Il y a tellement de spécialistes de la politique profonde, de politologues distingués et compétents, de pronostiqueurs infaillibles jusqu’au prochain démenti, que je n’ai aucun scrupule à me livrer à une analyse de bas niveau : espérer un changement dans la composition du gouvernement du Premier ministre Sébastien Lecornu.
Je devine déjà les reproches qui me seront faits. Celui, d’abord, de privilégier une personnalisation vulgaire au détriment d’une politique de fond. Ma naïveté sera moquée : s’imaginer qu’avoir des ministres compétents et courageux est utile, et que rien ne sert d’élaborer un excellent projet si ceux chargés de le mettre en œuvre ne sont pas à la hauteur !
Mon inquiétude a surgi le 14 septembre en lisant La Tribune Dimanche, qui laissait entendre que, si Bruno Retailleau et Gérald Darmanin seraient reconduits pour le meilleur — une annonce qui, si elle devait être démentie, reviendrait à décourager le citoyen privé d’un exceptionnel duo régalien, seule véritable embellie de ces derniers mois -, Jean-Noël Barrot, notre ministre des Affaires étrangères, lui, le serait également, mais pour le pire.
La personnalité très estimable de ce dernier, dont j’ai bien connu le père, n’est pas en cause. On peut avoir, sur le plan humain, d’indéniables qualités mais n’être absolument pas fait pour une fonction à la fois prestigieuse et redoutable, même si le président de la République donne toujours le « la » en la matière. Qu’on le veuille ou non, ce ministre n’a cessé d’incarner une image dégradante de la faiblesse et du déclin de la France, à cause de propos semblant toujours en décalage avec les réalités internationales et d’une action apparemment frileuse là où le pays attendrait de la résolution, des gestes forts, en tout cas un vigoureux soutien aux collègues ministres usant d’une volonté de résistance plus affirmée.
Jean-Noël Barrot est le parfait exemple, si j’ose dire, de la caricature du monde diplomatique plus soucieux de litotes et de mesure que d’énergie pour défendre la cause nationale. Les rapports avec l’Algérie, notamment au sujet du sort tragique de Boualem Sansal, constituent l’exemple calamiteux de cette dénaturation de la diplomatie en soumission.
Il serait contre-productif, dans la crise profonde et inédite que subit la France, de ne pas modifier radicalement la composition du gouvernement : certains ministres n’ont jamais franchi le mur du son et d’autres ont démérité.
Je suis prêt à accueillir l’ironie avec laquelle on traitera mes propositions. Il convient évidemment de remplacer Élisabeth Borne : nous avons eu, durant six mois, un ministre de l’Éducation nationale qui avait fait bouger les lignes, pas seulement avec la suppression de l’abaya. Pourquoi ne pas laisser Gabriel Attal compléter et achever ce travail ?
À la Défense, un Républicain de haut niveau, Jean-Louis Thériot, serait irréprochable. À la Santé, ce n’est pas parce que Philippe Juvin serait évidemment le meilleur à ce poste qu’il faudrait s’en priver !
Il serait pertinent de remettre au côté de Bruno Retailleau « un ministre du quotidien » : c’était une initiative intelligente. Il y a le global, le structurel, la politique d’ensemble mais aussi l’immédiateté et les mille soucis, traumatismes et offenses engendrés par une insécurité qui empoisonne des existences n’aspirant qu’à la tranquillité, désireuses de la protection de leurs personnes et de leurs biens.
Le gouvernement de Sébastien Lecornu est attendu avec impatience : s’il y a un lieu où la radicalité est possible, c’est bien celui-là.
Être ministre ne peut pas être la seule activité vous laissant à l’abri de tout, bon ou mauvais.
Et, coup de chance, on a enfin trouvé ce qui a longtemps manqué : une porte-parole exemplaire pour le fond comme pour la forme, Sophie Primas.
Quel bonheur d’être Premier ministre, pour consacrer les meilleurs et exclure les pires !
Un petit hors-sujet pour remercier Philippe Bilger d’avoir invité une Sarah Knafo remarquable d’intelligence et de bon sens.
« À la Santé, ce n’est pas parce que Philippe Juvin serait évidemment le meilleur à ce poste qu’il faudrait s’en priver ! » (PB)
Si à la Santé nous pouvions trouver une personnalité plus préoccupée par la Santé des Français que de la manière d’appliquer les consignes élaborées par des organisation occultes pour accélérer leur passage de vie à trépas sous des prétextes faussement humanitaires comme l’euthanasie masquée, ce serait un petit pas pour le Premier Ministre mais un grand pas pour l’humanité.
Je crois que les gens ne comprennent souvent pas les questions de personne. Idées, intérêts, partis, ne sont pas la même chose, mais cependant, en symbiose, de même que les commentateurs et leurs interventions, ici.
De toute façon, certains ne comprennent rien à rien… On peut avoir du mal avec certaines personnalités sans se sentir offensé et développer des idées de vengeance. Serait-ce le cas qu’il existerait néanmoins, en principe, certaines limites, telles que se comporter comme un malheureux ilote quand on n’est pas un esclave… Un esclave a bien évidemment raison de rendre la cruauté reçue par son propriétaire, sans quoi il reste celui qui subit, ou rend la monnaie de sa pièce au responsable ou à quelque compagnon de chaîne ou à ses propres esclaves, dans le cas où il en aurait, les esclaves d’esclaves, ou d’affranchi, ça existait, bien évidemment, par les ergastules !
Des libres devraient honorer leur liberté en essayant de ne pas se liguer contre quelqu’un qui de plus est absent, vu que ce genre de ligue n’est légitime que contre propriétaire d’esclave ou tyran.
Les débats n’entrent pas dans cette catégorie, de même les assassinats politiques sont mauvais en démocratie, louables contre les tyrans. Les histoires de pardon ou pas pardon n’ont rien à voir avec tout ça.
Par contre, une certaine paix même au cœur des débats, retenue et courage quand on s’y adonne, fair-play envers l’autre et indulgence envers soi de n’avoir pu convaincre sont apaisants, ce pourquoi je vais reposer de la musique d’un compositeur qui sait œuvrer à partir du silence comme les peintres chinois d’autrefois, à partir du vide pour leurs divins paysages de montagne.
https://www.youtube.com/watch?v=wmvcxo6xJAE&list=PLYvrrheLbyQyMIz5FwDgvimsKVg5jx0fA&index=3
Pour donner mon écot sur les ministres, Attal à l’Éducation nationale œuvre davantage contre le harcèlement scolaire. Dans la vie, il est plus séant de se retenir de faire des victimes voire d’en aider que de pardonner à ceux qui auraient jamais eu l’outrecuidance de tenter de vous abaisser injustement, en somme, de combattre l’injustice plutôt que d’exiger des victimes de dire oui au fait de l’être ou de l’avoir été, mariage forcé s’il en est !
C’est à chaque victime de décider souverainement ce qu’elle fait de son traumatisme, serve comme il y en a tant, rampant quand assez dressée, si j’ose dire… Revancharde à son bourreau attachée comme le créancier au débiteur, créancier à qui on ne dit trop rien, tandis qu’au revanchard si, ce qui montre le peu de cas qu’on fait de le reconstruction de leur dignité. Ou enfin créatrice, comme me le semble Attal, ce qui me fait lui décerner mes éloges par une citation pas toujours juste mais qui s’avère vraie dans son cas « tout ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort. »
Des ministres humains remplacés par une IA, c’est possible dès maintenant :
https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/l-albanie-nomme-un-ministre-genere-par-ia-qui-sera-charge-des-marches-publics-20250911
Un moyen de s’attaquer au gaspillage ?
Vous omettez, cher Philippe, une donnée essentielle. En admettant que vos suggestions soient pertinentes, que les noms cités nous présagent l’excellence, je n’en suis pas sûr, quid des moyens ? Un très bon ministre sans moyens… Vous appréciez Bruno Retailleau, j’ai cru comprendre l’homme et le ministre, mais vous arrive-t-il de rentrer de temps à autre dans un commissariat lambda ? L’état de ceux-ci me fait penser que l’État ne leur porte aucun respect. Comment fera BR ? Les rondes en Berlingot, sic, pratique pour les poursuites.
Philippe Juvin un possible bon ministre de la Santé ? Saura-t-il, pourra-t-il faire redescendre les actuels plus de 30 % d’inutiles administratifs dans les hôpitaux aux à peine 5 % de mes jeunes années ? Pour augmenter nos infirmières aides-soignantes, en recruter, redonner envie de travailler dans ce secteur. Je les mets au féminin parce que, si ça m’arrive un jour, je préfère me faire faire la toilette et poudrer la pépette par de douces mains féminines.
Saura-t-on supprimer les milliers de comités Théodule et autres organismes officiels qui ne servent qu’à faire vivre les membres non élus des partis politiques ?
Le tout à l’avenant.
Compétences sans moyens ne sont que la ruine du politique. Je pastiche. Avec cinq volumes d’eau me dirait un Portugais de mes amis.
Et moyens ne veut pas dire impôts, attention les méchenconistes, c’est, virons les parasites qui vivent des sous des concitoyens sans rendre le quart du début d’un service. Macron par exemple. Flûte j’ai craqué c’est plus fort que moi.
La Mettrie affirmait en son temps : « Je déplore le sort de l’humanité d’être, pour ainsi dire, en d’aussi mauvaises mains que les siennes. » Parodiant ce propos, nous apprécierions surtout, vu la situation dans laquelle le pays se trouve plongé depuis plusieurs années, de ne pas avoir à déplorer que le sort de la France soit tombé entre d’aussi mauvaises mains en découvrant la composition du prochain gouvernement !
« Quel bonheur d’être Premier ministre, pour consacrer les meilleurs et exclure les pires ! » (PB)
Mouais… Je ne suis pas certain qu’être PM en cette période soit un bonheur. Après le grand mou Béarnais, celui-là réussira peut-être à franchir l’Himalaya… sans illusion.
Nouvelle présentation un peu déroutante… C’est comme si quelqu’un avait repeint et réaménagé la maison sans qu’on choisisse les couleurs ! On s’habituera vite.
C’est sûr, il faut s’y faire, mais cela oblige les neurones à effectuer une petite gymnastique bénéfique. La routine parfois les encrasse !
En ce qui me concerne, cela ne me dérange pas que les ministres qui ont montré leur compétence et leur détermination dans le domaine qui est le leur soient reconduits dans leur fonction.
En l’occurrence Gérald Darmanin à la Justice, Bruno Retailleau à l’Intérieur.
Mais aussi Manuel Valls aux Territoires d’Outre-mer.
Reconfier l’Éducation nationale à Gabriel Attal comme le suggère notre hôte est une bonne idée.
Pour le ministère des Armées, Sébastien Lecornu était apprécié par les militaires, mais il doit être possible de trouver un successeur qui puisse reprendre le flambeau.
Il y a sur les plateaux télé de nombreux généraux qui n’hésitent pas à fournir des conseils éclairés. Il suffit d’en choisir un dans le tas.
Reste le ministère des Affaires étrangères qui est un secteur très sensible avec les conflits internationaux, mais aussi les otages français retenus en Iran et en Algérie.
Un profil comme celui d’Hubert Védrine pourrait convenir. Ce dernier ne pouvant reprendre du service vu son âge.
Le seul problème qui risque d’apparaître est que la nouvelle équipe gouvernementale sera très semblable à l’équipe actuelle. Ce qui fera hurler l’opposition qui immanquablement déposera une motion de censure.
Or nous en sommes au cinquième chef de gouvernement en trois ans et demi. Du jamais vu même sous la IVe République.
Espérons toutefois que Sébastien Lecornu saura trouver les mots pour que le pays retrouve l’apaisement que les citoyens attendent avec impatience.
« Pour le ministère des Armées, Sébastien Lecornu était apprécié par les militaires, mais il doit être possible de trouver un successeur qui puisse reprendre le flambeau. Il y a sur les plateaux télé de nombreux généraux qui n’hésitent pas à fournir des conseils éclairés. Il suffit d’en choisir un dans le tas. »
Je suppose que vous faites référence à ce que d’aucuns qualifient de Gamelin de plateaux qui pontifient sur l’Ukraine sans rien y connaître et sans même avoir compris les causes premières de la guerre et sa genèse, pas plus que monsieur Macron, et la plupart des médias de la Grosse Presse d’ailleurs ?
Dans ce cas, c’est plutôt mal parti…
Peut-être aurions-nous intérêt à écouter aussi et peut-être surtout certains généraux 2S qui sont d’un avis différent.