On a chacun la sienne.
Frédéric Chopin, les lanciers, Lech Walesa, Jean-Paul II, Varsovie et cet étonnement de découvrir une ville verte, gaie et grave, Cracovie majestueuse et lourde de sens, le lycée français de Varsovie et son jeune public pétillant d'intelligence et de curiosité, ces intellectuels faisant pactiser en eux le désir d'action, la réflexion sur l'Histoire et la profondeur philosophique.
L'alcool et la démesure. La joie et la mélancolie.
Et Katyn. Le massacre de plusieurs milliers de polonais – l'élite politique, militaire et intellectuelle – au printemps 1940 dans une forêt russe près de Smolensk, par Staline et sa police politique : le NKVD.
Et Auschwitz. Le plus grand camp de concentration et d'extermination du Troisième Reich. Créé au mois de mai 1940, libéré par l'Armée Rouge le 27 janvier 1945. Plus de 1,1 million d'hommes, de femmes, d'enfants anéantis par les chambres à gaz, dont 900.000 immédiatement à la descente des trains. Si près de Cracovie.
Ce bonheur de voir depuis quelques années la Pologne sortir victorieuse
de ses démons et gagner la guerre de la réussite économique, d'un élan
national exemplaire.
Les promenades ensoleillées, le sourire éclatant de ces jeunes femmes, définitivement sorties du couloir sombre d'une Histoire qui semblait ne jamais vouloir se dérider, le ghetto disparu à jamais, la vieille ville de Varsovie reconstruite à l'identique avec une émotion, pour qui la découvre, aussi intense que si la tragédie était là cachée, prête à resurgir.
Et la catastrophe du 10 avril. L'avion du président Lech Kaczynski écrasé à Smolenk, en Russie, avec une importante partie de l'élite politique, militaire et religieuse. Ils venaient commémorer Katyn. Ce qui si longtemps a été occulté par les autorités russes, à cause de ce terrible accident est venu éclabousser de son ignominie et de sa cruauté le monde qui n'en demandait pas tant. La Pologne est plus qu'en deuil. Effondré, hébété, au milieu des lumières et des prières le pays cherche son quatrième souffle (Le Monde, Le Parisien, Le Figaro).
Ma Pologne. En elle, il y a une force, un instinct, une puissance de vie qui défient les malheurs, les désastres et les monstruosités. Elle se relèvera.
Je me souviens d’une jeune amie de mes enfants, Polonaise élevée (mais quel Polonais ne l’est pas ?) dans un patriotisme exemplaire.
Au moment où se déroulaient à Gdansk les troubles qui firent trembler le monde soviétique, elle répondit à mon anxieuse question sur le devenir de ce mouvement, compte tenu de la disproportion des forces en présence, et faisant référence au traité franco-polonais d’avant 1939 : « Pensez-vous que nous devons attendre que vous voliez à notre secours comme en 39 ? Nous n’avons pas besoin de vous. Nous savons mourir ! »
La géographie et les retournements de l’histoire ont placé la Pologne et son peuple dans une posture telle que l’Héroïsme seul peut la vêtir.
Elle est sûre de revivre encore et toujours, car son peuple « sait mourir » pour elle. Souhaitons-lui les gloires de la paix, et non plus celles de son sang.
Je vais écouter Chopin.
La Pologne… on est tous un peu polonais !
La Pologne… son histoire a souvent côtoyé l’histoire de France.
La Pologne… elle a aussi pactisé avec le diable par la signature d’un pacte de non-agression en janvier 1934 avec l’Allemagne nazie et sa participation à l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1938.
Mais je ne sais pas pourquoi, quand j’ai appris que les élites politiques, militaires, intellectuelles et religieuses de ce pays étaient toutes ensembles dans un même avion et que le pilote polonais avait refusé les conseils des contrôleurs aériens russes, une petite lumière rouge s’est allumée : peuple orgueilleux !
Cette catastrophe est arrivée le 11 avril, jour de la fête de St. Stanislas « Evêque de Cracovie, martyr mort 1079 ». Son nom signifie « Sois et glorifie Dieu » selon l’exclamation que fit son père à sa naissance.
La Pologne… elle a souvent été à l’origine d’un espoir de liberté pour les peuples de l’Est. Son président a été un homme qui a toujours refusé toute compromission avec une conception libertaire de l’Europe.
Certainement que plusieurs en Pologne, ne doivent pas appeler cet accident une catastrophe. Quel sera l’avenir de la Pologne ? Dieu seul le sait !
Cordialement
Pierre-Antoine
On a tous un peu de Pologne en soi, c’est ainsi et c’est sans doute heureux… Pour moi, une de mes soeurs et son compagnon polonais ont donné à la famille une petite fille et un petit garçon, mes nièce et neveu…
Cet accident d’avion pose une grave question… Comment n’ont-ils pas pris plusieurs avions pour se rendre à cet endroit ? Les mesures les plus élémentaires de sécurité imposaient cela… Quasiment tout un Etat dans un avion, c’est hallucinant, on atteint là des abimes d’amateurisme en matière de sécurité d’Etat… Quand j’ai eu pris connaissance de la liste des victimes, ce fut la première question qui m’est venue à l’esprit. Aujourd’hui encore, je ne comprends pas et je pense ne pas être le seul dans cette incroyable interrogation…
Puis la raison de ce voyage et le lieu de l’accident ajoutent terriblement à la charge émotive de celui-là… On a peine à croire à ce qui s’est passé, justement parce que cela s’est passé à cet endroit et parce qu’on s’y rendait. La plupart des éditoriaux d’ailleurs ont mis en avant ce singulier hasard, tant il saute à la figure…
Qu’est-ce que cela veut dire quand l’Histoire se rappelle à l’homme de cette façon ?
Pas grand’chose à ajouter, sinon que c’est bien triste…
Aïssa.
D’un autre côté, fallait pas les mettre dans un Tupolev.
C’était peut-être des clones corrects de Boeing à leur sortie, mais je doute que ces avions soient à jour.
J’ai déjà été passager de tels avions en Bulgarie. Je peux vous dire au moins que l’impression de sécurité y est très mauvaise, avec tous les bruits peu rassurants qui parviennent aux passagers.
« Ma Pologne. En elle, il y a une force, un instinct, une puissance de vie qui défient les malheurs, les désastres et les monstruosités. Elle se relèvera. »
« L’émotion ne serait pas telle si la catastrophe n’avait frappé de nouveau près de Katyn, lieu symbole qui hante la mémoire polonaise et qui renvoie au «martyr» d’une nation souvent maltraitée par l’Histoire mais toujours renaissante. », écrit en effet Libération.
Que dire…
Sinon en effet lui souhaiter de se relever en puisant dans une puissance de vie dont, de Marie Leszczyńska à Maria Łączyńska (Waleswska) en passant par Marie-Josèphe de Saxe, la France a en effet connu la force.
« Les états croupions » : avec un certain humour, mon professeur de Droit International incluait la Pologne dans cette catégorie.
On ne va pas polémiquer en ces jours de deuil, mais enfin…
Dans le film « Katyn », on trouve une image qui résume bien l’histoire de ce pays martyr : un pont, deux foules se croisent, l’une fuit l’arrivée des soviétiques, l’autre fuit les nazis…
Buridan avait un âne…
Oui, à chacun sa Pologne… celle de Lech Kaczynski était eurosceptique, anti homosexuelle, anti libérale… anti anti anti… Et elle va être enterrée… Paix à son âme !
Bonjour Philippe Bilger,
Certes, certes on ne peut être qu’attristé par cet accident d’avion dans lequel de nombreux responsables de la Pologne ont péri.
Il n’en demeure pas moins que la Pologne est un très mauvais élève de l’Union Européenne, en particulier depuis l’accession au pouvoir de Lech Kaczynski.
Ce dernier, c’est le moins que l’on puisse dire, n’a jamais été un fervent défenseur de l’Union Européenne et même a su se montrer un atlantiste zélé, ce qui ne l’a pas empêché de se montrer très intransigeant quand il s’est agi de toucher les subventions européennes. Bref les avantages sans aucune contrainte en retour.
Alors ayons une pensée émue pour les victimes de cet accident tragique, mais n’oublions pas que la Pologne est un des pays les plus opportunistes de l’U.E. au point même de pénaliser sans états d’âme l’activité économique des autres membres de l’Union, à commencer par celle de la France.
Tout mon respect Philippe, pour cette juste et belle description de l’âme polonaise.
(mais quel polonais ne l’est pas)
Aucun intérêt.
En Pologne, les gens sont en retard au niveau de la mentalité.
Question de goût, « no offence ».
Ils s’équipent, paraissent moderne, mais au fond, le retard est trop important.
Un « vrai » français qui voyage pour « les bonnes raisons » sait cela.
Le bonjour chez vous.
Très beau texte.
Ah ma Pologne ! J’en garde quelques secrets. Je me souviens de 1982, quelques mois après le coup d’Etat de Jaruzelski. Une ambiance surréaliste, poétique, une façon de pratiquer l’état de siège avec humour et élégance. Les patrouilles de six soldats : trois militaires pour assurer l’ordre, trois miliciens pour surveiller les trois militaires… Le centre d’études marxiste de la fac de Varsovie, principale imprimerie des tracts d’opposition, tout le monde savait, j’y suis entré et sorti devant les vigiles. La fermeture de la vieille ville de Varsovie chaque soir pour éviter les manifs qui avaient quand même lieu. L’odeur de gaz lacrymogène qui persistait toute la journée, après les manifs de la veille. L’orchestre de fanfare officiel de Starego Miasta qui jouait immanquablement « la danse des canards » au passage des patrouilles. La boulangerie vide qui annonçait crânement sur sa devanture « Aujourd’hui, vente de cravates ». L’apprentissage de la vodka : c’est au bout de cinq verres que le goût commence à venir. Une espièglerie générale, une coquetterie assumée. Un pays de fous.
Maudit Katyn, maudits Russes : voyez comme ceux-ci ont encore peur de ces Polonais, ils s’empressent de dédouaner vite fait leur contrôle aérien et le Tupolev, on vous jure qu’on n’y est pour rien, ne nous frappez pas. Car ne nous y trompons pas : jamais les Polonais n’ont eu peur des Allemands ou des Russes. C’est l’inverse.
La Pologne, c’est notre Liban : c’est increvable. J’aime profondément ce pays, j’ai de bonnes raisons pour cela.
Bonjour Monsieur Bilger. Magnifique billet qui me va droit au coeur et qui coule dans mes veines ! Merci ! L’instant présent si douloureux pour les Polonais mérite notre respect et notre compassion. La politique extrêmement mordante envers l’Allemagne du traité de Versailles en 1919 s’est transformée en bras croisés pour la Pologne en 1939. Si nos politiciens avaient mieux géré leurs affaires à cette époque, il n’y aurait pas eu de Katyn, d’Auschwitz et de troisième Reich !….Je souhaite que votre billet s’adresse plus précisément à notre jeunesse ; qu’elle en prenne note pour la morale et pour l’histoire ! Merci.
Curieux ces témoignages d’amour à la Pologne, on y retrouve une » Nathalie » de Gilbert Bécaud, soudainement devenue polonaise, la vodka et ses vingt ans…
Folklore !…
Ma femme et moi venons d’écrire à des amis polonais pour leur exprimer notre compassion pour le deuil collectif qu’ils vivent.
Je soupçonne que les thèses conspirationnistes vont fleurir sur le net. Il faut dire aussi que la parole de l’Etat russe après les massacres de Beslan, la tragédie du Koursk, l’assassinat au pollonium 21 d’un ancien membre du KGB réfugié à Londres, l’empoisonnement de Viktor Iouchtchenko – que tout cela fait douter des versions russes officielles et de sa neo-pravda. Peut-être ne s’agit-il tout bonnement que d’une faute technique (quelle idée aussi de monter dans un Tupolev !) ou humaine, mais avec de tels précédents, les adeptes du complots s’en donneront sans doute à coeur joie…
Vous le savez, Philippe, j’ai visité la Pologne en 1979, à l’âge de 14 ans, avec mon professeur d’Histoire de Janson de Sailly. Ce fut une révélation : Varsovie, Cracovie et le choc indescriptible d’Auschwitz. J’y ai découvert alors la tristesse d’un pays soumis au joug communiste. Jamais je n’avais vu de « fête » aussi morne que celle du 1er mai à Varsovie, dans cette ville entièrement rasée par la guerre. Oui, sans aucun doute, ce pays se relèvera, mais quel tragique symbole, le pouvoir décapité en route vers Katyn. Dommage aussi qu’en raison de notre « complaisance mémorielle » pour les crimes du communisme, le film de Wajda n’ait pas connu en France le succès qu’il aurait mérité. Comment oublier que nazis et soviétiques ont dépecé ce pays martyr.
@ Pierre-Antoine,
Tout le monde a pactisé avec le diable dans les années trente, la Pologne pas plus que les autres. Ce pays, plusieurs fois démembré par ses puissants voisins, avait aussi quelque raison d’essayer de sauver sa peau en tant qu’Etat (récemment) indépendant. Et puis, si un avion s’écrase avec tout le gouvernement français à son bord, personne n’aurait, j’imagine, la mesquinerie d’évoquer la participation de nos compatriotes à la rafle du Vel’d’Hiv ou la pratique de la torture en Algérie (et pourquoi pas le sac du Palatinat par les armées de Louis XIV !!!! )
@ Achille, Marie C.
Est-ce le moment de se demander si Lech Kaczynski était homophobe ou anti-européen, ne faut-il pas, comme lorsqu’un individu perd un proche, avoir l’élégance de taire quelques instants reproches et récriminations pour songer à la tristesse collective d’un peuple ?
@ Aïssa
« Cet accident d’avion pose une grave question… Comment n’ont-ils pas pris plusieurs avions pour se rendre à cet endroit ? … Quasiment tout un Etat dans un avion, c’est hallucinant… Quand j’ai eu pris connaissance de la liste des victimes, ce fut la première question qui m’est venue à l’esprit. Aujourd’hui encore, je ne comprends pas et je pense ne pas être le seul dans cette incroyable interrogation… »
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Remettez-vous Aïssa, nous sommes près de 6 milliards à le penser…
Dans son immense sagesse, notre généreuse République attribue un Falcon 900 à chaque ministre.
L’actualité nous l’impose : il faut revoir la « Soupe au Canard » des Marx Brothers.
Ils pilotent un avion. Chico joue du piano sur les boutons de commandes, Groucho fume son cigare et Harpo pilote avec les pieds.
Merci !
Brésil : 3 jours de deuil, Tchéquie, Slovaquie, Hongrie, Turquie (oui, Turquie !) : 1 jour.
France : ?
Mais il est vrai :
que Jean-Paul II était polonais,
que la Pologne est antisémite (Katyn, le film : descendu en flammes par Le Monde parce que Wajda n’y parlait pas de la Shoah ! et diffusé dans 2 ou 3 salles seulement à Paris),
que ce sont les Polonais qui ont tué le communisme,
que la Pologne est « contre l’Europe »
que la Pologne est restée un pays, malgré toutes les vicissitudes qu’elle a connues.
Tout ceci n’explique-t-il pas cela ?
Quant à la « dignité » de certains commentaires… (j’ai honte que des Polonais puissent les lire).
@Laurent Dingli
Cher ami,
Est-ce mesquin de tenir compte de toutes les facettes de l’histoire d’un pays et de son peuple ?
Quant à envisager une même catastrophe avec le gouvernement français, cette hypothèse n’est pas envisageable, tant les mesures de sécurité en matière de transports des gouvernants sont différentes… plus de prudence, peut-être aussi moins de confiance dans la protection de la dame de Częstochowa ou/et de Stasnislas et sa crosse miraculeuse !
http://missel.free.fr/Sanctoral/04/11.php
Mais je ne trouverais pas étrange qu’une coïncidence se fasse entre une situation présente et le passé de la France. L’histoire ne manque pas de tels rapprochements.
On appelle ça « justice immanente ».
D’autres parleraient de « coïncidences troublantes » ou de « retour de manivelle ».
Cordialement
Pierre-Antoine
Espérons que ce malheur puisse accoucher de futurs espoirs, et que l’émoi autour de la catastrophe puisse inviter le gouvernement russe à une sincérité renouvelée dans sa démarche de solder les comptes de l’Histoire.
Il est difficile d’ailleurs d’évaluer dans sa pleine mesure l’attitude des responsables russes, surtout lorsque leur voix est portée par un ancien guébiste, lui-même ambivalent tant dans ses paroles que dans la politique conduite alors qu’il était président de la Fédération russe. L’acte de mémoire pour Katyn a été trop longtemps différé, alors même que la recherche historique était parvenue à un examen implacable et sans appel – et je n’évoque pas ici la forfaiture soviétique au moment de l’insurrection de Varsovie.
Le geste russe correspondait sans doute à un pas-de-deux finement maîtrisé, comme savent l’exécuter les hommes du Kremlin, adeptes résolus de la realpolitik. Après l’expédition militaire de Géorgie, la Russie entendait probablement manifester un geste d’ouverture pour tempérer l’impression néfaste d’un Etat intransigeant dans la défense de ses intérêts – et qui sait retourner à son profit l’aventurisme naïf des pays voisins, un peu hâtivement embrigadé dans une politique occidentaliste forcenée et indifférente aux contingences locales.
Il serait heureux que la tragédie récente contribuât à insuffler de la ferveur dans ce ballet diplomatique, avec la perspective d’une concorde durable entre les nations russe et polonaise, que Lech Walesa appelait de ses voeux. Lui-même rappelait, à juste titre, que le peuple russe était également victime de la folie totalitaire. Il y a dans la communion de Katyn peut-être plus de points de rencontre entre les deux Etats qu’il n’y paraît au premier abord.
« le sourire éclatant de ces jeunes femmes »
PB
Pas mieux.
Voilà l’angle sous et sur lequel, le monde est le plus aimable ; et même à côté, tiens, là est la vie.
Quant à l’accident, ce n’est qu’un accident, au moins se souviendra-t-on d’eux mieux ainsi. Sans doute aurons-nous fin plus banale, même pas un mot au-delà d’un petit cercle.
Pensez un instant à la trentaine de milliards d’hommes déjà passés de vie à trépas sans que plus d’un millionième d’entre eux soit encore protégé d’un souvenir.
Life’s but a walking shadow, a poor player
That struts and frets his hour upon the stage,
And then is heard no more.
MacBeth Act5
AO (et ses origines polonaises pour un quart, bretonnes aussi, comme d’aucuns de mes petits camarades de jeu du lieu pas commun)
Cher Jean Reffait
Vous aimez Chopin. Je ne peux m’empêcher de noter que cet amoureux de la France et de la Pologne a toujours refusé l’assimilation.
À méditer quand le fait d’avoir gardé des attaches avec son pays d’origine est devenu un critère d’expulsion pour notre « Ministère de l’Identité Nationale ». Le nom me fait honte à chaque fois, je ne m’y fais pas.
Un bon critère pour se débarrasser de ceux qui pourraient avoir autre chose qu’un sang de blatte dans les veines. Les Polonais vont plutôt travailler en Angleterre, de nos jours.
Désolé cher PB, c’est un peu hors sujet mais les remarques sur Chopin et l’orgueil polonais m’y ont fait penser.
@Jean-Benoit Henriet
« j’ai honte que des Polonais puissent les lire »
Moi j’ai honte pour le peuple polonais que ses dirigeants aient tellement eu de confiance en eux (orgueil ?) ou si peu de prudence (incompétence ?) pour se mettre tous ensemble dans un même avion.
Et j’ai du mal à croire qu’avec tant de « hauts dignitaires » à bord, le pilote ait pu de sa propre initiative prendre la décision de faire plusieurs tentatives d’approche.
Quand, en bon professionnel, il a fait part des conditions météo et des conseils des aiguilleurs du ciel russes, quelqu’un a bien dû lui dire « posez-vous quand même ! ».
Quatre chefs d’état-major étaient présents dans l’avion, celui des armées de terre, air et mer et celui des trois armées.
L’un des quatre a bien dû faire remonter l’information au plus haut niveau :
« Monsieur le président, voilà la situation, que faisons-nous ? »
Quiconque a un peu de connaissance des rouages d’une chaîne de commandement militaire et de la haute administration (surtout sous la présidence d’un homme à très forte autorité), ne peut trouver ce scénario que « logique ».
Là j’ai vraiment honte !
Ceci dit, même si je m’interroge sur les circonstances, j’ai un profond respect pour les victimes, qui sont avant tout des êtres humains… comme chacun de nous sur ce blog !
Comme les plusieurs centaines de victimes des favelas brésiliennes emportées par un torrent de boue et obligées par la misère de vivre là. Combien de journées de deuil national ?
Ne parlons pas des Haïtiens, il y en a trop, ça fausserait les statistiques !
Cordialement
Pierre-Antoine
Pierre-Antoine, laissez donc au juge immanent le soin de la justice immanente. Il y a un moment pour tout. Le billet de Philippe invite chacun à retrouver le morceau de Pologne qui est en lui, il évoque à peine la personne du président polonais. Ce que vit la Pologne aujourd’hui est d’une rare violence politique, à un instant symbolique fort, sur le territoire de l’ancien oppresseur. Les livres d’histoire polonaise se souviendront de ce jour, enkystant davantage l’idée que le grand voisin est une plaie dont on ne peut se débarrasser.
Que la politique polonaise ne soit pas « sympathique » est tellement peu de choses au regard de l’histoire de ce peuple qui arrache chaque fois sa liberté avec les dents. Cette opiniâtreté à faire en sorte que la Pologne, ça ne soit plus « Nulle part », comme le dit Jarry, mais quelque part entre deux gêneurs avides de plaines riches, cela mérite admiration.
Il est très impressionnant de voir cette ferveur populaire se déployer en hommage à ces personnes décédées, principalement le président et sa femme. C’est par respect pour la fonction, pour ce qu’elle symbolise, davantage que pour l’homme, que les Polonais s’inclinent aujourd’hui. Dans le quartier où je vis à Varsovie, toutes les maisons sont pavoisées de drapeaux portant des rubans noirs. Beaucoup de personnes portent le deuil. Il est étrange de constater un tel décalage avec la mentalité des Français, qui ne sont plus capables de telles manifestations de respect envers leurs institutions et leur pays.
@Olivier
Quel rapport entre cette catastrophe aérienne et Katyn ?
Il y avait un avion, avec 96 personnes à bord, qui devait se poser sur l’aéroport de Smolensk.
Les conditions météo étaient exécrables ; voilà, c’est tout…
Les aiguilleurs du ciel n’avaient aucune autorité sur un aéronef qui n’étaient pas commercial, mais qui, par la présence du chef d’un Etat souverain et démocratique, n’était pas soumis aux exigences des règlement de l’OACI.
Les dirigeants russes n’ont donc rien à cacher et beaucoup trop à perdre à le faire ! Du moins en ce qui concerne cette seule affaire bien sûr !
Cordialement
Pierre-Antoine
Les médias polonais ont moins de scrupules que certains commentateurs sur ce blog !
Voilà ce que je viens de lire :
« A Varsovie, le procureur général de Pologne a déclaré qu’«en l’état actuel de l’enquête, rien n’indique que les pilotes aient subi des pressions pour atterrir malgré le mauvais temps». Il a néanmoins ajouté que les experts étudieraient les bruits de fond de l’enregistrement des conversations des pilotes afin de déterminer s’il n’y a pas eu «de quelconques suggestions à l’adresse des pilotes».
Les médias polonais n’excluent pas en effet que l’accident soit dû à des pressions exercées sur les pilotes pour que l’avion atterrisse coûte que coûte afin que la délégation officielle arrive à temps pour les cérémonies. »http://www.lefigaro.fr/international/2010/04/13/01003-20100413ARTFIG00369-les-pilotes-n-auraient-pas-subi-de-pressions-pour-atterrir-.php
Les corps ne sont pas encore tous identifiés et ça ne fait que commencer.
Saura-t-on la vérité ? ça dépend de quelle nationalité sont les experts. Les Russes n’auront aucun intérêt à cacher quoi que ce soit, bien au contraire !
Cordialement
Pierre-Antoine
Se méfier des généralisations …..
Les Polonais seraient antisémites, antilibéraux, antihomos, antiprogrès ….
Que d’absurdités !
Et ils sont comment les bons français qui lisent et/ou écrivent sur ce blog ?
J’ai plusieurs amis polonais. Ils ne correspondent pas du tout à l’image stéréotypée que voudraient donner certains.
Si cet article peut interesser certains.
Il est egalement vrai qu’il existe une importante communaute polonaise en Angleterre. Les boutiques polonaises fleurissent, on trouve des journaux dans leur langue.
« The Times April 13, 2010
In dark times Poland needs the sunlight of truth
Conspiracy theories grow out of secrecy. For a nation’s sake, the Smolensk air crash investigation must be open »
redige par Ben Macintyre
http://www.timesonline.co.uk/tol/comment/columnists/ben_macintyre/article7095796.ece
Il y a un souvenir qui me revient aussi, je pensais l’associer à l’été 1980, mais un collègue polonais m’avait dit qu’à ses yeux il devait s’agir de 1981, année qu’il jugeait comme la plus à risque quant à ce que le glacial chaudron ne mît le feu au monde, et ce pour l’avoir vécu du dedans.
J’étais en vacances et bien qu’encore jeune déjà très versé dans le suivi radiophonique du monde. Une après midi d’août, un bulletin annonça dans un conditionnel crédible l’entrée des chars russes en Pologne (lors que se déroulait un des hauts faits de résistance de Solidarnosc).
Jusqu’au bulletin horaire suivant (pas de France Info ni de Net à l’époque, temps où les évolutions mêmes planétaires étaient fractionnées en dépôt horaire), nous fûmes certainement pas mal à imaginer une troisième guerre mondiale commencée.
Le plus que septuagénaire qui nous accueillait dans cette maison du Var eut une mimique que je ne lui connaissais pas.
Je puis encore en convoquer le souvenir trente ans plus loin. Le paradoxe de ces cris lointains montant de la plage et de ce silence qui s’était fait entre nous, demeure entier à mon esprit.
AO
Un livre de condoléances est ouvert à l’Ambassade de Pologne, 57 rue Saint Dominique, encore demain mercredi, de 11 heures à 18 heures.
Pierre-Antoine et cher ami,
Personne n’interdit d’évoquer toutes ces choses. Je dis que le moment est peut-être mal choisi, alors que les cadavres sont encore exposés, pour polémiquer et remonter aux années trente… Quant aux autres catastrophes que vous évoquez, oui, eh bien ? Vous oubliez la dimension symbolique de cette tragédie qui n’ôte rien à l’ampleur de celles que vous citez, mais pour lesquelles la communauté internationale agit différemment. Un chef d’Etat incarne la nation, et quand cette nation fait partie de l’Europe, nous nous sentons particulièrement concernés. Au-delà de la personnalité du président, c’est un geste d’amitié que nous adressons à nos amis polonais. Le reste – les analyses, les polémiques – suivront, et c’est bien normal, mais laissons aux Polonais le temps d’enterrer leurs morts.
Sans doute n’en aurais-je pas dit autant de deux autres chefs d’Etat morts en exercice, eux aussi dans des avions, mais non pas à la suite d’un accident : le général Zia qui s’est appuyé sur l’islamisme pour gouverner le Pakistan, et le président hutu Habyarimana, dont la mort a donné le signal du génocide au Rwanda. Mais c’est une toute autre histoire…
Saviez-vous que c’est Maurice Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères, qui s’est démené pour rapatrier en France la mère d’Henri Krazucki, qui risquait d’être zigouillée ?
…Et qu’est-ce qu’il nous a fait André pendant 45 ans, pour nous remercier ?
Ah les pleureuses de « Solidarnosc »… C’est beau là-bas, hein, mais pas chez nous, n’est-ce pas ?
@Jean-Dominique Reffait
Justement, c’est à l’invitation de ce billet que je parle de la Pologne qui est en moi.
Dans mes souvenirs, j’ai des copains de classe qui étaient polonais (ils le sont certainement encore), je me rappelle même d’une petite blonde aux yeux clairs, très farouche (ou timide ?) impossible à approcher. Peut-être pour ça que j’ai épousé une méditerranéenne brune aux yeux verts.
Je me rappelle de l’impossible dialogue entre les pieds noirs et cette diaspora polonaise. Ah… ces mémorables parties de « castagnes », d’autant plus chaudes que j’avais des copains dans les deux camps. Imaginez quand les espagnols s’y mettaient… la cours du pensionnat de l’Immaculée Conception se transformait un jour en Austerlitz l’autre en Waterloo. Heureusement que les « frères maristes » nous mettaient tous d’accord !
J’ai aussi de la famille par alliance qui est d’origine polonaise et j’ai parlé avec eux… moi aussi !
J’ai également côtoyé des militaires polonais… disons qu’ils sont « fiers », surtout après un long entretien aux prolongations nocturnes au bar de l’unité. Et je ne vous parle pas de l’ardoise qu’ils ont laissée et qu’on a épongée, fraternité d’armes oblige !
Cordialement
Pierre-Antoine
@ oursivi 13/04/ 17:08
On pouvait capter très correctement France Inter (l’équivalent de l’époque : France 1 ?) en GO sur la radio des hôtels de Varsovie, au moins le soir. Expérience vécue hiver 67/68.
@ Pierre-Antoine 13/04 15:30
« Les Russes n’auront aucun intérêt à cacher quoi que ce soit, bien au contraire ! »
Si vous avez regardé sur Internet (YouTube ou Dailymotion ou…) l’émission de TV russe montrant les lieux du crash, vous aurez peut-être remarqué le « bandeau rouge » d’informations déroulantes sous l’image (en anglais).
Il y était fait mention de la raison de la visite des Polonais en ces lieux pour commémorer (je traduis) « l’assassinat » de
Polonais (« murdered ») pendant la » WW2 « .
SANS mentionner PAR QUI, l’assassinat !
Et pourtant l’émission/texte était destinée à l’étranger.
Pudeur, quand tu nous tiens.
Mais à part ça, vous avez raison ; ils n’ont évidemment aucun intérêt à truquer/cacher quoi que ce soit en l’occurrence.
« Ce qui si longtemps a été occulté par les autorités russes »
Vous êtes trop influencé par nos médias qui propagent propagande. L’URSS a longtemps affirmé que le massacre était l’œuvre des occupants nazis. Poutine, lors de cette cérémonie a donné une autre version dont les médias occidentaux n’ont repris qu’une partie. Ils ont bien expliqué que le geste de Poutine reconnaissait l’assassinat mais ils ont soigneusement tu le contexte décrit par Poutine lui-même. Ce contexte a été pourtant décrit par un magazine polonais important Newsweek Polska dans un article intitulé »L’enfer derrière les barbelés » cité par Ria novosti du 7 avril.
Je vous invite M.Bilger à étudier le discours de Poutine. Et j’aimerais que vous vous exprimiez sur les massacres français.
Cher Monsieur Alex paulista,
Je sais que l’ascendance paternelle de Frédéric Chopin est française. Mais, pour moi, il est avant tout et surtout polonais. Un artiste de cette taille ne peut cacher ses origines. « Tout se transcende en Culture ». C’est d’ailleurs la seule transcendance que je connaisse. Alors, Monsieur Bilger a commis cette chose monstrueuse : permettre à chacun, à travers « sa » Pologne à soi, de dire le fond de ses instincts. Je lis, depuis, de tout sur ce blog. La Pologne de notre hôte sert d’alibi à des rancunes sans grand rapport avec la « polonité » seule. Elle mérite mieux que cela. Et je suis prêt à lutter contre les idées défendues par le défunt Président polonais, mais en respectant sa mémoire, comme étant partie intégrante de ce peuple ami. Comme le sont, à mes yeux, tous les peuples de la Terre.
Expulser Chopin de France pour cause d’identité nationale? Quel crime ! Il se trouvait à Munich lorsqu’apprenant la répression russe, il voulut mais ne put rejoindre son pays, la Pologne. Et il écrivit d’un jet la fameuse Etude dite « révolutionnaire » que j’ai écoutée cette nuit, en hommage à Chopin certes, mais aussi à ce peuple auquel il appartenait, comme tant d' »étrangers » appartiennent à leur propre identité, sans pour autant salir la nôtre, mais, dans ces cas, en l’honorant.
Etre martyrisée fait partie de la condition historique de la Pologne, et Chopin, comme Marie Curie, en sont des symboles. Que les Polonais aillent plus vers l’Angleterre que vers la France, c’est statistiquement vrai. Les Anglais, en 1939, ne se sont guère mieux comportés que nous. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Quand on a perdu sa patrie et qu’on en aime une autre, il n’y a pas adultère, mais immense amour prêt à bondir sur l’Universel. C’est aussi une leçon que la Pologne, comme tous les peuples torturés, donne aux autres nations.
Si je puis me permettre, je souhaite revenir sur les commentaires sensés d’Aïssa et de Pierre-Antoine. Il est, en effet, tout à fait stupide d’embarquer dans une même carlingue les forces vives d’une nation. C’est un problème que se posaient à mon époque, et se posent encore très certainement, les dirigeants de toute entreprise délocalisant pour quelques jours, à l’occasion de séminaires à l’étranger, par exemple, leur force des ventes, de marketing ou leur direction. En cas de crash, c’est la pérennité de la société qui est en jeu et il était (est) courant de faire voyager les participants par groupes séparés. Il est inconcevable que les dirigeants polonais n’en aient pas eu conscience. Mais il est encore plus surprenant de constater que d’autres gouvernements agissent de même.
Trop d’orgueil ou de foi en leur invincibilité sans doute.
Il n’est pas douteux, non plus, que les pilotes ont subi une pression qu’ils n’ont pas su dominer, tentant d’atterrir par quatre fois sur un aéroport duquel il eût été préférable qu’ils se détournassent. Ne croyez pas que le caractère de Lech Kaczynnski, tel qu’il est décrit et qui avait précédemment fait renvoyer un pilote ayant refusé de se plier à ses désirs, soit rare et exceptionnel. Tous les dirigeants de cette planète, et le nôtre n’échappe pas à la règle, font pression sur les pilotes qui les mènent aux quatre coins du monde, soit en exigeant d’eux des performances incompatibles avec l’avion ou la quantité de carburant embarqué (je pense à un retour de notre président des JO de Pékin) ou encore à des atterrissages au plus près des lieux où ils se rendent sans se préoccuper de savoir s’il n’est pas du domaine de l’utopie de l’envisager.
L’avion ce n’est pas le train et encore moins la voiture officielle ; ils l’oublient ayant une fâcheuse prédisposition à penser que tout doit se plier à leur volonté, hommes et machines.
Jusqu’au jour où la réalité les rappelle – mais est-ce si sûr? – à un peu plus d’humilité.
Car, ne vous y trompez pas, ce drame que vit aujourd’hui la Pologne peut advenir dans n’importe quelle autre nation demain.
Si la fatalité peut être mise en cause parfois, la stupidité l’est bien plus souvent.
@Bonsoir M. Bilger,
Je m’attendais bien à ce billet et je le redoutais tout à la fois. Mais avant de tenir le rôle de l’iconoclaste, je voudrais avant tout souligner la justesse de ton de votre propos consacré à la Pologne plutôt qu’à son président défunt.
Il était évidemment difficile d’occulter le sujet, de ne pas s’émouvoir et de ne pas éprouver de compassion pour le peuple polonais.
Mais au risque de choquer, je n’avais aucune sympathie pour Lech Kaczynski, piètre politique ultra-réactionnaire et sans envergure. Sa mort ne suffira pas à l’ériger en héros, en tout cas pas à mes yeux, je ne l’aimais pas vivant, je ne l’adule pas mort.
Qu’il soit décédé dans ces circonstances est certes tragique, je préfère penser aux autres victimes.
Quant à la Pologne, bien sûr qu’elle s’en remettra, j’espère juste que Iaroslav ne sera pas propulsé à la place de feu son frère.
Désolé pour ceux qui m’accuseront, je n’en doute pas, de manquer de compassion, mais c’est ainsi.
Que de beaux commentaires.
On pourrait, emprunt à une paranoïa extrême, se laisser aller à la suspicion, étant donné les conditions météorologiques du moment et soupçonner les opérateurs radio russes d’avoir saisi l’opportunité pour délivrer des instructions douteuses dans l’optique de faire écraser l’avion présidentiel de Pologne…
Sachant que la Pologne craint la Russie, a peur de pressions sur elle, comme c’est le cas dans d’autres pays de l’ancienne URSS et que pour sa sécurité, tout comme la Tchécoslovaquie, a accepté l’installation d’un bouclier anti-missile américain….
@Nicolas,
Visionnez l’émission de France 5, C dans l’air, un historien, Stéphane Courtois, indique que Vladimir Poutine a redéfini sa version de l’Histoire russe dans un article publié le 07 mai 2005 intitulé « les leçons de la victoire sur le nazisme » (je n’ai pas encore trouvé le lien), contre laquelle il publia un démenti, sous le titre : « 8-9 mai 1945 : Contre le détournement de l’histoire »
http://www.ukraine-europe.info/ua/dossiers.asp?1181081624
Par ailleurs, une page d’Histoire très détaillée, avec vidéos, lien ci-dessous, sur Katyn.
http://www.larousse.fr/encyclopedie/article/Katyn_avril_1940/11023441
Enfin, une chanson tchèque, de laquelle fut retenue la mélodie pour agrémenter une prière catholique intitulée : « Ecoute ma prière »
Teče voda, teče,
cez velecký majír,
něhal si ma, něhal,
starodávný frajír.
L’eau coule, coule
Tout doucement s’en va
Toi qui m’abandonnas
Jamais tu ne reviendras
…
Teče voda, teče,
http://www.youtube.com/watch?v=9lrgGmKBKsE&feature=related
@ Nicolas,
Pendant la Guerre froide, l’URSS a cultivé l’ambiguïté en mettant en avant le village martyr de Khatyn, en Biélorussie. Dans ce village, 149 personnes furent brûlées vives par les nazis, le 22 mars 1943.
Selon l’agent de la CIA Benjamin B. Fischer et l’historien Norman Davies, Khatyn a été choisi en 1969 pour y construire un mémorial à cause de la ressemblance avec le nom de Katyń. Toute allusion soviétique aux villages martyrs était systématiquement construite autour de Khatyn, Lidice et Oradour (trois massacres pour lesquels la responsabilité des nazis ne faisait pas débat).
Le texte de Vladimir Poutine, « Les leçons de la victoire sur le nazisme » publié dans le quotidien français Le Figaro le 7 mai 2005, cite encore une fois ces trois villages martyrs.
La volonté des Soviétiques (et de leurs porte-parole en Occident) d’entretenir la confusion entre les massacres de Katyń et de Khatyn pendant des décennies a été, avant les aveux, un indice indirect mais solide de la culpabilité des Soviétiques dans le massacre de Katyń.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_Katy%C5%84#Une_confusion_entretenue
Cher M. Jean Reffait
Je vous suis tout à fait, sauf dans cette idée d’invoquer « l’Universel » avec une majuscule.
Ça fait un peu charabia franc-maçon.
L’universel n’existe pas sans le particulier. L’universel EST l’ultra-particulier, car il est exceptionnel.
Encore plus pour un artiste.
J’aime aussi la musique de Chopin, qui est une des racines blanches de la bossa nova (écoutez Insensatez de Tom Jobim, très proche du prélude en mi mineur, repris par Gainsbourg pour sa chanson Jane B).
Tribunes et décryptages – 10 mai 2005
De l’usage des commémorations
Dans une très longue tribune destinée au public français et publiée par Le Figaro, Vladimir Poutine présente sa version de cette période et les leçons qu’il en tire pour notre époque. Le président russe rappelle que son pays a été la première victime de la guerre et que sans l’URSS la victoire contre le nazisme n’aurait pas été possible. Il condamne le Pacte Molotov-Ribbentrop tout autant que les Accords de Munich. Selon lui, ces deux protocoles découlent de la même logique : s’accorder avec l’ennemi plutôt que de l’affronter ; une logique désastreuse qui ne doit pas être de nouveau appliquée. Concernant Yalta, il estime que ces accords n’ont pas entraîné une division de l’Europe, laquelle est imputable aux tensions internationales qui ont suivis. Au contraire, Yalta offrait une chance de mettre en place une coopération entre puissances pour empêcher de nouvelles guerres. Enfin, il réfute les arguments de ceux qui affirment que la Russie refuse de reconnaître ses torts. Selon lui, il ne s’agit là que de manœuvres des pays baltes pour masquer leur réhabilitation du nazisme. Vladimir Poutine estime que les Européens doivent se souvenir des leçons du passé : la seule façon de résister aux menaces est de ne pas se voiler la face devant le danger, de construire des systèmes de défense collective forts, de ne pas ignorer les agressions contre d’autres États quand on n’est pas soi-même touché directement et, surtout, de refuser les philosophies exaltant la domination d’une population sur une autre au nom de la race ou de la religion. Enfin, il appelle à la création d’une grande alliance européenne dont les piliers seraient Moscou, Berlin et Paris. Difficile de ne pas voir entre les lignes un appel à la constitution d’une alliance face aux États-Unis et à leur volonté de susciter un « choc des civilisations », comparée implicitement à la menace nazie. Le message est clair : cette fois ci, il ne faudra ni accord de Munich, ni pacte Molotov-Ribbentrop quand la menace deviendra évidente…
Réseau Voltaire
http://www.voltairenet.org/article17021.html
« Fantaisie sur un air polonais »
Au-delà de l’invitation à écouter cette « fantaisie » de Chopin avec Claudio Arrau au piano, fantaisie hélas introuvable en France, je pense aux fantaisies que certains fantaisistes professionnels nous servent en ce moment. Voilà soudainement ici le président Lech Kaczynski plus grand mort que vivant, ailleurs un mort qui sert de tremplin aux élucubrations de l’infâme Stéphane Guillon… Des larmes de crocodiles un peu partout alors que la France maudissait la Pologne pour avoir préféré les F 16 américains aux Mirages 2000.
Heureusement, il nous reste la sincérité de Philippe Bilger, notre Bossuet moderne.
La Pologne, c’est aussi la patrie de Marie Curie, cette Pologne à travers cette femme méritait bien le Panthéon.
Il est d’usage de dire que la France a dans l’histoire quatre pays amis : l’Ecosse, l’Irlande, la Pologne et l’Amérique (quoique, pour cette dernière, on peut s’interroger).
Nous pouvons citer tant d’exemples de cet attachement.
Nous ne remonterons pas jusqu’à Henri III ou jusqu’au bon roi Stanislas dont Nancy garde un souvenir si ému.
Un patriote polonais dont le nom m’échappe (il a des monuments ou des villes à son nom aux USA) qui combattait pour l’indépendance de l’Amérique a dit un jour que la Pologne est partout où on se bat pour la liberté. N’est-ce pas ainsi que la France se rêve ?
Hélas, en 1940 et dans les décennies qui suivirent, nous avons trahi les Polonais. Ce traumatisme explique leur méfiance envers «l’Europe» (on appelle ainsi abusivement un échafaudage bureaucratique branlant conçu par des technocrates absolutistes) et leur atlantisme.
C’est encore les Polonais qui ont donné au monde quelques leçons de liberté dans les années 80. Leçons dont un Premier ministre français de l’époque s’est mesquinement servi pour se faire mousser à peu de frais. Leçons qui ne leur seront jamais pardonnées tant les lâches haïssent ceux qui, par l’exemple de leur courage, révèlent leur couardise. Leçons qui dissipèrent définitivement l’illusion communiste, crime inexpiable aux yeux d’une certaine France nostalgique des lendemains qui chantent.
Que des cuistres traitent donc les Polonais d’arriérés : selon la bouche qui la prononce, une insulte peut devenir un compliment. Je ne vois pas ce que notre époque a de si fantastique qu’il faille tenir à honneur d’être en phase avec elle.
J’entends Marc Fiorentino sur BFM expliquer qu’à force de conservatisme et de prudence, la Pologne est le pays d’Europe qui traverse le mieux la crise.
A chacun sa Pologne, certes. Pour oublier le martyr de ce peuple coincé en Europe entre nazisme et communisme, on peut écouter Chopin en boucle. Ce pilote polonais qui fait fi des recommandations d’un contrôleur du ciel russe me fait penser à la Cavalerie envoyée pour contrer les chars allemands en septembre 1939. Combat d’arrière-garde mais aussi défi pour dire « moi j’y arriverai ».
@Ludovic
« Qu’il soit décédé dans ces circonstances est certes tragique mais je préfère penser aux autres victimes. »
A mes yeux, votre sectarisme est plus destructif pour votre cause que l’homophobie de M.Lech Kaczynski.
Trop nul.
@Clafoutis & Nicolas
Que les dirigeants actuels nostalgiques du tsar et de la grande Russie hésitent à reconnaître aujourd’hui les crimes commis hier par des russes bolchéviques avec des pistolets allemands « Walther PPK » n’a rien de surprenant (ce qui expliquerait que certains attribuent ces exécutions aux nazis).
On hésite bien en France (moi le premier) à reprendre à son compte les actes de collaboration sous l’occupation. Je suis plus nostalgique de Londres que de Vichy. Et cette nostalgie agit en moi comme une censure.
Quand je pense 2ème guerre, j’ai plus mes neurones en connexion avec les actes de bravoures du commando Kieffer qu’avec les exactions de la LVF, même si elle était foncièrement anti-bolchévique.
Cordialement
Pierre-Antoine
Mais comment faites-vous pour tirer d’un simple fait divers un Lagarde & Michard polonais !
J’entends d’ici les ricanements si cette cata aérienne était arrivée au gouvernement luxembourgeois ou suisse !
J’entends Marc Fiorentino sur BFM expliquer qu’à force de conservatisme et de prudence, la Pologne est le pays d’Europe qui traverse le mieux la crise.
Rédigé par: Franck Boizard | 14 avril 2010 à 08:58
Probablement aussi un de ceux qui se sont le moins vautrés dans la bêtise spéculative… détail non sans rapport.
Le disent-ils sur BenFuM ?
AO
L’homosexuel qui ne voit M. Kaczynski qu’à travers le prisme de l’homophobie me fait penser à un procureur général qui ne verrait partout que problème de droit (rassurez-moi, ça ne peut pas arriver ?).
La propension des lobbies à faire de leur problème LE problème, le seul qui compte et dont on doive se préoccuper, est ridicule. Et comme c’est la raison d’être des lobbies, il faut admettre que les lobbies souffrent d’un certain ridicule.
Albert Cohen raconte une histoire polonaise à ce propos (dans Mangeclous me semble-t-il).
Dans l’entre-deux-guerres, la délégation polonaise à la Société Des Nations tentait de ramener tous les débats à la fameuse question polonaise. Un jour, la préservation des éléphants vient en discussion. La délégation polonaise ne fait ni une ni deux : elle émet un volumineux rapport intitulé «L’éléphant et la question polonaise».
Bien sûr, Albert Cohen la raconte mieux que moi.
@JP Ledun,
Vous êtes impayable, je ne sers aucune cause et je n’ai nulle part parlé d’homophobie. Je ne suis tout de même pas obligé d’aimer tous les chefs d’Etat de la planète, ni même d’Europe.
Et je connais beaucoup de gens que Lech Kaczynski indiffère profondément. Ceci dit, je reconnais que cet accident est une tragédie pour le peuple polonais.
Cet espèce de consensus mou dès qu’une personnalité disparaît m’exaspère, je n’ai pas à feindre l’émotion ou la tristesse.
@ Marie
J’entends Stéphane Courtois parler de l’histoire de Chine, je l’entends aussi nous parler de l’histoire de l’URSS. Et à chaque fois sur un ton hostile… Et bien moi, je me méfie de ces spécialistes qui parlent de tout et de rien.
Voilà ce qu’a affirmé M.Poutine :
« Je ne savais pas que Joseph Staline a lui-même dirigé l’opération militaire de 1920 pendant la guerre soviéto-polonaise. L’Armée rouge a essuyé une défaite et de nombreux soldats soviétiques ont été faits prisonniers. Selon le dernier bilan, 32.000 soldats sont morts de faim ou de maladie en Pologne (…). Je crois personnellement que Staline se sentait responsable de cette tragédie et qu’il a ordonné de fusiller (les Polonais) pour se venger »
Poutine n’a en aucun cas justifié le massacre de Katyn et a même souligné la repentance de l’Etat russe mais il a expliqué que le massacre de katyn serait une vengeance de Staline pour les 32.000 prisonniers soviétiques morts en Pologne en 1920. Chacun sa version, mais ce qui est sûr c’est qu’on a beaucoup tué à Katyn et dans les deux autres camps. Moi, je voudrais juste souligner que quand on rapporte le discours de M.Poutine, on le rapporte en entier. Notre presse a tendance à tirer des conclusions rapides et supprimer des points essentiels du discours des dirigeants russes, chinois, iraniens ou autres. Dans ces conditions, ça ressemble plus à la désinformation qu’à l’information.
Deux amies d’Université polonaises, un ami allemand, des soirées sans fin à discuter, en chambre universitaire ou chez mes parents avec mon père qui connaissait bien ce pays, c’est peu pour revendiquer la moindre légitimité à analyser l’histoire de ce pays et pour verser dans une si facile compassion.
Par contre je ne peux éviter un certain agacement : pourquoi faut-il que la mort nous mette un boeuf sur la langue et la main. Ludovic n’a pas tort, ce président était tout sauf un type bien ; à peu près tous les dirigeants européens étaient d’accord là-dessus; et pas seulement eux (cf Minc ce matin sur Inter). Je n’arrive pas à comprendre ces choeurs de pleureuses à chaque mort. J’en viendrais presque à souhaiter la mienne, juste pour entendre tout le bien que certains diraient de moi ; à la réflexion je crois que je ne pourrai pas entendre grand-chose ; il n’y a donc pas d’urgence…
@Dioscure
Bonjour
Tenez-vous à une distance prudente de ce mythe trompeur de la charge de cavalerie sabre au clair contre des blindés. La Pologne de 1939 était un pays à l’économie vacillante, et peu capable de se doter d’une armée moderne pour cette raison. L’emploi de chevaux visait à pallier l’insuffisance de moyens motorisés. Les unités d’élite étaient hippomobiles, mais ne montaient à cheval que pour leurs déplacements. Hormis cette carence, leur armement était par ailleurs très correct, et elles connurent plusieurs succès lors des affrontements contre les Allemands.
La propagande allemande a brossé un portrait complaisant de la campagne polonaise, notamment avec la caricature du lancier polonais galopant contre des chars d’assaut. Cela relevait d’une opération de communication destinée à l’audience allemande, pour persuader chacun de l’irrésistibilité de la machine de guerre nazie face à des adversaires impréparés. Croyez-vous qu’il ne faille retenir de l’opération « Iraqi Freedom » de 2003 que le seul épisode de la soldate Jessica Lynch, résistant vaillamment aux nuées de Feddayins armée de son seul courage?
La fin abrupt du conflit de 1939 avec la défaite rapide de la Pologne est fondamentalement due à l’irruption inopinée des soviétiques suivant les clauses du pacte Molotov-Ribbentrop. On en revient toujours au même point.
Bien entendu, ces questions n’ont que peu de rapport avec l’actualité d’une catastrophe aérienne, mais des discussions passées avec des Polonais, jeunes ou moins jeunes, me laissent penser que ces gens détestent les multiples préjugés persistant à leur endroit, le mythe du cavalier polonais en fait partie.
Cordialement
Et en plus, les Polonais ne parlent pas le japonais, si je comprends bien le silence de Catherine Jacob…
Assez d’accord avec Olivier, l’histoire de la charge de la cavalerie polonaise appartient aux clichés de la Seconde Guerre. Il me semble qu’un témoin polonais le remarque déjà dans Nuit et brouillard, en tout cas dans un doc. célèbre de cette période.
@ Catherine A & Ludovic
Mais puisqu’on vous explique qu’il ne s’agit pas de célébrer la personnalité du défunt président (vous oubliez aussi les 96 autres victimes), mais de manifester notre solidarité envers le peuple polonais à l’occasion d’un deuil collectif.
@ Marie
Quand Poutine déclare : « la seule façon de résister aux menaces est… de refuser les philosophies exaltant la domination d’une population sur une autre au nom de la race ou de la religion », je pense à la politique russe en Tchétchénie (même si l’idéologie raciale n’en fut nullement le moteur), et aux lynchages racistes perpétrés en toute impunité dans cette belle Russie blanche. Et quand il prétend que les massacres de Katyn étaient une vengeance de la guerre de 1920, je me dis qu’il feint de ne pas connaître la personnalité de ce grand criminel de Staline… Mais si, Nicolas, Stéphane Courtois est un très bon historien.
@ Bernard76000 ex 27400
Bonne nouvelle !
A cette adresse : http://bit.ly/aVdkqk
La « Fantaisie sur des airs nationaux polonais, pour piano et orchestre op.13 », de Chopin avec Claudio Arrau au piano, est disponible !
Et bien d’autres oeuvres, d’ailleurs…
Marie-Hélène
Merci
Rédigé par: Patrick Pike | 13 avril 2010 à 22:17
« L’avion ce n’est pas le train et encore moins la voiture officielle ; ils l’oublient ayant une fâcheuse prédisposition à penser que tout doit se plier à leur volonté, hommes et machines.
Jusqu’au jour où la réalité les rappelle – mais est-ce si sûr ? – à un peu plus d’humilité.
Car, ne vous y trompez pas, ce drame que vit aujourd’hui la Pologne peut advenir dans n’importe quelle autre nation demain.
Si la fatalité peut être mise en cause parfois, la stupidité l’est bien plus souvent. »
Merci Patrick Pike, c’est tout à fait ça !
Tant de bêtise de la part d’une élite c’est vraiment inquiétant !
Qui sait ce qu’ils sont encore capables de faire !
Duval Uzan
@ Laurent Dingli
Stéphane Courtois fut un historien, il ne l’est plus. C’est désormais un employé zélé de la fondation Aznar, chargé de tester la propagande de l’ancien dirigeant franquiste et de s’introduire par le biais de prix et fondations universitaires dans l’orientation même de la recherche universitaire. On retrouve dans cette fondation non seulement Aznar, mais des banques, des trusts de la presse et des personnalités comme Juan Carlos…
Quant à Poutine, il a plutôt bien dirigé la Russie vue la politique occidentale de faire éclater l’URSS à la chute du communisme, dans le but d’affaiblir la Russie. La Tchétchénie, me direz-vous ? Il y travaille. Il a hérité de ce dossier, où la mafia s’est, là encore, longtemps et considérablement enrichie, de concert avec les trafiquants d’armes et de pétrole occidentaux. Sachant, là aussi, que via la Géorgie frontalière, que les USA veulent faire rentrer à tout prix dans l’OTAN, c’est un flux incessant d’argent et d’armes dans les poches des chefs de guerre pour maintenir une guerre civile à ses frontières. Les mêmes qui ont écrasé sous les bombes Palestine, Irak, Afghanistan ou Liban viennent, à présent, l’entraver dans la recherche de la paix en Tchétchénie. Poutine y arrivera. Le temps joue en sa faveur…
@Savonarole | 14 avril 2010 à 17:07
« et en plus, les Polonais ne parlent pas le japonais, si je comprends bien le silence de Catherine Jacob.. »
J’ai toujours du mal à offrir des paroles plutôt qu’une certaine empathie aux personnes en deuil. Or donc, puisque vous voulez le savoir, l’avion des polonais, le nouveau tremblement de terre d’une magnitude de 7 sur l’échelle de Richter qui vient de se produire en Chine où les propositions occidentales d’aide sont refusées, le meilleur ami de l’un de mes neveux qui, passager d’une voiture qui s’est encastrée dans un poteau, vient de décéder le cœur ayant lâché juste avant l’opération qui eût pu le sauver, tandis que le conducteur lui a survécu. Il avait tout juste vingt ans et toute la vie devant lui. Je pense aux parents… je pense à ces concours qu’il aurait réussis et qui lui auraient ouvert les portes de la vie mais que désormais il ne passera pas, je pense à mon neveu qui n’était pas dans le véhicule et qui, tel le soldat au fond du trou qui s’est creusé sous l’obus venant de frapper son camarade commence à se poser une question qui le taraudera longtemps : «Pourquoi lui? », je pense aux six ou sept cents victimes chinoises dont le nombre ne pourra que croître dans les prochains jours, je pense aussi, c’est juste, à la dramatique coïncidence qui frappe la Nation polonaise, et je pense à nous, si inutiles devant cette mort qui frappe si brutalement sans qu’on sache pourquoi…
Je pense à mes morts dont la douleur de la mort est ainsi ravivée…
Et j’ai encore bien sûr une petite pensée pour tous ces gens qui au milieu de tout cela continuent d’emmerder le monde, centrés sur leur infime petit ego de rien du tout ,suffisant malgré tout à leur boucher le paysage!
Donc, oui je n’ai rien à dire, et cela n’a rien à voir avec les compétences linguistiques des polonais en japonais!
Accessoirement je pense à Luc Chatel dont j’écoute présentement d’une oreille le blabla sur les retraites, vaste problème qui désormais ne concerne plus le jeune homme à l’aube de sa vie, qu’on aurait pu, mais qu’on n’a pas… sauvé!
Bonjour,
Grand merci à Alexandre Adler pour sa mise au point sur France Culture !
C’est vraiment le centenaire du coeur gros !!
Duval Uzan
@Laurent Dingli
Cher ami,
Il semblerait que le peuple polonais lui-même soit comme les commentateurs de ce blog, divisés !
Nombreux sont les Polonais qui ont les yeux ouverts sur la réalité de l’histoire dans leur Histoire et ne veulent pas que celui que ses « adulateurs » considèrent comme leur « cher petit président » soit enterré à côté des grands hommes de la Nation dans la cathédrale du château Wawel.
La famille avait pourtant le choix pour un autre lieu presque tout aussi prestigieux :
•La cathédrale Saint-Jean de Varsovie,
•Le cimetière militaire Powązki à Varsovie.
Elle a choisi, unilatéralement, leur Panthéon comme seule sépulture digne de la grandeur du personnage.
Je vous le disais dans mes précédents commentaires : tellement fiers que ça en devient « orgueil démesuré », même pour les Polonais.
La manière de faire comme le choix du lieu est tout aussi sujet de division :
– les autorités ont omis de consulter la nation,
– aucune des épouses des héros qui reposent là n’est inhumée à leur côté.
Cordialement
Pierre-Antoine
Laurent, verser des larmes de crocodile sur n’importe quel chef d’Etat serait une marque de compassion et de solidarité pour son peuple ? A part se donner bonne conscience pour pas cher, je n’en vois guère l’intérêt ; mais il est vrai que je suis myope…
@ Catherine A,
Je ne sais plus en quelle langue vous répéter qu’il ne s’agit pas de verser des larmes de crocodile ou d’alligator sur le président, qui est loin d’être la seule victime, mais sur le drame collectif vécu par la Pologne. Anyway, I give up, my dear…
@ Vous avez raison, mon cher Pierre-Antoine, il est bon qu’il y ait un débat au sein même de la Pologne.
@Pierre-Antoine
à voir la justesse de vos commentaires, on penserait volontiers que vous êtes Polonais.
Anna
@- Catherine A : quelle solidarité ?
On est bien seuls, vous et moi, sur ce blog…
J’aime bien vos gueulantes, vous me faites penser à Jeanne Hachette au siège de Beauvais…
Etant un des rares à tout lire ici de vous et à ne pas m’en cacher ni m’en lasser, Catherine Jacob, permettez que je vous dise qu’il s’agit ci-dessous de votre plus beau commentaire… On se dit, quand on a terminé de le lire : enfin, c’est elle qui s’exprime, elle ne s’égare plus, ne simule pas… On ne fait pas le poids face ces choses-là que vous écrivez et je n’ai rien d’autre à vous dire sinon ma grande sympathie.
Aïssa.
@Marie-Hélène | 14 avril 2010 à 20:48
« A cette adresse : http://bit.ly/aVdkqk
La « Fantaisie sur des airs nationaux polonais, pour piano et orchestre op.13″, de Chopin avec Claudio Arrau au piano, est disponible !
Et bien d’autres oeuvres, d’ailleurs…
Marie-Hélène »
Exact, mais, si peu que ce soit, payant !
Ici gratuit, de qualité musicale sans doute moindre, mais avec une illustration de la progression de la mélodie qui m’a ravie : http://www.youtube.com/watch?v=asDXpfFMKNA
Je me suis replongée au temps où j’apprenais ces mélodies avec un maître sévère et je reste perplexe devant tous ces diagrammes illustrant la complexité de ce qui est censé se passer dans la tête de l’interprète, me demandant ce que cela pourrait donner avec des fugues de Bach…
Chopin jeune, me fait penser à mon père à une époque où je n’existais pas encore et dont je ne me souviens que via des clichés. Plus âgé, il me ferait plutôt penser à Liszt, moins lisse et plus tourmenté.
Aaah, si j’avais les moyens de me racheter un bon instrument ainsi que la patience de recommencer à zéro et qu’il n’y ait plus que moi et la musique, rien que la musique et moi, égoïstement, sans toute cette laideur…!
« Il faut reconnaître à Alain Minc une infaillible constance à toujours se tromper »
Jean-François Revel.
@ Nicolas,
Vous portrait de Poutine, émissaire de paix ne me convainc pas une seconde. Et puis je ne comprends ce que vous dites quand, pour le rehausser par contraste, vous fustigez « Les mêmes qui ont écrasé sous les bombes Palestine, Irak, Afghanistan ou Liban (et qui) viennent, à présent, l’entraver dans la recherche de la paix en Tchétchénie… ». Qui sont ces « mêmes », les Etats-Unis ? Israël ? Les deux à la fois ?
Les Russes, communistes ou non, Poutine comme ses prédécesseurs, ont beaucoup de responsabilité dans la montée de l’islamisme dans cette région et dans l’état de guerre endémique qui y sévit : invasion de l’Afghanistan, guerres de Tchétchénie, soutien de l’épuration ethnique des frères serbes (cette fois en Europe), enfin politique de bulldozer qui n’a rien à envier aux mauvais calculs de la CIA sur les moudjahidins afghans et le royaume wahhabite… Votre analyse me semble donc trop manichéenne. A propos de Stéphane Courtois, je ne connais pas bien son évolution récente, vous avez peut-être raison, mais je faisais allusion aux nombreux ouvrages qu’il a écrits sur l’histoire du communisme, ouvrages qui m’ont toujours paru sérieux et bien documentés.
Un avion qui s’écrase c’est toujours terrible, qu’il s’y trouve des gens connus ou non.
Ce qui m’a le plus étonné dans cette triste histoire, c’est l’incurie des services de sécurité polonais pas fichus de faire en sorte de ne pas mettre tous ces « oeufs dans le même panier ».
Comment peut-on prendre autant de risques avec son pays ? Je trouve cela effarant et inqualifiable.
En ce point je rejoins quelques-unes des interventions faites ici.
Pour le reste, à chacun sa vision de l’histoire de ce pays ; je ne suis pas sûr que la mienne soit dans le sens le plus présenté ici.
@Aïssa Lacheb-Boukachache | 15 avril 2010 à 12:24
« On se dit, quand on a terminé de le lire : enfin, c’est elle qui s’exprime, elle ne s’égare plus, ne simule pas.. »
Je vous rassure tout de suite, c’est toujours moi qui m’exprime, jamais mon double. Même quand je passe par le truchement de citations parfois longues, mais toujours choisies ! Il m’arrive de dire des sottises, comme tout le monde, mais je peux vous certifier en toute bonne foi qu’elles ne sont jamais simulées !
@Cher Laurent Dingli,
« vous oubliez aussi les 96 autres victimes »
Même entre parenthèses votre remarque m’incline à penser que vous m’avez mal lu.
J’ai précisément écrit dans mon premier commentaire que je préférais penser aux autres victimes plutôt qu’à Lech Kaczynski.
Je ne méconnais pas plus que vous l’histoire de la Pologne et je compatis à la douleur d’un peuple que l’Histoire n’a jamais épargné.
Ma Pologne à moi…
C’est à cette époque que la direction du
Personnel du ministère m’informa de ma première
affectation à l’étranger, prévue pour le mois d’avril :
c’était l’ambassade de France à Varsovie, située
dans le quartier de Saska Kepa, au n° 9 c de la rue
Zakopianska. Et on me remit à cette occasion, avec
une certaine solennité, mon premier passeport de
diplomate.
J’avais postulé pour Bonn en premier, sans
trop me faire d’illusions. Bonn m’aurait rapproché
d’Hélène, et…qui sait ? Mais les postes dans les
grandes capitales, Rome, Londres, Washington ou
Bonn n’étaient pas à la portée des petits jeunots
débutants dans la carrière, à moins d’être bien né.
Et au fond, je n’étais pas mécontent de mon
sort. Pour moi, la Pologne, c’était Kosciuszko, le
compagnon de Lafayette dans la guerre
d’indépendance des Etats-Unis. C’était Marie
Walewska, la comtesse polonaise dont Napoléon eut
un fils naturel en 1810. C’était Marie Sklodowska et
Pierre Curie. C’était enfin le grand Frédéric Chopin
et George Sand. La Pologne, c’était un Pays ami qui
n’avait jamais été en guerre contre la France mais au
contraire toujours à ses côtés.
(En route pour Varsovie – Éditions L’Harmattan)
Excusez-moi, mon cher Ludovic, si je vous ai mal lu. Pour le reste, je ne me permettrais pas d’évaluer votre aptitude à la compassion qui ne regarde d’ailleurs que vous-même.
« qu’elles ne sont jamais simulées ! »
Rédigé par: Catherine JACOB | 15 avril 2010 à 20:10
Vous rassurez ainsi vos obligés lecteurs et vos anciens et futurs amants.
C’est bien.
Je l’ai déjà écrit et le redis ici, ne changez rien.
Jamais.
AO
@Catherine A,



Monsieur Dingli a raison. Il n’a jamais été question de sanctifier « un » homme, mais d’avoir une pensée chrétienne ?? pour toutes les victimes de ce tragique accident.
On connaît tous, plus ou moins bien, des Polonais d’origine. Ce qui est mon cas. Le Nord-Pas-de-Calais ayant accueilli un grand nombre de polonais à une époque où ses mines procuraient de l’embauche. Et personnellement je respecte à travers leur douleur, celle d’un Peuple qui se voit de nouveau touché par un obscur Katyn 2.
C’est vrai qu’il y a actuellement des divergences quant au lieu d’inhumation de ce président, mais il serait inconcevable d’inhumer ailleurs qu’auprès de son mari, une épouse décédée avec lui, dans de telles circonstances !! Après de tels instants, ces discussions me semblent quelque peu mesquines !
Depuis, le ciel s’en mêle ! Comme quoi le destin apporte toujours sa petite note de piment. Un nuage de cendres traverse actuellement l’Europe, contraignant chez elle la fermeture de ses aéroports ! Katyn laissera un goût de cendres. La Pologne gardera à jamais les circonstances qui auront entouré le décès et les funérailles de leur président.
Cette divergence ne doit pas faire oublier qu’il règne actuellement un voile d’incompréhension quant aux origines de l’accident ! En d’autre temps, il aurait été certainement cause d’une guerre !
Beaucoup de doutes et des bruits divers se répandent sur le net. Leur lecture est troublante.
Que penser de cette tragédie lorsqu’une chaîne de télévision privée « Imedi », contrôlée par le président géorgien Mikheil Saakashvili, avait diffusé le 13 mars dernier un reportage fiction mettant en scène une attaque à la bombe orchestrée par la Russie contre l’avion présidentiel polonais qui aurait provoqué un crash à la frontière caucasienne ???
http://gazeta.ua/index.php?id=334930&lang=ru
http://www.lesoir.be/actualite/monde/2010-04-13/la-tele-georgienne-avait-mis-en-scene-la-mort-de-kaczynski-764076.php
Cette mise en scène de fort mauvais goût, se voit néanmoins un mois plus tard, concrétisée par l’accident de Smolensk qui a bel et bien eu lieu !
Bien des questions se posent, lorsque l’on regarde photos et vidéos sur internet. Entre autres celle-ci, comment un avion présidentiel a-t-il pu tenter de se poser sur un ancien aéroport militaire russe, « Nord », comme il est appelé, alors qu’il n’a rien d’un aéroport international ? Qui dispose de surcroît d’un archaïque éclairage au sol de piste qui laisse supposer que celui-ci ne devait pas très bien fonctionner le jour de l’accident.
Que penser de celui-ci ?
Et cette autre, comment se fait-il qu’entre l’opérateur russe et les pilotes polonais le langage international ne semblait pas être utilisé ?
Que dire encore de ceci ?
http://www.youtube.com/watch?v=-DbLgBifsTU&feature=player_embedded
C’est tragique. Quelle inconséquence ! Quelle légèreté !
Rien que pour tout cela au moins, il me semble que toutes les victimes d’une part et le peuple polonais d’autre part méritent notre respect et comme l’écrit monsieur Bilger quelques minutes de Chopin en hommage.
Tristesse
http://www.youtube.com/watch?v=RQt27s6RaX0&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=4C-oiN_KDD0&feature=related
J’ai malencontreusement employé le mot « aéroport » alors que dans le cadre de la piste d’atterrissage de Smolensk, il fallait utiliser celui d' »aérodrome » !
Dans l’éventualité où des personnes voudraient suivre les obsèques du Président de la Pologne et de son épouse, celles-ci sont retransmises en direct à partir de 13 H, sur le site du journal :
http:www.gazeta.pl/
Katyn – enfin Wajda !
***
Trois ans d’attente…
Katyn*, le film d’Andrzej Wajda réalisé en 2007, arrive en France dans sa version DVD après une sortie plutôt confidentielle dans trois salles parisiennes et quelques villes de province en 2009.
*Katyn : près de Smolensk, forêt située à environ 50 kilomètres de la frontière biélorusse.
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Crime, mensonge et oubli
En avril 1940, 21957 prisonniers de guerre polonais furent exécutés par les services spéciaux du NKVD (police politique secrète du parti communiste de l’URSS) dont plus de 4000 dans la forêt de Katyn ; tous officiers, en majorité réservistes, tous appartiennent à l’intelligentsia polonaise -élites politique, économique et culturelle.
Décision prise par le Politburo qui avait alors pour membres : Staline, Molotov, Beria, Kaganovitch,Vorochilov, Kalinine et Mikoïan après le partage de la Pologne avec l’Allemagne en 1939, et alors que les Allemands construisait, de leur côté, le camp de concentration d’Auschwitz qui n’était pas encore destiné à l’extermination des juifs mais aux officiers polonais faits prisonniers.
A l’initiative de Khrouchtchev, on déporta tous les membres de leur famille dans le Kazakhstan pour 10 ans, adultes et enfants.
Le seul crime de tous ces officiers : aspirer à la renaissance d’une Pologne indépendante ; patriotes polonais soupçonnés, une fois libérés, de vouloir prendre une part active à la lutte contre la prise de contrôle de la Pologne par l’URSS et sa politique impérialiste ; ce même patriotisme qui infligea une défaite humiliante à l’armée communiste en 1920 lors de la première tentative d’annexion de la Pologne par la nouvelle URSS.
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Terreur et idéologie : fin du droit, de la responsabilité et de la culpabilité individuelles. Nettoyage ethnique chez Hitler contre nettoyage de classe chez Staline…
Pendant plus de quarante ans les Soviétiques réussiront à camoufler ce crime à leur population et à celle de l’Europe de l’Est et à en accuser les nazis. Il faudra attendre les années 80 pour que l’URSS reconnaissance son entière responsabilité – inutile de préciser que la Grande Bretagne et les Etats-Unis connaissaient la culpabilité de l’URSS depuis 1942 et nous tous aussi, en Europe de l’Ouest.
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On estime à plus de 400 000 le nombre des victimes (déportation, emprisonnement ou assassinat) de l’occupation russe de la Pologne durant la seule période de la seconde guerre mondiale : 400 000 sur une population de 12 millions.
Les commémorations des événements tragiques d’il y a 70 ans avaient été assombris le 10 avril par la catastrophe du Tupolev-154 avec à son bord la très nombreuse délégation de Pologne conduite par son président Lech Kaczynski.
Sur ordre du président russe Dimitri Medvedev, la Russie a mis en ligne, hier, des archives russes touchant le massacre de plus de 4 000 officiers polonais dans la forêt de Katyn, à l’ouest de Smolensk en 1940. En tout, dans d’autres lieux, plus de 20 000 officiers polonais ont été massacrés sur ordre de Staline.
La Russie considère le drame de Katyn comme un crime de Staline et de son entourage. La position de Moscou à ce sujet a été formulée et reste inchangée, soulignait précédemment le chef de l’Etat russe.
http://www.rusarchives.ru/
La Russie a également ouvert ses archives sur ce que furent les « accords de Yalta ».