Le président est nu.
Après Michel Barnier, François Bayrou et la démission expéditive de celui qu’il espérait être son bouclier le plus sûr, Sébastien Lecornu, Emmanuel Macron est dorénavant confronté à sa responsabilité fondamentale : à cause d’une dissolution aberrante qui a rendu l’exercice parlementaire impraticable et, au-delà, gangrené la vie démocratique, le président de la République n’a à sa disposition que des solutions qui mettront en lumière son propre échec.
Le président ne démissionnera pas. Une telle décision, si elle émanait de lui seul, serait le signe d’une démarche parfaitement républicaine. Mais le propre d’Emmanuel Macron, et du macronisme qu’il a inspiré, a toujours été de substituer à la lucidité sur leurs erreurs une arrogance occultant le désastre.
En refusant la politique du pire et pour éviter le pire de la politique, le président peut être tenté de nommer un Premier ministre de gauche qui sera conforté par des forces de gauche et d’extrême gauche miraculeusement réunies par la tactique et l’unité imposée. Ce gouvernement peu probable serait balayé très rapidement.
La dissolution, cette fois nécessaire, devrait être l’expédient suprême. Sans le front républicain qui avait totalement dénaturé le résultat des dernières élections législatives, de nouvelles élections, organisées dans une totale liberté et transparence démocratiques, pourraient aboutir à une victoire incontestable, amplifiée, du Rassemblement national.
Si le RN se retrouvait en position de proposer un Premier ministre, le président, en l’acceptant, mettrait ce parti dans une position très inconfortable avant l’élection présidentielle : cela révélerait davantage son impuissance que son efficacité.
La France vit une situation totalement inédite.
Le président est nu. Ce n’est plus seulement une crise, pas encore une révolution. Le peuple piaffe.
Nous sommes au bord du gouffre. Il faut résister à la tentation – perverse ou lasse – d’y tomber.
« Si le RN se retrouvait en position de proposer un Premier ministre, le président, en l’acceptant, mettrait ce parti dans une position très inconfortable avant l’élection présidentielle : cela révélerait davantage son impuissance que son efficacité. » (PB)
Si Emmanuel Macron nommait Jordan Bardella Premier ministre (vu que Marine Le Pen a déjà dit qu’elle ne voulait pas du poste, préférant se réserver pour l’élection présidentielle), ce serait rendre un très mauvais service au RN. Il ne faudrait pas longtemps pour s’apercevoir que Jordan Bardella n’a absolument pas les capacités pour occuper ce poste. Son programme repose essentiellement sur des mesures populistes, et surtout coûteuses. Comme le disait François Mitterrand parlant de Michel Rocard : « Vous verrez qu’au bout de six mois, on verra au travers ». Sauf que là il faudrait beaucoup moins de temps. À noter quand même que Michel Rocard a tenu trois années pleines et a fait un excellent travail, alors que son successeur Édith Cresson a tenu onze mois et a accumulé les bourdes. Mais finalement ce n’est pas mal si on compare sa durée à celle des trois derniers Premiers ministres…😊
Certes le Président est nu mais bientôt c’est la France qui va se retrouver à poil…
Comment Macron a-t-il pu imaginer que le gouvernement Lecornu, clone du précédent, avait quelque chance de durer ?
Comment croire que des formations politiques très minoritaires (LR avec 50 méchants députés et PS avec 68 malheureux élus) prétendent imposer leurs exigences ?
Comment s’étonner du dégagisme ambiant face à ces petits gâte-sauces qui mitonnent la même ragougnasse depuis des lustres ?
Comment attribuer quelque crédit à Olivier Faure, caniche de Mélenchon qui se précipitera vers son maître dès que celui-ci tapera sur la gamelle ?
Comment respecter ces LR qui se castagnent de plus en plus rudement au fur et à mesure qu’ils rétrécissent ?