Le tribunal de l’application des peines de Melun a rejeté la demande de libération de Jacqueline Sauvage (Le Figaro).
Je n’ai pas à discuter cette décision mais j’estime afficher une position majoritaire en affirmant que personne n’aurait été choqué par un jugement contraire et en exprimant le voeu que rapidement il soit fait droit à sa requête. Mon point de vue est d’ailleurs validé par celui du ministère public qui ne s’opposait pas à sa sortie.
Mais Jacqueline Sauvage a été victime de ses soutiens.
Il y a dans un processus judiciaire parfois une part psychologique résiduelle qui irrigue l’analyse purement juridique. Je suppute que cette juridiction a voulu d’autant plus faire preuve de sérénité, voire de rigueur que la condamnation justifiée de Jacqueline Sauvage a été suivie par un délire politico-médiatique qui a eu des effets dévastateurs, on le constate aujourd’hui.
Une méconnaissance totale de la réalité des audiences criminelles et du rôle des jurés.
La médiocrité de sa défense qui a plaidé absurdement un acquittement impossible.
La comparaison avec un procès exemplaire qui a suivi et a montré de manière limpide ce qu’il aurait fallu soutenir et argumenter. Avec un arrêt équitable, juste et mesuré.
L’effervescence ignorante et partiale de la multitude des médias et une certaine démagogie politique prête à enfourcher n’importe quelle cause, en mêlant le pluriel d’un combat au crime d’une personnalité.
La complaisance et l’immixtion présidentielles.
Les associations féministes à la fois vindicatives et ignorantes.
Un comité de soutien qui aurait prêté à rire si la tragédie n’avait pas été trop réelle avec sa composition médiatico-mondaine et ses décrets péremptoires. Ne rien savoir est parfois un privilège mais il ne faut pas en abuser!
Durant quelques jours, on a dû subir ce tintamarre grotesque, multiple et composite.
Je suis tristement obligé de constater que certains politiques, notamment Jean-Christophe Lagarde, aujourd’hui n’ont rien appris et continuent sur cette même pente outrancière.
Alors que cette décision de rejet, que le TAP motive juridiquement, est la rançon aussi d’une confusion des rôles et d’une instrumentalisation de l’émotion portées à leur comble au mois de janvier 2016.
Quand on a dépassé les limites, et si largement avec l’affaire Sauvage, tôt ou tard on le paie. Et l’institution honteusement vilipendée et incomprise se rattrape.
Cela ne m’empêchera pas, en fustigeant ses soutiens ridicules ou néfastes, de souhaiter que Jacqueline Sauvage ne fasse plus parler d’elle.
Mais en liberté.
Et malgré ceux qui à ses côtés l’ont accablée.
En somme, ne pouvant punir ses comités de soutien, les féministes ni le président de la République, c’est elle que l’on punit. Au nom de la justice !
La sagesse populaire dit pourtant : La voie de l’enfer est pavée de bonnes intentions.
L’enfer carcéral et psychologique de Jacqueline Sauvage et les bonnes intentions de ses soutiens.
Lesquels soutiens auraient pu penser qu’à pousser trop fort, on pousse parfois trop loin.
Dommage pour cette malheureuse qui avait déjà connu l’enfer pré-carcéral sans qu’aucun soutien ne se manifeste.
Pour se remettre l’affaire en tête, le commentaire juridique en plus, un billet d’Eolas (février) : http://www.maitre-eolas.fr/post/2016/02/03/De-gr%C3%A2ce
Les réseaux sociaux, les associations et les médias ne peuvent pas (encore) forcer la main à la Justice : tant mieux !
Lorsque les justiciables et leurs défenseurs sont d’une autre envergure, cela reste-t-il vrai ?
Les soutiens de Mme Sauvage étaient tellement nombreux qu’ils avaient réussi à envoyer la vérité au fond du puits. La meurtrière était devenue une victime qui avait eu raison de tuer son mari et le président l’avait grâciée. Plus dure est la chute, plus tragique est le dénouement.
Les media avaient titré sur la « grâce présidentielle » accordée par M. Hollande. Alors que celui-ci avait ajouté partielle au mot grâce. Je ne me demande pas pourquoi il a agi ainsi. Il est pourtant capable d’aller au bout de sa démarche, il n’est pas pétrifié par la peur de vaincre. Il aurait pu grâcier complètement cette femme qui a assassiné de trois coups de fusil dans le dos le père de ses enfants. Je crois qu’il a agi ainsi car il n’a pas la conscience tranquille après tout ce qu’il a fait subir à Ségolène, Valérie et toutes les autres.
Une décision de M. Hollande de grâce totale aurait pu faire jurisprudence et faire croire que l’assassinat d’un mari ou d’un concubin indélicat pouvait ne pas être punissable avec toute la rigueur contenue dans le code pénal.
L’explication peut être trouvée dans le fait que notre Justice s’est souvent montrée trop sensible à l’opinion publique. De sorte que des collectifs peuvent parfois enfourcher des modes de défense inadéquats et contre-productifs.
De même cette idée que la vox populi peut et doit avoir raison sur le droit alors que nous vivons tout de même dans un pays dont les institutions, certes perfectibles, régulent plutôt correctement les rapports sociaux.
@ Philippe Bilger
Ne rien savoir est parfois un privilège mais il ne faut pas en abuser !
Exactement ce que je pense de votre position sur Bachar el-Assad et la Syrie, sauf que dans ce cas, il ne s’agit pas « seulement » d’un dramatique fait divers, mais d’un massacre de masse.
Durant quelques jours, on a dû subir ce tintamarre grotesque, multiple et composite.
Je n’aurais pas dit mieux au sujet des partisans de l’alliance avec le criminel Assad il y a un an et demi…
Un comité de soutien qui aurait prêté à rire si la tragédie n’avait pas été trop réelle avec sa composition médiatico-mondaine et ses décrets péremptoires.
Eh ! Eh ! On ne médite jamais assez ses propres paroles…
Les commentaires des lecteurs du Figaro…
http://premium.lefigaro.fr/flash-actu/2016/08/12/97001-20160812FILWWW00111-la-demande-de-liberation-conditionnelle-de-jacqueline-sauvage-rejetee.php
…très majoritairement scandalisés par cette décision, montrent le succès médiatique des soutiens de Mme Sauvage.
Je ne suis même pas sûr que ceux qui défendent Mme Sauvage réalisent tous bien les idées qu’ils soutiennent indirectement. Si on interprète, ce soutien signifie qu’il est permis de tuer avec préméditation un mari violent (à supposer que le mari fût réellement violent, question sur laquelle il reste des doutes, les témoignages des enfants ayant eu du mal à convaincre les jurys).
On a beau élever la femme au pinacle, en faire le réceptacle de toutes les vertus, et mettre l’homme plus bas que terre, sujet à tous les vices, on reste dubitatif devant une telle morale.
Inversons. Si, comme cela arrive parfois, la femme battait son mari, serait-il loisible à celui-ci de l’abattre de sang-froid ?
« Quand on a dépassé les limites, et si largement avec l’affaire Sauvage, tôt ou tard on le paie. Et l’institution honteusement vilipendée et incomprise se rattrape. »
Cher Monsieur Bilger,
Au-delà des péripéties judiciaires qui ont conduit à un tel jugement et sur lequel je me garderai bien d’apporter un avis faute de détenir en la matière une once de connaissance digne de ce nom, cependant, vos conclusions me laissent coi sur le sentiment profond de l’idée même de justice.
Ainsi le justiciable peut être emporté sur des considérations qui ne relèvent pas de son acte mais d’un environnement médiatique agressif, ou bien d’un angle utilisé par ses défenseurs en décalage avec les faits reprochés ?
La force d’un procès n’est donc pas de puiser sa substance dans l’extrême profondeur de la recherche de la vérité mais dans la forme que les intervenants utilisent pour atteindre leurs buts respectifs ! En sorte, on est plus près d’une comédie humaine dont l’accusé peut sortir, selon la qualité des acteurs, plus ou moins puni !
Le pompon est atteint quand « l’institution » se venge sur le dos du justiciable pour avoir été « honteusement vilipendée et incomprise ».
Donc, si j’ai bien saisi, la susceptibilité de la justice peut faire d’elle un outil démoniaque quand on attend rigueur et impartialité !
Justice ou politique, il faut choisir !…
La liberté peut-être, mais conditionnelle et sans permis de chasse, hein !
Pourrait-on savoir ce que deviennent les criminels des cent et quelques femmes qui meurent chaque année victimes de leurs coups et blessures ?
@xc 12/8/16 – 13.55
Merci pour le lien… qui confirme que jamais il ne faut rester sur l’écume d’une affaire, ie. ce qu’en disent et en écrivent les médias.
La relation de cette affaire, un peu oubliée, et c’est tant mieux, vérifie l’adage « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis, mes ennemis, je m’en charge. »
De plus, elle illustre les calculs très compliqués de la durée réelle de la détention. Pourquoi faire simple si on peut faire compliqué ?
Troisièmement la sphère médiatique et associative est toujours la même. Grâce pour les assassins, elle est présente aujourd’hui dans les affaires de terrorisme et oeuvre en quantité et qualité pour que le maximum de migrants rentrent en France, malgré les fortes présomptions de leur caractère infesté par les terroristes. Avec ces gens-là on peut avoir confiance dans l’avenir. Et cela a un mot : la lâcheté.
Je ne sais pas pourquoi, en définitive, Mme Sauvage a tué son mari mais vous avez raison, ses amis l’ont condamnée, eux, avec leur délit de bêtise.
Un autre article sur le sujet :
http://www.causeur.fr/jacqueline-sauvage-proces-prison-39620.html
Je suis agacé par la caricature des médias « La pauvre femme battue tue le méchant mari ». La réalité, à travers ce qu’on peut lire des deux procès, apparaît très différente. C’est d’ailleurs pourquoi elle a été condamnée.
« La complaisance et l’immixtion présidentielles.
Les associations féministes à la fois vindicatives et ignorantes.
Un comité de soutien qui aurait prêté à rire si la tragédie n’avait pas été trop réelle avec sa composition médiatico-mondaine et ses décrets péremptoires »
Vous avez raison M. Bilger, la « médiatico-mondaine » a cru tordre le bras à une justice qui avait, dossier et auditions en main, toute raison de condamner, par deux fois, Mme Sauvage, qui a attendu 43 ans pour tirer trois balles dans le dos de son, toujours, mari.
L’absolution, même partielle, n’est pas l’affaire d’un homme, fût-il président de la République. Chacun à sa place et… etc.
Dans un billet précédent certains s’offusquaient que l’on puisse tirer, avec du gros sel, sur des vendeurs de drogue, mais visiblement beaucoup (quelquefois les mêmes) ne s’indignent pas que l’on puisse tirer, à coup de fusil et à cartouches réelles, trois fois dans le dos d’un homme, également, un salaud.
Comme quoi…
Ce qui est positif dans cette affaire c’est que le Parquet , favorable à sa libération, vient d’interjeter appel de la décision du juge. Il est à espérer que cette pauvre femme ne soit pas victime d’une double peine à savoir les sévices infligés par son mari et la détention qu’elle subit alors que le chef de l’Etat lui avait accordé une grâce partielle. Cette pauvre victime n’a rien à faire dans une prison alors que d’autres moyens sont à la disposition de la Justice pour gérer sa condamnation.
Je suis consternée par l’image que vous donnez de la justice. La décision dépend donc en partie de quelque chose d’extérieur au dossier…
Pathétique !
Bonjour,
Je ne connais pas le dossier, mais enfin quand même. Il y a une chose que je n’arrive pas à comprendre et qui me choque c’est pourquoi une telle différence de jugement entre Mme Sauvage, condamnée à dix ans de prison pour avoir tué son mari la maltraitant pendant 43 ans et ayant violé sa fille, et l’ex-petit ami de l’actrice Marie Trintignant tuée à coups de poing à la tête et condamné seulement à huit ans ferme ; et libéré avant la date.
Il me semble que le procès de cette personne n’est plus à faire. Il a été fait. Qu’elle fasse quelques mois de plus ou de moins en prison pour son crime, il n’y a pas de quoi s’étriper. Sa famille dans son entier mérite une certaine pitié, il ont une case de vide à mes yeux, mais pas suffisamment pour être considérés comme irresponsables, donc que la loi passe, c’est juste.
Là où il y aurait un problème, c’est si la justice décidait du sort des justiciables en fonction de considérations qui n’ont rien à voir, ou si peu, avec l’intérêt de la société, ou la dangerosité des gens dont elle examine le cas. Si la justice se sert des gens dont le sort est entre ses mains pour régler ses comptes, si elle applique la lettre de la loi au détriment de l’esprit de la loi, elle n ‘a plus de justice que le nom. Ce soupçon qui paraît fondé la décrédibilise ; la justice se doit, je le pense, d’être obsessionnellement vertueuse.
Souvenons-nous mes frères de l’affaire d’Outreau !
Source Wikipédia : « Le 8 février 2006, Fabrice Burgaud est auditionné par les parlementaires pour faire le point sur ses actions en tant que juge d’instruction durant l’affaire d’Outreau. L’événement est relayé par plusieurs chaînes de télévision (entre autres TF1, France 2, LCI et La Chaîne parlementaire) et les radios.
Le juge Burgaud dit dès le début : « Aujourd’hui, peut-être plus que tout autre, je peux sentir leur souffrance [des acquittés, dont certains étaient présents dans la salle d’audition], me représenter ce qu’ils ont vécu, l’enfermement, la séparation d’avec des êtres chers, leur honnêteté contestée… Je suis entièrement responsable de mon instruction et je ne souhaite pas éluder ma responsabilité ».
Il a estimé, au risque de choquer, « avoir effectué honnêtement son travail sans aucun parti pris d’aucune sorte ». Il a également insisté, en livrant des détails édifiants, sur la gravité des faits dénoncés, sur le caractère horrible des témoignages des enfants décrivant des sévices épouvantables.
Le magistrat s’est dit choqué d’avoir été présenté comme une machine à appliquer le droit. « Je ne suis pas la personne qu’on a décrite et je n’ai pas tenu certains propos qu’on m’a prêtés. Avec le recul et la connaissance que j’ai aujourd’hui de l’affaire, j’aurais pu instruire autrement. J’ai peut-être commis des erreurs d’appréciation mais quel juge d’instruction n’en commet pas ? » Et d’insister, évoquant au passage la pression médiatique qui a pesé sur lui, le caractère solitaire de la mission du juge et le fait qu’aucun membre de sa hiérarchie ne lui a dit qu’il faisait « fausse route à l’époque de l’instruction ».
Il explique ses études, ses débuts en tant que juge et son enquête, les difficultés qu’il a rencontrées pour trouver des preuves, et précise la nature des témoignages. Il avoue également ses faiblesses et son manque d’expérience pour prendre en charge une affaire d’une telle ampleur, mais n’estime pas être le seul coupable dans ce dysfonctionnement.
L’audition a duré de 16 h 45 à 23 h 56.
Le lendemain, les médias le décrivent comme embarrassé, peu convaincant et écrasé par l’énorme pression et les menaces.
La presse a rapporté qu’à l’occasion de cette enquête, Fabrice Burgaud, n’a ni présenté des excuses ni formulé de regrets.
La sanction
Le vendredi 24 avril 2009, le Conseil supérieur de la magistrature inflige une « réprimande avec inscription au dossier » au juge Burgaud. Sa défense envisage un recours auprès du Conseil d’État, avant de renoncer définitivement à tout recours le 13 juillet 2009. »
Malheureusement nous n’avons plus de juges qui se nomment Jean-Jules Popinot !
Bravo pour ce commentaire mesuré et si vrai. Qui parle encore des deux condamnations par des jurys populaires (première instance et appel) ? Et que penser des commentaires d’aujourd’hui des avocates qui desservent tellement leur cliente ??
« Le 10 septembre 2012, dans un pavillon résidentiel de La Selle-sur-le-Bied, dans le Montargois »… J’ai essayé de comprendre, mais dès cette première phrase je me suis dit qu’il y avait de quoi se tirer une balle.
« La Selle-sur-le-Bied », non mais rien que ça déjà c’est la mort du petit cheval, et puis alors « le Montargois », on se pend.
Du Marcel Aymé sombre.
Elle a dû bovaryser longtemps avant d’appuyer sur la gâchette.
J’ai écouté votre interview sur RTL entre Frémonville et Cirey-sur-Vezouze et j’ai été intéressée par un propos qui ne figurait pas dans votre billet du jour, à savoir que Mme Sauvage avait été la victime de l’expérience tentée par ses avocates de transformer les faits en une cause théorique.
Si j’ai bien compris, l’expérience visée a été celle de transformer un homicide volontaire ayant consisté à tirer un coup de fusil dans le dos d’un époux et d’un père violent et coupable de divers abus sur les membres de sa famille, en une cause théorique, pour faire juger en lieu et place des faits reprochés commis avec la circonstance atténuante de la violence subie, la cause des femmes battues.
Avant votre intervention, le journaliste avait expliqué que dans les quinze pages de motivation de la décision figurait celle-ci, que la détenue ne semblait pas avoir pris l’exacte mesure des motifs de sa condamnation, persistait à se considérer comme innocente de l’homicide cependant reconnu comme ayant été délibérément commis et envisageait de retourner vivre chez sa fille, c’est-à-dire aussi dans la proximité des lieux de la commission des faits où elle bénéficie d’un ardent comité de soutien, ce qui n’allait pas l’aider à prendre conscience qu’elle n’avait pas été victime d’une condamnation injuste, autrement dit nécessitant dès lors réparation.
Je suis, moi aussi très sensible, pour des raisons à la fois théoriques et à la fois ne l’étant pas mais dont je ne souhaite pas débattre ici, à la cause des plus faibles battus, manipulés, et victimes d’une façon générale de « la loi du plus fort », que ce soit psychologiquement (harcèlement moral, climat incestueux) ou physiquement (coups, viols).
Toutefois, la cause dite des femmes battues est à intervenir légitimement lorsque c’est le bourreau qui se retrouve sur le banc des accusés. Ici, c’est sa victime qui en a eu ras la casquette et s’est fait justice elle-même alors que dans nos démocraties il y a d’autres solutions même si l’écoute que trouve la femme battue auprès des autorités n’est pas toujours à la hauteur de la situation.
Je pense comprendre les magistrats qui disent que ce n’est pas la même chose.
Maintenant je pense également comprendre comment on peut être manipulé par son bourreau pour être amené(e) à commettre sur la personne de ce dernier l’irréparable d’une façon qui à la fois le punit – ce que quelque part sans doute, il cherche -, et à la fois sera punie ce qui représente une ultime dynamique perverse.
Que je sache, ce n’est cependant pas ce qui a été plaidé.
Pourtant c’est là une situation connue et depuis longtemps, vu qu’elle a été dûment décrite par Hegel dans l’Histoire de la philosophie, chapitre « La Chine », bien que d’une façon un peu différente.
Quand bien même l’existence de toutes ces multiples circonstances atténuantes et ainsi que considération prise de l’âge de la détenue, Mme Sauvage dont, à un niveau inconscient, le patronyme n’a pas dû plaider en sa faveur auprès des jurés, alors même que si sauvagerie il y a eu, cela a tout d’abord été le fait de monsieur, et je pense qu’un petit détour des avocates par la théorie lacanienne du nom propre eût pu aider, je ne supporte pas, en ce qui me concerne, les attaques par derrière, le fait de parler ou tirer dans le dos des gens, de fuir le regard, les dénonciations anonymes et tutti quanti. Mais bon, je suis bélier et le bélier fonce, dit-on, la tête la première.
Ceci étant, je me félicite de ne pas avoir choisi la carrière juridique, je ne pourrais moralement supporter d’être constamment écartelée entre de bonnes raisons contraires et je suis bien contente de pouvoir le cas échéant, dans le domaine qui est le mien, persister dans l’erreur sans que cela fasse de tort irréparable à quiconque, vu le droit de réplique.
En ce qui concerne Hollande, le problème est celui de la demi-mesure. Après tout ce qu’il a fait, un peu plus, un peu moins n’eût pas changé grand-chose et octroyer une grâce complète en usant de ses prérogatives en vertu de l’article 17 de la constitution, n’eût fait descendre personne dans la rue et lui aurait valu beaucoup moins de critiques et d’inimitié que le sempiternel recours au 49-3. De plus cela aurait eu le mérite de mettre un terme à une situation effectivement dramatique, car qui dit gracié, ne dit pas « non coupable ».
Vu le contexte actuel dramatique, ce même juge qui a condamné Mme Sauvage à une double peine imméritée (nom de son mari bourreau) ferait mieux de se pencher sur le cas des terroristes. Là il y a du boulot bien plus important que de condamner une femme qui a déjà largement souffert. Il ne faut pas s’étonner que de nos jours, lorsque la justice est injuste et ne fait pas correctement son boulot, les gens fassent justice eux-mêmes pour arrêter les souffrances. Et ça se comprend.
@Savonarole 12 août 2016 à 21:15
J’espère que votre nom ne sera jamais tiré au sort pour faire partie du Jury. Vous me semblez très déséquilibré.
@breizmabro – 12 août 2016 à 17:56
« Mme Sauvage qui a attendu 43 ans pour tirer trois balles dans le dos de son, toujours, mari « maltraitant »
Je vais vous raconter une histoire véridique. Malheureusement ce genre de cas est très fréquent et ignoré de la police et de la justice pour bien des raisons.
Il y a deux ans, en sortant de la FNAC Etoile, je vois une dame âgée et très coquette mais diminuée physiquement allant traverser l’avenue. Je l’aide en la tenant par le bras. Pour me remercier, cette dame m’invite à prendre un café sur la terrasse d’en face pour me remercier. J’avais senti qu’elle avait besoin de parler à quelqu’un. Elle était adorable et très douce. Devant nos tasses de café, cette dame s’est mise à me raconter sa vie conjugale. Riches, éduqués et instruits, cette dame a pourtant subi de la part de son mari des brimades humiliantes, des coups, des insultes devant ses quatre enfants terrorisés, mais n’osait jamais se plaindre à personne par peur d’être mal jugée. Cela ne se disait pas à l’époque et si une femme osait révéler ce qui se passait à la maison, personne ne m’aurait cru, et c’est moi qui me serait fait traiter de menteuse, m’avait-elle avoué. Jusqu’au jour fatal où elle a failli être tuée. Elle a appelé la police. Celle-ci lui déclara qu’elle ne pouvait rien faire et que les affaires de familles n’étaient pas de leur ressort. Depuis, cette dame n’a jamais pu déposer plainte contre son mari par peur de représailles d’un côté, et de l’autre la justice ne faisait rien. Pendant plus de 38 ans, cette dame a été frappée devant les enfants. Avant de prendre congé, elle m’avait avoué que si elle pouvait le tuer elle l’aurait fait pour sauver sa famille parce que la justice ne faisait rien. Trois ans plus tard, son mari meurt d’alcoolisme (crise cardiaque foudroyante) C’était entre 1960 et 1998. Cette dame ne laissait apparaître sur son visage que tristesse et chagrin d’un mariage très malheureux et maltraitant. Et pourtant c’était une famille de la bonne société, comme on disait autrefois.
Les violences faites aux femmes méritent, bien entendu, que le public soit sensibilisé à ce fléau qui touche toutes les couches de la société. Mais la médiatisation à outrance du procès de Jacqueline Sauvage a manifestement contribué au rejet de la demande de libération de la part du tribunal d’application des peines de Melun, sans doute excédé par la pression médiatique des associations féministes et mouvements de soutien à Jacqueline Sauvage.
Il est clair que cette pauvre femme qui a enduré pendant 43 longues années les violences de son mari a agi sur un coup de folie passagère.
Ce qui est difficile à comprendre c’est comment cette femme a-t-elle pu rester avec cet ignoble individu pendant autant de temps. Elle pouvait demander le divorce, se réfugier dans un foyer pour femmes battues avec ses enfants plutôt que de vivre un tel enfer.
Sans doute subissait-elle la domination de son mari au point d’être incapable de prendre la moindre initiative.
Il n’en demeure pas moins que vouloir maintenir cette pauvre femme en prison est parfaitement cruel, quelle que soit la méthode assez sordide avec laquelle elle a tué son mari.
Espérons que sa libération se fasse dans les meilleurs délais et qu’elle puisse enfin finir les reste de ses jours en paix, loin des délires médiatiques.
@Achille à 23:14
La France a deux décennies de retard par rapport à certains pays bien plus évolués qu’elle, France qui se dit le pays des droits de l’homme mais protégeant bien mieux les délinquants, les ripoux de lobbying et j’en passe. Nos élus incompétents et machos ne font pas leur travail. Dans tous les pays démocratiques civilisés occidentaux, ce n’est pas à l’épouse ni aux enfants de quitter la maison familiale mais à l’époux bourreau. La France a perdu sa tête. Si les lois sont mal faites, c’est aux juges de veiller à une bonne justice et de rectifier le tir.
Cher Philippe,
Une petite chose à dire : ni cette femme, ni sa famille ne sont des jouets politiques et médiatiques.
Hollande ne connaît rien en droit. En voulant plaire à son fils et à son âne, c’est-à-dire en ne prenant pas de décision claire, il a créé une situation de détresse humaine et un flou juridique.
françoise et karell Semtob
Beaucoup de commentateurs ont gobé la ligne et l’hameçon du « storytelling » médiatique.
En effet, ils considèrent comme certain que Mme Sauvage était une femme battue. Or, les comptes rendus d’audience montrent que c’est resté un point douteux lors des deux procès (pas de main courante, pas de plainte, pas de témoignage hors des filles et même celui-ci est bizarre… et la durée, 47 ans ?). Le seul point établi est le caractère colérique de M. Sauvage, mais justement, de là à faire de Mme Sauvage une femme battue… D’autant plus qu’elle-même a montré un caractère violent (poursuite en voiture de la maîtresse de son mari, obligée de se réfugier à la gendarmerie !).
Il faut exercer la plus grande méfiance vis-à-vis de la caricature médiatique des affaires judiciaires, forcément complexes. Alors quand s’y rajoutent des motivations militantes…
Les médias ont besoin d’un bon, blanc comme neige, et d’un méchant, noir comme le charbon. La réalité, surtout dans les affaires de couple, est très différente.
Cela ne signifie d’ailleurs pas que l’information est cachée, il suffit de lire les chroniques judiciaires, mais qui se donne cette peine ?
En tous les cas, une certitude : Mme Sauvage a été condamnée deux fois par des jurys populaires qui ont disposé de temps pour réfléchir sur le dossier. Jurys populaires qui ne sont pas composés de gens différents de ceux qui crient aujourd’hui à l’injustice sans connaître le dossier.
Enfin, les motivations des juges d’application des peines, à savoir que Jacqueline Sauvage n’admet pas la gravité de son acte, ne paraissent pas délirantes.
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Un mot plus général.
Contrairement à la formule consacrée, je n’ai pas confiance dans la justice de mon pays.
Les raisons de cette défiance sont :
> la complexité et l’empilement des lois. Le légal et le juste devraient coïncider, les lois sont désormais trop complexes pour que cela soit possible. Un patron disait récemment que tous les patrons français sont des délinquants : le droit est tellement complexe que chaque patron enfreint une ou plusieurs lois sans le savoir. On peut étendre cette considération à tous les Français. C’est la marque des tyrannies qu’on trouve toujours une loi pour vous condamner.
> l’idéologie des juges. Inutile d’y revenir, tout le monde connaît. Mais ce n’est qu’un élément parmi d’autres.
> le manque de moyens de tous ordres.
> la féminisation. Je suis convaincu que les fonctions d’autorité (y compris instituteur) ont vocation à être remplies par des hommes, que les femmes ne peuvent y être que l’exception, qu’à partir du moment où il y a trop de femmes, l’autorité s’évapore (c’est à peine une conviction, c’est presque uniquement un constat).
Il n’empêche que l’affaire Sauvage est peut-être bien jugée, ça arrive aussi.
Horreur et désespoir : ainsi la Justice ne serait pas capable de faire la différence entre ce qui est dû à l’accusée et ce qui est dû à ses soutiens ? Et elle ferait payer à l’accusée l’agitation désordonnée de ses comités de soutien ? J’espère que non ! Car alors cela signifierait que la Justice est bien trop victime de sa subjectivité.
Cette femme n’a pas su protéger ses enfants des viols de son mari, personnellement c’est ce que j’en retiendrai, comme trop de mères – pendant que les autres acceptent de subir l’acharnement des défenseurs des agresseurs et à quel prix parfois – elle a fermé les yeux alors qu’elle aurait dû réagir. Le reste est secondaire et son sort m’indiffère.
@Claude Luçon
« Dommage pour cette malheureuse qui avait déjà connu l’enfer pré-carcéral sans qu’aucun soutien ne se manifeste. »
Ce point me semble important : une cause intéresse certaines personnes quand elle peut rapporter quelque chose, sinon, l’indifférence reste de mise.
C’est quand même bizarre de voir maintenant des gens humanistes finalement favorables à la détention d’armes. Il y aurait de bonnes causes ? Et puis pas une mais trois cartouches dans le dos, excusez du peu… Etant chasseresse elle a fait carton plein.
Il se dit aussi que la fille violée par son père avait confié ses enfants à celui-ci en 2011 pour passer un mois d’été en camping-car…
Matraquage médiatique et fumigènes.
@ Ellen | 12 août 2016 à 22:44:
Ainsi donc cette dame âgée s’est fait battre pendant près de quarante ans devant ses enfants, et ceux-ci ne sont pas intervenus par tous moyens ? Drôle de famille… Le grand-père de mon épouse battait régulièrement sa femme devant ses enfants, dont le père de mon épouse. Une fois adulte, celui-ci prit entre quatre yeux son père en lui disant que dorénavant c’était fini ou c’était à lui qu’il aurait affaire s’il levait la main sur sa mère. Ce fut effectivement fini. C’était dans les années 50, en Algérie, dans une famille très modeste.
Monsieur Bilger a raison « Jacqueline Sauvage est victime de ses soutiens » et aussi, le comble, de celui de sa propre fille, Sylvie Marot, qui ne cesse de hurler que sa mère serait une victime… victime, raison pour laquelle elle n’a pas été libérée, les psys, le juge lui reprochant de ne pas avoir encore pris conscience de son geste, de ne jamais (dit-on) avoir manifesté de remords.
L’article de Me Eolas est fort intéressant, cette dame n’aurait en quatre décennies jamais porté plainte, etc. etc. pas même pour le viol de sa propre fille.
Une femme battue avant de tuer l’autre doit obligatoirement porter plainte, le cas de Jacqueline Sauvage, tel que le décrit Me Eolas est étrange… le cas de Jacqueline Sauvage ne doit pas être une autorisation tacite donnée aux femmes battues de tuer le mari maltraitant.
Dans un pays qui se prétend civilisé on ne rend pas la justice soi-même, la place de Jacqueline Sauvage n’est pas en prison, elle doit recouvrer sa liberté, mais tous et toutes doivent se taire, la laisser retrouver un anonymat total… une discrétion totale est exigée, tous et toutes doivent se taire ! Jacqueline Sauvage et ses soutiens défendent bien mal la cause des femmes battues.
Mme Sauvage est trop « blanche de souche », elle ne bénéficie pas de la même mansuétude que les terroristes devant lesquels les juges sont plus attendris, vivrensemblisme aidant, aidés par les assocs antiracistes qui guettent les faux pas éventuels afin de poursuivre leur chasse au racisme très prolifique en espèces sonnantes et trébuchantes.
Paraît, d’après M. Desourcesure, qu’une femme meurt sous les coups de son mari tous les trois jours, quel genre de mari ? Quelle est la religion du mari ? Consonnance du nom du mari ? La police connaît ce genre de phénomène qui s’amplifie surtout dans les banlieues ; mais chuuuuttt ! pas d’amalgame ! Les souchiens à la niche !
@Ellen
« Je ne connais pas le dossier »
L’immense malentendu vient de là. Les soutiens de Mme Sauvage occultent le dossier et la décision des jurés d’assises qui se sont prononcés par deux fois.
Condamnée pour meurtre avec préméditation à dix ans de réclusion, elle sortira au bout de cinq ans donc très bientôt. Un livre sera écrit et un film sera réalisé. Un peu d’argent lui sera reversé qui sera récupéré par ses avocats.
Vous mettez en perspective le meurtre de M. Sauvage et celui de Mme Trintignant alors que les deux affaires n’ont rien en commun. Mme Sauvage a tué avec un fusil en tirant dans le dos de son mari. Le chanteur de « Noir Désir » aurait tué sous l’emprise de stupéfiants que cela ne m’étonnerait pas outre mesure. On m’avait présenté ce fait divers sous cet angle quelque jours après le meurtre.
Entre un meurtre et un assassinat, les peines prévues sont différentes.
Cette dramatique affaire est emblématique à plus d’un titre. La question du rôle des médias, celle de l’opinion publique, se trouvent posées une fois de plus. Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec ce que l’on observe en permanence sur le terrain politique.
Deux cours d’assises ont statué sur le sort de Jacqueline Sauvage, deux jurys composés de représentants du peuple français sont arrivés au mêmes conclusions après de longues heures de procès au cours desquelles les faits ont été examinés, au cours desquelles la défense et l’accusation ont pu s’exprimer, présenter leurs arguments, leurs points de vue. Un peu comme à l’Assemblée nationale où les sujets sont examinés en commission puis débattus en séance plénière et enfin votés par la représentation nationale.
Et pendant ce temps les médias s’emparent de l’affaire, la simplifient, en font une présentation trop souvent partielle, l’exposent sous un certain angle. Il faut prendre le temps de lire l’analyse de Maître Eolas pour saisir la complexité de l’affaire Sauvage, comme il faudrait prendre le temps de lire les rapports des commissions parlementaires sur les projets de loi avant de se faire une opinion.
À partir de la présentation partielle voire partiale des médias relayés par quelques leaders d’opinion se forme une opinion publique que certains considèreront comme l’expression du peuple, formalisée au travers de multiples sondages.
Et c’est ainsi que le « peuple » dans un cas comme dans l’autre arrive à désavouer sa propre représentation, fondant son jugement non sur des faits mais sur des préjugés.
Il ne suffit pas pour être un citoyen éclairé de lire son journal ou son blog préféré pour avoir un avis pertinent, il faut aussi s’informer auprès de ceux qui possèdent la compétence et aller se renseigner au plus près des faits.
@agecanonix | 12 août 2016 à 19:53
« Malheureusement nous n’avons plus de juges qui se nomment Jean-Jules Popinot ! »
Diriez-vous que nous n’avons plus que des juges Camusot dont les épouses sont des comploteuses ambitieuses et qui bâtissent leur carrière sur de la complaisance envers les croqueuses de diamants inspirées par cette duchesse de Castries qui tenait un salon réputé, la fleur du faubourg Saint-Germain, celle dont Balzac a dit : « …à vingt ans, vêtue d’une robe incarnat qui découvrait des épaules dignes du Titien, elle effaçait littéralement l’éclat des bougies. »
Soit dit entre parenthèses, quelle pique cachée sous le compliment si l’on songe que la lueur des bougies embellit celles dont l’éclat du jour dévoile des défauts ce qui explique peut-être que leur liaison est réputée n’avoir jamais été consommée.
@Jean-Pierre CASSAGNE | 12 août 2016 à 15:59
« Ainsi le justiciable peut être emporté sur des considérations qui ne relèvent pas de son acte mais d’un environnement médiatique agressif, ou bien d’un angle utilisé par ses défenseurs en décalage avec les faits reprochés ?[…] Donc, si j’ai bien saisi, la susceptibilité de la justice peut faire d’elle un outil démoniaque quand on attend rigueur et impartialité ! »
Je crois savoir que lorsque son conseil s’exprime c’est l’intéressé(e) qui est censé s’exprimer et se retrouve donc à devoir en assumer les stupidités éventuelles.
Il existe toutefois des recours contre le premier s’il se peut découvrir un moyen de droit qui n’aurait pas été exploité. En revanche, il n’y a pas de recours, du moins il me semble, contre la stupidité sinon la sanction que fournit la réputation, ce qui fait, il faut le dire, une belle jambe à l’accusée.
Ceci dit, ce sont bel et bien les avocates qui, les premières, ont tiré l’affaire hors du dossier stricto sensu.
On eût pu attendre sans doute plus de sensibilité au drame humain et moins d’application à faire un exemple à l’adresse de l’opinion publique intempestive = « c’est le juge qui juge !! », si en effet tel est bien le cas, mais pour cela sans doute faut-il des personnalités d’exception que notre société n’est plus apte à produire qui se contente d’une façon générale de l’à-peu-près en tout et sublime l’ego quand il faudrait saluer l’intelligence de la situation.
@ Lucile | 12 août 2016 à 13:14
« En somme, ne pouvant punir ses comités de soutien, les féministes ni le président de la République, c’est elle que l’on punit. Au nom de la justice !
« Ô liberté ! Que de crimes on commet en ton nom » se serait écriée Manon Roland (17 mars 1754 – 8 novembre 1793) depuis l’échafaud, en se tournant vers la statue de la liberté qui se dressait sur la place de la Révolution – actuelle place de la Concorde –, ce qui, mutatis mutandi, me paraît pouvoir un peu s’appliquer tous azimuts dans cette affaire.
Ce ne sera peut-être pas le moindre des paradoxes que de trouver, dans ce cas précis, les plus ardents défenseurs du principe d’indépendance de la justice du côté des critiques les plus virulents de la décision de ce TAP de Melun.
Mais à trop avoir voulu forcer la main à la justice en médiatisant à outrance ce dossier, allant jusqu’à provoquer l’intervention dans celui-ci du plus haut personnage de l’Etat, on a par là-même poussé les juges à prendre la décision que l’on sait, manière pour eux d’affirmer que la justice doit rester sereine et ne pas céder aux pressions d’où qu’elles viennent. Et, pour regrettable que ce soit, c’est au bout du compte Mme Sauvage qui paie le prix de la stratégie adoptée par ses soutiens. Ces derniers pensaient avec leur arme atteindre leur cible, mais ils ont oublié que leur arme était un boomerang.
Il n’empêche que cette décision interpelle et je comprends qu’elle puisse révolter nombre de personnes. Comment en effet accepter que cette justiciable qui a accompli une grande partie de sa peine, qui ne présente aucun danger pour la société, reste incarcérée alors que de nombreux délinquants, souvent futurs récidivistes, retrouvent si facilement la liberté ou que même des terroristes en puissance sont relâchés dans la nature simplement munis d’un bracelet électronique et peuvent accomplir sans inquiétude leurs funestes desseins ?
@ Ellen | 13 août 2016 à 00:07
Dans ce genre de circonstances dramatiques, chaque femme réagit en fonction de sa personnalité, de son caractère.
Beaucoup de femmes à la première claque auraient immédiatement quitté le domicile familial, le cas échéant fait constater les traces de coups par un médecin, pris un avocat pour enclencher une procédure de divorce.
Là il semble que nous ayons affaire à une femme introvertie, qui accepte son sort comme une fatalité, incapable de s’opposer au comportement odieux de son mari.
Elle a emmagasiné ses humiliations, ses souffrances pendant de longues années jusqu’au jour où, excédée, elle a commis l’irréparable.
A noter que ses filles, une fois atteint l’âge adulte, auraient pu prendre les choses en main. L’accueillir chez elles et faire les démarches nécessaires pour mettre hors d’état de nuire (mais légalement) cet horrible individu. En ce sens, elles ont une grande part de responsabilité dans le drame qui s’est produit. Leur comportement devant les médias n’a d’autre but que de se défausser de leur responsabilité.
Les associations féministes voient dans ce genre de procès une belle opportunité leur permettant de défendre la cause des femmes battues en se gardant bien de s’attarder sur les faits qui sont défavorables à l’accusée. Le sort de cette pauvre femme les indiffère totalement, ce qui compte c’est uniquement d’ameuter les médias pour faire parler d’elles. On peut regretter toutefois que leurs actions soient le plus souvent contre-productives car excessives et entachées de mauvaise foi..
Quant aux médias, ce genre de procès est du pain bénit, car cela leur permet de vendre leur feuille de chou et de faire grimper l’audimat sur fond de voyeurisme malsain d’un public qui gobe tout ce qu’on lui raconte sans trop s’attarder sur les détails de l’affaire.
@Ellen | 12 août 2016 à 22:44
Beaucoup de gens peuvent rapporter ce genre de choses et plus particulièrement à la campagne où les « taiseux » sont en nombre.
Bien sûr je ne suis pas indifférente aux violences faites aux femmes, mais, car il y a un mais, si la société donne un permis de tuer son compagnon ou sa compagne qui la/le violente, la chasse va être ouverte, et qui démêlera le vrai du faux puisqu’un des deux protagonistes sera mort 🙁
Je ne connais pas bien le dossier non plus mais des enquêtes ont dû être effectuées et deux cours d’assises se sont prononcées…
Le problème reste que cette femme n’aurait pas dû subir 43 ans ces violences, ni n’aurait dû les laisser subir à ses enfants.
Pour le reste…
@Michel Deluré | 13 août 2016 à 09:41 et d’autres, sans doute (je n’ai pas lu tous les commentaires)
Le TAP a motivé sa décision par deux raisons :
– refus de Mme Sauvage de reconnaître son statut de coupable, elle n’a pas “pris conscience de ses actes”.
– Mme Sauvage a exprimé le désir d’aller vivre chez sa fille, à quelques kilomètres des lieux du drame. Or, le TAP estime que si l’on “peut comprendre qu’elle souhaite retrouver sa famille, il est nécessaire qu’elle s’éloigne du lieu des faits pour poursuivre l’exécution de sa peine dans un lieu où elle sera anonyme”.
Je n’ai pas compétence pour émettre un avis sur la validité de ces motifs. Néanmoins, cette décision ne me semble pas manifestement en représailles contre la médiatisation de cette affaire.
Ce billet n’étant pas le seul sur le cas de Madame Sauvage, je me permets de rappeler que les affirmations concernant « faire une main courante », « porter plainte », sont nulles et non avenues considérant le nombre de
dossiers classés sans suite avec le fameux « rappel à la Loi ».
En ce sens que les Procureurs font ce qu’ils veulent et qu’il faudrait porter plainte dix fois avant que quelque chose ne bouge. Sans compter que dans les cas graves (oui parce que tout de même les Procureurs lisent
les plaintes) ils proposent un médiateur qui s’empresse de dire que les Tribunaux sont débordés et que si vous persistez cela demandera beaucoup de temps et d’argent…
Lorsque l’on lit, entre autres, des tentatives de strangulation on se dit que pour certaines la fin n’est pas loin.
Il arrive que le délinquant fasse témoigner des personnes de l’entourage pour faire dire que la femme est folle. En France, on laisse des quidams porter de telles accusations graves sans qu’ils puissent les justifier ?!
Mais non, ceux qui ne savent pas étalent leur avis et trouvent toutes les solutions…
D’autre part, je suis abasourdie de comprendre par quelques commentaires comment cette personne aurait tout faux, que la fille n’avait pas à confier ses enfants à son père cad leur grand-père, cas dans lequel elle aurait
pu être accusée de les empêcher de voir leur grand-père ! vu qu’il n’était pas encore enfermé.
D’autres pays (voisins de la France) ne laissent pas le délinquant dans la famille… il dégage fissa et légalement.
Je sais par ailleurs, que des femmes battent leur conjoint, compagnon ! enfin battre c’est un peu incroyable et je sais que porter plainte pour eux est encore plus difficile surtout lorsqu’un enfant a pu en être témoin.
En effet, il lui revient dans ce cas de prendre la place de la mère alors que culturellement il n’était pas prêt.
@Franck Boizard
…le droit est tellement complexe que chaque patron enfreint une ou plusieurs lois sans le savoir.
Pour ne pas parler des magistrats et des juristes blanchis sous le harnais eux-mêmes…
L’expression « nul n’est censé ignorer la loi » est un bel exemple de totale fiction juridique.
Un petit hors-sujet sur une affaire grave.
Philippe Bilger a récemment interpellé le Premier ministre sur la question des prisons, or il se trouve que ce dernier et M. Cazeneuve ont pris, par une simple circulaire, une décision qui risque non seulement d’aggraver la situation déjà alarmante du milieu carcéral mais encore et au-delà de menacer directement la nature de la nation française, donc aussi de la France, en supprimant d’un trait de plume la distinction entre immigration légale et immigration illégale.
Cette décision, annoncée au milieu de la torpeur de l’été, alors que les Français ne se méfient pas de ce qui se trame dans leur dos, soulève d’innombrables questions de divers ordres dans les domaines de la cohésion nationale, de la sécurité, de la gestion des finances et des ressources, du droit y compris constitutionnel etc. sans oublier la simple logique.
Messieurs Giscard d’Estaing et Chirac avaient déjà décidé dans leur coin par simple décret d’instituer le désastreux regroupement familial, et voilà qu’en plein état d’urgence, alors qu’il faudrait resserrer les boulons, contrôler les frontières, expulser par dizaines de milliers les gens qui n’ont rien à faire en France, MM. Valls et Cazeneuve ouvrent les robinets en grand !
Nous marchons sur la tête.
S’agit-il là d’une politique de Gribouille visant à supprimer un délit quand on ne peut plus le poursuivre ou bien d’une volonté inavouée de détruire la nation française par submersion migratoire ?
http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/08/12/31001-20160812ARTFIG00401-la-circulaire-passee-sous-silence-qui-supprime-la-notion-d-immigration-illegale.php#xtor=AL-201
@Achille -13 août 2016 à 11:29
Détrompez-vous, toutes les personnes ne peuvent réagir de la même façon face à un mari agresseur et violent. Les jeunes sont plus réactifs (ça passe ou ça casse) que les aînés à qui on a appris que le couple c’est sacré, ils sont plus lents pour réagir ou finissent par se résigner sous l’emprise. Cela dépend de l’âge de l’épouse maltraitée, de son éducation familiale reçue de l’époque, de sa personnalité, des moyens financiers et de l’entourage proche apte ou non à savoir écouter et comprendre la situation souvent désespérée.
Mme Sauvage n’est plus toute jeune et ne savait peut-être pas qu’il y avait d’autres moyens légaux de s’en protéger au lieu de faire justice elle-même ? Cette dame a dû perdre le contrôle d’elle-même à force d’une trop longue accumulation de violences et souffrances. Avait-elle les capacités intellectuelles et la force physique d’engager une bataille en procès contre son mari ? Avait-elle les moyens financiers de prendre un avocat ? Savait-elle que souvent les plaintes sont classées sans suite ou sans réponse du parquet ? Peut-être que cela a pu la démotiver de porter plainte ? Merci les représailles !! Avait-elle la possibilité de déménager pour vivre séparée de son mari ? Avait-elle perdu tout espoir de se faire aider par son entourage ? Une personne isolée peut plus facilement commettre l’irréparable parce qu’excédée par l’accumulation des violences subies.
Je conviens que se faire justice soi-même est illégal et ne peut rester impuni, mais avec des circonstances atténuantes dans certains cas. Comme ce bijoutier qui après avoir été cambriolé deux fois a tiré sur un jeune en fuite sur un scooter après s’être fait attaquer dans sa boutique une troisième fois. Je n’ai pas suivi le procès de ce bijoutier, mais il me semble qu’il a été jugé pour crime et non pas pour légitime défense.
Ciel ! que les lois sont compliquées et incompréhensibles parfois !! L’un s’en tire avec deux ans de prison avec sursis, l’autre avec cinq ans ferme pour les mêmes faits selon les lieux géographiques des tribunaux et le président du siège jugeant l’affaire.
Personnellement, je ne pourrais jamais travailler dans un tribunal, ni être avocat pénaliste. Mon moral serait en berne tous les jours.
——————
Un lien qui vous en dit long sur une histoire vraie.
https://www.youtube.com/watch?v=1zg|4SINf3A
Titre : « L’emprise ».
Attention aux âmes sensibles et isolées.
Pour en finir avec ce chapitre, une personne m’avait raconté qu’elle était partie de chez elle de nuit pour aller immédiatement chez le toubib, vers 22 heures, et que celui-ci ne lui avait pas répondu : il n’était pas de garde. Que, étant partie à pied pour ne pas affoler sa
fille, elle était revenue à pied dans la nuit et que les sachants qui clament qu’il faut faire constater les coups sachent qu’une fois encore c’est à la victime de se démener pour faire constater l’atteinte à l’intégrité physique pendant que le délinquant s’endort tranquille
au chaud !
A part ça, tout va bien chez YAKA !
@ Franck Boizard | 13 août 2016 à 03:55
Oui entièrement d’accord avec vous, et aussi avec les intervenantes habituelles.
Mais pourquoi donc la justice n’a-t-elle point de « bracelet électronique à la taille » de cette affaire ?
C’est une meurtrière qui se prend toujours pour une victime, qui refuse de prendre conscience de son acte, c’est pour ça et uniquement pour ça qu’elle n’a pas eu sa libération conditionnelle.
Pour ma part je suis pour que cette femme fasse sa peine en totalité, car dix ans pour un meurtre prémédité c’est déjà une forme de grâce, normalement c’est la perpétuité.
Cette femme n’a jamais été faire constater ses blessures à l’hôpital, n’a jamais été déposer plainte, et a choisi l’assassinat pour régler son problème, car si elle avait été à l’hôpital après avoir été battue, le mari aurait été arrêté dans les 24h et mis en taule, comme c’est arrivé à mon voisin, qui lui a juste pété les plombs un soir sur sa femme.
Cette femme mérite ses dix ans de prison et les politiques n’avaient pas à se mêler de ce dossier en souhaitant que le prochain président annule ce décret de grâce.
@ Franck Boizard | 13 août 2016 à 03:55
« Les médias ont besoin d’un bon, blanc comme neige, et d’un méchant, noir comme le charbon. »
Vous allez vous attirer les foudres du CRAN 🙂
Excellent billet, Monsieur Bilger, qui remet les choses à leur place. Autant dans mon commentaire du billet précédent, j’ai été critique du ministère de la Justice comme de ses « penseurs » de la politique pénale, autant cette affaire met en lumière les tares de notre système médiatico-politique.
En effet, les faits sont présentés sous un jour appelant non à leur analyse rigoureuse, donc à la raison, mais par appel au seul sentiment et à la compassion en faisant pleurer le commun sur ce que cette femme a subi de son mari, tout autant que ses filles.
Notre président de la République s’est lui aussi cru autorisé à interférer dans le processus en recevant avocates, famille et journalistes avec un effet médiatique voulu. Puis en se présentant dans un rôle d’Auguste magnanime par l’accord d’une grâce présidentielle partielle. Où l’on voit que le donneur de leçons de la campagne présidentielle (« moi président… ») fait l’inverse de ce qu’il avait déclaré et interfère dans un processus judiciaire, niant au passage l’indépendance de la Justice dans ses décisions. Sous ses airs bonhommes, il égale ainsi dans son mépris de la justice son prédécesseur immédiat dans la fonction présidentielle !
Si l’on en revient aux faits, les deux procès aux Assises ont montré que la victime des mauvais traitements a prémédité son homicide et donc ce crime ne peut être qualifié que d’assassinat. C’est ce que les magistrats de l’application des peines demandent à l’intéressée de reconnaître en préalable à toute mesure d’élargissement. Il me semble qu’ici la raison reste maîtresse de la décision, même si c’est aussi une façon pour les magistrats de rappeler publiquement et ostensiblement au président de la République l’indépendance des magistrats vis-à-vis de l’exécutif. Il est aussi un rappel aux avocates que les règles de la procédure judiciaire s’imposent également à elles et qu’elles ne peuvent impunément manipuler l’opinion publique par un assaut médiatique très largement inopportun et ainsi tenter de forcer une décision de justice pour la rendre conforme à leur thèse et non pas au Droit.
Ceci étant, l’auteur des faits n’est certainement pas prête à récidiver et ne constitue sans doute aucun risque pour la société. Mais il faut qu’elle ne se réfugie pas dans le déni de la qualification des actes qu’elle a commis, même si humainement on les comprend et si l’on serait prêt à l’en absoudre.
« Et l’institution honteusement vilipendée et incomprise se rattrape. »
Se venge…
Si la Justice est la vengeance publique, ce qui nous confisque la vengeance pour diminuer la violence voire qui sait, être plus juste que la vengeance individuelle, elle n’a pas à SE venger.
On parle de détournement de fonds ? Ici, il y a détournement de justice. Voilà le résultat de ce qu’en France, la Justice n’est pas un pouvoir mais une autorité. Toute personne privée de ses droits, déshéritée, développe, me semble-t-il, souvent, du ressentiment, et parfois, se laisse aller à se venger sur des gens qui ne sont pas l’auteur de son abaissement.
Avant… sachant l’injustice faite aux magistrats et auxiliaires de justice, sachant leur travail acharné quand ils manquent de moyens, je les plaignais et les admirais presque… Presque : je les aurais admirés s’ils avaient réclamé justice ! Le paradoxe de rendre la justice sans se la rendre ou plutôt ils le font non en réclamant leurs droits mais en abusant de leur petit pouvoir. J’aurais dû le prévoir, la nature humaine, mortelle, bête, mimétique, soumise, et autres bassesses, ne laissant guère d’espoir.
Le billet « Le mal court » aurait pu s’appeler « Dieu méchant », ce billet « Magistrats méchants ».
Les mêmes qui hurlent à la vue de Donald Trump et son franc-parler sur le port d’arme ne sont pas choqués que cette dame puisse abattre son époux de sang-froid avec une carabine, alors que quelques mois auparavant elle voulait abattre la maîtresse. Quand je vois ses deux avocates endimanchées portant le tailleur blanc d’apparat, sortant de chez le coiffeur, je me dis que leur seul talent est de savoir utiliser les émotions devant la caméra.
@ xc
Je ne suis pas allé jusqu’à parler de « représailles » de la part de la justice. J’ai seulement dit que la justice voulait affirmer son indépendance en ne cédant pas aux pressions d’où qu’elles viennent, pressions qui, dans ce dossier en particulier, avaient été médiatisées de façon outrancière.
Et je ne pense pas que les motivations formulées, que vous rappelez et qui ne me paraissent pas des plus pertinentes en la circonstance changent quoi que ce soit à l’opinion que j’ai exprimée et dont j’admets qu’elle puisse ne pas être partagée.
En quoi ces motivations, s’agissant de cette femme, étaient-elles véritablement de nature à entraver sa mise en liberté ? Pourquoi Mme Sauvage se reconnaîtrait-elle coupable alors que pour elle, elle n’est qu’une victime et se considérera toujours comme telle ? Comment imaginer par ailleurs qu’en regard de ce qu’elle a traversé et de son âge elle puisse aller vivre ailleurs qu’auprès de sa famille ? Dans ce cas, ces motivations ne sont-elles pas alors de nature à fermer la porte à tout espoir de libération anticipée de cette personne inoffensive ?
La justice lui demande de reconnaître qu’elle est une criminelle pour la relâcher. Comme si Madame Sauvage ne savait pas qu’elle avait commis un crime. Mais le problème aux yeux de la justice, c’est qu’elle cherche encore à se justifier. D’accord, elle a certainement tort de le faire, mais elle a peut-être besoin de se persuader qu’elle était dans une impasse et ne pouvait pas faire autrement. C’est ce qui la fait tenir. Ne pas oublier que son fils s’est suicidé, cette famille semble psychologiquement fragile. Je ne cherche pas à minimiser son crime, j’essaye de comprendre pourquoi la justice me paraît aussi absurde.
Du moment que tout le monde est d’accord pour dire qu’il n’y a pas de risque de récidive, ce qui constitue un critère solide, il me paraît vain et en dehors de la réalité de lui monnayer sa liberté contre un acte de contrition en bonne et due forme, ou une autocritique, alors qu’elle n’en est pas capable. Mais non, il faut qu’elle apparaisse rongée par le remords, c’est la condition de sa rédemption. On ne voit pas en quoi la garder enfermée plus longtemps y changera quelque chose.
Les bons comédiens sont gagnants à ce petit jeu, c’est peut-être comme ça que le tueur du prêtre a obtenu son bracelet électronique. Plus on est tordu mieux on trompe son monde. On attendrait de la justice des critères de jugement moins vaseux.
@ Lucile | 12 août 2016 à 13:14
« En somme, ne pouvant punir ses comités de soutien, les féministes ni le président de la République, c’est elle que l’on punit… »
Preuve que les magistrats du TAP ont jugé en leur âme et conscience la coupable, sans être animés d’aucune rancoeur vis-à-vis de ceux que vous citez dans votre propos !
@ Michel Deluré | 13 août 2016 à 09:41
« Comment en effet accepter que cette justiciable qui a accompli une grande partie de sa peine, qui ne présente aucun danger pour la société, reste incarcérée alors que de nombreux délinquants, souvent futurs récidivistes, retrouvent si facilement la liberté ou que même des terroristes en puissance sont relâchés dans la nature simplement munis d’un bracelet électronique et peuvent accomplir sans inquiétude leurs funestes desseins ? »
Quels que soient la version réelle et le contexte du meurtre commis par Mme Sauvage, tout le problème est bien dans ce que vous soulignez dans votre propos. Les magistrats du TAP ont été des plus rigoristes dans leur décision, allant quasiment jusqu’à torturer le droit : refus de Mme Sauvage de reconnaître son statut de coupable, elle n’a pas “pris conscience de ses actes”, il est nécessaire qu’elle s’éloigne du lieu des faits pour poursuivre l’exécution de sa peine dans un lieu où elle sera anonyme…
Nombre de violeurs, dont des récidivistes ainsi que des criminels, ont au cours des dix dernières années bénéficié d’une plus grande mansuétude des TAP. Ceux-ci semblaient entre autres aisément convaincus par les propos du détenu reconnaissant son statut de coupable, et la prise de conscience de ses actes. Alors que la suite a démontré amplement que tout cela n’était que mensonge !
Je m’interroge dans cette affaire pour savoir si les magistrats des TAP, souvent taxés de laxisme à juste raison, n’ont pas voulu démontrer le contraire au travers de cette sexagénaire ? Evidemment elle est de type caucasien (selon la terminologie du politiquement correct), n’a pas de casier judiciaire et n’est pas fichée S, donc on se doit de lui appliquer la loi dans toute sa rigueur !
@Exilé
Cette information parue dans FigaroVox est du grand n’importe quoi.
http://lelab.europe1.fr/le-fn-semballe-sur-une-info-selon-laquelle-le-gouvernement-supprime-la-notion-dimmigration-illegale-2819992
Elle a attendu 41 ans de trop !
Bonjour,
Exhumé des archives de Twitter, le LT du procès de 2015 par la journaliste de France Inter, Corinne Audouin
https://twitter.com/search?f=tweets&vertical=default&q=%23Sauvage%20from%3Acocale
Extrait du billet de Me Eolas du 4 février 2016 (passage souligné par moi) :
On l’a vu, si le principe de la condamnation de Jacqueline Sauvage souffre peu la discussion, n’en déplaise aux militants d’une cause qui dépasse l’accusée, le quantum de la peine semble avoir été décidé par une cour d’assises mal informée sur la portée réelle d’une telle peine. Or il n’existe à ce stade aucune voie de recours sur ce point. La révision n’est possible qu’en cas d’éléments remettant en cause la culpabilité. La peine n’est plus soumise à discussion. Le droit de grâce est la seule échappatoire. Ne nous privons pas de ce garde-fou.
Il me semble que le commentaire le plus intelligent et le plus nuancé au billet d’Eolas est celui de « Cocale », une femme qui a assisté au procès (seconde instance), à lire ici.
@ sebastien lebon | 13 août 2016 à 14:48
Je suis globalement d’accord avec votre commentaire.
Premièrement parce qu’avant de tirer dans le dos de quelqu’un, fût-ce son maltraitant de mari, il y a d’autres solutions et, si elle n’en avait pas connaissance dans les années soixante, son entourage, sa famille, si prompts aujourd’hui à la soutenir, pouvaient l’aider et l’accompagner dans ses démarches. Ces démarches ont-elles été entreprises, l’enquête dit que non.
Deuxièmement, je ne peux pardonner à cette mère de quatre enfants d’avoir, en toute connaissance de cause, laissé son mari violenter ses enfants et violer une de ses filles.
Que l’on soit introvertie, comme le soutient une de ses filles, n’excuse pas cette complicité de crime, surtout si celui-ci se déroule sous son propre toit.
Ne serait-ce que pour cela elle devrait exécuter l’entièreté de sa peine.
Enfin, je ne pense pas que libérer cette femme soit un bon signal pour la société, et un bon exemple à donner à ses petits-enfants.
@Marc Ghinsberg
Cette information parue dans FigaroVox est du grand n’importe quoi.
Admettons, ce qui est vérifier, car la méfiance est de rigueur dès que les Hommes du Régime nous affirment quelque chose, admettons donc que les choses ne correspondent pas exactement à la manière selon laquelle elles ont été présentées dans l’article du Figaro.
Il n’en demeure pas moins que de facto les immigrants illégaux sont traités – sous des prétextes humanitaires – comme s’ils n’étaient pas des délinquants, ce qui est scandaleux, mais des demandeurs d’asile potentiels.
Quant aux expulsions mentionnées par Beauvau elles ne se chiffrent que par quelques dizaines par an alors que normalement, si nous ne marchions pas sur la tête, elles devraient se compter par dizaines de milliers.
Il faudrait que ces gens-là arrêtent de se moquer du monde : non seulement ils ne font pas leur travail mais encore ils aggravent la situation !
N’oublions pas non plus, que du fait de l’absence de gestion cohérente de cette immigration illégale, nombre de nos concitoyens vivent souvent un enfer, comme à Calais par exemple, mais aussi ailleurs.
@Lucile
« Cette famille semble psychologiquement fragile »
Et pourtant Madame détenait un permis de chasse ainsi qu’une arme à la maison dont elle savait parfaitement se servir ! Le portrait qui en est fait par ses avocates (« elle pleurait ») repose sur une réalité très malléable et d’ailleurs le dialogue Me Eolas/Cocale (@LDingli) le montre bien. Tout et son contraire peut être dit à son sujet.
Après Leonarda, Sauvage, encore un piège pour le président de la République dans lequel il est tombé à pieds joints avec sa demi-grâce. Gracier quelqu’un parce que sa culpabilité n’est pas démontrée ce n’est pas comme gracier quelqu’un par compassion ou sous la pression des médias et des lobbies militants. Finalement le problème reste entier puisqu’il n’y avait pas assez d’éléments pour la gracier intégralement et que donc sa culpabilité est démontrée.
Que sa peine soit trop ou pas assez lourde est une autre question, la comparaison avec les crimes sexuels (@ Trekker) est intéressante, mais ce n’est pas ce que ses avocates contestent apparemment.
Si le jugement évoque le fait qu’elle ne se reconnaisse pas comme coupable c’est tout simplement parce que le problème est bien là : peut-on tuer quelqu’un que l’on aime [selon l’épisode de l’agression d’une femme par jalousie] sans se sentir coupable ?
@ breizmabro | 14 août 2016 à 10:16
Juste pour vous signaler que ni la maltraitance ni le viol ne sont établis. Cela a d’ailleurs pesé dans la condamnation de Mme Sauvage.
@ Franck Boizard | 14 août 2016 à 11:57
« …ni la maltraitance ni le viol ne sont établis »
Si cela est vrai c’est encore plus délirant…
Qu’a-t-on fait alors de l’application de la peine pour dénonciation de crime ou délit imaginaire (art. 434-26 du code pénal) ? Rien puisque le présumé criminel a été tué.
Circulez !
Décidément toute cette affaire me semble un brin psychiatrique 🙁
@jlm
Exactement ! Peut-on tabasser quelqu’un sans se sentir coupable ?
Elle avait un permis de chasse ! Et alors ? Dans nos vallées nombre de femmes en ont un ! Et les plus futées ont aussi le permis de chasse tir à l’arc…
Pari que certaine va me dire que cela n’existe pas ?
@calamity jane
Je voulais dire que l’on devrait peut-être mieux établir le profil psy des futurs détenteurs de ce permis si on fait l’hypothèse d’une fragilité psy dans la famille.
Je n’ai pas eu le dossier en main et j’ignore la réalité des violences conjugales et intrafamiliales qui servent de base à la défense : y a-t-il eu des constats légistes ? des mains courantes ? les viols ont-ils été pris en charge par des médecins ? oui ou non ? d’autres membres de la famille ont-ils été informés de cette situation ? si oui alors les premiers coupables sont en effet la société qui n’est pas venue en aide à cette famille, sinon, quelle manipulation et combien il est délicieux d’y plonger pour se sentir meilleur que le reste du monde en sauveurs magnanimes ! Je le répète je n’affirme rien je m’interroge…
« Peut-on tabasser quelqu’un sans se sentir coupable ? »
Oui ! en général les agresseurs dans le cadre de violences conjugales, comme dans le cas des viols rejettent la faute sur leurs victimes. Perturbant non ?
@ calamity jane | 14 août 2016 à 14:12
« Et les plus futées ont aussi le permis de chasse tir à l’arc…
Pari que certaine va me dire que cela n’existe pas ? »
Ben pas moi puisque j’ai disputé le championnat de Bretagne de tir à l’arc 😉
En même temps,comme dans les centres de tirs, on ne nous apprend pas à tirer à l’arc sur les c… (nous n’aurions pas assez de munitions ;-))
Quant à l' »affaire » Sauvage, je suis de plus en plus circonspecte sur le comportement de cette famille tellement soudée… après l’événement.
« Lorsque le jury est constitué, les jurés doivent prêter le serment suivant (art. 304 du cpp) :
« Vous jurez et promettez d’examiner avec l’attention la plus scrupuleuse les charges qui seront portées contre X…, de ne trahir ni les intérêts de l’accusé, ni ceux de la société qui l’accuse, ni ceux de la victime ; de ne communiquer avec personne jusqu’après votre déclaration ; de n’écouter ni la haine ou la méchanceté, ni la crainte ou l’affection ; de vous rappeler que l’accusé est présumé innocent et que le doute doit lui profiter ; de vous décider d’après les charges et les moyens de défense, suivant votre conscience et votre intime conviction, avec l’impartialité et la fermeté qui conviennent à un homme probe et libre, et de conserver le secret des délibérations, même après la cessation de vos fonctions ».
Finalement je crois que le jury populaire (comme moi) après avoir entendu (X2) les témoins à la barre a eu un éclairage que nous n’avons pas et et qu’il s’est prononcé « sans écouter ni la haine ou la méchanceté, ni la crainte ou l’affection » et qu’il s’est décidé « d’après les charges et les moyens de défense, suivant leur conscience et leur intime conviction, avec l’impartialité et la fermeté qui conviennent à un homme probe et libre ».
Ce n’est pas parce que nous n’avons qu’une version tronquée parce que rapportée par les médias, que cette version est légitime.
Je vais en choquer beaucoup, mais aujourd’hui je ne crois plus à la version de cette famille qui ne dépose jamais aucune plainte durant plus de quarante ans contre un mari hyperviolent et un père incestueux, y compris les voisins et amis, témoins des faits mais qui n’ont rien dit ni fait.
Ne peuvent-ils (ces voisins, ces amis) être condamnés pour non assistance à personne en danger ?
@ jlm | 14 août 2016 à 11:23
Famille « psychologiquement fragile » parce qu’à mon avis, même sans connaître le dossier, ils ne vont pas bien, et ils sont tous pris dans un bain qui me paraît du côté de la pathologie : le fils se suicide, le père couche avec ses filles, les filles n’appellent pas leur mère au secours, ou alors elles inventent la chose, le père agresse la mère, les enfants et les voisins, la mère tue le père (et comme vous le faites remarquer, ils sont armés et savent se servir d’un fusil). Comment voulez-vous que cette femme ait une claire conscience de la portée de ses actes, d’autant plus qu’elle se cherche éperdument des excuses pour être relâchée ? Soutenue en cela par l’opinion publique et ses avocats, elle va donc clamer qu’elle est victime, et seulement victime, même si finalement elle est aussi passée dans l’autre camp, et a fait rejoindre à son mari en le trucidant le camp des victimes. Entre victime et bourreau, ils ont échangé les rôles, elle et son conjoint. Elle a été jugée deux fois, elle a été reconnue coupable d’un crime, et elle l’est, ça ne fait pas l’ombre d’un doute. La cause est entendue.
Ce qui me paraît douteux c’est le motif, pour la garder en prison maintenant que notre président a cru bon de plus ou moins la gracier sans attendre les délais habituels. Je trouve très faible l’argument selon lequel elle ne se sent pas suffisamment coupable. L’examen des sentiments de la personne me paraît un critère vraiment douteux, car il ne repose sur rien d’objectif. Il y a des gens qui se mettent des cendres sur la tête et pleurent abondamment sur leurs péchés, mais qui les oublient vite, et d’autres qui gardent les yeux secs et restent impassibles, mais sont ravagés. Il n’y a qu’à observer l’expression de cette femme sur la photo pour voir à quel point elle est en enfer. Un enfer dont elle est elle-même en partie l’instrument je ne le nie pas, mais c’est ça la pathologie, les gens font leur propre malheur en même temps que celui des autres, surtout quand toute la famille s’y met.
Cette histoire me fait penser (à rebours) à une séquence de « L’Impasse » (Carlito’s Way), un film de Brian de Palma dans lequel Carlito (Al Pacino) passe en jugement pour une libération anticipée grâce à son avocat, aussi doué que fou ; Carlito, très éloquent, explique à la cour qu’il déteste maintenant le crime et que c’est fini pour lui ; il jure ses grands dieux qu’il ne recommencera plus jamais. Il a enfin trouvé la lumière, il est rangé des voitures. Le juge, habitué à entendre ce genre de serments, n’y croit pas une seule seconde, et trouve qu’il en fait trop ; il lui enjoint de cesser de faire du cirque mais le libère, sur un point technique si je me souviens bien. Or Carlito est sincère. Il a vraiment changé… mais pas les autres. Sa réputation ne le lâche pas. Une tragédie grecque dans le milieu portoricain de New York.
Bonjour,
Si je signe cette pétition, c’est parce que je suis d’avis que de maintenir cette personne incarcérée est inacceptable, surtout qu’elle ne représente pas de danger. Et d’autant plus que le contexte d’insécurité actuel nous invite encore à nous poser de sérieuses questions sur les graves dysfonctionnements de la justice de notre pays, l’actualité ne cesse de nous le rappeler chaque jour, notamment avec la multiplication des attentats et les incohérences des décisions de justice. Peut-être aussi le côté revanchard de beaucoup de magistrats à l’encontre de l’exécutif, qui finalement dessert toute une corporation.
Par contre, je déplore la teneur de certains propos dans le contenu du texte de pétition, plus particulièrement le passage suivant :
« (…) cette même justice qui laisse des pères tuer des enfants malgré les alertes des mères, comme nous l’ont démontré les affaires récentes d’infanticides et de meurtres de femmes ! Hier à Aurillac, une 68e femme a été assassinée par son ex-compagnon »
En effet, il ne faudrait pas non plus laisser penser que les affaires d’infanticides n’appartiennent qu’aux hommes (aux pères). De nombreux infanticides sont également du fait de la mère. Certes, moins couramment, mais c’est une réalité qu’il ne faut pas négliger, surtout que depuis quelques années la tendance est en légère hausse, mais de manière constante.
Par ailleurs, je m’interroge également : cette association féministe aurait-elle la même compassion et ténacité combative s’il s’agissait d’un homme dans un cas similaire ? J’aurais bien aimé connaître leur point de vue…
Mais vu la teneur des propos dans le texte (peut-être dus à la colère), j’en doute fortement !
Il faut admettre que la violence, d’où qu’elle vienne et quels qu’en soient les motifs, est inacceptable. Par conséquent, elle doit être condamnée. Mais comme pour les infanticides, à la lecture de la pétition l’on pourrait quasiment croire que la violence n’appartient qu’aux hommes et qu’il n’existerait pas d’hommes subissant également des violences physiques de leurs conjointes et plus particulièrement des violences d’ordre psychique et psychologique qui peuvent également avoir des conséquences dévastatrices pour la victime.
C’est pourquoi je suis dubitatif lorsque cette association féministe réclame au législateur de légiférer sur le principe de « la légitime défense différée » comparable à la loi canadienne, qui reconnaît le « principe du syndrome de la femme battue ». Bien que cela ne soit pas envisageable en France, puisqu’une application aux seules femmes battues constituerait une rupture inconstitutionnelle d’égalité devant la loi et poserait aussi un problème juridique au sens de l’article 2 de la convention européenne des droits de l’homme.
Bref, je maintiens qu’il faut combattre toutes les violences conjugales qu’elles soient du fait de l’homme ou de la femme.
Donner également les moyens à la justice. Mieux prendre en considération les dépôts de plainte pour violences conjugales, aider et accompagner les victimes dans leur démarche, renforcer la formation des acteurs, police, magistrats, etc., sans exclure pour autant et ne surtout pas perdre de vue que la violence n’appartient pas qu’aux hommes, sinon, le combat de cette association risquerait de devenir contre-productif et de desservir la cause de madame Jacqueline Sauvage.
A mon avis, les juges et jurés des deux cours d’assises avaient suffisamment d’éléments pour considérer que ce dossier manquait de crédibilité et ainsi emporter leur conviction que la thèse de 47 années de violence, de viols des enfants, sans qu’une seule plainte ne soit déposée durant cette temporalité, manquait sérieusement de crédibilité.
PS : Par contre, pour les juges du TAP je suggère la lecture de « la harangue de Baudot à des magistrats qui débutent ». De mon point de vue il ont commis une grave erreur, qui ne fait que desservir un peu plus la profession. Ils sont malheureusement tombés dans le piège et le jeu des politiciens.
@ breizmabro | 14 août 2016 à 17:29
Tout à fait. J’ai fait mon Marchenoir et suis allé chercher des arguments incontestablement irréfutables. « La vérité si je mens ». Seulement 2% de femmes ont le permis de chasse. Je veux parler de 2% du nombre total de personnes possédant le permis de chasse, ce qui réduit drastiquement le fait de voir des Diane dans tous les villages. Dans le mien, aucune femme ne chasse.
Le fait pour une femme de posséder le permis de chasser et surtout d’avoir son propre fusil (lequel demande à être tringlé, graissé, lustré) sans y voir du mâle est quand même assez « spécial » et dénote une ambiance familiale pas du tout du genre « Petite maison dans la prairie ».
@Lucile
Comme toujours j’ai lu avec intérêt votre commentaire et j’y ai réfléchi, merci de m’en donner l’occasion.
« Il y a des gens qui se mettent des cendres sur la tête et pleurent abondamment sur leurs péchés, mais qui les oublient vite, et d’autres qui gardent les yeux secs et restent impassibles, mais sont ravagés. »
Ô combien cela est vrai et il faut espérer que tous les juges en charge de la justice en soient conscients.
Je n’ai pas vu le film dont vous parlez mais « Phantom of the Paradise » de Brian de Palma n’est pas mal aussi dans le genre de film sur le crime de possession. Sur le versant opposé il y a « Peur primale », de Gregory Hoblit avec Richard Gere en avocat manipulé, où il fait la démonstration (un peu caricaturale comme il se doit au cinéma) de ce que l’empathie peut aller vers le coupable quand la victime n’intéresse plus personne, et qu’un manipulateur sait jouer des sentiments de ceux qui peuvent l’aider.
« L’examen des sentiments de la personne me paraît un critère vraiment douteux, car il ne repose sur rien d’objectif. »
Mais la défense elle-même se fonde fortement sur les sentiments, évoquant une mystérieuse alchimie qui aurait transformé cette femme violentée (souffrance) et sous emprise (maître/esclave) pendant plusieurs décennies (Marie-France Hirigoyen a parfaitement décrit cette emprise) de façon à ce qu’elle ne soit plus la seule victime. Et c’est encore sur les sentiments qu’elle se fonde, sachant faire pleurer Margot – qui ne demande que ça – dans les chaumières afin d’apitoyer (pitié) un public médiatisé à outrance (quand les juges doivent se taire) et c’est encore aux sentiments (compassion) qu’il est fait appel lorsque l’on exige qu’elle soit libérée, innocentée, au prétexte de sa souffrance passée.
Il me semble que notre société n’est pas prête à accepter qu’une femme soit capable de s’autoriser à tuer son homme (quelles qu’en soient les raisons, bonnes ou mauvaises) et c’est peut-être pour cela que des pétitions pour venir à son aide ont été lancées, juste parce que nous ne voulons pas voir qu’une femme est l’égale d’un homme aussi devant le crime.
En référence au film de B de P, « Le juge, habitué à entendre ce genre de serments, n’y croit pas une seule seconde, et trouve qu’il en fait trop ».
Ici ce n’est pas le cas, ce n’est pas un seul juge qui a jugé plus ou moins subjectivement une situation complexe. Je me permettrai une digression : la question se pose de savoir si à crime égal s’ensuit une peine égale : les crimes dits passionnels commis par les époux sur leurs épouses (d’autant plus à l’époque pas si lointaine où le divorce était interdit) leur valaient une indulgence insupportable et des condamnations légères. Aujourd’hui le crime passionnel n’est plus invoqué mais les femmes sont peut-être plus sévèrement jugées dans les mêmes circonstances que les hommes. Le parallèle a été fait à juste titre me semble-t-il avec le crime commis sur Marie Trintignant et l’indulgence dont l’auteur a bénéficié compte tenu de la monstruosité de ses actes.
« Un enfer dont elle est elle-même en partie l’instrument je ne le nie pas, mais c’est ça la pathologie, les gens font leur propre malheur en même temps que celui des autres, surtout quand toute la famille s’y met. »
Joliment dit et trop vrai. Françoise Dolto qui a contribué à inventer la psychanalyse pour enfants disait qu’avant de devenir parents nous devrions tous passer par l’analyse. Je ne sais pas si c’est à cela que pensaient les juges mais il n’est pas entièrement inepte de considérer que nous trimbalons la névrose familiale comme un fardeau dont nous n’avons pas toujours conscience (heureusement toutes les familles névrosées ne sont pas le siège d’assassinats sinon je ne serais pas ici pour en parler !).
Mais si les avocates s’appuyant sur les féministes avaient obtenu gain de cause, quid des enfants et petits-enfants, et du reste de la famille de voir un crime odieux totalement excusé ? Une transmission intra-familiale plutôt pourrie à mon avis. Comme pourrie était la transmission des viols – s’ils ont eu lieu – non dénoncés.
@ hameau dans les nuages | 15 août 2016 à 09:22
C’est vrai, moi qui ai vécu toute mon enfance à la campagne, je n’ai connu aucune femme d’agriculteur allant à la chasse, c’était plutôt réservé aux bourgeoises qui venaient en vacances et qui « se la jouaient » 😉
Personnellement à 16 ans j’allais à la chasse avec mon père et mon frère mais à part ramasser des champignons ou des pommes je n’ai pas tiré souvent au fusil. Avec le temps je les soupçonne d’avoir organisé des parcours balisés où pas un lapin, pas un lièvre ne se promenait dans ces parages, pour des raisons que j’ignore encore :-D.
Par contre, avec nos copains paysans nous avons détruit énormément de boîtes de conserves vides, et de bouteilles diverses et variées, avec des bosquettes 5,5. Les concours étaient fort disputés, surtout pour les garçons qui se prenaient pour John Wayne.
Rentrés à la maison, la carabine rejoignait les fusils dans une armoire fermée à clé (la confiance n’exclut pas le contrôle ;-))
Peut-être que M. Sauvage avait confiance en sa femme… 🙁
@jlm
Merci de votre réponse si intéressante.
Le livre d’où le scénario de « L’Impasse » a été tiré a été écrit par Edwin Torres, juge à la Cour Suprême. Il sait de quoi il parle !
Je ne crois pas que la psychanalyse généralisée soit la solution ; la structure névrotique n’a rien de pathologique, c’est celle de la plupart d’entre nous qui avons justement un sens de la culpabilité, même parfois exacerbé, et en général nous n’avons pas de problèmes avec la justice. Ici, ça me semble relever de la psychiatrie plutôt que de la psychanalyse.
La question que posait calamity jane est cruciale : « Peut-on tabasser quelqu’un sans se sentir coupable ? » Eh bien oui, et même tuer ; certains sont dépourvus d’une instance morale suffisamment claire et différenciée pour leur donner un sens du bien du et du mal (ce qui ne veut pas dire que ce soit nécessairement confortable pour eux, il leur manque un radar indispensable à la vie en société). C’est alors à la société de leur dire ce qui est licite et ce qui ne l’est pas, et la justice a joué un rôle essentiel et irremplaçable dans le cas présent en appelant le crime un crime. Même si l’on considère que c’était de la légitime défense, ce qui est discutable vu les circonstances, la réponse n’était pas proportionnée.
Je suis maintenant beaucoup plus dubitative quand la justice attend d’une personne plus qu’elle ne peut donner, à des fins purement éducatives si on l’en croit, puisque l’intéressée n’est pas dangereuse de l’avis des spécialistes. La justice semble donc penser qu’une incarcération prolongée lui enseignera, par les désagréments qu’elle lui cause, qu’elle est soumise à la loi, et qu’on ne règle pas ses comptes avec un fusil. À moins peut-être que la justice ne cherche à prouver que le dernier mot lui revient.
@ Lucile | 15 août 2016 à 14:29
« Certains sont dépourvus d’une instance morale suffisamment claire et différenciée pour leur donner un sens du bien et du mal »
Je crains surtout que Madame Sauvage soit dépourvue d’affect, pour des raisons liées, peut-être, à son enfance.
Sans affect pas de reconnaissance de culpabilité. Forcément.
Peut-être, peut-être pas, que ses filles ont été violées par leur père, son mari, le tout est de savoir (si cela s’est réellement passé) à quel point, ELLE, en a été affectée.
Visiblement elle n’en a aucun souvenir, elle aurait découvert les faits à la barre quand ses filles sont venues en témoigner.
Je pense que la JAP, à la lecture des évaluations des experts psychiatres, a pris une sage décision, quoi qu’on en dise.
@ breizmabro | 15 août 2016 à 12:02
« Rentrés à la maison, la carabine rejoignait les fusils dans une armoire fermée à clé (la confiance n’exclut pas le contrôle ;-))
Peut-être que M. Sauvage avait confiance en sa femme… 🙁 »
Excellente conclusion qui a dû faire tiquer aussi les enquêteurs. A la fin de l’envoi, je touche…
« Dans l’Hérault, une femme drogue son ex-mari et lui brûle les parties intimes.
Actualité Société Fait divers
Par LEXPRESS.fr, publié le 17/08/2016 à 15:41 »
Enfin, voilà une vraie femme !
Excellente nouvelle, si toutefois cela s’avère exact…
Jacqueline Sauvage vient de prendre un sacré coup de vieux, son numéro Simone Signoret dans « Le chat » avec Gabin nous gonfle.
Le chalumeau, y a que ça de vrai contre les butors.
Quarante-trois années de violence et la justice ne fait rien… Elle se défend, elle le tue, ce n’est que justice. Moi-même j’ai été violentée ainsi que mes enfants. La réponse : séparez-vous. La violence conjugale n’est pas à prendre à la légère. Elle a bien fait de se défendre, il aurait pu la tuer ; elle s’est défendue. La justice est trop clémente : peine de mort !
@Michel
J’ai eu la même pensée que vous à propos de cette pétition, et qui illustre bien le propos de Philippe Bilger.
C’est bel et bien dans l’air du temps que de stigmatiser l’homme, prétendu violent, castrateur et pervers.
Il me paraît clair que pour ces soutiens professionnels de circonstance, ce n’est pas Mme Sauvage elle-même qui les motive mais le symbole de la femme battue qu’ils cherchent par tous les moyens à faire vivre et exister dans les esprits.
Si vous êtes attentifs, vous découvrirez que les médias dans leur très grande majorité portent aussi ce symbole à la connaissance des lecteurs.
Devant cette déferlante médiatique au propos certain, les politiques avides de popularité usent de populisme et l’affaire est bouclée : les médias (re)feront le (vrai) procès avec comme jurés le peuple numérique signataire devant la cour de la Vengeance présidée par nos politiques.
Signe des temps : l’Histoire, même contemporaine, ne cesse d’être réécrite par les adeptes du SCUM Manifesto.
L’homme, avec un(e) petit(e) h(ache), est donc à jamais le prédateur de la femme. Le message est donc clair à destination de la communauté des femmes peu ou pas encore convaincues du bienfait de l’action féministe.
L’homme, ce prédateur potentiellement violeur et violent, est dangereux pour les femmes. Et si il n’use pas de violences physiques ou psychiques, ce sera celui qui met en place le plafond de verre limitant ainsi l’accès au pouvoir pour les femmes.
L’homme serait donc un rempart qui limite voire interdit le bonheur aux femmes.
Et donc, fortes de ce constat, il ne s’agit plus pour ces féministes 2.0 de réclamer une égalité de droit avec les hommes (ça, c’est fait depuis le siècle dernier) mais de reconnaître une spécificité pour les femmes qui sont justement victimes des hommes et ne peuvent être soumises aux mêmes lois.
Une femme assassin n’est donc pas forcément un assassin.
Une femme qui vole n’est pas toujours une voleuse.
La circonstance serait atténuante du fait de la condition sociale des femmes.
En ces temps de plus en plus houleux pour la République attaquée sur tous les fronts, l’idée d’une société non mixte défendue par la misandrie ordinaire commence à faire son chemin.
Il ne serait guère étonnant qu’il soit ainsi réclamé que des trains, métro, lieux publics soient réservés aux seules femmes pour les préserver de l’homme.
La misandrie étant la conséquence coupable de l’homme, tout est justifiable…
Une nouvelle pétition est en train de circuler pour réclamer une grâce présidentielle totale. Normal 1er se laissera-t-il attendrir par les féministes ? Les temps sont durs pour les femmes qui assassinent leurs maris ou les ennemis de leurs maris.
Autrefois, les choses pouvaient s’arranger. Ainsi, en 1914, Mme Henriette Caillaux avait été acquittée, pourtant le directeur du Figaro, Gaston Calmette, était mort. Il avait publié des lettres qui avaient entaché la respectabilité de M. Caillaux, politicien, et l’infortuné Gaston avait péri sous les balles du pistolet qu’elle avait acheté, chargé et avec lequel elle l’avait visé. Les jurés avaient suivi la plaidoirie de l’avocat de la femme amoureuse et désespérée au motif que le coup était parti tout seul.
Merci Monsieur pour votre analyse sur cette affaire, dont on voit les derniers rebondissements il y a quelques heures.
Vous avez posé les mots de spécialiste sur mon ressenti.
Encore merci.
La justice changera lorsque la psychologie sera instruite aux magistrats, ainsi qu’à la police et à la gendarmerie, et ainsi ne plus ignorer et condamner des personnes psychologiquement détruites jour après jour par leur bourreau. Il ne faut plus que les rôles soient inversés. Des drames peut-être moins connus ou importants se passent au quotidien et ne sont pas écoutés, ou sont classés sans suite, ou pire c’est la victime qui peut se retrouver accusée. Les preuves sont très difficiles à trouver, à être acceptées, interdites mêmes, peuvent se retourner sur la victime. Les témoins se taisent, rares seront ceux qui prendront le risque. De plus, poursuivre quelqu’un qui vous fait du mal prendra du temps et traînera en longueur, et le bourreau continuera son jeu, et ce sera la victime qui sombrera dans la crainte, et qui craquera et passera pour ce qu’elle n’est pas.
C’est bizarre, quasiment que des mecs qui commentent et qui s’offusquent.
Les uns rappelant les infanticides des femmes (les viols aussi mon gars ?), les autres s’étonnant du mutisme des victimes enfants ainsi que de Mme Sauvage.
Mais vous êtes au courant que les voisins eux-mêmes ont été agressés par ce porc et que LEUR PLAINTE A ETE CLASSÉE ? Normal aussi ? Derrière ça vous demandez que Mme Sauvage porte une plainte qui sera recalée et elle retournera chez son agresseur la mine réjouie… Vous êtes dingue ou vous le faites exprès, dans le déni du danger ?
@calamity jane
Merci de rectifier et de dire la vérité. OUI cette femme a essayé de se défendre en faisant une démarche vers un médecin, OUI ses enfants victimes ont caché les viols. Oui son fis en est mort. Peut-être de sa faute aussi son suicide les gars ?
SHAME ON YOU
Une mère filicide s’en tire avec 5 ans.
Une femme qui se défend et défend sa famille écope de 10 ans…