Justice au Singulier

Blog officiel de Philippe Bilger, Magistrat honoraire et Président de l'Institut de la Parole

La garde à vue un enfer ?

La garde à vue n’est pas un enfer. Les policiers ne placent pas en garde à vue par sadisme. Ces données acquises, tenter d’instaurer un dialogue démocratique – je rêve d’états généraux de la police et de la justice – à propos de la garde à vue, de l’efficacité qu’il convient de lui assurer, des limites naturelles qu’il serait prudent de lui imposer me paraîtrait la meilleure des démarches. Mais, de grâce, qu’on n’oublie pas ce qu’exige au quotidien la mission de la police dans cet important débat à venir.

Nous sommes disqualifiés !

Si on avait une Fédération digne de ce nom, elle aurait déjà proposé une date pour le nouveau match. A armes égales. Sans coup de main.

Une fessée pour Edwige Antier ?

La loi est banalisée. La loi est détournée. La loi est moquée, en profondeur, quand elle s’attache à ce qui ne la regarde pas et s’élabore trop vite pour l’essentiel. La loi, sauf exceptions, n’a pas à s’immiscer dans la vie domestique, dans notre espace d’autonomie où nous sommes les témoins de nous-mêmes et de nos proches, vraiment proches. Qu’on continue comme cela, avec cette frénésie de la bonne conscience, et on amplifiera cette déplorable attitude française qui prend la loi pour une menace alors qu’elle devrait être perçue seulement comme une garantie.

Le DIC oh !

Les syndicats devraient demander au Secrétaire national chargé de la justice à l’UMP ( s’il y en a un) de prendre exemple sur David Douillet. Qu’on nous dorlote de la même manière.

L’éloquence est-elle morte ?

Après ces développements qui prétendent laisser l’éloquence moribonde au bord de notre chemin, j’ai cependant dans ma mémoire, avec Barack Obama notamment, sur le plan judiciaire avec des avocats prestigieux : Me Thierry Lévy, Me Henri Leclerc, Me Paul Lombard, Me Jean-Louis Pelletier et Me Georges Kiejman par exemple, des fragments de parole pure au sein desquels, après avoir tordu le cou à l’éloquence classique, s’est réfugié le talent.

Du ridicule un peu partout !

La France mérite d’avoir autre chose que cette démocratie de l’outrance dans l’infiniment médiocre. Il est temps que l’idolâtrie ou la détestation sortent du champ pour laisser place à l’intelligence. Qui n’interdit pas le combat mais donne aux citoyens l’envie d’y participer.

La morale n’est pas drôle

Entre cette indignité en Penssylvanie et l’encens français honteusement déversé par les internautes sur Tony Musulin, si on tentait tout simplement la justice ?

Le juge d’instruction par la fenêtre ?

Le paradoxe, c’est qu’en désirant démontrer l’inutilité du juge d’instruction, par manque d’audace on le légitime. C’était cela, le but ?

Patrick Ouart, un conseiller de luxe

Mais comment ai-je osé mettre en doute « la République irréprochable » puisque la commission de déontologie saisie a rendu « un avis positif sans réserves » au sujet de Patrick Ouart pour son retour chez LVMH ?

Hommage à Dominique Charvet

Je vais m’arranger avec les souvenirs que Dominique Charvet m’a laissés et que je pourrais résumer par le sentiment inusité et puissant d’avoir frayé trop peu de temps avec un homme exceptionnel, avec un magistrat exemplaire, avec un défricheur d’idées incomparable. Je voudrais faire une suggestion qui lui aurait profondément déplu. Des ministres remettent la Légion d’Honneur à des magistrats. Le président de la République s’est déclaré, en l’honorant, l’ami d’un magistrat que la rumeur judiciaire annonce à Paris comme procureur de la République. Puisque politique et justice sont déjà accordées pour le meilleur, les réjouissances, pourquoi ne pas les allier pour le pire, les tragédies, la mort ? Quand Un Dominique Charvet disparaît, la moindre des délicatesses serait que le président de la République ou au moins le garde des Sceaux lui rendît hommage. Le Pouvoir ne s’en prive pas pour des gens qui ne le valent pas. Mon hommage fait ce qu’il peut.

Jacques Chirac se tait, Charles Pasqua flingue

Est-ce parce qu’il flingue que tous les médias lui sont si complaisamment ouverts ? Je ne crois pas qu’aucun condamné ait bénéficié d’une telle écoute, d’une telle indulgence médiatique sans doute pour compenser la sévérité judiciaire. Il est facile, comparant la démarche de Jacques Chirac avec celle de Charles Pasqua qui, dans la foulée, se vante d’être au moins indirectement responsable du succès présidentiel du premier, de percevoir comme la démocratie est apaisée par l’un, offensée par l’autre. Quoi qu’on pense d’eux, par ailleurs. L’un méritait d’être président. Pas l’autre.