Quel diable d’avocat vous fûtes !

Je n’étais pas de vos amis proches – en aviez-vous d’intimes ? – mais à chaque rencontre professionnelle ou festive, vous avez toujours fait preuve à mon égard d’une sympathie à la fois affectueuse et ironique comme si mon enthousiasme et mes questions vous amusaient mais que mon admiration non convenue vous touchait.

Hier, à 88 ans, vous nous avez quittés (Le Monde).

Est-il malséant d’imaginer votre sourire de vieux sage devant les démonstrations, hommages et tristesses, qui vont accompagner votre disparition, tant la finitude de notre condition humaine, sans le secours, pour vous, d’aucune consolation, vous était sensible mais ne vous désespérait pas ? Le courage était d’accepter l’inéluctable la tête haute et l’esprit lucide. Etre homme, c’était d’abord damer le pion au destin en feignant de choisir ce à quoi il nous soumettait.

Mes interrogations, parce que votre personnalité et ses mystères me passionnaient, vous les écoutiez avec beaucoup d’attention mais votre politesse exquise et votre intelligence exceptionnelle les éludaient de sorte que, loin de dissiper les ombres, les échanges avec vous les amplifiaient et que nous sortions heureux des moments où nous avions trouvé votre être clos comme on se heurte à une porte close.

Vous avez su si bien endosser tant de rôles et, au risque d’offenser votre mémoire, je suis persuadé, malgré les apparences, que votre préféré n’était pas celui de l’avocat. Ce n’est pas dire que vous n’avez pas somptueusement réussi dans l’exercice de cette mission de sauvegarde qui vous a contraint à affronter, il y a longtemps, l’angoisse et la peur face aux peines de mort requises et, par la suite, tant de douleurs, de tragédies et de causes équivoques. Vous êtes l’inventeur de la défense de rupture qui consiste à dénier à une juridiction le droit de vous juger et, plus banalement, à sombrer avec les honneurs.

Vous avez si bien représenté l’avocat dans son essence pour beaucoup de jeunes gens que, comme pour Libération plébiscité par les apprentis journalistes malgré ses défauts, vous étiez, et de loin, la figure la plus vantée et un modèle incontestable. Gare à qui aurait osé émettre le moindre bémol sur ce plan !

Je me souviens qu’au cours de votre période de gloire judiciaire, quand Jacques Vergès occupait toutes les têtes, celles qui le récusaient comme celles qui ne juraient que par lui, il suffisait que les médias annoncent que vous aviez été choisi par tel ou tel client pour qu’immédiatement naisse, comme par enchantement, le sentiment que le procès était gagné. Votre nom, et les portes de la vérité et de la justice s’ouvraient. Je ne suis pas sûr que vous n’ayez pas gardé, de cette époque éblouissante, la certitude réconfortante que vous étiez irremplaçable.

Vous avez, avec une intuition géniale, perçu aussi que les causes désespérées étaient évidemment les plus belles, non seulement parce qu’elles plaçaient l’avocat au centre d’un univers qui faisait de lui le seul recours, l’humain dont un autre humain accusé avait absolument besoin, mais surtout en raison du fait qu’ingagnables, elles n’apposaient jamais sur la défense le sceau d’un décret négatif. Désespérées, on ne pouvait que succomber à leur emprise. Grâce à elles et à leur caractère inéluctable, vous n’étiez jamais jugé. Votre présence à elle seule était déjà un exploit. En ce sens, et en bonne logique, pour ces joutes emblématiques où la peine n’attendait que d’être prononcée, vous avez plus promis que tenu. Vous ne pouviez faire autrement.

Surtout, en dépit de vos propos et de vos pages magnifiques sur le rituel et l’esthétique du procès, il m’est souvent apparu que l’essentiel consistait, en certaines circonstances, à faire l’impasse sur la séquence judiciaire pour exploiter – avec quel talent et quelle manipulation – les médias tout enivrés à l’idée de se voir proposer un faux procès à la place du vrai. Vous avez perçu, sans vous retenir, que le judiciaire d’aujourd’hui, le spectacle total dont vous rêviez, était indissociable de ses représentations et polémiques spectaculaires, des paradoxes, révélations prétendues, scandales et outrances qui reléguaient le débat de fond au profit d’une histoire de rechange imprégnée d’imaginaire mais contée par un maître.

On vous décrit comme un homme de passion. Pourquoi pas ? On vous qualifie de provocateur ? Sans doute. Même si, à la longue, votre souci de l’être aurait paradoxalement pu faire de vous une sorte de conformiste de la transgression et de l’audace. Rien, à l’évidence, ne vous aurait plus déplu que de n’être plus seul avec une aura sulfureuse mais de vous trouver englué dans une multitude d’atypiques. Il me semble qu’avec une infinie finesse vous vous êtes tenu sur ce fil séparant la bêtise univoque de la pensée intempestive et vulgaire. Vous étiez trop délicat pour ressembler à tous les Vergès du pauvre qui vous ont si médiocrement imité.

S’il fallait vous définir – quelle horreur que cet enfermement même causé par l’empathie pour la liberté faite homme ! -, je vous aurais qualifié à coup sûr d’esthète mais surtout de joueur.

Dans le jeu qui vous concerne, il y a tout, la vie, la justice, la sensualité de l’existence, la culture, les livres, les dialogues, l’amour, l’agilité et le choc des idées, le goût de l’affrontement et le culte des dissidents d’où qu’ils soient, d’où qu’ils viennent – vous étiez le meilleur ami de l’incomparable et anticonformiste avocat Bernard Prévost -, le tragique jamais trop pris au sérieux, l’apologie jamais lassée de la violence et du terrorisme, le futile sublimé, la gastronomie célébrée, le refus de la lourdeur, de la pesanteur, la haine de ceux qui se prenaient pour des institutions, les importants, les corsetés et les décorés, les maniaques de l’idéologie, les contempteurs du relativisme, les entêtés, les trop convaincus.

Le jeu, c’était la légèreté incomparable de celui qui n’a jamais rien à perdre. Et qui jour après jour décline le « dur métier de vivre » à sa manière souriante et pleine d’allure. Jacques Vergès, avec noblesse, vous ne teniez rien tant qu’à vous-même. Vous en avez profité. Et joué de toutes les palettes que vos dons et votre destinée avaient mis à votre disposition.

Jacques Vergès, vous êtes mort comme cela. Nettement. Dans un arrêt royal du coeur.

Vous avez été bien plus.

Bien plus qu’un avocat. Un mythe politique, judiciaire, médiatique. Un homme de théâtre. Une vedette. Beaucoup de lumière mais des mystères pour faire sens. Mettre de la dignité là où l’éclat aurait été trop vif.

Mon cher Jacques, quel diable d’avocat vous fûtes !

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  1. J’attendais ce billet. Un homme énigmatique qui brillait dans l’ombre et la lumière. Il sera comme il l’a été, honoré et vilipendé, mais qu’importe il aura existé.

  2. Je retiendrai ce passage du billet :
    « Mes interrogations, parce que votre personnalité et ses mystères me passionnaient, vous les écoutiez avec beaucoup d’attention mais votre politesse exquise et votre intelligence exceptionnelle les éludaient de sorte que, loin de dissiper les ombres, les échanges avec vous les amplifiaient et que nous sortions heureux des moments où nous avions trouvé votre être clos comme on se heurte à une porte close. »
    Si je reconnais l’extrême intelligence du personnage, je n’ai que peu d’estime pour l’homme.
    Avocat de renom, et à ce titre homme public, il est des parts d’ombre qui sèment le doute et n’autorisent aucunement à l’encenser à l’excès.
    Anarchiste et jouisseur : c’est à peu près ce que je retiendrai de lui, même si parfois il a montré un courage certain. Mais était-ce réellement pour la bonne cause ? J’en suis arrivé à douter continuellement.
    Donc ni regret, ni fleurs, ni couronne ! Simplement : adieu, Monsieur.

  3. Bonjour Philippe Bilger,
    « Bien plus qu’un avocat. Un mythe politique, judiciaire, médiatique. Un homme de théâtre. Une vedette. Beaucoup de lumière mais des mystères pour faire sens. Mettre de la dignité là où l’éclat aurait été trop vif.
    Mon cher Jacques, quel diable d’avocat vous fûtes ! »

    Me Vergès était indiscutablement un avocat hors du commun, très intelligent, maîtrisant à la perfection le droit pénal, mais sa propension à défendre les individus les plus immondes de la planète m’a toujours gêné.
    Les causes les plus désespérées sont peut-être les plus belles, sauf peut-être quand la morale est bafouée. Et Me Vergès a trop souvent dépassé la ligne jaune pour que j’apprécie à sa juste mesure vos propos dithyrambiques à son égard.
    Désolé !

  4. Homme sulfureux et fascinant, comme Debord et de Monfreid, partis eux il y a vingt et quarante ans, à peu de mois près.
    De Monfreid dit tout de sa vie ou le laissa croire, Debord voulut tout cacher, Vergès fit les deux partiellement.
    « Joli trio en vérité », eut dit Michel Simon de ces trois Chiche Capon ; à leur manière.
    AO

  5. On ne va certainement pas pleurer cet individu ! Me Vergès fut sans doute un excellent défenseur des créatures monstrueuses qu’il défendait : il y mit toute son âme, son efficacité étant due aussi à une ultra-médiatisation indécente. Alors même si le diable lui-même doit avoir un avocat, Me Vergès fut bien son serviteur zélé : qu’il retourne auprès de lui.
    La compassion, la pitié et tout simplement la pensée, c’est pour les victimes des terroristes et des bourreaux qu’il faut l’avoir.

  6. Monsieur Bilger,
    Vous venez de rendre un vibrant hommage à maître Vergès. Remarquablement écrit et très poignant, il est me semble-t-il parmi tous ceux que j’ai lus aujourd’hui, celui qui doit se rapprocher le plus de l’homme qu’il fût.
    « Tout le monde a le droit d’être défendu, défendre ce n’est pas excuser ».
    Ce sont ses mots.
    Pour les avoir prononcés, je l’en remercie.

  7. « Mon cher Jacques, quel diable d’avocat vous fûtes ! »
    Toujours la bonne formule !
    Cela m’évitera de dire que le Diable l’emporte.
    Il fut le Diable au service de tous ceux qui avaient comme objectif la destruction de l’Occident en général et la France en particulier.
    Il est quand même venu vieillir et mourir en France, finissant dans la peau d’un Mephisto jouissant du confort bourgeois français qu’il avait combattu avec beaucoup de brio.
    C’est plus confortable que de mourir dans les rizières indochinoises, à Gaza ou en Algérie qu’il aimait tant.
    Remarquez, il avait un bon exemple, en Bouteflika qui se précipite en France, dans un hôpital militaire, au moindre souci de santé !!

  8. Arobase du Ban

    Tout est dit M. Bilger.
    Mais j’ajoute que dans ses interventions médiatiques, dans sa façon de « mépriser avec coeur » la société du spectacle, politique ou judiciaire, je trouvais son intelligence, sa rouerie, son style, délectables…
    Comme je l’éprouvais en écoutant il y a 60 ans Gérard Philipe au TNP dans le rôle de Lorenzaccio.
    Quel talent ! Même pour défendre l’indéfendable. Au contraire, cela le grandit.

  9. Sont de ses mots à lui qui le sauveront partiellement à mes yeux, loin d’un Dupond-Moretti, il déclarait,
    « Défendre Hitler pourquoi pas, je défendrais même Bush s’il plaidait coupable ».
    Au moins ne cherchait-il pas à nier les faits quand il les avait compris.
    Comprenait-il tout, cela reste à voir, quelle était sa part de rouerie dans l’affaire O. Raddad, par exemple ?
    Siné va sûrement déboucher une bouteille, au mieux du Pomerol, au pire de l’oxygène.
    AO

  10. Tout le talent de Philippe Bilger n’a pas suffi à me rendre Maître Vergès aimable. Faut-il être aimable en plus d’être un beau parleur ? Oui il le faut, c’est la première des qualités, c’est celle qui rend le monde meilleur. Les monstres trouveront toujours un défenseur ; mais ce défenseur, lui, n’en trouvera pas, parce qu’une fois retirés les manœuvres médiatiques et le grand spectacle, il ne reste pas grand-chose de Maître Vergès. Quelques pâles imitateurs lui survivent, Maître Collard par exemple. Mais tout cela est tout de même bien affligeant.

  11. Son comportement a beaucoup à voir avec sa détestation du fait colonial, dont son père, médecin, puis consul, a vraisemblablement mesuré les effets dans cette Indochine de l’époque. A son actif, son engagement à 17ans ½ dans la Résistance. Je pense qu’il ne se sentait pas chez lui en France.
    Pis, sa vocation à défendre les pires causes telles celles des poseuses de bombes contre des civils en Algérie française. Son éclipse ailleurs, « à l’est de la France » dira-t-il. Je dirais au Vietnam bombardé par les USA ou dans quelque pays arabe, dont son engagement « pro palestinien » a beaucoup rajouté à son auréole de « défenseur des opprimés ».
    Sans aucun doute un brillant avocat et personnage… en décalage avec la doxa occidentale.
    Un homme de l’Orient ?

  12. A lui, volontiers provocateur, un peu fat et suffisant à mon goût. A préférer que les avocats prennent modèle sur des Dupond-Moretti, des Eolas, des Epailly…
    Il a pris la chambre de Voltaire pour mourir, ultime signe ? Pied de nez ? Pourquoi pas en démocratie. Oui « Quel diable vous fûtes ».
    Enfin, quelqu’un de particulier avec un style l’étant tout autant.
    Pas d’attaque ad hominem. Paix à son âme et condoléances à sa famille.

  13. Maître Jean DAMNED

    N’est pas Lautréamont qui veut.
    N’est pas Zola qui veut.
    Etc.
    Le temps de la dépouille tiède n’est pas celui de la sagesse hagiographique.
    « Mon cher Jacques », « pas bon avocat » (RTL) avait été assez visionnaire pour feinter l’imminent futur nouveau pouvoir, celui des Maîtres du médiatique Blabla. Parti de très bas avec la basoche honteuse des années 50 post-Mornet, ce transpatride inspiré aura su flétrir avec panache les vilenies des futurs ex-pouvoirs pour toiser avec superbe les nouveaux Prêtres de la Communication qui en restaient estomaqués.
    En ce sens il a fasciné n’en déplaise tel ou tel avocat ordinaire voire spécial, plus ou moins général, plus ou moins maréchal.
    Les génuflecteurs, comme de bien entendu, se disputent les pétales verbaux des couronnes mortuaires dans l’espérance d’un arc d’auréole qui serait fourni avec.
    Au deuxième degré, les encenseurs supplétifs et peu prolixes se font un petit plaisir solitaire en mettant en branle leurs nécessaires-à-chaussures :
    « Remarquablement écrit et très poignant »
    « Toujours la bonne formule ! »
    « Très beau. »
    Rappel de la composition (du) nécessaire :
    – un jeu de quatre pâtes, Noir, Marron, Brun, Beige (options tubes ou boîtes avec liasse de chiffons enducteurs ou bien applicateurs via mousses à enduire)
    – une brosse de chiendent à manche
    – une chiffonnette hydrophile pour détacher
    – une brossette souple pour pré-lustrage
    – un chamois soyeux pour finition

  14. « …quelle était sa part de rouerie dans l’affaire O. Raddad, par exemple ? »
    Rédigé par : oursivi | 16 août 2013 à 19:13  »
    Et dans l’affaire Boulin ? C’est lui, Maître Vergès, qui avait convaincu la famille de Robert Boulin que ce dernier avait été assassiné… quatre ans après le décès du ministre, tout de même, ce n’est pas inutile de rappeler ce « détail ».
    Cette famille – la fille surtout, Fabienne – se plaignait de l’ingratitude des hommes politiques de la majorité giscardienne à l’égard de l’ancien maire de Libourne.
    Par malheur, cette thèse qui se résumait à une affirmation (votre père ne s’est pas suicidé !) n’a jamais réussi à prospérer, comme on dit, tant les « moyens » développés pour ce faire étaient absurdes, sans atteindre néanmoins le grotesque du téléfilm que France3 a servi aux téléspectateurs un soir de l’hiver dernier, en suivant cette thèse.
    Qu’importe ! Dans l’esprit de beaucoup de personnes le doute était instillé ! C’était la méthode de cet avocat de renom, en fait un grand manipulateur. Il n’a pas procédé autrement avec son client Omar Raddad, ancien jardinier de Mme Marchal !
    Après tout, cette méthode en vaut bien une autre. C’était là tout Jacques Vergès !

  15. Un avocat exotique à la voix de stentor professant sur le seuil des médias.
    Plus homme de cour que de barreau.
    Pour la mémoire des hommes, parti défendre un diable itinérant !

  16. Quand j’ai appris la mort de Maître Vergès, j’étais en train de manger une part de tarte aux pommes, accompagnée d’un verre de cidre. Pour fêter dignement l’événement, je me suis resservi une deuxième part de tarte et j’ai ouvert une bouteille de crémant. Soyons fous !
    J’ai du mal à comprendre l’admiration et la fascination de Philippe Bilger à l’égard de Jacques Vergès. Le ton dithyrambique de ce billet me dérange. Certes c’était un brillant avocat, mais il aurait pu mettre son intelligence et ses talents d’orateur au service de meilleures causes. Défendre les pires criminels qui soient et promouvoir des idéologies nauséabondes ne font pas de lui un grand homme.
    J’attends avec impatience le jour où son grand copain, Roland Dumas (91 ans), passera l’arme à gauche. Je m’offrirai deux parts de tarte aux pommes et une bouteille de crémant (à consommer sans modération, dans les grandes occasions).

  17. Maître Jean DAMNED

    Titanus, grand Portefaix cosmique (selon votre propre choix), merci de cette info sur un lien entre affaire Boulin et le Macchabée en cours.
    Dans la famille Boulin, vous avez pioché la fille.
    Or le fils Bertrand Boulin (aujourd’hui ad patres) fut du vivant de son père un personnage public qui s’illustra par son militantisme partagé avec les thuriféraires de la « libération sexuelle des enfants », signataire des fameuses pétitions des années 77 à 80 en compagnie des Matzneff, Schérer, Lang, Kouchner, et je m’arrête là car si j’évoque le passage du monstre sacré Foucault le 4 avril 78 sur France Culture je vais finir par confondre mon contrefacteur nantais…
    On sait qu’un montage ignominieux avait voulu salir Pompidou via Madame.
    Pour autant le rapprochement avec l’élimination du pasteur Doucé, qui en savait trop sur les « ballets » chers au manchot Le Troquer, ne peut pas être écarté.
    A la différence que Boulin père n’avait évidemment pas « consommé » mais se trouvait en grande vulnérabilité du fait des mœurs platoniques ou actives de son fils.
    Un suicide « de honte » est possible comme réflexe traumatique à une révélation plus concrète des faits et gestes de son rejeton.
    Mais aussi bien les exécuteurs du clan rival antigiscardien ont-ils pu tabler sur un consensus police-magistrature pour maquiller une élimination en suicide : la droite tout entière eût été accablée par un lien même indirect avec la pédophilie…
    Finalement les diams de Bokassa auront suffi.
    Il sera intéressant, pour le bataillon de candidats « à la bio » qui ne va manquer de fourmiller, d’explorer les éventuelles inclinations du Maître envers les coupables de cette pédophilie « occidentale ». Un autre grand original, Mocky, a perdu de l’argent avec un film, « Les ballets écarlates », saboté par la distribution.
    A l’inverse Vergès se serait-il régalé intellectuellement d’une grave turpitude autocondamnatrice de l’Occident exécré ?

  18. Maître Jean DAMNED

    Pour les archivistes « à la nécro » et pour les plumitifs excités par des gains éditoriaux « à la bio ».
    Notre Regretté Sublime avait il y a 19 ans rossé un de ces fameux « Ordres » d’extraction pétainiste en parrainant un jeune confrère et neveu d’un ancien ministre de droite… :
    « Raoul Mestre : le silence de Vergès
    Un avocat médiatique, Jacques Vergès, pour défendre un jeune confrère, Raoul-François Mestre, jugé trop bruyant par ses pairs. C’était hier à La Roche-sur-Yon, devant le conseil de discipline de l’Ordre des avocats. Qui n’a rien décidé.
    Jacques Vergès plaidait, hier, devant le conseil de discipline de l’Ordre des avocats, la cause de Me Raoul-François Mestre. Le jeune avocat yonnais « comparaissait » devant ses confrères pour entorse à la déontologie. L’Ordre lui reproche d’être trop loquace. D’« exploiter publiquement » les dossiers qu’il traite (les chantiers Jeanneau, les projets immobiliers yonnais…).
    « Je suis venu défendre un confrère poursuivi à la demande d’un groupe. » Sous-entendu, Jeanneau. Un rien langue de bois, Me Jacques Vergès s’engouffre dans la Maison de l’avocat, suivi de Raoul-François Mestre, et de l’oncle de son client, Me Pommeray, ancien bâtonnier de l’Ordre. Il est 17 h 30. La porte se referme, à clé. Sur le trottoir, une vingtaine de personnes font le pied de grue. Venues soutenir Me Mestre, leur avocat. Il y a là des « caravaniers » de Longeville, des actionnaires minoritaires de Jeanneau, des Yonnais riverains du Cours Henri-IV : « Nous appuyons Me Mestre. Nous l’avons écrit au président de l’Ordre : tout ce que notre avocat a pu déclarer à la presse, il l’a fait à notre demande, pas de son propre chef », dit le président de l’Association de défense des riverains du cours Henri-IV.
    Sous l’auvent du café voisin, le détective industriel qui travaille pour Raoul-François Mestre dans le dossier Jeanneau peste : « Inadmissible de voir qu’un chef d’entreprise qui prétend n’avoir rien à se reprocher en arrive à intervenir auprès de l’Ordre pour impressionner l’avocat de ses opposants ! » Le PDG de Jeanneau avait écrit au président de l’Ordre des avocats pour se plaindre des déclarations publiques de Me Mestre. La « comparution » va durer deux heures. Une bonne soirée pour le cafetier. 19 h 30, la porte de la Maison de l’avocat s’ouvre.
    Jacques Vergès sort, suivi de Mes Mestre et Pommeray. Sourires de composition. « Pas de décision, l’affaire est mise en délibéré. Je ne peux rien dire sur ce qui a été dit. Je suis très heureux de m’être adressé au Barreau de La Roche-sur-Yon. » Déclaration sèche de l’avocat parisien. Raoul Mestre « se rapporte à ce qu’a dit (son) défenseur. » On n’en saura pas plus. L’affaire redevient-elle, ce que pour le président de l’Ordre, elle n’aurait jamais dû cesser d’être, « une affaire strictement interne » ? Me Limousin n’est pas plus prolixe. « Les choses m’ont un peu échappé », disait-il avant l’audience. Elles semblent reprises en main.
    Que Jacques Vergès n’ait rien à déclarer, c’est bien là l’événement !
    Bruno RIPOCHE. »
    Quelques jours plus tard, Raoul Mestre était relaxé par la cour d’appel de Poitiers.

  19. Maître de la parole, virtuose du silence, du temps suspendu, le talent fait maître. Cet eurasien s’est drapé dans le soufre, a prospéré auprès du scandale. Pour l’avoir vécu dans sa chair, Jacques était un des derniers représentants-vestiges de l’anticolonialisme, du tiers-mondisme, ayant même la double nationalité, algérien et français. Brasseur d’histoires et gobeur de géographie, escamoteur d’années, admirateur de De Gaulle, pourtant maoïste. Il a l’élégance bourgeoise et canaille de croire qu’il peut défendre n’importe quel salaud. Si toutes les causes ne se valent pas, l’homme vaincu, déshonorant, reste un être estimable. Pathétique sans doute puisque Maître Vergès a condescendu à son aide.
    Une forme bien étrange et réversible d’humanisme à l’usage de ce siècle précédent qui s’est craquelé de partout et qui nous regarde encore. Un diable.

  20. Arobase du Ban

    Esthétique.
    J’ajoute à mon commentaire de 19h09 que chez Jacques Vergès je crois avoir été séduit par une dimension du personnage que je qualifierais bien « d’esthétique » et qui transcende ses contradictions « dans le siècle et parmi les hommes ».
    Une sorte d’aristocratie de l’esprit ?

  21. Personnellement, Vergès me fait pas mal penser à Goebbels (en beaucoup moins doué quand même). Et, je dirais, on voit là nettement le progrès social : alors que Goebbels a été en mesure de faire pas mal de dégâts, Vergès a été à peu près inoffensif.

  22. « …avocat vous fûtes ! » ?
    PB
    Pour une profession qui ne porte que la robe et le cigare…
    Cette chute est une pantalonnade.
    AO

  23. Ribouldingue

    L’inflation des louanges est plus que suspecte… Ne cacherait-elle pas plutôt un « bon vent » hypocrite !
    Et quel paradoxe pour un avocat de rejoindre, condamné à perpétuité, le monde du… silence !

  24. @ Ribouldingue
    « L’inflation des louanges est plus que suspecte… Ne cacherait-elle pas plutôt un « bon vent » hypocrite ! »
    Je partage votre opinion. Quand la bien-pensance se met à faire l’éloge de personnages aussi sulfureux que Me Vergès, quels que soient son intelligence et son talent, je me dis qu’il y a quelque chose de pas très naturel dans le comportement de nos « intellectuels ».
    Il est vrai que quelque part il faisait partie des leurs. Entre gens du même monde on se doit bien quelques politesses. La mort efface la partie obscure du personnage et on n’en retient que son côté lumineux.

  25. @ buridan
    « Personnellement, Vergès me fait pas mal penser à Goebbels ».
    Il se trouve que le journal du docteur Goebbels a été publié chez Tallandier. Je vous invite à en lire quelques centaines de pages. Un texte à ce point spécial qu’il ôte durablement l’envie de comparer.

  26. Peut-être est-ce une façon imparable de ne pas renoncer à sa jeunesse que de défendre la cause de son ancien ennemi, ses déviances, ses atrocités. De défendre des assassins échappés de l’ordinaire. Le luxe n’est que paravent et la parole une bien belle commodité. Placer sa chaise entre trois continents permet plus facilement de se régénérer ainsi que de relativiser cette chose humaine de moyenne banlieue.
    Finalement, ce Jacques Vergès m’est de plus en plus sympathique dans ses tiraillements. Imaginez, soyons baroques : si le dieu des maoïstes et des autres était à son image, tout d’empathie égotique et de flamme ?

  27. « …l’éloge de personnages aussi sulfureux que Me Vergès, quels que soient son intelligence et son talent, je me dis qu’il y a quelque chose de pas très naturel dans le comportement de nos « intellectuels ». »
    Rédigé par : Achille | 17 août 2013 à 10:01
    Bien au contraire, tout est normal.
    Dans un monde où règne le Relativisme le plus absolu (si je puis dire), le sophiste Vergès était parfaitement à sa place et naturellement encensé.
    Un sophisme porté par un brillant intellectuel qui avait l’avantage d’être sans convictions autres que le volonté de détruire une société qu’il sentait en décomposition.
    Il y a des points communs entre Taubira et Vergès, intellectuels de haute volée, mais souffrant d’une absence de reconnaissance de la part d’une haute bourgeoisie, très aristocratique sous des apparences d’ouverture.

  28. Résistant à 17 ans, Vergès était fier du mot de sympathie que de Gaulle lui avait envoyé à la Libération pour s’être battu pour la France et avoir quitté La Réunion pour rejoindre Londres, alors que Gabin et Marlène partaient faire de la résistance à Los Angeles ; ils se sont peut-être croises en Atlantique, qui sait…
    On ne gardera pas une image pieuse de Vergès, toutefois on appréciera les pétards à mèches courtes qu’ils allumait aux fesses de résistants sur stèle de bronze, comme Raymond Aubrac (surnommé « Aubracadabrant », compte tenu du nombre de versions différentes qu’il avait données de sa propre Résistance).

  29. Il appartenait à la catégorie du dandy-jouisseur : les beaux-arts, la bonne chère, les belles femmes, les bons cigares cubains, il trônait à son bureau Louis XV devant sa tapisserie d’Aubusson, il se sera bien amusé sur cette planète, c’est pas donné à tout le monde. Imaginez-le à Nuremberg, il aurait fait un tabac.
    Des emmerdeurs il en faut, c’est le sel de la terre, les empêcheurs de tourner en rond sont très divertissants, il ne me viendrait pas à l’idée de passer une Saint-Sylvestre avec Badinter.

  30. Quand, très jeune, j’ai appris les premiers rudiments de Droit, moi qui n’en connais que quelques lignes, il a fallu que j’admette que l’homme qui était assis sur le banc des accusés était déclaré « présumé innocent ».
    Quand, encore jeune, j’ai appris l’existence de Maître Vergès, j’ai vite acquis l’intuition que pour celui-ci, l’homme assis sur le banc des accusés, défendu par Vergès était « innocent » et forcément une « victime de la société ».
    Ma sympathie va aux familles des vraies victimes aux vies broyées par les poseurs de bombes anonymes dans des transports en commun.
    Au Diable Vergès, je ne l’aimais pas.

  31. @ Savonarole
    Soyons précis ! Raymond Aubrac a donné des versions divergentes sur la date exacte de son identification par la Gestapo, pas sur « sa propre Résistance ». En 1997, après les accusations infondées de Klaus Barbie et Jacques Vergès, des historiens sérieux (tels que Rousso, Agulhon, Azéma et Vernant) n’ont pas trouvé la moindre trace de trahison, même si des doutes subsistent.
    Quant à Jean Gabin, certes il a préféré quitter la France en 1941 pour ne pas collaborer avec l’occupant allemand (contrairement à la plupart des acteurs français de l’époque), mais il s’est engagé dans la Marine en 1943 et a participé à la campagne d’Allemagne en 1945, par patriotisme.
    Pourquoi dénigrer Raymond Aubrac et Jean Gabin ? Pourquoi oublier Jean-Pierre Aumont (engagé dans les FFL en 1943) ? Pourquoi faire preuve de complaisance à l’égard de Jacques Vergès ? La liste des criminels avérés qu’il a défendus est trop longue pour être citée ici. Quelques noms suffiront : Carlos (terroriste pseudo-révolutionnaire, issu d’une famille bourgeoise et marxiste), Klaus Barbie (le fameux « boucher de Lyon »), Roger Garaudy (ancien communiste converti à l’Islam et pape du négationnisme), Jacques Médecin (ancien maire de Nice et escroc notoire), Laurent Gbagbo (potentat ivoirien et raciste).
    Je persiste et je signe. Jacques Vergès ne mérite pas qu’on verse une seule larme sur son sort. C’était un individu narcissique et arrogant, imbu de sa personne et de son intelligence « supérieure », bien mal employée. J’ai soudain une furieuse envie de manger de la tarte aux pommes et de boire du crémant.

  32. Qu’il ait défendu des « poseurs de bombes » en tant qu’avocat, cela ne me choque pas. La raison d’être d’un avocat, c’est de défendre le « présumé coupable », quel qu’il soit, quel qu’ait été son crime.
    Mais qu’il ait épousé une « poseuse de bombes » auteur d’un carnage que l’on fait mine d’oublier aujourd’hui (car dans la mémoire des hommes, un carnage chasse l’autre…) cela donne la mesure de ce qu’un « engagement » idéologique peut inspirer, même chez un homme dont personne ne conteste l’intelligence brillante… pour ne pas dire « lumineuse » !!

  33. calamity jane

    Sulfureux !
    Un homme qui savait placer chacun, chacune coupable ou innocent devant sa propre conscience ?
    Tous ces résistants qui fichent le camp…

  34. « Il ne me viendrait pas à l’idée de passer une Saint-Sylvestre avec Badinter. »
    Rédigé par : Savonarole | 17 août 2013 à 11:20
    Ce n’est pas une raison pour passer une Saint-Barthélémy avec Vergès et sa poseuse de bombes !

  35. moncreiffe | 17 août 2013 à 12:57
    Si je comprends bien vos héros ont attendu 1943 ou 1945 avant de se dire résistants…
    Je vous interdis de me faire rire !

  36. Catherine JACOB

    « Vous avez su si bien endosser tant de rôles et, au risque d’offenser votre mémoire, je suis persuadé, malgré les apparences, que votre préféré n’était pas celui de l’avocat. […] Vous avez si bien représenté l’avocat dans son essence pour beaucoup de jeunes gens que, comme pour Libération plébiscité par les apprentis journalistes malgré ses défauts, vous étiez, et de loin, la figure la plus vantée et un modèle incontestable. Gare à qui aurait osé émettre le moindre bémol sur ce plan!»
    Allons-y alors pour un la mineur.
    Pour la béotienne du droit que je suis, le premier souci de l’avocat, sa toute première priorité ne doit pas être une cause idéale mais celle toute concrète de son client. Il me semble que l’avocat qui accepte de défendre un dossier et de représenter une partie, qui donc est contraint par une obligation de moyens inscrits dans le droit (≠ moyens de tout poil) et une déontologie qui veut du sérieux, se rend coupable d’une sorte d’abus de confiance dès lors qu’il s’investit davantage dans la défense d’une cause abstraite (notamment abstraite de la cause) que dans la réalité et le concret du dossier dont il a la charge, ou encore dès lors qu’au lieu de représenter son client devant ses juges, il se sert de son affaire pour représenter devant les médias des gens qui ne l’ont pas sollicité et en rien mandaté, et en somme fait le show.
    Vous me direz : «Mais, et si son client c’est le diable ? ». La première réponse qui me vient à l’esprit est « Vu le nombre d’avocats qui passent leur temps à diaboliser leur adversaire en faisant feu de tout bois et à dénaturer plutôt qu’à étudier les dossiers des parties respectives, il peut bien y en avoir un qui derrière le Diable recherchera les mécanismes de la Chute en visant l’efficacité judiciaire car pour le surplus il y a la scène ».
    La scène en effet, ne cherche pas la justice mais la remémoration ou encore une forme de résurrection d’une expérience à partager qui enclenche un processus d’identification, lequel se joue en dehors du juste.
    En ce sens, je pense que la salle d’audience a moins vocation à être une scène qu’une arène car il y faut vaincre et y faire vaincre, en particulier le juste.
    A cet effet, il me semble que le juge est un acteur à inclure et non pas à sortir du débat dont dépend le sort de l’accusé. D’où ce que vous dénommez «défense de rupture» ne peut en effet qu’être inefficace et l’avocat qui engage délibérément une forme de défense qu’il sait devoir être inefficace ne saurait, de mon humble point de vue béotien, se constituer en modèle car d’un point de vue au ras des pâquerettes, il me semble qu’il se fiche du monde.
    La «défense de rupture» est, si j’ai bien compris, le fait de dénier au tribunal toute légitimité à siéger et à rendre une quelconque décision.
    C’est par exemple ce qu’a fait Radovan Karadžić qui avait demandé à se défendre lui-même sans l’intermédiaire d’un avocat devant le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, puis avait finalement déposé une requête aux fins d’acquittement alors qu’il était inculpé d’onze chefs d’accusation résultant de « crimes contre l’humanité, atteintes graves à la convention de Genève (1949), meurtre, et génocide, en particulier pour ce qui concerne le massacre de Srebrenica » et quelque part avec raison puisque l’assistant du secrétaire d’État des États-Unis (parlant manifestement pour tout le monde ?) aurait passé avec lui un accord par lequel il lui promettait de ne plus le poursuivre s’il se retirait de la vie politique bosniaque. Or, on ne passe pas de tels accords avec des accusés sur lesquels on estime avoir l’exercice d’une juridiction légitime.
    Dans le cas du Tribunal International, la légitimité ne se définit pas comme territoriale mais comme morale. Mais il faut bien se rendre compte que dès lors que l’autorité morale de la communauté internationale se voit récusée, si celle-ci tient à s’élever contre des situations préalablement définies comme intolérables, il ne lui reste pas beaucoup d’options pour agir (je ne vise pas ici les méthodes des Israéliens ou encore de l’Oncle Sam).
    Cela ouvre néanmoins un débat auquel il me paraît toutefois difficile de rapporter n’importe quel procès que la défense voudrait voir qualifier devant l’opinion en général de «politique» et c’est là où s’ouvre aussi pour l’accusation comme pour d’éventuelles parties civiles, un champ d’expression qui peut se révéler très intéressant, surtout depuis que la communauté internationale voit son internationalité se réduire comme une peau de chagrin, à l’«Occident», ladite qualification d’«Occident» n’étant pas purement géographique bien évidemment.
    Me Vergès était semble-t-il un joueur d’échecs or selon le grand maître d’échecs austro-polonais naturalisé français d’origine juive Xavier Tartacover « La Tactique ne consiste-t-elle pas à savoir ce qu’il faut faire quand il y a quelque chose à faire tandis que la Stratégie consiste à savoir ce qu’il faut faire quand il n’y a rien à faire ! »
    Ayant manifestement sélectionné beaucoup d’affaires dans lesquelles il n’y avait pas grand-chose à faire, si ce n’est à empêcher l’exécution des condamnés, peut-on dire que si sa stratégie avait dû quelque part se résumer à cela, on ne peut lui dénier une certaine efficacité. Mais la question demeure, par exemple dans l’affaire Omar Raddad, de la qualité du tacticien.

  37. Perplexe-gb

    Le billet est remarquable. On aimerait en lire assez souvent. Vite d’autres deuils. Mais le choix des personnages est souvent déroutant avec M. Bilger.
    Vergès fait partie de cette élite qui sait faire parler d’elle, se moquer des Français et surtout tirer avantage de la France. L’initiateur du mur des cons en somme.

  38. Il est navrant de constater que la critique et le doute « raisonnables » laissent place ici à des tentatives révisionnistes de l’Histoire.
    Lors de son procès, Klaus Barbie a tenté d’instiller le doute sur le rôle des Résistants, dont, entre autres, Raymond Aubrac, rescapé de Caluire d’où Jean Moulin n’est pas revenu. On sait que l’Abwher, durant la guerre, remplissait aussi ce rôle, etc.
    Jean Gabin ? L’un des rares acteurs français à combattre avec des Français pour arriver au nid d’aigle d’Hitler, Berchtesgaden.
    Pitié, pas de révisionnisme rétrograde. Savonarole ? C’est pour amuser la galerie vos volte-face ?

  39. « Selon le grand maître d’échecs austro-polonais naturalisé français d’origine juive Xavier Tartacover »…
    (Catherine JACOB)
    Je ne veux pas Paul et Mickey mais… ses « origines » sont-elles si importantes ? Il était Français, « de père autrichien et de mère polonaise » serait plus acceptable, nicht war ?

  40. @ berdepas
    Mais qu’il ait épousé une « poseuse de bombes » auteur d’un carnage que l’on fait mine d’oublier aujourd’hui
    Là je ne suis pas d’accord. Quelle peut être la différence entre épouser – Jacques Vergès – une « poseuse de bombes » et un(e) militaire de terrain ou même hors opération ? Je n’en vois qu’une en ce qui me concerne : un est rétribué par un Etat l’autre pas. Il est vraisemblable que vivre avec une terroriste est autrement émoustillant. Pourtant les morts de l’un valent bien les morts de l’autre.

  41. Pour ma part, c’est de la méfiance que m’a toujours inspirée ce personnage. Nul doute qu’il était intellectuellement extrêmement brillant mais j’ai toujours eu une réserve quant à son humanité. Il a défendu de grands criminels, ce qui est à son honneur, mais je doute que sa motivation était l’attachement à l’Etat de droit même dans les cas extrêmes. Cheyenne Brando lui aurait dit un jour qu’il était froid comme un serpent, ce qui m’a confortée dans mon impression qu’il s’agissait en réalité d’un pervers narcissique, être dénué de tout affect qui ne fait qu’utiliser les autres dans son propre intérêt. Je n’arrive pas à me départir de ce sentiment que ses actes n’étaient pas motivés par la grandeur des idées qu’il prétendait défendre mais par la seule volonté de construire sa légende. Il me semble que la défense des plus grands criminels relève de cette logique, tout comme le mystère savamment entretenu sous les années où il a « disparu », et je ne ressens donc aucune tristesse particulière à l’annonce du décès d’un individu au fond plus préoccupé par lui-même et sa propre gloire que par ses semblables aux vies plus difficiles.

  42. @ Scoubab00
    « …La différence entre une « poseuse de bombes » et un(e) militaire de terrain ou même hors opération ? Je n’en vois qu’une en ce qui me concerne : un est rétribué par un Etat l’autre pas »
    Bien sûr il arrive que certains militaires de terrain tuent sciemment des civils, cela s’est hélas produit trop souvent pendant la guerre d’Algérie. Mais de là en arriver à faire de tous les militaires de terrain l’alter ego des poseurs de bombes et ne trouver comme différence que la rémunération (ou non) financière, c’est se livrer à un amalgame d’une grande malhonnêteté intellectuelle, et taxer tous les militaires de terrain d’assassins de civils.
    Le poseur de bombes, lui, choisit sciemment (ou applique scrupuleusement une directive) comme unique « métier guerrier » l’assassinat de civils pris au hasard. Plus exactement choisis pour ce qu’ils sont de par leur naissance ou/et lieu de résidence, et non pour ce qu’ils ont fait ou sont susceptibles de faire.
    En cela les poseurs de bombes destinées à tuer aveuglément des civils sont dans la même logique criminelle que l’étaient les Waffen SS de certaines unités : Einsatzgruppen massacrant les juifs sur les arrières du front de l’Est, compagnie de la « Das Reich » auteur du massacre d’Oradour-sur-Glane. La seule différence entre les deux, c’est que le poseur de bombes ne dispose pas des moyens (nombre de complices et matériel) permettant d’atteindre les scores de ces criminels de guerre.

  43. Puisque l’on évoque Jean Gabin, sachez que ses cendres ont été dispersées en mer depuis un bâtiment de guerre de la Marine nationale. Un de mes amis, décédé aujourd’hui, a assisté à cette émouvante cérémonie en tant que camarade de guerre de ce magnifique acteur. C’était l’honneur rendu au Pacha qui reste dans nos coeurs.

  44. Arobase du Ban

    L’avocat Vergès moralement suspect ?? De quoi ?
    Même quand on n’est pas l’ami des délinquants ou des criminels dont la société de droit et nos sentiments nous font désirer qu’ils « payent » leurs actes, je ne vois pas en quoi l’avocat qui les a défendus, peut-être avec mépris pour cette société que nous formons et par provocation, serait infâme et mériterait notre haine sinon notre mépris, alors que ses qualités intellectuelles et son courage (physique au moins) sont indiscutables.
    Pour le reste, il a exercé le métier d’avocat avec un grand courage moral, même si une certaine haine « idéologique » pouvait l’animer.
    Nul ne peut exercer sur lui un désir rentré de vengeance. Ou alors il faut dire que les grands criminels n’auront pas droit à la défense. Et qui fera le tri ?
    Au vrai, je persiste dans mon approche « suprapolitique » du personnage et indique que je me range à l’avis de Dominique Jamet qui a livré un billet court et clair sur son site .
    Pour lui, Vergès a fait honneur à la profession d’avocat.
    Pardonnez-moi M. Bilger si j’insiste sur votre blog sur cette question qui me paraît primordiale.
    Vergès était mon « ennemi » puisque j’étais officier d’active, ayant servi en Algérie notamment.
    Mais il faut, si on est civilisé et « humaniste », respecter son ennemi et ne point le haïr par construction politique.

  45. Véronique Raffeneau

    A tort ou à raison, la figure de J. Vergès est dans mon esprit un échantillon de ces personnages de cour surestimés, indissociables des lucioles en pagaille de la galaxie et de la chronique médiatiques, politiques et mondaines.
    Défenseurs d’une unique cause.
    La leur.
    Aucune fascination.

  46. @ Trekker
    C’est un peu la différence entre le petit commerce et la grande surface : le poseur, la poseuse de bombe a un pouvoir de nuisance limité, de par son illégalité et ses moyens financiers réduits. Un Etat, lorsqu’il décide de faire la guerre, transforme son industrie en métal hurlant et ses hommes jeunes en larbins. Souvent dans les conflits vous le savez très bien, en Algérie il y a plus de cinquante ans également, les « terroristes » prennent pour cible des militaires, pas que des civils. Les premiers sont leurs ennemis naturels.
    Se pose la question de la responsabilité. Un militaire en temps de guerre est-il responsable des atrocités commises par ses pairs même s’il passe ses journées dans un bureau ou une cuisine ? Et un poseur de bombes « dormant » ou étroitement surveillé en ce qui concerne l’action terroriste ? Je ne pense pas être malhonnête intellectuellement mais pour moi, la différence de responsabilité est bien ténue. Parce que ceux qui ne sont pas sur le terrain, au contact, agissent pareillement sur ordre. Qu’il soit officiel ou clandestin. Ils peuvent savoir, se renseigner même s’ils ne ressentent pas l’âcreté de la peur.
    Il y a à l’inverse chez les militaires des gens bien qui essayent coûte que coûte de limiter « la casse » à leur niveau. Et je suppose des artificiers artisanaux qui flanchent au moment de l’amorçage de leur engin de mort.
    Je ne sais ce qu’a accompli l’épouse algérienne « poseuse de bombes » de Jacques Vergès. Ce dernier, provocateur, abhorrait bon nombre d’institutions parmi lesquelles l’armée, institution au front bas d’un Etat colonial en l’occurrence. Egotique et anar certes, Jacques l’a peut-être aussi épousée par amour ? La guerre sait exalter ce type de pulsion. C’est l’un de ses rares avantages et notre avocat énigmatique était encore vert voire onctueux.

  47. @ scoubab00
    « En Algérie il y a plus de cinquante ans également, les « terroristes » prennent pour cible des militaires, pas que des civils. Les premiers sont leurs ennemis naturels. »
    A Alger en 1957, époque et lieu où le terrorisme aveugle fut le principal mode d’action du FLN, les bombes furent toujours déposées dans des lieux fréquentés par des civils : brasseries, tribunes de stade, etc. Certes il y avait parfois des militaires en permission dans ces établissements, mais c’était bel et bien la population civile qui était ciblée.
    « Je ne sais ce qu’a accompli l’épouse algérienne poseuse de bombes de Jacques Vergès »
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Djamila_Bouhired
     » ….Elle dépose, le 30 septembre 1956, une bombe qui n’explose pas dans le hall du Maurétania. Elle recrute Djamila Bouazza qui, elle, déposa le 26 janvier suivant, une bombe très meurtrière au Coq Hardi… »
    Certes la bombe qu’elle posa n’explosa pas, mais cela n’était pas de son fait, et il y a quand même son recrutement de l’autre poseuse de bombes.
    Djamila Bouhired et sa collègue en posage de bombes, Zohra Drif, n’ont jamais eu le moindre propos public de compassion vis-à-vis de leurs victimes ou / et de regret sur leurs actions. Au début des années 2000 la première et la seconde en 2012, déclarèrent publiquement qu’elles ne regrettaient rien.
    http://www.marianne.net/Attentat-du-Milk-Bar-rien-Zohra-Drif-ne-regrette-rien_a216760.html

  48. Rédigé par : scoubab00 | 18 août 2013 à 09:33
    Bon, vous faites intelligemment machine arrière, c’est bien.
    Personne ne conteste qu’il y eut et qu’il y aura chez les militaires comme partout ailleurs des tueurs nés que leur hiérarchie a parfois eu tendance à utiliser avec un grand cynisme.
    Personne de sérieux ne contestera que la mentalité des armées occidentales s’est beaucoup amendée ces dernières décennies et la presse et les intellectuels n’y sont pas pour rien, leurs interventions n’étaient pas que délétères, de Voltaire à Camus, des idées nécessaires ont essaimé, chacune utile à son époque.
    Le fait que les peuples auxquels elles s’intéressaient y aient été sensibles rassure quant à ceux-là.
    Un terroriste qui tire dans le tas, butant là peut-être de ses soutiens potentiels, sera toujours un minable, un méprisable c.. qui mérite la mort autant qu’il l’appelle.
    Oui à la radicalité si elle est nécessaire, non à l’indiscernement, autre définition du mal comme de la stupidité, notions qu’on pourrait aisément fondre.
    AO

  49. Que des Zohra Drif ou Djamila Bouhired et d’autres Yacef Saadi ne regrettent rien, ce n’est pas surprenant.
    On peut lire dans Marianne d’avril 2012 (mis en lien plus bas) ses propres mots : « Adressez-vous à l’Etat Français ! », en réponse à l’une de ses victimes du Milk Bar pour justifier ses actes barbares contre des civils, dans des cafés. Un peu comme on le voit maintenant au Proche et Moyen Orient. Elle n’a posé « qu’une petite bombinette » dit-elle dans cette conférence !
    On a la Résistance qu’on peut.
    La lutte contre un supposé oppresseur ne justifie pas ces actes ignobles qui ne font que les discréditer.

  50. Une très belle citation de Jacques Vergès, trouvée dans slate.fr :
    «Tout le monde a le droit d’être défendu», affirmait-il. «Défendre ce n’est pas excuser. L’avocat ne juge pas, il ne condamne pas, il n’acquitte pas : il essaie de comprendre. Quand l’avocat essaie de comprendre le chemin qui mène quelqu’un qui nous ressemble à commettre un crime que nous sommes les premiers à réprouver, nous faisons un travail social», ajoutait-il.

  51. @ Nath
    La lutte contre un supposé oppresseur ne justifie pas ces actes ignobles qui ne font que les discréditer.
    Une simple question : votre phrase s’applique-t-elle à un « résistant » bien d’chez nous qui ôte la vie pour la beauté du geste, une petite vingtaine d’années plus tôt, à un troufion allemand qui prend le frais après une rude journée ?

  52. Rédigé par : scoubab00 | 18 août 2013 à 23:45
    Même si le geste qu’avancez maladroitement est vilain, puisque on suppose que le « terroriste » ou « résistant » ne va s’attaquer à un soldat armé que s’il est sûr de ne pas lui laisser le début d’une chance, cet acte est tout de même loin de ceux d’une Djamila qui buterait même des nourrissons et en sourirait encore cinquante ans plus tard.
    A ma connaissance, les résistants français n’avaient pas pour usage d’envoyer des colis piégés aux populations civiles allemandes. Ils s’attaquaient aux militaires, même s’ils s’arrangeaient pour ne pas leur laisser le temps d’utiliser leur arme.
    Sacrée différence, dont vous n’avez pas conscience..?
    Quel âge avez-vous ?
    AO

  53. @scoubab00
    « Votre phrase s’applique-t-elle à un « résistant » bien d’chez nous qui ôte la vie pour la beauté du geste, une petite vingtaine d’années plus tôt, à un troufion allemand qui prend le frais après une rude journée? »
    Je me permets de répondre bien que ce soit à Nath que vous posiez la question. L’acte est lâche, n’honore pas son auteur et bien souvent n’était sans aucun intérêt d’ordre tactique *. Mais la victime était un soldat et même au repos, il restait un militaire d’une armée d’occupation. Le risque d’être tué, même en étant au repos, faisait partie de son métier (si engagé) ou de sa condition de soldat (si appelé).
    * Le futur colonel FTP Fabien commit un acte similaire à Paris, en tuant l’aspirant Moser dans le métro. Et le seul résultat militaire fut de provoquer l’exécution par l’armée allemande d’une série d’otages français.
    A contrario l’exécution du même militaire s’il vient de se rendre ou est prisonnier, là est un crime de guerre et donc un acte ignoble. Il l’est d’autant plus qu’il n’est alors d’aucune utilité tactique. Hélas en 1944 certains résistants, généralement n’ayant jamais participé à de réels combats, se livrèrent par vengeance gratuite à ce genre de crime ignoble. Le pire étant que bien souvent ces prisonniers n’avaient pas été mêlés à de quelconques atrocités.
    Un des cas type et totalement occulté pendant des décennies, fut l’exécution dans la Vienne de cinq auxiliaires féminines de l’armée allemande. Elles avaient été faites prisonnières une huitaine de jours avant par un stick de paras des FFL, mais de par la nature de sa mission (action de commandos exigeant de rapides changement de lieu) il ne pouvait en assurer la garde. Le capitaine qui commandait ce stick remit ses prisonnières à un groupe de résistants locaux, puis parti pour d’autres « aventures », et bien évidemment il avait demandé aux chefs des résistants de traiter ces femmes comme des prisonniers de guerre.
    Au motif qu’une unité de l’armée allemande à laquelle ces femmes n’appartenaient pas du tout, avait tué sciemment des civils à proximité, le (ou les) chefs de ces résistants décida de les faire fusiller. Il les transféra dans le cimetière local, alignées contre un mur, et un peloton d’exécution composé de « courageux résistants » les fusilla.
    Les faits ont été découverts récemment par un journaliste d’investigation, et la chronologie des faits validée par sa consultation des archives SAS britanniques : messages de comptes rendus d’opération transmis à l’époque par le capitaine du stick SAS FFL.

  54. @scoubab00
    « Un « résistant » bien d’chez nous qui ôte la vie pour la beauté du geste, une petite vingtaine d’années plus tôt, à un troufion allemand »
    Je ne vois pas à quel fait vous faites allusion (une petite vingtaine d’années plus tôt) : plus tôt qu’en 60 ? Sauf à l’acte commis par le Colonel Fabien et d’autres.
    Certes, ce soldat allemand n’avait pas bénéficié des sommations d’usage. Certes il était pris par surprise (je n’en sais rien, je n’étais pas né !).
    Mais cette armée d’occupation a perpétré des actes bien plus abominables en quatre ans que pendant les sept ans, en Algérie… même si la question de la torture reste pendante. Mais comme rappelé par Trekker et d’autres, je suis surpris que vous mettiez sur le même plan ces deux actes.

  55. @JLS | 18 août 2013 à 21:06
    C’est un bel idéal. Je souhaite que pour tout avocat il n’y ait pas aussi loin de l’idéal au réel que de la coupe aux lèvres.
    @Nath | 17 août 2013 à 18:53
    « nicht war ? »
    ‘war’ est le parfait de ‘sein’ d’où ‘nicht wahr’ ?
    Mais en effet.

  56. scoubab00 au mastic

    Mais comme rappelé par Trekker et d’autres, je suis surpris que vous mettiez sur le même plan ces deux actes : posage de bombe de la part de Djamila, l’épouse de Jacques Vergès et l’assassinat d’un troufion allemand par un « résistant » en dehors des heures de service et sans sommations d »usage.
    Nath et collègues, il est question ici de lâcheté appliquée à la guerre. Bien sûr qu’une bombe algéroise posée au hasard fait beaucoup plus de victimes, des civils, des enfants. Il me semble que vous avez la détestation facile quand cela se passe ailleurs et que des Français (blancs) sont des victimes. Un peu moins lorsque des étrangers ou des non-blancs passent de vie à trépas. C’est du moins mon impression, rien que de très banal en somme…
    Dans le cas qui nous intéresse ici – l’époux non moins sulfureux de Djamila Bouhired – nous sommes en présence d’un homme qui a toujours été en marge car eurasien, métis ou moitié d’indigène même dans son milieu d’origine colon bourgeois. C’est ce qu’on appelle transcender sa différence et c’est ce en quoi Vergès a réussi ô combien dans sa vie d’avocat. Réussir sa vie tout court est un sujet trop intime pour que j’aie un avis sur l’humain Jacques.

  57. Mary Preud'homme

    Scoubab double 0 a écrit :
    « en marge car eurasien, métis ou moitié d’indigène même dans son milieu d’origine colon bourgeois »…
    Du très lourd question clichés et préjugés ! D’autant qu’il demeure de gros doutes quant à l’ascendance réelle de JV.
    Les innombrables métis, eurasiens etc. décrétés de ce fait marginaux dès leur naissance apprécieront.

    Après Bouteflika, Alain de la Morandais se fera donc demain l’avocat du diable Mansour non à la mosquée mais à St Thomas d’Aquin !
    Quel cirque ! ça va s’agiter là-haut !

  58. @ oursivi | 19 août 2013 à 00:07
    « A ma connaissance, les résistants français n’avaient pas pour usage d’envoyer des colis piégés aux populations civiles allemandes. Ils s’attaquaient aux militaires, même s’ils s’arrangeaient pour ne pas leur laisser le temps d’utiliser leur arme. »
    Les résistants résistaient en effet sur leur propre territoire objet d’une occupation de fraîche date qui faisait suite à la défaite de l’armée française intervenue en un temps record, et contre laquelle, en effet, ils cherchaient à résister.
    Ceci dit, je ne suis pas persuadée qu’en dehors d’une poignée de patriotes réfractaires à l’annexion de fait, ils aient vraiment compris ce qui pouvait signifier pour le monde une victoire définitive des puissances de l’Axe. Ils ont simplement continué à se battre au jour le jour de la seule façon possible étant donné les circonstances.

  59. @ scoubab00 au mastic
    « l’assassinat d’un troufion allemand par un « résistant » en dehors des heures de service et sans sommations d »usage. »
    En période et zone de guerre, notamment dans toute armée constituée et digne de ce nom, les sommations d’usage ne sont, en simplifiant, pratiquées que dans deux cas : sentinelle gardant un entrepôt ou cantonnement militaire et voyant s’approcher une personne suspecte a priori non armée, ou si oui non menaçante ; même cas de figure pour des soldats postés à un point de contrôle (et non en embuscade).
    Procéder à des sommations face à un ennemi identifié, c’est au mieux risquer qu’il se mette à couvert ou s’enfuie, et bien plus probablement qu’il tire en premier et abatte le soldat ou résistant auteur des sommations.
    Dans le cas que vous citez, soldat allemand au repos, si le résistant qui l’a tué avait fait vos sommations d’usage, le soldat aurait alerté ses camarades ou aurait eu le temps de se saisir de son arme, et d’abattre le résistant. Certes et comme déjà écrit tuer un soldat isolé et au repos, c’est loin d’être glorieux. Un groupe de militaires l’aurait certainement fait prisonnier… à condition qu’il lève les bras au ciel dès la vue de leurs armes braquées sur lui.
    Pour revenir au sujet initial du billet de notre hôte, je partage totalement son analyse et sa vision de M° Jacques Vergès.

  60. Rédigé par : scoubab00 au mastic | 19 août 2013 à 10:20
    Vous devriez arrêter les procès en sorcellerie… Pour le coup le seul raciste avéré est celui qui préjuge.
    A bien lire tous les commentaires de vos contradicteurs, prêts eux à faire la part des choses, je crains que le seul à préjuger sans mélange ne soit vous.
    Libre à vous de penser ainsi comme à nous de dire ce qu’en pensons. Mais examinez mieux la souplesse et le souci de réalisme des positions de chacun et notez où est la rigidité sûre d’elle et accusatrice, elle sans partage ni nuance.
    AO

  61. En tout cas on a perdu un mélomane dans cette affaire, car l’Aspirant Alfons Moser se rendait à l’Opéra de Paris en métro depuis Barbès…

  62. Cher oursivi ne montez pas sur vos grands chevaux ! Je vous donne mon ressenti, ne croyant surtout pas en l’objectivité : tout esprit cocardier m’indispose voilà tout, seriez-vous harki, pied-noir ou colonel. La guerre c’est moche, on ne la fait pas aux confetti et à la Danette – même si Flamby et ses forces armées sont engagés présentement un peu plus loin au Mali. Comme vous le suggérez, les résistants français pouvaient difficilement s’attaquer à des civils teutons, vu qu’il y en avait très peu sur notre territoire. Comparer deux conflits est forcément un exercice délicat mais la lâcheté est un fil rouge.
    Pardonnez mon antimilitarisme, ma famille a perdu quatre des siens durant le premier conflit mondial. Je soupçonne mon père de s’être fait pistonner pour son service militaire effectué à Madagascar pendant « les événements » algériens. Il a bien fait. Je suis né l’année des accords d’Evian, déclinant toute responsabilité pour Djamila, Jacou et tout le bazar. Je m’intéresse néanmoins car tout cela est terriblement, tragiquement passionnant.
    Comme le camarade Nebout, j’adore le Moyen Age. La guerre y était artisanale : un estropié, deux ébouillantés, un mort maladroit ou trop vieux et hop, on se retrouvait entre gens d’armes sept ans ou mille lunes après. Beaucoup mieux !

  63. @scoubab00
    Puisqu’il faut (re)mettre les pendules à l’heure, remettons-les :
    J’ai écrit « Certes, ce soldat allemand n’avait pas bénéficié des sommations d’usage. Certes il était pris par surprise… »
    et non : « l’assassinat d’un troufion allemand par un « résistant » en dehors des heures de service et sans sommations d »usage », comme vous l’écrivez.
    Je parlais de sommations en essayant de faire un peu d’humour noir, vu la situation.
    Je reconnais que ces « assassinats » n’étaient pas très glorieux… D’ailleurs il y en eut peu.
    Quant à vos propos : « Il me semble que vous avez la détestation facile quand cela se passe ailleurs et que des Français (blancs) sont des victimes. Un peu moins lorsque des étrangers ou des non-blancs passent de vie à trépas », je pense qu’ils dépassent votre pensée.
    Il me semble que vous n’avez pas lu ce que j’écrivais il y a quelques jours à ce sujet, sur les sentiments qu’il devait éprouver dans cette Indochine coloniale en tant que vietnamien (de mère) et au traitement et mépris que certains « étrangers » infligeaient aux autochtones. Rien que de très banal, comme vous dites, dans les colonies.
    Un seul point nous relie : la guerre, vaste escroquerie humaine !

  64. oursivi@scoubab00

    Cher scoubab00,
    Je ne suis ni harki, ni pied-noir et encore moins colonel, ayant choisi de tenter (et de réussir) d’être classé « P4 » pour ne pas perdre un an.
    Je n’aime pas la guerre mais je n’ai aucun mépris pour les armées contemporaines qui ont intégré les avancées morales que leur passé avait rendu nécessaires et qui dans certaines circonstances peuvent représenter la loi avantageusement.
    Ce que ne pourront jamais faire les lanceurs de bombe à l’aveuglette, aveuglés par un ordre, ou pire, une foi délétère.
    Cette évolution, pleine de remords tacites, fait mon respect.
    L’absence de remord de ces Algériennes fait mon mépris.
    Est-il nécessaire de dire qu’y adjoindre de ceux des militaires français qui ont gravement fauté là-bas en ces années de braise et ne regrettent rien, est du plus haut naturel…
    Cette position me semble être la seule moralement comme intellectuellement tenable.
    La bêtise, c’est surtout cela qui doit être « empêchée » chez tout homme.
    AO

  65. @ Nath
    Si vous voulez bien revoir mon avant-dernier post (10:20), j’ai cité vos propos en italique et le reste est de ma composition.
    Mes propos n’ont pas dépassé ma pensée. Peut-être que ma forme laisse à désirer ? Je fais en sorte qu’elle soit satisfaisante mais ici on aborde des thèmes fort sensibles et les divergences sont somme toute légitimes. On peut toujours mieux faire, moi le premier.
    J’ai relu votre commentaire utile sur Vergès : homme de l’Orient ? Je dirais plutôt Français du tiers-monde. Une espèce en voie de disparition, la preuve. Faut-il en rire ou en pleurer ?

  66. anne-marie marson

    Maître Vergès, « avocat du diable » décédé chez la marquise de Soulages, a été enterré après une cérémonie religieuse célébrée par le père Alain de La Morandais, aumônier des stars…

  67. @ scoubab00
    « J’adore le Moyen Age. La guerre y était artisanale : un estropié, deux ébouillantés, un mort maladroit ou trop vieux et hop, on se retrouvait entre gens d’armes sept ans ou mille lunes après. Beaucoup mieux ! »
    J’ose espérer que vos propos ne sont que trait d’humour. Au Moyen Age certes « l’outillage » pour tuer l’ennemi était pour le moins rudimentaire comparé à celui actuel. Mais les guerres et autres expéditions punitives ne faisaient pas uniquement quelques morts et éclopés. Quant aux doctrines de guerres et « pacifications », elles n’avaient rien à envier à celle de l’armée nazi sur le front de l’est dans les années 40.
    A titre d’exemple : croisades contre les Cathares et pour la conquête de la « terre sainte ».

  68. @ Trekker
    En effet vous avez raison, j’ai forcé le trait. En évoquant surtout les multiples guerres privées – entre seigneurs notamment – qui défrayaient alors la chronique… formule championnat, pour faire un parallèle avec le sport actuel. Comme vous dites, il y eut aussi les huit expéditions en Terre Sainte, certaines batailles sanglantes de la guerre de Cent Ans, des conflits d’une toute autre ampleur c’est vrai.
    Rien à voir pourtant, à l’évidence, avec les guerres-abattoir des Etats-nations du vingtième siècle. Changement total d’échelle ! En fait, je me demande si ces gens d’armes moyenâgeux ne faisaient pas plus de victimes hors guerre, se transformant çà et là en brigands, rançonneurs pillant vilains et cheptel. Sans oublier de violer la fermière pour passer le temps. Les Cosaques n’ont rien inventé !

  69. @ scoubab00@ Trekker | 22 août 2013 à 10:51″ En fait, je me demande si ces gens d’armes moyenâgeux ne faisaient pas plus de victimes hors guerre, se transformant çà et là en brigands, rançonneurs pillant vilains et cheptel. Sans oublier de violer la fermière pour passer le temps.  »
    Pourquoi ne retenons-nous jamais d’une époque que ses excès ou ses travers, idem pour les gens ?
    Or, « Malgré certains travaux novateurs, le Moyen Age continue d’être considéré comme une période barbare, marquée par la violence, la famine et la peste. Entre l’Antiquité et la Renaissance, la nuit planerait sur dix siècles d’histoire occidentale. Pour dissiper cette vision caricaturale, l’auteur met en regard les bons comme les mauvais côtés de l’existence des contemporains de Charlemagne, de Saint Louis ou des Médicis. En dix chapitres portant notamment sur l’alimentation, la médecine, les femmes, l’intolérance, les plaisirs ou la mort, il brosse un tableau nuancé et vivant, qui rend la civilisation médiévale profondément attachante et la restitue dans toute sa vérité. » = Description éditeur de Le Moyen Age : Ombres et lumières de Jean Verdon

  70. @ C. JACOB
    Catherine vous êtes pertinente, j’adore le Moyen Age, mettant en avant les atrocités battues et rebattues – quoique – au lieu de l’évocation émue de Dhuoda ou d’Aliénor lorsque les billets de Philippe s’y prêtent, tout est question d’angle lors du traitement d’un sujet ou d’un personnage. Boooooouhh, honte à moi, une remise à niveau s’impose en effet, merci beaucoup pour le livre 🙂
    Régine Pernoud je conseille.

  71. Will Durant est aussi scandaleusement sous-estimé que le Moyen Age lui-même !
    Élément à rétablir.
    I Will, Hi Will !
    AO

  72. Au fait, PB, très joli votre
    « vous nous avez quittés (Le Monde) »
    PB
    On imagine ses détracteurs (les ruraux surtout)…
    – Toi, tu vas nous quitter le monde (et pis vite fait) !
    Sacré PB, toujours amateur de mondanités.
    AO

  73. « Will Durant est aussi scandaleusement sous-estimé que le Moyen Age lui-même »
    Rédigé par : oursivi | 22 août 2013 à 17:45
    Un américain spécialiste du Moyen Âge ? Impossible, on nous a déjà fait le coup avec Robert Paxton « spécialiste de Vichy ».
    Cela fait près de 150 ans qu’ils ne sont pas fichus de nous avouer que leur guerre de Sécession n’avait rien à voir avec l’esclavage des cotton fields.

  74. @ Savonarole Catalan FC
    Distorsion des faits : en France, on croit encore qu’on a gagné la 2ème GM. Les Américains sont moins sûrs…

  75. @ scoubab00
    « Rien à voir pourtant, à l’évidence, avec les guerres-abattoir des Etats-nations du vingtième siècle. Changement total d’échelle ! »
    Totalement d’accord avec vous, tout bascule avec la guerre de 14-18 et plus exactement à partir du milieu 1915 : mobilisation de toute l’économie et population des principaux belligérants au profit de la guerre.
    En schématisant ce changement d’échelle et la nature de la guerre, c’est le fruit de la conjonction de l’Etat-nation au sens moderne et révolution industrielle. L’Etat-nation via ses administrations et adhésion-encadrement de sa population, mobilise et organise méthodiquement son économie et peuple. La révolution industrielle fournit aux militaires des moyens pour tuer et détruire d’une ampleur inconnue jusque vers 1890. Mais également toute la chaîne logistique pour leur mise en oeuvre, et renouvellement-approvisionnement.
    Bien sûr en 1939-45 viendront s’ajouter dans la montée au paroxysme de l’horreur, les deux idéologies criminogènes d’alors : nazisme et stalinisme. Mais ces idéologies ne seront que des facteurs aggravants, et non les causes de ce changement de nature de la guerre. Tout avait déjà été presque inventé pendant celle de 1914 / 18, en 40 / 45 on ne fera qu’accroître la puissance meurtrière de ce qui existait déjà en 1918 : chars et avions.
    Les deux seules « innovations » * seront à partir de 1943 le massacre des populations urbaines par des vagues de bombardements aériens : Hambourg, Dresde, etc. et invention-usage de la bombe atomique pour « raser » deux villes japonaises : Hiroshima et Nagasaki.
    * « innovations » et non révolution doctrinale car les massacres de grande ampleur de populations civiles avaient commencé dans la deuxième moitié du XIXe siècle lors de certaines colonisations : Rhodésie, Australie, Amérique du Nord, etc. Ils avaient par la suite été portés à leur paroxysme par Staline dans les années 30, et à un degré moindre par les Japonais en Chine.
    En 1945 hors l’aspect spectaculaire de la mort instantanée d’environ 150 000 et 80 000 civils Japonais, le total des morts des deux bombes atomiques étaient inférieur à ceux des bombardements de masse avec des bombes « classiques » sur les grandes villes japonaises. La rupture qu’engendrera la bombe atomique sur les concepts et doctrines de guerre n’apparaîtra réellement que plus d’une décennie après. Cela avec son installation sur des fusées à longue portée, et conjointement celles-ci dans des sous-marins à propulsion nucléaire.
    Cela rendra impossible et donc obsolète, la guerre « industrielle » des grands Etats-nations de la première moitié du XXe siècle. On en reviendra alors aux « petites guerres », dont Clausewitz avait au début du XIXe siècle conceptualisé leur nature propre et les limites de leurs champs.

  76. @ Trekker
    Si l’on revient aux « petites guerres » tant mieux. Je préfère l’armée technologique, sectorisée telle qu’elle est maintenant. Ce n’est pas l’avis général. Témoin ce militaire récemment retraité croisé il y quelques semaines…
    « Tu vois avant, quand une Jeep tombait en panne, t’avais souvent l’appelé (NDR : effectuant son service national) qui te réparait ça avec le fil de fer qui va bien attaché où il faut. Bon c’est sûr, dans les appelés, t’avais de tout, du bon et le reste. Et mes supérieurs me le reprochaient parfois : vos hommes, ils n’obéissent qu’à vous, vous êtes un chef de bande. Maintenant, les gars, terminé, ils font leurs heures. Quand ils montent dans leur chambre, ils sont sur leur jeu, pas la peine de leur parler. Les corvées de chiottes, les balayages de couloir, terminé.
    – Nooon…
    -Si, si ! Il y a des sociétés de nettoyage pour ça. Pour les parties communes, l’armée passe des contrats avec ces boîtes. Puis les jeunes restent un ou deux ans à l’armée, ils en ont marre, puis ils vont ailleurs etc. etc. C’est devenu comme dans la société. »

  77. @scoubab00
    « Si l’on revient aux « petites guerres » tant mieux. »
    Je partage totalement votre approbation, fini les guerres « abattoirs industriels » confrontant des millions d’hommes pendant plusieurs années.
    « Je préfère l’armée technologique, sectorisée telle qu’elle est maintenant. »
    Oui et non, oui pour le confort de vie qu’ont maintenant les militaires du rang : absence de corvée, etc. A contrario je partage une partie des remarques désabusées du militaire retraité avec qui vous vous êtes entretenu. Cette nouvelle armée où après ses heures de services, chaque homme de troupe * se renferme dans sa chambre de la caserne, et encore c’est une minorité. Vu qu’ils peuvent loger en ville, la majorité le fait. Les liens humains avec l’encadrement ne sont plus les mêmes que dans le passé.
    * Après un an de service, 2° et 1°classe sont quasi tous nommés caporaux, alors qu’en pratique les deux tiers n’exercent pas cette fonction.
    On en arrive et là je force le trait, à une armée de « fonctionnaires ». En quelque sorte des « CRS militaires » qui font leur sept ou huit heures de service, puis après rentrent chez eux et seule une petite poignée est d’astreinte le week-end. De plus les possibilités de passer à terme sous-officiers sont plus que restreintes pour ces hommes de troupe. Immanquablement la très grande majorité quitte l’armée à l’issu de leur contrat de cinq ans, et une partie au bout de deux à trois ans : rupture de contrat d’un commun accord. Pour ces engagés et on le comprend aisément, leur temps militaire n’est qu’une sorte de CDD. Alors que même chez les CRS, on est dans le CDI, avec tous les avantages en découlant.
    Ces nouveaux hommes de troupe, dont on pourrait s’interroger sur la valeur militaire réelle au combat au regard du nouveau système militaire, ont démontré tant en Afghanistan qu’au Mali qu’ils valaient bien leurs aînés, et pas que dans les unités dites d’élites (paras, etc.).
    Certes la durée de séjour en opération est de quatre mois à six mois au plus, mais cela était déjà le cas dès la fin des années 1970 / début 80. Époque où au Liban puis en 90 en ex-Yougoslavie, il y avait près de la moitié d’appelés volontaires (VSL). Cela contrairement à ce qui se passait pendant la guerre d’Algérie, qui n’était qu’une « petite guerre » au sens Clausewitz : séjour moyen de deux ans, avec au milieu généralement une seule permission en métropole.
    Cette réduction de la durée du séjour en opération, même du temps des VSL (12 mois + 6) où des séjours de un an auraient été possibles, résulte des x études conduites depuis les années 50 dans l’armée US et française depuis 1960 / 70. Après quatre mois en opération et la participation fréquente à des combats dans cette durée, même de moyenne intensité (Afghanistan et Mali), quelle que soit la qualité de sa formation-entraînement préalable de ses hommes et sa valeur opérationnelle, une unité militaire décroît vite dès les mois suivants : usure psychologique résultant du stress accumulé, confrontation à la mort (de soi et des autres) et des blessés.
    Vu qu’avec les « parapluies nucléaires », les armées occidentales comme russes et chinoises, ne seront qu’amenées à participer à des « petites guerres », conclusion : notre nouveau modèle d’armée professionnelle, technologique et à effectif restreint, semble a priori en adéquation avec nos intérêts et enjeux stratégiques des dix à vingt ans à venir.
    Hors nostalgie de « l’ancienne armée » reposant sur les appelés, ce nouveau modèle militaire peut être porteur de dérives : gouvernements décidant bien plus facilement de participer à un conflit ou l’initier (exemple type : Libye), et militaires sans idéal et/ou cause supérieure (patriotisme, ou / et protéger-sauver leurs concitoyens civils). Ce dernier point pouvant conduire à deux problématiques : militaires faisant tout juste leur travail en opération afin de limiter au maximum leurs risques (syndrome du CRS), ou se considérant comme des mercenaires « étatiques » et donc se contrefichant du sort des populations civiles (cas de l’armée US en Irak, et à un degré un peu moindre en Afghanistan).

  78. scoubab00 trou n° 18

    @ Trekker
    Vous m’en apprenez et j’ai goûté vos éclairages et perspectives martiales fort argumentés. Quel est votre avis à propos de la sorte de privatisation d’une intervention armée – les Etats-Uniens sont les rois du marketing, c’est bien connu – telle qu’on l’a vue en Irak lors de la dernière décennie ? De la haute stratégie ?

  79. @ scoubab00
    Attention, je suis loin d’être un spécialiste en analyses et doctrines militaires. Pour cela je vous renvoie à l’excellent blog du colonel Goya, un de nos meilleurs penseurs militaires avec le général Desportes.
    http://lavoiedelepee.blogspot.fr
    « votre avis à propos de la sorte de privatisation d’une intervention armée – les Etats-Uniens sont les rois du marketing, c’est bien connu – telle qu’on l’a vue en Irak lors de la dernière décennie ? De la haute stratégie ? »
    Je pense que c’est une grave dérive, et porteuse de multiples dangers. Au nom de la même logique, meilleure efficacité du marché et coûts moindres de ses acteurs entreprises privées, à quand une privatisation de la police et tribunaux ? Suggestions : police routière concédée à Vinci, maintien de l’ordre à Manpower, exploitation des prisons à Véolia, justice civile et pénale à Ernst & Young.
    Cette sous-traitance des actions militaire, comme celle dont a vu les brillants résultats en Irak, nous ramènent à quelques cinq à six siècles en arrière : bandes de mercenaires principal outil militaire voire unique des gouvernements d’alors. Quand l’État est ou sera trop dépendant des SMP (société militaire privée), ces dernières seront les codécideuses de ses actions militaires et politique étrangère, au gré de leurs propres intérêts… financiers.
    Avec les équipées artisanales de Bob Denard dans les années 60 à 90, nous Français sommes d’un ridicule risible comparés à cette privatisation à caractère industriel de la guerre pratiquée par les USA.
    Adam Smith, Milton Friedman et ses « Chicago boys » étaient de fait des hyper étatistes. L’État devait se concentrer quasi uniquement sur ses fonctions régaliennes, et ils n’avaient pas théorisé une éventuelle privatisation de celles-ci.
    Mon cher scoubab00 si vous avez quelque épargne à investir, préférer l’achat d’actions de SMP nord-américaines à celui de nos emprunts d’État. Leur ROI est nettement plus élevé, et s’approche de celui des banksters.

  80. @ hameau dans les nuages
    J’ai passé un an chez les paras ayant beaucoup plus souvent entendu des désirs de ratonnade – non assouvis pour la grande majorité – que d’histoires d’Arabes ou assimilés qui auraient pris en otage leur chef de corps ou tel ou tel officier !
    Faudrait demander à Trekker si les chiffres avancés dans votre article sont sérieux. Pour les quelques-uns qui vont s’enrôler dans tel ou tel groupuscule islamiste d’Orient, je ne leur en veux pas. Chacun essaye de donner un sens à sa vie, est responsable de ses actes et cruautés. Comme le seigneur gascon qui allait les armes à la main en Terre Sainte défendre sa conception de la chrétienté et ses intérêts privés.
    France et Algérie se sont beaucoup aimées. Maintenant elles se détestent, c’est exactement le même sentiment, à l’envers. Comme moi avec telle ancienne copine, tiens. Cher petit village caché, vous êtes un sentimental haut perché, vous.

  81. @ scoubab00
    Les faits et quelques chiffres cités dans l’article, dont le lien a été mis en ligne par hameau dans les nuages, sont parfaitement exacts et connus depuis une décennie dans le monde militaire. Mais le problème de cet article est qu’il ne les met pas en perspective, et entre autre : le pourcentage des militaires auteurs de ces dérives, sur le total de tous les engagés hommes de troupe, le pourcentage des JFOM (jeunes Français d’origine maghrébine, dans le langage militaire) au sein de tous ces engagés.
    Certes une minorité de ces JFMO a posé et pose toujours des problèmes, mais après leur détection et l’échec de leur recadrage, rapidement l’armée s’en sépare. Certes en ayant recours souvent à des procédures-méthodes plus que limite juridiquement, mais hélas c’est le seul moyen pour le faire rapidement.
    A contrario nombre de ces engagés JFMO se sont très bien comportés et ont combattu avec courage dans des pays musulmans où nous intervenions : Afghanistan et récemment Nord-Mali. Si on regarde avec attention les images de la visite de Le Drian, ministre de la Défense, au Mali et à proximité du massif montagneux où se sont déroulés des combats très durs et une partie au corps à corps, on constate que les militaires y ayant participé et qu’il rencontre sont loin d’être tous des « Gaulois » !…
    Exemple certes limité à un seul militaire, fils d’un couple de Marocain, le brigadier chef para Imad Ibn Ziaten. Outre son courage face à son assassin, il avait participé à de nombreuses opérations en Afrique, était très bien noté par ses chefs et fort apprécié de ses camarades. Je profite de cet exemple pour saluer le comportement admirable de sa mère, depuis ce drame.
    Comme vous j’ai porté le béret rouge, mais sur une durée plus longue et environ une décennie avant vous. A cette époque près des deux tiers des cadres avaient participé à la guerre d’Algérie, et quand ils avaient des propos fort durs c’était à l’encontre des membres du FLN et de leurs méthodes mais non à l’encontre des Maghrébins en tant que tels. Un des chefs de section de la compagnie où je servais était un Chaoui (peuple des Aurès) et personne ne faisait ou n’aurait pensé à faire des réflexions racistes sur son compte, et même hors de sa présence, même ceux que parfois il avait sanctionné. De même un sergent arabe était quasi adoré par les hommes de son groupe de combat.
    Certes les lourdes plaisanteries sur les arabes, noirs, juifs, Allemands et Belges, n’étaient pas rares. Actuellement on les taxerait de racistes, mais ce n’était que de la « beauferie » facile, non imprégnée de racisme. Bien sûr il y avait quelques authentiques racistes et néo-nazis, mais très mal vus par l’encadrement qui ne les ratait pas à la moindre faute. Le leitmotiv de base était alors : quelles que soient votre origine sociale, religion et couleur de peau, vous êtes d’abord et avant tout des paras. La plus grande solidarité entre vous est votre première force… Je veux bien croire qu’au fil des années et du renouvellement des cadres, le critère ethnique ait pu parfois primer sur l’esprit de corps. Un armée est quasi toujours à l’image du pays dont elle est l’émanation.

  82. « A cette époque près des deux tiers des cadres avaient participé à la guerre d’Algérie, et quand ils avaient des propos fort durs c’était à l’encontre des membres du FLN et leurs méthodes mais non à l’encontre des Maghrébins en tant que tels » (Trekker)
    Stricte vérité, armée républicaine et digne, quelques détestables exceptions… L’armée, les SAS, les enseignants, services de santé, coopérants… ont fait un travail remarquable… vite annulé par la suite des tueries et « événements »… comme on disait alors.

  83. hameau dans les nuages

    @ scoubab00 | 25 août 2013 à 07:45
    J’en ai vu défiler des paras dans mon petit village perché.
    Pour mon bonheur et celui de tous les gosses du village nous accourions tous dans les fougeraies quand on entendait le ronronnement d’un Noratlas, signe que des largages allaient avoir lieu. Beau spectacle que de voir ces corolles s’ouvrir dans le ciel bleu béarnais. Et bon signe pour les paysans : la journée allait être propice pour faner.
    L’année dernière des manœuvres terrestres ont eu lieu avec des blindés légers au coeur de mon village.
    Et chacun de sortir de chez soi pour regarder le spectacle et voir nos pioupious. Après tout nos champs pour l’occasion valaient bien les Champs-Elysées.
    Et de poser des questions comme des gamins malgré nos cheveux maintenant blancs aux soldats dans leurs tourelleaux derrière les mitrailleuses lourdes.
    Une fois partis nous nous sommes regardés. Interloqués. Pas tellement par la présence massive de militaires d’origine étrangère, puisque c’est la nouvelle France mais hors encadrement par leur comportement.
    Hautains et muets à nos questions. Même pas fiers.
    Avec les derniers événements et les déclarations plus flambesques que flamboyantes de notre président, croyez-moi, nous allons vivre une époque formidable.
    PS : 500 tombes d’un cimetière de Sarrebruck ont été saccagées il y a deux jours. Pas un mot dans les médias nationaux. Monsieur Valls est-il au courant ?

  84. @ hameau dans les nuages
    A croire que la montagne, ça ne leur parle pas. Ils viennent de plus bas, dommage pour eux.
    Et quand ça leur parle, adresse la parole, ils ont du mal avec votre accent… et le vocabulaire.
    « T’as vu le daron hier là dans le village, j’ai entravé que dalle à c’qu’il a pénave. »
    Enfin, c’est une explication comme une autre… le hautain reflète souvent plus la timidité que la suffisance. Trekker à la rescousse ?

  85. anne-marie marson

    Je n’ai pas sur la guerre d’Algérie l’érudition (que j’apprécie d’ailleurs) de certains des intervenants de ce blog, mais je me souviens de mon enfance. Je devais avoir une dizaine d’années à l’époque, et nous vivions avec mes parents immigrés italiens dans des « logements » mis à leur disposition par l’usine qui les employait. Rien à voir avec les logements sociaux d’aujourd’hui.
    A côté de ces logements, il y avait une maisonnette avec un jardin où on ne voyait presque jamais personne.
    Et puis un jour la nouvelle fatidique a traversé la cité : « leur fils a été tué en Algérie ».
    On ne comprenait pas tout, mais leur fils avait été tué en Algérie.
    Cette maisonnette existe toujours et pour moi c’est toujours la maison où leur fils a été tué en Algérie.

  86. @ hameau dans les nuages – 26 août 2013 à 09:04
    « Pour mon bonheur et celui de tous les gosses du village nous accourions tous dans les fougeraies quand on entendait le ronronnement d’un Noratlas, signe que des largages allaient avoir lieu. »
    Allons avouez que ce n’était pas seulement pour la beauté des corolles résédas se déployant dans le ciel, mais aussi pour quelques trocs usuels en bordure de DZ : nos gros tubes de lait concentré sucré (complément alimentaire acheté sur nos soldes), gauloises (bien rassis) et boîtes de « singe » de nos rations, contre vos fromages de brebis et chopines de vin béarnais… sourire nostalgique.

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