Justice au Singulier

Blog officiel de Philippe Bilger, Magistrat honoraire et Président de l'Institut de la Parole

Paul Valéry ne nous a pas quittés !

Paul Valéry a vu si juste comme s’il était encore présent parmi nous et avait senti les tristes faiblesses et vraies dérives de notre modernité.

Jacques Chirac : une force sensible

On n’a jamais oublié le grand séducteur, la tête de veau, la bière Corona, les immenses enjambées, sa révolte contre le service d’ordre israélien, son infinie et pudique discrétion sur les drames de sa vie familiale et paternelle, et tout ce qui le constituait comme un Français dont on avait pu contester la politique – plutôt l’absence de politique – mais auquel on demeurait intensément attaché parce que malgré ses transgressions il nous ressemblait et à sa manière nous rassemblait comme l’a très bien dit Emmanuel Macron. Jacques Chirac : une force sensible.

Emmanuel Macron : le narcissisme de l’écoute

Il me semble que, les idées étant les succédanés des chagrins, le président a tiré les leçons de ses limites, de ses faiblesses pour choisir son terrain d’élection On comprendra que ce billet a été rédigé avant la mort de Jacques Chirac et que j’ai dû l’adapter à cause de l’annulation de la venue du président à Rodez.

Pas de justice politique mais des politiques jugés !

Je ne doute pas que l’actualité judiciaire sera gangrenée ici ou là, au fil des semaines, par des comportements discutables, des suspicions plausibles ou non, des défaillances individuelles ou des actes d’autorité inadaptés mais ils ne seront que la rançon d’un parquet non robotisé et non pas la conséquence d’un pouvoir politique impérieux se mêlant dans le détail de ce qui ne le regarde pas.

Les convictions sont un poison…

Les convictions sont un poison. Je déteste ces échanges où dès la première seconde, à cause de celui qui parle et du caractère immédiatement définitif du propos, on sait qu’on n’a pas la moindre chance de s’immiscer dans l’esprit de l’autre et que le monologue sera roi.

Je suis insoumis donc je suis !

Je suis insoumis donc je je suis, nous répète JLM. Le dispenser de peine mettrait à mal son statut de prétendu guérillero.

Ne me quitte pas !

Le président demande vicieusement au RN de ne pas le quitter. Un jour celui-ci, authentiquement, pour notre plus grand bien, dira-t-il à la droite : Si toi aussi tu m’abandonnes…

Après Balkany, avant Mélenchon…

On ne peut pas se réjouir de l’affaiblissement d’une bête politique. On n’en a pas tant pour ne pas avoir envie de la retenir dans le cercle de la rationalité. De l’inciter à quitter la facilité de la fuite et le pressentiment de la défaite. Pour se battre avec ce qu’elle a de meilleur.

A-t-on fait « payer » Patrick Balkany ?

Au-delà des polémiques immédiates et de l’ire de ceux dont la vocation est de « se payer la Justice » même quand elle est remarquable, je plaide pour ma chapelle. Je n’ai jamais pour ma part focalisé sur le « deux poids deux mesures ». Les condamnations des Gilets jaunes pour leurs exactions et celle de Patrick Balkany pour la fraude fiscale – avant la suivante peut-être ? – m’apparaissent toutes nécessaires et justifiées. Je crois en réalité au « un poids une mesure » mais à condition que l’un et l’autre soient adaptés au statut, à la condition, au pouvoir et aux responsabilités de chacun. Cette inspiration est au cœur de la décision du 13 septembre.

Montebourg explique Macron…

On n’était plus habitué à un président qui, ayant vite abandonné l’esquisse du grandiose – le soir de son élection seulement -, a su au moins persuader opposants comme partisans que ses résultats, de quelque façon qu’on les juge, n’étaient pas « minuscules » et qu’il travaillait. Ce n’est pas rien.

Quand les ex sont toujours là…

A tort ou à raison, je ne pourrais pas m’empêcher de craindre que, les ex toujours là, il y ait, à cause de cette persistance, comme une preuve de la fragilité de mon choix d’après. Besoin d’une absolue certitude : que le passé soit mort et le présent seul maître.