Une première : j’approuve Eva Joly…

Pour être précis, je l’approuve presque totalement sur le fond de l’entretien qu’elle a donné au Monde, bien questionnée par Pascal Riché.

Elle a raison quand elle déclare que « jeter l’opprobre sur les juges relève de la faillite morale ». J’ajouterais, ce qui n’est pas rien : et démocratique.

On concédera que je n’ai pas besoin de rappeler que les magistrats ont aussi une responsabilité dans le regard dépréciatif porté sur la Justice par une majorité de citoyens, d’où qu’ils soient et s’expriment. Je suis donc quitte sur ce plan.

Eva Joly énonce brutalement cette vérité « que le silence du président est choquant » alors que selon l’article 64 de la Constitution, il est le garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire. Selon elle, « il aurait dû intervenir énergiquement » pour dénoncer les critiques de Rachida Dati. Je n’irai pas jusqu’à suggérer la solution radicale préconisée par EJ : nous sommes dans un monde où dans la relation des politiques avec la Justice, il faut se contenter de peu et exiger seulement ce qui est possible.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que le pouvoir et parfois l’opposition, en dépit d’une façade formelle déférente, ne réagissent pas face aux attaques injustifiées portées contre cette institution et ses pratiques qui ne plaisent parfois ni à l’un ni à l’autre.

M’interrogeant sur cette constance perverse, je pourrais citer les quelques personnalités qui à droite ou à gauche ne sont jamais tombées dans la vulgarité ou la démagogie à l’encontre des juges. Ce qui évidemment n’est pas contradictoire avec l’expression d’inquiétudes républicaines qui ont le droit d’être formulées, dès lors qu’elles ne visent pas à saper le socle de l’autorité judiciaire.

Je n’ai jamais entendu, par exemple, David Lisnard, Philippe Juvin, Jean-François Copé, Édouard Philippe, Olivier Faure, les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, tomber dans ces travers.

Mais pour de nombreux autres, y compris au plus haut niveau, qu’il soit gouvernemental ou présidentiel, quelle dérive permanente, qui remplace abstention et réserve par des polémiques et des mises en cause indécentes voire indignes. Avec bien sûr le rappel systématique et ressassé de la présomption d’innocence !

Eva-Joly-12

Je me reproche d’avoir trop tardé à élucider ce dérèglement institutionnel, cette lamentable habitude française qui tiennent au fait que ceux qui, à chaque niveau, au pouvoir ou dans les oppositions, se sont ainsi dévoyés, ont eu maille à partir avec la Justice. Ils s’en prennent à elle parce qu’elle a été contrainte de les impliquer, d’enquêter, d’instruire ou de condamner.

L’illustration de ce constat serait trop longue.

Est-il nécessaire d’évoquer Nicolas Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, les immixtions subtiles et indélicates du président Macron dans le jeu judiciaire (pour certaines nominations et au soutien d’Alexis Kohler), Rachida Dati pour le président Sarkozy et aujourd’hui pour elle, les soutiens éperdus et inconditionnels de la droite et de Laurent Wauquiez à des causes qui auraient dû imposer au moins le silence, les diatribes du député LFI Ugo Bernalicis, les imprudences de François Hollande traitant de lâches les magistrats dans le livre d’entretien avec Gérard Davet et Fabrice Lhomme ?

Je pourrais continuer cette litanie. Je n’y mets aucune dénonciation, je relève seulement qu’on ne pouvait pas espérer de la part de ces contempteurs, quel que soit leur registre, sauf héroïsme démocratique et éthique, autre chose que ces réactions égoïstes, cette absence de protection de l’institution, cette indifférence honteuse. Ceci ne console pas mais au moins on comprend !

Je suis en revanche en total désaccord – je le dis tristement – avec un autre propos d’Eva Joly : « Ce miracle (de pouvoir poursuivre dirigeants politiques ou industriels) tient au fait que le peuple soutient les juges ». Cette considération qui serait revigorante si elle était exacte, est malheureusement battue en brèche par le climat de ces dernières années, et encore davantage depuis l’exercice du pouvoir par Emmanuel Macron.

Comment les citoyens de tous bords pourraient-ils être aux côtés des juges – ils ne l’ont été véritablement que lors de l’épisode d’Urba Gracco où ils formaient un front uni avec les magistrats résistant au pouvoir socialiste – alors qu’ils sont sans cesse influencés négativement par le populisme anti-juges de certaines élites – qu’on songe, notamment, à Alain Finkielkraut et Éric Zemmour – et la pression de médias engagés et vindicatifs à l’encontre de la Justice. À hauteur, souvent, de leur ignorance paresseuse de la matière. Il est tellement plus facile de dénigrer superficiellement les juges plutôt que de s’informer puis d’informer, objectivement, sur les affaires.

Comment, dans ces conditions, le peuple au nom duquel la justice est rendue pourrait-il respecter une institution vilipendée comme si elle créait elle-même les charges contre les personnalités publiques ?

Comment, alors que médiatiquement on n’évoque que les dysfonctionnements judiciaires, les citoyens pourraient-ils se réjouir du fait que l’essentiel, en matière pénale, est traité normalement, voire remarquablement, et en créditer les magistrats ?

Même si je suis magistrat honoraire, donc bien éloigné du corporatisme, je me sens encore investi de la responsabilité modeste, comme Eva Joly d’ailleurs, de ne pas laisser n’importe quoi être déversé sur la Justice, de ne pas accepter que n’importe qui la pourfende et de regretter que la plupart du temps elle se défende mal.

Quand j’entends le président du tribunal judiciaire de Paris demander « qu’on ne jette pas l’opprobre sur la justice », je trouve que c’est trop conventionnel. Je préférerais plus de fierté et de combativité. En instillant dans toutes les têtes que c’est un double honneur d’être magistrat, et au service de nos concitoyens.

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Voir les Commentaires (37)
  1. Jean sans terre

    La justice, en France, est républicaine.
    Par conséquent, elle a toutes les tares qu’a la République : son origine mythique, ses erreurs anthropiques, son substrat idéologique, son fanatisme, sa téléologie.

  2. Eva Joly, une tête forte, intègre et parfaite tant qu’elle était juge d’instruction pour épingler les puissants délinquants financiers en col blanc. Dommage qu’elle ait ensuite choisi de rentrer dans la politique parmi les carnivores qui se sont méfiés de voir arriver une magistrate rentrer dans la cour réservée aux seigneurs et leurs semblables.

  3. Cher hôte, je plussoie.
    Qu’attendre d’une personne, vous savez le petit garçon capricieux à talonnettes qui sert les mains très fort pour faire croire qu’il l’est, qui s’acoquine avec des Mimi Marchand, protège des Kohler, des Benalla ?
    Qu’il respecte et protège l’institution judiciaire ?
    Avec Betharram, Bayrou aurait dû sauter depuis longtemps. Valls a été condamné en Espagne pour financement illégal de campagne, où en est l’histoire Orion Oil le concernant, enquête, pas enquête, trop de politiciens concernés ? Il est ministre…
    Pourquoi voudriez-vous que des margoulins défendent la justice ?
    Qu’elle soit imparfaite, certainement. Personne n’est parfait, enfin, surtout les autres. Et comme vous le soulignez, les politiciens découvrent l’imperfection quand elle les touche.

  4. « Quand j’entends le président du tribunal judiciaire de Paris demander « qu’on ne jette pas l’opprobre sur la justice », je trouve que c’est trop conventionnel. Je préférerais plus de fierté et de combativité. En instillant dans toutes les têtes que c’est un double honneur d’être magistrat, et au service de nos concitoyens. » (PB)
    Être magistrat est certes une noble profession. Elle est particulièrement utile dans une société en pleine crise existentielle, ravagée par le narcotrafic, agitée par les conflits internationaux, en particulier russo-ukrainien et israélo-palestinien, qui ont principalement pour effet une poussée inquiétante du racisme et de l’antisémitisme.
    Il semble que l’on soit revenu aux années sombres qui ont précédé la Seconde Guerre mondiale.
    Mais, comme dans les autres métiers, la magistrature a ses brebis galeuses, à savoir des juges qui ont tendance à profiter de leurs prérogatives pour les détourner à des fins politiques.
    Ce qui peut expliquer l’opprobre jeté sur la justice par des citoyens excédés par les décisions de certains juges, clairement partisanes.

  5. « Même si je suis magistrat honoraire, donc bien éloigné du corporatisme, je me sens encore investi de la responsabilité modeste, comme Eva Joly d’ailleurs, de ne pas laisser n’importe quoi être déversé sur la Justice, de ne pas accepter que n’importe qui la pourfende et de regretter que la plupart du temps elle se défende mal. (PB)
    C’est même plus beau que ça : monsieur Bilger a été ennuyé par des hermines pas encore honoraires pour la liberté qu’il se permettait et nous permet sur le blog, merci à lui :
    https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/4154324001015/philippe-bilger-convoque-par-le-procureur-general
    Et puisqu’on parlait de courage dans un autre fil… Je pense qu’il serait bien possible que monsieur Bilger soit agressé comme certaines personnalités l’ont été.
    Si on remonte plus haut sur le point de polémique de savoir qui fait des transgressions, je pense que le plus grave est ce qui ressort de la religion musulmane, aujourd’hui.
    Nous avons une immigration de ce type qui innove en ce que certains nous rendent le mal pour le bien, et on ne fait pas ce que la logique de maintien de notre sûreté et surtout de notre liberté impose : interdire chez nous toute immigration de ce type.
    Drôle de pays ! On a longtemps craché sur les Américains quand ils nous protégeaient avec grâce : sans faire remarquer combien ils nous prenaient en charge tandis que nous ne nous dépensions jamais qu’en vaines critiques… Par contre, on ne réagissait que mollement face au danger russe, et à présent, on récompense l’agression du Hamas en prétendant reconnaître l’État palestinien dans un tel contexte. Bref, c’est à croire que nous avons trop peur de nous opposer à nos opposants, et trop de ressentiment et de vanité pour ceux à qui nous devons tout, pour ne pas nous en venger par le crachat.
    Et ça donne des leçons au monde entier ?
    Par parenthèse, des gens moins intéressés par les poses à prendre que par les victimes ont proposé de larguer des secours par avion aux Palestiniens. Que de confusion dans l’autre proposition ! La diplomatie et l’humanitaire sont choses bien différentes. L’État ? Je signale qu’il a des frontières, loin d’être consensuelles dans le cas susdit, que bien des pays arabes ne veulent pas d’un État palestinien, qu’un État a des dirigeants, et qu’entre l’Autorité palestinienne et le Hamas, les malheureux Palestiniens sont bien dotés…
    N’importe quoi, on fait comme d’habitude n’importe quoi, peut-être en partie pour se concilier les Français d’origine arabe, voire qui sait des immigrés, même clandestins, qui sont illégitimes à influencer notre politique.
    Il est vrai que la situation est à la base totalement pourrie, c’est une partie de l’Allemagne qui aurait dû être sacrifiée aux Juifs pour leur proposer un foyer national, car les coupables de génocide, c’étaient les Siegfried et les Hagen, pas les Mohamed et les Ali. Il me semble qu’on a oublié la personnalité des délits et des peines dans l’affaire, et que sans châtiment des coupables, on ne dissuade pas les génocidaires pour l’avenir. Mais tout le monde est fasciné par Jérusalem, cet égout au fanatisme monothéisme.
    Eh bien on a l’unité de lieu, les « terres sacrées », de temps, notre époque, et d’action, le monothéisme, et on voudrait que ce soit autre chose qu’une tragédie ? Soyons sérieux.
    Situation pourrie, impasse. Surtout du côté palestinien, mais aussi israélien, arrêter de frapper permet à l’hydre Hamas de se reconstituer, continuer accroît l’antisémitisme dans le monde et donne des vocations aux Palestiniens engloutis par ses coups. On peut critiquer la brutalité du gouvernement actuel ou au contraire une certaine naïveté de plus accommodants avec les Palestiniens, mais nul n’est coupable du fait de la situation pourrie ayant condamné le monde à l’impasse, personne sauf ceux qui à force de rejeter les Juifs pendant des milliers d’années, les ont condamnés à réclamer et défendre leur citadelle assiégée.
    Si les gens avaient eu autrefois le courage intellectuel de se détourner du monothéisme liberticide et diviseur ou du moins de son esprit dans les décisions importantes comme par exemple en expulsant des Allemands d’une partie de leur terre et que les Juifs avaient accepté ces lieux fertiles plutôt que des déserts, on n’en serait pas là.
    On va me dire irréaliste ? Comme si c’était réaliste de supposer que deux peuples sur une terre, dont un échaudé par de constantes persécutions, et l’autre d’être la variable d’ajustement de cela, dont la terre est donnée aux Juifs pour que cela n’arrive plus, allaient s’entendre ! Comme si le monothéisme dans les lieux qui l’ont vu naître en tout cas comme religion nationale, n’y était pas plus fort, comme l’Anneau de Sauron sur la Montagne du Destin, dans l’oeuvre de Tolkien.
    Mais on ne peut brûler le monothéisme, c’est lui qui consume le monde, je pense qu’il est probablement « écrit » qu’il y aura une guerre atomique entre l’Iran ou quelque autre pays musulman, et Israël, ou pourquoi pas nous, si ça continue ?
    L’unité, qu’elle soit de dieu unique, de temps ou d’action, n’amène absolument rien de bon, sauf pour ceux qui s’ennuient, quelque purgation tragique au spectacle du monde.
    Dans un monde divisé, certains veulent un gouvernement mondial, mais tyrannique, il ne pourrait être renversé.
    Comme d’habitude, l’unique serait une fausse bonne idée.
    L’unique est pervers, intrinsèquement pervers.
    La religion, le gouvernement sans pouvoirs divers et équilibrés : il faut être Français* pour ne pas comprendre la chose et attaquer la magistrature, être d’une élite d’ici pour ne pas comprendre les vertus du multiple, chacun voulant imposer son unique aux autres, c’est la seule différence entre la plupart des membres de notre élite, tu parles d’un numéro !
    *Ou Trump et ses affidés… Espérons que les États-Unis se reprendront après son mandat.

  6. Marc Ghinsberg

    Cher Philippe, vous écrivez : « M’interrogeant sur cette constance perverse, je pourrais citer les quelques personnalités qui à droite ou à gauche ne sont jamais tombées dans la vulgarité ou la démagogie à l’encontre des juges », et de citer Bruno Retailleau. Il me semble que concernant au moins celui-ci, votre mémoire vous fait défaut.
    Dans l’une des affaires Sarkozy, Public Sénat rapporte les propos de BR :
    « Des actes qu’on pourrait qualifier de piraterie judiciaire », s’est indigné Bruno Retailleau, évoquant aussi une « sorte d’enquête de contrebande, à la limite de ce que la justice doit pouvoir faire ».
    https://www.publicsenat.fr/actualites/non-classe/proces-fillon-une-forme-de-politisation-inquietante-pour-bruno-retailleau-183534

  7. Xavier NEBOUT

    La justice de la République est par définition une imposture puisque le mot signifie « oeuvre de Dieu ».
    Et elle l’est doublement en ayant conservé la robe de deuil du Christ de l’ancienne justice ecclésiastique, et même le rouge des rois mérovingiens, pour se parer du sacré,
    et triplement en s’auréolant ainsi de la gloire d’une justice ecclésiastique réputée pour sa fiabilité, tant dans les grandes villes comportant des seigneuries ecclésiastiques où elle était compétente, les maisons y valaient plus cher de ce seul fait.
    Alors les magistrats :
    Il y a les honnêtes qui appliquent scrupuleusement le droit et l’équité, mais aussi les malhonnêtes qui trichent avec le droit pour assouvir leur idéologie, parfois par fraternité avec un frère ou une soeur maçon ; et tous les lâches qui ne dénoncent pas les premiers, c’est à dire la quasi-totalité.
    Et il y a même ceux qui font de brillantes carrières en se faisant jeter de leur juridiction parce qu’ils sont mauvais, car dans cette profession, on n’est muté qu’en montant en grade. Si bien que les plus mauvais se retrouvent en cassation. J’en ai même subi un qui le faisait exprès dans ce but. Là aussi, on devra saluer la couardise de ceux qui ne le dénoncent pas.
    À cela s’ajoute la méconnaissance des sujets dont ils jugent par le petit bout de leur lorgnette, par exemple en matière de transaction immobilière. On peut ainsi voir le gaucho être fier de débouter un agent immobilier qui a raison de A à Z mais image détestable de l’homme libre face au serf. Si en plus il connaît le droit, alors là, c’est la haine, car le juriste qui ne fait pas partie du sérail serait une injure au droit !
    Aux USA, il faut avoir été longtemps avocat pour prétendre savoir juger, et un stage dans les milieux sociaux et professionnels où le magistrat aura à juger devrait être de rigueur.
    Nous avons aussi les chambres sociales compétentes en matière de droit du travail ; elles sont appelées « chambres rouges » par les avocats, c’est tout dire…
    Les tribunaux consulaires, où certaines loges règnent en maître…
    Au pénal, le révisionniste est un terroriste, et on se débarrasse facilement de ce qui vient « du riche » au motif que ce serait du civil. Un propriétaire qui se fait taper dessus par un locataire, c’est depuis bien longtemps du civil.
    En conclusion, notre justice n’est pas complètement pourrie, mais pas loin, et elle coûte cher à la prospérité et la santé morale de notre pays. La cause en est essentiellement qu’on y est bien souvent magistrat par désir gauchiste d’être justicier, ce que la présence des femmes aggrave du fait de la physiologie de leur cerveau.

  8. Julien WEINZAEPFLEN

    La France vit sur le mythe de la séparation des pouvoirs. Or la séparation des pouvoirs ne résiste pas à l’épreuve des faits. Eva Joly, Laurence Vichnievsky, Georges Fenech ou les défunts Thierry Jean-Pierre et Éric Halphen et j’en oublie, se sont mêlés de poursuivre les politiques, puis se sont engagés en politique. Ils ont franchi le Rubicon parce que la frontière était trop poreuse.
    De même que dans l’énumération que vous faites des politiques qui n’ont pas mis les juges en cause et dont je crois que Jean-François Copé doit être excepté, ceux qui n’ont jamais critiqué les juges sont ceux qui n’ont jamais été inquiétés par la justice ou « n’ont jamais eu maille à partir » avec elle.
    Vous faites fond sur le populisme antijudiciaire. Le populisme va du « tous pourris » avec « haro sur les cols blancs ! » quand il s’agit des politiques, à « toute la justice est gangrenée », surtout quand elle s’en prend à mon candidat préféré. Le populisme judiciaire est dangereux, car il poursuit le rêve d’une République irréprochable, comme si la corruption ne blessait pas la nature humaine et que, plus on est proche de la caisse, plus non seulement on a la tentation d’y mettre la main, mais les mêmes qui vous en voudraient d’en tirer un enrichissement personnel vous pressent de leur rendre service.
    Le populisme antijudiciaire est trop accommodant avec « la République bananière », mais il n’a pas oublié la leçon de Robespierre, « l’Incorruptible ». L’inaccessibilité à la tentation de la corruption tout comme la lutte sans merci contre la corruption mène à la Terreur.
    Cela mérite pourtant d’être nuancé. Il me semble que devraient être peu poursuivies sinon par le droit commun, les libertés que prennent les politiques avec les règles des marchés publics, les pots-de-vin et toute autre forme de délits qui restent rivés au plan national, sans susciter des influences étrangères pour prendre pied dans le pays, un peu comme un boursicoteur ou un investisseur qui prendrait des actions dans notre démocratie.
    La ligne de démarcation est illustrée par Rachida Dati qui aurait exercé son influence à l’étranger sans avoir produit un travail que l’on puisse retracer. Si l’on suit mon raisonnement, on devrait la laisser tranquille quand Henri Proglio lui offre 400 millions de bijoux et qu’elle ne le déclare pas, mais on a raison de la poursuivre pour des rémunérations suspectes en lien avec une activité reposant sur son entregent international supposé, mais la gazelle est voyageuse, et Renault a évalué son influence beaucoup plus qu’elle ne pesait, encore que ce calcul ait été fait par un industriel et que la rémunération que Renault a estimé devoir lui verser ne regarde que l’entreprise, la question du conflit d’intérêt demeurant entre une avocate d’affaires et une députée européenne.
    Mais la ligne de démarcation est franchie si Nicolas Sarkozy a bénéficié des réseaux libyens comme Mediapart et son procès semblent l’avoir établi. Elle est franchie quand des politiques se font financer leurs campagnes par quelque puissance étrangère et touchent des rétrocommissions. Encore faut-il que l’on n’ait pas un regard sélectif sur ces influences étrangères et que l’on dénonce à égalité l’influence russe et l’influence américaine, comme l’a dit François Fillon auditionné par la commission parlementaire intéressée à la question. On pourrait faire jouer la notion d’intelligence avec l’ennemi, mais que l’on sache, la Russie n’est pas entièrement notre ennemie ni les États-Unis nos alliés inconditionnels.
    J’ai parlé de ligne floue et de ligne de démarcation. Celle-ci est allègrement franchie si les soupçons d’Olivier Marleix se confirment qu’il y aurait un pacte de corruption, raison pour laquelle l’interrogation sur le maquillage de son suicide et sur d’autres morts suspectes proches des milieux du renseignement ne sont pas à balayer d’un revers de main comme le soupçon de complotistes écervelés.
    Et si Emmanuel Macron est convaincu d’avoir bradé notre souveraineté industrielle, il n’est pas encore dans l’intelligence avec l’ennemi, mais il n’est plus au service de son pays.
    De même on reproche à la justice d’être politisée. Les juges ont le droit d’avoir leurs opinions et même un engagement politique pourvu qu’ils les rangent au vestiaire quand ils se préparent à juger impartialement. Vestiaire qui n’est pas étanche, car il est facile de soutenir qu' »une porte doit être ouverte ou fermée » tant que la porte a une réalité matérielle. L’engagement d’un juge en politique na rien de contraire en soi à la démocratie, mais la « common decency » devrait commander à un juge qui s’est intéressé à la classe politique de s’éloigner de la politique active.
    Vous avez sans doute, cher hôte, trouvé la bonne distance avec votre position intermédiaire de citoyen engagé en tant que magistrat honoraire, qui n’a jamais souhaité franchir le pas, non d’un encartage dans un parti politique, mais d’une candidature à un mandat électif, encore que vous n’ayez requis qu’une fois dans des affaires impliquant des politiques. Mais celle qui fait l’objet de ce billet et les quelques autres juges que j’ai cités au début de ce commentaire ont franchi la ligne jaune ou la sorte d’Équateur imaginaire que j’ai essayé de tracer et qu’on peut bien sûr affiner et discuter.

  9. En tout cas, la critique de la magistrature reste modérée par rapport à la contre-attaque du gouvernement transalpin contre les toges…
    Au début de ce mois, la Première ministre a ordonné à ses troupes de limiter (provisoirement) leurs attaques contre la Cour de cassation italienne, afin de ne pas effrayer les modérés et permettre ainsi aux projets de loi sur la justice, notamment la séparation des carrières des magistrats du siège et du parquet, de passer tranquillement en 2026…

  10. Le « Mur des cons » et l’affaire Fillon sont les démentis les plus cinglants à votre angélisme…
    « Elle a raison quand elle déclare que « jeter l’opprobre sur les juges relève de la faillite morale ». J’ajouterais, ce qui n’est pas rien : et démocratique. » (PB)
    De ces deux affaires ci-dessus rappelées on pourrait ainsi paraphraser Madame Joly :
    « Lorsque l’opprobre est porté sur les juges par leur comportement ignominieux ou servile surgit alors la faillite morale de l’institution judiciaire ».

  11. Jean sans terre

    Cher Monsieur Bilger,
    Vous avez bien trop de respect pour les notables et les fonctions. Vous voudriez un monde parfait alors qu’il n’est qu’humain, trop humain, bassement humain.
    Prenons l’exemple de Mme Dati. Cette dernière a paraît-il falsifié ses diplômes pour pouvoir être magistrate. À peine plus tard, qu’était-elle devenue ? ministre de la Justice ! On pourrait n’y voir qu’une exception. Elle est la règle soigneusement dissimulée. À vous croire, cette dame en sa qualité méritait le respect. Quelle fut sa peine pour son forfait ? Elle devrait a minima être écartée définitivement de toute affaire publique. Qu’en est-il depuis ? Elle ne fut pas gênée pour poursuivre sa carrière. Depuis, elle est redevenue ministre de la République.
    La justice républicaine a été fort clémente, beaucoup plus que pour le péquin qui toujours subit. Demain, peut-être même sera-t-elle maire de Paris ? Dans quelques années, grâce à son entregent, grâce aussi au sexe, son enrichissement personnel ne se comptera pas en quelques millions – comme cela l’est aujourd’hui – mais en centaines de millions, une fois que sa fille aura hérité du tiers de la fortune des Barrière.
    Est-ce bien différent pour le garant constitutionnel de l’institution judiciaire ? Il eut fallu à temps soutenir la vertu républicaine de M. Marleix, qui peut-être en mourut de tristesse tant au cours de sa carrière politique il put s’apercevoir et désespérer des membres de sa famille politique. Les institutions françaises paraissent grandement vermoulues et toutes corrompues de l’intérieur.
    République des notables. République des coquins, pour les coquins et au profit des coquins, quitte à ce que la France soit dépecée pour l’avantage d’intérêts étrangers. Qu’attendre d’autre d’apatrides spirituels déracinés pour qui la France n’est plus qu’un vestige croulant du passé ? Cette engeance n’est pas corrompue. Elle est la corruption. Cette engeance ne sert pas. Elle se sert.
    Est-ce que le peuple vaut mieux ? Il a suffi jusqu’alors de le stipendier pour obtenir son agrément et son silence, tout occupé à jouir de lui-même sans entrave et à profiter. Dans sa déréliction, quel fond moral et spirituel permettra son sursaut ? Hormis l’argent, plus rien ne distingue le peuple de ses notables qui l’administrent : même fonds culturel et spirituel, mêmes valeurs, mêmes passions. Les notables ont juste plus de qualités carnassières et sont plus voraces. Le mérite républicain, sans doute. Ceci est la raison du mépris profond des hordes étrangères qui investissent la citadelle pour s’approprier ce qu’il reste de notre ancien jardin d’Eden. Ceux-là dépouillent et accaparent irrespectueusement. Dans le fond, nous nous comportons mêmement bien qu’avec moins d’énergie et plus mollement. La faute à l’âge probablement. Ici, même la jeunesse semble vieille.
    Décidément, M. Bilger, vous avez bien trop de respect et d’innocence.

  12. Le choix de la photo n’est peut-être pas le plus judicieux: c’est bien Jean-Vincent Placé, l’ex-sénateur en délicatesse avec la justice, qu’on aperçoit derrière !

  13. Olivier Seutet

    Je suis très gêné de voir prendre Eva Joly comme inspiratrice. Elle a réussi à transformer l’affaire Elf en un imbroglio qui est resté non résolu : l’argent volé par les différents protagonistes est resté largement à l’abri de ses investigations ; elle a préféré se concentrer sur l’accessoire.
    À ce reproche d’inefficacité il faut rajouter ses procédés peu ragoûtants : comment qualifier ses méthodes de faire mettre systématiquement les menottes à un accusé souffrant d’un psoriasis très douloureux et dont elle pensait qu’il ne lui parlait pas assez ?
    Comment prendre cette personne discutable professionnellement, insupportable de sectarisme politiquement, comme référence ?

  14. Cher Philippe Bilger,
    J’ai un peu de mal à vous suivre quand vous n’avez sur CNews pas de mots assez durs pour fustiger certaines décisions de justice, et que par ailleurs vous persistez à défendre cette même justice face à la défiance populaire dont elle est justement l’objet.
    Il y a là une subtilité qui échappe au plus grand nombre.
    Si l’on veut bien résumer la situation à grands traits, je serais assez d’accord avec votre camarade de plateau, l’excellent Gilles-William Goldnadel, qui déplore à la fois un laxisme viscéral envers tous les coupables issus des minorités officielles, mais aussi une extrême sévérité envers les hommes politiques qui ont, par malversation ou imprudence, peu ou prou franchi la ligne jaune.
    Mitterrand, décidément le plus machiavélique et le plus nuisible des hommes politiques, a infusé le poison du progressisme dans toutes les institutions et lieux de pouvoir. La justice en fait partie qui, au nom d’une indépendance farouche qui n’a pas lieu d’être dans la mesure où elle doit être l’émanation de la volonté populaire, profite de son pouvoir quasi divin pour excuser les bourreaux (car c’est la société qui est coupable, forcément) et asseoir sa situation d’intouchabilité en ne laissant rien passer aux hommes politiques, surtout de droite.
    Ce faisant, elle scie la branche car elle est objectivement devenue, avec la folle politique d’immigration imposée par Bruxelles, le premier vecteur de la délinquance dans ce pays. Cela ne peut durer éternellement.
    Le jour où le coup de torchon passera, elle sera l’objet d’un double ressentiment longtemps contenu (de la part du peuple et des hommes politiques), mais qui sera d’une violence inouïe amplement justifiée. Comme le coup de sabot de Tistet Védène à la mule du pape.
    En attendant ce jour béni, elle s’évertue à mettre tout en œuvre pour discréditer tout candidat de droite susceptible de lui remonter sèchement les bretelles. L’épisode des prêts au RN pour éliminer Bardella est significatif.
    Et, je me répète, ne vous faites aucune illusion : le jour où Retailleau aura patiemment tissé sa toile, les juges, aidés par toute la caste journaliste progressiste, sauront trouver le moyen de lui barrer la route de l’Élysée.
    C’est inscrit.

  15. Patrice Charoulet

    « 4 Français sur 10 ne partiront pas en vacances ». Voilà ce que j’entends et c’est pour gémir sur « ces pauvres Français » qui n’ont pas les moyens financiers d’accéder aux voyages et aux vacances.
    Il y a un sondage qu’on ne fera jamais dont voici la question : « Parmi les Français qui ne partent pas en vacances, combien n’ont aucune envie de partir et se trouvent très bien là où ils vivent ? ».
    Pour ma part, revenu vivre à Dieppe, ma ville natale, il y a quinze ans, je n’ai jamais eu la moindre envie de « partir en vacances », été comme hiver.J’en aurais pourtant les moyens financiers.

  16. « Je suis en revanche en total désaccord – je le dis tristement – avec un autre propos d’Eva Joly : « Ce miracle (de pouvoir poursuivre dirigeants politiques ou industriels) tient au fait que le peuple soutient les juges ». Cette considération qui serait revigorante si elle était exacte, est malheureusement battue en brèche par le climat de ces dernières années, et encore davantage depuis l’exercice du pouvoir par Emmanuel Macron.
    […] Quand j’entends le président du tribunal judiciaire de Paris demander « qu’on ne jette pas l’opprobre sur la justice », je trouve que c’est trop conventionnel. Je préférerais plus de fierté et de combativité. En instillant dans toutes les têtes que c’est un double honneur d’être magistrat, et au service de nos concitoyens. » (PB)
    Vos derniers mots, Monsieur Bilger, sont sans doute ceux qui à mon sens ressortent comme les plus importants de ce billet : « honneur d’être magistrat, au service de nos concitoyens ».
    Le problème est que la majorité de nos concitoyens, confrontés à une insécurité galopante et de plus en plus généralisée (et ce n’est pas seulement CNews qui génère ce « sentiment »), constatent que la Justice n’est plus au service des citoyens honnêtes et animés d’un sens civique scrupuleux : la justice sanctionne durement et sans pitié leurs moindres écarts tandis qu’elle se préoccupe particulièrement du sort fait aux délinquants condamnés et que les sanctions prévues en matière délictuelle, voire parfois criminelle, avec des maxima de durées d’emprisonnement et d’amendes, ne sont quasiment jamais appliquées, malgré moult récidives.
    Les citoyens français ordinaires, saturés d’informations diffusées par les réseaux sociaux et des médias qui se chargent de diffuser la seule doxa admissible, ne peuvent que conclure qu’à eux seuls, notamment parce que d’origine continentale, s’applique la morale de la fable de La Fontaine « Les Animaux malades de la peste » : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour… »
    Quant à l’efficacité de l’institution judiciaire, le corpus idéologique qui sous-tend la politique pénale actuelle concernant les adultes et plus encore les mineurs a supprimé tout principe d’autorité et surtout de responsabilité, le relativisme étant un élément essentiel de la réflexion d’un nombre de plus en plus important de magistrats.
    Par ailleurs, nombre de décisions judiciaires ne peuvent qu’être incomprises des forces de police et de gendarmerie dont l’autorité de l’action est ainsi trop souvent mise en doute.
    Au bilan, si l’on ajoute nombre de décisions peu compréhensibles des tribunaux, cours d’appel et Conseil d’État en matière de justice administrative, c’est l’autorité même de l’État qui est particulièrement affaiblie.
    Quant aux politiques, madame Joly, sans doute animée d’une rigueur protestante des pays du nord de l’Europe, a traité de multiples affaires de corruption de politiques (affaire Elf, affaire des frégates de Taïwan, Affaire Dumas-Deviers-Joncour, etc.) sans qu’il puisse lui être fait grief de réel parti pris.
    En revanche, son basculement politique dans le parti des Verts a jeté une ombre, voire un doute par un effet de bascule que j’estime regrettable dans un parti marqué par une idéologie de plus en plus extrême.
    Si à son époque madame Joly pouvait avoir le sentiment de s’attaquer utilement à la corruption du monde politique, elle ne saurait considérer que la situation actuelle soit semblable à celle qu’elle a vécue.
    De fait, tout citoyen intellectuellement honnête ne peut que percevoir que dans nombre d’affaires la justice actuelle mène avec une grande célérité une action politique défavorisant ceux qui tombent dans ses griffes s’ils appartiennent à une mouvance combattue idéologiquement (droite et extrême droite notamment), tandis que les formations proches du pouvoir actuel semblent ne pas subir les mêmes foudres, grâce au minimum à une grande lenteur, quand ce n’est pas une mansuétude certaine.
    Et ce ne sont pas certaines prises récentes de parole de magistrats, notamment parisiens, qui contrediront cette perception négative de l’institution judiciaire.

  17. Eva Joly, le Dom Bernardus en jupon, aussi redoutable que son modèle.
    C’était Loïk Le Floch-Prigent qui en parlait le mieux.

  18. Xavier NEBOUT

    On voit si quelqu’un ment ou pas, dans son aura. Certes, que ce soit difficile à mettre en pratique est une chose, qu’on n’en sache rien en est une autre.
    C’est qu’on ne veut pas savoir alors que c’était une pratique de saint Louis et qu’elle est celle du juge traditionnel africain.
    Pour faire dire la vérité, il suffit d’administrer de la scopolamine ou autres « sérums de vérité ». Là aussi, que ce soit difficile à mettre en pratique est une chose, qu’on n’en sache rien en est une autre.
    C’est là aussi qu’on ne veut pas savoir alors que cela entre en pratique en Inde.
    Voilà encore des preuves de la misère intellectuelle de notre justice et de la pourriture de notre civilisation occidentale.
    Saint-Yves-de-Vérité priez pour eux !

  19. La monarchie exécutive n’aime pas les juges : ils rappellent qu’elle n’est pas toute-puissante. Elle tolère les avocats, qui bavardent ; elle redoute les magistrats, qui tranchent.

  20. Réflexions d’un juge inspirées d’un célèbre roman d’Agatha Christie se déroulant sur une île du Devon.
    « Je n’ai plus besoin de robe ni de sceau. Ce soir, je suis la justice elle-même, non sa représentation.
    Ils dormiront bientôt, ou s’effondreront dans un lit qu’ils croyaient sans jugement. Mais moi, je veille. Je suis le dernier vivant sur l’île, et ce silence est pur comme le fond d’une conscience lavée de ses hésitations.
    Ils m’auront peut-être cru fou. Le mot revient, toujours, quand la loi s’arrache de ses codes pour redevenir implacable. Je ne suis pas fou. Je suis lucide. Je suis ce que la justice aurait dû être, si elle n’avait été dévorée par le confort, la compromission, la routine. Je suis ce moment rare où le droit s’arrache au compromis pour épouser la vérité.
    Je les ai tous observés. Non pour les haïr, mais pour les comprendre. Et c’est cela, précisément, qui les condamne. Car lorsqu’on connaît la faute et qu’on comprend le fautif, on ne peut plus reculer.
    Le préfet… lui, plus que tous, m’a hanté. Non parce qu’il tua de sa main, mais parce qu’il recouvrit d’un paraphe froid, bureaucratique, la mort d’un garçon couché à terre. Il avait dit : « Contexte difficile. Nous devons apaiser. » Il avait signé. Il avait couvert. Et la justice s’était tue.
    Je l’ai tué. Comme les autres. Avec le même calme que celui qu’ils exigeaient des familles endeuillées. Aucun cri. Aucune haine. Seulement l’ordre restitué.
    La tempête fut mon alliée. Elle rendait le monde extérieur aussi inaccessible que la grâce. Elle fit de cette île un huis clos parfait, où rien ne venait dissiper la pureté du procès.
    Demain, ils trouveront mon corps. Le revolver vidé. Le sang, cette fois, sera vrai. Le théâtre sera terminé. Le rideau ne se lèvera plus.
    Mais qu’on ne dise pas que j’ai vengé.
    J’ai rendu.
    Et ce fut un double honneur. »

  21. Après Ali Baba et les 40 voleurs, la suite :
    https://actu.orange.fr/politique/presidentielle-2027-le-rn-en-difficulte-pour-financer-sa-campagne-ce-remboursement-qui-pese-lourd-magic-CNT000002jMFNf.html
    Tu parles d’une équipe de responsables ! Ils ont toujours maille avec la justice, il faut donc la protéger, car le jour ou le FN/RN prendra le pouvoir ils vont la faire marcher au pas et cadencé par-dessus le marché.
    Vous les voyez tenir le tiroir-caisse de la République ? Après avoir dit que les tiroirs étaient vides ils vont vite trouver de quoi conforter les leurs.
    À force de passer devant les tribunaux, j’ai bien peur qu’ils en apprennent toutes les subtilités, jusqu’ici plutôt pas très dégourdis, mais le futur va être l’occasion de faire comme Trump ou le Cinglé, cracher sur tout ce qui bouge. Il est vrai que tous ceux qui se sont succédé leur ont fait le lit à cette bande de Pieds Nickelés, mais ce qui me fait peur c’est que lorsqu’ils seront du bon côté du manche, le knout sera bon pour tous ceux qui s’opposeront.
    Vous verrez… On apprend vite quand on est du bon côté du manche.

  22. Tant que les hauts fonctionnaires et les hommes politiques ne seront pas professionnellement et pénalement responsables de leurs actes, tout cela n’est qu’un théâtre d’ombre. On peut se poser mille fois la question de l’indépendance des pouvoirs, de la place de la Constitution ou du respect dû aux corps constitués, tout cela n’est que foutaise aux yeux des citoyens qui voient une caste de privilégiés et d’irresponsables se goinfrer sur leur dos depuis bien trop longtemps.

  23. Michel Deluré

    Dès que certains sujets sont abordés, il semble bien difficile si l’on en juge par la lecture de quelques commentaires de prendre un peu de recul par rapport à ce sujet et de ne pas tomber immédiatement dans une généralisation abusive qui renvoie une vision déformée de la réalité.
    Est-il question de politique, est-il question de justice, point de nuances dans le commentaire, tous les politiques comme tous les juges sont systématiquement disqualifiés, tous ne sont que des pourris. C’est un regard désabusé, chargé de mépris, de discrédit, que l’on porte alors trop systématiquement sur ces hommes et femmes et par transfert sur les institutions qu’ils servent.
    Bien sûr, des politiques, des juges, sont imparfaits, quelquefois corrompus. Même si de par leur fonction ils devraient être plus exemplaires que le commun des mortels, ils ne sont après tout que des humains ! Attendions-nous à n’être gouvernés, jugés, que par des prodiges, des saints ?
    Gardons-nous par conséquent de porter sur la justice une appréciation péremptoire et définitive en ne nous appuyant pour exemple que sur des dossiers, souvent complexes, qu’elle a jugés et sur lesquels nous ne possédons pas, la plupart du temps, la connaissance parfaite et approfondie, et alors que nous méconnaissons, dans notre grande majorité, la manière dont le droit doit s’exercer et se dire.
    Des jugements peuvent nous paraître subjectivement mauvais, en sont-ils pour autant objectivement injustes au regard du droit ? Sachons aussi faire la part des choses entre le fonctionnement, qui n’est pas satisfaisant, de l’institution d’une part et ses jugements d’autre part.

  24. Jean sans terre

    @ finch
    Vous avez dépeint l’état d’esprit d’un fonctionnaire zélé qui accomplit rigoureusement son devoir. L’action de ce dernier n’a aucun intérêt, celui-ci n’ayant pas d’âme, seulement la conscience de sa force brute et de son droit, hormis ce moment paroxysmique de désespoir et d’acuité où lui-même juge son existence machinale. Il est difficile de se passionner pour un robot. Est-ce qu’un programme cybernétique aurait failli ? Le mystère reste entier. Qui a écrit le programme, le règlement, et qu’est-ce qui l’a inspiré ? Et voilà que l’esprit se met à tourner en boucle et à divaguer.

  25. « En instillant dans toutes les têtes que c’est un double honneur d’être magistrat, et au service de nos concitoyens. » (PB)
    Certes, mais alors, pourquoi personne ne fait rien pour chasser les brebis galeuses plus motivées par la chasse révolutionnaire aux braves gens que par le respect de l’esprit de justice et qui entachent de ce fait l’ensemble de la profession ?
    Comment ne pas comprendre que les gens qui doivent, même en tant que plaignants, faire appel au « service public » de la justice, ne soient pas pris d’une certaine appréhension en se demandant avant le procès s’ils ne vont pas tomber sur un exemplaire de ces zèbres qui dans une République normale, pas vérolée de gauchisme, ne devraient pas avoir leur place dans un tribunal en tant que magistrats ?

  26. « En instillant dans toutes les têtes que c’est un double honneur d’être magistrat, et au service de nos concitoyens. » (PB)
    C’est de la provoc ? Je préfère et de loin traverser une zone point de deal narco à minuit dans le saindenikistan que de me trouver face un juge rouge inquisiteur procureur mur des cons LFI HamaSS escrolo woke dont l’honneur se limite à un doigt à l’endroit où jamais le soleil ne luit.
    La photo de Efa Choly illustre bien mon propos, elle a une bonne tête de mandat d’arrêt.

  27. Rappelez-vous :
    1) Eva Joly prétendait dans son programme créer un million d’emplois !!!!!! rien que ça….
    On se demande pourquoi on ne lui avait pas refilé tout de suite un ministère du Travail…
    Bon, plus sérieusement, quel travail ? Et comment financer ce mirifique projet ?
    D’autant plus que les permanents de son parti n’avaient pas eu de salaire durant un bon petit bout de temps, et qu’il y avait un redressement judiciaire en vue, suite à une mise en garde de la banque !
    2) Mission anticorruption en Afghanistan pour le compte de l’ONU.
    Je n’aime pas les talibans mais leur refiler notre justicière en chef c’était quand même une grosse punition.
    Si ce n’était pas un poste de complaisance expliquez-le-moi.
    Honnêtement voilà un job inutile payé grassement au frais de contribuable, job qui dans sa logistique coûtait encore plus car madame Joly et son staff disposaient d’une vingtaine de gardes du corps.
    Les talibans tremblaient… de rire !
    3) Merah
    La candidate écologiste à la présidentielle avait dénoncé le rôle du ministre de l’Intérieur Claude Guéant dans l’assaut contre le tueur Mohamed Merah à Toulouse, y voyant, sans rire « une violation du code de procédure pénale ».
    Décidément cette femme cultivait l‘art de provoquer la nausée au moindre de ses commentaires haineux et démagos.
    J’étais tellement dégoûté de cette hystérique que j’avais banni définitivement de mon vocabulaire la Norvège, ses poissons fumés, ses harengs et ces espèces d’humanoïdes décervelés.
    Les pays nordiques sont un repère de culs-serrés hygiénistes et pudibonds où règne un politiquement correct crétin d’une rigueur à faire passer le MoDem pour le Commando Delta.
    Évidemment, d’après cette foldingue, l’attitude de Guéant était bien plus révoltante que celle de Merah.
    À vomir !    

  28. @ Michel Deluré | 29 juillet 2025 à 14:43
    « Bien sûr, des politiques, des juges, sont imparfaits, quelquefois corrompus. Même si de par leur fonction ils devraient être plus exemplaires que le commun des mortels, ils ne sont après tout que des humains ! Attendions-nous à n’être gouvernés, jugés, que par des prodiges, des saints ? »
    Non mais on s’attend à ce qu’ils payent comme tout le monde. Or, nous avons fortement l’impression qu’ils font passer la gestion de leur carrière avant l’intérêt général qu’ils sont censés défendre. Ce n’est pas qu’ils soient foncièrement mauvais mais la caste à laquelle ils appartiennent les protège. Combien de hauts fonctionnaires bannis de la fonction publique pour faute professionnelle ? Combien d’hommes politiques derrière les barreaux pour manquement à la loi ?
    La République exemplaire ? Oui, de ce qu’il ne faut pas faire. Bref, un microcosme qui se sert avant de servir et qui demande toujours aux mêmes de régler l’addition à leur place. Elle n’est pas belle, la vie en France (ou ce qu’il en reste) ? Il ne s’agit pas de mettre tout le monde dans le même sac, bien au contraire, mais plutôt de sanctionner ceux qui doivent l’être pour favoriser la compétence et la probité. Aujourd’hui, on en est loin.

  29. https://x.com/chiabertomarine/status/1950493867758825802?s=58&t=VD2Ene-M1AwwcyLHd1ncEg
    Je n’arrive pas à digérer la façon dont on nous prend pour de grands couillons.
    La nomination de NVB, et puis elle n’y va pas pour un rang de subalterne, c’est à vomir une fois de plus. Le salaire est à tomber par terre… Quelle justice, quel vrai concours méritocratique ? Rien ! Assez de ces combines, pas étonnant ce rejet de la politique, de la justice, de toutes les institutions qui font le régalien dans une Répubique.
    On peut s’échiner à peser, à penser, à juger de la valeur des hommes, en fait au vu et au su de tous on bombarde une parfaite incompétente à un poste qui devait faire envie à bon nombre. NVB fustigée par Jean-Philippe Tanguy qui se moquait de ses capacités à évaluer des comptes publics. En attendant elle y est nommée et silence radio autour de cette nomination, comme si chacun espérait un jour une telle aubaine parce que fréquentant les couloirs de la politique.

  30. Je souhaite que Rachida soit laminée aux prochaines élections, ce sont des goinfres qui n’en n’ont jamais assez, Renault vient de récupérer le yacht de Carlos Ghosn, pour les 900 000 € de Rachida, j’aurais été capable au moins de fournir le manuscrit aussi dense que celui de Victor Hugo pour « Quatrevingt-treize », le talent en moins évidemment, au moins j’aurais gribouillé des pages.
    Des voleurs de nos vies, sans vergogne, rien à afficher mais je passe à la caisse, je dirai que j’ai fourni de l’intelligence, des conseils, verbaux bien sûr, comme Penelope de Fillon, rien de tangible, un bout de papier déchiré manuscrit sur un coin de serviette de table.
    Notre hôte devrait être, lui, encensé, millionnaire avec sa vraie production, son talent et son abnégation, et l’autre qui s’embourbe 900 000 € pour du néant, l’ensemble vide en maths, 900 000 € et l’autre aussi, NVB, 17000 €…!! d’argent de poche PAR MOIS ! Français cocus, couillons, et soi-disant jamais contents… surtout c*ns… enfin vous avez compris.
    Monsieur Bilger, vous devriez être au moins jaloux de ces nuls qui pratiquent l’inconstance, le manque d’idée, la nullité crasse, je serais à votre niveau je serais écoeuré… ce n’est pas le terme non plus, mais l’acceptabilité de ces manigances dans notre pays est irrecevable.
    Ma génération immigrée de nos anciens est reconnaissante à la République de nous avoir permis d’aller étudier gratuitement, de s’élever, et des pilleurs de troncs pour tout balancer par les fenêtres.
    Alors assez ! L’honneur de servir à des postes importants, Darmanin soutient Rachida, il a mal calculé, il ne sera pas aux présidentielles, pourtant je le trouvais plutôt bon…

  31. @ Michel Deluré | 29 juillet 2025 à 14:43
    « Des jugements peuvent nous paraître subjectivement mauvais, en sont-ils pour autant objectivement injustes au regard du droit ? Sachons aussi faire la part des choses entre le fonctionnement, qui n’est pas satisfaisant, de l’institution d’une part et ses jugements d’autre part. »
    Droit ou pas, il existe tout de même des situations qui traduisent manifestement une injustice, pensons par exemple à ces gens qui, obligés de quitter leur logement quelques jours le retrouvent squatté, en étant jetés à la rue et privés par une ironie du sort de leur propre « droit au logement » capté alors indûment par des intrus protégés par une loi indigne, ce même droit clamé sur les toits en France mais parfois en pratique à la fois injuste, stupide et même inhumain, qui privilégie les malfaiteurs au détriment des braves gens qui ont alors l’impression de se retrouver abandonnés de tous face à un asile de fous.
    Il y a tout de même trop souvent quelque chose qui ne tourne pas rond dans la tête du législateur français et de ses partenaires.
    Et à loi idiote, jugement idiot et trop souvent conséquences désastreuses.
    Mais qui donc demandera enfin un jour aux hommes du Régime qui se passent la rhubarbe et le séné en se tapant sur le ventre de satisfaction à chaque fois qu’ils promulguent et valident une loi sans en vérifier l’absence d’effets voire de dommages pervers, de cesser de se moquer du monde ?

  32. @ Giuseppe | 30 juillet 2025 à 23:20
    « Assez de ces combines, pas étonnant ce rejet de la politique, de la justice, de toutes les institutions qui font le régalien dans une République. »
    La République des copains et des coquins, en quelque sorte. L’économiste Michel de Poncins la qualifiait de « République fromagère ».
    https://www.wikiberal.org/wiki/Michel_de_Poncins

  33. Michel Deluré

    @ Exilé 31/07/25 17:43
    Je ne conteste pas le fait qu’il existe effectivement des exemples de lois injustes. Mais ne faisons pas de cas particuliers une généralité. De quelques lois injustes, n’en extrapolons pas l’idée que toutes les lois, par extension, le sont forcément et que le législateur n’est finalement qu’un imbécile, que nous avons au demeurant élu.
    Si la loi est mauvaise, sachons changer la loi ou ceux qui la font mal et appliquons-nous peut-être à ne pas réagir trop rapidement sur le coup de l’émotion en demandant qu’à chaque problème il n’y ait de réponse que par la loi. Trop de lois finit par tuer la loi.
    —————————————————————-
    @ Jove 30/07/25 16:02
    « République exemplaire », je n’y crois pas plus que vous et n’est-ce d’ailleurs pas trop exiger ? Existe-t-il seulement de par le monde un régime, quel qu’il soit, vraiment exemplaire ? Notre République présente bien des défauts mais la responsabilité n’en incombe-t-elle qu’à ceux qui sont en charge d’une fonction politique que nous leur avons confiée sans qu’il n’existe une quelconque responsabilité collective de la part de la société ?

  34. @ Michel Deluré | 01 août 2025 à 11:02
    Je ne vois pas en quoi le citoyen lambda est responsable des manquement à la loi (ou à son esprit) par l’administration et la classe politique. Le coup de la responsabilité collective, c’est pour mieux noyer le poisson et détourner l’attention des vrais coupables.
    D’autre part, la volonté du citoyen (électeur) n’est entendue que quand elle ne présente aucun risque pour la caste. On joue sur les mots, on fait dans le cosmétique, on s’envoie des grands phrases à la figure, on s’insulte parfois à l’Assemblée nationale, bref, on assure le spectacle mais en quoi les choses ont-elles réellement changé depuis un demi-siècle ? Alternance droite-gauche-centre, pour quel résultat sinon le maintien en place d’une oligarchie qui vire parfois (et de plus en plus fréquemment) à la dictature ?
    S’il y avait un exemple à retenir, un symbole du mépris et de l’entre-soi politique, c’est bien le référendum de 2005 et la manière dont ça a été réglé. Conformément à la Constitution, peut-être, mais n’a-t-on pas eu la forte impression d’avoir été pris pour des imbéciles ?

  35. @ Michel Deluré | 01 août 2025 à 11:02
    « De quelques lois injustes, n’en extrapolons pas l’idée que toutes les lois, par extension, le sont forcément et que le législateur n’est finalement qu’un imbécile, que nous avons au demeurant élu. »
    Ah, comme si l’élection, sorte d’onction sacrée, suffisait à tout justifier…
    Mais il existe à d’autres postes, par exemple dans certaines institutions ou dans les ministères mais pas uniquement, des gens que nous n’avons pas élus et dont les discours, les intentions et les décisions sont parfois au mieux risibles et au pire révoltants.
    Au point que nous sommes parfois obligés de nous demander si tout cela ne serait pas une des caractéristiques de ce qui pourrait être la kakistocratie (*) républicaine française.
    « Trop de lois finit par tuer la loi. »
    Très juste.
    Par exemple, le Code du travail français fait 3800 pages, alors que :
    « Le Code du travail en Suisse est inférieur à 200 pages, au Danemark il n’y en a pas et une récente étude européenne confirme que c’est justement dans ce pays que les employés se sentent le plus en sécurité (…). »
    https://contrepoints-archives.org/le-code-du-travail-le-troisieme-frein-a-lentreprise/#:~:text=Le%20Code%20du%20travail%20en,en%20place%20depuis%2020%20ans.
    (*) Le pouvoir des pires.

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