, et personne n’a une pensée pour Confucius…
@Tipaza | 23 mai 2016 à 09:37
« Il voudrait tout reprendre par le commencement. Mais où est le commencement ? (Elias Canetti) »
Au commencement est le verbe ?
Nous sommes ce que nous citons.
En réalité, une citation vaut souvent davantage par sa justesse intrinsèque que par la réputation de son auteur, aussi brillant soit-il, dont le nom peut aussi être parfois avancé pour servir de caution à tout et n’importe quoi (cf. la fameuse citation de Winston Churchill sur la démocratie, citée généralement de façon incomplète).
Une citation attribuée à Bossuet et que nous avons tous pu utiliser tellement elle est juste et vérifiable par les temps qui courent est : « Dieu se rit des hommes qui déplorent des effets dont ils chérissent les causes ».
Or il se trouve que Bossuet n’a jamais écrit rien de tel sous cette forme exacte, qui correspond plutôt à une synthèse d’un développement plus long qu’il a fait dans un contexte religieux.
Mais peu importe, cette citation – même apocryphe – se suffit à elle-même.
A la suite d’Herman et de Denis, je veux dire que dans mon esprit, rien de plus faux que la phrase de Nietzsche.
Ce qui ne nous tue pas nous fragilise et nous rend infiniment vulnérable.
Cependant, cette fragilité des dévastés est pleine d’humanité et de profondeur. C’est en ce sens qu’elle peut être puissante.
Des citations choisies permettent parfois de caractériser une situation.
En voici quelques-unes, en plus de la citation apocryphe imputée à Bossuet déjà évoquée, qui permettent de donner une photographie de la vie politique française actuelle :
Chamfort
« En France, on laisse en paix les incendiaires et on persécute ceux qui sonnent le tocsin. »
Henri Queuille
« La politique, ce n’est pas de résoudre les problèmes, c’est de faire taire ceux qui les posent. »
« Il n’est pas un problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout ».
« Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ».
Jacques Attali
« Tout humain deviendra un être sans père ni mère, sans antécédents, sans racines ni postérité, nomade absolu ».
Robert Mundell
« Les pays démocratiques qui ne réduisent ni leurs impôts ni leurs dépenses creusent leur propre tombe ».
Charles Pasqua
« Nous avons commis la plus belle escroquerie du siècle : nous avons fait croire aux Français que nous étions de droite. »
Anonyme
« La dictature c’est ferme ta gueule, la démocratie c’est cause toujours ».
Camille Desmoulins
« Ce sont les despotes maladroits qui usent des baïonnettes, l’art de la tyrannie, c’est de faire la même chose avec des juges ».
Aristote
« Un État ne peut se constituer d’une masse d’individus pris au hasard, pas plus qu’il ne se forme en un moment dû au hasard. La plupart des États qui ont accepté les individus d’autres origines, soit au moment de leur fondation, soit plus tard, ont connu les troubles et la sédition. »
Gramsci
« Lorsque les masses aimeront leur servitude parce qu’elles auront fini par ne plus savoir qu’elles sont tombées en servitude, nous aurons gagné. »
Pour tous les commentateurs des comportements :
« La plus grande partie des plaintes que l’on fait sur son prochain viennent du peu de réflexion que l’on fait sur soi-même »
La Rochefoucauld
Quand le temps a créé une sorte d’anonymat réputé, on peut être certain que la source est pure et mérite le détour.
Pas toujours hélas : « Il n’y a pas de fumée sans feu » où l’illusion, la fausseté font office de vérité, des milliers de fois par jour, étant donné le succès de ce qui est peut-être plus un proverbe qu’une citation lointaine. Je ne sais pas quel est le ¤£&<@ qui a trouvé ça mais il aurait bien mérité le bûcher, plus que Jehanne d'Arc. Gardons la source pure de cette braise-là et, collègues, sans hésiter passons notre chemin ^^
« Et Smith qui envoie à Manolo qui envoie à Smith qui envoie à Manolo qui envoie à Smith qui envoie à Manolo qui envoie à Smith qui envoie… »
C’est de Roland-Garros, pas de Roland Garros :/
@Jean-Christophe Jouffrey
Avez-vous vu l’article vous-même, ou est-ce une référence de seconde main ?
Non, je n’ai pas lu l’article en question, cette information résulte d’une recherche sur la Toile.
Elle figurerait dans l’ouvrage Révisez vos références culturelles… et politiques ! (Ellipses, 2010)
« La culture, c’est ce qui reste quand on a tout oublié. »] (Référence 72)
C’est à tort que cette phrase fut attribuée à Édouard Herriot. Celui-ci écrit en effet dans Notes et maximes, inédits (posthume, 1961) : « La culture, déclare un pédagogue japonais, c’est ce qui demeure en l’homme, lorsqu’il a tout oublié. » Il reconnaît ainsi qu’il s’agissait d’une réminiscence de sa part. En vérité, renseignements pris aux bonnes sources, la phrase originelle provient de l’essayiste suédoise Ellen Key (1849-1926), qui écrit précisément :
« La culture est ce qui subsiste, quand on a oublié tout ce qu’on avait appris » (Revue Verdandi, 1891, p. 97, article intitulé « On tue l’esprit dans les écoles »).
Ceci dit, il semblerait qu’Emile Henriot puisse aussi en revendiquer la paternité.
@Lev | 23 mai 2016 à 10:57
Puis-je suggérer comme point de départ la citation suivante :
« Les sens connaissent le particulier, mais l’intellect connaît l’universel » « Sensus cognoscit particularia, intellectus vero universalia » 🙂
C’est une maxime péripatético-scolastique…
Je déteste cette manie des citations, à laquelle il m’arrive parfois de succomber mais je me soigne sérieusement. Je pense que citer n’est pas penser ; c’est juste emprunter la pensée d’un autre ce qui depuis internet n’atteste même pas d’un brin de culture.
C’est aussi souvent être si peu sûr de la justesse de ses propres propos qu’il faille en appeler à quelqu’un d’autre estampillé grand penseur, philosophe…
Franchement Philippe avez-vous besoin de ça ?
Citation : Après les Français de papier, on a les ministres bidon, Lanajat et Elkomri.
@ Jean-Christophe Jouffrey | 23 mai 2016 à 01:18
« …pour faire le lien avec des citations du type « la culture est ce qui reste… »
Chez nous les moins verbeux disent « la culture c’est comme la confiture, moins t’en as plus tu l’étales ».
« Il y a derrière la (fausse) opposition de la croyance et du savoir, de la foi et de la raison… »
Merci mon père ! Combien de Pater ? Combien d’Ave ? 😉
« Mais cette fois-ci, je suis votre conseil, et je conclus ici. 🙂 »
Dur, dur quand même MAIS en amélioration.
Peut mieux faire 😉
En même temps je connais cette phrase puisqu’elle a été inscrite sur TOUS mes bulletins scolaires. Elle me fait penser (cette phrase) à celles des bulletins de Daniel Pennac.
« Arts appliqués : dessine partout sauf en classe,
Français : élève gai mais triste élève,
LVI anglais : parle beaucoup mais pas anglais
SVT : ne doit pas se décourager »
Faut pas désespérer puisque Daniel Pennac (Daniel Pennacchioni) sera professeur de littérature et a eu le prix Renaudot pour son roman « Chagrin d’école ».
« Chagrin d’école » m’a beaucoup aidée pour ma petite-fille qui était dyslexique et à qui on a enseigné, coûte que coûte, la méthode globale 🙁
Adeo JC
@ Jean-Christophe Jouffrey | 23 mai 2016 à 16:20
Vous voyez que quand vous voulez vous pouvez le dire en trois phrases !
« C’est une maxime péripatético-scolastique… »
Là du coup JC c’est LA phrase qui tue 😀
Adeo JC
(En breton il est connu que Kenavo c’est dire « au revoir » MAIS c’est un « au revoir » global, pas pour une personne en particulier. Par contre quand on dit « adeo » c’est pour dire au revoir à un ami ou à un membre de sa famille »)
Pour les ceusses et les icelles atteints de cécité, je me cite :
Dommage pour l’Autriche, ils avaient une bonne occasion de se débarrasser de ce fachocialisme gauchislamiste qui gangrène les nations européennes ; les partis d’extrême droite montent partout en Europe, ce n’est qu’une question de temps ; quand les escrolos autrichiens auront accueilli toutes les misères du monde comme ils le promettent (chez les autres bien entendu, pas sur mon palier ni même en face de ma résidence, pas d’ça chez moi !), le peuple cocufié leur donnera le coup de grâce inévitable, ce ne sera que justice ; en attendant bravo à Norbert Hofer qui a « fait trembler le monde entier » LOL j’en suis encore tordu de rire de voir tous ces pitres merdiatico-politico-intellos-bobos gauchistes chez nous et même à l’international, vomir leurs fientes verbales sur Hofer et bien entendu sur notre FN, ben voyons. Mais tout ça se paiera dans les urnes.
Petit rappel salutaire :
Palmarès des anti-FN atteints de cécité et d’Alzheimer chez nous, je me recite : 2500 milliards de dette, faillites record, fermetures d´entreprises record, chômage record, assistanat record, pauvreté record, insécurité record, agressions meurtres cambriolages record, casses et destructions de centres villes record, manifs blocages menaces record, climat de guerre civile, haine anti-France distillée par les merdias gauchistes, liberté d’expression bafouée censurée muselée, du jamais vu et ça ne fera qu’empirer.
Bravo les Degauche, vous avez battu tous les records d’ignominie.
J’aime bien
« quand on veut faire le ménage, faut toujours commencer par le haut de l’escalier »
à appliquer sans modération aux hiérarchies des trois pouvoirs.
Allez, encore quelques citations pour la route…
Pierre Desproges
« Le Président de la République est gardien de la Constitution et pendant qu’il fait ça, il n’est pas au bistrot » (ou rue du Cirque ?)
Pierre Daninos
« Quand le coeur d’un grand homme cesse de battre, on donne son nom à une artère »
Jean Jaurès
« Quand les hommes ne peuvent plus changer les choses, ils changent les mots »
Proverbe voltaïque
« La mort du chien ne saurait en aucun cas faire le bonheur des puces »
Charles Péguy
« Celui qui ne gueule pas la vérité lorsqu’il la connaît, se fait le complice des menteurs et des faussaires ! »
Alexis de Tocqueville
« Démocratie et socialisme n’ont rien en commun sauf un mot, l’égalité. Mais notez la différence : pendant que la démocratie cherche l’égalité dans la liberté, le socialisme cherche l’égalité dans la restriction et la servitude. »
Winston Churchill
« Le socialisme est une philosophie de l’échec, le credo de l’ignorance et l’évangile de l’envie »
« La démocratie, c’est deux loups et un agneau votant pour savoir ce qu’il y aura au menu du soir »
« Les fascistes de demain s’appelleront eux-mêmes antifascistes »
« Un conciliateur c’est quelqu’un qui nourrit un crocodile en espérant qu’il sera le dernier à être mangé »
Staline
« La mort d’un homme est une tragédie. La mort d’un million d’hommes est une statistique »
Saint-Just
« Ce qui constitue une république, c’est la destruction totale de ce qui lui est opposé »
Chateaubriand, Mémoires d’Outre-Tombe
« Ils chantaient la nature, la paix, la pitié, la bienfaisance, la candeur, les vertus domestiques ; ces béats de philanthropie faisaient couper le cou à leurs voisins avec une extrême sensibilité, pour le plus grand bonheur de l’espèce humaine »
J.J Rousseau
« Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher loin dans leurs livres des devoirs qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux. Tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d’aimer ses voisins » (Émile, ou De l’éducation, Livre premier)
Paul Valéry
« Ce sont les extrêmes qui font avancer le monde et les moyens qui le maintiennent »
Henri Béraud
« Le journalisme est un métier où l’on passe la moitié de sa vie à parler de ce qu’on ne connaît pas et l’autre moitié à taire ce que l’on sait »
Alfred Sauvy
« Bien informés les gens sont des citoyens, mal informés ce sont des sujets »
Voltaire
« Pour savoir qui vous dirige vraiment il suffit de voir qui vous ne pouvez pas critiquer »
Talleyrand
« En politique, ce qui est cru devient plus important que ce qui est vrai »
Rivarol
« Quand les peuples cessent d’estimer, ils cessent d’obéir »
Edmund Burke
« De mauvaises lois sont la pire sorte de tyrannie » (Extrait du Discours à Bristol)
Machiavel
« Le meilleur moyen de contrôler une révolution est de la faire soi-même » (Le Prince)
@ Herman Kerhost
Nietzsche écrit bien et le fond n’est pas indigne de la forme. Il est allé au bout de toutes les philosophies, niant chaque sytème pour passer à un autre et nier tous les systèmes comme l’explique Lou Andreas-Salomé dans un bouquin sur le sieur. Est-il donc seulement, ce qui ne serait pas si mal, un feuilleton philosophique à lui tout seul ? Non, il a anticipé la théorie mimétique de René Girard sauf que lui veut des victimes tandis que Jésus et René Girard essaient d’abolir le lynchage.
Et le philosophe inspire encore.
Hum, à côté du côté héroïque « ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort », vrai dans un sens limité comme, je ne sais pas ? Si ton épée est trop courte, avance d’un pas ? Qui montre qu’une infériorité technique peut obliger au courage donc à acquérir une supériorité, dixit les Spartiates, ou encore peut-on penser que ne pas avoir un sens développe les autres, tout cela est relatif…
Nietzsche est aussi infiniment délicat, ce qu’on sait moins, exemple :
« Qu’est-ce qu’il y a de plus humain ? Epargner la honte à quelqu’un ».
Enfin, s’il ne prémâche le travail de personne, le philosohe ne cesse de prêcher la méfiance envers tous les maîtres, les seuls dignes de ce nom incitant à les prendre avec les réserves qui s’imposent.
En un mot la distance… C’est ce qu’on dit aussi en Orient, le maître est comme le feu, il ne faut être ni trop loin ni trop près de lui.
« Shakespeare est mort, Racine est mort, Molière est mort et moi-même je ne me sens pas très bien »
Quizz : est-ce d’Alphonse Allais ou bien de George Bernard Shaw ?
Le gagnant aura un abonnement gratuit au blog de Philippe.
L’abus de citations révèle souvent des esprits faibles qui s’en servent comme bouclier culturel pour nous assener leurs convictions, on cite volontiers Voltaire pour vous faire taire, le célèbre « je me ferais tuer » se transforme en « ta gueule ! »…
La citation révèle souvent une « sous-culture Sacha Guitry » qui elle aussi a du plomb dans l’aile et qu’on retrouve chez Philippe Bouvard, il nous navre depuis 95 ans.
Oscar Wilde est un sommet de crétinerie de son siècle, c’est illisible aujourd’hui.
« Ôte-toi de mon soleil » a survécu aux fanfreluches d’Oscar…
Parfois, un simple mot, une phrase courte, révèle un bonhomme, prenez la phrase « je suis droit dans mes bottes », ça dit tout du psychopathe qui sera votre prochain président. N’y voyez aucun humour, un stage aux urgences psy de Sainte-Anne vous le confirmera, ils disent tous la même chose.
Et moi je me suis fait laminer par un de mes étudiants anglais, car j’ai cité Voltaire dans son « Je ne suis pas d’accord avec vous, mais je me battrais jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ».
Eh bien, ce n’est pas de Voltaire, mais alors pas du tout. Et j’ai même vu Philippe Bilger l’utiliser dans une interview puis l’attribuer à Voltaire.
L’auteur est Evelyn Beatrice Hall.
@Catherine A
Je pense que citer n’est pas penser ; c’est juste emprunter la pensée d’un autre (…)
C’est une façon un peu réductrice de voir les choses.
Certes, aligner des citations au kilomètre n’est en rien une preuve de culture, en revanche, retenir quelques citations bien choisies dans l’énorme pile de celles entassées depuis que l’humanité sait conserver une trace de sa mémoire permet de se mettre en accord avec d’autres penseurs de tous les temps et de tous les pays, certains d’entre eux ayant déjà parfaitement analysé certaines situations bien avant nous qui croyons tout savoir.
N’oubliez pas non plus qu’une citation ne reflète pas uniquement une pensée mais aussi un témoignage.
Il m’est arrivé de citer Aristote – j’ai relu ce matin mon petit carnet de citations que je maintiens depuis plusieurs années – pour y reprendre une observation sur le risque entraîné par le développement de sociétés non homogènes.
Le fait qu’un observateur et un penseur ait déjà pris conscience de ce risque il y a trois millénaires devrait nous inciter à plus de prudence et de modestie dans la manière d’aborder cette question éternelle et récurrente dans l’histoire des peuples, conditionnant la vie et la mort d’une civilisation, ce que trop d’apprentis sorciers de notre personnel politique ont l’air d’ignorer.
Et quand certaines citations sont des perles d’esprit, il est un peu égoïste de les conserver pour soi…
Je ne vois pas vraiment ce qui peut surprendre dans la citation de Nietzsche « Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort » .
Cela signifie simplement que celui qui a été capable d’endurer mille malheurs, sans succomber à la tentation d’en finir, est capable d’en supporter bien d’autres encore.
Les cicatrices de la vie finissent toujours par se refermer, le cuir s’épaissit et reste la rage de vivre. Tout simplement parce que si la vie ne vaut rien, rien ne vaut la vie, comme le chante si bien Alain Souchon.
@Achille
Continuer à vivre après un accident n’est pas la même chose que d’être plus fort après un accident. C’est pourtant simple, non ?
@ Herman Kerhost | 24 mai 2016 à 00:47
« Continuer à vivre après un accident n’est pas la même chose que d’être plus fort après un accident. C’est pourtant simple, non ? »
Non ce n’est pas si simple. J’ai connu dans mon service une personne clouée dans un fauteuil roulant suite à un accident de voiture. C’était un jeune ingénieur de 30 ans, marié et père de deux enfants. Il râlait bien parfois sur les conditions d’accessibilité en ville pour les personnes dans son état et surtout sur les valides qui se garent sans vergogne sur les places de parking réservées aux handicapés. Mais il était un collègue charmant, avec une « pêche » d’enfer. Il a su reconstruire sa vie en fonction de son handicap et jamais je ne l’ai vu se plaindre de son état.
Des milliers de personnes, souvent des jeunes d’ailleurs, se retrouvent chaque année dans la situation de mon ancien collègue et heureusement la plupart d’entre eux surmontent leur handicap.
Un exemple parmi tant d’autre est Philippe Croizon, un Français de 42 ans amputé des quatre membres, qui a traversé la Manche à la nage il y a quelques années et qui se lance chaque année un nouveau défi.
Je vous invite également à regarder les jeux paralympiques l’été prochain à Rio. Vous verrez ces champions handicapés qui ne demandent qu’à vivre et à oublier qu’ils ne sont pas exactement comme nous.
Merci pour votre billet.
Un trait d’esprit peut devenir une citation célèbre, mais souvent nous ne choisissons pour citation qu’un lieu commun remis sous une forme plaisante. Pour éviter ce penchant, je ne vois qu’un seul antidote : la lecture et la méditation d' »Exègese des Lieux Communs » de Léon Bloy.
@Exilé
Qu’une phrase d’Aristote nous amène à réfléchir, parfait. Mais la dégainer comme une vérité révélée, désolée je ne vous suis pas. Ce prêt-à-penser me dérange ; d’autant qu’Aristote aujourd’hui aurait peut-être dit, écrit, pensé le contraire.
Bon allez, en cadeau, ma citation préférée, très d’actualité d’ailleurs : « Il vaut mieux prendre des vessies pour des lanternes que son slip pour sa tasse à café ».
Non Philippe, ne faites pas les gros yeux…
Dans le domaine des citations, François Hollande est un créateur :
« Mon ennemi c’est la finance », « Moi président », « C’est pas facile », « Ça va mieux ».
En moins lapidaire :
« Il n’y a rien de plus terrible pour un soldat déjà anonyme que de mourir inconnu »
« Je demande aux Français de ne pas aller dans les zones à risques parce que c’est dangereux »
« Il y a ceux qui n’attendent plus rien. Je fais en sorte de leur apporter ce qu’ils attendent »
« Je vais essayer de retrouver le pigeon car je cherche vraiment tous les électeurs en ce moment »
« Quand ça va bien, on devrait se rappeler que ça ne va pas durer. Et quand ça va mal, on peut penser que cela pourrait aller plus mal ou que ça ne va pas durer »
Chirac :
« Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir »
Raffarin :
« Les jeunes sont destinés à devenir des adultes. »
« Les veuves vivent plus longtemps que leur conjoint ».
Raymond Barre :
« Quand le moment est venu, l’heure est arrivée ».
@Achille
Vous ne comprenez manifestement pas, j’abandonne.
@breizmabro | 23 mai 2016 à 17:25
« »C’est une maxime péripatético-scolastique… »
Là du coup JC c’est LA phrase qui tue 😀 »
J’avais failli écrire tout d’abord, « c’était la maxime au Moyen Âge des filles de joie de la rue des Écoles », mais je me suis ravisé, peut-être ai-je eu tort… 🙂
@Achille
Finalement je prends le temps de vous répondre.
C’est incroyable à votre âge de ne pas comprendre une phrase aussi simple que « Tout ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort » !*
Vous me donnez en exemple un cas particulier d’un accidenté de la route qui a pu retrouver malgré son handicap « une pêche d’enfer« , alors que la citation en question débute par un « Tout » qui signifie le général. Bien sûr, il est possible de sortir de certaines épreuves renforcé, mais de là à généraliser !
Et puis, pourquoi regarder du côté des accidents de la route ? Combien de vie anéanties ne serait-ce que par une séparation, un divorce, ou la perte d’un emploi ?
Vous ne connaissez vraiment personne dans votre entourage qui puisse vous témoigner avoir été fragilisé par une expérience difficile ? Vos proches sont bénis…
*Ceci étant, cher Achille, vous êtes pardonné, un grand philosophe allemand a fait la même erreur bien avant vous…
@Jean-Christophe Jouffrey | 24 mai 2016 à 12:25
« J’avais failli écrire tout d’abord, « c’était la maxime au Moyen Âge des filles de joie de la rue des Écoles », mais je me suis ravisé, peut-être ai-je eu tort… 🙂
La rue des Écoles n’existait pas au Moyen Age, je le saurais, j’y habite.
La rue a été créée en 1858.
Certes il y avait à Jussieu la halle au vin, qui fournissait tous les estaminets de Paris et devenue hélas plus tard une université, qui jouxte l’Institut du monde arabe.
Aujourd’hui, plus de prostituées, mais en revanche les étudiants soiffards y éclusent des bières jusqu’à l’aube.
@ Herman Kerhost | 24 mai 2016 à 15:52
« Ceci étant, cher Achille, vous êtes pardonné, un grand philosophe allemand a fait la même erreur bien avant vous… »
Être aussi stupide que Nietzsche est pour moi un honneur. Vous ne pouviez pas me faire plus beau compliment ! 🙂
@ Jean-Christophe Jouffrey | 24 mai 2016 à 12:25
« J’avais failli écrire tout d’abord, « c’était la maxime au Moyen Âge des filles de joie de la rue des Écoles », mais je me suis ravisé, peut-être ai-je eu tort… 🙂
Ben oui vous avez eu tort d’autant que j’ai habité longtemps dans une rue des Ecoles 😀
@ Herman Kerhost, Achille à propos de Nietzsche
J’ai d’abord connu cette citation en anglais. C’est le titre d’un disque de Bruce Willis. On y voit l’artiste qui s’éloigne d’un vieux minibus en portant des valises.
La saillie est une façon optimiste d’amortir, d’amender telle ou telle couillonnerie dont la vie seule a le secret. Rien de plus mais ça colle bien avec l’image qu’aime bien se donner le Nouveau Monde, d’où l’emprunt je présume de l’acteur-chanteur.
Il est des citations plus longues qui ne sont pas des maximes, mais qui n’en valent pas moins d’être faites :
« Que ne pouvons-nous voir ce qui se passe dans l’esprit des hommes, lorsqu’ils choisissent une opinion ! Je suis sûr que si cela était, nous réduirions le suffrage d’une infinité de gens à l’autorité de deux ou trois personnes, qui ayant débité une doctrine que l’on supposait qu’ils avaient examinée à fond, l’ont persuadée à plusieurs autres par le préjugé de leur mérite, et ceux-ci à plusieurs autres, qui ont trouvé mieux leur compte pour leur paresse naturelle, à croire tout d’un coup ce qu’on leur disait, qu’à l’examiner soigneusement. » Pierre Bayle, Pensées sur la Comète, in Œuvres Diverses, 1737, tome 3, p. 12.
@Savonarole | 24 mai 2016 à 17:13
J’avais aussi le choix d’« une maxime des catins du Quartier latin… » 🙂
Est-ce Jean de Salisbury qui nous fait la description d’un collège du Quartier latin, où les prostituées officiaient à un étage alors qu’à l’autre, les maîtres enseignaient aux élèves ? La mémoire me fait défaut…
À propos de citations, de la sécurité sociale, et de bien d’autres choses…
« D’aucuns affirment que l’on n’est jamais trop pédant,
D’autres prétendent que l’on n’est jamais trop aidé. »
@Herman Kerhost | 24 mai 2016 à 15:52
C’est incroyable à votre âge de ne pas comprendre une phrase aussi simple que « Tout ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort » !*
Mon âge ne fait rien à l’affaire. Je ne sais pas quel est le vôtre, mais je vous conseille d’éviter de parler de l’âge des intervenants sur ce blog avec cette pointe de condescendance que ceux qui se croient jeunes s’autorisent avec les « anciens ». Beaucoup ici sont de sémillants sexagénaires, de respectables septuagénaires, voire de vénérables octogénaires.
Je vous rappelle simplement en passant, au cas où vous l’auriez déjà oublié (ce qui tend à démontrer que la mémoire n’est pas forcément une question d’âge) que c’est vous qui avez invoqué le cas de l’accident dans votre commentaire du 24 mai 2016 à 00:47. Je vous cite : Continuer à vivre après un accident n’est pas la même chose que d’être plus fort après un accident. C’est pourtant simple, non ?
Il était donc normal que je vous réponde sur ce point. Maintenant il est évident qu’il existe bien d’autres problèmes dans la vie qui peuvent affecter votre existence, au point de parfois vous tuer, de vous affaiblir souvent, mais aussi de vous rendre plus fort lorsque vous trouvez la force de les surmonter.
Mais si vous n’aimez pas Nietzsche, vous pouvez toujours vous référer à ce vieil adage « Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir » ou encore « Dum vita est spes est » comme dirait notre ami Jean-Christophe Jouffrey friand de citations latines.
Les vieilles maximes qui remontent de la nuit des temps sont toujours pleines de sagesse, même si parfois elles ne collent pas pile poil avec la réalité.
Il en est de même pour la célèbre formule attribuée à François Mitterrand, ‘laisser le temps au temps’ qui est en fait de Cervantès !
@Catherine A
Qu’une phrase d’Aristote nous amène à réfléchir, parfait. Mais la dégainer comme une vérité révélée, désolée je ne vous suis pas. Ce prêt-à-penser me dérange ; d’autant qu’Aristote aujourd’hui aurait peut-être dit, écrit, pensé le contraire.
Mais si j’ai cité Aristote, c’était avant tout pour nous amener à réfléchir sur ce qui était plus de sa part une constatation d’ordre historique qu’une pensée assénée comme une vérité révélée.
Il existe des constantes universelles, que nous vivions il y a cinq mille ans ou bien de nos jours, et je ne vois pas très bien Aristote se déjuger s’il vivait actuellement alors que les faits ne feraient que renforcer la pertinence de sa constatation initiale.
Quelques phrases, mises à la sauce du blog :
« Un cheval passa… les poules suivirent, pleines d’espoir. »
-i.e : « Jouffrey débarqua, Gaspary surgit, plein d’espoir. »
« L’homme a créé l’épouvantail, mais l’épouvantail le lui a bien rendu. »
-i.e : « Bilger a créé Savonarole mais Savonarole le lui a bien rendu. »
« L’humilité est l’antichambre de toutes les perfections. »
i.e : « Gaspary est au sous-sol de la maison commune. »
« La permanence du sérieux est la triste nécessité du médiocre. »
-i.e : « Le commentaire sans humour est comme un saint- nectaire à l’eau de Vichy. »
@sbriglia, à six stations | 25 mai 2016 à 09:49
« Jouffrey débarqua, Gaspary surgit, plein d’espoir. »
🙂
Je dois avouer que j’ai un dilemme : je m’amuse beaucoup à lui répondre, car cela me permet d’exercer ma verve qui est souvent moqueuse, mais d’autre part, en tant que cible, il est tellement facile… (it’s like taking candy from a baby)
Il y a de trop nombreuses manières, qui me font rire à l’avance (peut-être serais-je le seul), de détourner contre lui l’inanité de sa dernière intervention, mais je me sens un peu comme Pervers Pépère attirant les petites filles à la sortie des écoles avec une sucette : c’est trop facile, et il ne faut pas nourrir les enfants avec des sucreries, cela les encourage et cela les gâte.
Donc je vous donne une autre maxime :
« Évitons la tentation de l’originalité, mais ne tombons jamais dans la vulgarité de la facilité »
@sbriglia | 25 mai 2016 à 09:49
« La permanence du sérieux est la triste nécessité du médiocre. »
-i.e : « Le commentaire sans humour est comme un saint- nectaire à l’eau de Vichy. »
J’aime.
Et ça convient parfaitement à un commentaire de ce blog.
Je viens en effet de me taper avec beaucoup d’efforts une cuistrerie de 30 lignes de deux intervenant(e)s ayant confondu culture et cultivature comme aurait dit Ségolène.
Que leur conversation est ennuyeuse !