Rares sont les moments où, dans une démocratie, les extrémismes ont raison.
La France insoumise et le Rassemblement national ne réclament que la dissolution et, dans un registre différent, le départ anticipé du président de la République.
Des personnalités politiques plus modérées, notamment Jean-François Copé et Édouard Philippe, sont sur cette dernière ligne, laquelle serait programmée par le président lui-même.
Le président, uniquement préoccupé par la fin de son quinquennat et ne parvenant plus à maîtriser les orages qu’il a engendrés et libérés, s’obstine à refuser au peuple le droit de trancher une crise inextricable qui, sans le recours à celui-ci, pourtant, demeurera sans solution.
Ce qui est amusant, si j’ose dire, c’est la manière dont chacun recouvre d’un voile noble des intérêts et des lâchetés tout ce qu’il y a de plus ordinaires.
Les députés Les Républicains désirent participer au gouvernement en voie de composition – pour la seconde fois – par le Premier ministre qui, bouclier d’Emmanuel Macron une fois encore, commence sans doute à se lasser de n’être plus qu’un homme de devoir. Et ils refusent la dissolution : ils sont tellement angoissés à l’idée de ne pas retrouver leur siège !
Dominique de Villepin continue à dénoncer, à fulminer, à enjoindre avec flamme et talent, mais il ne nous donne jamais le mode d’emploi ; pour un responsable politique, c’est toujours le plus difficile.
On parle beaucoup de l’union des droites. Même si un récent propos de Jordan Bardella a fait apparaître une main tendue aux Républicains, sur le plan parlementaire, au cas où le RN n’aurait pas la majorité absolue aux prochaines élections législatives, cette perspective peut séduire, mais elle est loin de pouvoir être réalisée – et je ne m’en réjouis pas.
Il nous manque un François Mitterrand de droite, un génie politique, pour l’imposer.

Il nous manque un Bruno Retailleau audacieux qui, malgré une déconvenue récente que ses ennemis exploiteront, devrait être davantage persuadé qu’il est le chef de la droite, que sa victoire éclatante à la présidence lui a donné une totale légitimité, et que, faute d’un parti fort, l’union des droites ne favoriserait que le RN dominant.
Il manque à la droite extrême – Marine Le Pen et Éric Ciotti -, plutôt que de pourfendre la famille conservatrice classique, la volonté de faire des efforts et de tenter de favoriser des similitudes sur l’essentiel. Toutes les différences ne sont pas graves, mais il ne faut pas en abuser !
Il manque à la droite républicaine le courage de se libérer de l’emprise de la gauche. Celle-ci, qui n’a aucune leçon à donner, se croit autorisée à en dispenser parce que le camp adverse l’écoute et lui obéit tout en feignant de ruer dans les brancards…
Et si, face à ces péripéties extraordinaires, au lieu de prétendre leur appliquer des remèdes ordinaires, on tentait l’inouï : solliciter les citoyens, assumer la démocratie, ne pas avoir peur de ses risques et périls, mais considérer qu’elle est toujours la solution ?
Demain, celui qui sera exemplaire et peu anxieux de perdre son pouvoir en amplifiant celui du peuple, sera en bonne voie d’être élu.