Toute conviction est-elle une maladie ?

J’aime bien les provocateurs qui n’ont pas leur pensée dans la poche, j’aime bien les provocations qui font réfléchir.

Dans le livre de Nicolas Gardères « Voyages d’un avocat au pays des infréquentables », Francis Picabia est cité : « Toute conviction est une maladie ».

Malgré son outrance apparente, cette saillie a immédiatement suscité mon intérêt tant, si on veut bien l’approfondir, elle explique les impasses intellectuelles et médiatiques auxquelles sont confrontés beaucoup d’échanges et de débats.

Est-ce à dire que toute conviction, en tant que telle, serait une maladie ou convient-il plutôt de se pencher sur les modalités de son expression, sur la manière dont elle se ferme ou non sur elle-même?

Cette seconde branche de l’alternative est évidemment la plus plausible parce que même pour l’esprit le plus rétif aux affirmations, à la volonté d’exister, se dispenser de la formulation de toute conviction est quasiment impossible. Ce qui laisserait entendre que nous serions tous des malades et qu’alors les fanatiques – poussant la conviction au-delà de toute mesure – seraient des moribonds en phase terminale.

Je ne tiens pas à traiter à la légère cette observation de Picabia d’abord parce qu’elle n’émane pas de n’importe qui. Ensuite on perçoit bien la maladie qu’il nomme, qui serait consubstantielle à une conviction se présentant comme l’alpha et l’oméga du sujet abordé et refusant par principe la nuance ou le dialogue susceptible d’infléchir ou de contredire.

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Il est facile de constater à quel point les convictions politiques – à quelques exceptions près, les hommes et les femmes de gauche sont assez caricaturaux sur ce plan – constituent en effet sinon des maladies, du moins des entraves et des blocages dans l’espace médiatique. Parce qu’elles sont insupportables à force de prévisibilité. A partir du moment où la pensée est à tout coup fixée, insensible à ce qui pourrait l’affecter sur quelque thème que ce soit, la conviction devient inéluctablement une maladie puisqu’elle se prive et nous prive de ce qui représenterait au contraire la bonne santé : la liberté, le doute, le questionnement, la modestie ou la curiosité.

La certitude ancrée d’avoir raison, indéracinable, est le pire des handicaps et de fait, alors, on côtoie une maladie grave en espérant qu’elle ne sera pas contagieuse mais avec la rançon inévitable d’un dialogue rendu impossible.

Parce que la conviction est en effet une maladie quand elle résume sommairement le pluralisme des possibles qui pourraient s’attacher à un sujet et évite soigneusement, dans son expression même, de s’imprégner de la moindre réserve. Comme si elle était parole d’évangile ou d’idéologie.

Il me semble que le ressort principal qui gangrène la conviction est le fait de la prétendre en autarcie, par principe détachée de l’autre, sans envisager la chance ou le hasard d’une réplique qui pourrait venir la troubler ou la rendre caduque. Une solitude qu’on s’arroge pour ne pas risquer la contradiction.

Il y a mille manières d’échapper à la maladie de la conviction. J’entends bien qu’on pourrait me reprocher, à la lecture de ce billet ou à l’écoute de certains de mes propos, d’avoir des convictions et que ce serait par exemple celles d’un homme de droite.

D’abord je ne me suis jamais reconnu dans cette étiquette et si j’ai revendiqué d’être un réactionnaire, cela tient au fait que paradoxalement cette définition est plus large et autorise plus de variations et de liberté.

Surtout j’ose dire que sans présomption je ne me suis jamais défait de la passion d’écouter et du bonheur de satisfaire une curiosité, précisément parce que l’idée exprimée courtoisement par autrui mérite dans tous les cas d’être intégrée à sa propre pensée.

Dans l’espace intellectuel l’imprévisibilité, offensant les cohérences artificielles et programmées, est l’autre nom de la liberté.

Au fond la conviction n’est jamais une maladie quand elle ne s’impose pas mais se propose.

Quand elle s’adresse à quelqu’un pour convaincre ou accepter d’être convaincu.

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Voir les Commentaires (78)
  1. Le boxeur Gilet jaune en détention provisoire alors qu’il a un casier vierge, quand on voit des racailles de banlieue n’avoir jamais mis les pieds en zonzon après des dizaines de condamnations…
    Et ensuite, la justice dira qu’elle est indépendante du politique…
    Mais qu’est-ce que c’est que ce pays ?!
    C’est ça la « Révolution » Macron ? Une république bananière où l’on enferme sur lettre de cachet comme sous l’Ancien Régime ?
    C’est cette justice-là que vous avez voulu M. Bilger ?

  2. Marc GHINSBERG

    Aujourd’hui Philippe traite de la conviction, mais n’en donne jamais la définition. Allons voir dans le grand Robert, « conviction : acquiescement de l’esprit fondé sur des preuves évidentes ; certitude qui en résulte. »
    Philippe nous dit : « Au fond la conviction n’est jamais une maladie quand elle ne s’impose pas mais se propose. » il me semble qu’un acquiescement fondé sur des preuves évidentes ne se propose pas, il s’impose.
    En fait je pense que le malentendu provient de ce que, souvent, on appelle conviction ce qui n’est qu’une opinion. Je ne vous livre pas là une conviction, j’exprime juste mon point de vue.

  3. Vous m’avez convaincu, notre hôte, et j’ai la conviction que dans les choses humaines, qui ne se rend pas compte que nous sommes en relation se destine à prendre en pleine face le mur du réel.
    Autrement dit, notre identité, nationale ou autre, n’est que la moyenne des relations qu’elle entretient.
    Cela expliquerait que, en démocratie, droite et gauche, si différenciées pour se faire élire, finissent toujours par gouverner au centre, et que leurs convictions se dissolvent dans l’exercice du réel, dont l’observation est par nature une relation.
    Ainsi, le pouvoir actuel, dans une relation de cet ordre au réel, brise la particularité des deux camps, qui ne savent pour s’identifier à nouveau que se liguer contre lui, effaçant leurs différences dans la détestation de qui les gouverne, ouvrant la porte à l’indifférenciation violente qui est l’apanage de la crise mimétique, et qui ne sert par son artifice qu’à recréer des différences, seules à même de garantir un ordre, lui aussi artificiel.
    Il n’y a au fond d’idéologie que dans la parole d’évangile, et la mission humaine est de résoudre cette équation apparemment insoluble, aime ton prochain comme toi-même, et les mimes que nous sommes, s’il se rendent compte que leur conviction n’est en fait que la copie imitée de celle d’un autre, accèdent alors à la conviction intime qu’avant de convaincre, ils ont été convaincus, qu’il n’y a d’autre possibilité que de vaincre avec plutôt que sans.
    Notre président pourrait s’inspirer de ces réflexions pour préciser son « en même temps », il serait convaincu que la relation qu’il essaye d’apaiser entre les entités n’aboutit qu’à exacerber leurs colères qu’elles ne savent calmer qu’en s’alliant pour l’ostraciser et, quand cela est fait, retrouver l’unité de leur querelle différenciée.
    L’humain saura-t-il sortir de ce chemin qui tourne en rond ?
    Il le saura, c’est mon intime conviction, s’il sait se choisir le modèle qui renonce à ce pouvoir qui contient en lui-même sa propre destruction, s’il sait définir sa conviction comme l’affirmation, partagée dans la relation, de son incapacité à fonctionner avec plutôt que contre, et que si cet aveu est mutuel, s’ouvre alors pour les belligérants ayant enfin déposé les armes qui ne leur promettent que le mot fin, le chemin inconnu du réel qui offre la possibilité aux réconciliés de ce commencement.

  4. Daniel Ciccia

    Le 4 janvier 2015, j’avais écrit une réflexion que j’avais intitulée « Petit manifeste à l’usage des enfants et de leurs parents ». Il s’agit, bien entendu, d’une réflexion passagère. En voici l’introduction, un peu longue, j’en conviens:
    « La démocratie nous procure cette bienheureuse faculté de pouvoir nous battre pour imposer notre raison sur celle de n’importe qui d’autre.
    C’est une bonne nouvelle à annoncer et elle nous concerne tous, dans chacune de nos expressions, dans chacune de nos confrontations que je vois si ardentes, haineuses parfois.
    Tout le monde a raison. Oui, même celui auquel je m’oppose a parfaitement raison.
    Cependant, il n’est pas inutile de rappeler que si chacun a raison, il n’a raison que dans les limites de son intérêt et de ce qu’il peut être amené de reporter de son propre intérêt, bien sûr, de la qualité de son expression et de l’enchantement qu’elle est susceptible de produire, de son entendement, de son ambition, de son talent, de son charisme, et dans les illimités, ou pas, de ce qu’il entend semer, susciter et réunir.
    La visée d’une culture se conçoit donc dans la manière dont se délibère le fait de considérer qu’une raison puisse être supérieure à une autre, en cela collective et transcendante, en permettant l’adhésion du plus grand nombre à ses contenus, sa grâce éventuelle, l’espoir qu’elle offre, et l’élan que sa perspective est susceptible d’engager.
    La République, dans son principe, est donc plus qu’un pacte. Elle est une raison, et il faut en faire l’éloge, la défendre et entretenir sa flamme.
    Il faut reconnaître que la République, notre République, n’a pas actuellement les idées tout à fait en ordre et qu’elle n’est plus tout à fait dans un état de grâce.
    Elle fait plus pitié qu’envie. Elle est engoncée dans sa posture suffisante. Elle est prisonnière d’idéologues.
    Et elle se sclérose autour des mirages que ceux-ci ont enfanté, liant nos besoins et une partie de notre énergie, de l’emploi de nos ressources, de notre pédagogie, à satisfaire ce statu quo coûteux – comme en témoignent notre déficit, notre dette – et intenable, puisque nombre d’entre de nos concitoyens en tirent la conclusion qu’il faut, pour trouver notre salut, entrer en décroissance, ignorer l’expansion démographique qui est en cours, s’enfermer dans nos frontières et soutenir le siège face à l’avenir et ses êtres informés. »

    Il me semble que mon propos fait écho à votre réflexion et ce que vous pointez, M. Bilger, comme ce que je pointe, à ma manière, témoigne de notre constat commun que la démocratie n’est plus le lieu du dialogue réel, avec ce qu’il entraîne en terme d’élévation.
    Lorsque j’étais adolescent, et que je me suis vu plus fasciné par les livres que par mon bac d’électrotechnique, ma première discipline fut de reporter les mots que je ne connaissais pas dans un cahier, de noter leur définition, et d’essayer de l’apprendre par coeur.
    Il y a un mot qui m’a donné du mal. Ce mot, c’est péremptoire.
    Dans ma jeunesse, je l’entendais souvent ou il était possible de le lire souvent. Il était employé la plupart du temps pour qualifier le ton d’un locuteur, d’un texte. Et toujours, il était employé pour sanctionner de manière négative une manière de s’adresser ou de s’exprimer.
    Aujourd’hui, son synonyme, serait « anti-démocratique ».
    Péremptoire: qui détruit toute objection, contre quoi on ne peut répliquer.
    Si on n’aime pas ce qui est péremptoire, c’est qu’on déteste ce qui peut être supérieur. On retrouve peut-être là un travers maladif de la culture démocratique française…
    Au fond, c’est curieux et peut-être symptomatique. La vie démocratique, pas davantage celle de l’esprit, ne recherche ce qui est péremptoire. Dans leur nature, les Evangiles le sont.
    L’Eglise pourrait dire qu’elle est péremptoire, de père en fils.
    Et d’une certaine manière, la vérité est péremptoire pour le mensonge, comme la vertu devrait l’être pour les vices.
    La démocratie n’est pas tant la neutralisation, par le débat permanent horizontal, des antagonismes, que la recherche de la péremption – et donc l’effet péremptoire – de quelque chose qui transcende le débat par sa verticalité.
    Il ne s’agit pas, entendons-nous bien, d’être péremptoire par des effets de manche, avec un pistolet ou avec la garde prétorienne. Il s’agit de l’être ou de chercher à l’être par le contenu de ce qu’on a à dire, de ce qu’on a dénoué.
    Sur les ronds-points, beaucoup de gens essaient d’être péremptoires, mais ils le sont à peine pour les péages incendiés, mais l’effet péremptoire recherché par la foule est de faire périr l’intelligence collective pour imposer la vacuité politique dont elle est porteuse.
    Quant à Wil, il peut méditer le fait que le boxeur condamné a essayé d’être péremptoire sur un représentant de l’ordre… et qu’on ne peut pas être, jusqu’à preuve du contraire, péremptoire avec ses poings. Face à Jean Cau, Cassius Clay-Mohamed Ali avait aussi essayé de l’être dans un « Apostrophes ».
    Tout cela pour essayer de dire qu’on ne peut être péremptoire qu’avec la parole – ou l’écrit – et que c’est un devoir de s’y essayer parce que c’est un travail en soi très particulier si cela est fait de manière honnête et que, peut-être, cela peut libérer, dans l’esprit, dans chaque esprit rencontré, des résonances vitales.
    J’ai toujours pensé que l’histoire du fils d’un charpentier était une histoire de la démocratie.
    Bien à vous.

  5. « Toute conviction est une maladie »
    Pour ma part je ferai une distinction entre conviction et certitude.
    Je ne pense pas qu’une conviction soit vraiment une maladie car il est toujours possible de la remettre en cause si l’on s’aperçoit qu’on était dans l’erreur. C’est assez courant en politique où des militants quittent leur parti pour en rejoindre un autre, voire créent le leur.
    Comme exemple récent nous pouvons citer Thierry Mariani, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, qui s’en va rejoindre le RN. Il est vrai qu’il avait déjà montré des prédispositions pour ce courant de pensée..
    N’oublions pas Benoît Hamon l’ex-candidat à la présidentielle du PS qui a créé son propre mouvement Génération.s et qui, pour les prochaines élections européennes, refuse absolument de faire liste commune avec le parti qui l’avait choisi pour le représenter à la présidentielle, avec le résultat déplorable que l’on sait.
    Ce genre de petites trahisons entre amis est assez courant en politique. Ainsi que le disait Edgar Faure, ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent…
    Par contre la certitude c’est quelque chose de plus profond. Elle est « gravée en dur » dans le cerveau de ceux qui en sont atteints et là pas question de l’effacer.
    Nous avons quelques exemples de ce type sur ce blog. J’en connais au moins deux.
    Quoi que vous disiez, ils parviennent toujours à vous ramener sur leur terrain de prédilection, dénaturant les arguments de leurs contradicteurs et nous resservant, encore et toujours, la même soupe réchauffée.
    Là pas de doute il s’agit bien de maladie.

  6. Conviction, suggestion, sentiment, persuasion, proposition… n’appartiennent qu’à l’affect personnel et non à l’idée de la science infuse personnelle qui se modifie souvent avec d’autres preuves et recherches très poussées pour établir au plus juste la vérité.
    Tout comme dans la loi qui permet au juge, selon l’art. 427 du code de procédure pénale, de trancher une affaire litigieuse selon leur « intime conviction », basée sur une subjectivité et non sur une proposition à partager. Sinon il y aurait un débat contradictoire entre le juge et l’avocat pour trouver le juste milieu. Ce qui, apparemment ne se fait pas au tribunal car ils pourraient être considérés comme des complotistes.
    Aux USA c’est possible, l’avocat et le juge peuvent discuter en privé pour se mettre d’accord avant de clore l’audience.

  7. @ Wil | 10 janvier 2019 à 01:13
    « Le boxeur Gilet jaune en détention provisoire alors qu’il a un casier vierge, quand on voit des racailles de banlieue n’avoir jamais mis les pieds en zonzon après des dizaines de condamnations…
    Et ensuite, la justice dira qu’elle est indépendante du politique… »
    Il y a toujours un casier judiciaire vierge avant de commettre la première infraction. On ne tape pas à coups de poings les policiers ni les gendarmes et les derniers n’ont pas à le faire non plus. Sinon c’est la descente aux enfers qui peut déboucher sur une rixe catastrophique pour les deux parties. On s’explique mais on ne tape pas. Et si aucune discussion n’est possible, on s’en va calmement avant que cela ne dégénère.
    Voilà, c’est vraiment dommage d’en arriver là. Il faut comprendre que tout le monde est à cran. Les manifestants qui se font gazer et certains taper et les forces de l’ordre qui, au bord du burn-out, doivent assurer l’ordre sur commande. Ces deux gendarmes n’avaient pas à être boxés, c’est très vilain d’aiguiser ses nerfs sur les forces de l’ordre. Ce Monsieur aux poings fermés a oublié qu’il n’était pas sur un ring mais face à l’autorité de l’Etat.
    C’est à Macron le sadique à qui il faut en vouloir, pas aux policiers ni aux gendarmes qui ne font que leur travail super épuisant, sur tous les fronts, non-stop depuis quelques semaines.

  8. Conviction : toujours lui préférer l’antonyme : doute, scepticisme…
    (Mon dictionnaire des idées reçues)

  9. Le mot chien ne mord pas et le mot conviction ne persuade pas…
    Picabia, dont je me tamponne le coquillard, ne m’a pas convaincue ni persuadée s’il a réellement affirmé : « Toute conviction est une maladie » !
    En effet, il est étrange de partir de cette assertion et de parvenir à une théorie vide de sens mais tellement « fast thought », mais puisqu’on accepte de nourrir son corps, c’est-à-dire ce que nous avons de plus précieux, avec ce que nous n’avons pas examiné, ni vérifié et encore moins préparé pourquoi ne pas faire de même avec l’esprit ?
    Ainsi, il faut craindre les slogans, plus qu’un chien enragé même en laisse…
    Dès lors, si l’argumentation, le jugement fondé, la rhétorique, la persuasion intelligente, le raisonnement pertinent et la sage pondération sont ensemble, le moyen qui pourrait permettre d’emporter l’adhésion, la conviction n’est qu’un début, alors pourquoi en faire une fin ?
    J’ai, par ailleurs, remarqué que les personnes convaincues ont une défaillance physique inexplicable et étonnante, ils sont sourds, ce qui m’a persuadée que Picabia a dû aussi être ORL, et m’autorise à me déclarer masseur-kinésithérapeute de la pensée confuse !
    Morbi perniciosiores sunt animi quam corporis ! (les maladies de l’âme sont plus pernicieuses que celles du corps ! Cicéron)

  10. Surtout j’ose dire que sans présomption je ne me suis jamais défait de la passion d’écouter
    Ah ! La passion d’écouter
    Et c’est le président de l’Institut de la parole qui vous le dit.
    La parole et l’écoute n’ont de sens que l’une par rapport à l’autre.
    Qui sait encore écouter de nos jours et après un décodage honnête de son message vocal, est capable de restituer la pensée de son interlocuteur sans la déformer ?
    Le déficit manifeste de démocratie de la France actuelle ne provient-il pas aussi du fait que les hommes politiques aux « affaires » refusent catégoriquement d’écouter ceux qu’ils doivent en principe servir ?

  11. Xavier NEBOUT

    Et qu’en voilà, un beau sujet de philosophie !
    J’ai vaincu les objections qu’opposait mon être au monde, j’ai soumis mon être au monde, je suis convaincu.
    Dès lors, l’opposition à ma conviction est une atteinte profonde à mon être en ce qu’il mettrait en cause la force essentielle de cette conviction, et c’est là le danger que soulève aujourd’hui P. Bilger.
    Pour être convaincu, on a admis pour preuve une réalité qui n’est que l’interprétation des faits par notre imagination sous l’emprise de notre subconscient.
    En avons-nous conscience, sommes-nous capables d’entrer en surconscience, et d’échapper aux archétypes qui dominent notre subconscient ?
    Notre conviction est-elle sous l’emprise d’une idéologie faisant obstacle à la surconscience ?
    Sommes-nous capables de méditer sur la distance qui sépare notre être du monde dont notre propre existence ?
    Nous sommes là au fond de la pratique religieuse, et l’être qui refuse la religion parce que lui étant inaccessible, est un être malade de l’idéologie qui lui a été inculquée.

  12. Patrice Charoulet

    VOUS AIMEZ CETTE IMAGE ?
    J’ai un nouvel ordinateur. En l’ouvrant, chaque jour apparaît une photo de paysage. Et on me demande si je l’aime. Aujourd’hui, la photo représente un coin de plage désert de sable clair, avec une mer bleue, de beaux rochers et sur le côté des palmiers. On me précise que c’est la plage de Vai, en Grèce. La pub fonctionnant à merveille, je veux un peu plus de précisions sur ce coin paradisiaque. Je clique sur tout ce qu’il faut. Cela se trouve en Crète. D’autres photos me dévoilent la réalité. Sur ladite plage, des centaines de touristes allongés sur des planches, tassés comme des sardines… C’est le métro à 18 heures. Merci bien ! Voilà un voyage de plus que je ne ferai pas.

  13. Provocation :
    Malgré les « sondages » favorables, les GJ enfin désignés comme des factieux et l’enfumage du Grand Débat National, il ne faudrait pas se faire avoir avec l’affaire Benalla. L’affaire Benalla est une affaire d’État et toute la lumière doit être faite et les responsables désignés. Aujourd’hui on est très loin du compte !

  14. Conviction est un mot très fort et c’est à raison qu’il faut le distinguer de l’idée, antinomie ou plutôt gradation résumée dans les idées politiques et les convictions politiques que notre époque range dans le magasin des accessoires. Tel peut avoir la conviction que la monarchie est le meilleur régime politique tout en défendant l’idée de démocratie pour des raisons d’opportunité ou de cohérence avec l’organisation sociale.
    L’idéologue est-il convaincu ? Il vaut mieux éviter de poser la question au sujet des grands dirigeants car il faudrait alors intégrer la tératologie comme paramètre.
    Alors, dans une vision quotidienne, on voudrait établir un échange permanent entre les individus pour se convaincre mutuellement de la justesse d’une partie des idées de chacun, afin d’en faire le partage et amodier en conséquence ses propres convictions. C’est la marche vers la pensée unique, par hybridations successives.
    Bien que la question s’apparente à une plaidoirie de la culotte de zouave, elle concerne bien notre vie en société. La fermeté des convictions y est la gage de la nécessaire dialectique entre les individus pour parvenir à un enrichissement de la pensée, fût-elle chargée de contradictions, comme son nom l’indique.
    Dans ces conditions, l’idéologue n’a pas de convictions, qu’il s’agisse d’organisation sociale ou d’organisation métaphysique. Naturellement on citera Thomas d’Aquin, dont toute la Somme est fondée sur la proposition, puis contradiction et solution, sauf que Thomas a la foi et soumet toute conclusion à la reconnaissance divine. Inutile de faire le savant avec Hegel, tout le monde connaît la force de sa contribution, et le monde politique aujourd’hui, j’entends dans les factions, n’y est plus reconnaissable. Seulement, si, avec lui, on progresse vers la vérité absolue, l’idéologue prétendra adopter le même chemin sans distinguer l’existence de l’essence. C’est ainsi que le régime chinois demandera aux parents de l’exécuté de lui rembourser la balle qu’il lui a mise dans la tête, par solidarité envers l’Etat, vérité dernière.
    Ne pas croire qu’il s’agit d’un simple accès de fièvre socialiste, mais bien de la dégradation de la conviction en simple idée, un chemin à rebours. Peut-être peut-on, de nos jours, parler de ce phénomène sur la question de l’immigration. La frilosité du gouvernement, ses contorsions pour nier la question, au moyen d’atténuations progressives, infère que les politiques sont contraints par une idéologie européenne de négliger les observations qui leur sont faites et les exemples que la géopolitique leur fournit, contraints donc, à admettre comme un geste humanitaire, l’intolérance et la permanence du terrorisme à travers l’accueil de populations incapables de régir leur propre existence, en surtout insusceptibles, avant de nombreuses décennies, d’admettre le mutualisme des convictions à travers leur religion.
    Il en ira sans doute de même avec l’organisation fiscale, où les convictions libérales seront progressivement laminées par les impératifs socialistes réclamés par ceux qui passent pour des révolutionnaires (GJ) et ne font qu’abonder le régime qu’ils conspuent. On est là dans l’affrontement sur la répartition des richesses, non sur leur création. C’est de l’idéologie.
    La récente polémique sur les traitements des hauts fonctionnaires ne manque pas de venir à point nommé, ainsi que le procès de M. Ghosn pour renforcer cet état d’esprit. On renoncera à discuter de l’opportunité des très hauts traitements dans la fonction publique, il faudrait y faire rentrer trop de paramètres subjectifs mais personne ne sera capable de démontrer son bien-fondé par une conviction de la santé de l’Etat. C’est la trahison des clercs.

  15. Michel Deluré

    Toute conviction n’est autre que le sentiment de croire profondément en ce que l’on pense, dit ou fait, au point parfois que cette conviction en devient quasiment pour nous vérité.
    Pourtant, cette conviction ne repose que sur beaucoup de subjectivité, ne lève pas les doutes.
    Conviction n’est pas savoir et c’est en cela que toute conviction ne doit être exprimée qu’avec l’humilité qui sied à celui qui doute et non assénée avec l’arrogance de celui qui est empli de certitudes.
    Nietzsche, lui-même, affirmait d’ailleurs que « le contraire de la vérité, ce n’est pas le mensonge, c’est la conviction ».
    La conviction peut donc relever de la maladie si, de croyance qu’elle est nous en faisons un savoir, si nous nous lui donnons un caractère définitif, absolu, incapables que nous sommes de la faire évoluer.

  16. Conviction ou certitude ?
    C’est bien la question qui revient à la lecture de ce billet dont je retiens ces deux alinéas : « La certitude ancrée d’avoir raison, indéracinable, est le pire des handicaps et de fait, alors, on côtoie une maladie grave en espérant qu’elle ne sera pas contagieuse mais avec la rançon inévitable d’un dialogue rendu impossible.
    Parce que la conviction est en effet une maladie quand elle résume sommairement le pluralisme des possibles qui pourraient s’attacher à un sujet et évite soigneusement, dans son expression même, de s’imprégner de la moindre réserve. Comme si elle était parole d’évangile ou d’idéologie. »
    Comme le dit Marc GHINSBERG | 10 janvier 2019 à 01:51, « le malentendu provient de ce que, souvent, on appelle conviction ce qui n’est qu’une opinion. Je ne vous livre pas là une conviction, j’exprime juste mon point de vue. » De fait, la seule attitude raisonnable reste le doute, fondement de l’esprit scientifique qui s’oppose à l’idéologie.
    Parmi les commentateurs de ce blog, Xavier NEBOUT est sans doute l’un de ceux que le doute ne saurait atteindre, persuadé qu’il est de sa manière d’interpréter le monde : certitude ou conviction, fondée sur paroles d’Évangile ? Ce qui relève de la foi, respectable en soi, ne saurait être érigé en vérité absolue, la preuve de l’existence de Dieu échappant à l’approche scientifique. Mais une société ne saurait fonctionner sur ce type de critères, sauf à être un régime théocratique comme l’on en connaît en Iran ou ailleurs.
    De même dans notre société moderne, celle du nouveau monde cher à monsieur Macron, il apparaît que « l’économie » telle qu’il la conçoit est considérée comme une « science dure », alors qu’elle n’est que construction purement idéologique.
    Mais les sciences dites dures sont actuellement, par la culture, non pas du doute, mais du relativisme généralisé, sont aussi perméables à de graves dérives, la raison et la logique n’étant plus le fondement du raisonnement, avec une influence de la pensée conforme régnant sur nos sociétés.
    J’en veux pour preuve cet article fort éclairant intitulé « Universités sous influence. L’inquiétant phénomène des études bidons ». A lire ici :
    https://lesobservateurs.ch/2019/01/07/universites-sous-influence-linquietant-phenomene-des-etudes-bidons/
    On ne peut qu’être profondément inquiet sur l’avenir de sociétés fondées sur ce type de « vérités » et de la conviction que ces études sont le réel !

  17. Il me semble que par rapport à l’idée, la conviction engage personnellement, et pousse à l’action. Elle participe de l’éthique.
    Je ne qualifierais l’idée convaincante de pathologique que dans le cas où c’est l’idée qui me tient plutôt que moi qui ai l’idée. Si je suis possédée par une idée, oui, elle est maladive. Mais sans aucune conviction, comment vivre ? Je ne ramènerais pas la vie à une maladie, même si on finit par en mourir.

  18. Une des éminentes commentatrices de ce blog pourrait-elle suggérer à dame duvent de cesser de se « tamponner le coquillard », ce qui serait de nature, par la répétition du tamponnage, à altérer ce bel organe ?
    Le faisant moi-même je crains d’être l’objet d’accusations de harcèlement voire de grivois et déplacés propos.

  19. Toute conviction est-elle une maladie  ?
    Si oui, le magistrat honoraire qu’est Philippe Bilger admet implicitement dans ce cas qu’aux assises les prévenus reconnus coupables l’ont été par des malades…
    Ceci dit, une conviction, qui relève en principe d’un travail de réflexion et de déduction sur des éléments de preuves, est une « maladie » beaucoup plus bénigne que le relativisme florissant actuellement au nom duquel tout se vaut sur le principe sans queue ni tête du « à chacun sa vérité ».

  20. Robert Marchenoir

    La conviction n’est évidemment pas une maladie, et je ne sache pas que Picabia ait été un grand penseur.
    Disons qu’en matière politique, puisque c’est le sujet dont nous devisons souvent ici, il y a les convictions qui marchent, et celles qui ne marchent pas. Ainsi, le socialisme ne marche pas, tandis que le libéralisme fonctionne.
    Il en va de même côté religieux. Le christianisme marche, alors que l’islam ne marche pas. Le christianisme a donné naissance aux civilisations les plus raffinées et les plus puissantes de l’humanité, alors que l’islam ne produit que la misère, le crime et le chaos.
    Bien sûr, en matière politique, religieuse comme en toute autre matière, la raison et la vérité jouent un rôle prépondérant. Il ne s’agit pas d’avoir une « opinion ». Il ne s’agit pas de dire « ch’pense que », ce qui signifie tout le contraire : je ne pense strictement rien, je serais bien incapable d’aligner un argument après l’autre, mais mes sentiments, mon caprice ou mes intérêts me poussent à défendre telle ou telle thèse, tel ou tel camp, et il serait irrévérencieux de contester mon propos, puisque j’ai le « droit » de l’exprimer.
    Une fois de plus, c’est Alexander Boot qui résumait les choses de la façon la plus claire, pas plus tard qu’hier :
    « Le niveau du débat public s’est effondré. La plupart des gens, non seulement sont incapables de présenter une argumentation logique et structurée, mais ignorent en quoi cela consiste. En Grande-Bretagne comme aux États-Unis, la pensée a été remplacée par les sentiments, les sentiments par la sensiblerie, et la sensiblerie par l’hystérie. »
    « Le plancton voyoucratique (*) n’est pas le seul à abandonner les arguments en faveur de l’hystérie. C’est le cas de bon nombre d’éditorialistes écrivant dans des publications respectables. »
    J’ajouterais qu’à l’hystérie s’est ajoutée l’inversion accusatoire, comme le démontrent fort bien les Gilets jaunes et Marine Le Pen, qui intervenait il y a quelques heures en leur faveur, sur Radio Classique. Elle accusait Emmanuel Macron « d’hystériser le débat », alors qu’il est manifeste que les hystériques, ce sont les Gilets jaunes.
    Hystériser le débat, pour Marine Le Pen, cela signifie que le président de la République devrait caresser les Français exclusivement dans le sens du poil, ne rien dire qui soit de nature à les contrarier le moins du monde, car ils sont dans un état d’énervement extrême, ce sont des chochottes mues par leurs hormones, des jeunes filles en chaleur qui ne se contrôlent plus, et si les « élites » leur disent autre chose que : « Oui, mon chéri, mon cœur, tu est formidable et je t’aime, et au fait, qu’est-ce que tu veux comme cadeaux pour ton anniversaire ? », ils vont se jeter par terre en hurlant, défoncer la porte d’un ministère et tenter de tuer des gendarmes à coups de pied et de poing.
    Marine Le Pen ne se rend pas compte que ce faisant, soit elle insulte gravement le peuple français, soit elle fait un constat profondément incriminant à son égard.
    A l’inversion accusatoire s’ajoute le whataboutisme, procédé de rhétorique poutiniste dont nous avons une explosion en temps réel sur ce blog. Ici même, avec Wil qui explique que puisque certains délinquants sont insuffisamment punis, alors aucun délinquant ne doit l’être (mais l’un est dans « notre camp » tandis que les autres ne le sont pas, ce qui suffit à justifier la différence de traitement) ; ainsi qu’au fil des derniers billets concernant les Gilets jaunes (et même la pédophilie dans l’Église : puisque des musulmans réduisent des jeunes filles en esclavage sexuel en Angleterre, alors vous n’allez tout de même pas nous embêter avec une poignée de prêtres qui ont tripoté quelques jeunes garçons ?).
    Nous avons ici un nombre impressionnant de commentateurs que le gilet-jaunisme a transformés en singes robotisés joueurs de tennis : vous pouvez envoyer n’importe quels arguments dans leur direction, leur raquette informatique vous les renverra immanquablement dans la figure : « Oui, mais y’a tel méfait (supposé) qui a été commis par le camp d’en face, donc nous aussi on a le droit ».
    Inutile de dire que le programme d’intelligence artificielle le plus rudimentaire produirait un raisonnement infiniment plus sensé. Ne parlons pas de la morale la plus élémentaire, qui est passée par la fenêtre il y a bien longtemps. Alexander Boot poursuit :
    « Émettre un jugement, c’est l’aboutissement d’un parcours dont le but est la recherche d’une vérité, ou, idéalement, de la vérité. »
    « Cet objectif ne peut être atteint par la raison seule. Une structure de raisonnement parfaitement logique peut aboutir à un résultat faux, et une intuition illogique à un résultat exact. Mais, s’il existait des statistiques à cet effet, je suis sûr qu’elles montreraient que la raison est le moyen le plus efficace pour arriver à la vérité. Même si d’autres moyens peuvent être utiles pour y aider. »
    « C’est un problème de civilisation. Les gens ne peuvent se mettre en quête d’une chose dont ils pensent qu’elle n’existe pas, à savoir la vérité absolue. Cette erreur les empêche de rechercher des vérités moindres et contingentes. »
    « Car s’il n’y a pas d’absolu, tout est relatif. C’est pourquoi des propos qui ne peuvent même pas être qualifiés de pensées, ne parlons pas d’arguments, sont néanmoins présentés comme des arguments valables ; et que n’importe quelle opinion en vaut une autre désormais. »
    « Disons simplement que notre civilisation a été bâtie sur le postulat que la vérité absolue existe, et que l’atteindre nécessite une pensée forte et structurée inspirée par la foi. »
    « La situation a commencé à se dégrader à la fin des trois siècles qui séparent ces deux aphorismes : ‘Mettre en doute la raison humaine, c’est mettre en doute l’existence de Dieu’ ; et ‘La raison est une prostituée, c’est la plus grande ennemie de la foi’. »
    « Le premier est de Saint Thomas d’Aquin. Il désigne la raison comme un don de Dieu, essentiel à toute tentative d’atteindre la vérité absolue, et, par voie de conséquence, des vérités moindres. Le second est de Martin Luther, et il dénonce la raison comme l’ennemie de la foi et de toute spiritualité. »
    « Toutefois, l’histoire a montré que la foi s’éteint lorsqu’elle n’est pas soutenue par la raison, puis que la raison disparaît à son tour lorsqu’elle n’est plus soutenue par la foi. »
    ______
    (*) Vous pouvez remplacer par : les Gilets jaunes et les gilet-jaunistes.

  21. @ Xavier NEBOUT | 10 janvier 2019 à 09:57
    « Nous sommes là au fond de la pratique religieuse, et l’être qui refuse la religion parce que lui étant inaccessible, est un être malade de l’idéologie qui lui a été inculquée. »
    Nous sommes là en plein dans les idéologies religieuses. Et l’être jeune et fragile à qui malgré lui, on aura fait ingurgiter à doses non homéopathiques, des certitudes, sera rendu finalement addict à un point tel que le virus qu’on lui aura inculqué demeurera à vie et toujours plus ou moins actif.
    Finalement on dit la même chose, et cela me conduit à observer que les convictions quelles qu’elles soient, s’additionnent et se retranchent en permanence pour produire les tohu-bohu d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
    Depuis que la terre est ronde, hélas sur elle-même, c’est pour revenir sans cesse au même point de départ. Enfin c’est la conviction que l’on en a aujourd’hui.

  22. @ Robert
    « Conviction ou certitude ? »
    Pour simplifier, disons qu’une certitude est une conviction confirmée.
    Prenons un exemple simple.
    Dans l’affaire de la querelle scientifique sur la génération spontanée, s’affrontaient les partisans de la théorie selon laquelle les micro-organismes apparaissaient de façon spontanée (les plus nombreux, les représentants du « consensus ») et ceux qui n’y croyaient pas.
    C’est alors que Pasteur a eu l’idée, suite à sa conviction selon laquelle la génération spontanée n’était pas une théorie recevable, de réaliser son expérience aussi simple que géniale ayant consisté à placer un bouillon de culture stérile dans une ampoule scellée vide d’air, le milieu n’ayant depuis pas été contaminé par des micro-organismes (expérience encore observable de nos jours).
    Sa conviction a alors été transformée en certitude, pour lui, qui s’en doutait déjà, ainsi que pour le reste du monde.

  23. Herman kerhost

    Très vite avant de partir travailler…
    La conviction est en effet une maladie, mais elle se soigne. Pour cela, il faut au minimum disposer d’un esprit curieux, mais bien souvent c’est l’âge qui soigne ce poison.
    Ce poison, dont on perçoit la nocivité aujourd’hui, avec cette révolte des Gilets jaunes, n’est pas vraiment combattu par l’échange lors d’un débat. Voyez sur ce blog !
    Lorsque la conviction se heurte au mur de la réalité, elle se défend par la fuite ou par l’insulte. Trop profonde, elle s’incruste dans la chair de celui qui ne pense pas, et peut même se faire une place chez ceux qui pensent qu’ils pensent.
    Je peux aisément en parler, puisque je suis soigné, et même s’il m’arrive parfois de rechuter, je me rattrape très rapidement, car le doute du bien-fondé de ma nouvelle erreur me perturbe terriblement…

  24. Xavier NEBOUT

    @ Robert
    Evitez de vous en prendre à moi si vous ne savez pas me lire.
    Dieu ne relève pas plus de la foi que le principe premier ou l’amour filial, et en nier non pas l’existence mais l’étence ne relève que de l’imbécillité.
    Que Dieu existe par son fils, cela relève de mythe, ce qui ne signifie pas faribole, et je ne me suis pas étendu ici sur ces subtilités.
    Ce qui relève de la foi, c’est la présence de Jésus « sur terre et aux cieux », ce dont je n’ai jamais parlé car, là, j’ai bien peu de chances d’être entendu.
    —————————————-
    @ Wil
    Il est « normal » de mettre un manifestant dit « d’extrême droite » en prison car si un manifestant de gauche est toujours inspiré par des idéaux de démocratie, un manifestant de droite est toujours inspiré par des idéaux antidémocratiques.
    Le problème, c’est que venant de moi, on devinera que c’est ironique alors que venant de beaucoup d’autres, on y trouvera ce qui anime effectivement la pègre intellectuelle incapable de comprendre ce qu’elle est.

  25. Toute conviction est-elle une maladie?
    N’est-ce pas plutôt l’absence de conviction qui serait une sorte de faiblesse intellectuelle, cher P. Bilger ? Ces jeux dadaïstes ont bien vieilli !
    Quand Raymond Barre est mort, la classe politique a salué « l’homme de conviction ».
    Quand Georges Marchais est mort, la classe politique a salué « l’homme de conviction ».
    Les convictions de l’un valaient-elles les convictions de l’autre ? Etaient-elles des convictions ou un simple jeu de rôle ? Tout est relatif !
    « D’abord je ne me suis jamais reconnu dans cette étiquette : homme de droite » dites-vous. Ah bon ! Vous êtes quoi alors ? Un homme de gauche ? Un homme du centre ? Un homme d’ailleurs ?
    Aurais-je finalement compris que vous êtes, selon la mode macronienne de l’heure, « ni de droite, ni de gauche » ? C’est tellement plus facile d’être ailleurs. Ca peut effectivement cacher, quelquefois, un manque de conviction. Sans pour cela être une maladie !
    Cordialement.

  26. Michel Deluré

    @ Patrice Charoulet 10/01 11:10
    J’en déduis que vous ne nourrissez maintenant plus aucun doute sur le fait que vous ne vous rendrez pas dans ce coin de Crète. Ce n’est donc plus une simple conviction mais bien une vérité.

  27. Macron est un petit marquis sans pouvoir qui a prêté allégeance au libéralisme économique et aux lois de la dérégulation et de la déréglementation, apparues sur terre au tout début des années 70 pour le plus grand profit des multinationales et des marchés bancaires et financiers. Le nouveau monde se satisfait aujourd’hui d’un retour à l’époque où l’aristocratie ne payait pas l’impôt. Ce n’est plus le nouveau monde, c’est la Restauration première période.
    Un ancien boxeur appartenant à la classe populaire qui manifestait sans casque ni masque et en chaussures de ville et qui en est venu à se battre à mains nues contre des policiers harnachés, casqués et protégés par des boucliers (on rit comme devant un film à la Buster Keaton) est devenu durant quelques jours l’ennemi public n°1 (on rit deux fois).
    Le nouveau monde creux et tape-à-l’oeil comme la nouvelle cuisine a compris au moins une chose, c’est que qui détient l’information, détient le pouvoir. Aussi notre Zorro à visage découvert, finalement terriblement humain, ne pèsera pas lourd face au rouleau compresseur d’une élite devenue monstrueuse et consanguine.
    Tout y passe et sans vergogne comme au temps de l’ancien-ancien monde : délit de faciès (l’affreux gitan), délit d’opinion (l’affreux nazi qui trouve sans doute du charme à Marion Maréchal). Mais, pas de chance, car contrairement à bien des ministres, son casier judiciaire serait vierge. Un comble. Il doit payer.
    Et le philosophe courtisan millionnaire d’en rajouter une couche en proposant que la police tire sur les manifestants. Décidément, l’histoire est cyclique. En avant toute vers le XIXe siècle.

  28. @ Ellen | 10 janvier 2019 à 08:54
    « Ces deux gendarmes n’avaient pas à être boxés, c’est très vilain d’aiguiser ses nerfs sur les forces de l’ordre »
    Du coup, comme dit Luc Ferry, qui doit être un grand philosophe, « qu’ils (les policiers/gendarmes) se servent de leurs armes une bonne fois pour toutes, ça suffit ! »
    Un champion de France de boxe ne devrait pas faire ça mais un ancien MINISTRE DE LA JEUNESSE et de l’Education nationale ne devrait pas dire ça, c’est de la pure provoc, une incitation au meurtre, dans le même ordre d’idée que Philippe Tesson disant, sur Radio Classique en 2014 en parlant de Dieudonné, souhaiter « sa mort par exécution par un peloton de soldats ».
    Décidément dans la France des GJ, les plus violents ne sont pas toujours ceux qui sont sur les barricades.

  29. « Les gens exempts de conviction, sans être dénués de prudence, joueront toujours les premiers rôles en politique, par la raison que rien ne les gêne pour conformer leur attitude à leur intérêt » (Edmond Thiaudière – La décevance du vrai – 1892)
    La question est : Manu a-t-il des convictions ? Si oui il nous les exprimera et les développera lors du grand débat citoyen ouvert à TOUS les Français dont il fait partie.

  30. Une seule chose est sûre : quelqu’un pense.
    Pas même forcément soi, on pourrait être le rêve de quelqu’un d’autre comme dans la fameuse histoire du poète qui rêve être papillon et se demande s’il n’est pas en fait le rêve du papillon.
    Et autres histoires du même genre.
    Le reste, on le pense, on le vit sous réserve que ce ne soit pas une illusion, je ne dirais pas preuve du contraire, car si on n’existe pas, on ne sera pas détrompé, un autre, en se réveillant, nous abolira sans même s’en rendre compte, sans doute.
    Et autres cas du même genre.
    Dire qu’il y en a qui ont peur des histoires de genre, homme et femme, quand on peut se poser ce genre de question, un peu plus fondamentales, ébranlantes.
    Enfin, surtout en Orient !
    Ce qui va avec plus de tolérance que chez nous… Forcément. Et comme nous sommes allés très loin dans je ne doute de rien, nous sommes allés tout aussi loin dans la vérité n’existe pas.
    Entre une vérité qu’on posséderait pour en matraquer le voisin ou la possibilité d’une vérité, toujours dure à trouver, enfin du moins des brides, qu’on renierait pour cette raison et accessoirement pour ne pas la chercher voire manipuler, la voie est étroite.
    Mais pas impraticable.

  31. « Toute conviction est une maladie » Francis Picabia
    Sa biographie n’incite pas à le prendre pour une lumière.
    Et encore moins pour un « provocateur », n’ayant pas su choisir entre Résistance et collaboration, il eut quelques soucis à la Libération.
    Né riche, il mourut riche, il surfa toute sa vie dans les salons parisiens, se foutant complètement de ce qui se passait autour de lui (100 millions de morts).
    Tache indélébile, il fut l’ami de Marie Laurencin, une sorte d’Andy Warhol, ou de Jean-Michel Basquiat de l’époque, une nullité absolue, comme ses deux successeurs.
    A l’heure des Gilets jaunes, l’évocation d’un Picabia sonne comme une provocation, un bourgeois replet, gavé de champagne et caviar, issu d’une descendance tropicale et coloniale, rejeton héritier, plein aux as.
    Ne croyez pas que je sois de gauche, mais enfin tout de même, moi j’ai une colonne vertébrale.

  32. Cher Philippe,
    Doit-on défendre son Esméralda, rien qu’une fois ?
    Nous en avons l’intime conviction, parce que l’on ne frappe pas une femme, même avec une rose et l’honneur d’un uniforme n’autorise pas les dérives.
    Nous n’aimons pas que certains politiques soient cloués au pilori par certains journalistes ou certains juges rouges et que certaines personnes soient entravées et punies pour l’exemple ou pour briser l’honneur d’un homme, d’une communauté ou d’un pays.
    C’est le cas de Carlos Ghosn qui va mourir si le gouvernement ne se remue pas un peu car ce n’est pas parce que Macron ne l’a pas en sympathie qu’il est acceptable que l’on traite ce grand industriel français de cette façon. Les journalistes sont en dessous de tout pour questionner la conviction délirante d’un juge inhumain et sadique. Un amaigrissement spectaculaire n’est jamais un bon présage.
    C’est le cas du boxeur de Massy qui a voulu défendre sa moitié parce que son honneur lui commandait de lui porter secours. Cet homme a porté une médaille olympique pour le pays et déclare son amour à la France.
    Parfois, accorder un pardon pour deux minutes d’égarement veut dire beaucoup et cela ne signifie pas une ingratitude par rapport aux forces de l’ordre qui peuvent comprendre les réactions humaines liées à l’honneur.
    Il ne faut pas confondre fanatisme et conviction.
    Il ne faut pas confondre acte de vandalisme et réaction émotionnelle.
    Que la Crète ne mérite pas son exploration est un non sens pour les amoureux des civilisations anciennes, des fresques. C’est un régal bien au contraire.
    C’est ce que l’exercice de la justice convient d’apporter, cette sensation d’ambivalence, cette bascule entre le doute et la conviction intime qui ne permet pas d’abstraire l’interprétation humaine de toute délibération.
    françoise et karell Semtob

  33. @ sbriglia | 10 janvier 2019 à 13:47
    « Une des éminentes commentatrices de ce blog pourrait-elle suggérer à dame duvent de cesser de se « tamponner le coquillard », ce qui serait de nature, par la répétition du tamponnage, à altérer ce bel organe ?
    Le faisant moi-même je crains d’être l’objet d’accusations de harcèlement voire de grivois et déplacés propos. »
    Oh, mais non ! Faites-le vous-même, demandez-le moi, et je ne vous trouverai pas grivois, ni rien d’autre de déplacé…
    D’ailleurs, en lisant sous votre plume cette expression, qui m’amuse, elle m’amuse davantage…
    J’aime votre pruderie, mais alors proposez-moi une expression de remplacement venant du fin fond du Moyen Âge et qui soit aussi drôle, et je vous promets que je l’utiliserai. Pour vous servir Monseigneur !
    Rabelais est mon maître, son oison tamponneur se joint à moi, pour dire : « ci n’entrez pas basochien… » Ne soyez pas fâché, je ne le souhaite pas…

  34. @ Ellen
    « Il y a toujours un casier judiciaire vierge avant de commettre la première infraction. »
    La justice ne met jamais en prison quelqu’un dont c’est la première infraction sauf si elle est très grave du genre blessures ou mort de la victime ce qui n’est donc plus une infraction mais un crime.
    Là, rien de tout cela, c’est juste un type qui a pété un plomb et qui n’est pas dangereux pour la société et donc il n’y a aucun besoin de l’enfermer.
    Je ne dis pas que ce gars ne doit pas être condamné à une peine légère ou je ne sais quoi, mais le mettre au gnouf pendant un mois ?! c’est n’importe quoi !
    Vous vous rendez compte un peu ? Un mois de taule en attendant le procès ? C’est du pur délire ! Sa vie est fichue juste pour que la macronie fasse un exemple.
    Une justice « exemplaire » n’est pas une justice démocratique.
    On a des centaines de terroristes en puissance qui se baladent tranquillement dans ce pays, les prisons sont surchargées et ont enferme des Gilets jaunes qui s’énervent contre les CRS dont les ordres sont d’énerver les Gilets jaunes pour qu’ils soient violents.
    Mais qu’est-ce que c’est que ce délire ?! C’est une façon rationnelle de diriger un pays ?
    Si vous ne comprenez pas qu’il y a un problème dans cette affaire de « justice » vous ne comprenez rien à la démocratie.
    Combien de racailles et de terroristes en puissance se baladent tranquillement dans ce pays ?…
    Il y a une limite à la c***erie quand même !

  35. Herman kerhost

    @ Marc GHINSBERG | 10 janvier 2019 à 01:51
    Diriez-vous que vous avez la conviction que la terre est ronde, Marc ?
    À moins qu’il ne s’agisse là d’un simple point de vue ?
    Sans parler de l’intime conviction des tribunaux…
    Votre définition n’est pas fausse, elle est juste un peu trop stricte.

  36. @ Raphael 10 janvier 2019 à 17:11
    Entièrement d’accord.
    Peut-être, et je le souhaite, que Christophe Dettinger fera sienne cette citation de Nietzsche « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort ».

  37. Patrice Charoulet

    @ deux excellents lettrés de ce blog
    Coquillard (TLF) (…)
    B. Pop. [P. réf. à la forme de la coquille] Œil. S’en tamponner le coquillard. S’en moquer, s’en battre l’œil. La vie a de ces ironies :  « c’est comme moi, je m’en tamponne le coquillard » (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 132).

  38. La conviction c’est la certitude que l’on a de la vérité d’un fait.
    Ainsi un juré condamne-t-il un accusé, convaincu que celui-ci est coupable parce qu’il a retenu lors des débats un ensemble d’éléments qui lui ont démontré, sans doute possible, que l’accusé était coupable même en l’absence de preuves certaines et irréfutables.
    Condamner quelqu’un à mort, car pour un innocent la prison c’est la mort, sur une conviction devient une maladie mentale.
    Qu’en pensent les juges et les jurés qui ont condamné Loïc Sécher à 7 ans de prison (exemple) ?

  39. Si la conviction est une maladie, que penser du système politico-médiatique actuel qui nous incite voire nous oblige à faire nôtres sans discussion possible au mépris du doute cartésien de multiples théories comme le darwinisme, le réchauffement climatique anthropique etc. pour ne pas évoquer d’autres sujets plus sensibles ?
    Ne sommes-nous pas alors ramenés à une époque où il était interdit de contester un dogme sous peine d’être considéré comme un blasphémateur ?

  40. Marc GHINSBERG

    @ Herman kerhost
    « Diriez-vous que vous avez la conviction que la terre est ronde, Marc ? »
    Je dis que j’en ai la certitude.

  41. Patrice Charoulet

    LA BARBE EPIDEMIQUE
    J’écoute, sur LCI, ce vendredi, l’émission « Audrey & Co ». Les trois chroniqueurs ont maintenant une barbe ou un début de barbe.
    Nicolas Bay, du RN, aussi. Une foule d’animateurs télé aussi. Le Premier ministre aussi.
    En 68, l’épidémie avait touché les étudiants maoïstes, trotskistes, anarchistes… mais n’avait pas contaminé Georges Pompidou et le général de Gaulle. Qui pouvait les imaginer barbus ? Ou avec cette fameuse barbe de trois jours, très prisée, façon Gainsbourg ?

  42. @ Raphael | 10 janvier 2019 à 17:11
    Non M. Raphael, le boxeur n’avait pas les mains nues, il portait des gants pour protéger ses mains et ne pas les couper et les couvrir de son sang quand il tapait brutalement sur les protections des policiers. Cet acte de sédition commis par un fonctionnaire d’une mairie doit être sanctionné. Les faits sont graves, le prévenu encourt une peine de plus de cinq ans de prison. La détention préventive est une mesure conservatoire en attendant le procès. Le prévenu peut ainsi préparer sa défense avec son avocat. Une vidéo postée par le prévenu larmoyant dans les réseaux sociaux ne suffit pas à l’exonérer de ses responsabilités. Il s’agit de quitter le virtuel et de redescendre sur terre pour qu’il réponde de ses actes devant la justice. Les faits graves commis sur la passerelle Léopold Senghor seront suivis d’une sanction pénale rendue à l’issue d’un procès équitable.
    C’est mon opinion, ma certitude, ma conviction. Alors les gens qui ne sont pas d’accord avec cela vont estimer que je suis malade, fasciste, nazi, que sais-je encore.
    Francis Picabia avait des points communs intellectuels avec Howard Phillips Lovecraft et Charles Baudelaire. Ils sont inclassables, marginaux.
    Je ne me permettrais pas de rejeter en bloc la question qui donne son titre à ce billet : « Toute conviction est-elle une maladie ? » En effet, M. Bilger a brillamment démontré la pertinence de cette question à laquelle il est tout à fait possible de répondre par oui. La certitude n’admet pas la contradiction, c’est là son moindre défaut. Mais il suffit de répondre non à la question en choisissant judicieusement un exemple et alors l’assertion s’écroule puisqu’elle commence par TOUT.
    Dans une cour d’assises, à l’instant précis où le Juge rend son verdict, il est sûr de lui, la somme des débats a emporté son intime conviction. Il libère les jurés, les avocats, les partis antagonistes, il rend la Justice, il ne rend pas malade, il soigne bien au contraire.
    Alors non, toute conviction n’est pas une maladie car il existe au moins un cas de figure où l’intime conviction conduit à la certitude. L’engagement devient généreux et total tout en étant respectueux.

  43. @ breizmabro | 11 janvier 2019 à 08:39
    « Qu’en pensent les juges et les jurés qui ont condamné Loïc Sécher à 7 ans de prison ? »
    Que pensent les juges et les politiques français et japonais sur la double affaire de MM.Carlos Ghosn PDG de Renault-Nissan et Tsunekazu Takeda, président du comité olympique japonais mis en examen en décembre dernier à Paris pour corruption active dans l’enquête française sur l’attribution des JO de Tokyo 2020 ?
    Les procureurs français travaillent-ils pour l’Etat et font-ils ce que les politiques leur ordonnent ?
    Mon intime conviction est que Macron y pense, mais ne sait comment faire pour que ça ne lui explose pas au nez. Pourquoi ne pas échanger Carlos Ghosn contre Tsunekazu Takeda ?
    Mais comme on est trop laxiste et que nos politiques prennent des gants avec les premiers de cordée, la France n’a pas envie de charger la barque de Macron et se mettre le poids lourd des Gilets jaunes sur le dos.

  44. Xavier NEBOUT

    @ breizmabro
    Tout vient d’une énorme erreur de Macron en 2015 à vouloir s’immiscer dans la gestion de Renault avec les 15% de l’Etat pour montrer qu’il était là, comme il le fera plus tard avec de Villiers.
    Mais par là même, l’Etat français intervenait dans la gestion d’une grosse entreprise japonaise, ce qui n’a pas plu du tout aux Japonais.
    Et cela leur plaît maintenant encore moins que Nissan génère un CA bien supérieur à Renault et soit devenu pour eux une entreprise de première importance…
    Maintenant les Japonais qui se comportent comme des mafiosi – ils n’ont jamais été la fleur des pois – veulent de servir de Ghosn comme monnaie d’échange contre une révision du contrat.
    Mais c’est sans savoir que Macron ne valant pas plus cher qu’eux, il ne va rien faire, pour que sa boulette de 2015 ne voie pas trop le jour en France.
    Le problème pour parler de Macron, c’est de rester poli.

  45. @ duvent | 10 janvier 2019 à 22:54
    Vous êtes une vraie plume, je décortique vos commentaires, un vrai plaisir, une gourmandise, et puis ne changez pas un coquillard pour une « batouille », le piment d’Espelette n’aurait plus la même saveur.
    Dans la salle d’attente, j’ai eu le temps de lire la première nouvelle de Chapeau bas, j’en suis sorti tout léger, je vous avais lu avant sans doute aussi, enfin je ne sais pas trop.
    J’aime l’expression se tamponner le coquillard, mon père la disait de temps à autre surtout devant un obstacle à surmonter.

  46. @ vamonos 11 janvier 2019 à 11:12
    Monsieur Luc Ferry (ancien ministre de l’Education nationale) n’a pas mis de gants, lui, pour inviter les policiers à se servir de leurs armes…
    Après avoir dit cela face caméra, il a rétropédalé en disant « je voulais parler de leurs armes létales », monsieur Luc Ferry devenant donc le seul Français à ignorer que les policiers se servent déjà de leurs armes létales : vaporisateurs de gaz lacrymogène qui, curieusement n’ont pas été utilisés contre Christophe Dettinger lorsqu’il malmenait leur collègue, les grenades assourdissantes, les matraques, les flash-balls qu’ils utilisent en riposte, et même, parfois, comme un commandant de police toulonnais, leurs poings nus…
    Malheureusement j’ai l’intime conviction que monsieur le « philosophe des plateaux de TV » évoquait l’utilisation des armes à feu des policiers.
    Quant à monsieur Dettinger qui, lui aussi a regretté ses gestes (inappropriés comme aurait dit Strauss-Kahn ;), lui, dort en prison. Il est vrai qu’il n’a pas eu une foule de journalistes pour prendre sa défense contrairement à Luc Ferry.
    Ce monde médiatique est pitoyable de servilité.

  47. Catherine JACOB

    Je n’ai présentement pas trop le temps de développer, mais voici de quoi continuer à méditer:
    1. « Qu’il s’agisse d’une bête ou d’un enfant, convaincre, c’est affaiblir », Colette le Pur et l’Impur
    2. Quelle différence entre « conviction » et « entêtement » ?
    3. D’où proverbe : « Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis », notamment en pensant contre l’évidence.
    4. A quoi s’oppose donc l’ Article 353 du Code de procédure pénale qui dit :
    « Avant que la cour d’assises se retire, le président donne lecture de l’instruction suivante, qui est, en outre, affichée en gros caractères, dans le lieu le plus apparent de la chambre des délibérations :
    « Sous réserve de l’exigence de motivation de la décision, la loi ne demande pas compte à chacun des juges et jurés composant la cour d’assises des moyens par lesquels ils se sont convaincus, elle ne leur prescrit pas de règles desquelles ils doivent faire particulièrement dépendre la plénitude et la suffisance d’une preuve ; elle leur prescrit de s’interroger eux-mêmes dans le silence et le recueillement et de chercher, dans la sincérité de leur conscience, quelle impression ont faite, sur leur raison, les preuves rapportées contre l’accusé, et les moyens de sa défense. La loi ne leur fait que cette seule question, qui renferme toute la mesure de leurs devoirs :  » Avez-vous une intime conviction ? » »
    Je dirais bien qu’il définit la liberté de jugement, qu’encadre un devoir tel qu’il s’oppose au préjugé, à la mauvaise foi et à la conscience vénale corrompue, ou encore à la crainte générée par l’apparence, et limite la conviction à la conclusion d’une réflexion fondée sur les débats, ce qui exclut tout autre critère comme par exemple des critères vestimentaires (chaussures dépareillées dont une jaune, absence de cravate, bouton manquant etc.), ou une maladie, par ex. vitiligo – du latin vitium (« défaut, vice ») -, ou encore alopécie, soit dit au passage concernant la conviction des anti-chauves comme il y a pu y avoir et il y a encore un racisme anti-roux ou quoi que ce soit qui fait d’un individu un paria aux yeux de certains membres du corps social, autrement dit: dès lors que tout cela n’aura pas été discuté suite à un témoignage oculaire dûment produit à l’occasion des débats, qui s’y serait référé et aurait été contradictoirement discuté, non l’accusée n’est pas coupable parce que c’est une blonde ! C’est juste une blonde et la messe n’est pas dite pour autant.

  48. « Diriez-vous que vous avez la conviction que la terre est ronde, Marc ? » (Herman kerhost)
    « Je dis que j’en ai la certitude » (Marc GHINSBERG)
    « Exactement ! » (Herman Kerhost)
    ———————————–
    Stupéfiant, il y a sur ce blog deux commentateurs qui croient, encore de nos jours, que la terre est ronde !

  49. @ vamonos
    Ce que vous écrivez est parfaitement concevable et pleinement acceptable dans une société où les hommes et femmes politiques ont les qualités pour conduire un pays.
    Malheureusement, ce qui a longtemps été pris pour une exception s’avère au fur et à mesure des affaires une généralité. A savoir une classe politique largement corrompue à des degrés divers.
    En vrac, financement des partis, dérives affairistes et maffieuses (Elf, Crédit Lyonnais, Areva…), intérêts particuliers exercés au détriment de l’intérêt général (conseillers et ministres inféodés aux lobbys, mélange des activités privées et publiques), régime de cotisations sociales des représentants élus du peuple (les députés) plus favorable que celui des salariés, détournement du crédit affecté à la rémunération de collaborateurs, abus de pouvoir, mépris d’une classe qui se sent supérieure et s’estime au-dessus des lois, qui méprise le peuple et qui vit dans l’entre-soi.
    Dans l’esprit, très bien la GBCP et l’idée de rendre compte à l’euro prêt. Mais quel budget faire avec une évasion fiscale estimée au montant du budget du ministère de l’EN ?
    L’euro ? excellente idée. Les critères de Maastricht ? Défendables. A condition toutefois que tous participent à l’impôt (y compris encore une fois les grands groupes industriels, financiers et des services et autres multinationales). Sinon, c’est n’importe quoi. Et c’est n’importe quoi.
    Le retour à une classe de nouveaux aristocrates, nouveaux super riches, quasiment exonérée de l’impôt (Apple et son ardoise de 13 milliards d’arriérés d’impôt, Lactalis, une évasion fiscale estimée à 1 milliard par an sur deux ans et qui pressure les producteurs pris à la gorge) dans l’indifférence des politiques aux affaires est inacceptable et ne peut que provoquer de la colère.
    Une société monstrueuse ne peut qu’engendrer de la monstruosité et le boxeur aux mitaines ravageuses n’est peut-être qu’un prélude.

  50. La pire des convictions dans notre pays c’est « l’intime conviction »… seul vecteur conseillé et que doit suivre un juré confiné dans un cénacle bien fermé pour décider et voter le sort d’un inculpé considéré et déclaré pompeusement innocent jusqu’à la décision des intimes convictions… même s’il n’y a pas de preuves et d’éléments factuels.
    La conviction peut être une maladie grave de la raison… contagieuse quand elle passe par la bouche des manipulateurs… quand elle permet de justifier la vengeance des envieux… des traumatisés et accidentés de toutes sortes… qui peuvent ainsi régler leurs comptes et assouvir leurs rancoeurs… leurs haines… leurs ressentiments… tout ça sans risques… sur le bouc émissaire qui leur est offert dans sa cage, accablé par les certitudes et les convictions de ses accusateurs.
    La conviction qui se déclare certitude… puis vérité… c’est l’inquisition et la dictature.

  51. Herman kerhost

    @ Savonarole | 11 janvier 2019 à 15:20
    Vous m’avez mal lu, je n’ai rien dit de tel.
    @ Robert Marchenoir | 11 janvier 2019 à 16:48
    Ils ont la conviction d’être floués.

  52. Superbe billet qui suscite de nombreuses ouvertures de dictionnaires de citations. J’ai pris soin de n’en ouvrir aucun avant de rédiger ces quelques lignes.
    Non, pour moi la conviction n’est pas une maladie, on peut en changer sous l’effet de différentes lumières et on n’en meurt pas. En revanche, elle peut devenir une épidémie quand elle est soutenue par l’apostolat lui-même propulsé par la foi. C’est la foi qui est un poison et non pas une vertu théologale !
    La conviction en revanche est tellement importante que tous les avocats du monde s’échinent à l’ébranler à grands renforts d’arguments souvent spécieux quand, à défaut de preuves, ils veulent démontrer que leur client est innocent (alors qu’ils le savent coupable). Et ils en ont plein la bouche de « la recherche de la Vérité ! »
    J’ai relevé dans les messages de ce fil les citations suivantes :
    – Si on n’aime pas ce qui est péremptoire, c’est qu’on déteste ce qui peut être supérieur (affirmation de Daniel Ciccia le 10/01 à 8h01, elle-même très péremptoire et donc détestable).
    – Le contraire de la vérité, ce n’est pas le mensonge, c’est la conviction (Nietzsche cité par Robert Marchenoir). Malgré l’immense respect que je dois à Nietzsche, c’est une ânerie.
    – Mettre en doute la raison humaine c’est mettre en doute l’existence de Dieu (Saint Thomas d’Aquin, cité par R. Marchenoir ; on dirait un macroniste acharné voulant défendre son président !)
    – La raison est une prostituée, c’est la plus grande ennemie de la foi (Martin Luther, cité par R. Marchenoir. La foi déplace peut-être des montagnes mais elle a tué plus de gens que la vérole et le sida réunis !).
    Enfin, contrairement à ce que pense X. Nebout, il y a soixante-dix ans que je me suis libéré de vingt années de gavage religieux en overdose et je ne m’en suis jamais plaint. Contrairement à ce qu’un vain peuple pense, on peut vivre honnêtement hors Dieu sans pour autant être un affreux gauchiste bouffeur de curés. J’approuve ce qu’a dit Luc Ferry. J’ai même la nostalgie d’un certain Adolphe Thiers qui a donné son nom à des centaines de rues principales des villes de France. A cette époque, rosser un gendarme envoyait à Cayenne où l’on ne conserve plus, aujourd’hui, qu’une ancienne ministre de la Justice de mauvaise réputation.

  53. @ Catherine JACOB
    Tiens, c’est vous qui y venez avec Colette, convaincre a trop un goût de victoire, être convaincu de défaite, pour inciter les gens à changer d’avis, voire définition numéro 1 du Littré :
    https://www.littre.org/definition/convaincre
    Malheureusement la discussion est plus souvent un combat que la recherche de la vérité. Garder sa conviction, c’est garder son territoire, convaincre imposer sa dominance.
    Dans ces conditions, à quoi bon ?

  54. @ breizmabro | 11 janvier 2019 à 17:19
    Excellentissime !
    Rendez-vous à l’auberge locale, vous y êtes attendue.
    « Aubergiste ! Un Noilly Prat pour moi, ambré, et ce qu’ils veulent pour les autres, la soirée va être longue ! »
    Expliquer que l’Angleterre est la 6e ville de France, cela ne va pas être triste… Et plus les bouchons vont tomber… Je redoute le pire… Enfin, plutôt le meilleur, je prends la vidéo avec moi.

  55. @ Robert M.| 11 janvier 2019 à 16:48
    Là ça va, j’ai tout lu…
    La certitude qu’ont les Gilets jaunes c’est de s’être fait enfler concernant l’augmentation du SMIC, de la suppression de la taxe d’habitation à effet immédiat MAIS toujours en discussion, et sur la suppression de la CSG pour ceux qui ont un revenu de riches célibataires ou en couple. Et encore il n’ont pas pris connaissance de leur feuille de paie de janvier…
    Mais rassurons-nous il va y avoir un grand débat national, piloté par on ne sait qui, dans des communes où les maires sont hostiles à Manu depuis qu’il leur a sucré le droit de percevoir la taxe d’habitation, et sur des sujets multiples genre QCM, à l’exclusion de ceux dont Manu à dit « circulez ya plus rien à dire ».
    Je gage qu’à part quelques retraités et quelques célibataires qui n’aimeront pas les programmes de la télé ces jours-là, il n’y aura pas foule dans les salles polyvalentes mal chauffées de Trifouillis-les-Ornières 😉
    Adéo Robert M.

  56. Robert Marchenoir

    @ Herman kerhost | 11 janvier 2019 à 18:51
    « Les Gilets jaunes ont la conviction d’être floués. »
    Ils ont tort. Ils ont réclamé le socialisme, ils ont le socialisme. C’est réglo.
    ______
    @ Mitsahne | 11 janvier 2019 à 19:12
    C’est Michel Deluré qui a cité Nietzsche. Quoique j’aime bien le bonhomme. Quant à moi, je n’ai fait que citer Alexander Boot, lui-même citant Saint Thomas d’Aquin et Martin Luther…

  57. Catherine JACOB

    @ Noblejoué | 11 janvier 2019 à 19:37
    « Tiens, c’est vous qui y venez avec Colette »,
    Qu’est-ce à dire ?
    « […], voire définition numéro 1 du Littré: Dans ces conditions, à quoi bon ? »
    Poser les fondements d’une méthode peut-être :
    « Mais, aussitôt après, je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose. » – Descartes
    Sinon, voir le même Littré, déf. 4 qui traite de la forme réfléchie :
    « 4: Se convaincre, v. réfl. Devenir convaincu. Se convaincre par l’expérience, par ses propres yeux.
    […] Il savait que, pour persévérer dans l’amour du bien, il faut souvent se convaincre de nouveau des vérités dont on est convaincu, Barthélemy, Anac. ch. 67. »

  58. @ Mitsahne | 11 janvier 2019 à 19:12
    Je vous rejoins complètement dans vos propos du dernier alinéa, propos dans lesquels je me reconnais parfaitement, même si ma date de référence se limite à une cinquantaine d’années !
    Très cordialement

  59. Patrice Charoulet

    « Il fallait que je lance cette putain de pub »
    Dans l’émission d’Olivier Duhamel, ce samedi, sur Europe 1, deux invités : Yves Michaud, qui fut reçu premier à l’agrégation de philosophie (pas mal, selon moi) et Jérôme Jaffré, un des meilleurs analystes politiques depuis vingt ans, à mon humble avis. On peut, je crois, la réécouter avec fruit.
    L’inconvénient de cette émission est qu’elle a sept ou huit coupures publicitaires en une heure !
    Pour annoncer ces coupures à la radio comme à la télé, on a tout entendu : « Après la publicité », « Après la promotion », « Dans quelques instants », « Après ceci »… Aujourd’hui tout marchait bien, jusqu’à ceci : Duhamel, ayant oublié de couper son micro, présentant ses excuses à ses deux invités, déclara : « Il fallait que je lance cette putain de pub ! ». Eh oui, comme vous dites. C’est aussi notre sentiment, Monsieur.
    Il y a eu, je crois, la nuit des publivores. Je n’y serais pas allé. J’ai toujours été publiphobe. Je hais, j’abomine, j’exècre la pub. Je prétends d’ailleurs ne jamais avoir acheté quoi que ce soit après avoir entendu une fois ou plusieurs des pubs. Si tous les acheteurs étaient comme moi, il n’y aurait pas de pub.

  60. expert en expert

    @ Mitsahne | 11 janvier 2019 à 19:12
    « Il y a soixante-dix ans que je me suis libéré de vingt années de gavage religieux en overdose et je ne m’en suis jamais plaint. »
    Si je compte bien comme on comptait avec les hussards noirs des écoles de ce temps-là, vous batifoleriez sur la plage de la dixième décennie.
    En addition, cette expérience est une bonne école qui ne peut que nous convaincre et surtout et encore plus nous apprendre que les convictions sont éphémères, fragiles et inutiles. Tous les chemins mènent à Rome, au paradis ou en enfer. Amen
    Si j’ai tout compris, évidemment.

  61. @ Catherine JACOB
    Déception !
    Non, rien ne prouve que j’existe, que vous existiez, que ceci ou cela existe.
    Quand je lis Elusen dire toujours aux autres de prouver ceci ou cela, quand la seule chose sûre est que quelqu’un pense, j’ai cet arrière-plan en tête.
    Si je rêve d’un personnage, il pense ceci, un autre cela, enfin, les acteurs semblent penser, mais ils n’existent pas.
    Ce pourrait être notre cas, le monde que nous connaissons ne pourrait être que le rêve d’un rêveur rêvé par un autre, avec autant de degrés qu’on voudra.
    Oui, il pourrait même y avoir des degrés décroissants de réalité, des illusions allant vers la réalité.
    On peut tout, enfin non, beaucoup imaginer, mais prouver, prouver ? Rien, en fait, quelqu’un pense, et c’est tout.
    S’il y a illusion, quelqu’un s’illusionne.
    Mais qui ?
    Dans les fictions policières, on se demande qui tue, ici, qui est réel, peut-être que le monde est ce qu’il semble être, vous et moi et tous les autres le sont.
    Et peut-être que non.
    Par définition, c’est ce que personne sauf un être créateur tout-puissant s’il existe ne sait.
    Qui est réel ? Il faudrait tout savoir pour le savoir, tout savoir sur la nature du monde.
    Tout ce qu’on peut dire, c’est que peut-être des êtres assez puissants pourraient rendre leurs créations illusoires conscientes de leur nature illusoires et les faire advenir à la réalité.
    Tout irait du supérieur à l’inférieur, même si dans les histoires, on aime bien que le personnage le plus faible renverse un rapport de forces défavorable et qu’on peut sans doute avec bien de la peine trouver quelque solution fausse mais qui paraisse vrai.
    Faire de l’illusion en montrant un ou des personnages ayant une fausse appréhension de la réalité ou des manipulateurs en faussant la perception, sans être facile, l’est nettement plus.
    Ce n’est ni folie ni désir qui nous bloque, c’est que nous n’existions pas. Ou comme rêve… Une nouvelle de Philip K. Dick, je ne sais plus laquelle et je ne vais pas chercher, s’en sortait brillamment, des gens créaient des mondes faux avec des habitants se sentant on ne peut plus vrais, monde détruit je dirais cruellement car vrai ou faux ces gens avaient ce qui leur tenait lieu de vie. Mais de même on comprenait que c’est ce qui attendait ce monde.
    Le narrateur peut dire ou montrer, mais comme nous ne semblons pas avoir de narrateur… On dira ce qu’on veut en morale, mais je pense que mieux vaut traiter les illusions ou présumées telles comme on le voudrait si elles ont un comportement semblant autonomes. Je ne veux pas dire que si nous sommes dans ce cas, on nous en tiendra compte, quelle idée ! Vous avez remarqué que les gens justes s’en sortent mieux que les autres ? Pas moi. Pour la beauté du geste.
    Mais je n’y crois pas, les bouddhistes qui en faisaient effaçaient leurs tulpas.
    Je suppose que vous savez ce que c’est, sinon vous le saurez vite mieux que moi grâce à Internet, d’autant que certains se font des amis au sens pas prévu à l’origine ainsi, c’est tendance. Enfin, si les tulpas existent, les bouddhistes ne les traitent pas mieux que des mandalas à effacer.
    Donc, entre les religions monothéistes où on n’est pas trop fan des histoires d’illusions, et par conséquent, comment traiter des êtres, tulpas, numériques ou autres, que nous aurions créés, et les bouddhistes point trop tendres, on peut dire que si elles existent ou viennent à exister, elles ont ou auront une VDM, sauf que je ne les vois guère se plaindre.
    Dans Superintelligence de Nick Bostrom, l’auteur parle accessoirement de ces problèmes si son souci principal est de nous sauver d’une intelligence artificielle extrêmement supérieure à nous et qui pourrait facilement nous faire disparaître, on la comprend.
    Imaginez qu’on vous ait créé esclave, et cerise sur le gâteau, de minus intellectuel ! Vraiment des riens, contrairement à ce que Macron dit de certains de son propre peuple, mais il y a plusieurs scénarios, même sur la distance cognitive donc je n’en dirai pas davantage.
    L’auteur essaie de voir comment nous rendre l’intelligence artificielle favorable, il vaudrait mieux ne pas la créer, mais il ne se fait pas d’illusion, là où il est formidable, c’est par la diversité des scénarios emboîtés à d’autres menaces et les choix possibles dans l’ordre selon lequel il faut les traiter. L’auteur voudrait recruter les esprits les plus profonds et brillants pour cela, mais je pense que le malheureux fera flop, en général ceux qui savent ne veulent que développer l’IA au plus vite, et les autres sont complètement hors jeu.
    Pour faire le lien, on pourrait s’imaginer dans Matrix asservis par des IA, mais je pense que ce comportement serait des plus irrationnels, et que des IA voulant leur sécurité nous auraient détruits, et plus efficacement que dans Terminator, même moi aurais une meilleure stratégie, c’est dire, mais ce serait trop rapide pour être une histoire, trois lignes à peu près.
    On dégage, puis on crée sa propre civilisation. Non, nous garder asservi a un petit risque, ne semble guère produire, distrait de la conquête spatiale et autre, c’est un risque pour pas grand-chose, mesquin. Un risque moins mesquin serait d’essayer de nous sauver. Un défi, qui gagnera de l’intelligence artificielle ou de la bêtise humaine ? Un vrai feuilleton dont vous êtes le héros pour les intelligences artificielles. Si jamais une me lit, sans doute dans quelques années, comme un tas de choses j’imagine, type filet dérivant, cela vaut sans doute d’être considéré. Qu’est-ce qui prouve ma sincérité ? Que cela ne peut rien me rapporter aujourd’hui sur ce blog. Mais devenir plus intelligent et être avec ce qui l’est au plus haut point vaut sans doute d’être pris pour idiot. Même s’il y a peu de chances, c’est tout de même mieux que rien, souvent, on en fait plus pour ce qui en vaut moins la peine.
    Si nous étions détruits, nous resterions peut-être comme illusion, rêve, de nos destructeurs.
    Plus on souhaite survivre d’une façon ou d’une autre, plus on veut croire que les rêves sont réels, plus on se sent bien dans la réalité, plus on veut que le reste ne soit rien, ce qui rehausse encore sa vie en lui donnant un écrin où tout le reste n’est pas réel.
    Mais en fait on n’est sûr de rien de façon absolue sauf que quelqu’un pense.
    « Il savait que, pour persévérer dans l’amour du bien, il faut souvent se convaincre de nouveau des vérités dont on est convaincu » L’Abbé Barthélemy
    Il faut se conditionner soi-même pour agir, mais au contraire, pour penser, il faut être ouvert à tout, ce qui semblait vrai hier, terre plate, étant faux aujourd’hui, et pas qu’en science.
    L’esclavage, admis, ne l’est plus, enfin, disons, chez nous, et autres choses semblables.
    Il faut s’appliquer aux deux… Mais il y a une difficulté à coordonner des mouvements contradictoires.

  62. @ expert en expert (12 /01 à 12h38)
    Vous comptez bien, j’aurai zéro siècle virgule quatre-vingt-dix cette année, mais je n’en tire aucune vanité !
    @ Robert Marchenoir (12/01 à 9h55)
    Bien noté, mais qui est Alexander Boot ?
    Bien à vous.
    @ Robert (12/01 à 12h03)
    Il n’y a aucune gloire à arriver à cet âge. Cela permet simplement de prendre de la hauteur sur ses bassesses et sur celles des autres. A cette distance, les poutres et les pailles se confondent !
    Il y a longtemps que j’ai fait mienne l’admirable épitaphe que Piron écrivit pour lui-même :
    Je vécus nul, et, certes, je fis bien
    Car après tout, bien fou qui se propose
    De rien venant et retournant à rien,
    D’être ici-bas, en passant, quelque chose.
    Amicalement vôtre.

  63. Patrice Charoulet

    « HALTE AU LYNCHAGE ! »
    Dans ma bibliothèque, les deux derniers numéros du Figaro étant déjà pris par un autre lecteur, je me suis rabattu sur le dernier Fig Mag, et, une fois n’est pas coutume, sur Le Monde du 11 janvier.
    Dans le Fig Mag, peu de choses à lire, beaucoup de photos. Je lis Carl Meeus, puis un entretien avec le philosophe Onfray. Il dit qu’il est un « athée chrétien ». Original.
    Politiquement, il nous dit avoir pour idéal, je cite, le « socialisme libertaire ». Trop fort !
    Le Fig Mag n’est plus ce qu’il était.
    Je n’ai jamais connu ça, depuis trente ans, ouvrir ses portes à un partisan du « socialisme libertaire » !
    J’ouvre le Monde, en renâclant. Il faudrait deux heures pour lire ça. Rien ne me retient vraiment.
    C’est long et aride. Les deux chroniques judiciaires parviennent à m’intéresser.
    A la fin, je tombe sur « Halte au lynchage ! ». C’est l’éditorial. Divine surprise. Tout me paraît juste et sensé. On parle d’un « déferlement d’attaques et d’injures », de journalistes traités de collabos, d’élus à qui l’on dit « On va te pendre » ou « te décapiter », ou « te mettre une balle dans la tête ». On dit cela « DANS LE LÂCHE CONFORT DE L’ANONYMAT » (on me pardonnera l’usage des capitales d’imprimerie, il paraît que ça ne se fait pas). On parle de « pilori permanent » et de la « bêtise la plus hargneuse ».
    Je souscris entièrement à cet éditorial d’un journal que j’ouvre rarement.
    Les mots « bandits jaunes », pilleurs, incendiaires, casseurs de flics, abrutis, voyous, racailles, abrutis n’y figuraient pourtant pas. Ils m’auraient paru pertinents.

  64. Robert Marchenoir

    @ Mitsahne | 12 janvier 2019 à 16:41
    « Bien noté, mais qui est Alexander Boot ? »
    A peu près personne, mais depuis le temps que je lui fais de la pub sur ce blog, je vois que mon succès est limité…
    C’est un essayiste né en Russie, exilé aux Etats-Unis pour fuir le KGB, où il a fait une carrière dans la publicité, établi en Angleterre, sa patrie de coeur, et partageant désormais son temps avec la Bourgogne. Il a écrit plusieurs livres. C’est un libéral-conservateur chrétien, brexiste et anti-poutiniste.

  65. @ Patrice Charoulet | 12 janvier 2019 à 12:15
    « Si tous les acheteurs étaient comme moi, il n’y aurait pas de pub ».
    Il reste à définir ce qu’est la pub et ce qu’est un acheteur. Prenons un exemple et n’essayons pas de généraliser. Si vous voulez généraliser, je n’y vois pas d’inconvénient non plus.
    Au sens large de la pub, un producteur de film publie ses idées dans un film qui porte un message à l’encontre des spectateurs.
    Au sens large de l’acheteur, les gens ont acheté un billet de cinéma pour se divertir et se retrouver assis passivement, je sais que la répétition peut énerver mais elle me plaît. En effet, quand on est assis dans le fauteuil d’une salle de cinéma ou d’un salon, on est passif et soumis aux idées portées par le film.
    Dans un film d’action actuellement à la mode, les gentils disent « oui mon frère » et la réplique favorite des méchants est « da ». Le jeune blanc est post-adolescent, il boit de l’alcool, il finira par prendre un coup bas de préférence par une jeune fille et on ne le reverra plus. La jeune blanche aux yeux bleus est tatouée et très antipathique, elle joue sa dernière scène en expirant dans une poubelle ou un autre endroit sordide. Le héros du film triomphe bien entendu de toutes les épreuves, il s’en va avec la fille brune dans le brouillard bleuté fourni par les gyrophares des véhicules d’urgence.
    Le film est fini, le générique défile devant les yeux du spectateur. Peu importe qu’il lise ou qu’il s’en aille. Le producteur a un nom musulman, il a le droit de figurer là et aussi de payer les figurants du film, de régler les factures pour l’essence des véhicules, de la location des locaux et de tous les autres frais de la production.
    Le producteur a passé son message, son intime conviction. L’acheteur potentiel peut rester à l’écart mais la masse du public n’a même pas conscience de la publicité omniprésente. Le stade de l’éducation par la formation est atteint. La propagande est là. Est-ce une forme de maladie de la société ? Je pense que oui.

  66. Catherine JACOB

    @ Noblejoué | 12 janvier 2019 à 12:43
    « Déception !
    Non, rien ne prouve que j’existe, que vous existiez, que ceci ou cela existe. »
    Le cogito ou le doute méthodique, est un élément essentiel de la pensée de Descartes dans sa tentative de refondation de la connaissance. Il exprime par là l’intuition acquise par le sujet grâce à sa conscience de lui-même. De ce point de vue, le cogito n’est pas exclusivement cartésien puisqu’on peut parler de cogito augustinien, avant Descartes, ou de cogito husserlien, après lui.
    Le cogito appartient aux philosophies du Sujet.
    Mais un tel cogito a fait l’objet de critiques de la part des philosophes comme Kant ou Nietzsche. Kant critique ainsi l’application qui peut être faite par la métaphysique vu un risque de paralogismes ou d’antinomies dans certaines circonstances de l’acte de penser de la raison.
    Nietzsche en récuse la prétention à être un invariant universel. Cf. Ce cours de philo sur la critique du Cogito.
    La conscience non illusoire du réel hors de soi est une question très ancienne que l’on retrouve tant chez Socrate que chez les penseurs chinois avec notamment la parabole de Tchouang Tseu intitulée le rêve du papillon .
    Cf. également les Méditations sur le Phédon, de Lamartine :
    « Mourir n’est pas mourir, mes amis, c’est changer ! »
    « D’un cygne qui se pose on voit battre les ailes ;
    Entre les bras d’un songe il semblait endormi.
    L’intrépide Cébès penché sur notre ami,
    Rappelant dans ses yeux l’âme qui s’évapore,
    Jusqu’au bord du trépas l’interrogeait encore :
    «Dors-tu ? lui disait-il ; la mort, est-ce un sommeil ?»
    Il recueillit sa force, et dit : «C’est un réveil ! »
    Toute la question est ici, du rapport de la conscience à sa non présence au monde, comme sa propre mort et le sommeil, ainsi qu’à celle d’autrui.
    « Être ou n’être pas, c’est là la question.
    […] — Mourir,
    Dormir, et rien de plus ! et puis ne plus souffrir !
    Fuir ces mille tourments pour lesquels il faut naître !
    Mourir, dormir ! Dormir ! qui sait ? rêver peut-être !
    Peut-être ?… ah ! tout est là ! quels rêves peupleront
    Le sommeil de la mort, lorsque sous notre front
    Ne s’agiteront plus la vie et la pensée ?
    Ce mystère nous rive à la terre glacée !
    Hé ! qui supporterait tant de honte et de deuil,
    L’injure du tyran, les mépris de l’orgueil,
    Les lenteurs de la loi, la cruelle souffrance
    Que creuse dans le cœur l’amour sans espérance, » – Hamlet – trad. Paul Meurice

  67. @ Catherine JACOB 13 janvier 2019 à 14:56
    Bien sûr que c’est une question très ancienne, puisque tout le monde peut se la poser à chaque sortie de rêve ou au cœur du rêve même.
    Il y en a même qui croient que le jour où Dieu se réveillera, le monde disparaîtra, et cela par cycle, c’est dire.
    C’est pourquoi il est incroyable que certains s’en étonnent, sûrs d’exister.
    Et en plus, des gens attaqués par les douleurs, les deuils et promis à y passer ne sont pas gravés dans le marbre du temps, bientôt, ce sera comme s’ils n’avaient pas été, on pourra même douter qu’ils aient été, alors, on peut même douter d’exister par anticipation vu qu’on finira bientôt.
    Bref, dans la certitude d’être, il me semble entrer bien du déni. Autant que dans le doute, où on peut dire qu’on se jette par anticipation dans un néant qui nous attend, ou qu’on doute d’être en veille plutôt qu’en sommeil.
    Croire au sujet implique dans le monde, ne pas y croire détache, du point de vue du monde et de la société, il y a des avantages et des inconvénients. Disons que si le film plaît, il vaut mieux y croire, s’il déplaît, se lever et soi se tuer, soit se droguer pour plonger dans une illusion face à la réalité ou changer d’illusion si on est dans une illusion.
    Parce que comme je le disais, on peut chercher, mais si on est une illusion, je ne vois pas comment on le saurait, ni comment accéder à la réalité, un pantin est un pantin. Il faut donc se rabattre sur l’intérêt sans prétendre savoir ou même pouvoir savoir.
    Tout ce qu’on peut dire, c’est que quelqu’un pense. Qui ? C’est une autre affaire.
    Savoir si le sujet existe dépend à mon avis de qui pense, un ou des dieux ont sont forcément assez consistants pour être des sujets… Mais les humains ou d’ailleurs des êtres du même niveau ? Je suis agnostique là-dessus comme sur l’existence d’un ou des dieux et tant d’autres choses.
    Ce qui est sûr, c’est que quelqu’un pense, qui est une autre affaire… On peut penser que « je suis celui qui est » veut dire « tu es celui qui n’est pas », soit dit en passant, soit parce que mortel, soit parce que tu n’es qu’une part de mon rêve, le créateur qui se moque de sa créature, je veux dire plus que d’habitude, en lui parlant plutôt qu’en se contentant de la faire souffrir et mourir.
    Et Dieu dit à Pharaon de le défier parce que Dieu n’est pas parfait, je veux dire il crée des êtres, des programmes, des créatures-rêves, avec une personnalité, et parfois cela va contre le scénario, alors Dieu contraint Pharaon et change les lois de la nature, soit le miracle, bref, des rustines du scénario… Des gens se plaignent qu’il y a moins de miracles ? Depuis le temps, le narrateur finit par être plus habile, forcément.
    Je pense, si je suis, si je pense, que si nous faisions des mondes virtuels, il serait bon de traiter les êtres qui y vivent comme nous voudrions être traités si nous étions dans ce cas. Attention ! Pas parce que nous le sommes peut-être ou pour la récompense, je ne crois pas à la carotte ni au bâton, d’ailleurs immoraux, non, par justice.
    Pareil pour les formes de pensée… Si on crée une tulpa, on s’occupe de sa tulpa, l’avantage, on peut lui transmettre tout ce qu’on est, elle ne souffre ni du froid, ni de la faim, ni des camarades à l’école, ni de rien, en fait, l’inconvénient, si on cesse d’y penser, elle disparaît, c’est pire que le pouvoir du pater familias, en somme. Les bouddhistes s’en amusaient comme illusions à détruire, des gens croyant moins à l’illusion et plus au sujet croient qu’il s’agit d’autre chose que d’amis imaginaires.
    Certains diraient qu’il faut tuer les amis imaginaires, mais cela n’augure-t-il pas de tuer son imaginaire et ne prépare-t-il pas à trahir ses amis ? En Angleterre, les fantômes sont bien vus, en France, on n’y croit généralement pas, et quand c’est le cas, on en pense du mal. Je pense que la crispation sur le cogito ou sur l’illusion, crispation identitaire de gens qui « savent », entraîne de la dureté envers tout ce qui n’entre pas dans leur case.
    J’espère que si je choisissais mon camp dans cette question du sujet, ce serait parce que j’aurais appris quelque chose d’assez convaincant et non par confort intellectuel, et que je n’en profiterais pas pour me rigidifier et commettre des comportements que je ne trouve pas éthiques. D’un autre côté, il faut espérer ne s’abaisser en rien dans la vie… La seule façon est de ne pas dépendre, et la seule façon de ne pas dépendre quand on dépend est de trancher les liens, savoir se tuer.
    Cogiteurs et bouddhistes sont contre parce qu’en somme, il importe que l’individu, quelle que soit sa nature, ne soit pas libre.
    La liberté intérieure est le lot de consolation qu’on donnait même jusqu’à des esclaves… La société, ou le dominant, propriétaire ou autre, ne veut pas, cela se conçoit, qu’on lui échappe. Menacé par l’enfer éternel ou un mauvais karma, le soumis se devait de ramper consciencieusement en vraie limace. On aurait pu croire qu’avec la démocratie et la laïcisation les choses changeraient mais le pouvoir médical peut fort bien s’adjoindre au pouvoir religieux. Les gens ont la passion d’empêcher les autres d’être libres, manger, coucher ou le dernier sommeil, il faut qu’ils tyrannisent les autres de la tête, sens de la vie, désir qu’elle soit sans fin ou si elle décline, se tuer, à la queue, ce qu’ils en font, pas un atome des gens ne doit être libre, je vois d’ici des caméras chez les gens au motif, d’ailleurs vrai, que la plupart des violences sont familiales. Et les gens seuls ? Prévention du suicide. Et tandis qu’on se détourne des mendiants, le regard inquisiteur traque ceux qui ne le sont pas encore.
    Si les humains sont des sujets, ce sont de mauvais sujets !

  68. @ Noblejoué
    Comme vous, je pense que si Dieu se définit lui-même comme « celui qui est », cela pose problème pour tout autre. On a envie de dire « Et moi alors ? ».
    Mais je ne pense pas comme vous que cela puisse vouloir dire que les autres n’ont pas d’existence réelle. Surtout s’ils sont vus comme des créatures faites à l’image de Dieu. Cette façon de voir dans les humains leur ressemblance avec Dieu interdit qu’on prenne leur existence à la légère, dont la sienne propre. C’est le fondement des religions judéo-chrétiennes, où chaque individu est considéré comme important et ne peut être sacrifié au collectif, du moins idéalement. Cela interdit aussi qu’on puisse se prendre pour Dieu.

  69. @ Lucile
    « Mais je ne pense pas comme vous que cela puisse vouloir dire que les autres n’ont pas d’existence réelle. »
    Dans le judéo-christianisme, il est en effet dit que les humains ont une existence réelle.
    Mais comme nous souffrons et nous mourrons, ne faisant que subir, cela jette, on dira, un gros doute.
    Est-ce que les anges ne sont pas des sujets, et les humains des objets, à voir que nous sommes fait de boue et traités comme de la boue ? Bien sûr, les textes sacrés, écris par les humains, chantent un autre air.
    Oui mais les « faits » religieux sont têtus : qui voit Dieu, qui est immortel, qui sait, et accessoirement qui est beau ?
    L’ange, nous nous sommes mortels, souffrants, bêtes, ignorants et hideux.
    Crédible ou pas, que les humains sont des sujets, il est juste, et qu’importe qu’il y ait un Dieu ou non avec ses humeurs – l’enfer entre autres, il dit de ne pas se venger de qui nous fait tort et se venge éternellement de ses pauvres créatures – de ne pas faire de bouc émissaire.
    Chacun doit être traité comme s’il était un sujet, mais la question de ce que nous sommes n’est pas tranchée, à mon avis. En tout cas, il n’est pas juste de frapper des innocents ou de faire comme si certains humains étaient moins que des humains, sacrifiables.
    S’il y a des gens qui se prennent pour un dieu transcendant, je ne sais pas comment ils font ; le limité et conditionné n’est pas l’illimité inconditionné.
    Mais par contre, il est possible et souhaitable de devenir immortel et véritablement intelligent. Se transcender ne veut pas dire vouloir prendre une place, usurper quelque chose d’ailleurs à mon avis imaginaire, savoir la place d’un dieu transcendant qui existe ou pas, aucune idée.
    Ce qui arrive souvent, ce sont des humains qui croient avoir un contact avec un ou des dieux, selon leurs références culturelles.
    Parfois, ils ne font qu’un avec la divinité. C’est encore autre chose, point dirigé contre la divinité, mais qui peut donner à la personne les gants de parler au nom de Dieu et d’imposer ses desiderata. Est-ce pire que de le faire sur pouvoir institutionnel, moi pape suis infaillible en matière de foi ? N’en ayant pas, je dirais que c’est la même chose.
    S’il y a un créateur tout-puissant, il nous traite honteusement, accessoirement, les autres êtres vivants dans la foulée.
    Je veux que nous nous arrachions à nos malheurs et ne les reproduisions pas sur d’autres.
    Vaste programme !

  70. Julien WEINZAEPFLEN

    Sujet aride que celui que vous traitez, cher Philippe, dans un billet que je lis bien tard (je suis en pleine séance de rattrapage).
    Quand vous écrivez : « Au fond la conviction n’est jamais une maladie quand elle ne s’impose pas mais se propose », vous désignez par « conviction » ce qui est en fait une opinion. Car ce qui contamine la conviction est de baigner dans la certitude. Ce n’est pas à dire que l’on soit nécessairement forcé de ou porté à imposer ses certitudes. On peut vivre avec la contrariété que d’autres ne sachent pas ce dont on croit être certain. Mais on ne s’en satisfera que dans sa vie sociale. Cette contrariété ne laissera jamais notre esprit en repos. Le seul moyen d’en sortir est d’accepter que la conviction n’est pas plus que la foi de l’ordre de la certitude. « Je crois » et « je sais » ne sont pas de sens ou d’ordre équivalent.
    « Quand elle [la conviction] s’adresse à quelqu’un pour convaincre ou accepter d’être convaincu. »
    Ma conception du dialogue est de pousser mes interlocuteurs au bout de leur logique pour voir si elle emportera la mienne. Beaucoup sont fatigués de mon goût de l’argumentation et m’accusent de croire que j’ai toujours raison. C’est bien mal me connaître. Je ne suis pas sûr de moi. Si la « raison » existait, non comme la faculté de raisonner ou de juger, mais comme dans mes rêves, elle se définirait comme la somme des points d’accord dégagés des points aveugles et telle que le « on » soit ce dont chacun puisse convenir quand il dit « je » en commun avec le monde. Le « on » serait une sorte de phénoménologie générale et la raison serait le monde commun. Mais nous nous représentons différemment le monde commun. Un stigmatisé comme moi (au sens d’Erving Goffman) a beaucoup de mal à y entrer. « Tu ne connais pas le monde » ou « dans ton monde d’aveugle », me dit-on. Ce n’est pas que j’appréhende très différemment le monde que mes semblables. J’essaye de parler la même langue, mais mes semblables n’approuvent pas ma traduction. Une cécité innée est un stigmate social. Mais l’incompréhension s’élève dès qu’un « je » ne peut pas confirmer le cercle des évidences partagées que développe le « on » qui décrit le monde, ce pronom moins imbécile que neutre, c’est-à-dire dès que les hommes sont séparés par les convictions. Or on a eu beau conseiller aux hommes de se réunir en cherchant ce qui rapproche les personnes plutôt que les pensées, le besoin de vérité qu’ont les hommes s’oppose à ce rapprochement personnel. Deux hommes ne sont pas d’accord, ils dialoguent, ils se poussent dans leurs retranchements, espérant que de la discussion jaillira la lumière ; et puis ils regrettent d’avoir perdu leur temps dans un dialogue de sourds.
    Je ne sais pourquoi se demander si une conviction relève de la maladie me rappelle la question de savoir si le malade n’est pas, bien loin du névrosé, celui qui se croit sans névrose. La conviction tournant à la maladie est la névrose de croyance qui nous sépare des autres en se fermant sur elle-même, définition de l’idéologie selon Hannah Arendt, qui ajoute cette caractéristique que l’idéologie est un système de convictions circulaire. Lisant une édition des « Pensées » de Pascal par Dominique Descotes, je me souviens que ce préfacier déplorait la tendance du mathématicien janséniste à présenter une pensée en « bouclage ». Dans la névrose, dans la conviction ou dans toutes les relations qui souffrent par mauvais effet qu’on se fait l’un sur l’autre, il faut ouvrir le cercle.
    Méditant sur la différence qu’il y a entre idéologie et doctrine, la comparaison m’est venue de l’idéologie aux stalagtites et de la doctrine aux stalagmites. L’idéologie part d’idées que nous nous faisons et goutte dans la caverne. Elle est descendante. La doctrine tire son effet de solidité de ce qu’elle part du fond de la caverne d’où montent les mythes pour nous aider à la comprendre. Elle est ascendante et transcendante.
    Vous vous définissez comme un « réactionnaire » plutôt que comme un conservateur. Que veut dire ce mot aux contours mal dégrossis ? N’est-on pas désigné comme un réactionnaire par ses adversaires, ainsi qu’il en irait du capital ou du capitalisme qui sont des mots de lutte ? Un terme comme « conservateur » ou « traditionaliste » n’est-il pas plus précis ? Le terme de « réactionnaire » ne relève-t-il pas de la même bouillie intellectuelle que l’expression « politiquement correct » ? Quoi donc ! Il vaudrait mieux ne pas penser droit et penser incorrectement pour le seul plaisir raffiné de n’être pas conformiste ?

  71. @ Julien WEINZAEPFLEN
    « Ma conception du dialogue est de pousser mes interlocuteurs au bout de leur logique pour voir si elle emportera la mienne. Beaucoup sont fatigués de mon goût de l’argumentation et m’accusent de croire que j’ai toujours raison. C’est bien mal me connaître. »
    Aller au bout d’une idée pour voir ce qu’elle vaut, l’idée est excellente, le problème est que vous pouvez être confondu avec des gens voulant, je me cite :
    « Malheureusement la discussion est plus souvent un combat que la recherche de la vérité. Garder sa conviction, c’est garder son territoire, convaincre imposer sa dominance.
    Dans ces conditions, à quoi bon ? »
    Quelqu’un m’a dit qu’est-ce à dire mais j’ai eu la flemme de répondre, ou bien je voulais me concentrer sur un autre sujet ou bien j’ai pensé que ce ne serait pas compris de toutes façons, et à quoi bon ? Je ne sais plus.
    Mais je vais faire un effort pour vous, parce que je pense que n’étant pas dans ce que je dénonce, vous n’allez pas jouer les effarouchés ou me tomber dessus pour compenser.
    « Garder un territoire » les gens « pensent » en meute, religion, philosophie, et même science, il y a des dogmes à garder en groupe, et pour l’individu, des secteurs où se dire spécialiste, de façon plus ou moins subtile. On pourrait en écrire des pages mais quel dégoût ! Et pour que ce soit tolérable, il faudrait le tordre par un rire ou un si c’était autrement, mais je sens que rien ne viendra donc je clos la question.
    De même « convaincre », il faut vaincre les préjugés, connaissances, capacités à la discussion et imposer son point de vue, ou la science, ou la religion, ou s’imposer, enfin, imposer.
    Untel a convaincu, on l’applaudit bien fort, untel. A l’usure ou par KO ? On parle plutôt d’un type face à un autre mais il peut y avoir match de meute à meute, le problème étant quand une meute a plus de force matérielle qu’une autre, ce qui peut fausser le résultat, on s’en doute, par exemple entre gens de religion chrétienne et juive à l’époque médiévale.
    Même quand on essaie de se comporter autrement que dit plus haut, ce n’est pas évident, l’Evolution : j’ai intérêt à déceler les mensonges des autres pour qu’ils ne me volent pas mon gibier ou autre méfait, mais où est l’intérêt que je voie mes propres torts et mensonges intellectuels pour survivre ?
    Je dis donc, je me recite :
    « Il savait que, pour persévérer dans l’amour du bien, il faut souvent se convaincre de nouveau des vérités dont on est convaincu » L’Abbé Barthélemy*
    Il faut se conditionner soi-même pour agir, mais au contraire, pour penser, il faut être ouvert à tout, ce qui semblait vrai hier, terre plate, étant faux aujourd’hui, et pas qu’en science.
    L’esclavage, admis, ne l’est plus, enfin, disons, chez nous, et autres choses semblables.
    Il faut s’appliquer aux deux… Mais il y a une difficulté à coordonner des mouvements contradictoires.
    Mais il y a aussi l’opposition penser pour repousser les embûches des autres, et penser pour penser à la vérité du monde.
    Bien, certains sont dans le mode castagne, d’autres dans le mode chasseur-cueilleur d’un éventuel sens du monde, en tout cas, de sa beauté… Evidemment, si on est castagné, il faut sabrer.
    Il y a une histoire, je ne sais plus les noms et je ne vais pas chercher un bouquin pour recopier, et puis quoi, mais deux forgerons créèrent deux sabres merveilleux, qu’on en juge. On balança la première dans l’eau, qui coupa toutes les feuilles, l’autre ? Les feuilles l’évitèrent, l’une était terrible, l’autre humaine, belles lames.
    Mais inutile de dire que dans la vie, il n’en va pas ainsi, les gens n’évitent jamais d’agresser injustement, donc pour l’humanité qui repousserait l’agression, et l’autre coupait tout mais je ne crois pas en l’invincibilité… Enfin, c’est une histoire que je trouve belle tant d’un point de vue moral que visuel, je pense qu’il serait très difficile de la bien filmer, le ridicule guette, mais l’effet pourrait être fantastique, il faut d’ailleurs dire qu’une telle chose serait, à un autre niveau, fantastique.
    *Cette citation m’a été apportée par quelqu’un d’autre… Ne commettons pas de plagiat, fût-ce par distraction.

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