Cette année, probablement au mois de mai, les trois pamphlets antisémites de Céline vont être réédités par Gallimard (L’Express a publié, au moins de décembre 2017, un article très informé de Jérôme Dupuis sur le sujet).
Bagatelles pour un massacre, L’Ecole des cadavres et Les Beaux draps avaient été initialement publiés en 1937, en 1938 et en 1941.
Céline avait toujours refusé qu’ils fassent l’objet d’une nouvelle publication mais sa veuve, Lucette Destouches, âgée de 105 ans, a autorisé leur réédition, sous l’égide de son ami et meilleur connaisseur de l’oeuvre de Céline, François Gibault.
Pas seulement sans doute pour des raisons financières même si sa veuve a besoin d’une assistance médicalisée 24 heures sur 24.
Depuis l’annonce de Gallimard, une polémique a éclaté et indignations ou approbations de s’opposer. Décidément Céline ne laissera jamais personne indifférent (Le Monde).
Je ne tiens pas pour rien les points de vue de Serge Klarsfeld ou d’Alexis Corbière hostiles à la réédition de ces écrits polémiques mais je ne partage pas leur avis.
Je serais tenté d’énoncer quelques banalités factuelles ou littéraires.
Céline est un immense écrivain, le génie d’un langage inventé, renouvelé et on peut le créditer de plusieurs chefs-d’oeuvre dont notamment Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit.
Ces écrits sulfureux peuvent être trouvés sur Internet, certes sans aval officiel.
En 2012, au Québec, ils ont été publiés et il s’agissait d’un énorme volume comprenant un appareil critique si remarquable que Gallimard se propose de le reprendre.
La réédition française, outre les trois pamphlets, offrira à la lecture A l’agité du bocal (sur Jean-Paul Sartre), Hommage à Zola et le superbe Mea Culpa (à la suite de son voyage en URSS).
En 2015, Les Décombres de Lucien Rebatet avait été réédité, avec des commentaires d’historiens, et la controverse s’était vite éteinte pour un livre dont l’antisémitisme n’était pas moins éclatant que celui qui inspirait Céline.
En 2031 les trois pamphlets de Céline seraient tombés dans le domaine public et devancer cette échéance de quelque 13 ans n’a rien de proprement scandaleux.
J’ai bien conscience que cette argumentation n’est pas suffisante à elle seule pour emporter la conviction. Elle a un caractère trop négatif comme s’il convenait seulement de s’accommoder d’une réédition au lieu de positivement la souhaiter.
Déjà, instinctivement, j’éprouve comme une répugnance à l’idée d’une interdiction qui s’attacherait à la partie, même odieuse, d’une oeuvre écrite par un grand auteur faisant la démonstration de son talent non seulement dans le noble mais aussi dans l’insupportable. Le génie ne se divise pas et laisse ses traces ici et là.
Si on décidait de supprimer de la littérature universelle, par exemple du prodigieux Shakespeare, les passages contestables (Le Marchand de Venise) au nom d’une morale et d’une bienséance d’aujourd’hui inadaptées au siècle de leur écriture, des chefs-d’oeuvre seraient amputés, dénaturés. On n’aurait pas l’idée absurde de les censurer et il n’est pas davantage acceptable, pour d’autres, de les maintenir dans un ostracisme officiel.
Céline est partout, tout entier dans l’indigne comme dans l’unique.
Serait-ce que la réédition de ces pamphlets risquerait d’aggraver l’antisémitisme de certains à cause du concours d’une délirante perversion ? On sait bien que non, heureusement. On ne peut que réprimer les actes motivés par l’antisémitisme, les délits ou les crimes directement commis sous l’emprise de ce dernier mais pour les tréfonds de chacun, l’antisémite ne sera pas rendu plus antisémite par Céline pas plus qu’il ne sera converti à l’humanisme par de seules injonctions morales.
Et ceux qui sont préservés de ce poison n’en seront pas atteints à cause de Céline.
Les pamphlets, surtout dans ce domaine, ne convainquent que les convaincus mais laisseront indemne la masse de lecteurs que la curiosité littéraire, l’intérêt historique ou la veine sociologique pourrait pousser vers eux.
Surtout, Céline est universel. Il n’appartient à personne, à aucun clan, à aucune famille, à aucune religion, à aucune monstruosité. Pour le meilleur ou pour le pire.
Que Serge Klarsfeld et ceux qui pensent comme lui dans la communauté juive soient indignés par la réédition à venir de ces écrits polémiques est parfaitement compréhensible. Mais ce n’est que leur point de vue intéressant, estimable mais fragmentaire, sur une oeuvre.
On n’a pas à s’approprier, en exigeant leur interdiction, des écrits qui, grâce à leur auteur, relèvent d’un capital indivis. Cette remarque n’est pas applicable qu’à Céline. Elle vaut pour les créateurs qui dans dans leurs éclatantes lumières ont laissé se glisser des ombres.
Je n’irais pas jusqu’à discuter l’antisémitisme célinien, dans sa traduction pamphlétaire, délirante et frénétique, alors que pour une fine intelligence comme celle d’André Gide, il était imprégné d’une telle outrance, constitué par une telle globalité, tellement désaccordé du Juif en tant que tel qu’il paraissait vomir plutôt l’humanité elle-même. Pour André Gide, la haine du Juif chez Céline dépasse le Juif pour atteindre la détestation de la vie. Je conçois bien volontiers que pour des mémoires meurtries, cette analyse puisse apparaître pour des arguties.
Pour terminer, derrière ces joutes aussi bien intellectuelles que politiques, prônant l’emprise d’un passé tragique sur le présent ou un présent libre mais non oublieux, il y a toujours la même hantise, la même crainte, presque le même mépris. A quel titre prétend-on se mêler de ce qui regarde le citoyen, le lecteur, de son choix et de son intelligence ?
Je sais bien que les Français, durant cette année, ne se rueront pas sur ces trois pamphlets mais n’aurait-il pas été concevable, convenable de les rééditer et de laisser tous ceux qui admirent Céline pour partie ou pour le tout, qui le détestent pour le tout ou pour partie ou qui sont tout simplement curieux de l’ensemble se forger leur opinion, élaborer leur conviction et prendre un parti ? Faut-il donc toujours les prévenir, les alerter, les dissuader, leur enjoindre, les priver AVANT au lieu de les laisser lire, vivre ?
Même quand il s’agit de Céline et qu’on ne doit pas couper en tranches un génie furieux de la littérature.
C’est l’argument de la liberté qui compte, pas celui du génie. Après tout, le génie est une force, et on pourrait donc considérer le génie comme particulièrement dangereux, et à réprimer, donc.
Je pense que c’est la liberté d’expression qui ne se divise pas.
Mais alors se pose un problème, quid du cas de ceux qui appelleraient aujourd’hui à massacrer les Juifs, ou d’autres, d’ailleurs, quid de l’islamisme ?
Je suppose qu’on peut dire qu’il y a prescription pour les vieux brûlots. Je présume qu’on peut dire la charge du nazisme désactivé. Mais je conçois bien le malaise, contre l’islamisme, d’un côté, on prend des mesures liberticides contre tout le monde, innocents et coupables, par contre, d’un autre côté, on permet à des coupables, certes morts, de s’exprimer.
La liberté d’expression, pour laquelle je suis, crée un privilège des coupables.
Ce n’est pas le seul cas.
Sans dire que le voleur est un innocent, il est infiniment moins coupable qu’un terroriste.
Or sans peine de mort ou, si on est moins sanglant, sans prison à vie, il y a une disproportion entre la peine de prison qu’il peut subir et celle d’un terroriste – je pourrais aussi bien dire un assassin d’enfant ou gens aussi recommandables.
De quoi est exactement coupable le drogué ? J’aimerais bien le savoir. En tout cas, il peut aller en prison tandis qu’il n’a appelé à détruire personne, et qu’il ne le fait que de sa carcasse, de toute façon appelée à la fosse ou à la cendre.
Il faut bien lui faire payer de ne pas être libre, de le mépriser sous ce registre comme si presque toutes les relations, même vantées comme l’amour, n’étaient pas de dépendance. Mais aimez, ou simplement, admirez à sens unique, et voyez ce qu’il vous en cuira.
Au fait, idée, il faudrait peut-être créer de la désintoxication au sentiment, comment traiter les gens, c’est à voir, mais on répondrait à un besoin et on mériterait largement ses honoraires. Ou alors, cela se fera par médicament… Il existe déjà, au fait, pour les traumatismes, commence déjà à être utilisé, malheureusement, pas chez nous, en tout cas, aux dernières nouvelles, il faudrait que je vérifie, de temps en temps…
Je ne compte pour rien la psychanalyse, ça n’empêche pas, par exemple, des gens d’appeler les parents qui ne les aimaient pas, sur leur lit de mort, spectacle déchirant. Je ne veux pas dire que la psychanalyse ne serve à rien, mais enfin, pas à se purger de la dépendance torturante, en tout cas. Se comprendre est une chose, se reconfigurer en est une autre. Il ne suffit pas de savoir qu’on est empoisonné, il faut extraire le venin, en tout cas que ceux qui le veulent le puissent.
Je parie qu’on sera contre chez nous, on est toujours contre tout… Or si la liberté d’expression permet le développement de la personne et enrichit la société de débat, la reconfiguration de soi permettrait de se purger d’une souffrance qui n’a rien de créateur mais freine et torture.
Dans tous les cas. Mais dans celui que je dis, particulièrement… Et qu’on ne dise pas qu’aimer quelqu’un d’ainsi atteint le guérira, comme le disait Bettelheim, titre d’un de ses livres « l’amour ne suffit pas ».
L’expression de mauvaises passions comme l’antisémitisme peut contribuer à la destruction, mais une vie sans liberté d’expression est une vie asservie. Et la littérature ne se divise pas.
Si on devait purger la littérature, et d’ailleurs la philosophie, coucou Aristote avec l’esclavage par nature ! on emporterait le bien avec le mal, il ne resterait plus rien. Je veux dire que l’esclavage par nature entrait dans le finalisme d’Aristote, on ne peut pas plus dire que c’était étranger à son oeuvre que l’antisémitisme le serait de l’inspiration célinienne. Sans dire qu’il faut abolir la philo, je remarque qu’on critique la littérature, parfois la religion, et la Aristote, Platon et compagnie, beaucoup moins, alors qu’il y aurait à dire, non ?
Je suppose que c’est parce qu’on a toujours plus ou moins une approche critique des philosophes alors que la religion est bien connue pour ne pas toujours, mais souvent, abrutir, et la littérature, enchanter… Alors, la philosophie serait moins dangereuse. Faux ! Les hommes d’action, entre autres les criminels, appliquent plus une philosophie qu’une littérature, la philosophie étant au même niveau de dangerosité que la religion… La seule chose à sauver sur le blabla qu’on fait sur la philosophie, ce n’est ni de l’abolir, ni de tout lui passer, mais d’injecter une démarche critique qu’on peut appeler philosophique ou non, je m’en tape autant que je n’ai pas envie de me retrouver avec des philosophes ou des anti-philosophes pour si peu, vraiment pas. Les querelles de mot ! Les mots ne sont pas les choses, des outils à désigner et à changer le réel, ce qui n’est déjà pas si mal, et c’est finalement la globalité du discours qui importe.
De même pour une vie, de même pour une oeuvre… La censure est comme un tremblement de terre qui ébranle toute création et en détruit, directement ou par contagion, une bonne part.
Il y a vraiment une pulsion liberticide chez les gens, censure des textes, censure des amours… Bien sûr, l’amour est potentiellement destructeur, mais enfin, les gens devraient pouvoir aimer sans autre souci que d’être rejetés, alors qu’il y a traditionnellement, entre autres, le rejet des amours homosexuelles, et de gens, pourtant adultes, d’âge différent, trop semblables, trop disjoints, il faut les suivre, les gens, eux et leurs caprices… Le couple Macron, ainsi, a été indûment critiqué. Je me demande combien de couples détruits par les mots, maux des autres ? Quand on pense combien l’amour mutuel est rare, on en frémit, un peu comme si on voyait une épidémie dans une espèce animale déjà en danger, ah, surévaluer l’amour qui serait toujours beau, les gens connaissent, mais ébranler l’amour, toujours fragile, aussi… quelle pitié.
L’amour, pourtant, est un sentiment et une expression, comme l’oeuvre, une inspiration, un travail et une exposition.
Or, pourtant, certains, larges en amour, ne le seront pas pour l’oeuvre, et vice versa, ce que je trouve profondément incohérent.
Ce serait bien marrant que j’invective cela à la Céline, mais contrefaire un style est lent et pénible, et tout ça pour quoi, en l’occurrence ? Au lecteur d’imaginer un peu, au boulot, quoi… Il y a plein de céliniens ici, alors à l’oeuvre !
Si on devait interdire tout ce qui déplaît, il ne resterait pas grand-chose. Il y avait un roman de Philip K. Dick dont j’ai oublié le titre que j’ai la flemme de chercher, où la réalité était progressivement abolie à force de passer du monde de l’un, qui ne supportait pas telle et telle chose, au monde de l’autre. Brillant ! Je ne sais pas si cela sera adapté au cinéma, c’est une très bonne histoire, point important, qui peut plaire, on y reviendra, mais comment rendre cela visuellement ? Un défi intéressant, je trouve.
Une histoire qui plairait… J’ai vu un roman japonais dont j’ai oublié le titre et l’auteur qui reprenait cette thématique, apparemment sous une autre forme. Inspiré de K. Dick ou pas ? Dur à dire. D’accord, le japonais était dans la littérature générale, mais ça ne veut rien dire, vu l’histoire. Ou si : les Japonais n’ont pas le même rapport au réel que nous, il y a souvent du fantastique dans leur histoire, ce qui fait que celle que j’ai dite pouvait ne rien devoir à K. Dick mais être simplement japonaise. Je ne peux pas tout acheter, tout emprunter, tout lire, mais une oeuvre laissée de côté trouve une sorte de vie anonyme ici, réincarnation furtive : amusant.
Bref, comment mieux défendre la liberté qu’en montrant, ou en essayant de montrer, combien le monde serait affadi sans tout ce que les gens veulent en expulser ? Tant que les gens auront le niveau qu’ils ont, ils auront bien autant de destructivité que de créativité à exprimer, et on ne pourra pas avoir l’une sans l’autre.
La censure, c’est croire faire un jardin à la française dans la jungle… En fait, soit on parviendra à détruire la forêt, soit elle subvertira la censure. Il n’y a aucun pacte entre la création et la contrainte qui s’exerce sur elle, c’est une lutte à mort.
Bonjour,
« Bagatelles pour un massacre, L’Ecole des cadavres et Les Beaux draps avaient été initialement publiés en 1937, en 1938 et en 1941. »
Je n’ai pas lu ces ouvrages de Céline et je ne suis vraiment pas tenté de le faire.
Par contre, j’ai lu Le Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit comme pratiquement tout le monde sur ce blog. J’ai bien aimé mais sans plus.
Je préfère très largement les œuvres de Guy de Maupassant ou encore de Marcel Pagnol qui sont des petites merveilles en matière de maîtrise de la langue française.
Curieux ce retour de Céline dans l’actualité littéraire. Est-ce vraiment pour réhabiliter cet écrivain sulfureux ou bien y aurait-il une raison plus pernicieuse derrière cela ? Je m’interroge.
Bonjour
J’aurais trois remarques
Quand vous comparez les pamphlets antisémites au « Marchand de Venise », il me semble que vous faites une erreur. Le Marchand de Venise est une œuvre théâtrale qui comprend des clichés antisémites (la livre de chair…) alors que les pamphlets antisémites ne se veulent pas d’une qualité littéraire.
Vous êtes pour une liberté forte de l’expression qui repose sur une réflexion, sur un examen critique des propositions par chacun d’entre nous mais cet avis n’est pas forcément partagé et si dans le fond il me semble être plutôt d’accord avec vous, certaines conséquences ou paroles de très forte violence qui sont énoncées à l’encontre de catégories arbitraires de personnes me font douter de ce point de vue.
« Serge Klarsfeld et ceux qui pensent comme lui dans la communauté juive » semble vouloir indiquer que seule ladite communauté juive, à prouver qu’il y ait communauté, est contre alors que ce n’est pas le cas.
Céline m’est insupportable non seulement du point de vue du fond mais aussi sur celui de la forme. L’originalité du style ne parvient pas à le rendre attrayant à mes yeux. Mais surtout je ne parviens pas à faire abstraction des propos abjects qui insultent à longueur de prose un peuple qui est opprimé et calomnié depuis des milliers d’années.
Je ne cautionnerai pas l’insupportable en cédant à une mode soigneusement entretenue.
Que Serge Klarsfeld et ceux qui pensent comme lui dans la communauté juive soient indignés par la réédition à venir de ces écrits polémiques est parfaitement compréhensible.
Mais pourquoi Arouet dit Voltaire, antisémite s’il en fut, ne fait-il pas logiquement l’objet d’une telle détestation de la part des bien-pensants ? Parce qu’il est une icône récupérée par le Régime ?
La haine du juif : est-ce opportun dans ce pays où la violence antisémite s’accentue ?
Pour Mein Kampf, la réédition a attendu que les droits soient tombés dans le domaine public. Je ne souhaite pas autre chose pour Céline.
Vos réflexions sur la publication de pamphlets, infâmes, de Céline m’incite à réagir.
Bien que le moins suspect d’antisémitisme qui soit, il se trouve que j’ai lu les œuvres complètes, vraiment complètes, de cet écrivain, et donc ces pamphlets frénétiques.
J’ai également lu « Mein Kampf » (« Mon combat », de Hitler, Nouvelles éditions latines). Le livre est encore chez moi. C’est instructif. Suis-je sympathisant du nazisme ? Absolument pas. Je signale, en passant, qu’Onfray, au niveau suprême, n’est-ce pas ? Robert de Viro, à des kilomètres d’altitude au-dessus de l’obscur professeuraillon que je suis, a lu, lui aussi ce livre infâme. Il l’a trouvé très instructif. Est-il nazi ? Absolument pas.
Au passage, toujours, le même immense penseur a lu le Coran, avant d’en parler et d’écrire
« Penser l’islam ». Est-il islamiste ou tout simplement musulman ? Absolument pas.
Enfin, littérairement parlant, j’ai parfaitement le droit d’émettre un jugement sur les pamphlets céliniens dont il s’agit, n’en déplaise à ses fans, je crois en connaître au moins un ici. Ils sont très inférieurs à Pascal, Racine, Molière, La Bruyère, La Fontaine, Bossuet, Fénelon, Mme de Sévigné, Montesquieu, Voltaire, Chamfort, Joubert, Chateaubriand, Baudelaire, Barrès, Montherlant, Morand, Chardonne entre autres.
Céline n’est pas mon idole. La liberté d’expression me permet de le dire.
Bien d’accord avec Philippe Bilger.
Par ailleurs, il est peu probable que la réédition des pamphlets fasse surgir une nouvelle génération spontanée d’antisémites déchaînés.
En revanche, il est certain que les pamphlets se vendront bien, car à trop vouloir censurer ou escamoter on attise la curiosité.
Le » Dossier Rebatet », paru l’année dernière, s’est vendu à plus de 10 000 exemplaires, ce qui est considéré comme un succès d’édition.
Ce sont les décortiqueurs échevelés de Céline qui vont souffrir, le dernier livre de Taguieff/Duraffour « Céline, la race, le Juif » a été un échec, 1200 pages, Champollion a fait plus court. Ce bizness de folliculaires est en faillite.
À leur parution Il y aura des querelles c’est certain, Yann Moix et Christine Angot monteront dans les tours, ce sera un concours d’indignation millimétré.
Une nouvelle bataille d’Hernani se profile à l’horizon.
Pauvre Ferdine, lui qui disait déjà il y a plus de cinquante ans : « J’ai un pied dans la tombe et voilà qu’on me marche sur l’autre ! »…
Est-il cohérent de réclamer l’interdiction de sites ou de prédicateurs qui incitent ouvertement à la haine et dans le même temps de demander la publication d’écrits qui font de même ?
Le talent ne saurait constituer une excuse, bien au contraire il renforce le message. Quant au fait que ceux-ci ont été écrits il y a quelques décennies, alors que ceux-là sévissent aujourd’hui, constitue-t-il un argument alors que l’islamisme radical et l’antisémitisme, avec une intensité qui peut varier au fil du temps et selon les endroits, continuent de faire des ravages ?
Est-il besoin de lire intégralement les pamphlets de Céline pour savoir qu’on peut être un salaud et avoir du talent et même du génie ?
Céline refusait que ces écrits-là soient réédités, il n’en était sans doute pas très fier. Il n’y a rien, selon moi, de déshonorant à respecter sa volonté.
« Il me manque encore quelques haines.
Je suis certain qu’elles existent. »
« Ce qui séduit dans le communisme, l’immense avantage à vrai dire, c’est qu’il va nous démasquer l’Homme, enfin ! Le débarrasser des « excuses ».
Voici des siècles qu’il nous berne, lui, ses instincts, ses souffrances, ses mirifiques intentions… Qu’il nous rend rêveur à plaisir… Impossible de savoir, ce cave, à quel point il peut nous mentir !… C’est le grand mystère. Il reste toujours bien en quart, soigneusement planqué derrière son grand alibi, « l’Exploitation par le plus fort. » C’est irréfutable comme condé…
Martyr de l’abhorré système ! C’est un Jésus véritable !… »
Louis-Ferdinand Céline, extrait de MEA CULPA
Que l’on aime ou pas Céline, qu’on l’ignore ou que l’on passe à côté, peu importe il est de plus en plus de notre temps où les mots et les pensées doivent se réfugier dans le silence.
Si je reconnais à Céline une manière spécifique de s’exprimer qui ne me convient guère, si je comprends qu’une bonne part de son comportement est profondément liée aux traumatismes indépassables de la Grande Guerre qui l’ont inspiré, en revanche je n’ai jamais supporté son antisémitisme viscéral. Et donc il fait partie des auteurs « officiellement reconnus » que je ne relirai pas.
Donc, que la liberté d’édition relève en l’espèce de la liberté d’expression (encore que l’appât de bénéfices financiers ne soit sans doute pas étranger aux choix de l’éditeur, et pas seulement la gloire de l’écrivain !), je ne le contesterai pas. Mais jamais je ne donnerai un centime pour acheter cette réédition.
C’est entendu cher hôte, vous êtes de la classe des XXXXL par votre style et votre perception du monde.
Paradoxe : notre temps, celui du tourbillon de la mondialisation, de la bonne conscience universelle, de la chute obligatoire des repliements, s’accompagne, d’une part, d’une montée, réelle ou supposée, de l’antisémitisme, mais aussi de la publication de Mein Kampf et maintenant des pamphlets du margi Destouches.
Mais enfin, l’antisémitisme est aussi vieux que le monde chrétien, et plus personne ne prend au sérieux les âneries de l’islam à ce sujet ou les soubresauts de quelques fanatiques, alors que Céline est l’auteur français le plus commenté au monde, nous dit Wikipédia (savais pas).
Je partage l’avis de P.Charoulet ; Céline est ce qu’il est, a quelques raisons d’être révolté devant les brûlures que la vie lui a apposées, et d’en vouloir au monde entier devant la réprobation à la fois bourgeoise et intellectuelle qui l’a frappé.
La mise à l’index des pamphlets a eu surtout comme effet que seuls les nantis pouvaient y accéder, sauf Internet récemment, car le livre s’arrachait à prix d’or, y compris sous le marteau (non, pas le manteau).
J’ai acheté voici quelques années les oeuvrettes d’Albert Paraz, le gala des vaches, Valsez saucisses et le Menuet du haricot. On peut y lire la correspondance avec Céline qui donne de la couleur à ses emportements, et presque une justification. On comprend mieux, mais on n’est pas obligé d’aimer.
Autre terme du paradoxe : la mutilation de la pensée par une pénalisation des propos, des attitudes, des comportements quotidiens. On parle d’une loi contre les fausses nouvelles, arme absolue de la tutelle d’Etat. Nous ne serions pas assez intelligents pour faire le départ ? Incapables de faire une vérification par nous-mêmes ? Comme nous le serions d’être simplement courtois envers une personne du sexe qui n’a jamais mieux mérité le nom d’opposé ?
Voltaire avait été censuré dans la Pléiade, les humoristes sont tancés, on ne s’exprime que dans les cabarets et autres greniers, l’indignation prévaut, la Comtesse de Ségur (née Rostopchine, important) n’est pas exempte de sadisme, racisme et outrances ; doit-on la jeter ?
Dans ce bouillonnement, des bulles de vérité explosent ; votre billet cher M.Bilger, en est une. Nous n’échapperons pas à la réprobation outrée, à l’embrasement des convictions, mais nous sommes inaltérables, n’est-ce pas ? J’allais écrire incombustibles, mais je ne sais pas pourquoi, quelque chose m’a retenu, le souvenir du Malleus Maleficarum, sans doute ou alors le trop-plein de joie sarcastique de la provocation.
Savez-vous ? La pensée inexprimée ressemble au contrepet : le glisser dans la conversation procure la jouissance de voir se dessiner un léger sourire
de connivence chez celui qui est familier de l’incandescence des murs de corps de garde sous l’anodine affirmation. Voilà de quoi faire casser les ponts entre les interdits et les a priori.
Il m’est parfaitement odieux d’imaginer que certains pour des raisons qui leur sont propres envisageraient de mettre sous tutelle ceux qui ne sauraient trier le bon grain de l’ivraie.
@ Marc GHINSBERG | 04 janvier 2018 à 11:32
N’est pas GHINSBERG qui veut et la culpabilisation de l’existentiel est son domaine.
Nombreux auteurs français du 18ème et 19ème siècles décrivaient les juifs à l’état pur, leurs ouvrages ne sont pas interdits pour autant. Avec la fin de l’Algérie française une vague nouvelle de juifs (les arabes juifs) est apparue et progressivement elle s’est imposée jusqu’à l’indécence de nous culpabiliser d’une façon permanente et profonde.
Que sera la culture franco-judéo-mahométane de demain en France ?
Les frères ennemis finiront-ils par tous s’égorger ? Il n’en reste pas moins que nous vivons ce moment l’incertitude avant l’orage !
Ce que Louis-Ferdinand entrevoyait déjà nous le comprenons en observant le comportement des juifs face aux Palestiniens, aux Syriens, aux Irakiens, aux Iraniens et aux Egyptiens (sans parler des autres).
Un seul Dieu, un seul maître ce n’est pas pour aujourd’hui, ce qui n’empêche que certains veulent être les maîtres du monde, ce qui est à l’origine des maux car il faut bien un motif à tout !
Bonne analyse du sujet chez :
https://berdepas.com/
Loi sur les «fake news» : «inquiète», l’opposition craint d’être «muselée».
Quand ça va péter il aura chaud aux fesses. Ceux qui l’ont mis en place par fourberie vont s’en mordre les doigts. Nous n’en voulions pas, nous n’en voulons plus (et mon épouse m’a censuré la suite).
« En 2015, Les Décombres de Lucien Rebatet avait été réédité, avec des commentaires d’historiens, et la controverse s’était vite éteinte pour un livre dont l’antisémitisme n’était pas moins éclatant que celui qui inspirait Céline. »
Je l’ai lu avec la très judicieuse présentation de l’historien Pascal Ory.
Passionnant pour connaître de l’intérieur la vie politique sous Vichy puisque l’auteur faisait partie de cette espèce de phalanstère.
Les « éructations » antisémites sont écoeurantes quoiqu’écrites, comme le reste, dans une langue admirable et en les lisant je me faisais la même réflexion que Patrice Charoulet.
L’effet d’entraînement redouté par ceux qui voudraient censurer ce type d’ouvrages ne me paraît pas convaincant. Bien au contraire c’est une bonne façon, s’il en était besoin, de se dégoûter de telles bassesses.
Les gens qui veulent censurer les livres ou les informations ne font pas confiance au niveau d’éducation et de développement de leurs compatriotes : c’est le cas de Macron qui s’est mis en tête de censurer les « fausses nouvelles » (fake news) pendant les périodes électorales. Dans ce cas, il devrait tomber sous le coup de cette loi (encore une) puisqu’il tente de faire croire que les impôts vont diminuer globalement en 2018 quand l’Insee avance et maintient qu’ils vont augmenter de 5 milliards € !!
Savonarole écrit : « En revanche, il est certain que les pamphlets se vendront bien, car à trop vouloir censurer ou escamoter on attise la curiosité. »
Laissant aux littéraires parmi nous le soin de juger Céline, il est bon de noter à l’occasion un fait peu connu en France, plus près de nous, loin de Céline.
En 2003 : Mel Gibson et Benedict Fitzgerald ont co-écrit le scénario du film « La Passion du Christ » basé sur la Bible. Le lobby israélite aux Etats-Unis s’est déchaîné contre le film avant même le début du tournage en Italie. Les co-scénaristes, tous deux profondément catholiques, Mel Gibson a fait construire une chapelle à Malibu à ses frais, ont été accusés d’antisémitisme et littéralement crucifiés par les médias aux USA.
Le déchaînement d’accusation et de critique a été d’une violence verbale rare. Résultat, Savonarole a raison, le film a été un des plus grands succès de Gibson avec 1,2 milliard de dollars de revenus dont 450 millions de bénéfice.
La haine peut aussi être un excellent argument de vente.
Gallimard est une vieille maison d’édition avec beaucoup d’expérience.
@ genau
« On parle d’une loi contre les fausses nouvelles, arme absolue de la tutelle d’État. »
J’ai effectivement aussi entendu parler de cette dernière lubie de Macronus Imperator comme s’il n’y avait pas d’autres questions plus urgentes et plus essentielles à traiter de front, par exemple en ce qui concerne la banalisation alarmante d’un certain type de criminalité.
Mais qui décrétera que telle ou telle nouvelle serait fausse ou non ? Par rapport à quelle référence ?
Allons-nous devoir, à l’instar du monde anticipé par Orwell, mettre en place un ministère de la Vérité ?
Et quand Choupiter en personne se range à l’hypothèse non vérifiée selon laquelle le taux de gaz carbonique serait l’unique cause de l’augmentation éventuelle des températures terrestres alors qu’il en est la conséquence, ne se rend-il pas lui-même coupable de diffusion de fausses nouvelles ?
@ Achille 04 janvier 2018 à 08:35
« Je préfère très largement les œuvres de Guy de Maupassant ou encore de Marcel Pagnol qui sont des petites merveilles en matière de maîtrise de la langue française »
Idem.
Déjà Fabrice Luchini qui faisait l’apologie de Céline sur scène, ça m’avait bien énervée, mais que Gallimard (des fois « Gallimard jeunesse ») pour des raisons mercantiles, réédite les écrits antijuifs de cet écrivain sulfureux, me stupéfie en ce temps où un Mohamed Merah a été capable de tuer, de sang-froid, avec une arme de poing sur la tempe, un enfant juif, tétine en bouche, à l’intérieur de son école.
Je suis d’accord avec Arno Klarsfeld : pourquoi interdire Faurisson ou poursuivre Dieudonné qui n’est qu’un humoriste ? Rappelez-vous Manuel Valls disant : « Il est insupportable que Dieudonné puisse encore se produire. »
Selon Manuel Valls, « quand on s’attaque aux juifs de France, on s’attaque à tous les Français. Donc, il faut parler fort, ne pas avoir peur (…). Je ne me tairai pas parce que c’est une bataille politique essentielle pour notre civilisation. »
Ca c’était du temps de Dieudonné le saltimbanque mais, curieusement, concernant la réédition d’une partie (bankable) de Céline (héros littéraire avant le héros Johnny Hallyday) nous n’entendons pas Manuel Valls 🙁
Comme chantait le groupe Abba :
« Money, money, money
Must be funny
In the rich man’s world »
Il convient de dissocier la pensée de la manière d’exprimer cette pensée.
Si la première est abjecte, en deviendrait-elle meilleure, bonifiée, du simple fait qu’elle serait exprimée dans un style littéraire exceptionnel, si tant est que celui de Céline le soit ?
L’art, ou ce qui est parfois prétendu tel, rendrait-il acceptable ce qui ne l’est pas, louable ce qui est condamnable, beau ce qui est laid ?
Des idées malsaines, funestes deviendraient-elles moins dangereuses, moins pernicieuses en étant véhiculées dans une expression dite artistique ?
Il est amusant que certains se comportent comme si publier des livres, et les lire, équivalait à approuver leurs auteurs, et leur contenu.
On comprend bien que pour ces gens-là, tout soit propagande et idéologie, puisque c’est ainsi qu’eux se conduisent. Mais c’est oublier qu’il subsiste des hommes libres, indépendants d’esprit, soucieux d’apprendre et de découvrir, et parfaitement capables de penser par eux-mêmes.
Evidemment, à force d’endoctrinement socialiste, il n’est pas certain qu’il en reste beaucoup.
Je dois bien posséder l’un des trois fameux « pamphlets », et pour l’instant c’est plutôt moi qui me fais traiter de « sayanim » par des agités du bocal, qui ne peuvent pas concevoir qu’on ne soit pas antisémite — sauf à être juif, naturellement.
Quant à L’Agité du bocal, c’est un texte fort plaisant, bien vu, et fameusement bien torché.
Faut-il rappeler qu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, c’étaient les anti-nazis français qui suppliaient leurs compatriotes de lire Mein Kampf, pour bien savoir à qui ils avaient affaire ? Et que l’édition française de cette époque, comme d’ailleurs des éditions en anglais, ont été explicitement réalisées dans le but de mobiliser l’opinion contre Hitler ?
Cher Philippe,
Votre billet met l’accent sur la nature antisémite de Céline.
Est-ce que cet homme appréciait les homosexuels ?
Est-ce que cet homme appréciait les populations du sud de la Loire ?
Est-ce que cet homme appréciait les femmes ?
Est-ce que cet homme appréciait ses collègues ?
Est-ce que cet homme appréciait la politique ?
Est-ce que cet homme appréciait les populations de l’Afrique ?
Est-ce qu’il appréciait la France ?
Est-ce qu’il appréciait les résistants, les gaullistes ?
L’auteur a répondu lui-même par ses livres et ses actes.
Il aimait les singes, les femmes très jeunes qui n’aimaient pas les gros sexes parce qu’il jalousait la virilité fantasmée des hommes, le mensonge, le comportement hystérique, la vulgarité, la haine de l’autre, le pessimisme, l’égorgement de celui qui ne pensait pas comme lui.
Il se voulait promoteur de la haine de l’autre et tous les bourgeois à quelques exceptions près ont admiré son parcours intellectuel, ses dénonciations et certains tel Fabrice Luchini jouissent encore de sa haine par procuration et souhaitent au minimum obtenir quelques fruits de cette pensée pas très jolie, pour reprendre une expression de Pierre Perret dans l’une de ses chansons.
Voltaire n’aimait pas les Juifs, comme de nombreux auteurs, c’était pour promouvoir d’autres intérêts. Mais avant l’impensable, avant l’horreur nazie.
Est-ce que Céline était fier de certains de ses écrits ? Il semblerait que non, ce qui ne signifie pas qu’il était conscient de la pourriture qui suintait de ses neurones mais qu’il craignait d’avoir à répondre devant la justice.
Il illustrait tout à fait une certaine partie de la pensée médicale de cette période et il faut absolument garder les traces de la laideur de cette époque et de cet homme adulé par ses contemporains avocats, éditeurs, artistes, politiques qui ont célébré l’immonde et qui le font encore.
Il y a foule dans certaines soirées à Bordeaux, à Lille pour promouvoir les mêmes idées de haine et sur le net pour menacer de tortures de guerre sur les personnes de Manuel Valls ou de Joey Starr, sans que personne ne trouve cela grave en dehors de quelques affirmations du bout des lèvres que personne ne prend au sérieux.
La censure, l’interdit rendent attractifs certains livres tout comme la disparition d’œuvres les rendent plus recherchées.
Les dires de Céline ne sont que pipi de moineaux en comparaison des montagnes d’insultes qui colonisent la toile.
Le présent qui devrait apporter des partages de connaissance se vautre dans sa médiocrité, diffuse une explosion de haine.
L’image qui nous vient est celle d’un cercle d’agonisants autour d’un feu soufflant sur les braises de la bêtise, qui cherchent une réhabilitation, un visa pour le paradis alors que le jugement est déjà fait pour l’éternité.
Rire de la mort et du supplice d’enfants est le génie à la puissance moins l’infini, le comble de la tare humaine.
françoise et karell Semtob
@ louis-ferdinand
« N’est pas GHINSBERG qui veut et la culpabilisation de l’existentiel est son domaine. »
Visiblement n’est pas Louis-Ferdinand qui veut, non plus. La culpabilisation de l’existentiel est un concept trop puissant pour moi. Ne vous étonnez donc pas, cher courageux anonyme, que j’arrête là notre échange.
Avec mon exacte considération…
Ce qui est inquiétant dans cette histoire de réédition, ce n’est pas l’écrivain mais les lecteurs.
En effet, je suis effaré de constater l’effondrement de la capacité à comprendre un texte, à le mettre en situation, à le distancier et à l’analyser. Vous avez déjà tous constaté que le second degré, l’ironie et l’antiphrase sont morts, faute d’être compris par suffisamment de gens, en particulier de gens des médias (même si on peut soupçonner beaucoup de mauvaise foi).
Mais nous serons sauvés par Saint Emmanuel Macron, qui va donner aux juges le pouvoir de décider du vrai et faux pour lutter contre les « fake news » (du genre « Votez pour l’Euro, il nous protégera de la crise » ?).
Que c’est beau, que c’est grand, la démocratie en action.
Pour Céline tout entier…
Bien sûr, cher P. Bilger, et sans restriction.
C’est curieux cette volonté forcenée d’interdire la lecture de certains livres par des censeurs qui, sans doute, ne les liront jamais eux-mêmes !
Quel mépris pour les autres citoyens, incapables sans doute aux yeux des donneurs de leçons de prendre du recul et de penser !
L’antisémitisme actuel, pour ceux qui l’ignorent encore, provient en majorité de certains membres de la communauté arabo-musulmane. Et pour des raisons qui n’ont rien à voir avec l’antisémitisme européen historique.
Laissons S. Klarsfeld dans son terrible passé dont il ne sortira sans doute jamais. Quant à Alexis Corbière, qu’est-ce qu’il ne ferait pas ou ne dirait pas pour se faire remarquer !
Cordialement.
Il y a quelque chose d’insupportable à vouloir interdire la réédition d’un ouvrage.
Comme si le commun des mortels n’avait pas le droit de savoir ce qu’a écrit L-F Céline, et au fond serait inapte, mineur au plan intellectuel.
Céline est un phénomène littéraire, qui ne se comprend à l’évidence que dans son environnement intellectuel et historique.
Ce qui serait punissable, ce serait promouvoir certains écrits de Céline dans un but antisémite.
Pour le reste, dire que la publication de ses écrits polémiques sert la cause raciste ressort de la manipulation politique.
@ Robert Marchenoir
« Faut-il rappeler qu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, c’étaient les anti-nazis français qui suppliaient leurs compatriotes de lire Mein Kampf, pour bien savoir à qui ils avaient affaire ? »
Je crois me souvenir que l’édition française de l’époque comportait une préface du Maréchal Lyautey qui disait : « Tout Français doit lire ce livre ».
Manifestement, les hommes politiques de l’époque ne l’ont pas lu.
De même que leurs successeurs actuels n’ont pas lu ne fût-ce qu’une synthèse du Coran.
C’est jusqu’à la dernière ligne du billet, qui est étrange. On se demande bien : qui, en cette affaire, « découpe en tranches » (sic) – et surtout, tente de noyer le poisson ! La réponse, hélas, nous est ingénument fournie en cours de route :
« La réédition française, outre les trois pamphlets, offrira à la lecture A l’agité du bocal (sur Jean-Paul Sartre), Hommage à Zola et le superbe Mea Culpa (à la suite de son voyage en URSS) ».
Je sais bien que les grands mots n’ajoutent rien, mais le procédé qui consiste à rassembler dans un même (!) volume un ensemble aussi clairement identifié que ces insanités, et… d’autres oeuvres du même auteur, a un nom. Cela s’appelle : la BANALISATION.
Si d’autre part la banalisation est une chose, le REVISIONNISME en est une autre. Et c’est bien à cela que prétendrait se livrer Gallimard, en donnant pour titre à ce volume : ‘Ecrits polémiques’. Sic. On s’étonne d’avoir ici à rappeler qu’une polémique oppose deux parties, qui ne sont pas forcément représentées à part égale mais dont le point de vue est a priori également recevable : est-ce cela, que veut insinuer Gallimard ? Par ailleurs la polémique est un genre bien identifié et qui a ses lettres de noblesse mais on est devant AUTRE CHOSE, devant la littérature antisémite. Enfin et surtout, avec le temps (car dans l’immédiat les lycéens savent encore à peu près qui était Céline) on s’achemine devant un contresens majeur : l’intéressé finirait par passer pour un… polémiste, ben voyons, qui POUR UNE FOIS (et même, pour trois fois) se serait tout juste laissé entraîner UN PEU TROP LOIN, sur le terrain qui était habituellement le sien…
Fort discutable aussi est l’acte de foi selon lequel « en 2031 les trois pamphlets de Céline seraient tombés dans le domaine public et devancer cette échéance de quelque 13 ans n’a rien de proprement scandaleux ». C’est au contraire proprement scandaleux car le point SIGNIFIANT, au regard de la postérité, était que restât attesté le fait que le salopard n’avait pas même eu le courage de son insanité – et s’était opposé à réédition. A contrario on peut être assuré que dans l’hypothèse d’une réédition anticipée c’est jusqu’à des professeurs de lycée qui, de bonne foi, finiraient par dire à leur élèves : « ah oui, mais, il avait dit à sa veuve qu’elle pourrait accepter »…
Bref mon point de vue est que si on devait en toute inconséquence donner suite à ce projet alors qu’on se contente de rassembler ces trois seuls écrits (auxquels on pourrait tout au plus ajouter les articles parus dans la presse collaborationniste) et ce, sous le titre : ‘Ecrits antisémites’.
PS : J’ai été étonné aussi de trouver, au détour de ce billet, la phrase : « Que Serge Klarsfeld et ceux qui pensent comme lui dans la communauté juive soient indignés par la réédition à venir de ces écrits polémiques est parfaitement compréhensible ». Sauf erreur de ma part en effet : la lutte contre l’antisémitisme est l’affaire des citoyens de toute origine. J’ajoute que les personnes qui autour de moi sont unanimement indignées par ce projet sont pour la plupart non-juives, pour autant que je sache. Et si je devais faire une lecture ‘communautaire’ de ce scandale ce serait plutôt pour être sans indulgence pour les BHL, les Finkielkraut et autres, bref, ceux dont la voix pèse d’un certain poids mais qui n’ont aucune envie de rien faire qui puisse contrarier leurs mondanités avec Gallimard – ne parlons pas du sinistre Assouline, qui aime à mettre en avant ses « origines » et qui est déjà sur les rangs pour commettre une préface.
Bien que n’étant pas particulièrement fan de Céline, force est de reconnaître qu’il avait un grand talent d’écriture… Pour aborder son œuvre, sans a priori ni concessions, il convient cependant de se rapporter à la grille de lecture de son époque.
Ayant par ailleurs longtemps vécu à Meudon, je peux témoigner de la parfaite discrétion et civilité de son épouse qui n’aspirait à rien d’autre que préserver son intimité et éviter toute provocation posthume (par rapport à son encombrant mari).
Il serait temps qu’on laisse les Français lire et se forger leur propre opinion, libres de penser, de réfléchir tout seuls, comme des grands, des adultes responsables.
On sait que lire un livre ne mène pas à être d’accord avec ce qui est dit, c’est tout le contraire même parfois.
Notre époque est par trop infantilisante et il est agaçant de voir la bien-pensance partout faire le tri de ce que nous pouvons lire, dire, écouter. Nous avons un cerveau. Lire Céline aujourd’hui peut être finalement bénéfique pour comprendre que ce qu’il dit est terrible quand on sait où ont conduit des idées pareilles.
Par contre, l’antisémitisme a changé de genre et c’est plutôt dans cette direction qu’il faille s’inquiéter. Que nos beaux esprits s’adaptent aux situations. Et je doute fort que beaucoup de ces nouveaux antisémites lisent Céline. Leurs idées fixes ne sont plus du même acabit.
@ boureau | 04 janvier 2018 à 18:13
« C’est curieux cette volonté forcenée d’interdire la lecture de certains livres par des censeurs qui, sans doute, ne les liront jamais eux-mêmes !
Quel mépris pour les autres citoyens, incapables sans doute aux yeux des donneurs de leçons de prendre du recul et de penser ! »
Même si on peut le regretter, tout le monde n’est pas en mesure de prendre le recul qui convient face à certains écrits véhiculant des idées malsaines. C’est même sur cette fragilité intellectuelle que s’appuient les sectes et groupements terroristes pour endoctriner leurs adeptes.
Je pense qu’il existe suffisamment d’ouvrages de qualité, tant sur le plan de l’écriture que de l’apport culturel, sans s’encombrer l’esprit avec des œuvres à connotation raciste, antisémite ou autres perversités du même genre.
@ Claude Luçon 04 janvier 2018 15:50
« La passion du Christ »
Pour prolonger votre rappel sur ce grand film, il n’est pas inutile de rappeler également que certains distributeurs ont refusé de diffuser le film lors de sa sortie. Et notamment Marin Karmitz qui avait jugé le film « fasciste ».
Heureusement le producteur Tarak Ben Ammar sauvera la liberté d’expression en passant le film dans son propre circuit. On connaît la suite et le succès du film en France.
Cordialement.
@ Luc Nemeth
Vous avez raison, dans l’antisémitisme, on n’est plus dans la polémique. Idée : que diriez-vous d’une collection de texte antisémites de divers classiques, si possible avec notes les contextualisant ? Pensez-vous qu’il faudrait étendre l’idée à d’autres groupes, et selon quels critères, peuples ayant subi un génocide, groupes les plus menacés actuellement, ou autre ?
Et vous-même, que préconiseriez-vous de faire ?
J’ai toujours trouvé l’histoire des Juifs profondément déprimante. Pour moi, c’était un peuple à protéger, si ayant découvert le mécanisme du bouc émissaire, ce qui n’est pas rien, mais sinon, je ne m’y intéressais pas beaucoup.
Et puis j’ai lu un livre qui m’a fait sortir de ce que des historiens appellent « l’histoire lacrymale », et qui montre combien des Juifs ont su incroyablement saisir les moindres opportunités de se libérer :
http://www.20minutes.fr/livres/1027076-20130131-les-pirates-juifs-caraibes-incroyable-histoire-proteges-christophe-colomb-edward-krizler-chez-andre-versaille-bruxelles-belgique
Aussi marquant « La poignée d’élus – Comment l’éducation a façonné l’histoire juive, 70-1492 » de Maristella Botticini et Zvi Eckstein.
Il est probable que vous les ayez déjà lus, ou que vous en ayez bien d’autres, ou les deux, mais on ne sait jamais… De toute manière, ils m’ont tellement plu que je me devais d’en faire la promotion.
Avec toute mon estime.
Il paraît que sera bientôt interdite toute réédition de « Si le grain ne meurt » pour cause d’incitation à la pédophilie.
« A quel titre prétend-on se mêler de ce qui regarde le citoyen, le lecteur, de son choix et de son intelligence ? »
Eh bien, Céline lui-même devait considérer que le lecteur n’est pas tout.
« Céline avait toujours refusé qu’ils fassent l’objet d’une nouvelle publication… »
J’ignore la ou les motivations exactes qui ont fondé le refus de Céline d’une publication de ses écrits antisémites. Il reste que sa volonté était qu’ils ne fassent pas l’objet d’une réédition.
« Pour Céline tout entier ! »
Non, Philippe.
L’écrivain lui-même a choisi qu’une part de ses écrits soit retranchée de l’idée qu’il se faisait de la littérature. Peut-être a-t-il simplement refusé l’idée – le cauchemar – de lecteurs camés, toxicos à ses écrits comme le sont les intoxiqués à une drogue dure, à un poison d’épouvante. Ce qu’est l’antisémitisme.
Je ne sais pas s’il est vraiment opportun de faire reparaître des écrits que Céline avait refusé de voir rééditer ; les trouvait-il ratés, ou en avait-il seulement honte ? Un artiste a un droit souverain sur son œuvre : un peintre détruit ses toiles qu’il pense ratées, un sculpteur ses œuvres qu’il juge mal venues ; pour un écrivain il ne peut que renier les écrits qu’il souhaite voir oublier.
Néanmoins, la liberté d’expression est un bien si grand qu’il faut admettre qu’elle soit insupportable, blasphématoire, porteuse de haine.
La seule raison qui vaille d’interdire un propos, ou un écrit, ne peut être qu’une absence de talent exprimé, ou une incitation au crime.
Il serait judicieux de ne pas éditer des auteurs qui écrivent aussi mal que Christine Angot, Dominique Bona ou Philippe Jaenada tant qu’ils n’auront pas justifié d’une formation continue adéquate (atelier d’écriture par exemple). Il serait opportun d’interdire d’antenne des saltimbanques à la vulgarité achevée comme les Cyril Hanouna ou Charline Vanhoenacker jusqu’à ce qu’ils aient appris à parler en français. Les uns et les autres sont coupables de crime contre notre langue.
D’autres crimes sont bien plus graves, et ceux qui y incitent sans barguigner ne peuvent avoir la parole. Personne n’imagine laisser actifs des sites d’enrôlement dans le djihad.
« Si on décidait de supprimer de la littérature universelle, par exemple du prodigieux Shakespeare, les passages contestables (Le Marchand de Venise) au nom d’une morale et d’une bienséance d’aujourd’hui inadaptées au siècle de leur écriture, des chefs-d’oeuvre seraient amputés, dénaturés. »
Mais c’est ce qui se passe en ce moment, l’inimaginable devenu banal !
Je viens d’apprendre sur France Culture que l’opéra Carmen qui doit être présenté à Florence dans quelques jours a été modifié par le metteur en scène, au motif qu’on ne peut pas applaudir à la mort violente d’une femme, et donc dans le « new opéra » Carmen prend le pistolet des mains de son amant et le tue, la mort d’un homme étant plus « acceptable » que celle d’une femme.
http://www.leparisien.fr/laparisienne/actualites/societe/l-opera-carmen-repris-a-florence-avec-un-gros-retournement-de-situation-04-01-2018-7483173.php
Remarquez qu’à tout prendre je suis moins choqué que si on avait fait de Carmen un.e transgenre, quoique au train où vont les choses, je m’attends à tout.
Nous vivons une époque complètement schizo, obsédée par la volonté de refaire, de réécrire le passé à la « lumière » de la morale d’un politiquement correct qui n’est que la marque d’une décadence absolue.
Puisque nous sommes incapables semble-t-il de faire des chefs-d’œuvre assurés, plus ou moins d’éternité, refaisons le passé éternel en nous appropriant son éternité.
Des nains se voulant à la hauteur de géants trop grands pour eux.
@ Noblejoué
A lire également de Shlomo Sand « Comment le peuple juif fut inventé ».
Passionnant et révélateur.
Personnellement, étant assis à la fois sur l’Allemagne et la France, j’ai toujours déploré qu’on confondît nos erreurs de 1918 (lire Von Salomon, les Réprouvés) avec une juste cause et qu’on laissât prospérer le régime qui se dessinait tout en sachant très bien ce qu’il était. Cela se fit au nom d’une idéologie criminelle qui se répète aujourd’hui, mais à l’époque personne n’a voulu tenir compte de la somme de défiance à l’égard des Juifs en raison de leurs positions dans l’Histoire chrétienne et populaire, de Flavius Josèphe à Gobineau. Là encore, ignorance, aveuglement, refus de se séparer de l’idéologie ou, comme vous le dites, conception lacrymale. La position actuelle d’Israël est la somme de toutes ces erreurs.
Alors, quand notre président parle de faire une loi contre les fausses novelles, alors qu’il existe des textes parfaits en France pour les poursuivre, je me demande s’il ne devrait pas être poursuivi le premier pour cet immense mensonge qui, déjà, nous a entraînés jadis dans une guerre exemplairement honteuse.
@ Achille
« Même si on peut le regretter, tout le monde n’est pas en mesure de prendre le recul qui convient face à certains écrits véhiculant des idées malsaines. C’est même sur cette fragilité intellectuelle que s’appuient les sectes et groupements terroristes pour endoctriner leurs adeptes. »
Conclusion, certains qui sont mieux équipés sur le plan de la validité du raisonnement choisiront ce que la masse débile pourra comprendre afin que ladite masse se bonifie et que le mal disparaisse à jamais…
C’est très puissant comme réflexion ! Partant de là qui seront donc ces êtres supérieurs ? J’imagine qu’ils seront choisis avec le plus grand soin, et suivant des critères excellents par eux-mêmes ou, mais cela pourrait être dangereux, par un logiciel de grande performance.
Il faudrait également et suivant le même principe vertueux extirper de ce monde toutes sortes de dangers comme il a été fait pour les oreillons qui, dit-on, rendent stérile l’adulte masculin qui les attrape.
Il faudrait aussi quand le temps s’y prêtera supprimer les aliments indigestes ou nocifs pour le confort sans fin d’une vie digne d’intérêt.
Céline est un grand écrivain mais par un sens très puissant des responsabilités certains qui se croient les représentants de l’humanité entière désirent la damnatio memoriae…
Cependant, ma conscience captive de la vérité et de la justice ne peut se résoudre à désirer le confort délétère d’une vie avec les Lotophages. L’histoire appartient à tous !
@ Noblejoué
Un grand merci, de votre commentaire.
J’aurais aimé pouvoir donner une réponse imparable à votre question concernant… ce que je préconiserais de faire ! Disons qu’a priori votre idée d’une collection de classiques d’écrits sur l’infériorité de certaines catégories d’êtres humains (qu’ils aient ou non comporté l’appel au meurtre) me paraît excellente, étant bien entendu qu’il n’est pas question de se limiter au seul antisémitisme – qui de toute façon a déjà largement été étudié par Léon Poliakov et autres.
Cela dit le « risque zéro », en ce domaine comme en tout autre, n’existe pas. Le risque direct est de voir apparaître ces théories comme un courant d’IDEES (étant bien entendu que tout courant se doit d’être abordé avec une certaine équité, même s’ils ne se valent pas tous) ; et ce alors qu’on est en présence de voies de FAITS.
Pour cette raison d’ailleurs je désapprouve l’approche d’auteurs comme Taguieff dont j’estime qu’en se plaçant du point de vue de ce qu’on appelle « Histoire des idées » ils aboutissent trop souvent, même s’ils devaient s’en défendre avec la dernière énergie, à une insidieuse mise en respectabilité de la production adverse.
@olivier seutet
« D’autres crimes sont bien plus graves, et ceux qui y incitent sans barguigner ne peuvent avoir la parole. Personne n’imagine laisser actifs des sites d’enrôlement dans le djihad. »
Mais alors, pourquoi autorise-t-on en France la diffusion à grande échelle d’un certain ouvrage (le Coran) incitant de façon explicite au meurtre de différentes catégories humaines, pour ne pas parler de tortures et autres, sachant de plus que l’histoire suffit à nous rappeler les innombrables ravages et désolations dont il a été directement la source dans le temps et dans l’espace, de ses origines plus que millénaires à nos jours ?
On n’enferme pas les gens à cause des crimes qu’ils pourraient commettre, mais à cause des crimes qu’ils ont commis, et encore, certains ne s’en tirent souvent pas trop mal. C’est une part de risque inhérente à la démocratie. Aussi laisse-t-on en liberté, ou relâche-ton à la moitié de leur peine, des gens potentiellement dangereux, en toute connaissance de cause : violeurs récidivistes, bourreaux d’enfants, trafiquants, extrémistes et allumés en tous genres. Et nous acceptons sans broncher les inconvénients de la démocratie, parce qu’ils sont bien moindres que les avantages.
Et voilà que l’on se montre extraordinairement pointilleux lorsqu’il s’agit de publier des écrits d’une autre époque, même si ces écrits ne doivent jamais être lus que par une toute petite frange lettrée de la population, écrits qu’ils connaissent d’ailleurs déjà, et qu’ils ne partagent pas, à 99,9%.
Le problème avec la censure, comme avec le secret, c’est qu’elle donne le pouvoir à certains de décider pour les autres de ce qu’ils ont le droit de savoir. Le savoir est ainsi usurpé par certains, le pouvoir de le partager également. La censure me révulse, je préfère accepter les scories de la liberté plutôt que de subir les scories de la censure.
Je réclame la liberté et l’égalité, et le droit. Mais autant par réalisme que par foi en la démocratie. Les pays où l’empirisme est de rigueur pratiquent le plus possible la liberté d’opinion et de parole. Ils en font un droit constitutionnel. Là où règnent l’idéologie et la contrainte, certains s’arrogent le droit de censurer pour protéger disent-ils le bon droit, mais comme par hasard, en temps de guerre, c’est là où régnaient la liberté et l’égalité, qu’on les défend le mieux quand elles sont menacées.
La liberté de pensée n’explique pas le crime, ni le racisme, ni l’antisémitisme, dont les racines sont ailleurs que dans les livres. On ne les guérit donc pas en empêchant les gens de s’exprimer, ni d’entendre. Un livre haineux n’est qu’un symptôme. Mais chez nous, on va souvent chercher la cause ultime dans le symptôme. La parution d’écrits datés témoigne surtout d’un certain état d’esprit à une certaine époque. Ils sont trop littéraires pour apporter de l’eau au moulin des antisémites virulents qui peuplent la France aujourd’hui. Les intellectuels feraient bien de se passionner pour les menaces réelles de la société, dont l’antisémitisme, et la criminalisation de la liberté de parole, censure et surveillance des individus à l’appui.
« Ceux qui sont préservés de ce poison n’en seront pas atteint »
Vous faites erreur Monsieur.
@ Lucile | 05 janvier 2018 à 11:44
« Je réclame la liberté et l’égalité, et le droit. Mais autant par réalisme que par foi en la démocratie. »
C’est le cheikh Youssouf al Qaradawi, l’un des principaux de la Fédération des organisations islamiques en Europe (FOIE, dont la branche française est l’UOIF), qui déclarait en 2002 : « Avec vos lois démocratiques nous vous coloniserons. Avec nos lois coraniques nous vous dominerons. »
C’est avec le genre de sophisme neu-neu que vous déployez au nom de la démocratie et la liberté de dire tout et n’importe quoi que nous risquons de basculer un jour dans une civilisation qui n’est plus la nôtre.
@ Achille 04 janvier 2018 21:12
« Même si on peut le regretter, tout le monde n’est pas en mesure de prendre le recul qui convient face à certains écrits… »
Je ne peux me résoudre à sortir de l’enseignement humaniste reçu dans mon enfance et entretenu – tant bien que mal – tout au long de ma vie pour entrer (même à reculons) dans une société orwellienne !
Certains sont-ils assez aveugles pour envisager une limitation des droits d’une catégorie de citoyens ? Limitation qui pourrait conduire au chemin emprunté par les deux grands fléaux du XXe siècle : le nazisme et le communisme.
On commence par limiter l’accès au savoir pour certains, puis on finit par choisir qui doit vivre ou mourir ! L’Histoire dont on oublie toujours qu’elle est tragique est pourtant là pour nous le rappeler !
Car enfin, qui va décider qu’une œuvre ne peut être lue par Pierre, David, ou Mouloud ?
Qui ?
E Macron himself ? La Société des Agrégés ? Le Grande Loge de France ? Le CRIF ? SOS Racisme ? La Licra ? La CGT ? Les Lapins Crétins ? L’Amicale des boulistes de Trifouilly-les-Oies ?…
Alors, Messieurs les censeurs à vos claviers, vous qui voulez limiter la liberté pour certaines catégories de vos compatriotes ! Qui ?
Cordialement.
« Bagatelles pour un aéroport »
On imagine les pages savoureuses que pourrait aujourd’hui écrire Céline sur un président qui morigène Trump, enguirlande Poutine et sa presse, traite Bachar d’assassin, prévoit la victoire sur Daech pour la mi-février et qui se tortille dans tous les sens pour construire ou pas un aéroport sur un champ de carottes occupé par des glands.
@ Véronique Raffeneau | 05 janvier 2018 à 07:13
S’opposer à la réédition de ses œuvres les plus polémiques, n’était-ce par une manière de reconnaître qu’il s’était trompé ? Ce qu’il n’a cependant jamais voulu admettre selon sa veuve qui a toujours veillé à respecter ses dernières volontés. Jusqu’à l’année dernière alors qu’elle venait d’avoir 104 ans !! De là à penser qu’il y aurait eu abus de faiblesse il n’y a qu’un pas… Il faudrait poser la question à son amie Véronique Robert et à son médecin.
De toute façon, ces œuvres auraient fini par tomber dans le domaine public, mais pas avant 2031…
Ah si Céline pouvait écrire une lettre d’outre-tombe à Gallimard (qui a fini par le couill..er et baiser sa Lili) cela risquerait d’être saignant !
@ boureau | 05 janvier 2018 à 13:32
« On commence par limiter l’accès au savoir pour certains, puis on finit par choisir qui doit vivre ou mourir ! L’Histoire dont on oublie toujours qu’elle est tragique est pourtant là pour nous le rappeler ! »
Où avez-vous lu que je voulais limiter l’accès au savoir ? C’est justement parce que des gens n’ont pas accès au savoir et à l’apprentissage de la pensée qu’ils ne sont pas en mesure de discerner le bon grain de l’ivraie dans des écrits qui colportent des concepts antisémites, racistes voire sexistes et autres pensées malsaines.
Il suffit pour s’en convaincre d’écouter les propos de jeunes de la « minorité visible » qui sont totalement désocialisés et qui vouent à notre société une haine que nous sommes bien en mal de canaliser.
Ces jeunes-là ne connaissent pas l’humanisme des bien-pensants et se laissent facilement influencer par les moindres discours et écrits déviants.
Ce n’est pas une question d’intelligence, ces jeunes seraient parfaitement capables de faire la distinction entre le bien et le mal dans des écrits sulfureux du genre des pamphlets de Céline, encore eut-il fallu qu’ils aient pu bénéficier d’une éducation stabilisée.
@ Achille | 05 janvier 2018 à 13:21
Jusqu’ici, les grandes démocraties (USA, GB, France) l’ont emporté haut la main avec leurs déclarations de principe selon vous neu-neu. Si jamais le cheik Trucmuche et son pays l’emportent sur nous, c’est que la France ou l’Europe ne seront plus démocratiques et qu’elles imposeront à leurs populations des lois dont elles ne veulent pas.
Et ce n’est pas parce qu’on publiera l’œuvre de Céline sans la caviarder que nous nous mettrons en danger.
Le conformisme a ses limites surtout si c’est pour s’en remettre à ce genre d’autorités.
« Nom du c.l », on n’a pas fini de se bidonner !
D’un côté « Bagatelles pour un massacre » dont chaque page ferait marrer un mort, et de l’autre, le couillon qui ira en taule s’il s’avise d’en citer trois mots ne serait-ce que devant le miroir de ses toilettes…
Le problème, c’est que ça n’a pas pris une ride, et qu’après l’avoir lu, on peut se demander s’il resterait de la place dans la tête d’un non-juif pour un peu de compassion devant une deuxième Shoah…
Et si quelques imams se mettent à le lire à leurs ouailles, on peut deviner, venant des cités de Trappes, l’immense rire qui s’entendra jusqu’au Sentier.
C’est chose assez piquante de voir « boureau » crier à la… censure, le 05 janvier 2018 à 13:32, et nous infliger son bouleversant questionnement :
« Car enfin, qui va décider qu’une œuvre ne peut être lue par Pierre, David, ou Mouloud ?
Qui ? »
On s’étonne presque d’avoir à rappeler que c’est… l’intéressé – je n’y peux rien, mais c’est ainsi – qui n’ayant pas même le courage de ses insanités, a pris la décision de s’opposer à leur réédition ! Dès lors, et bien que n’étant pas juriste, je crois savoir que la loi prévoit le délai au terme duquel une oeuvre passe dans le domaine public.
@ Achille | 04 janvier 2018 à 21:12
« Même si on peut le regretter, tout le monde n’est pas en mesure de prendre le recul qui convient face à certains écrits véhiculant des idées malsaines… Je pense qu’il existe suffisamment d’ouvrages de qualité, tant sur le plan de l’écriture que de l’apport cultuel [culturel ?], sans s’encombrer l’esprit avec des œuvres à connotation raciste, antisémite ou autres perversités du même genre. »
@ Luc Nemeth | 04 janvier 2018 à 19:11
« BANALISATION… REVISIONNISME… POUR UNE FOIS… Mon point de vue est que si on devait en toute inconséquence donner suite à ce projet alors qu’on se contente de rassembler ces trois seuls écrits (auxquels on pourrait tout au plus ajouter les articles parus dans la presse collaborationniste) et ce, sous le titre : ‘Ecrits antisémites’. »
Quand on écrit en majuscules, ça veut dire qu’on a raison. C’est un truc magique, qui ne marche que sur Internet. Mais ça marche.
Les Français, qui ont toujours au minimum une guerre de retard, s’imaginent que le fascisme, c’est quand des grands blonds en bottes de cuir se promènent rue de Rivoli dans des costumes dessinés par Hugo Boss, et torturent des gens dans les caves de la rue Lauriston.
Mais c’est faux. Le fascisme, c’est ce que vous venez de lire ci-dessus. Le fascisme contemporain, il est pépère, centriste, raisonnable, modéré, il vote Macron, il prend sa tension le soir et il trouve qu’on est méchant avec Poutine.
Le fascisme moderne est mou, consensuel : il ne censure pas les livres au nom de l’antisémitisme, il les censure au nom de la « qualité » ; et qui pourrait être contre la qualité ?
Le fascisme moderne se gratte le nombril d’un air supérieur en estimant « qu’il existe suffisamment d’ouvrages de qualité » — et les autres, mon Dieu, qu’on nous en débarrasse.
C’est combien, « suffisamment » ? Cinq cents ? Mille ? Vingt mille ? Deux millions ? Le nombre d’ouvrages qui traînent sur les étagères du fasciste mou, c’est-à-dire cinquante, en comptant les livres de cuisine ?
Et qui va décider de la « qualité » ? Qui va décider du nombre « suffisant » ? Qui va décider ce qui « encombre l’esprit » avec des « perversités » ? Qui va décider, d’ailleurs, où passe la limite entre la « perversité » et « l’apport culturel » ?
Pas le fasciste mou, à en juger par le caractère évanescent de sa prose. Mais le tyran auquel il consent bien volontiers à sacrifier sa liberté (ce qui ne serait pas si grave), mais aussi la nôtre, ce qui l’est bien davantage.
Le fasciste mou hait la liberté. La sienne, mais surtout celle des autres. Il ne supporte pas qu’on ne soit pas aussi servile que lui. Il appelle un tyran de ses voeux, mais c’est surtout pour opprimer les autres : lui n’a rien à perdre, il a déjà abdiqué sa liberté. Mais celle des autres lui est un rappel insupportable de sa lâcheté.
Il ne suffit pas au fasciste mou de ne pas lire, de mépriser le savoir, de refuser de « s’encombrer l’esprit avec des œuvres à connotation raciste, antisémite ou autres perversités du même genre », comme il dit. Encore faut-il qu’il interdise aux autres de lire les livres qu’il ne lit pas.
La rage égalitariste du socialisme incarné français (comme il y a des ongles incarnés) ne se satisfait pas de sa médiocrité et de son ignorance : le socialiste ne sera pas en paix avant qu’il n’ait ravalé tous les autres à son niveau.
Comme si 99 % des livres jamais édités n’étaient pas dépourvus de cette fameuse « qualité » que le fasciste mou se plaît à louanger, sans qu’il soit lui-même capable de la reconnaître ; car si c’était le cas, il saurait que son hypocrite appel au « non-encombrement de l’esprit » est en réalité un appel à l’autodafé de bibliothèques entières.
Comme si la lecture, et l’écriture, n’étaient pas des choses éminemment individuelles, impossibles à enfermer dans des listes d’ouvrages « de qualité », « cultivés » et « non pervers », établies par je ne sais quelle armée de fonctionnaires.
Comme si nous n’étions sortis du nihil obstat de l’Eglise que pour mieux rentrer dans la dictature prétendument « culturelle » et « de qualité » des petits flics du fascisme contemporain.
Ce fascisme contemporain est parfois si mou qu’il n’exige même pas qu’on brûle les livres : il lui suffirait qu’on en change le titre. C’est sûr qu’Ecrits antisémites, c’est un bien meilleur titre que Bagatelles pour un massacre, L’Ecole des cadavres ou Les Beaux draps…
Mais c’est ainsi que procèdent nos hypocrites modernes : ils commencent par salir, dépouiller et détruire, et puis ils disent : vous voyez, c’est sale et laid, à quoi bon garder tout cela ?
Depuis des millénaires, des générations d’écrivains, de savants, de moines copistes, de bibliothécaires, d’historiens, de libraires et j’en oublie, ont usé leur vie dans le scrupule, la recherche de l’exactitude des textes, la transmission des écrits de leurs aînés, le respect absolu de la volonté de l’auteur. Ils ont dépensé des centaines d’heures à discuter de la position d’une virgule, de l’état d’un texte, tout cela pour transmettre un jour, à des hommes qui n’étaient pas encore nés, la création authentique d’un esprit disparu depuis des siècles.
Là-dessus, le fasciste moderne se ramène, et dit : vous me mettrez Ecrits antisémites à la place, ce sera beaucoup mieux. Sur quoi, il retourne tapoter Facebook sur son téléphone portable. L’économie de moyens est considérable.
Sans compter que le fasciste moderne se flatte, par là même, de faire oeuvre anti-fasciste. Ne pas en faire une rame, et revendiquer la supériorité morale par-dessus le marché : que voilà une combine prodigieusement avantageuse !
Peu importe que les nazis n’aient pas attendu Céline pour échafauder leur théorie raciale génocidaire. En revanche, je n’ai jamais entendu aucune de ces belles âmes réclamer que l’on change le titre du Capital de Marx, et qu’on le remplace par : Comment faire cent millions de morts en mentant comme un arracheur de dents à la terre entière. Ce qui, du coup, aurait le mérite de la vérité historique. Marx est effectivement à l’origine du communisme, contrairement à Céline qui n’a nullement provoqué le nazisme.
Pas davantage que je n’ai entendu aucun de ces messieurs réclamer qu’on interdise l’édition du Coran, ou qu’au minimum on en remplace le titre par : Autobiographie d’un bandit pédophile, pillard, violeur et égorgeur.
Non : il est tellement moins risqué de donner le coup de pied de l’âne à la veuve de Céline, qui a 105 ans et qui vient d’autoriser la reparution de ces ouvrages…
@ Savonarole | 05 janvier 2018 à 13:54
« On imagine les pages savoureuses que pourrait aujourd’hui écrire Céline sur un président qui morigène Trump, enguirlande Poutine et sa presse, traite Bachar d’assassin. »
C’est sûr que Bachar el-Assad n’est pas du tout un assassin. A la prison militaire de Saidnaya, les autorités ont bâti un crématorium pour faire disparaître les corps des 13 000 détenus qui y ont été pendus sans procès en 5 ans. Un rapport d’Amnesty International qualifie le lieu « d’abattoir humain » où est appliquée « une politique d’extermination ».
Le régime pratique la torture systématique, le viol des détenus des deux sexes, le viol forcé entre détenus, le bombardement systématique et délibéré d’hôpitaux, le bombardement volontaire des civils y compris avec des armes chimiques, etc.
53 000 photos de corps suppliciés ont été exfiltrées du pays par un photographe de la police militaire syrienne, révulsé de ce qu’on lui faisait faire. Un rapport des Nations Unies affirme que ces images rappellent celles d’Auschwitz et de Belsen.
Moyennant quoi, un certain snobisme « anti-système » trouve très malin, en France, d’appeler « Bachar » par son petit nom, et de s’offusquer que la France le qualifie d’assassin. Bachar el-Assad n’est pas seulement un assassin. C’est un massacreur de masse, un criminel de guerre, un tortionnaire qui n’a rien à envier aux nazis.
Le même politiquement correct d’extrême droite, aussi détestable que l’autre, fait mine d’avoir ses vapeurs lorsque la France (et non Emmanuel Macron) « morigène » Trump, ou « enguirlande » Poutine « et sa presse« . Mon Dieu mon Dieu chochotte, ce n’est pas correct, ça ne se fait pas, que va-t-on penser de nous, ma chère ?
Ces bons apôtres font mine de croire que la diplomatie est un aimable club de gentlemen en gants beurre frais, qui se réunissent le soir pour parler du temps qu’il fait, sans jamais un mot plus haut que l’autre.
Bien entendu, ni Trump, ni Poutine, ni « Bachar » n’ont jamais, au grand jamais, « morigéné » ou « enguirlandé » personne. Voulez-vous que je vous dresse la liste des insultes, des mensonges, des menaces et des infamies qui ont été proférées par ces personnages ? Dont une part non négligeable à l’endroit de la France, de l’Europe et de l’Occident ?
Nous avons les esclaves dans l’âme qui désirent être dominés par un tyran ; nous avons aussi les pervers qui adorent, par-dessus le marché, se faire insulter.
@ Robert Marchenoir | 05 janvier 2018 à 17:42
Retenez votre cheval.
J’évoquais la série d’actes de bravoure de notre président dont la presse nous a daubés.
La « poignée de main virile et ferme à Trump », la « fermeté devant Poutine », quant à Bachar, simple facilité de rédaction, n’allez pas tout de même croire que j’ignore ce que vous en dites, à juste titre.
@ Savonarole | 05 janvier 2018 à 18:42
Mon cheval peut consentir à vous contourner, et à se diriger vers ceux (ils sont nombreux) qui défendent vraiment toutes ces choses-là.
En tant que démocrate, je lui demanderai son avis, mais il serait néanmoins de bon ton qu’il m’obéisse.
@Robert Marchenoir
« Je pense qu’il existe suffisamment d’ouvrages de qualité, tant sur le plan de l’écriture que de l’apport culturel » (Achille)
« Mais c’est faux. Le fascisme, c’est ce que vous venez de lire ci-dessus. Le fascisme contemporain, il est pépère, centriste, raisonnable, modéré, il vote Macron, il prend sa tension le soir et il trouve qu’on est méchant avec Poutine. »
Oui je voulais bien écrire culturel et non cultuel… Ceci étant, je trouve assez gonflé de votre part de m’accuser de fascisme même mou, vous le raciste pur et dur qui n’hésitez pas, tout au long de vos interminables commentaires, à nous gaver de liens destinés à présenter les Noirs et les Latinos comme des délinquants notoires poussés par une malfaisance atavique.
Vous qui ne tarissez pas d’éloges sur nos cousins d’Amérique du Nord qui, soit dit en passant, ne sont rien d’autres que des colons qui ont exterminé les autochtones, confisqué leurs terres et parqué les survivants dans des réserves où ils survivent en se parant de plumes sur la tête et en se peinturlurant le visage devant les touristes ébahis. Ces vilains Indiens qui dans les films de John Ford n’ont d’autre obsession que de violer les femmes blanches et de se saouler lorsqu’ils ont réussi à massacrer un convoi de colons.
Vous nous prenez la tête avec votre vision angélique de l’Amérique et de ses super-héros, toujours là pour défendre la veuve et l’orphelin contre les forces du mal. Vision angélique bête à pleurer, qui a fait le succès des séries B américaines. Le pire c’est que vous croyez fermement à vos âneries alors que les USA sont partout présents dans les conflits mondiaux, de façon directe ou indirecte.
@ Robert Marchenoir | 05 janvier 2018 à 19:16
Pas de problème, nous sommes d’accord.
De toute façon, ces œuvres auraient fini par tomber dans le domaine public, mais pas avant 2061… (5 janvier 14:08)
Il fallait lire « mais pas avant 2031 et non 2061 », le délai après la mort de l’auteur étant de 70 ans.
Céline : arrêtons d’en parler, lisons.
C’est ce que ne veulent pas ceux qui hier comme aujourd’hui vont l’enfermer en Enfer.
A qui profite le crime ? Et quel est son mobile ? Questions intéressantes jamais traitées !
Et nos moralistes d’aujourd’hui ne diront rien, en même temps, de ce fait : 50% du trafic Internet dans le monde est aux sites pornographiques, qui ne les gênent donc pas… Ah, ah, et pourquoi donc.
@ Lucile | 05 janvier 2018 à 14:30
Je vous invite à lire (ou relire) « Soumission » de Michel Houellebecq qui dresse un tableau assez éclairant de la situation qui pourrait bien arriver prochainement en France. Si ce n’est pas en 2022 ce sera plus tard, mais le contexte s’y prête bien.
Certes ce n’est qu’une fiction et rien ne permet d’affirmer que l’auteur soit un visionnaire. Mais trop de démocratie tue la démocratie aussi sûrement que la liberté mal maîtrisée renverse les régimes qui se laissent déborder par les exigences de minorités qui posent leurs exigences au nom du respect du droit.
A force de tout tolérer l’on finit par tout accepter. A force de tout accepter l’on finit par tout approuver. Saint Augustin 430
Extrait d’une interview :
« Ensuite, je me méfie de l’homme. il ne lui manque que le cirque. Il nous faut de la mise à mort douloureuse, du Colisée de la vivisection sanglante. C’est général et au plus profond de nous. Epuration, 1789, Saint Barthélémy, camp de concentration. Actuellement, le peuple s’ennuie, il veut de l’épuration et l’homme ne change pas.
La préhistoire ? l’archéologie nous dit que toutes ces pierres sont des pierres à tortures. Hiroshima, cela ne satisfait pas assez, ce n’est qu’une mise à mort.
Pourquoi les Romains ont duré ? Grâce aux siècles du cirque, quand les chrétiens sont arrivés et ont refusé, tout a fini par se casser la gueule.
« Non, je ne regretterais pas l’homme. »
« Je suis l’ennemi de la violence et donc un monstre car l’homme est l’ami de la violence. »
L’Inde ? Pas mieux !
Les animaux ? Tous des sadiques entre eux !
Le sadisme et la violence de l’homme m’écœure.
L’instinct de violence est tout-puissant.
Les idéologies ? des mensonges qu’on fourgue aux hommes pour leur cacher leurs instincts. Le fait est qu’il nous faut du pain et des gladiateurs. Oui des gladiateurs, c’est notre désir.
Demain on mettrait Céline place de la Concorde, on le découpe en morceau, ce serait de la bonne distraction. »
http://porte-cierge.blogspot.fr/2012/11/celine-et-girard-un-rapprochement-ou.html
Extrait d’un article passionnant :
« Évidemment, fort de sa syntaxe unique et de sa puissante verve, Céline peut faire semblant d’écrire mais cette écriture n’est plus qu’un procédé destiné à exprimer non plus le « silence de la tombe », mais le bruit de l’opinion mêlé à la fureur du tribunal. Le Calvaire apparaît dès lors moins important que ceux dont on présume qu’ils en sont la cause. Les revenants deviennent des bouc émissaires qu’il faut lyncher. Au lieu de prier l’homme-dieu crucifié, on se met à chercher les crucifieurs pour les crucifier à leur tour. Comme le rappelle Philippe Muray dans son Céline, essai canonique dont est directement inspiré cet article, « dans les pamphlets, c’est au service du refoulement sauvage des revenants qu’il met toute la puissance de la plus-value de son écriture. D’où il devient aussitôt éminemment lisible. »[3] Lisible, c’est-à-dire, en langage célinien, raciste. La jouissance littéraire n’est plus celle, grandiose, d’un Verbe qui s’invente et s’élève au-dessus de la « langue de la tribu » mais celle, mauvaise, basse, libidinale, qui rassemble tout le groupe. Le Verbe n’est plus celui de l’incarnation du singulier mais celui de « l’incarnement » du collectif. Ce n’est plus un corps qui parle, c’est la viande de la meute qui beugle. Voyage au bout de la nuit embrassait le monde, Bagatelles pour un massacre dresse les communautés les unes contre les autres.
« Est déjà antisémite quiconque se sent médecin devant la littérature », [13]dit Muray avec justesse. Le Céline médecin est le Céline pamphlétaire, raciste, charlatan – celui qui ne supporte plus l’horrible. Encore Muray : « L’horrible, finalement, lui a fait horreur. Alors, par sursauts, il s’est mis à penser contradictoirement la mort comme une maladie de la vie, comme une maladie dont on pouvait guérir. Il s’est remis, en somme, à penser comme tout le monde, et c’est cette idée de guérison qu’il a tenté de fonder dans son élaboration de l’antisémitisme. Or, l’espoir de guérir est la maladie de l’homme ainsi que le disait Kafka. »
Si Céline avait été « le salaud idéal » à la Robert Brasillach, soit bourgeois, réac et facho, il aurait été beaucoup plus facile d’en finir avec lui. Hélas pour les humanistes, Céline est à bien des égards cette « voix du peuple » tellement prisée à gauche et que l’on a si rarement entendue en littérature mais qui est aussi celle des pamphlets, eux-mêmes constituant les preuves les plus accablantes de la tentation utopique socialiste. « En quoi, écrit Muray, il [Céline] est bien toujours la gaffe, l’énorme gaffe de la communauté, le lapsus horrible qui lui a un jour échappé. »[17] Irrécupérable génie qui a révélé dans toute son horreur l’innocence du peuple ou dans toute son innocence l’horreur du peuple ! Impensable dans une démocratie où le peuple est normalement sacré, Céline reste celui qui a pensé comme tout le monde et écrit comme nul autre, démontrant à son corps défendant que c’est toujours lorsque le Verbe tombe dans l’opinion, lorsque la langue devient tribale, lorsque le style se fait social, que la souillure a lieu.
Au fond, comme le conclut Muray, « pour la communauté qui panique, les pamphlets sont bien moins « méchants », en effet, que les romans. »[18] Les pamphlets ont rassuré un monde qui avait été pris à partie par les romans. De Mort à Crédit à Bagatelles pour un massacre, on passait de l’ombre à la lumière. Avec quelques réformes et quelques aménagements, la tragédie du monde ne pouvait être qu’un mauvais souvenir. On pouvait enfin « nommer » le négatif et même si cette nomination était précisément l’innommable, la vie redevenait vivable. Les braves gens étaient saufs. Et peut-être allaient-ils moins baffer leurs enfants. »
http://pierrecormary.hautetfort.com/archive/2008/02/18/l-antisemitisme-est-un-humanisme.html
Les pamphlets sont donc une pièce indispensable du dossier Céline, charge aux enseignants de donner les références nécessaires pour appréhender les feux du réel.
@ Mary Preud’homme
Je pense, chère Mary, qu’Aliocha (commentaire du 05-01 – 23:10), par la voix de Philippe Muray, apporte une clé très pertinente d’explication du refus de Céline à autoriser la publication de ses écrits antisémites :
« La jouissance littéraire n’est plus celle, grandiose, d’un Verbe qui s’invente et s’élève au-dessus de la « langue de la tribu » mais celle, mauvaise, basse, libidinale, qui rassemble tout le groupe. Le Verbe n’est plus celui de l’incarnation du singulier mais celui de « l’incarnement » du collectif. Ce n’est plus un corps qui parle, c’est la viande de la meute qui beugle. Voyage au bout de la nuit embrassait le monde, Bagatelles pour un massacre dresse les communautés les unes contre les autres. »
Je ne suis pas du tout une spécialiste de Céline mais ce que je pressens de l’homme Céline, ce qui selon moi était fondamental pour l’écrivain : incarner, faire tenir ensemble le singulier et de l’universel, rien de moins, était détruit, explosé, dans par exemple Bagatelles pour un massacre.
Le fait que Lucette Destouches, de façon constante pendant près de 60 ans, se soit conformée à la volonté de Céline en refusant la publication des écrits antisémites démontre que l’opposition de l’écrivain à toute nouvelle édition était pour lui une volonté impérieuse.
Croyez-vous que publier Céline va renforcer la haine que les zones de non droit vouent indifféremment à notre société et aux juifs ? Certainement pas parce que ces jeunes issus de l’immigration (et une chance pour la France) ne savent pratiquement pas lire. Tout le reste n’est que réflexions intellectuelles entre personnes âgées.
Tout l’article cité dans mon précédent commentaire est à lire impérieusement et démontre encore une fois que l’anthropologie du religieux est indispensable pour tenter d’apercevoir l’insoutenable de notre situation. Cet outil romanesque qui permit à Céline de devenir ce revenant kafkaïen, inventant la nouvelle langue, expression de la nouvelle loi, seule à même d’inventer un futur viable pour l’humanité sans craindre l’illisibilité, il l’a, par lâcheté, abandonné pour un retour à l’illusion de propagande publicitaire des réflexes confortables et mortifères d’avant les révélations des monothéismes. Comme Nietzsche, mais d’une façon plus clairement avouée car il était déjà passé par l’aveu romanesque, Céline crève de son incapacité à se passer du remède empoisonné de ses obsessions, comme l’Occident chrétien enferme la puissance de l’Evangile, ravalant sa vision révolutionnaire à la domination d’un ordre qui ne sait jamais être rien d’autre qu’un ordre petit-bourgeois. Je cite à nouveau cet article :
« Comme n’importe quel autre de ses personnages, Céline tend, selon la recommandation que Kafka se faisait à lui-même dans le célèbre fragment « Résolutions », à devenir un « revenant » de la vie. « Il est de meilleur conseil de tout accepter, de se comporter comme une masse inerte, même si l’on se sent comme emporté par le vent, de ne se laisser entraîner à aucun pas inutile, de regarder les autres avec un regard vide d’animal, de n’éprouver aucun remords, bref, d’écraser de ses propres mains le dernier fantôme de vie qui subsiste encore, autrement dit, d’ajouter encore au silence de la tombe et de ne rien laisser exister en dehors de lui. »
La « résolution » littéraire est donc bien d’écrire ce qui se passe sans s’expliquer pourquoi (c’est-à-dire « à cause de… »), d’accepter animalement la réalité la plus cruelle, sans jamais y apposer son jugement moral, et de fait, ne pas craindre de devenir « illisible ». Cette « illisibilité », qui n’est rien d’autre qu’une suspension du jugement, voire une absence de l’idéologie, traverse de part en part les romans de Céline, atteignant le sublime dans la trilogie allemande.
Avec leur invention du Dieu monothéiste et de toutes ses catégories empoisonneuses d’âmes, Lois, Commandements, Péché, Pardon, Miséricorde, c’en est fini de l’innocence sauvage d’antan et de son grand rire dionysiaque. « Les Juifs ont inventé la conscience », dira non sans raison Adolf Hitler, et comme le rappellera George Steiner. Bref, si nous souffrons, c’est à cause précisément de ceux-là qui sont partout, qui ont pris notre place dans la hiérarchie sociale, qui ont spolié nos biens, se sont enrichis sur notre dos, et qui par-dessus le marché, ont créé le dieu le plus impitoyable tout en crucifiant le nôtre.
La singularité de l’antisémitisme célinien vient du fait que celui-ci jaillit sous la plume d’un auteur qu’on aurait cru blindé contre la tentation positive. Comme le dit Philippe Muray, « Le négatif occupant intégralement les romans, ce qui fait retour dans les pamphlets c’est le positif, du moins le sien, qui recoupe d’ailleurs largement celui de la collectivité d’alors. » [7] Une communauté de petits-bourgeois positivistes plutôt antichrétiens qui croient au progrès et à la Science, celle-ci dont Céline disait dans l’un de ses premiers écrits qu’il attendait le jour « où elle se suffira à elle-même et où elle créera la Vie. »[8] Une vie parfaite, toute positive, fraternelle et égalitaire, où le travail rend heureux et où l’amour est une question sociale plutôt qu’intime. En attendant ce grand jour, il s’agit d’extirper ce qui va mal chez nous, et d’abord cette propension religieuse à souffrir – ce négatif que les Juifs (et les Chrétiens) ont placé au cœur de notre être. Pour Céline comme pour ses frères de pensée, « l’enjeu est de déloger définitivement ce que les religions dites judéo-chrétiennes maintiennent tant bien que mal : la dimension négative. Si la vérité du langage est chrétienne, comme l’affirmait Georges Bataille, il est évident que les pamphlets constituent l’exemplaire tentative de se passer de cette vérité, c’est-à-dire aussi – par le symptôme de la rapidité d’écriture – de se passer du langage. »[9] A ce propos, remarquons que dans l’esprit de Céline, l’anti-christianisme est la suite logique de l’antisémitisme. Mais comme il est plus facile dans cette France des années trente de s’en prendre aux Juifs qu’aux Catholiques (aujourd’hui, c’est le contraire), Céline se lâche contre les premiers. Pour autant, l’Eglise romaine reste dans son collimateur : « La religion christianique ? La judéo-talmudo-communiste ? Un gang ! Les Apôtres ? Tous Juifs ! Tous gangsters ! Le premier rang ? L’Eglise ! La première racket ? Le premier commissariat du peuple ? L’Eglise ! Pierre ! Un Al Capone du Cantique ! Un Trotski pour moujiks romains ! » lit-on dans L’école des cadavres.[10] Des années plus tard, dans Rigodon, il confirmera sa haine de « la religion à petit Jésus » : « Il n’y qu’une seule religion : catholique, protestante ou juive… succursales de la boutique « au petit Jésus »… qu’elles se chamaillent s’entre-tripent ?…. vétilles ?… corridas saignantes pour badauds ! Le grand boulot le seul le vrai leur profond accord… abrutir, détruire la race blanche. » Moïse et Jésus contre la race blanche ! La voilà la guerre « célinienne » par excellence. En fait, et comme le remarque Muray, pour Céline, c’est dans la Bible que l’on a dit pour la première fois, et bien avant la génétique aujourd’hui, que les races n’existent pas et qu’il n’y a que des métissages. Le Verbe s’est fait chair, mais c’est une chair mélangée, aussi blanche que noire ou que jaune ! Pas d’exclusivité aryenne ! « Tous issus de la Bible, absolument total d’accord qu’on est que blancs, viandes à métissages, tournés noirs, jaunes, et puis esclaves, et puis soldouilles et puis charniers… » [11]écrit encore Céline dans son dernier livre. C’est pourquoi c’est au Verbe qu’il faut s’en prendre, cet odieux Verbe monothéiste et anti-racialiste qui nous a créés impurs (mélangés) plutôt que purs – le racisme n’étant, comme on sait, rien d’autre qu’un fantasme de pureté. »
Nietzsche et Céline sont l’incarnation de ce refus de la lumière, les ténèbres où s’échoua le premier qui n’avait pas utilisé l’outil des aveux du roman et finit dément, n’épargnèrent pas le second, bien qu’il s’en soit mieux sorti grâce à sa science du Verbe, ses pamphlets en témoignent et devraient nous permettre de regarder en face ce que le génie de ses hommes a entrevu, mais n’a pas suffi pour leur donner le courage de supporter d’être juste, reconnaissant ce que la lumière révèle de notre impureté, et de l’assumer pour s’en corriger :
« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement en Dieu.
Tout par lui a été fait, et sans lui n’a été fait rien de ce qui existe.
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes,
Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue. »
http://pierrecormary.hautetfort.com/archive/2008/02/18/l-antisemitisme-est-un-humanisme.html
@ Achille
Je suis d’accord avec votre objection si pour vous la démocratie = le laisser-faire. C’est sur le mot « démocratie » en fait que nous divergeons.
Pour moi l’égalité démocratique, ce n’est pas le collectivisme, l’interdiction du débat contradictoire, ou le lobbying des minorités ; c’est l’égalité stricte des droits et des devoirs, l’acceptation d’une Constitution commune, le respect de la loi, où est inscrit le droit à la légitime défense, à l’échelle individuelle comme à celle de la nation. C’est aussi une éducation digne de ce nom, et pas seulement la disparition de l’illettrisme, pourtant devenue un objectif inatteignable. C’est encore un gouvernement tendant vers l’intégrité, non soumis aux groupes de pression, contrôlé par un Parlement responsable, suffisamment représentatif. C’est enfin un Etat intransigeant sur le respect du droit, une armée au service de la nation, et une justice indépendante, mais soumise elle aussi aux lois. J’en ai peut-être oublié, toujours est-il qu’il y a encore du boulot, dans pas mal de domaines.
Le problème pour moi serait que les citoyens commencent à trouver la démocratie neu-neu. Qu’ils acceptent par petits bouts de transiger avec ses caractéristiques essentielles. Qu’ils se fatiguent de leurs droits et de leurs responsabilités comme d’une mode qui passe, qu’ils leur préfèrent la servitude des individus et l’abandon vertigineux au charisme du chef tout-puissant. Cette tendance se dessine et c’est la soumission à cette tendance que je crains, soumission qui en entraînerait d’autres.
Digression : notre parlement fabrique des lois comme une usine, lois que j’appellerais pour la plupart « de confort », comme les médicaments du même nom qui ne s’attaquent pas au problème mais qui endorment la douleur du patient. L’autre jour à C dans l’air, c’était le consensus, l’émerveillement joyeux concernant le train d’enfer des réformes après la rentrée. Je n’écoutais ce déploiement consensuel que d’une oreille, aussi je ne serai pas trop affirmative, mais je les ai entendus qui parlaient beaucoup de lutte contre les fake news, la diminution du nombre de sénateurs, la réduction de vitesse de 10 km/h sur les routes nationales. Ah, et un ministre ou le président lui-même auraient dit : « On doit accepter les migrants, c’est un devoir. Mais on ne peut pas vraiment les accepter tous », et un autre aurait dit « On ne peut pas accepter tous les migrants, mais c’est notre devoir d’en accepter ». Voilà pour les réformes.
Pour revenir à notre discussion, ce qu’évoque Houellebecq a plus à voir avec les résultats d’une immigration non choisie, non contrôlée, qu’avec la censure.
Dans le cas de Céline, le débat porte sur le respect ou non respect des volontés de l’écrivain, qui aurait interdit la diffusion de ses écrits antisémites. Je comprends le dilemme.
On peine à ne pas rire là où Marchenoir, non content d’insulter le contradicteur, se prend la pose vertueuse et écrit, le 05 janvier 2018 à 17:42 : « Non : il est tellement moins risqué de donner le coup de pied de l’âne à la veuve de Céline, qui a 105 ans et qui vient d’autoriser la reparution de ces ouvrages ».
Le furieux est bien seul à ignorer que cette dame, après avoir été solidaire de Céline sur ce point, prétendrait maintenant effacer jusqu’aux traces de leur insanité à tous deux… Elle a le droit de tenter sa chance… Mais si en cette affaire quelqu’un mérite, non pas un coup de pied de l’âne mais un crachat dans la figure alors c’est bien l’éditeur, qui en toute rapacité se serait prêté à cette basse besogne.
Marchenoir falsifie ailleurs la réalité là où il prétend que j’accepterais cette réédition mais… sous un autre titre, et qui serait ‘Ecrits antisémites’ : s’il avait commencé par me lire au lieu de se précipiter sur sa souris pour écouler sa bave il aurait vu que j’ai énoncé sans ambiguïté mon opposition à ce projet. Mais à son insu il attire mon attention sur ce qui est plus qu’un… détail : un tel titre serait faire trop d’honneur à celui qui n’aurait pas eu le courage de titrer ‘Ecrits antisémites’ ! Si tant est que les antisémites en général ne sont pas seulement des salauds, mais des lâches. Aussi je crois que le mieux, en cas de réédition, serait : ‘Les écrits antisémites de Céline’.
@ Aliocha
« Nietzsche et Céline sont l’incarnation de ce refus de la lumière, les ténèbres où s’échoua le premier qui n’avait pas utilisé l’outil des aveux du roman et finit dément, n’épargnèrent pas le second, bien qu’il s’en soit mieux sorti grâce à sa science du Verbe, ses pamphlets en témoignent et devraient nous permettre de regarder en face ce que le génie de ses hommes a entrevu, mais n’a pas suffi pour leur donner le courage de supporter d’être juste, reconnaissant ce que la lumière révèle de notre impureté, et de l’assumer pour s’en corriger :… »
Quelle audace ! Votre « lumière » vous aveugle et votre « humilité » vous porte vers un jugement hardi et faux…
@ Lucile de 11:19
« Dans le cas de Céline, le débat porte sur le respect ou non respect des volontés de l’écrivain, qui aurait interdit la diffusion de ses écrits antisémites. Je comprends le dilemme. »
Lorsque Céline a pris cette décision, il ignorait que la France aurait un jour un président décoré de la Francisque par le Maréchal Pétain et que ce même président mangerait à Latche des ortolans avec René Bousquet, organisateur de la rafle du Vél d’Hiv.
On cite souvent « Les décombres » de Rebatet lorsqu’on aborde le sujet des écrits « maudits » de Céline, et vous n’avez pas failli à la tradition, M. Bilger. On mentionne beaucoup plus rarement que Rebatet est l’auteur d’un roman (Les Deux Etendards) considéré bien souvent pas ses lecteurs comme un des chefs-d’œuvre inconnus de la littérature française du XXe siècle. Curieux destin que celui de cet ouvrage, toujours disponible depuis sa parution en 1951 dans la collection blanche de Gallimard et qui, à ma connaissance, n’a jamais eu l’honneur d’être édité en format de poche. La lecture des commentaires de ses lecteurs chez Amazon, très pertinents à mon avis, donnera peut-être l’envie de le découvrir à ceux qui ignoraient son existence.
@ Lucile | 06 janvier 2018 à 11:19
« Le problème pour moi serait que les citoyens commencent à trouver la démocratie neu-neu. »
C’est en effet le but du poutinisme. Qui, de même que le communisme, n’est pas spécifiquement russe. La Russie fut, et demeure, un propagateur majeur du communisme et du poutinisme ; mais n’importe quel abruti peut être l’un ou l’autre, voire l’un et l’autre de son propre chef. Quant au poutinisme, Poutine ne l’a évidemment pas inventé ; il est de tous les temps et de tous les lieux. Poutine l’a simplement perfectionné et systématisé.
Les citoyens qui trouvent la démocratie neu-neu, ce sont tous les gros malins qui se répandent sur Internet en faisant mine de pouffer lorsque quelqu’un mentionne la démocratie : haha, elle est bien bonne.
C’est le fameux humour pas drôle contemporain, celui qui rend stupide et lâche. Réflexe conditionné : quelqu’un parle de démocratie, appuyer sur le bouton « rires enregistrés ».
Pourquoi est-ce poutiniste ? Eh bien parce que la Russie promeut la destruction de la démocratie, naturellement. Mais surtout, parce que c’est le comble du mensonge. Le poutinisme, comme le communisme, c’est avant tout le mensonge. Bien avant d’être la torture et le massacre, c’est le mensonge.
L’humoriste qui affecte d’être très malin car à lui, on ne la fait pas (il voit bien que la démocratie de son pays n’est pas aussi démocratique qu’on veut bien le dire), cet « humoriste » affecte de défendre la démocratie. Il prétend être révolté par le manque de démocratie qu’on lui impose. Mais dans le même temps, ce qu’il fait en réalité est d’exprimer sa haine de la démocratie et sa préférence pour la tyrannie.
Car sinon, il ne se précipiterait pas pour s’indigner qu’on « censure » RT, qu’on soit « méchant » avec Poutine et qu’on ne lui livre pas les Mistral : il s’indignerait du manque de démocratie en Russie, tout comme dans son pays. Et il réclamerait qu’on reconduise les « journalistes » russes à la frontière, le fusil dans le dos, comme le font les pays réellement démocratiques et souverains : la Lettonie, par exemple.
C’est ce qui s’appelle la mauvaise foi. On ne peut pas discuter avec des gens de mauvaise foi : on les combat.
@ Jacques V
« On mentionne beaucoup plus rarement que Rebatet est l’auteur d’un roman (Les Deux Etendards) considéré bien souvent pas ses lecteurs comme un des chefs-d’œuvre inconnus de la littérature française du XXe siècle »
Je l’ai lu en son temps dans l’édition Gallimard. J’avais été passionné par cette histoire…
Jean-François Louette en fait une admirable recension ici :
http://journals.openedition.org/recherchestravaux/714
En 2015 sortait dans la série Bouquins « les Décombres » et « L’Inédit de Clairvaux » introduits par Pascal Ory.
Tous ceux qui comme moi sont intrigués, stupéfaits, par les événements et les théories élaborées dans la période 1934-1945 ne devraient pas manquer de lire ces pages.
J’ai un peu de mal à comprendre ces délires sur une réédition de ces livres.
Environ soixante secondes de recherches sur Amazon, et on obtient ceci :
https://www.amazon.fr/Bagatelles-Massacre-Louis-Ferdinand-Celine/dp/1911417401?SubscriptionId=AKIAILSHYYTFIVPWUY6Q&tag=duckduckgo-ffab-fr-21&linkCode=xm2&camp=2025&creative=165953&creativeASIN=1911417401
https://www.amazon.fr/LEcole-Cadavres-Louis-Ferdinand-Celine/dp/191141741X?SubscriptionId=AKIAILSHYYTFIVPWUY6Q&tag=duckduckgo-ffab-fr-21&linkCode=xm2&camp=2025&creative=165953&creativeASIN=191141741X
https://www.amazon.fr/Beaux-Draps-Louis-Ferdinand-Celine/dp/1911417428?SubscriptionId=AKIAILSHYYTFIVPWUY6Q&tag=duckduckgo-ffab-fr-21&linkCode=xm2&camp=2025&creative=165953&creativeASIN=1911417428
Pour 60 € maximum on obtient, livrable en 48 heures, ce qui fait délirer tous les bobos bien-pensants.
Halte à la bêtise !
PS : pour Bagatelles dépêchez-vous, il en restait deux et je viens d’en acheter un !
Puisque vous le dites, duvent, cela doit être vrai que la lumière aveugle, peut-être même au point d’avoir rendu fou le philosophe, et pamphlétaire propagandiste le génial romancier.
@ Véronique Raffeneau | 06 janvier 2018 à 05:37
Merci chère Véronique pour votre message.
Connaissant votre objectivité et votre souci de l’exactitude, j’ai fini par lire l’interminable prêche d’Aliocha qui bien souvent me semble soporifique !
Et si ce que vous en citez me semble plausible, je préfère néanmoins m’en remettre à la seule version de Lucette Destouches dont la connaissance intuitive de l’homme de sa vie était proverbiale.
Et peut-être découvrirons-nous après sa mort, dans son testament, ce qu’elle n’a jamais vraiment livré à personne, y compris à ses plus proches.
Ah si la grande maison de la route des Gardes de Meudon Bellevue pouvait parler, elle nous en apprendrait des choses de ce couple étrange, puis de cette femme aérienne et discrète parfois rencontrée au hasard de mes promenades à Meudon Bellevue dans les années 80.
@ luc n. | 06 janvier 2018 à 13:04
A vrai dire, votre opinion particulière m’intéresse assez peu. Si je me suis donné la peine de l’analyser, c’est que vos manières de penser sont adoptées par un grand nombre de Français, et qu’elles ont des conséquences funestes.
Mais puisque vous tenez tellement à remettre votre pensée personnelle au centre de la discussion, allons-y. Vous prétendez :
« Marchenoir falsifie ailleurs la réalité là où il prétend que j’accepterais cette réédition mais… sous un autre titre, et qui serait ‘Ecrits antisémites’ : s’il avait commencé par me lire au lieu de se précipiter sur sa souris pour écouler sa bave il aurait vu que j’ai énoncé sans ambiguïté mon opposition à ce projet. »
Je n’ai rien prétendu du tout, et vous mentez d’ailleurs sur vos propos. Vous avez écrit :
« Bref mon point de vue est que si on devait en toute inconséquence donner suite à ce projet alors qu’on se contente de rassembler ces trois seuls écrits (auxquels on pourrait tout au plus ajouter les articles parus dans la presse collaborationniste) et ce, sous le titre : ‘Ecrits antisémites’. »
Il serait donc bon que vous arrêtiez de pinailler : vous réclamez l’interdiction d’un livre, et à défaut, vous réclamez le changement de son titre. Je n’ai pas écrit autre chose.
L’un comme l’autre sont scandaleux, pour des motifs différents. J’ai expliqué le premier de ces motifs, en m’appuyant sur le commentaire d’Achille, puis le second, en m’appuyant sur votre proposition de changement de titre. C’est l’ensemble de cette idéologie que j’ai appelé le fascisme mou. Si votre objectif est de bien revendiquer le fait que vous êtes, en réalité, un fasciste mou de tendance un peu plus dure que ce qu’un lecteur superficiel de mon texte aurait pu comprendre, je vous en donne acte bien volontiers.
« Le furieux [ça, c’est moi] est bien seul à ignorer que cette dame [« cette dame », c’est la veuve de Céline… on appréciera], après avoir été solidaire de Céline sur ce point, prétendrait maintenant effacer jusqu’aux traces de leur insanité à tous deux… Elle a le droit de tenter sa chance… Mais si en cette affaire quelqu’un mérite, non pas un coup de pied de l’âne mais un crachat dans la figure alors c’est bien l’éditeur, qui en toute rapacité se serait prêté à cette basse besogne. »
Le furieux, c’est vous : c’est vous qui prétendez interdire des livres. C’est vous qui déclarez cracher à la figure des éditeurs de livres qui vous déplaisent. Moi, je défends la liberté. Mais nous sommes habitués à l’inversion accusatoire des communistes…
D’ailleurs, votre phrase est incompréhensible. Qu’essayez-vous de dire ? Que Lucette Destouches n’a pas fini par revenir sur son opposition à la publication de ces écrits, revirement qui, seul, a permis aux petits despotes de blog tels que vous de déchaîner leur haine en réclamant la seule chose qu’ils savent réclamer, c’est-à-dire l’interdiction ?
Quant à la « rapacité » de Gallimard, eh bien ce serait la première fois que des gauchistes se déclareraient marris d’une surabondace de « moyens » pour la culture… Bien évidemment, il n’y a nulle rapacité, et ce n’est pas la reparution de trois obscurs écrits d’un écrivain que personne n’a jamais lu, publication qui agite tout de suite cinq cents personnes à Paris, qui va faire la fortune de Gallimard.
Enfin, assumez vos opinions : fasciste n’est pas une insulte ; c’est une constation. Cela existe, le fascisme, figurez-vous. Vous réclamez l’interdiction d’un livre : vous êtes donc fasciste. Les gauchistes croyaient pouvoir, éternellement, opprimer le peuple et, simultanément, revendiquer la supériorité morale. Ils avaient le monopole de l’aspersion de l’adjectif « fasciste » sur la foule apeurée. Ce temps est fini ; ils sont furieux que leur petite combine soit éventée, et il est fort plaisant de les voir s’étrangler d’être traités comme ils ont traité leurs contemporains pendant des décennies…
Mon Dieu, quel piteux verbiage que certains de ces commentaires… Lisons Céline et tout Céline, on laisse bien lire tout Bernard-Henri et même l’intégrale de son ami Marc Lévy… Bagatelles que tout cela. Bien à vous.
Pour vous réveiller, Mary :
« …Le vrai rideau de fer, c’est entre les riches et les miteux, les questions d’idée sont vétilles entre fortunes égales, l’opulent nazi et l’administrateur de Suez y parcourent les mêmes golfs, ils ouvrent la chasse ensemble, ils soupent à Saint-Moritz. Mais nous, là, haves, pénailleux, trimards, mégottiers, revendicateurs, allez, à la niche ! »
https://www.youtube.com/watch?v=Z3BC2pmw_RY
Wouaf, wouaf !
Pamphlets antisémites de Céline : Gallimard suspend la publication.
C’est ballot quand même ! 😊
La veuve de Céline à 105 ans ne dormait qu’à moitié et n’a pas dit son dernier mot. Pour preuve Gallimard fait marche arrière et les pamphlets sujets à polémique ne seront logiquement pas publiés avant le terme où ils entreront dans le domaine public.
« Céline est un immense écrivain, le génie d’un langage inventé, renouvelé et on peut le créditer de plusieurs chefs-d’oeuvre dont notamment Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit. »
Pardon cher Monsieur Bilger, mais bien avant lui des auteurs ont inventé ce genre mixant les registres et le cynisme touchant la poésie (Quevedo par exemple). Pour ce qui me concerne, je n’ai jamais apprécié cet auteur, les quelques lignes que je me suis forcée à lire parce qu’elles étaient imposées par un enseignant m’avaient donné envie de « gerber » tant son vomi textuel sent mauvais. Cet auteur est vraiment surévalué et j’attends avec impatience le jour où enfin il sera remis à sa juste place : celle d’un écrivain (?) cinglé, haineux, égoïste, puant et prétentieux, aussi sale dans son âme que sur lui-même, et dont le style tant loué ne reflète qu’une langue incontinente.
Gallimard nous la baille belle, désirant en extraire le dernier suc avant la libération des droits d’auteur, alors que cette maison illustre a préféré pendant des années dissimuler autant que possible, avec l’aide de l’épouse d’icelui, son passé sulfureux d’antisémite militant, dans le simple but de ne pas risquer d’altérer les ventes profitables pour elle de ses autres livres.
Les éditions Gallimard ont décidé de ne pas rééditer les trois pamphlets rédigés pendant les années pendant lesquelles l’idéologie national-socialiste a connu son apogée en France et en Allemagne.
En ce matin froid, cette bonne nouvelle me donne le courage d’aller travailler, l’éditeur a pris une décision juste. Pourtant, ce matin, les couloirs et les abords de la machine à café vont répercuter les lamentations de socialistes et de musulmans qui vont répandre des germes de haine à l’encontre de ce qu’ils appellent un complot.
Dans la vie, certains personnages comme Céline ont un pouvoir de nuisance tel qu’il perdure longtemps après leur disparition.
Prémonition ?
« …ils ont de trop ! si vous faites pas le bon Dieu vous-même, une juste répartition des biens, vous mourrez sûrement enragé, d’indignation, de refoulement de trop de colères… je sais ce que je dis, je suis à la veille… je vous parlais de l’édition, l’arnaque que c’est !… et l’abominable goût du public !… moi qu’ai pourtant bien l’habitude des dissections et de sujets très avancés, le coeur me flanche quand je pense aux livres et commentaires… pas plus pires scolopendres velus, au fond des Sargasses, que les lecteurs très avertis… bâfreurs d’excréments dialectiques, pris dans les algues, et phrasibules formés polypes, formid « messages »… « sensa » bulles de vase… rien que d’entrevoir ces fonds de rien peut très bien vous éteindre la vue, le goût, l’odorat à jamais… » (Nord, encore)
Nous ne sommes pas encore prêts à nous regarder en face, et Don José n’est pas un assassin.
@ jlm 11 janvier 2018 à 19:18
Bien d’accord avec vous… Je me suis trouvé contraint de lire un de ces pamphlets pour les besoins d’une recherche, et au-delà de toute considération sur l’abjection du personnage, j’ai trouvé ça d’une grande médiocrité.
Au sujet d’une autre réédition abandonnée finalement : https://www.actualitte.com/article/bd-manga-comics/l-album-bamboula-est-annule-trop-d-humanite-et-de-fraternite/86728