Le terme "dérapage" est beaucoup utilisé. De moins en moins pour les voitures, de plus en plus pour la pensée.
Dernière avancée toute récente : Robert Ménard, sur France Inter, le 21 mars, a formulé une opinion et pourtant Guerric Poncet que je ne connais pas écrit sur lepoint.fr que Ménard "a peut-être dérapé". L'adverbe est rassurant mais il n'empêche qu'on stoppe juste au bord du précipice. Un peu plus, et nous étions tous obligés d'arrêter de brasser des idées et de soutenir des points de vue.
Il est vrai que Robert Ménard, naïvement, absurdement, s'était permis de parler de la peine de mort, osant déclarer que pour lui, "elle n'est pas un problème" et "qu'être partisan de la peine de mort, ça ne fait pas de vous un monstre". Il aurait dû savoir qu'il y a des sujets qu'on n'a plus le droit de traiter ou alors coeur et sensibilité en avant, toutes voiles humanistes (selon la définition qu'en donnent les gardiens de la décence moderne) déployées. Robert Ménard qui a l'habitude désastreuse, quand on lui demande un avis, de n'écouter que lui-même a aggravé son cas en évoquant Marc Dutroux dont la condamnation à mort ne l'aurait pas affligé ( JDD.fr sous la signature irréprochable d'Anne-Charlotte Dusseaulx).
L'animateur de France Inter est, paraît-il, demeuré "interloqué". Pourtant, Ménard n'avait rien fait qui offense la pudeur ou porte atteinte à la convivialité même radiophonique. Il avait seulement exprimé une opinion mais qui ne fait plus partie de celles que les diktats contemporains jugent conformes à la bienséance. Sur la peine de mort, il convient d'être, dans un soupir ou un hurlement, "contre". On n'aurait pas imputé à Robert Ménard de "déraper" si comme tout le monde il avait proféré ce que les autres exigeaient d'entendre, étaient sûrs qu'il dirait. Il est insupportable, ce Ménard, avec son goût des mauvaises surprises ! L'alternative était pourtant simple : être hostile à la peine de mort ou la désapprouver !
Ce débat avait été suscité par la situation, au Texas, d'un condamné à mort dont l'exécution est programmée pour le 24 mars. Apparemment, un certain nombre d'éléments peuvent laisser craindre une erreur judiciaire au sujet de laquelle Robert Ménard était sur la même ligne inquiète que ses interlocuteurs (Le Figaro, Le Monde). Il soulignait seulement qu'on pouvait à la fois être très attentif aux dysfonctionnements graves de la justice et ne pas refuser l'application de la peine de mort en certaines circonstances.
Il me semble toutefois que là réside le problème qui devrait conduire Robert Ménard à penser plus loin. En effet, pour ma part j'ai toujours considéré que l'argument central contre la peine de mort était, bien plus que la morale ou le leurre de l'utilitarisme social, la certitude qu'une sanction absolue était inconcevable dans le cadre d'une justice qui ne l'était pas. Autrement dit, séparer, comme Robert Ménard souhaite le faire, les vices de la justice de l'adhésion à la peine de mort me semble une démarche qui fait perdre sa cohérence à la dénonciation, précisément parce que la justice est imparfaite. Difficile de prétendre que les possibles, voire probables, dysfonctionnements de la justice américaine ne doivent avoir aucune incidence sur les exécutions au Texas. Il y a du doute dans les décisions judiciaires mais on tuerait tout de même à coup sûr !
On aura compris qu'heureux de l'abolition et assuré que j'aurais toujours refusé de requérir la peine de mort, je n'en suis pas pour autant un malade des interdictions. Je ne veux pas fermer les bouches, encore moins sur les sujets où un désaccord est forcément stimulant. Je ne donne pas des leçons de morale à mes contradicteurs mais je jouis de leur liberté. Il n'y a pas que des assoiffés de sang d'un côté et, de l'autre, des vertueux à célébrer. Ce qui me semble scandaleux n'est pas que Robert Ménard ait dit ce qu'il avait à dire – et que ce soit choquant pour les uns ou réconfortant pour les autres n'a rien à voir dans cette affaire – mais qu'on ose qualifier une opinion de "dérapage" en s'émouvant de propos qui n'ont à être frappés d'aucune illégitimité sauf à interdire tout ce qui est minoritaire (à supposer que Ménard en l'occurrence le soit ?). On n'est pas loin d'un monde qui va vouloir faire taire tous les dissidents : on les poursuit ou on les réprimande. Grâce à la justice ou à une morale qui étouffe plus qu'elle ne libère. Les "mauvais" citoyens sont mis au coin de la société. On va les inscrire à l'école de la pensée convenable au cours primaire !
Au fond, je voudrais que tous nous devenions des Voltaire au petit pied. Pour que nos adversaires aient le droit de parler. Et de tout.
@PB
Oui il a plus que dérapé, il est allé directement dans le mur !
Quand on a la qualité de cet homme-là on ne parle pas de peine de mort, ni de mort d’ailleurs !
Mêmes les truands ne se donnent pas le droit d’en parler. Ils éliminent, font disparaître, liquident, font la peau, butent, à la rigueur exécutent (un contrat), mais ne condamnent jamais à mort ou ne font mourir.
Même une mère ne fait pas mourir son enfant, elle l’ignore !
Seuls les pires criminels pervers asociaux font mourir, donnent la mort à leurs victimes.
Alors parler de la peine de mort relève de la plus grossière cruauté mentale.
Entre gens bien élevés on dit « il/elle est parti(e) », « il/elle nous a quittés », d’un enfant on dira « il est allé au ciel », d’un artiste on dira « il nous regarde de là-haut ».
Mais jamais au grand jamais on ne parle de la mort. Nous sommes immortels !
Donc la peine de mort n’existe pas.
Sauf à petit feu dans une indescriptible barbarie silencieuse !
Condamner une personne à la mort lente, enfermée, abandonnée, rejetée, spoliée de ses droits vitaux fondamentaux est plus civilisé.
On ne le condamne pas à mort, on l’élimine de la société !
C’est mieux de le dire comme ça, ça fait plus propre, plus humain !
Mais ça fait aussi langage de truand !
Cordialement
Pierre-Antoine
Bonjour, il y en a un autre en ce moment même qui se fait sucrer son permis de conduire par son employeur, pour cause de sortie de route après un dérapage. Cela ne présage rien de bon. On ne peut verrouiller la pensée, il faut débattre, confronter les opinions.
La peine de mort n’a pas été abolie pour les victimes et c’est bien ce qui donne à réfléchir. Les victimes n’ont pas subi une peine mais un accident, une erreur, quelquefois un acte délibéré. Le meurtrier est amendable, la victime n’aura pas de seconde chance ; dommage !
Zemmour hier, Ménard aujourd’hui.
La censure est de retour ! Aïe !
« Deraper »… s’il est question de Louisette, cela pourrait s’averer tranchant.
Cher Philippe Bilger,
Il me semble entrevoir une note d’humour dans votre conclusion, humour porté par l’espoir que nous ne soyons effectivement en de tels temps.
Je crains néanmoins, à l’aune de procès d’intention récents (Zemmour), que l’espoir ne soit effectivement nécessaire, comme il l’était aux prisonniers politiques et aux populations accablées par les régimes totalitaires du siècle dernier.
En effet, vous citez dans votre analyse très claire deux notions auxquelles vous ne donnez cependant pas tout leur poids: le fait minoritaire et la dissidence.
Ainsi, vous relevez que l’opinion inexprimable de Robert Ménard serait minoritaire… puisqu’inexprimable. On lit bien votre doute, et il est normal. Nous le partageons. D’une part, il est devenu acquis que l’opinion majoritaire est celle dont se font l’écho les médias, seuls habilités à nous dire ce qu’il est convenable (ou concevable) de penser. Le reste n’existe pas, puisqu’il est littéralement excommunié.
D’autre part, on se demande bien depuis quand l’appartenance au fait minoritaire priverait d’une quelconque parole, lors même que nous introduisons jour après jour des dispositions particulières (au sens de l’égalité constitutionnelle) au bénéfice précisément de minorités.
Vous évoquez ensuite la dissidence, ce qui en soi paraît logique en référence au fait majoritaire compris comme un absolu, et malgré le respect que j’ai de votre pensée, il me semble que vous faites une erreur fondamentale. Il ne peut y avoir de dissidence. Elle supposerait un statut, et partant une reconnaissance auxquels s’opposent avec la dernière énergie les tenants de cette nouvelle doxa. L’union soviétique stalinienne exilait les prisonniers politiques (quand elle ne les supprimait pas tout simplement) dans un non lieu. Elle a d’ailleurs mis très longtemps à en reconnaître l’existence même.
Si on reprend l’affaire Zemmour, je constate qu’un certain nombre de commentateurs avaient tenté dernièrement de le préserver (malgré eux?) en expliquant qu’il n’était que le bouffon attitré, et donc toléré, complice pour tout dire de ce qu’il dénonçait. Un rouage exutoire du système en quelque sorte. On s’aperçoit qu’il n’en était rien. De nombreuses voix s’élèvent également contre l’impossibilité qui est faite de ne plus pouvoir caractériser certains faits, les rendant par conséquent indiscutables.
Pour revenir au propos de votre billet, le choix du mot dérapage n’est pas anodin. Déraper ramène à la route, et l’obligation de bien (se) conduire. Il est réservé à celui qui s’éloigne dangereusement de l’espace balisé au sein duquel il peut se mouvoir. Le dérapeur ne sort pas encore de la route, mais le rappel à l’ordre est évident. Celui qui dérape est rattrapable, celui qui sort de la route se met de lui-même hors du monde autorisé: il doit être puni en conséquence et immédiatement. Il n’y a pas de moyen terme. Reconnaître le statut de dissident reviendrait à reconnaître l’existence d’un ailleurs possible, d’un autre monde possible où des individus de chair et de sang pourraient vivre. De quoi donner des envies de voyage à certains. Non. Intolérable car trop dangereux.
Avez-vous remarqué d’ailleurs, hors mon propos qui s’en inspire, à quel point la lexicologie de cet enfermement du politiquement correct évolue rapidement et s’apparente de plus en plus au vocable religieux dans ses heures les plus sombres? Ses moyens également?
« En effet, pour ma part j’ai toujours considéré que l’argument central contre la peine de mort était, bien plus que la morale ou le leurre de l’utilitarisme social, la certitude qu’une sanction absolue était inconcevable dans le cadre d’une justice qui ne l’était pas »
Moi, je suis contre la peine de mort, parce qu’à l’idée de me retrouver devant un être même ayant commis un grave crime, mais qui devant la mort redeviendrait humain avec la peur au ventre et un sentiment immense d’abandon, je me trouverais criminelle !
Et cela même si je pense qu’il y a des individus irrécupérables. Et il y en aura toujours dans nos sociétés imparfaites et incapables de rééduquer…
Cher Philippe Bilger, ce jour sera décidément à marquer de deux pierres: une noire et une blanche.
La noire: voilà qu’après les excuses incongrues publiquement exprimées par M. Hees auprès de M. Besson pour une chronique (qui ne sortait pas des limites, de mon point de vue, du genre de la caricature) de Stéphane Guillon, c’est Monsieur Mougeotte qui convoquerait Eric Zemmour en entretien préalable au licenciement pour son opinion sur l’origine des trafiquants exprimée au cours de l’émission « Salut les terriens ».
La blanche: votre billet de ce jour.
Je crains que Jean-Luc Hees, aussi bien qu’Etienne Mougeotte, ne se précipitent aux pieds de notre grand ordonnateur pour lui faire allégeance, avant même que la ligne de ses sourcils royaux n’ait eu le temps de manifester le moindre frémissement.
En est-on à ce point de révérence que plus aucune opinion divergente ne doive faire monter aux fronts des chefs de presse si prestement le rouge de la honte?
Je me sens plus proche que jamais de François Marie Arouet, et j’ai le sentiment d’y ressentir aussi votre présence, qui me réconforte.
…répartie sans fond d’hier
fait jaser en chaumière
Le problème ce n’est pas Ménard, c’est France Inter.
France Inter est une radio de gauche.
Prise en mains par l’entourage de Mitterrand dès le 10 mai 1981, elle n’a cessé depuis de véhiculer une « doxa » de gauche.
Le « répondeur » de Daniel Mermet à 15h étant la sacristie de France Inter.
Ajoutez à cela que Carla Bruni a nommé Philippe Val à sa tête et que cela n’a soulevé aucun problème interne…
Eut-il été nommé à RTL ou RMC cela aurait provoqué un drame… pas à France Inter…
Ménard parle trop et n’a pas le calibre qui convient.
Une retraite à Paray Le Monial lui ferait le plus grand bien.
Il survit en créant du « buzz ». Il est mal tombé.
@ Christian C
Caricaturer c’est, par l’exagération de certains traits choisis, donner d’une personne une représentation satirique.
C’est aussi représenter délibérément une réalité déformée, dans une intention satirique ou polémique.
Conséquence de ce qui précède, pour qu’il y ait caricature il faut un fond de réalité (oserai-je dire « de vérité » ?).
Si M. Besson ne possède pas les traits de personnalité que Stéphane Guillon « s’amuse » à dépeindre, ce n’est pas de la caricature, mais de la diffamation !
Ces saltimbanques du verbes se permettent tout. Même de condamner à mort n’importe quelle personne publique du moment que c’est sous le timbre de l’humour.
Mais ne vous amusez pas à critiquer un seul de leur mot d’esprit (!), vous seriez vite accusé de liberticide.
Et pour un liberticide la seule condamnation possible c’est le silence éternel. Et chacun sait que c’est une peine incompressible !
Cordialement
Pierre-Antoine
Qu’est-ce que c’est étonnant que ce billet, mon cher PB, alors qu’à l’instant je reviens du tribunal correctionnel de Reims où j’ai comparu pour répondre d’une accusation de, je cite la décision de renvoi mot pour mot : «Avoir durant son travail, sans violence ni surprise ni chantage (sans rien donc), commis des atteintes à caractère sexuel en caressant la main et l’avant-bras et proférant des obscénités à l’encontre de mademoiselle L…, mineure de 17 ans au moment des faits et en abusant de sa fonction d’autorité que lui conférait son statut d’infirmier encadrant une stagiaire» … J’ai passé toute l’après-midi à attendre que toutes les affaires précédant la mienne soient traitées… J’ai cru que ma tête allait exploser tellement j’avais mal au crâne de cette ambiance et cette climatisation mal réglée de ce Palais ; je viens de prendre 1 gramme de Doliprane plus un café qui ressemble à du goudron… Ca ira mieux dans cinq minutes ; radical, ça… Ces faits que je conteste absolument remontent à cinq ans ; j’avais alors été viré pour cela, pour rien, de mon poste que j’adorais. Cependant, quand bien même j’aurais commis ceux-là, renvoie-t-on en correctionnelle pour «avoir touché sans violence, sans surprise, etc., la main et l’avant-bras d’une jeune fille de 17 ans» ? Même en lui proférant des cochoncetés ? Je suis sidéré de ces choses judiciaires et renonce désormais à les comprendre ; elles dépassent l’entendement. L’avocate générale a demandé une expertise psychiatrique à mon encontre ; l’affaire a été renvoyée le temps que la Psychiatrie m’examine… Cependant, avant que l’on se retire, mon excellent avocat Maître Pascal Ammoura du Barreau de Reims et moi, l’avocat de la partie adverse sort soudain de ses papiers quelques feuillets et les remet à la Présidente. Qu’est-ce ? me demande-je ainsi que mon conseil. Je vois l’avocate général sourire pendant que la Présidente fourre le tout dans son dossier sans même y jeter un oeil ; l’affaire étant renvoyée ! Il s’agissait de plusieurs de mes commentaires d’ici-même, cher PB, que cet avocat a trouvé bon d’extraire de la suite de vos billets pour démontrer au tribunal la preuve, par l’écrit et ces commentaires, que je suis absolument un pervers sexuel. Forcément… Ah je me souviens quand vous me dites: «Aïssa, soyez moins cru, vos propos y gagneraient …» … Comme j’aurais dû vous écouter, mon cher et ne jamais nommer ces choses par leur nom ni faire aucune littérature de la sorte en votre espace et votre lieu… A cause de ma liberté d’expression, le «mauvais» citoyen que je suis est mis par cet avocat et face ce tribunal au ban tout court de la perversité absolue. Votre blog est un repère de pornographes ; Aïssa s’y exprime ; il est coupable, voyez les preuves ; cliquez Philippe Bilger, vous le trouverez aisément… Il y écrit des choses sur les femmes, oh atroces si vous saviez, vous lirez, madame la Présidente, vous lirez et vous serez convaincue qu’il a, oui, touché la main et l’avant-bras de cette jeune fille, dit des choses, les mêmes que j’ai trouvées, que l’on trouve et lit sur le blog de votre collègue du Parquet de Paris, madame l’avocate générale, les mêmes ! Vous le condamnerez, ce petit Voltaire au petit pied ! Vous le poursuivez ; voici l’élément capital, l’élément à charge, la pensée inconvenable, la preuve de sa culpabilité d’être le mal que ma cliente a décrit !… Que nous devenions tous Voltaire, cher PB, même petits ? Malheureux, n’y songez plus ! Moi, c’est promis, je rentre dans le rang… En espérant que d’ici juin, aucun avocat adverse ne retrouvera plus mes vieux commentaires pour m’accabler face le tribunal…
Je ne me fais pas de souci ; j’ai ma conscience pour moi et largement (dans le dossier !) de quoi établir mon innocence et l’aberration du comportement de mon accusatrice. Mon avocat me dit : bon, c’est ainsi ! tu vas me sortir tout ce que t’as écrit sur le blog de Bilger. J’ai répondu : c’est pas possible, il y en a des centaines, des milliers de mes commentaires en perversion, inconvenants… Me demande pas ça, s’il te plaît, j’ai plus d’imprimante ni de papier… On s’est séparé là-dessus en s’embrassant…
Aïssa.
Savonarole,
Vous exagérez, France Inter est plus une radio « bobo libérale » qu’une radio de gauche. Daniel Mermet, patron tyrannique avec ses salariés (« impitoyable avec les salariés médiocres selon ses propres dires…) est une exception dans la maison. Et sachez qu’il est l’ennemi juré de Philippe Val, mais tout le monde le sait, alors difficile pour le boss de le virer tout de suite, ça serait trop gros, mais ça viendra !…
Monsieur Bilger énonce très justement qu’une peine irrémédiable ne peut pas être la conclusion d’une décision de justice elle-même sujette à caution. Dans l’absolu, elles le sont toutes, je pense qu’il peut m’approuver là-dessus.
La vraie peine majeure, c’est la perpétuité. Toujours récusable en cas d’événements nouveaux, mais éventuellement appliquée jusqu’au bout si l’enfermé reste effectivement dangereux.
L’élargissement pour raisons médicales est malheureusement, semble-t-il, sujet à caution quand on compare le cas Papon et celui d’Action Directe. Dans les deux cas, il n’y a pas de remords, c’est une décision politique alors qu’elle n’eût pas lieu de l’être. Il s’agit là non d’une décision de justice, mais d’un passe-droit médical biaisé, sans doute à haut niveau.
Restons vigilants, la Justice doit rester impartiale et attentive dans toutes ses décisions. Jusqu’à présent, les faux pas volontaires restent peu nombreux. Souhaitons que cela continue.
Parler de dérapage pour soutenir la peine de mort me semble aussi disproportionné que parler de censure pour le mot « dérapage ».
D’accord il y a de nombreux problèmes de censures d’autant plus inquiétantes qu’elles ne sont pas étatiques :
-quelle mouche a piqué le Figaro pour qu’il se passe d’une valeur ajoutée ?
-pourquoi Fayard (dont le patron possède une poignée d’autres grandes maisons d’éditions) déprogramme-t-il des œuvres critiquant BHL ?
Cependant, le commentaire d’un journal sur les propos de Ménard et le reproche de Besson à Guillon (qui ne s’est excusé que dans l’ironie d’ailleurs) ne sont alarmants que par leur médiocrité.
Robert Ménard n’a pas dit qu’il était en théorie, dans l’absolu, pour le principe, en faveur de la peine de mort, il a dit qu’il ne verrait pas d’inconvénient à ce que tel ou tel criminel avéré particulièrement odieux soit exécuté.
J’ai la position exactement inverse : je pense que, par principe, au sommet de l’échelle des peines, on aurait dû laisser la peine capitale, car certains crimes suprêmes doivent faire encourir à leurs auteurs la peine suprême, mais je pense aussi que nul jamais ne mérite d’être mis à mort de sang-froid.
@ Savonarole,
« Le problème ce n’est pas Ménard, c’est France Inter», écrivez-vous.
France Inter, « radio de gauche », donne la parole à Robert Ménard, et donc vous estimez que c’est mal.
Auriez-vous la bonté de dresser pour nous la liste des interlocuteurs admissibles – selon vos critères – sur les antennes de nos radios nationales, nous évitant ainsi des débats stériles autant que des controverses inutiles ?
« France Inter, « radio de gauche », donne la parole à Robert Ménard, et donc vous estimez que c’est mal ».
Rédigé par: Christian C | 23 mars 2010 à 22:15″
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Vous avez compris l’inverse de ce que vous ne voulez pas comprendre. Persévérez, vous finirez par trouver.
» ..Et si vous m’avez compris c’est que j’ai dû mal m’exprimer » (Edgar Faure)
@Pierre-Antoine,
j’espère avoir bien compris votre lourde démonstration: vous êtes partisan de l’interdiction de toute forme de caricature?
Cette formulation est plus sommaire, mais elle a le mérite de la clarté.
Sans revenir sur le fond des déclarations d’Éric Zemmour (ce « parce que » très contestable), je remarque que Laurent Ruquier y fait allusion avec humour dans son émission suivante, alors qu’Etienne Mougeotte organise déjà un entretien pour virer le « coupable », sans autre forme de procès.
Cela illustre bien, même si la réaction vient ici surtout de la gauche, que la censure effective, en France, vient aujourd’hui de la droite.
Une certaine religion de l’ordre, probablement, la même qui a mis au pouvoir le président des prunes automatiques en espérant qu’il réglerait tous les problèmes de la nation.
Robert Ménard aurait raison de se méfier au moins autant des anciens fans de Michel Sardou.
Je ne m’en fais pas trop. Si les médias traditionnels deviennent trop lisses, les gens se reporteront sur le net.
Bonjour Philippe Bilger
Les dérapages sont devenus monnaie courante depuis quelque temps. Nous l’avons observé au cours de la campagne des régionales par quelques candidats. Certains ministres nous ont également montré qu’ils aimaient, le cas échéant, jouer les Sébastien Loeb, en pratiquant eux aussi des dérapages mais avec beaucoup moins de talent que notre champion du monde.
Et puis il y a a les autres, Stéphane Guillon bien sûr le trublion incontrôlable qui tire sur tout ce qui passe à sa portée, à droite, à gauche ou ailleurs.
Eric Zemmour le « trublion officiel » selon votre propre appellation monsieur Bilger.
Et bien sûr quelques habitués du dérapage de circonstance comme Robert Ménard et quelques autres.
Je ne vous cache pas que le fait de pouvoir aborder les sujets tabous comme l’origine ethnique des délinquants, la tête plus ou moins catholique de certaines personnalités politiques, voire même la peine de mort, sans doute le plus tabou des sujets, ne me dérange pas.
Encore faut-il que ces thèmes soient abordés avec sagacité et pédagogie et non pas être utilisés à des fins politiciennes comme le fut notamment le débat sur l’identité nationale ou le port de la burqa.
Le débat d’idées est fondamental dans une société démocratique. Rien de pire que de s’enfermer dans le « politiquement correct » lénifiant et parfaitement stérile.
Mais l’expérience montre que trop souvent les sujets sensibles sont « occupés » par les défenseurs d’idéologies totalitaires qui une fois au pouvoir se garderaient bien de lasser la place à la liberté d’expression. Alors attention aux dérapages qui nous envoient droit dans le mur.
Bonjour,
Nous prenons connaissance de votre blog avec un certain plaisir : tant de vérités y sont rappelées !
Nous le signalons dans notre réseau et reprendrons sans doute quelques-uns de vos posts.
Cordialement
Sinon, cher PB, félicitations pour ce plaidoyer contre la peine de mort.
Ce n’est pas le même que celui de Badinter, qui avait pris un cas extrême où la culpabilité ne faisait pas de doute.
La sentence de mort est inhumaine parce que l’erreur est humaine, tout simplement.
Seul un Zénon d’Élée du droit pourra contester cet argument puissant.
Pourtant, la justice passe…
« Au fond, je voudrais que tous nous devenions des Voltaire au petit pied. »
Malheureux, voudriez-vous que la Halde soit saisie pour faire retirer les écrits de Voltaire ?
C’est devenue une manie de nos médias (en général). Crier au scandale tout en le provoquant, insinuer le dérapage en espérant bien qu’il va se produire.
J’ai l’impression que 90% de nos journalistes ne le sont plus. Ils ne savent pas écrire des dossiers de fond, pas tenir une interview sérieuse. L’idée, c’est de poser le plus de questions possible en trois minutes pour « bousculer » l’invité.
Le résultat est á 90% déplorable.
Nous restent quand même 10% de vrais pros, à nous d’aller les chercher et de faire la sourde oreille aux autres.
Achille @ Marie24 mars 2010 à 08:51
« Au fond, je voudrais que tous nous devenions des Voltaire au petit pied. »
Malheureux, voudriez-vous que la Halde soit saisie pour faire retirer les écrits de Voltaire ? »
Je pense que si la Halde avait existé à l’époque de Voltaire, celui-ci aurait eu de gros problèmes avec son ouvrage sur Mahomet.
Il avait peut-être des petits pieds mais il n’hésitait pas à les mettre dans le plat.
Philippe, peut-être certains, surpris par ces déclarations (plus celle sur les homosexuels qui disait à peu près « je n’aimerais pas que mon fils soit gay ») de la part de quelqu’un qui fut président de RSF, se disent, légitimement ou non, qu’il y a eu tromperie sur la marchandise. Et j’avoue moi-même avoir été dérangée tant ces idées semblent à des années-lumière des combats de RSF.
ps : la peine de mort pour certains criminels « particulièrement odieux » (comme si au passage il y avait des meurtriers et des assassins sympathiques) c’est me semble-t-il ce que demandent tous les partisans de cette peine. Me trompè-je ?
Circonstances aggravantes, vos billets régulièrement publiés chez ? ( quel peut bien être le surnom de P.B à la Chancellerie où je doute fort que sa prose fasse l’unanimité), bref disons chez Philippe, ça fait penser à chez Laurette une jolie chanson, « C’était bien chez Laurette, on y retournera »…
Au nom d’un pouvoir que je n’ai pas, le seul qui compte, pour vos écrits, que j’apprécie plus que tous autres, je vous assure de mon fraternel soutien, de mon profond respect.
La peine de mort, chaque année, plus de 100 condamnés coupables ou innocents de crimes certes graves parfois, non irréversibles souvent, de délits plus que souvent et encore plus que souvent de délits de peccadilles, se l’infligent dans les prisons françaises … Sur le fond, c’est ainsi qu’il faut examiner ces choses, pas autrement. Sur la forme, il est évident que désormais ce n’est plus l’Etat qui inflige formellement, légalement, la mort aux condamnés, mais cela n’en remet pas moins en cause que plus de 100 d’entre eux chaque année se condamnent à mort dans nos cellules de prison. La peine de mort n’est pas la peine la plus lourde; croire le contraire est se tromper profondément. Que j’enferme à vie dans une prison, certains depuis leur vingt ou trente ans jusque … jusque leur tombeau et d’aucuns constateront combien plus grande est la souffrance que celle de leur tête qui tomberait tranchée en une fraction de seconde. Le détenu qui aujourd’hui se tranche les deux carotides dans sa cellule, soyez sûrs que de l’ancienne guillotine, il n’en aurait eu cure; même, elle lui aurait simplifié techniquement la chose … De même celui ou celle qui se pend ou qui s’étouffe la tête dans plusieurs sacs de plastique … Ou qui s’immole en incendiant sa cellule … C’est de cet angle qu’il faut analyser et chercher à comprendre le sens, les conditions et les buts de la peine. Débattre d’une guillotine ou de tout autre mode légal d’exécution est débattre sans cesse à côté du sujet … C’est du bidon, cette peine de mort et pour preuve, depuis son abolition et jusqu’aujourd’hui, si on retient le chiffre minimal de 100 par an, on en trouve 3000 qui se sont exécutés après leur condamnation. La position de Ménard, je la comprends en vérité même s’il la présente comme certains l’ont compris et le lui ont reprochée. Il vaut mieux guillotiner le pire plutôt que de le laisser au pire pourrissement une vie durant dans une prison. Car alors, malgré les apparences, on est ainsi plus humain, la sentence est moins cruelle …
Quant à la liberté d’expression évoquée en regard de ce sujet, c’est une manière totalitaire d’aseptiser les pensées de chacun … Comme on aseptise chaque jour les comportements. Je comprends désormais mieux ce que définit cette qualification de réactionnaire qui est celle de PB et d’autres ainsi. C’est une réaction à un état social et politique liberticide actuel. En ce sens, je suis aussi réactionnaire. On a raison de se révolter! Reconnaissant cependant qu’il est fort probable que moi-même ainsi que chacun de ces réactionnaires justes et légitimes ayons notre part ignorée de nous à ce lent mais implacable assassinat des libertés publiques et individuelles. Quelle est cette part? Je m’exprime ainsi que d’autres librement en ce blog et sur tous les sujets de société; un avocat m’accable de cette liberté face un tribunal (Cf mon précédent commentaire) … Pourtant, nous sommes tous deux dans un Etat de Droit … et de Liberté. Qui a raison? Lui ou moi? Ménard ou les autres? Zemmour ou les autres? Guillon ou les autres? A la Justice désormais de trancher … comme faisait la guillotine!
Aïssa.
@Christian C
Non rassurez-vous, je ne suis pas pour l’interdiction de toute caricature, je suis contre l’exercice qui consiste à diffamer sous couvert de caricature.
Quelques exemples de ma conception de la caricature :
Caricaturer Mahomet en forçant le trait je suis pour, le dépeindre comme un terroriste je suis contre.
Caricaturer le pape en forçant le trait je suis pour, le dépeindre comme un jeune hitlérien je suis contre.
Caricaturer Besson en forçant le trait je suis pour, le dépeindre comme un sous-marin je suis contre, d’autant plus que les charters sont des avions.
Caricaturer notre cher(très cher) président en forçant le trait je suis pour, le dépeindre comme ayant peu de hauteur de vue je suis contre, d’autant plus qu’il est toujours en haut des marches du perron.
Ces précisions vous conviennent-elles ?
Cordialement
Pierre-Antoine
Subissant une défaillance d’internet, mes commentaires ne veulent pas s’envoler vers leurs destinations depuis deux jours.
Je réessaye ce matin et lie les deux dernières notes de Philippe dans un seul propos.
En ce qui concerne Robert Ménard, vous pouvez écouter très exactement ce qu’il a dit sur le site de France-Inter. L’émission dure 45mn. J’en ai extrait ses paroles, soit 3mn30 : (http://patrickpike.blogs.sudouest.com/archive/2010/03/22/pp-robert-mesnard-et-la-peine-de-mort.html) où il dit clairement qu’il n’est pas opposé à la peine de mort pour certains cas. Ce n’est pas un problème pour lui.
Pour moi, si. On ne tue pas, de la même manière qu’un criminel, un homme, fût-il le pire d’entre nous, avec, pour circonstances aggravantes, la froideur de l’esprit.
Quant au cas Viguier, deux jours avant le verdict, je concluais une de mes notes ainsi : « Suzanne Viguier a disparu. Si elle ne s’est pas volatilisée volontairement pour une destination qui l’éloignait d’une vie qu’elle ne supportait plus, sa disparition reste une énigme. C’est donc que quelqu’un l’aura tuée puis aura pris le temps nécessaire —forcément long, préparé, prémédité— pour soustraire sa dépouille à toute possibilité de recherche.
Est-ce que Jacques Viguier en avait matériellement la possibilité? Je ne le pense pas. »
Il fut acquitté et le parquet ne se pourvoit pas en cassation, il est donc désormais vain de revenir sur les éléments qui m’amenaient à cette conclusion.
Mais il restera de ce gâchis le sentiment, que je connais trop, d’un abandon pur et simple de la mémoire de cette femme, être unique s’estompant inéluctablement. Il lui restait de longues années à aimer, à chanter, à rire mais aussi à pleurer, à vivre en un mot et la société n’aura pas tout fait pour lui rendre justice.
La police, seule, porte cette lourde responsabilité qui voulut faire coller à son unique thèse de départ des faits qui n’étaient que d’une banalité crasse, sans se préoccuper avec circonspection d’autres pistes, subtile comme un chasse-neige ne bifurquant jamais. Il devenait évident, dans de telles conditions, qu’elle allait droit dans l’impasse.
Si cela pouvait servir d’exemple à tous ceux en charge d’enquêter, de le faire avec conscience et sans a priori, alors tout n’aurait pas été vain. Mais j’en doute.
Bonjour M. Bilger,
La peine de mort n’étant pas le sujet, je garderai pour moi mon avis sur la question.
Le coeur du billet est une fois encore la liberté d’expression.
Robert Ménard n’a pas dérapé, il a parfaitement le droit de défendre la peine de mort, ce n’est d’ailleurs pas ce qu’il a fait, me semble-t-il et je ne vois vraiment rien dans ses propos qui puisse donner matière à polémique.
Comme pour Eric Zemmour ou pour Stéphane Guillon, que vous n’avez pas défendu du reste (sans doute par manque de sympathie pour le personnage), mieux vaut ne pas s’écarter du politiquement correct, de la langue de bois, de la pensée aseptisée.
Je ne suis pas partisan d’une liberté d’expression totale pour autant, comme c’est le cas aux Etats-Unis. Un citoyen américain a parfaitement le droit de tenir publiquement des propos racistes ou xénophobes, de revendiquer son adhésion aux idées du nazisme, de proclamer son appartenance au KKK ou beaucoup plus difficilement de se déclarer communiste.
En France, comme dans la plupart des pays d’Europe, la loi fixe des limites à la liberté d’expression, il s’agit en particulier de la diffamation, de l’atteinte à la vie privée ou encore de propos discriminants à l’encontre de personnes pour leur appartenance réelle ou supposée à une ethnie, une nation, une race ou une religion (article R 624-4 du code pénal), on peut encore y ajouter l’orientation sexuelle ou le handicap.
En dehors de ce qui est prohibé par la loi, chacun est libre de ses opinions et de l’expression publique de celle-ci, un bémol toutefois pour les fonctionnaires soumis à l’obligation de réserve et au principe de neutralité du service public.
Je défends donc pleinement Robert Ménard, Eric Zemmour ou Stéphane Guillon, ce qui ne veut pas dire pour autant que je suis en accord avec leurs propos respectifs.
@Achille
« Encore faut-il que ces thèmes soient abordés avec sagacité et pédagogie et non pas être utilisés à des fins politiciennes (…) »
Certes cher ami, certes, mais encore faut-il qu’en bon pédagogue je laisse l’ignorant s’exprimer. Car tout bon pédagogue part du peu de connaissance qu’exprime l’ignorant pour le conduire dans la connaissance.
Comme puis-je en bon pédagogue conduire dans les arcanes de la connaissance sans d’abord savoir dans quel méandre de l’ignorance se trouve celui que je veux accompagner.
Cheminer ensemble impose que je rejoigne celui avec qui je veux faire un bout de chemin.
Ainsi en est-il de la peine de mort ou de la burqa, comme de la violence physique ou du lynchage verbal.
Ce serait faire preuve de la sagacité que vous associez si justement à la pédagogie.
Cordialement
Pierre-Antoine
Monsieur Ménard (mais ai-je tout lu ?) n’a ni dit oui je suis pour la peine de mort, ni non je suis contre. Je ne sais comment s’appelle en rhétorique le « ce n’est pas un problème ! » qu’il aurait employé. Justement si : c’est tout le problème Monsieur Ménard que vous ne sachiez pas vraiment de quel côté vous vous situez, ou pire, que vous ne vouliez pas faire connaître votre point de vue : un condamné à mort, une fois innocenté, est mort définitivement. Je n’oublie jamais les victimes, bien entendu.
Bonjour,
Idée pour aider les finances publiques : taxer l’usage permanent des mots « polémique » et « dérapage » dans la presse.
Cela confine désormais au tic de langage.
Une peine de mort doit être une sentence exécutée publiquement ou alors ne pas être. Supprimer la vie d’un homme « en cachette » est une mesure extrême qui ne sert à rien.
Achille @ Vincent Dragusseau | 24 mars 2010 à 15:04
On peut savoir comment vous avez fait pour mettre votre photo dans le médaillon ?
@Savonarole,
vous êtes la réincarnation de Sainte Marguerite-Marie, et je ne vous avais pas reconnu.
Je suis impardonnable…
Robert Ménard n’a pas dérapé M. Bilger, il s’est juste mis au service des monarchies rétrogrades du Golfe Persique que notre président qualifie de modérée, ces bédouins enturbannés qui pratiquent la peine de mort par décapitation, crucifixion…
M. Ménard approuve la peine de mort, parce que ceux qui le paient la pratiquent.
Cher Philippe,
Je m’aperçois que chaque fois qu’un de vos textes me séduit du début à la fin sur le fond et sur la forme, le même mot me vient : régal. Il faudra que je me renouvelle…
En essayant de me limiter, je voudrais réagir dans trois voies :
1- que ce mot « dérapage » paraît léger alors qu’il n’est que l’expression policée d’une attitude (j’allais dire inacceptable mais notre Nicolas galvaude tellement ce terme…) inquiétante. Depuis que nos élites intellectuelles (donc de gauche) ont soutenu avec fierté Staline, Khrouchtchev puis Mao, et ont puisé dans leurs fortes pensées l’essentiel de leur bagage, ils n’ont guère réussi que pendant quelques années (les années Desproges ?) à occulter un peu leur profond penchant pour la police des idées, et les camps de rééducation pour déviants. Ils ont même fait voter des lois (Gayssot, Taubira…) et recourent plus largement à la justice lorsqu’un mal-pensant trahit la Pravda. Les officines de vigilance et de dénonciation pullulent. Ce climat étouffant qui se raidit depuis une vingtaine d’années est affligeant.
Comme beaucoup d’autres euphémismes, le mot dérapage me fait trembler.
2-Bien entendu Radio France est une radio de gauche (sauf France Musique peut-être ?). Depuis l’éjection de Jean-Marc Sylvestre, sorte de huron solitaire, quelqu’un peut-il citer un seul journaliste ou commentateur de droite sur France Inter ? Je doute que si on demande simplement à Mermet, Clark, Demorand, Weill, Levaï etc… où penche leur cœur, ils revendiqueront sans peine un sentiment de gauche, ce qui est à leur honneur. Mais pourquoi ce mono chromatisme ? Où est le pluralisme ? et qu’a cherché notre cher Nicolas en installant les dirigeants de Radio France ?
3- puisqu’on parle de peine de mort et la semaine passée de perpétuité-qui-n’en-a-que-le-nom, quelqu’un parmi les éminents juristes qui fréquentent ce blog peut-il m’aider ? Je me souviens très clairement des modalités, des circonstances et du scénario parfaitement démocratique qui a conduit à l’abolition de la peine de mort en France.
Comment est-on passé d’une perpétuité au sens propre à une perpétuité qui cache un long emprisonnement limité dans le temps ? Quand a eu lieu le débat à l’Assemblée sur ce thème ? Quelle loi l’installe ? Est-ce une vraie décision consciente de la représentation nationale ou une dérive conduite en douce par différents lobbies ? Merci par avance.
M. Bilger
A mon grand regret vous faites la une de libération.fr et de moult commentaires acerbes, sous le titre » Pour l’avocat général Bilger, effectivement, beaucoup de trafiquants sont noirs et arabes « . Vous voici placé entre le marteau et l’enclume, l’orthodoxie humaniste et la révulsante ligue raciste. Ce déchaînement naissant vous donne raison quant à la logique de votre billet. Je crains que la curée se déchaîne à votre encontre.
Fidèle lecteur de vos billets, de votre écriture si soignée, de votre amour passionné de notre langue, je vous témoigne de ma plus haute considération, bien que je sois à votre égard un rude ou piètre contradicteur, et partageant parcimonieusement vos idées. Je vous remercie de votre espace de liberté de ton, et prends plaisir à vous lire, ainsi que les commentaires annexes.
Ceci n’est pas une oraison funèbre, mais un net encouragement à perdurer.
Pour partager ce fardeau face à la vindicte j’ose décliner mon identité, un de vos anciens facteurs, militant syndicaliste SUD, passionné de littérature.
Amicalement et respectueusement.
Frédéric Delouche.
Post scriptum: encore merci de corriger mes nombreuses fôtes d’ortografes ( euh, fautes d’ortographes ).
Achille @ Marie24 mars 2010 à 08:51
Je pense que si la Halde avait existé à l’époque de Voltaire, celui-ci aurait eu de gros problèmes avec son ouvrage sur Mahomet.
Il avait peut-être des petits pieds mais il n’hésitait pas à les mettre dans le plat.
Achille @ Frédéric | 24 mars 2010 à 19:01
A noter qu’il y a une nuance sémantique de taille entre le terme « la plupart » utilisé par Eric Zemmour et le terme « beaucoup » utilisé par Philippe Bilger.
« Beaucoup de trafiquants sont noirs et arabes » peut passer sans problème.
« La plupart des trafiquants sont noirs et arabes » ça passe beaucoup moins bien.
Bonsoir M. Bilger,
Entièrement d’accord avec votre analyse. Il devient de plus en plus difficile de s’exprimer librement sur les antennes du fameux « service public », qui pourtant paie (aux frais du contribuable), des bouffons grossiers (Didier porte, Stéphane Guillon) ou des propagandistes révolutionnaires (Mermet).
Un petit message, simplement pour vous remercier d’utiliser l’un des droits les plus précieux de l’Homme… et du Citoyen !
Cela devrait être naturel…Et pourtant ce ne l’est pas. Sachez, pour ce qui me concerne, et la totalité de mon entourage, que la liberté d’expression ne saurait faire l’objet d’une censure pour « absence de bien-pensance ».
J’espère que vous continuerez à bloguer comme vous le faites. Vous lire est toujours un réconfort pour moi, et je pense – et tout un chacun peut penser le contraire – que beaucoup de Français partagent vos vues en la matière !
Espérons que la QPC changera un peu les choses… Notamment après l’inconstitutionnalité avérée de lois « bien-pensantes » !
A ce propos, pourriez-vous expliquer concrètement comment faire pour « saisir » le CC. J’ai énormément de questions à ce sujet !
A moins bien sûr, que vous ne projetiez d’écrire sur le sujet ? Perso, si un livre sort prochainement, je suis preneur !
J’ai adoré « Et si on jugeait les juges ? » et « L’honneur de la justice » !
Ce que j’aimerais bien aussi – mais je ne sais pas si vous auriez le temps – c’est un ouvrage à deux pour résoudre les problèmes d’insécurité. On trouve très souvent des livres écrits par des juges, des avocats, et même un procureur, sur les problèmes de moyens, d’effectifs, de la Justice. Et a contrario le point de vue de personnels de la police. Mais pour l’heure, il n’y a pas vraiment eu d’ouvrage sur « comment les solutions prônées par la Justice et par la Police pourraient être compatibles ».
Juste un exemple : la garde à vue. Les avocats la dénoncent en général. Les policiers expliquent qu’elle est un élément très important dans leur travail.
Le citoyen a du mal à s’y retrouver in fine !
75% des détenus ne sont pas d’origine arabe :
« Les hommes nés à l’étranger sont deux fois plus nombreux en prison que dans l’ensemble de la population : 24 % contre 13 %. Ce sont d’abord les hommes nés en Europe orientale, en Roumanie et ex-Yougoslavie en particulier ; ils sont soumis à un risque relatif de 3,3 contre 1, à âge égal, par rapport aux hommes nés en France : le séjour irrégulier en France est en lui-même un motif d’incarcération, pour des populations récemment immigrées.
Viennent ensuite les hommes nés dans les pays du Maghreb (risque relatif de 3,0), les immigrés issus de nombreux pays d’Afrique au sud du Sahara (2,7) et les ressortissants de l’Union européenne (1,4). Près de quatre détenus sur dix ont un père né à l’étranger ou dans les anciennes colonies, un quart dans un pays du Maghreb. »
http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ip706.pdf
Proposez la peine de mort pour les délinquants noirs ou Arabes et vous finirez bien par devenir ministre de la Justice.
C’est le juge qui décide des peines. Dire qu’il est nécessaire de supprimer la peine de mort car la justice est incertaine revient à dire que le juge est un benêt incapable de s’en rendre compte…
Diaboliser les convictions est grave. Lorsque l’on voit l’horreur des crimes nazis, qui ne penseraient pas que ceux qui furent pendus à Nuremberg n’avaient pas mérité leur châtiment ? Il y a des évidences que l’on ne doit pas être choqué d’assumer. Oublier que l’homme n’est pas forcément que raison, mais aussi passion et sensibilité est une erreur, que l’on soit pour ou contre la peine de mort. D’ailleurs, Robert Badinter, dont personne ne pourrait mettre en cause les convictions abolitionnistes qui furent siennes n’a jamais stigmatisé les partisans de la peine de mort. Le politiquement correct et les sentiments affectés font plus de mal à la démocratie que l’expression de pensées « peu convenables ».
USA : L’exécution de Hank Skinner suspendue par la Cour suprême.
La décision de la plus haute juridiction des Etats-Unis suspendant l’exécution est intervenue trois-quarts d’heure avant que le condamné ne fasse les huit pas le séparant de la tablette où il devait recevoir l’injection mortelle.
C’est curieux, alors que certains tentent d’esquiver la recherche ADN, dans ce dossier américain, l’accusé la réclame depuis des années, mais étant donné qu’il a été condamné par un jury, elle lui est refusée !
Que va décider la Cour Suprême maintenant ? Test ou nouvelle condamnation ? Suspense !
« On aura compris qu’heureux de l’abolition et assuré que j’aurais toujours refusé de requérir la peine de mort, je n’en suis pas pour autant un malade des interdictions. Je ne veux pas fermer les bouches, encore moins sur les sujets où un désaccord est forcément stimulant. »
Aujourd’hui, il ne vous incombera pas la tâche d’envoyer quelque prévenu épouser la Veuve ! Celle que Louis-Ferdinand Céline surnommait : « Le prix Goncourt des assassins ! »
Défendre la liberté d’expression devient une lutte constante depuis quelque temps. Où le moindre avis, la moindre parole sortie de son contexte, dérangeants se trouvent objets de polémiques…
« Le tocsin qu’on va sonner n’est point un signal d’alarme, c’est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée. »
Vous aurait répondu Georges Jacques Danton !
En y ajoutant :
« C’est singulier, le verbe « guillotiner » ne peut pas se conjuguer dans tous ses temps. On peut dire : « Je serai guillotiné ; tu seras guillotiné ; mais je ne peux pas dire : J’ai été guillotiné ! » »
De nos jours, le numérique, les systèmes de caméras, bien sûr internet… auraient, si la condamnation à mort avait été maintenue, poussé à son paroxysme l’enthousiasme des foules, pour ce genre de spectacle, comme ce fut le cas, en juin 1939, lors de l’exécution d’Eugène Weidmann à Versailles. Le film qui fut pris d’une fenêtre d’un appartement proche du lieu de l’exécution publique, engagea le gouvernement français à l’interdire à tout jamais au public.
Une exposition actuellement au Musée d’Orsay à Paris a pour nom : « Crime et châtiment » couvrant une période d’environ deux siècles : de 1791, lorsque Le Peletier de Saint-Fargeau réclame la suppression de la peine de mort, jusqu’au 30 septembre 1981, date du vote de son abolition en France.
http://www.musee-orsay.fr/index.php?id=649&L=&tx_ttnews%5Btt_news%5D=23387&no_cache=1
Le crime fascine !
http://site.voila.fr/guillotine
Exécution d’Eugène Weidmann, 17 juin 1939
Âmes sensibles s’abstenir !
http://www.youtube.com/watch?gl=FR&hl=fr&v=dXels5zsE_M
Achille @ Pierre-Antoine 24 mars 2010 à 11:28
« Certes cher ami, certes, mais encore faut-il qu’en bon pédagogue je laisse l’ignorant s’exprimer. Car tout bon pédagogue part du peu de connaissance qu’exprime l’ignorant pour le conduire dans la connaissance. »
Seriez-vous un adepte de la maïeutique ?
Cordialement
Madame la présidente en charge de l’affaire,
« Aïssa Lacheb-Boukachache ».
Je viens juste de terminer 7 ateliers de théâtre, dans des lycées, où j’ai préparé avec des élèves autrichiens la venue de la pièce (en français) « Capitaine Dreyfus et Cul de jatte Bernard »
Lors de ces ateliers, j’ai touché nombre de mains et d’avant-bras de jeunes filles et de jeunes garçons.
Ma culpabilité ne fait aucun doute.
Je demande donc á comparaître prochainement devant votre juridiction.
Ledun Jean-Paul
Pour Achille,
Il suffit d’être connecté á un réseau social où votre photo apparaît.
Il faut tout de même admettre que Robert Ménard s’acharne à démolir l’image merveilleuse du droit-de-l’hommiste patron d’ONG. A peine sorti de RSF, il affirme son hostilité à la projection du film « Le baiser de la lune » en milieu scolaire et va jusqu’à proférer son souhait que ses enfants ne soient pas homosexuels. Il est dans le collimateur depuis cet épisode : qu’un père puisse espérer une orientation hétérosexuelle pour ses enfants semble inacceptable. Je ne m’en serais pas douté moi-même et je m’aperçois ainsi que je suis grandement coupable d’homophobie pour m’être également insurgé contre la projection scolaire de ce très joli film qui n’a rien à faire dans les écoles.
Depuis ce jour donc, Robert Ménard est soupçonné d’avoir les pneus lisses. Il aurait « failli déraper » quant à la peine de mort. La sortie de route se précise. Son capital de points se met à fondre dangereusement et encore une ou deux saillies de ce genre, et c’est son permis médiatique qui sautera. On l’aura prévenu et la gendarmerie veille.
L’opinion de Robert Ménard est plus étonnante que scandaleuse. Voici un homme qui a consacré des années de sa vie à tenter de sortir des journalistes des geôles ou à leur éviter le peloton d’exécution. Admettre le principe de la peine de mort revient pourtant à accepter qu’un pays inscrive cette peine dans son code pénal en fonction de critères qui lui sont propres. Et si, en Corée du Nord, la liberté de la presse s’assimile à de la haute trahison, la peine de mort dont on accepte le principe peut légitimement entrer dans le cadre pénal qui réprime la liberté de la presse. Une fois le principe admis, le débat se porte sur la place du curseur. C’est donc parfaitement étonnant de sa part, à moins que paradoxalement, il n’envisage le principe de la peine capitale que dans le cadre strict de démocraties occidentales, lesquelles, pour la plupart, ont aboli cette peine justement parce qu’elles sont des démocraties occidentales !
Je me souviens avoir soulevé l’ire d’amies féministes lorsque j’avais exprimé mon hostilité personnelle à l’avortement. Je demeure parfaitement favorable à sa légalisation, mais je reste intimement persuadé qu’il s’agit d’un début de meurtre, parfois nécessaire et inévitable et que j’admets comme tel. Qu’est ce que j’avais pris sur le bol !
Comme s’il n’était plus possible de débattre sur les évolutions de la société. Comme si la légalisation de l’avortement avait réglé la question difficile du point de départ de la vie humaine. Comme si l’abolition de la peine de mort contenait en elle-même toutes les réponses à ce débat. Nous savons bien pourtant que l’abolition n’a pas répondu à toutes les perceptions intimes du crime et a créé une nouvelle problématique liée à la cruauté d’une perpétuité réelle. Nous avons lié la peine de mort à la cruauté de son exécution et nous avons aboli et l’une et l’autre sans les dissocier. Qui nous dit qu’un meurtrier condamné à la perpétuité ne préfèrerait pas boire la cigüe si le choix lui en était proposé ? Le débat est enfoui.
Il faut en finir avec les fausses valeurs collectives, celles qui naissent dans l’instant d’une émotion. Rien ne saurait être acquis à l’esprit libre et tout reste absolument discutable, tout.
La peine de mort c’est bien, du moment que le condamné n’était pas journaliste. Et s’il était journaliste, il faut encore s’assurer que ce n’était pas un pro-castriste, parce que dans ce cas aussi c’est bien qu’on lui coupe la tête. Si c’est un journaliste musulman, on évitera que lui couper la tête pour ne pas offrir un martyr à ses semblables, mais on pourra quand même lui couper autre chose (au choix, selon les circonstances). Merci à M. Ménard (ainsi qu’à MM. Zemmour et Bilger) de nous rappeler à un peu de bon sens et de fraîcheur d’âme. Merci. Merci. Merci.
Cher Monsieur,
J’apprends que vos prises de position sur « l’affaire Zemmour » ont conduit le Procureur de Paris à vous convoquer.
Je déplore depuis des années qu’il soit devenu inconvenant, voire dangereux, de simplement relater des faits, a fortiori de les commenter, quand ces commentaires ne vont pas dans le sens du vent dominant. Je suis atterré de l’amplification qu’a prise cette tendance. Nous vivons désormais sous l’empire d’une vraie police de la pensée et ce phénomène est particulièrement remarquable en ceci qu’il s’est généralisé : pour se donner bonne conscience, faire oublier certaines de ses turpitudes, ou tentant de se concilier ce qu’elle pense être l’opinion publique majoritaire, conformée par des médias à 90% unilatéraux, « la droite » adopte les mêmes attitudes que « la gauche » (Laurent Lafforgue, Renaud Camus, Michelle Triballat…). Une nouvelle affaire Galilée (ou pire, Giordano Bruno) redevient possible aujourd’hui. TENEZ BON. Nous sommes des milliers, des dizaines de milliers qui ne supportons plus l’état de fait actuel. NOUS SOMMES DES MILLIERS A VOULOIR VOUS APPORTER NOTRE SOUTIEN, SOUS LA FORME QUI VOUS PARAITRA LA PLUS PERTINENTE.
Et merci de l’espace de réflexion libre que vous avez réussi à créer et maintenir. Il doit perdurer.
Jean-Benoît Henriet (Maître de conférence à Sciences Po)
Juste pour dire, M.Bilger, que ceux qui vous chercheraient des poux dans la tête n’auraient pas compris grand-chose. La Justice a rudement besoin d’hommes et de femmes de votre trempe, dénués de cette langue de chêne qui donne aux justiciables l’impression de vivre dans un autre monde ; elle a besoin non de machines froides alimentées au seuls Codes civil et pénal mais de gens de courage et de coeur. Et de rectitude. Tout ce que je souhaite à un noir ou un arabe poursuivi devant une Cour d’Assises c’est de tomber entre « vos griffes », il sera assuré d’avoir en face de lui un magistrat qui le respectera autant qu’il respecterait un accusé bien blanc et bien né ; et ce n’est pas si courant.
Si j’étais sensible aux décorations je dirais que vous en méritez un paquet. Ne l’étant pas franchement je me contenterai donc de penser que pour ça vous devriez être salué.
Le contraire me plongerait en pleine déprime civique ; même s’il m’arrive parfois – souvent – de ne pas partager vos analyses.
Que M. Bilger sache qu’en cas d’éventuelle sanction, nous manifesterons notre soutien.
« Au fond, je voudrais que tous nous devenions des Voltaire au petit pied. Pour que nos adversaires aient le droit de parler. Et de tout. »
Autant ne pas parler tout de même pour ne rien dire et signalons juste rapidement que l’exécution par injection létale du mari américain de la française Sandrine Ageorges-Skinner «défendu par un avocat commis d’office puis condamné à mort pour le meurtre en 1993, de sa petite amie de l’époque ainsi que des deux fils de celle-ci», à l’issue d’un procès au déroulement contestable de l’avis de moult experts judiciaires, et exécution qui avait été programmée pour hier soir, a été suspendue une heure avant l’heure fatale fixée, par la Cour suprême des États-Unis dans le but de se donner le temps d’examiner sérieusement ainsi que de statuer sur la demande du condamné persistant à protester de son innocence et qui souhaitait depuis longtemps être l’objet d’un prélèvement ADN à des fins d’analyse comparative.
Espérons une issue favorable, l’enjeu des suites données à de telles demandes étant d’importance dans le contexte qui est celui d’une Justice américaine où les lois ainsi que l’application des peines paraissent fluctuantes d’un état à l’autre, tout de même que le sérieux de la tenue des procès où l’on pense tenir un coupable à jeter en pâture aux familles des victimes sans qu’il soit absolument besoin de s’en assurer par tous les moyens scientifiques et techniques à disposition de nos jours, ce qui donne à penser que l’apaisement de ces familles par une exécution y primerait sur le bon droit d’un innocent à ne pas leur servir de victime expiatoire.
Cher Philippe,
Tous les mots sont dangereux.
La liberté d’expression s’inscrit dans certains cadres qui sont réglementés.
Faut-il que la loi précise des critères de responsabilisation dans l’exercice de la liberté d’expression ?
C’est tout l’enjeu de la démocratie participative…
Si un journaliste incite au piratage, au cannibalisme, au suicide collectif, au déni des possibilités d’autrui, faut-il lui laisser l’expression ? Les professionnels connaissent les limites. Devons-nous encombrer les tribunaux et dépenser énergie et autres pour rappeler le b a ba à des personnes supposées intelligentes ?
françoise et karell Semtob
Merci Philippe !
Bonjour à toutes et à tous,
Il y a longtemps que je ne suis pas venu sur le blog de Monsieur Bilger et l’actualité du moment fait que je viens d’abord lui amener mon soutien… virtuel, mais soutien quand même.
Quant à la « peine de mort » dont il est question dans ses lignes, celle-ci fut toujours la chasse gardée d’une famille. Qu’on me démente si je me trompe, mais de Samson (le bourreau qui a exécuté Louis XVI) au dernier exécuteur de la République « Marcel Chevalier » il semblerait qu’il y ait eu un lien de filiation, de parenté.
On pouvait trouver sur Internet une interview de ce dernier alors qu’il venait « d’oeuvrer » et nous avions l’impression que ce n’était pas le bourreau qui parlait mais Zorro, un justicier qui venait de nous débarrasser d’un méchant.
Bernard 76000 maintenant (on dit que la salle des Assises de Rouen est la plus belle de France)
Monsieur l’Avocat Général,
Je lis régulièrement votre blog et partage souvent votre point de vue.
Je salue votre courage et défends la liberté d’expression qui me valut de démissionner de l’administration des finances en 91 pour m’occuper de mes affaires. Difficile de faire évoluer les mentalités dans certains aréopages, c’est pourquoi votre blog emplit mon coeur de bonheur et d’espoir !
Merci Monsieur.
En 1981 on a « bénéficié » d’un Président ardent défenseur de la suppression de la peine de mort !
Pourtant l’intéressé en aurait eu à son « actif » une soixantaine dans le court laps de temps où il fut ministre de la Justice sous un gouvernement socialiste précédent.
Son zèle alla jusqu’à commander une guillotine supplémentaire pour faire face à la demande, ce qui lui valut un sévère commentaire de Mendes France (dixit A. Peyrefitte dans « Quand la rose se fanera »).
Alors où est la sincérité des attaques de la gauche contre la rigueur de la justice ?
Surtout quand elles viennent d’une partie
plurielle de cette gauche qui fut fidèle aux amateurs de la solution finale par goulags interposés !!
Je ne cite, bien sûr, personne !!!
Robert Ménard est allé s’enrichir dans les pays du Golfe où la peine de mort n’est pas plus un problème… Il ne faut donc pas espérer grand-chose de sa part…
J’ai écrit un texte qui décrit une « tentation de la démocratie a priori » : on n’aurait le droit de n’exprimer que les points de vue qui sont dans la loi, qui représentent des « avancées » dans l’idée d’une histoire humaine qui a un sens, un progrès (et pas d’achèvement, on n’est plus marxistes), alors que la démocratie est la décision comme terme momentané du débat, qui continue éventuellement une fois la décision prise. Je suis en accord avec votre position sur les propos d’Eric Zemmour et je propose que nous soyons tous voltairiens (mon texte commence par la citation de Voltaire) : http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/la-tentation-de-la-democratie-a-64136
A lire sur la notion de « dérapage »:
Laurent Fedi,
« L’obscurantisme démocratique. Prolégomènes à une déconstruction du discours intimidant », paru dans LE PHILOSOPHOIRE, N° 32.
C’est une analyse philosophique précise et éclairante sur la situation actuelle.
Wamba.
Avoir le droit de tout dire ? tout et n’importe quoi ? Pour un magistrat vous êtes sacrement bavard, S’exprimer est une chose, se répandre en est une autre.
Philippe Bilger
Lorsque toute cette tornade médiatique se sera calmée, peut-être vous pencherez-vous sur ce que l’on appelle ici bas la notoriété, rebaptisée « pipolisation ».
Par un curieux hasard sémantique ce nouveau mot évoque le « pipeau ».
Que ne l’écrit-on pas « pipeaulisation »…
Deux exemples ont été évoqués dans la presse cette semaine : deux exemples diamétralement opposés, mais qui n’en sont pas moins un enseignement.
– Les deux derniers livres de BHL, parus simultanément, se sont vendus à hauteur de 5.300 exemplaires pour l’un et à 3.500 exemplaires pour l’autre. Ce qui s’appelle un « bide » retentissant.
– Dorothée, la chanteuse et présentatrice des années « 90 » n’a vendu que 350 exemplaires de son dernier CD.
Pourtant ces deux « pipeaules » ont bénéficié d’un extraordinaire lancement sur tous les médias, dont ceux soumis à une redevance.
@Mohand R. Mestiri | 26 mars 2010 à 11:52
« Avoir le droit de tout dire ? tout et n’importe quoi ? Pour un magistrat vous êtes sacrement bavard, S’exprimer est une chose, se répandre en est une autre. »
Ne vous attendez donc pas à ce qu’on se répande… en compliments quant à votre petit tout petit, trèèès petit commentaire et qu’on se contente de s’exprimer ainsi à son sujet…!
Il a circulé sur votre blog ce filet d’air que faisait courir le mouton qui glissait le long de la lunette de la Veuve !
Une petite histoire pour dégourdir l’atmosphère :
« Une petite fille demande un jour à sa mère :
‘Maman, comment la race humaine est-elle apparue ?’
La maman répond : ‘Dieu fit Adam et Ève et ils eurent des enfants. C’est ainsi que la race humaine est apparue’.
Deux jours plus tard, la petite fille pose à son père la même question.
Le papa lui répond : ‘Il y a très longtemps existaient les singes. Au fil des années ils se transformèrent pour devenir des hommes. C’est ainsi qu’est apparue la race humaine.’
Confuse, la petite fille retourne voir sa mère et lui dit :
‘Maman comment se fait-il que tu m’aies dit que la race humaine a été créée par Dieu et que papa m’affirme qu’elle vient du singe ?’
‘Chérie, répondit la maman, c’est que moi je t’ai parlé de l’origine de ma famille, et ton père de la sienne… !
J’ai émis l’hypothèse d’une sorte d’excès de démocratie qui ferait que nous ne pouvons donner d’avis que démocrates, établissant l’égalité réelle de tous les hommes, ne nous autorisant à parler d’inégalité qu’au négatif, à la plainte…
http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/la-tentation-de-la-democratie-a-64136
Mon texte commence avec la citation de Voltaire
Si j’ai bien compris, la peine de mort, quand elle est appliquée dans le cadre d’un système pénal qui la prévoit, est un acte social qui relève de considérations liées à la Justice et, par conséquent (?), à l’ordre social.
La loi de la République française a été modifiée pour ne plus rendre possible cette peine. La peine de mort est illégale en France. Je m’en réjouis.
Les raisons qui ont été avancées pour cette abolition ont été développées par rapport à ces considérations de Justice et d’ordre social, et aussi pour des questions de morale dans la perception que nous avons aujourd’hui de celle-ci.
Je n’ai rien lu, à ce jour, qui avance l’argument logique de la règle du jeu.
Si la peine de mort est interdite, elle l’est pour tous les citoyens : acteurs (meurtriers) ou juges (jurés d’assises). C’est symétrique.
Si la peine de mort est légale, les juges peuvent donner la mort sans encourir de poursuite pour cela, mais le citoyen ne pourrait toujours pas régler sa haine personnelle par un meurtre ? C’est dissymétrique.
Pour le citoyen, la seule façon de rétablir la symétrie est de s’attribuer le droit de tuer, à sa convenance. Évidemment, il sait qu’il encourt la peine de mort.
Et alors… Quel autre reproche ?
Si je veux avoir avec le meurtrier une argumentation qui le positionne dans un rôle socialement défaillant, la logique m’impose d’utiliser une règle du jeu abolitionniste.
Ce raisonnement est-il défaillant ? Est-il recevable, en droit ?
@Jean-Claude HERRENSCHMIDT | 28 mars 2010 à 18:20
«Si la peine de mort est interdite, elle l’est pour tous les citoyens : acteurs (meurtriers) ou juges (jurés d’assises). C’est symétrique.
Si la peine de mort est légale, les juges peuvent donner la mort sans encourir de poursuite pour cela, mais le citoyen ne pourrait toujours pas régler sa haine personnelle par un meurtre ? C’est dissymétrique.
Pour le citoyen, la seule façon de rétablir la symétrie est de s’attribuer le droit de tuer, à sa convenance. Évidemment, il sait qu’il encourt la peine de mort.
Et alors… Quel autre reproche ?[…] Ce raisonnement est-il défaillant ? Est-il recevable, en droit ? »
Qu’est-ce que c’est que cette histoire de symétrie et de dissymétrie?
La peine de mort, partie intégrante de l’arsenal des peines applicables dans une juridiction donnée, ou objet d’abolition et de suppression dudit arsenal de peines et sanctions, comme son nom l’indique, est en priorité une « peine ».
Autrement dit «Une punition légale appliquée par le Pouvoir, public, à l’égard d’une personne préalablement jugée coupable d’un crime/délit/infraction donnés, par un tribunal légalement constitué, contraint par les prescriptions d’une législation donnée et non pas par son bon plaisir, ainsi que statuant « au nom de » et non pas en son propre nom.»
Autrement dit encore, en tant applicable ce n’est pas un meurtre. En tant qu’objet d’abolition dont inapplicable, c’en serait un, et comme tel (= mort volontairement donné à autrui ), susceptible à son tour d’être sanctionnée par une peine, et une peine nécessairement telle que légalement applicable, sinon on entrerait dans un cycle de violence qui ne connaîtrait pas de fin, comme ce qui se passe par ex. entre certains états et/ou certains peuples ou encore certaines ethnies.
La différence entre une l’application d’une peine et l’exercice d’une vengeance, a fait l’objet de nombre de réflexions par divers auteurs, dont notamment René Girard qui définit la peine comme le dernier mot de la vengeance eu égard au fait que la vengeance ne connaît pas de fin. La liberté de « condamnation à » ainsi que d’application de la peine prévue par un code déterminé, abandonnée au pouvoir judiciaire concerné (par ex. lorsque le crime est un crime de guerre, c’est une juridiction internationale qui est désormais compétente), a pour nécessaire corollaire la renonciation à l’exercice particulier de vengeances particulières dans un cadre aléatoire d’estimation d’une peine jugée par elle appropriée, par une personne particulière ou désormais, pour ce qui nous concerne, un État particulier.
A partir du moment où le citoyen a, dans le libre exercice de son droit de vote, élu (= désigné) ses représentants (= en particulier, les députés) lesquels, en son nom – inclus au leur propre en tant que simples citoyens – se réunissent en une Assemblée qui vote les projets de loi préalablement préparés par les instances adéquates, puis à elle soumis, en particulier l’application d’une peine telle que la peine de mort dans telle et telle circonstance criminelle dûment et suffisamment établie, ou encore son « abolition », autrement dit sa désormais «non applicabilité» quelque soit la circonstance, en référence à la reconnaissance collective d’un droit de vie et de mort comme représentant une sanction excédant, en temps de paix, l’humaine compétence y compris dans son exercice collectif, ledit citoyen n’a plus à récupérer arbitrairement à sa seule convenance, (notamment en alléguant dans le cadre imaginaire d’une rhétorique de pure fiction, cas que vous évoquez, une espèce de dissymétrie des pouvoirs), une sorte de droit de vengeance, ainsi qu’à exercer de sang-froid et individuellement quelque vengeance particulière que ce soit à peine de s’en voir dûment sanctionné au titre d’un meurtre. En revanche, il a le droit de protéger sa propre vie dès lors que cette dernière est sous le coup d’une menace sérieuse imminente. Il ne s’agit plus cependant de « vengeance » ni de « sanction », mais de « défense » au sens d’une légitime défense ».
De la même façon, si un citoyen responsable a, par ex., le devoir d’attirer l’attention d’une personne qui traverserait la chaussée en compagnie d’une poussette et/ou de jeunes enfants en transgression d’un feu bicolore ou encore n’importe où, qu’elle se rend coupable par ex. de mise en danger de la vie d’autrui, il n’a pas le pouvoir de la verbaliser, ni de lui retirer tous les enfants d’autorité et de les conduire lui-même à destination, ce quand bien même parmi ces derniers se trouverait l’un des siens, cas qui lui ouvrerait cependant la possibilité de récupérer immédiatement celui-ci sur lequel il est investi d’une autorité particulière, l’autorité parentale, puis d’opérer un signalement à l’autorité compétente du point de vue de l’intérêt général et enfin de déposer plainte!
Comme quoi, on voit bien qu’il ne s’agit pas là d’une question de symétrie ou encore de déséquilibre entre les pouvoirs de l’État et des particuliers au nom desquels il exerce de façon satisfaisante et non abusive, autrement dit encore, partagée entre un exécutif, un législatif et du judiciaire, l’ Autorité ainsi que de façon mesurée et aussi au-delà des intérêts partisans, mais d’autorité, précisément!
[Les « mauvais » citoyens sont mis au coin de la société. On va les inscrire à l’école de la pensée convenable au cours primaire !]
Tout ça exhale un doux parfum de « tcheka » tant il est vrai que cela émane de ses héritiers proclamés!
Il y a un point de droit qui mérite qu’on s’y arrête : la peine de mort est supprimée en France, et les politiques ont tout fait pour rendre cette interdiction irréversible en la faisant figurer dans des traités internationaux.
Bien entendu le peuple français n’a pas été consulté par referendum, sachant qu’à l’époque l’opinion était majoritairement favorable à la peine de mort.
Or il se trouve que, par incidence, le referendum sur la constitution européenne a posé de nouveau la question de l’interdiction : des articles de ce projet de constitution stipulaient l’abolition de la peine de mort.
Et de ce fait, le peuple français a été consulté pour la première fois sur ce sujet.
La réponse fut, très majoritairement, négative. La constitution fut donc rejetée, et, par conséquent, l’abolition également.
Juridiquement, ce vote a-t-il rendu caduque la précédente loi d’abolition initiée par M. Badinter ?, sachant en outre que ce referendum était d’ordre constitutionnel, donc supérieur à la loi ordinaire.
En d’autres termes, la loi d’abolition de la peine de mort est-elle aujourd’hui périmée, sans que pour autant un nouveau texte soit venu la remplacer ? Serait-on (au moins jusqu’à la ratification du traité de Lisbonne) devant un vide juridique ?
Cordialement.
Cher Monsieur Bilger,
Bravo ! Votre soutien à Eric Zemmour, dernière victime de la police idéologique, démontre que vous êtes un homme de coeur et de courage ! Ce sont des hommes comme vous qu’il nous faudra lorsque ce système soviétoïde se sera écroulé. Le peuple français n’en peut plus de vivre sous la botte idéologique totalitaire qui prétend asservir nos consciences. Nous en avons assez de cette pénalisation de la pensée qui va croissant à mesure que la vraie criminalité prospère sous le regard protecteur des puissants. Nous voulons retrouver notre liberté.
Ouf ! Une fenêtre ouverte, un salutaire courant d’air entre un instant, et rend légers corps et esprits.
Voilà pourquoi je reste fidèle à ce blog, depuis que je l’ai découvert : pour son côté rafraîchissant.
Merci monsieur Bilger d’avoir ouvert pour un instant la croisée… ce petit courant d’air nous a fait le plus grand bien.
Cordialement.
Epaminondas.
@Mohand R. Mestiri : On vous a accordé une tribune pour écrire votre petit commentaire, c’est donc que ce blog est pour la liberté d’expression. Vous, vous ne vous « répandez » pas, vous vous étalez tristement.
La liberté d’expression et la liberté de penser me laissent aujourd’hui un goût amer au fond de la bouche.
Certains sujets sont tabous, d’autres tellement sensibles qu’ils déchaînent des passions là où il ne devrait y avoir qu’un débat constructif.
Mais là est peut-être le prix de l’ouverture d’esprit, de la volonté de s’exprimer librement : ménager sa pensée pour ne pas choquer la majorité…
Il ne s’agirait même pas de convaincre mais simplement d’exprimer une opinion personnelle, qu’il faudrait absolument responsabiliser son discours pour ménager son auditoire.
Que reste t-il de la liberté d’expression si chère à notre patrie ? Une place de choix dans la CeDH, rien de plus.
Alors certes, l’on pourra toujours dire haut et fort ce que l’on pense mais à quel prix ?
N’aurions-nous pas oublié que c’est en dialoguant ouvertement, sans barrières aucunes, que les idées avancent et évoluent ?
Je rêve d’un monde où nous serions tous des Voltaire au petit pied, je crains malheureusement que ce ne soit qu’une chimère…
Personne n’a pensé à rappeler à Ménard que Dutroux est belge et que la Belgique a supprimé la peine de mort en 1903.
Robert Ménard… Encore un nul !