Un avocat chinois, un magistrat français : le sens du ridicule

Au moment même où je m'apprêtais à commencer ce billet consacré à l'avocat chinois Gao Zhisheng, j'apprenais (lepoint.fr, nouvelobs.com) que le garde des Sceaux n'entendait pas me poursuivre, à la suite de l'entretien, le 26 mars, avec le procureur général François Falletti à sa demande. Selon Guillaume Didier, le porte-parole du ministère, m'ont été rappelées "les obligations liées à mon statut et à ma fonction". Je n'ai pas l'intention de révéler la teneur de nos échanges et mes impressions mais puis-je souligner qu'il était d'autant moins besoin de "me rappeler mes obligations" qu'à mon sens je ne les avais jamais oubliées et que c'était le fond de ma défense.

Cette abstention n'a fait que renforcer mon envie de développer le contraste entre le magistrat français et son confort d'un côté et l'avocat chinois et ses épreuves de l'autre. Un monde de douceur contre un monde de terreur.

En France, Etat de droit, pays saturé de démocratie, à intervalles réguliers des causes sont soutenues et des débats engagés sur des thèmes dont l'importance n'est pas évidente pour tous, par exemple la liberté d'expression. On peut juger ces controverses dérisoires ou passionnantes mais personne n'a peur pour soi. Les péripéties de ces derniers jours m'ont exalté, stimulé ou surpris mais elles ne m'ont jamais fait craindre un risque vital. Au comble de l'effervescence, tout au plus, des insultes, des grossièretés m'ont été adressées, certes déplaisantes mais tout à fait supportables par une personnalité normalement constituée. Je ne pouvais que me féliciter de ma chance, je respirais un air français. Il y avait de la tranquillité républicaine dans la tension, aussi vive qu'elle soit, et  le Pouvoir ne pesait pas comme un couvercle sur mes contradicteurs ou moi.

Je n'étais pas chinois. Je n'étais pas avocat chinois. Je n'étais pas l'avocat Gao Zhisheng (Le Monde, sous la signature de Bruno Philip).

Personnalité singulière, chrétien et membre du Parti communiste, en 2001 il est distingué par les autorités qui le consacrent comme l'un des dix meilleurs avocats, "pour avoir défendu le droit des paysans expropriés par des projets immobiliers".

En 2005, tout change pour lui. C'est la disgrâce et la chute. Il rend sa carte du parti pour protester contre ce qu'on lui fait subir depuis qu'il plaide en faveur des disciples du mouvement spirituel bouddhiste interdit du Fa Lun Gong. Son cabinet est fermé et les vingt avocats qui travaillent avec lui privés de leurs licences. Humilié, harcelé, placé en résidence surveillée, torturé, en 2009 il est enlevé et on craint pour sa vie, comme plus aucune nouvelle de lui ne parvient.

L'un de ses amis a pu récemment lui téléphoner et il est formel : c'est bien lui, il a reconnu sa voix même s'il a dû raccrocher très vite parce qu'à l'évidence il était soumis à un contrôle strict.

Son épouse Geng He qui demeure aux Etats-Unis lui a également téléphoné. Gao Shisheng a précisé que depuis six mois il se trouvait dans la province du Shanxi et qu'il allait vivre "une vie tranquille pour un moment". On devine ce que signifie cette obligation de tranquillité qui lui est imposée.

Il n'empêche qu'on a tellement cru à sa mort que la révélation de son existence nous rend presque optimiste. Comme si sa situation présente était riche d'espoir alors qu'elle est menacée, provisoire et révisable à discrétion par la dictature chinoise dans le Shanxi.  Peut-être la certitude d'une âme hors du commun nous persuade-t-elle d'une forme d'invulnérabilité ?

Se plaindre en France, quand on prend la peine de comparer, est le fait de citoyens gâtés, une gabegie de la récrimination. Ce qui se passe en Chine, pour cet avocat, nous contraint heureusement à garder raison et mesure pour nos misérables incommodités. Comment ne pas admirer ces véritables victimes, ces héros contre  la censure et le silence, ces courageux de la parole, ces intrépides de la morale et ces téméraires de la manifestation, comment ne pas saluer, humanité basse, ces quelques-uns qui partout, en Chine ou ailleurs, opposent la nudité de leur voix à l'emprise d'acier de forces apparemment irrésistibles ? On ne les broie pas, tout simplement parce que même leur faiblesse résiste.

Chez nous la démocratie est un luxe : on la gaspille, on la néglige, tristes grands seigneurs, quand on ne vote pas. Chez d'autres, elle est une attente, une faim, une obsession, une nostalgie : on en meurt parfois, on en rêve toujours.

Alors, un peu de décence, de pudeur devant cet avocat chinois, moi le premier ! Il faut avoir le sens du ridicule.

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  1. Aïssa Lacheb-Boukachache

    Excellent, excellent ! Je garderai quant à moi et toujours le souvenir de Tahar Djaout, journaliste algérien. Il disait : « Si tu parles, tu meurs ; si tu te tais, tu meurs. Alors parle et meurs… » Dans ce terrible contexte récent de la guerre civile en ce pays, cette phrase était et demeure d’airain.
    Bonne nuit…
    Aïssa.

  2. levis ephesus

    Bonjour, merci pour ce message plein d’espoir et de poésie d’extrême-orient.
    L’herbe peut être toujours moins verte ailleurs, pourtant lorsqu’on apprécie un moment il faut le voire pour ce qu’il est.
    L’art et la sagesse de tout relativiser ne devrait pas amener à négliger la révolte que l’injustice doit systématiquement provoquer !

  3. La comparaison est d’intérêt, elle nous éloigne de nos préoccupations franco-françaises un tantinet stériles.
    Toutefois, il convient, comme vous, de ne pas oublier nos propres obligations. Il est facile de s’égosiller sur les grands scandales de l’autre bout du monde et de rester passif à propos des petits scandales de notre propre pays.
    La forme adoptée en réponse aux propos d’Eric Zemmour et aux vôtres témoigne de problèmes persistants céans, le type de problèmes qui invitent à un écho électoral sans surprise (abstention et immodération).

  4. Jean-Dominique Reffait

    Je constate, hélas, que vous êtes bien contraint de comparer les petits bobos d’amour-propre d’un magistrat français aux souffrances physiques d’un avocat chinois. Et vos collègues chinois ne vous donnent certainement pas envie de vous comparer à eux. N’est-ce pas là une limite du statut de magistrat, cette acceptation de l’ordre établi qu’il soit heureusement démocratique ou tristement tyrannique ? Il est bien heureux que la démocratie préexiste à l’exercice des fonctions de magistrats qui savent, pour autant, fort bien se passer d’elle. Et a-t-on jamais vu un ordre tyrannique bousculé par les juges lorsqu’on compte par centaines les avocats qui, partout dans le monde et dans l’histoire, ont sacrifié leur liberté ou leur vie pour celles des autres ?
    « Que lui ai-je fait, à Jean-Dominique ? » pensez-vous peut-être. Il ne s’agit évidemment pas de vous mais, parfois, de votre agacement à l’endroit du barreau, cette popularité individuelle qui prétendrait s’opposer à l’édifice institutionnel. Le sort de l’avocat français n’est certes pas plus à mettre en rapport avec celui de son confrère chinois sans crainte du ridicule mais ils ont en partage la défense des uns contre le tout et, qu’on le veuille ou non, le progrès de la liberté. Il serait abusif de considérer que cette liberté est parfaitement accomplie chez nous parce qu’elle se trouve réduite à rien en Chine ou ailleurs : des pans entiers de liberté sont à conquérir qui concentrent bien moins l’attention que quelques élucubrations médiatiques vite aplanies.
    Toutefois le malheur ou plus modestement le souci ne se contente pas de savoir qu’il y a forcément pire ailleurs. Et l’on ne tranquillisera pas un chômeur indemnisé en le comparant à un paysan chinois spolié de tout.
    Les tombereaux d’injures qui se sont abattus sur vous et dont nous n’avons pu lire que la portion à peine présentable parfois, l’angoisse de l’incompréhension ou, pire, de la mauvaise expression, le désagrément d’une convocation publique, tout cela constitue une épreuve.
    Je suis heureux qu’on vous ai appris ce que vous saviez déjà : cela fait des révisions en moins.

  5. « Selon le porte-parole du ministère Guillaume Didier, m’ont été rappelées « les obligations liées à mon statut et à ma fonction ».
    Ah ! Ah !
    Voilà donc notre chère Véronique rassurée !
    Quelle prescience était la mienne !
    Le café vous fut-il offert ?… et le sucre ?…
    Finalement votre seul risque eut été de terminer votre carrière au « cimetière des éléphants »…
    « Une (fin de) vie tranquille pour un (long) moment » dans la province de la Suprême Cour.
    Vous auriez même pu abonder dans vos post…
    L’est pas belle la vie ?

  6. Vous vous passez très bien de mon approbation, mais je trouve que vous avez tout à fait raison de prendre le taureau par les cornes et d’évoquer votre « entretien » en relativisant sa portée.

  7. Ce que vous dites est beau, tout simplement beau et l’honneur que l’on ressent de partager votre pensée nous plaît.

  8. M. Bilger :
    Vous risquez d’être convoqué par l’Ambassadeur de Chine.
    Vous osez critiquer le démocratie chinoise !…
    Vous allez voir que B. Kouchner va « déplorer » vos propos…

  9. Bonjour,
    Pour une explication sur vos démêlés avec votre hiérarchie, il me semble que ce nouveau billet est aussi sinueux qu’une image chinoise et, à n’en pas douter, vous connaissez par coeur cet art d’avoir toujours raison professé en son temps par Schopenhauer.
    Mais passons, il existe un proverbe oriental souvent repris par chez nous sous la forme d’une boutade qui dit en substance que celui qui regarde l’index de cet autre qui lui montre la lune n’est pas forcément un abruti.
    Le récit de cet avocat chinois est assez triste pour faire diversion, en effet. Cependant, il se diffuse là-bas l’idée que nos démocraties occidentales sont dans un tel état de déliquescence, que cela justifierait une position beaucoup plus sévère vis-à-vis des libertés individuelles. Si on suit cette idéologie, cet avocat chinois ne serait donc pas à sa place.
    Tout en considérant que ce raisonnement est extrêmement préoccupant, autant pour eux que pour nous – voire plus préoccupant pour nous que pour eux, peut-être – vous admettrez que s’attarder comme nous le faisons sur les déboires d’un ministre décrié face à un humoriste controversé, ou sur les saillies d’un journaliste de divertissement relève plus de gens repus qui ont perdu le sens du goût tout en voulant continuer à s’empiffrer à défaut d’avoir faim que de personnes trouvant là matière à disserter sur la liberté d’expression.
    Comment expliquer que le costume exotique de quelques femmes soit un problème sur lequel il faudrait légiférer sans attendre, pendant qu’une firme en bonne santé ferme son usine en toute légalité, laissant sur le carreau des femmes, des hommes, des familles, poussant même le souci légaliste jusqu’à envoyer à leurs futurs ex-employés une « mutation » à des milliers de kilomètres de là pour un salaire qui pousse au crime.
    Sans doute, allez-vous trouver que je mélange un peu tout, mais je le fais un peu à souhait car brandir la liberté d’expression, là où il s’agit plus exactement de gérer la communication, me semble pour le moins déplacé.
    Et puis, il y a ce proverbe oriental : pourquoi regardez-vous la lune avec les autres, alors qu’on pourrait attendre d’un personnage comme vous, là où vous êtes, que vous nous parliez plus souvent de l’index ?
    Cordialement,

  10. Christian C

    Monsieur Bilger,
    Qui aurait l’outrecuidance de contredire votre propos, qui vous mène à ce constat : « chez nous la démocratie est un luxe » ?
    Votre billet devrait mener tout citoyen mesuré à se répéter in petto cette populaire formule de bon sens : « quand je me regarde, je me désole, quand je me compare, je me console » ; cela suffit-il à reposer doucement la tête sur l’oreiller pour se rendormir, avec la sérénité du juste, sous la bienveillante protection de notre démocratie ? Pas sûr.
    J’admire la ténacité de Gao Shisheng, le courage d’Aung San Suu Kyi, je plains la population tibétaine, et plus généralement les peuples opprimés.
    Cette admiration et cette empathie doivent-ils pour autant neutraliser toute capacité d’indignation quand un ministre de la République demande des comptes à un magistrat parce que ce dernier a eu l’audace de défendre la liberté d’expression ?
    Faut-il se taire et rester placide quand un « amuseur » (Stéphane Guillon) se fait traiter de facho par Eric Besson, pour une caricature qui lui vaudra une lettre d’excuses de la part du Président de Radio France, fraîchement nommé par notre bien-aimé président de la République ?
    Faut-il encore écouter sans réagir un éminent philosophe français, Alain Finkielkraut, qui déclare successivement (hier soir sur le plateau du Grand Journal), à propos de Stéphane Guillon et des humoristes : « on traite un homme politique (Eric Besson) de nazi » (…) « l’antiracisme est même devenu le communisme du 21ème siècle » (…) « les humoristes raniment le spectre de la dictature » (…) « je m’insurge contre ce conformisme du sarcasme quand il y avait autrefois un conformisme de l’obséquiosité » ?
    Je ne crois pas qu’il y ait une échelle dans la capacité d’indignation, Monsieur Bilger.
    Je ne me sens pas physiquement menacé au quotidien, Monsieur Bilger.
    Mais je me demande pourquoi je devrais cesser de m’indigner lorsque des élus de la République me rognent un peu chaque jour de mon espace de liberté, même si ma vie n’a pas pour ces motifs été mise en danger.
    Je ne considère pas que la démocratie soit un luxe. Mais sans doute ne suis-je pas un citoyen mesuré.

  11. Décence et respect…
    Mais vous oubliez qu’en « Gauloisie supérieure », il arrivait qu’on tue jusque sous les ors du palais de la Vème République.
    Les morts de l’opération bravo, les ministres qu’on retrouve noyés dans nos bois et forêts, d’autres sur les trottoirs de la capitale : tout cela fait partie de notre Histoire commune.
    Aujourd’hui, c’est « encore plus fin ». Un jour, si on m’en laisse le loisir, avant quelques années peut-être, je vous raconterai les « morts par procuration ».
    Heureusement, ce sont des destins tragiques qui restent des « épiphénomènes ».
    Hélas, bien réels.

  12. Vous avez déjà abordé ce thème à diverses reprises. Comment ne pas être d’accord avec vous ? A travers le monde, de nombreuses personnes se vouent à cet héroïsme. Etre un journaliste indépendant ou seulement afficher sa foi chrétienne dans certains pays où fleurit le fanatisme le plus abject, relève même de l’attitude suicidaire. Témoin encore ce mois-ci ce Pakistanais brûlé vif parce qu’il refusait de se convertir pendant que sa femme était violée par la police.
    « Arshed Masih was burned Friday, March 19, in front of a police station in the city of Rawalpindi near Pakistan’s capital Islamabad, following apparent death threats from his Muslim employer Sheikh Mohammad Sultan, an influential businessman, and religious leaders, said the Rawalpindi Holy Family Hospital.
    His wife, Martha Arshed, was allegedly raped by police officers. Their three children — ranging in age from 7 to 12– were reportedly forced to witness the attacks against their parents ».
    Source : http://www.bosnewslife.com/12035-news-alert-pakistan-christian-burnt-wife-raped-for-refusing-islam
    Et après cela, Aïssa s’étonne que je sois misanthrope…

  13. Bonjour Philippe Bilger,
    Vous nous dites : « Au moment même où je m’apprêtais à commencer ce billet consacré à l’avocat chinois Gao Zhisheng, j’apprenais (lepoint.fr, nouvelobs.com) que le garde des Sceaux n’entendait pas me poursuivre à la suite de l’entretien que le procureur général François Falletti m’avait demandé d’avoir avec lui dans l’après-midi du vendredi 26 mars. Selon le porte-parole du ministère Guillaume Didier, m’ont été rappelées « les obligations liées à mon statut et à ma fonction ». Je n’ai pas l’intention de révéler la teneur de nos échanges et mes impressions mais puis-je souligner qu’il était d’autant moins besoin de « me rappeler mes obligations » qu’à mon sens je ne les avais jamais oubliées et que c’était le fond de ma défense »
    On peut dire que vous avez senti le vent du boulet avec cette affaire Zemmour, monsieur Bilger. Heureusement que vous vous êtes bien rattrapé en condamnant les propos de Stéphane Guillon à l’encontre d’Eric Besson, sinon vous aviez droit à un reproche de votre ministre de tutelle. Et au bout de dix reproches je crois que vous avez droit à un blâme. Les 3 jours de mise à pied n’intervenant qu’au bout de 10 blâmes.
    Mais vous avez raison de relativiser votre petite mésaventure avec les déboires de cet avocat chinois. Nous sommes des privilégiés car dans notre beau pays, patrie des Droits de l’Homme, la liberté d’expression a (encore) un sens.
    Espérons qu’il en soit toujours ainsi…

  14. Belle maxime en effet, Aïssa que celle de Tahar Djaout.
    @ Christian C
    « Mais je me demande pourquoi je devrais cesser de m’indigner… ».
    Personne ne vous le demande.
    @ Hervé
    « Sans doute, allez-vous trouver que je mélange un peu tout… »
    Certes.

  15. Super le blog !
    Non mais trop de sous-entendus ça me perd là, mais ça reste très bien à lire même si je suis pas certain du sujet !
    Défendre la liberté d’expression c’est noble !
    On va y aller à l’intuition ! lol

  16. Pierre-Antoine @ PB

    @PB
    C’est probablement parce que Gao Zhisheng est chrétien que son engagement l’a poussé à quitter le parti communiste et lui a valu ces persécutions.
    La Chine est l’un des pays totalitaires au monde où le christianisme « évangélique » connaît une croissance extrêmement forte avec une persécution terrible. Parler de l’évangile est puni de mort.
    Pourtant de nombreuses sources disent qu’il y a plus de chrétiens authentiques que de membres du parti communiste. Et que le nombre de chrétiens avoisinerait les 100 millions. Vu leur zèle, ce chiffre devrait être vite dépassé… « quand la Chine s’éveillera » le monde (athée) tremblera…
    Pour plus d’information sur le sujet :
    http://www.france24.com/fr/20091224-focus-chine-la-longue-marche-des-chr%C3%A9tiens
    http://www.chine-informations.com/guide/chretiens-en-chine-analyse-de-portes-ouvertes_95.html
    Cordialement
    Pierre-Antoine

  17. « Saturé de démocratie »,
    PB,
    heureusement non, mais en effet engoncé sous cette fausse qu’a imposée le médiatique pour sa plus grande audience, la galvanisation de ses vils mécanismes publicitaires, certes, celle-là, oui, voir déjà la façon dont « ils » se sont emparés de vos écrits, en général trop pointus techniques et littéraires pour qu’ils aient la moindre chance de dépasser notre petit cénacle d’obsédés textuels, pour jeter de l’huile sur le feu et faire encore chauffer le piètre buzzemmourien.
    « Je respirais un air français. Il y avait de la tranquillité républicaine dans la tension, »
    Oui, jolie façon d’écrire qu’on n’est pas si mal ici.
    Chez Taddéï hier soir, la romancière Fatou Diome a donné une excellente illustration de ce en quoi le débat sur l’identité nationale eut pu être une vivifiante chose, développant « les pourquoi » de son choix pour la France avec son talent de romancière – sans génie mais clairement et avec coeur – elle a démontré avec une touchante maladresse qu’elle et ses compères préteurs de mauvaises intentions avaient eu tort de désigner comme indigne ce que chacun, dont elle, pouvait rendre digne… chose faite après clôture ou plutôt enterrement de ce qui eut rapproché de fait si n’avait été fui par pur réflexe pavlovien (normal, elle a du chien, la belle).
    J’attendais avec impatience qu’un ou une s’autoflagelle involontairement avec talent là-dessus.
    C’est fait.
    Sur la Chine, éternelle et toujours recommencée – commençons par le milieu car son état empire – il faut lire et relire le superbe bouquin de Fabienne Verdier
    « Passagère du silence’ c’est incontournable !
    Sinon, Samuel Corto dont il était question l’été dernier pas plus loin qu’ici, est aussi audible là, il est comme le furet
    http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/bien_commun/
    AO

  18. Bonjour M. Bilger,
    Je suis ravi d’apprendre que la Chancellerie n’engagera pas de poursuites à votre endroit même si le site nouvelobs.com vous rétrograde au rang de substitut général. Je ne sais évidemment pas ce que M. Falletti a pu vous reprocher mais je reste persuadé qu’au-delà du billet incriminé, votre blog dérange en haut lieu.
    Quant à dire de la France qu’elle est un « pays saturé de démocratie », n’exagérons rien.
    Pour demeurer sur le thème de la liberté d’expression, je tient à rappeler qu’un substitut qui tenait lui aussi un blog sur le thème de la justice, pourtant sous couvert d’anonymat, a été identifié par sa hiérarchie, sans doute donnait-il des détails trop précis, rappelé à l’ordre, quant à son blog, il n’existe plus.
    Plus récemment encore, le commandant Jean-Hugues Matelly a été radié de la Gendarmerie Nationale pour avoir osé critiquer dans un ouvrage le rapprochement opéré entre la gendarmerie et la police. Sa révocation a été entérinée par le président de la République, le référé engagé par cet officier a été rejeté par le Conseil d’Etat. C’est la première fois qu’un gendarme est radié de l’armée pour délit d’opinion. Mais dans notre belle démocratie les militaires n’ont qu’un droit, celui de se taire.

  19. Nous voilà enfin rassurés : convocation publique, rappel des « obligations liées à [mon] statut et à [ma fonction] » et « le garde des Sceaux n’entendait pas [me] poursuivre »…
    Après le tombereau d’injures que vous a attiré votre billet, nous voilà enfin revenus à des considérations beaucoup plus « zen » et à des attitudes et comportements parfaitement « démocratiques ».
    Longue vie à votre blog.

  20. Véronique Raffeneau

    @ sbriglia
    Pour votre gouverne, je tiens à vous dire que j’ai eu l’honneur d’assurer la défense de Philippe Bilger sur le mode virtuel dans le célèbre blog d’un de vos éminents confrères pour le conflit qui nous opposait à sa hiérarchie.
    J’observe que ma plaidoirie est comprise par la partie adverse. Croyez-moi, ce n’était pas gagné si nous considérons les lacunes de lecture et de compréhension de la Chancellerie quand elle lit les blogs, particulièrement ceux des procureurs.
    Donc oui, je suis soulagée du fait que mes efforts n’ont pas été vains.
    Là, beaucoup plus sérieusement, merci à Philippe Bilger de relativiser cette péripétie qui en dit tout de même long sur les gages on ne peut plus officiels apportés aux écumes et aux tribunaux médiatiques.
    Merci à Aïssa de parler des journalistes algériens.
    @ Catherine A (votre post du précédent billet)
    Il faut cesser de vouloir me voir en amoureuse transie et en groupie imbécile de Philippe Bilger.
    Sachez Catherine que les deux amours infinis qui étaient dans ma vie sont décédés il y a peu. Le premier en novembre, le second en février.
    Le respect et l’affection que j’ai pour Philippe Bilger ne peuvent évidemment pas suppléer ces absences-là.

  21. Si je partage votre amer constat de la situation en Chine, je suis simplement effaré de trouver sous votre plume l’argument millésime du « y’a pire ailleurs ».
    Ce n’est pas parce qu’il est bien dit que cet argument prend de la valeur. Il est tout simplement ridicule d’affirmer que, parce que les Chinois sont moins avancés que nous dans le combat pour la démocratie, nous devrions nous arrêter là où nous en sommes.
    Si l’on avait suivi ce raisonnement, on en serait peut-être au même stade que la Chine, en termes de droits de l’homme.
    Laissez-nous donc nos craintes pour la liberté d’expression quand elles sont justifiées, quand bien même elles le seraient davantage en Chine !

  22. « Alors, un peu de décence, de pudeur devant cet avocat chinois, moi le premier ! Il faut avoir le sens du ridicule. »
    Belle et logique conclusion : il est bon de temps à autre de percevoir l’innommable pour pouvoir apprécier d’autant mieux l’ordinaire.
    S’il est vrai que la liberté est une exigence, peut-être faut-il se rappeler qu’elle est d’abord une exigence pour soi-même, et que la sécurité n’a jamais été une garantie de la liberté, mais au contraire son adversaire.
    « En France, Etat de droit, pays saturé de démocratie », la machine à légiférer sécuritaire restreint les libertés tant et plus.
    Par « saturé », vous entendez donc un état dans lequel la sécurité l’a emporté sur la liberté (?).
    Belle et logique conclusion…

  23. @ Christian C
    Au moins on ne pourra pas vous accuser de ne pas défendre de grandes causes.
    Car défendre Stéphane Guillon est très courageux, dans la France d’aujourd’hui.
    Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi tous ces « humoristes » doivent toujours frapper plus fort, que ce soit à la radio ou à la télé ? Ne serait-ce pas pour l’audience ? Ne serait-ce pas parce que le public en redemande ?
    Pour préserver votre petit espace de liberté, vous êtes donc prêt à nier celle des autres, à subir la loi de l’audimat et à hurler avec les loups.

  24. Catherine JACOB

    « Je n’ai pas l’intention de révéler la teneur de nos échanges et mes impressions mais puis-je souligner qu’il était d’autant moins besoin de « me rappeler mes obligations » qu’à mon sens je ne les avais jamais oubliées et que c’était le fond de ma défense. »
    Monsieur l’avocat général, il faut bien laisser à l’adversaire, en l’espèce à l’autorité hiérarchique, quelque chose à dire, même si c’est inutile et que vous avez votre conscience pour vous. Le Pouvoir aime avoir le dernier mot, ne serait-ce que celui du pardon alors même qu’il n’y aurait pas véritablement à pardonner. Savoir se taire est une vertu plutôt pratiquée par l’échelon inférieur ! Mais, voilà aussi pourquoi personnellement j’ai toujours pensé qu’il valait mieux être son propre maître.
    «En France, État de droit, pays saturé de démocratie »
    N’exagérons rien. Disons plutôt pays saturé d’idéal, ou encore de prétention, démocratique, ce qui laisse en effet la possibilité de s’opposer quand besoin est.
    « Il y avait de la tranquillité républicaine dans la tension, aussi vive qu’elle soit, et  le Pouvoir ne pesait pas comme un couvercle sur mes contradicteurs ou moi. »
    Quand les ombres du miroir ne sont plus seulement les reflets d’une âme en proie au spleen mais aussi celles d’une sombre réalité,
    « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
    Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
    Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
    Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
    Quand la terre est changée en un cachot humide,
    Où l’Espérance, comme une chauve-souris,
    S’en va battant les murs de son aile timide
    Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
    Quand la pluie étalant ses immenses traînées
    D’une vaste prison imite les barreaux,
    Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées
    Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
    Des cloches tout à coup sautent avec furie
    Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
    Ainsi que des esprits errants et sans patrie
    Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
    — Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
    Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir,
    Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,
    Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. »
    « Alors, un peu de décence, de pudeur devant cet avocat chinois, moi le premier ! Il faut avoir le sens du ridicule. »
    Ne vous fustigez pas tant vous-même, il n’y a pas de petits combats, dès lors que l’enjeu en est la liberté !

  25. Bernard76000 ex 27400

    Démocratie, démocratie… On commence par une tempête dans un verre d’eau comme l’a été l’affaire Zemmour-Bilger et le rappel au devoir de réserve et on finit dans un sombre camp de réhabilitation à faire son « autocritique » pendant 20 ans. La convocation de notre hôte par sa hiérarchie m’a fait l’effet d’une lézarde dans l’édifice démocratique.
    Pour aller dans le sens de « Savonarole » attendez-vous à une convocation au quai d’Orsay et a être persona non grata à Pékin.

  26. Catherine JACOB

    L’avocat (律師 -lǜshī -: le Maître savant en lois) Gāo Zhìchéng (ou encore: Zhì shèng) lǜshī, est doté d’un très beau prénom dont il partage la seconde partie avec un Daimyô japonais de l’époque de Edo, ASANAO Naga-Akira (浅野 長晟); Dans 智晟 on a en effet Zhì, le Savoir et l’intelligence, ainsi que 晟 (L’éclat, la luminosité); Combiné à son nom de famille, 高 ( Gāo, quelque chose comme: Legrand ), cela nous donne « Grand par le savoir et l’intelligence lumineuse… »
    Quel beau nom vraiment, surtout pour un avocat!
    Mais l’avocat Gao Zhisheng a pourtant été convaincu d’activités subversives nuisibles à l’État et au régime!
    高智晟律師是因為「顛覆國家政權罪」被判刑 (Gāo Zhìchéng lǜshīshì yīnwèi 「diānfù guójiā zhèngquán zuì 」bèi pàn xíng )
    Lesquelles?
    Il a démissionné du parti communiste chinois et entrepris de collecter des témoignages de membres d’un mouvement spirituel bouddhiste, Fǎlún dàfǎ (法轮大法), interdit sous l’accusation de secte; Autrement dit, il a fait son boulot d’avocat et d’avocat ayant pris la précaution d’éviter tout possible conflit d’intérêts, tout comme le magistrat français fait le sien en défendant l’intérêt général à travers les libertés fondamentales qui le préservent!
    Certes, pas avec la même prise de risques, celle qui consiste à être démis ou radié, harcelé, torturé, et plus sans… mobilisation de la conscience internationale qui anime les gens désireux de soutenir ceux qui font juste leur boulot quand tant de malhonnêtes se foutent du monde dans les pays où ils ne courent aucun risque et à faire et à ne pas faire leur travail! Honte à eux!

  27. Catherine A à Véronique : imbécile surtout pas

    Véronique, imbécile surtout pas ; un chouïa aveuglée tout de même. Ce que je voulais dire c’est que j’aimerais de temps en temps vous voir hésitante, dubitative, critique voire franchement pas d’accord. Sans doute parce que le premier mot que j’ai appris a été « non » juste suivi par « Pourquoi ? » ou l’inverse ; alors forcément il en reste quelque chose. Bien ou pas c’est une autre histoire.
    Si je vous ai blessée, j’en suis désolée ; vraiment 🙂 Catherine

  28. Christian C

    @Polochon
    On a les causes qu’on peut, Polochon. A ma grande honte, je ne suis pas, comme cela semble être votre cas, menacé par la junte birmane. Mon « petit » espace de liberté vaut le vôtre, jusqu’à plus ample informé. Je ne nie aucun droit à la liberté à quiconque ; chacun peut, à la seconde où un propos lui déplaît, tourner le bouton (appuyez sur Off, si vous avez égaré le mode d’emploi).
    Si vous voulez bien observer la présence des « humoristes » sur « nos » antennes aux heures de grande écoute, son intensité se situe bien en deçà de celle des Besson, Bertrand, Lefebvre, Sarkozy et consorts. Je ne place pas ces derniers dans la catégorie des humoristes (quoique) ; vous, oui, semble-t-il ?
    Je vous laisse à vos anathèmes, Polochon. Les humoristes n’ont jamais frappé qu’avec des mots. Cela ne justifie aucunement votre trop-plein de bile.
    Comme cela semble vous avoir échappé, je ne hurle avec personne, et je ne vois pas ce que l’audimat vient faire ici.
    Savourez donc votre avantage : je suis, je vous l’accorde, d’une lâcheté de pleutre en défendant les amuseurs en général, et Stéphane Guillon en particulier. C’est ma faiblesse. Ca pose un problème ? Bonne nuit, Polochon.

  29. Vous allez voir que B. Kouchner va « déplorer » vos propos…
    Rédigé par: Savonarole | 31 mars 2010 à 08:47
    Tout cela ne nous dit pas si Zéric soutiendra « notre » PB quand il sera convoqué aux laquais* d’Orsay pour un léger briefing où la soupe chinoise remplacera le café et où, pas de bol, il sera mené à la baguette afin d’être bridé une bonne FOI pour toutes ; PB en sera obligé de remplacer la photo qui chapeaute nos textes, fini cet air d’ours débonnaire, bientôt viendra le temps des fines moustaches et des prunelles teintées de sombres éclats dans un regard oblong, pour la natte, il va falloir attendre un peu.
    AO
    * et ses fumeux c.(n)nards

  30. Cher Philippe,
    A chacun ses mots, ses difficultés…
    Tomas a engendré de gros dégâts à Wallis et à Futuna. Un besoin de matériel de reconstruction est nécessaire. Des estimations sont en cours. Un morceau de route a été arraché. Il faudra un an avant que les nouvelles récoltes n’apportent leurs fruits. Il y a un besoin plus urgent de vivres, de conserves, d’eau potable.
    Un groupe de 60 volontaires face à un tel besoin, ce n’est pas assez. L’encre coule plus sur les détresses narcissiques que sur les nécessités et les devoirs de solidarité.
    françoise et karell Semtob

  31. Alex paulista

    Dans son petit appartement de banlieue, entre ses assedics, ses antidépresseurs, son fils glandeur à la fac avant d’être exploité en stage, le beauf français est abreuvé par TF1 de généreux « documentaires » sur les autres pays.
    Du fond de son clic-clac, il ne connaît du Brésil que la violence des favelas, croit qu’on y meurt de faim en masse ou que le rêve de tout Brésilien est de passer en Guyane. De la Chine, seulement les contrefaçons et les violations des droits de l’homme. De Colombie, seulement la drogue et les FARCs. Du Sri Lanka, le massacre des pauvres et pacifiques tigres Tamouls.
    Là, il se retourne vers bobonne et lui glisse tendrement, la voix juste un peu trop grasse:
    – Poupoune, on est bien quand même en France.

  32. Achille @ Catherine JACOB | 31 mars 2010 à 18:37
    Votre commentaire, pour moi c’est du chinois.

  33. @Catherine Jacob,
    Bien vu l’évocation du Spleen de Baudelaire, puisqu’il est question des Fleurs du Mal, je vous signale que je me suis échiné à vous répondre sur le fameux chapitre de Bennassar, mais il me semble que vous ne l’avez pas remarqué.
    J’ai fait court pour ne pas ennuyer tout le monde, alors bien sûr il n’y avait pas que des condamnations à mort, les mineurs étaient condamnés aux galères, ce qui quelque part revenait au même.

  34. @Laurent Dingli à propos de la citation d’Aïssa
    Cette citation me rappelle celle de René Char : « Dis et meurs pour l’avoir dit » ???
    Je vous remercie tous pour vos commentaires.
    Vous êtes super !
    Je boîte de plus en plus en vous lisant.
    Duval Uzan

  35. Jean Reffait

    Monsieur,
    J’ai apprécié votre billet et la comparaison que vous faites entre votre sort et celui de certains juristes en de certains pays (sort qui, je pense, n’a laissé personne indifférent dans votre lectorat).
    Vous avez connu des instants désagréables, multipliés par les injures qui ont plu sur vous dans ces colonnes mêmes, chez vous, avec la bienséance qui consiste à aller, dans votre salon, ch… sur votre tapis.
    Vous comparez votre sort de magistrat français à celui de cet infortuné avocat chinois et vous en tirez la seule leçon possible. Il vaut mieux accuser ici que défendre là-bas. C’est vrai et cela l’a toujours été.
    Cet avocat chinois au sort duquel on ne peut pas ne pas compatir, n’est hélas qu’un individu pris isolément dans la masse innombrable des personnes broyées par l’injustice, de par le monde et non seulement en Chine. Sans l’oublier, il convient de se rappeler qu’il est emblématique, au même titre que bien d’autres, de la lutte acharnée pour la liberté même, seulement, de l’expression.
    Je pense à tous ceux que j’ai connus aux pires instants des tortures de la décolonisation et des petitesses qui les ont précédées, qui n’ont pas craint de joindre leur voix à celles des « résistants » (qu’on appelle aussi « terroristes, si cela arrange), humiliés dans le meilleur des cas, arbitrairement exterminés dans le pire (je ne sais pas trop quel est le « pire » et le « meilleur »).
    Ce cancer qui a rongé les anciens dominateurs, rongera, sous quelle forme, je ne sais, la Chine et les autre pays qui singent cette danse macabre.
    Le « drapeau noir » qui est cité ci-après au terme d’une séquence de Baudelaire, est celui, « sur son crâne incliné », de l’Angoisse.
    Gare ! vais-je répéter, une fois encore. Nous sommes peut-être, quelque part, sur la mauvaise pente, et votre propre épisode ne me rassure que provisoirement. Rappelons-nous, sans crainte mais sans présomption, l’inscription sous l’horloge : « Aujourd’hui, c’est moi, demain c’est toi ». J’ai assez vécu pour partager la misanthropie de Monsieur Dingli (à part, comme c’est son cas certainement, pour certains proches). Mais je pense qu’en défendant, par tous les moyens en votre possession, la liberté de penser et de dire (sans insulte, sans humilier personne) ce que vous pensez, vous faites oeuvre utile, nécessaire, indispensable.
    L’avocat chinois nous crie à travers ses mots voilés de ne pas cesser la lutte pour la Liberté.
    Je terminerai donc, pour compléter Baudelaire, par Benjamin Franklin :
    « Ceux qui sont prêts à échanger un peu de liberté contre un peu de sécurité, ne méritent ni l’une ni l’autre ».

  36. Vous avez raison de ne pas touiller, cher PB … Inutile d’aller en Chine, cependant, pour vous mettre du baume à l’âme (ah! Céline avait raison; ils passeront pas Epernay, ces milliards de Chinois; on les trouvera bourrés dans les caves …); voyez Rachida, celle qui précéda Michelle: plus de bagnole et de chauffeurs ministériels, plus de gardes du corps, plus de policiers, plus de privilèges d’Etat, plus rien … Punie autrement que vous! Ca lui apprendra à gloser durant les élections régionales … Certes, lui restent les chauffeurs du Parlement européen ainsi que ceux de la Mairie du 7ème, lui demeure la garde rapprochée de ces nobles Institutions, mais enfin, ça ne le fait pas, on ne traite pas une de vos ex … ministre comme ça … Et la démocratie, alors! que va penser le bon Peuple de France de ces manières de faire à une dame qui fit beaucoup pour mettre tout son monde judiciaire d’accord?… Je l’ai toujours dit: Rachida s’amuse. Je l’adore pour ça. Mon rêve? la rencontrer et lui dire: Rachida, t’as trop trop de chance! tu t’éclates à mort!… Notre bon vieux PB fait dans le grave, lui; même quand il nous explique le foot et le karaté, on lui reproche de faire dans le trash, c’est pas juste … Snif, personne ne m’aime … Ah! n’entrez pas dans ce rôle, mon vieux; je n’aimerais pas à vous appeler cher Caliméro-PB … Voyons les Chinois, plutôt … Mon opinion est que ce nouveau communo-capitalisme est un hybride politico-économique bien singulier. C’est une technique inédite qui néanmoins ne le cède en rien proportionnellement aux nôtres (techniques) démocratiques, ne vous en déplaise, mon cher … Pendant qu’une infime minorité (mettons 100 millions individus) sa gave à milliard d’euros et de dollars de l’exploitation et l’esclavage de la grande majorité (1 200 000 000 individus environ), ces derniers crèvent la dalle … C’est qu’ils ont aussi et depuis bien avant nous inventé leur solide bouclier fiscal. Qu’est-ce que cette nomenklatura rusée a en vue? je vous le demande … Mais nous forcer à leur vendre la corde qui nous pendra, voyons … L’affrontement direct étant risqué pour eux davantage que pour nous, reste à saper discrètement, patiemment, inexorablement, les fondements démocratiques qui sont les nôtres par l’économique et le libéralisme anarchiques qu’ils répandent facilement partout. Antienne. C’est de l’infiltration, ni plus ni moins … Cela nous coûte; à eux rien … Nos ouvriers, nos paysans, plongés dans la misère, on ne les massacre pas dans aucune prison ni ailleurs quand ils protestent; de même les journalistes en rupture de cette ignominie d’Etat; de même les magistrats du Siège ou du Parquet, de même n’importe qui, de même moi tiens (vous m’imaginez là-bas bloguer de la sorte depuis mon trois pièces de la province et appeler l’avocat général à la Cour d’assises de Pékin mon cher Caliméro-machin …) … Je vous tiens le pari qu’il n’existe absolument aucun Philippe Bilger blogueur en Chine ni même les environs … Et la Rachida de là-bas, on ne lui supprime pas ses jouets pour la punir de trop parler … Non non, ils ont mieux que ça pour remédier à ces «déviances» politiques, des techniques particulières, on n’a pas idée … C’est efficace. «… tristes grands seigneurs, quand on ne vote pas …» … Là cependant vous busez (abuser) comme dit ma mère, cher PB. On vote mais ensuite on se la met là où je vous dis et bien profond, l’expression majoritaire de notre vote … La Constitution européenne, les français ont dit non. Il est où le Traité? Bien profond … Hum (ce billet va se retrouver au tribunal correctionnel, je le sens, porté haut jusque le pupitre de la Présidente (oh, j’ai encore en image le formidable effet de manche de ce baveux quand il sortit mes commentaires et les brandit au Peuple qui assistait avant de les remettre à la juge … Epique!) … «bien profond …», dialectique de pervers qui effleurerait les mains et les avant-bras des jeunes filles de 17 ans que celle-là …) … Maître Escaravage, acceptez-vous de me défendre et seconder mon avocat, on ne sera jamais assez nombreux pour cette noble cause … Nous pourrions faire citer comme témoin à décharge notre ami ce cher PB, vite, avant que la partie adverse le fasse comparaître plutôt comme complice d’avoir accepté d’héberger et de publier mes «bien profond» et autres gnagnagna … Acceptez-vous l’aide juridictionnelle, cependant? En Chine, ils ne l’ont pas et pour cause: leurs Escaravage et leurs Bilger sont morts et enterrés depuis déjà; nous, nous l’avons, dépêchons-nous d’en jouir … Zut! J’ai écrit «jouir» … Misère … Rattrapons-nous: J’affirme que la Démocratie est un état d’esprit individuel et collectif et que puisque nous appelons toutes et tous à chaque instant et de nos voeux les plus grands cette révolution permanente, qu’elle s’accomplisse d’abord constamment dans la tête de chacun … Maîtresse Catherine Jacob qui bouchez souvent des coins à moult cons (aïe! décidément …), qu’en pensez-vous? Savez-vous qu’en Chine d’hier et d’aujourd’hui, pour mes crimes et mes délits d’antan, on m’aurait pendu par les c… (ah non! suffit Aïssa!…), par les parties avant de me couper en deux à la mitrailleuse puis d’envoyer la facture des balles à ma famille évidemment? C’est vrai que je suis mieux ici, entre le Bollinger frais à mon sud, le boudin blanc de Rethel à mon nord, le pied de cochon de Sainte-Ménéhould à mon est et à mon ouest, tout près, pareil les autres, Paris que diable! Il en aura fallu des siècles de misère, de tyrannie et de lutte pour cela … Et ce n’est pas terminé; tout le monde n’est pas traité comme tout le monde en notre pays … C’est encore en chantier, tout ça … Un peu de régression en Droit aujourd’hui, un coup d’accélérateur demain, ainsi va la vie … Ce qui n’ôte rien à ce que nos démocraties politiques soient un peu putes (aïe!…) parfois; elles s’honoreraient toujours à traiter aussi fermement un gouvernement et une administration de Chine tyrannique et implacable ou d’ailleurs en ce monde, qu’elle traite … C’est vrai que ce cher PB n’a rien à vendre ni à acheter, fut-ce en dessous le prix du marché et fabriqué de l’esclavage et le despotisme. «Ferme ta gueule et marche!» ainsi que «Marche ou crève!», sur chaque pied une de ces phrases … Il y a quelques années, les infirmières de la Réanimation de l’hôpital de Montpellier étaient étonnées par ces tatouages ni ne les comprenaient, de ce vieux bonhomme qui mourait dans le service. Sur la poitrine, il y en avait d’autres, sur les bras, partout … BAT D’AF inscrit en gras sur son cou, je n’oublierai jamais … FERME TA GUEULE ET MARCHE OU CREVE! Je ne leur ai pas expliqué, c’était inutile, elles étaient trop jeunes, pas assez informées, trop dans la vie actuelle … Ce type-là a été un de ceux que j’ai assisté plus qu’avec mon coeur jusqu’à sa dernière seconde … Mais je m’égare …
    Aïssa.

  37. Véronique Raffeneau

    @ Catherine A
    Je n’étais pas blessée. Juste agacée.
    Il était important pour moi de vous dire pourquoi je ne peux pas être une amoureuse transie de Philippe Bilger.
    Quant à m’opposer à ce qu’il écrit, je le fais quand cela m’apparaît nécessaire.
    Mais je dois admettre que le plus souvent je suis d’accord avec ce qu’il exprime.
    Sachez également que ma première réaction vis-à-vis de son billet E. Zemmour a été de me dire :
    la barbe… encore un billet sur le médiatique… ! En plus je ne regarde JAMAIS les programmes TV d’Ardisson, de Ruquier, de Denisot, de Drucker etc, etc.
    Ce que j’ai aimé dans son billet c’est le portrait que Philippe fait d’Eric Zemmour.
    « Trublion officiel » m’apparaissant très bien senti et très bien vu.

  38. Merci Aïssa pour ce délicieux moment SALUTAIRE avant de démarrer cette journée qui sera, après ça, moins noire…

  39. Claude GARDIOL

    Ni écrivain, ni tribun, ni cultivé…
    ni, dieu merci, tout à fait débile ou
    aveuglé par une idéologie de bon ton, persuadé donc de ressembler à un citoyen
    « normal », je désire, malgré ma petite envergure, vous faire part de toute ma sympathie et vous remercier bien sincèrement des positions de bon sens que vous avez le courage de prendre.
    Monsieur Bilger, merci.

  40. @ Christian C.
    Votre défense de S.G. ne me pose aucun problème ; c’est juste le parallèle avec l’avocat chinois…
    @ Alex Paulista
    A lire votre commentaire, on pourrait croire qu’il n’y a que des beaufs en France. Comme TF1, vous êtes dans la caricature. Pourtant comme le dit Georges Frêche, il y a quand même en France 5% de gens intelligents (et lui s’adresse aux autres !)
    Question : peut-on être beauf et intelligent ?

  41. @Jean Reffait | 31 mars 2010 à 21:25
    « Vous avez connu des instants désagréables, multipliés par les injures qui ont plu sur vous dans ces colonnes mêmes, chez vous, avec la bienséance qui consiste à aller, dans votre salon, ch… sur votre tapis. »
    Ha, ha, ha. Cela me rappelle un épisode assez désagréable, bien qu’assez marrant au fond. Ayant préparé une chambre pour recevoir une collaboratrice et amie japonaise ainsi que sa fille, qui avaient pris la peine de trimbaler dans leur périple européen 20kg d’ouvrages divers destinés à mes élèves, j’avais pris la peine d’aller jusqu’à passer literie, tissus d’ameublement, voilage, tapisserie etc.. à la vapeur + antiacarien, sans oublier le tapis, pour faire mentir la réputation d’être toujours un peu crasseux dont jouissent au Japon les français qui ne passent pas leur vie dans le O_Furo, le bain japonais, avant de mettre la touche finale au tableau en disposant quelques fleurs fraîches dans un vase. Puis je me suis rendue à la gare du Nord pour les accueillir à leur descente de l’Eurostar et les ramener ici, dans cette chambre où deux chats s’étaient par mégarde laissé bizarrement enfermer malgré toutes mes précautions, et leur avait déposé leur petit « cadeau » de bienvenue, perso, au beau milieu du tapis, sans compter…l’odeur ! Ha, ha, ha, je ne vous dis pas la tête du digne Professeur K.O. comme ses initiales l’indiquent!
    « Cet avocat chinois au sort duquel on ne peut pas ne pas compatir, n’est hélas qu’un individu pris isolément dans la masse innombrable des personnes broyées par l’injustice, de par le monde et non seulement en Chine. »
    Oui, mais : Le problème dans ce cas précis, c’est la manifeste absence de statut privilégié de l’avocat assimilable à une sorte de statut diplomatique ou encore d’immunité parlementaire destiné à lui permettre d’exercer son activité professionnelle sans craindre de devoir trahir ses clients pour sauver sa peau, l’absence d’un Ordre qui défende ses membres et en fasse la police interne, et enfin la possibilité de radiation par l’état de quelqu’un qui déplaît de par le simple fait de la cause qu’il a accepter de défendre bien qu’il n’ait aucune faute déontologique à se reprocher, et même au contraire, ce dans un but manifestement dissuasif qui vise à laisser leurs clients à merci et sans défense et qui donc adopte un comportement qui chez nous ne trouve de comparaison que dans les mafias de toute espèce, y compris internes à la profession dont elles détournent et pervertissent les verrous de sécurité à leur seul bénéfice! Voilà donc le parfait exemple de ce qui ne doit pas arriver et je pense que dans ce but, s’il reste encore quelque professionnel couillu qui ne se mouille pas que pour quelque monstre en pensant essentiellement à la publicité que cela fera à son cabinet, mais qui ait conscience de ce que la mobilisation d’une solidarité professionnelle internationale peut avoir d’intéressant aussi pour eux qui s’imaginent faussement à l’abri de l’arbitraire du Pouvoir, mais qu’ils le fassent savoir bon Dieu, et à visage découvert, le seul efficient !! Par exemple en demandant officiellement à prendre connaissance du dossier de leur confrère ainsi qu’en formant une association professionnelle internationale dont le but ne se limite pas à faire du profit mais se fixe à long terme sur la préservation de toute amputation de leur propre liberté d’exercice ! Allez les Francis Szpiner, Eric Dupond-Moretti, Daniel Soulez-Larivière et autres Jacques Vergès et j’en passe, cessez donc de cabotiner dans les médias et montrez- nous donc un peu ce dont vous êtes capables pour défendre l’un des vôtres, réellement courageux et au service de ses clients lui, plutôt que de lui-même et de sa carrière! et donnez-nous une vraie belle leçon d’éthique! Sans compter qu’accessoirement cela peut avoir un intérêt pour votre pays de faire sortir le loup du bois…!
    « Je terminerai donc, pour compléter Baudelaire, par Benjamin Franklin :
    « Ceux qui sont prêts à échanger un peu de liberté contre un peu de sécurité, ne méritent ni l’une ni l’autre ». »
    Après que le maître des lieux nous ait fait réciter Baudelaire, voici messire Reffait qui nous fait réciter La Fontaine :
    « Moyennant quoi votre salaire
    Sera force reliefs de toutes les façons :
    Os de poulets, os de pigeons,
    Sans parler de mainte caresse.  »
    Le Loup déjà se forge une félicité
    Qui le fait pleurer de tendresse.
    Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
     » Qu’est-ce là ? lui dit-il. – Rien. – Quoi ? rien ? – Peu de chose.
    – Mais encor ? – Le collier dont je suis attaché
    De ce que vous voyez est peut-être la cause.
    – Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
    Où vous voulez ? – Pas toujours ; mais qu’importe ?
    – Il importe si bien, que de tous vos repas
    Je ne veux en aucune sorte,
    Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.  »
    Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encor. »
    Au fait, l’épisode 4 des Contes et Nouvelles du XIXème sur France2, intitulé «  Un Gentilhomme », était également tout à fait exemplaire à cet égard!

  42. Catherine JACOB@Ludovic

    @Ludovic | 31 mars 2010 à 19:49
    « je vous signale que je me suis échiné à vous répondre sur le fameux chapitre de Bennassar, mais il me semble que vous ne l’avez pas remarqué. »
    Si, si, j’ai lu et je vous en remercie. Mais je réfléchissais encore.
    « J’ai fait court pour ne pas ennuyer tout le monde, alors bien sûr il n’y avait pas que des condamnations à mort, les mineurs étaient condamnés aux galères, ce qui quelque part revenait au même. »
    Si on veut !

  43. Catherine JACOB

    J’ai trouvé en japonais quelques informations intéressantes qui ne figuraient pas dans les articles en français préalablement consultés, à savoir que s’il y était bien indiqué que l’avocat est originaire du Shǎnxī (http://ja.wikipedia.org/wiki/%E3%83%95%E3%82%A1%E3%82%A4%E3%83%AB:China_Shaanxi.svg = une zone aride avec de forts écarts de température, considérée comme le berceau de la civilisation chinoise. C’est d’ailleurs près de Lantian (藍田) terminal de l’antique Route de la Soie située sur un affluent du Fleuve Jaune, que fut découvert en 1963 « l’Homme de Lantian », qui est avec le Sinanthrope plus vieil ancêtre que se reconnaissent le Chinois (vieux de 600 000 ans), et centre politique de la Chine pendant près d’un millénaire, mais qui connaît désormais des problèmes d’urbanisme, de chômage afférents et de pauvreté subséquents), et qu’il a été élevé dans un environnement très défavorisé, il n’était cependant pas indiqué que c’est un autodidacte du droit auquel il s’est consacré après avoir été soldat de l’Armée populaire de libération (APL ; autrement dit, l’ancienne Armée Rouge) : 陝西省出身。貧しい環境の中で育ち、人民解放軍での軍役を経て独学で法律を学んだ。

  44. Catherine A pas folle décidément de l'amour fou

    Ce que je voulais dire Véronique c’est que lorsque vous évoquez « l’amour passion » et « l’amour fou » de notre hôte pour la liberté de penser je ne peux pas vous suivre ; il y a dans ces expressions trop d’aveuglement et de furie. C’est au nom de ces sentiments dévoyés que tout au long de l’Histoire, des homme, des exaltés, ont commis et continuent à commettre des atrocités.
    Même entre deux êtres l’amour fou peut être destructeur. Le formidable film de Laetitia Colombani donné cette semaine à la télé, « A la folie, pas du tout », l’illustre avec maestria.
    Alors l’amour de Philippe Bilger pour la liberté d’expression, pour la tolérance, pour de nombreuses valeurs essentielles, je le préfère réfléchi, posé, mûri, disséqué, hésitant même ; bref raisonné et raisonnable.
    Et tant pis si c’est moins flamboyant. Ou tant mieux.

  45. Christian C

    @Polochon
    Quelqu’un aurait donc fait un parallèle entre Stéphane Guillon et l’avocat Gao Zhisheng ? Moi, non ; quelqu’un d’autre peut-être ?
    L’erreur est humaine ; vous êtes tout excusé.

  46. La Tulipe Noire

    Bonjour à tous…
    Salutation amicale pour mon collègue P.Bilger.
    Prétendre mon cher collègue que la France est un état de droit quand le parquet n’est autre que la garde prétorienne au sein des tribunaux du pouvoir exécutif (de droite comme de gauche) est en l’état irréaliste.
    Que dire du juge d’instruction qui hélas est trop souvent voire plus au garde-à-vous des
    procureurs quand il ne le devient pas plus tard (sourire…). Que dire des avocats hélas
    complices du parquet et qui trahissent leurs
    clients… Combien de tulipes noires inscrits
    au barreau ?…au parquet ?… au siège ?
    Vous savez bien mon cher collègue que l’ordre des avocats de la Cour de cassation
    est aux ordres de ladite cour…
    Ici aussi il y a beaucoup à faire… Vous ne le savez que trop bien !!! Et moi donc !
    La justice ne peut plus être un os que l’on donne au peuple pour qu’il se casse les dents en le mordant.
    A méditer…
    L’institution judiciaire est hélas aujourd’hui en France une bastille…
    N.Sarkozy a raison de vouloir réformer avant que le peuple souverain ne se soulève.
    Aidons-le… car la justice appartient au peuple et travaille pour lui !
    Vos propos mon cher collègue traduisent un manque de réalisme… souvent caractéristique de la psycho-rigidité des magistrats du parquet.
    A suivre… car le peuple a besoin de tulipes
    noires.
    Cordialement.
    La tulipe noire.

  47. Christian C

    @Laurent Dingli,
    Sans doute ai-je interprété les propos de M. Bilger au-delà de ses intentions lorsqu’il écrit : « Se plaindre en France, quand on prend la peine de comparer, est le fait de citoyens gâtés, une gabegie de la récrimination. » (…) « Alors, un peu de décence, de pudeur devant cet avocat chinois, moi le premier ! » ?
    Comment diable ai-je pu lire là un appel aux « citoyens gâtés » à fermer leur gu…parce que leur indignation serait bien vaine face aux véritables misères des citoyens opprimés ?
    Non, vraiment, comment une interprétation aussi insidieuse a-t-elle pu m’effleurer, comme disait mon précédent confesseur :
    « Laurent, serrez ma haire avec ma discipline,
    Et priez que toujours le Ciel vous illumine.
    Si l’on vient pour me voir, je vais aux prisonniers
    Des aumônes que j’ai partager les deniers. »

  48. Merci pour cette précision, mon cher Tartuffe, mais relisez l’extrait de la prose de PB que vous citez : il s’en prend à lui-même, façon de remettre en perspective, de minorer ses propres aventures face aux véritables tragédies du monde, c’est tout. Il n’y a là, je vous l’assure, aucune volonté de museler qui que ce soit, ce qui serait un comble de la part de notre cher hôte.

  49. Alex paulista

    @ Polochon
    Nous sommes tous des gros beaufs par moments.
    Cela me rappelle la phrase d’un ami qui n’aimait pas regarder la télé :
    Canal Plus, la télévision pour les beaufs qui pensent que ceux qui regardent TF1 sont des beaufs.
    Mais je voulais souligner qu’en France l’évocation d’un pays étranger est souvent l’occasion de se mettre en valeur.

  50. @La Tulipe Noire | 01 avril 2010 à 16:13
    « A suivre… car le peuple a besoin de tulipes
    noires.
    Cordialement.
    La tulipe noire. »
    Éclairez donc un peu notre lanterne, cher « collègue » de Philippe Bilger, de quoi ce bon peuple a-t-il tant besoin? Du roman (1850), de film avec ce cher Delon (1963), d’héroïne comme l’Épée de la liberté (Japon, 1975) ou juste d’une simple tulipe noire de Bulbiculture ( ≠ Gloubi-boulga) telles « Queen Of The Night » ou « Black diamond »??

  51. @Catherine A pas folle décidément de l’amour fou | 01 avril 2010 à 14:22
    Arrêtez donc d’embêter Véronique !
    « La passion est tenue pour une chose qui n’est pas bonne, qui est plus ou moins mauvaise : l’homme ne doit pas avoir des passions. Mais passion n’est pas tout à fait le mot qui convient pour ce que je veux désigner ici . Pour moi, l’activité humaine en général dérive d’intérêts particuliers, de fins spéciales ou, si l’on veut, d’intentions égoïstes, en ce sens que l’homme met toute l’énergie de son vouloir et de son caractère au service de ses buts, en leur sacrifiant tout ce qui pourrait être un autre but, ou plutôt en leur sacrifiant tout le reste . […]
          Nous disons donc que rien ne s’est fait sans être soutenu par l’intérêt de ceux qui y ont collaboré. Cet intérêt, nous l’appelons passion lorsque, refoulant tous les autres intérêt ou buts, l’individualité entière se projette sur un objectif avec toutes les fibres intérieures de son vouloir et concentre dans ce but ses forces et tous ses besoins. En ce sens, nous devons dire que rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans passion. HEGEL – La Raison dans l’Histoire, éd. 10 / 18, p. 108 »
    Eh oui, Baudelaire, puis La Fontaine et maintenant Hegel, tout est déjà dit et pourtant encore toujours à dire…!

  52. Jean Reffait

    Monsieur,
    Vous me permettrez, sans trop sortir du sujet, de répondre à l’amusant commentaire de Madame Catherine Jacob.
    L’avocat chinois n’a pas de Barreau qui se batte à ses côtés ? Quand on voit de quelle façon ils se tiennent, pour certains, aux côtés de ceux qui, chez nous, ont la faiblesse ou l’ignorance de recourir à leurs services, on se prend à déplorer qu’il vaille mieux être « justiciable » ici que défenseur là-bas. Vous émettez le voeu (dont j’espère qu’il n’est pour vous que pieux) de voir certains courir à la rescousse de leur confrère chinois. Les grands ténors se sont, à quelques exceptions près, tus dans la retraite ou dans la mort. Là aussi, nous assistons à une déliquescence qui fait partie de tout l’ensemble socio-culturel dans lequel nous vivons. Vous semblez bien connaître l’Extrême-Orient, bien mieux que moi qui n’y ai travaillé que de brèves périodes. Vous savez donc mieux que moi si notre ami-avocat en butte aux persécutions dont nous parle Monsieur Bilger, peut compter sur des compatriotes à lui pour faire mouvement en sa faveur. Je doute de l’efficacité mais c’est le seul canal par où l’Espoir (qui, chez Baudelaire, est vaincu, et pleure) puisse se glisser, non sans perte énorme de substance dans tous les cas. C’est ici que le « ridicule » dont parle Monsieur Bilger révèle sa face stupide, parce que sans commune mesure…
    La Liberté ne permet pas tout, ni aux insulteurs de notre hôte de conch… son tapis, ni même à vos chats d’en faire autant chez vous (mais vous aimez les chats, semble-t-il, et, dès lors, il vous sera beaucoup pardonné !).
    Hors des rails que la vie en société lui impose, toujours dans le cadre de la volonté du peuple souverain, la Liberté ne peut se connaître de limite.
    Chaque fois que je pense à la phrase de Benjamin Franklin que j’ai citée, et qui figure toujours après ma signature sur un autre Forum auquel je participe, je pense aussi à la fable de la Fontaine, « Le chien et le loup », que vous citez fort à propos. La Liberté peut passer par ces voix connues et, ô combien, toujours actuelles, elle n’en est pas moins notre affaire à tous.
    C’est pourquoi c’est un crève-coeur pour moi de constater comment tant de talents, car il y en a sur ce blog, talents qui viennent en écho de celui de notre hôte, se gâchent à se vilipender, alors que l’avocat chinois, comme la recluse birmane, comme tant d’autres encore, aimeraient tant recueillir ne serait-ce qu’un souffle de complicité publiquement étalée, tandis qu’ils souffrent du deuil de leur Liberté.
    Excusez-moi, Madame, d’avoir ainsi abusé de votre patience. Heureusement, il suffit d’appuyer sur un bouton, pour ôter ce qu’on ne souhaite pas se voir infliger.

  53. Monsieur l’Avocat Général, je serai un peu moins optimiste que vous sur l’état de la démocratie en France. La liberté d’expression ? Peut-on encore parler de liberté d’expression quand un brillant officier supérieur de Gendarmerie, par ailleurs chercheur-associé au CNRS, est radié, viré, éjecté de son Corps pour avoir osé publier une étude où il fait part de ses doutes sur les bienfaits du rapprochement de la Police et de la Gendarmerie? Bien sûr, ce faisant, il critique la politique du gouvernement et du président de la République. Une question : le délit d’opinion est-il passible d’une aussi lourde sanction, dans notre pays ? Un officier de Gendarmerie est-il un citoyen de seconde zone, passible de lettres de cachet ? Voilà les questions que je me pose ; aujourd’hui, face à cette répression, d’un niveau rarissime, d’un délit d’opinion, je doute très sérieusement de l’état de notre démocratie. J’en doute d’autant plus que je n’ai guère trouvé de soutiens à cet homme, chez les magistrats ou dans d’autres corps. Monsieur Bilger, serait-ce plus simple, ou plus politiquement correct, de montrer de la compassion pour un avocat chinois (dont la situation est certes peu enviable, mais, hélas, assez répandue dans ce pays), que de s’intéresser au cas du Chef d’escadron Jean-Hugues Matelly? J’ai le sentiment assez désagréable que la réponse se trouve dans ma question.

  54. Véronique Raffeneau

    @ Catherine A et Catherine J
    Ce que j’ai écrit à Philippe Bilger :
    Je respecte infiniment votre amour-passion pour la liberté d’expression.
    Voilà, je crois que c’est cela au fond qui m’impressionne dans vos billets consacrés à cette question.
    Cet amour fou qui vous conduit à défendre contre vous la liberté de mecs qui n’en valent pas la peine. Cette sincérité-là.
    Je pense que la défense de la liberté d’expression est pour PB d’ordre passionnel. Au sens où cette défense structure et commande en totalité le soutien qu’il a apporté à EZ.
    Je pense qu’il faut AIMER au-delà du raisonnable la liberté d’expression pour par exemple, dans cette énième manifestation des polices de la pensée et de l’expression, vouloir et savoir s’opposer sereinement et avoir le courage intellectuel de faire front aux dix mille critiques – et injures – qui ont déferlé en un rien de temps suite à un billet qui n’a pas été lu correctement.
    Je ne suis pas sûre qu’à sa place je serais capable d’assumer toutes les conséquences fort désagréables et injustes qu’une telle détermination tranquille ne manque pas de provoquer.
    Par-dessus le marché, pour PB, en réalité, défendre des mecs qui ne sont même pas son genre et qui ne le méritent pas.
    Et puis, une hiérarchie qui, sans rire, se permet de rappeler à PB « les obligations liées à son statut et à sa fonction ».
    La première obligation pour un magistrat est d’être le garant et le protecteur des libertés publiques.
    Sachant que selon la définition communément admise : « une liberté publique est une liberté encadrée et protégée par le droit. »

  55. @Jean Reffait | 01 avril 2010 à 22:48
    « Vous émettez le vœu (dont j’espère qu’il n’est pour vous que pieux) « 
    Autrement dit : «hypocrite, inutile, utopique ,vain ». Non, pas du tout, bien que je ne tienne pas spécialement en grand estime cette corporation dont ce que j’en sais les montre plutôt sous l’aspect d’une corporation de grands menteurs avides hypocrites et cabotins, paradoxalement à la fois crédules et peu fiables et dont le sérieux déployé apparaît fort dépendant du montant d’honoraires facturés, malheureusement, (je parle ici des nôtres, pas du barreau japonais dont j’ai une expérience en revanche très favorable), mais je pense très sincèrement qu’il vaudrait mieux une triade internationale d’avocats ce qui permettrait aux nôtres d’apprendre de leurs confrères étrangers pour être à la hauteur de la qualité des magistrats que l’on peut rencontrer dans les instances pénales internationales où chaque pays envoie les meilleurs ( ex. Luxembourg), que des triades strictement mafieuses, bien évidemment!
    « de voir certains courir à la rescousse de leur confrère chinois. »
    « Vous semblez bien connaître l’Extrême-Orient »,
    On ne connaît jamais bien l’Orient-Extrême (voir lien sur nom) En tout cas, quand c’est près d’être le cas, on désapprend de s’en vanter!
    « bien mieux que moi qui n’y ai travaillé que de brèves périodes. »
    En tant que et où? Si cela n’est pas par trop indiscret.
    «(mais vous aimez les chats, semble-t-il, et, dès lors, il vous sera beaucoup pardonné !). »
    C’est vrai, j’aime les chats; en revanche, mon tapis, mon canapé et surtout mon chien, ne les aiment pas du tout, et en ce qui concerne ce dernier, l’expression « être comme chien et chat » n’est pas une vaine expression.
    «Excusez-moi, Madame, d’avoir ainsi abusé de votre patience. »
    Mais non, mais non, pas de « usque tandem » cette fois-ci…!
    «Heureusement, il suffit d’appuyer sur un bouton, pour ôter ce qu’on ne souhaite pas se voir infliger. »
    Tant que ce n’est pas Carla, et pas non plus les téléspectateurs de la télé qui rend fou qui appuient sur le bouton, diraient sans doute certains de nos humoristes…

  56. @Catherine Jacob : (« je parle ici des nôtres, pas du barreau japonais dont j’ai une expérience en revanche très favorable).
    ________________
    Je ne suis pas d’accord !
    Utamaro, Hiroshigé et Hokusaï nous ont montré qu’ils exagéraient l’importance du barreau japonais.

  57. La Tulipe Noire

    Réponse pour Catherine JACOB.
    Bonjour Catherine,
    Bonjour Philippe,
    Bonjour à tous…
    Je viens de te répondre mais le site refuse
    d’enregistrer ma réponse car toute vérité n’est pas bonne à dire surtout à la cour des
    miracles qu’est pour moi un palais de justice
    en l’état. L’avocat étant le bouffon et non le parquet. Lui c’est la garde prétorienne… lol
    La révolution judiciaire est en marche avec les réformes. Mieux que sur un blog c’est dans les têtes bien-pensantes qu’elle se construira pour ensuite venir entre les mains des citoyens via le législateur.
    Le conservatisme féodal des magistrats doit
    disparaître… et avec lui le juge d’instruction. J’aimerais te dire encore plus
    mais je ne serais pas publié… lol
    Salutations pour toi Catherine… idem pour Philippe et vous tous.
    La tulipe noire… »Z ».

  58. La Tulipe Noire

    Pour Catherine JACOB
    Catherine,
    précision : je suis apolitique et refuse de voter… Je ne serais pas une tulipe noire si je votais… lol
    Quand mon collègue (magistrat…car je ne suis pas au parquet) peut travailler sans pression il est clean et bon juriste. Evidemment quand il ne peut pas travailler librement ?…lol
    note : je suis contre l’indépendance du parquet.
    Pourquoi ? Car si union parquet+siège et les
    deux indépendants nous aurions une dictature
    de magistrats. Danger pour la démocratie et l’état de droit. Et que dire des avocats ?
    80% des avocats ne connaissent pas le droit.
    Pire encore les avocats qui sont à l’Ordre des avocats… incroyable mais hélas bien vrai !!! @+…La tulipe Noire « Z »

  59. …….
    Sur la vitre des surprises
    Sur les lèvres attendries
    Bien au-dessus du silence
    J’écris ton nom
    Sur mes refuges détruits
    Sur mes phares écroulés
    Sur les murs de mon ennui
    J’écris ton nom
    Sur l’absence sans désir
    Sur la solitude nue
    Sur les marches de la mort
    J’écris ton nom
    Sur la santé revenue
    Sur le risque disparu
    Sur l’espoir sans souvenir
    J’écris ton nom
    Et par le pouvoir d’un mot
    Je recommence ma vie
    Je suis né pour te connaître
    Pour te nommer
    Liberté
    Paul Eluard
    in Poésies et vérités, 1942

  60. Catherine JACOB@Savonarole

    @Savonarole | 02 avril 2010 à 12:58 « Je ne suis pas d’accord !
    « Utamaro, Hiroshigé et Hokusaï nous ont montré qu’ils exagéraient l’importance du barreau japonais. »
    Bon alors, très très vite parce que je suis déjà en retard et que je ne suis pas encore prête:
    日本の弁護士の制度は、明治時代になり近代的司法制度の導入とともにフランスの代言人(advocat)に倣って創設されたもので、「代言人(だいげんにん)」と呼ばれていた。
    = Le système des avocats (BENGO_SHI) japonais tel qu’il existe désormais, est résulté à l’époque Meiji de la combinaison de l’adoption du pouvoir judiciaire de l’époque moderne (ayant pour rôle de contrôler l’application de la loi et de sanctionner son non respect.) et de l’advocature des DAIGEN_NIN (ceux qui prennent la parole au nom de / représentent) à la française, ce qui était par ailleurs leur nom.
    Époque Meiji = période comprise grosso modo entre 1868 et 1912
    Utamaro (1753 – 1806) est un peintre japonais, spécialiste de l’Ukiyo-e (Monde flottant). Il est particulièrement connu pour ses représentations de jolies femmes (bijin-ga),
    Hiroshigé (1797 à Edo, mort le 12 octobre 1858 à Edo) est un dessinateur, graveur et peintre japonais. Il se distingue par des séries d’estampes sur le mont Fuji et sur Edo (actuel Tōkyō),
    Hokusaï (1760-1849), connu plus simplement sous le nom de Hokusai (北斎), ou de son surnom de « Vieux Fou de la peinture », est un peintre, dessinateur spécialiste de l’ukiyo-e , graveur et auteur d’écrits populaires. Son œuvre influença de nombreux artistes européens, en particulier Gauguin, Van Gogh et Claude Monet, voire le mouvement artistique appelé japonisme. »
    Comme ces trois définitions Wikipédia suffisent tout à fait à l’expliquer très clairement, ces personnages n’ont rien à voir avec le droit ni avec l’époque considérée d’ailleurs.

  61. @ La Tulipe Noire,
    Vous êtes réellement magistrat ? Permettez-moi d’avoir des doutes en vous lisant. Votre vision de la justice me paraît tellement caricaturale que je suppute l’imposture.

  62. @Catherine Jacob et le barreau japonais
    Merci de ne pas avoir relevé mon jeu de mots outrecuidant sur le barreau japonais tel qu’on le voit dans l’estampe japonaise érotique…

  63. @Savonarole | 02 avril 2010 à 17:41
    @Catherine Jacob et le barreau japonais
    « Merci de ne pas avoir relevé mon jeu de mots outrecuidant sur le barreau japonais tel qu’on le voit dans l’estampe japonaise érotique… »
    Oui, enfin ça dépend de l’artiste. Cherchez  » SHUNGA » (春画 = Image(s)画 du Printemps春) sur Wikipédia et comparez. La présentation d’une exposition leur ayant été consacrée à la BnF reste sur leur site très correcte bien évidemment donc, n’autorisera pas la comparaison du barreau et de la tige de jade.

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