Justice au Singulier

Blog officiel de Philippe Bilger, Magistrat honoraire et Président de l'Institut de la Parole

Christophe ne reviendra pas…

Christophe était tellement ancré en nous qu’on n’imaginait pas sa disparition. On espérait avec lui durant ces semaines de réanimation. Mais il est parti et ne reviendra pas.

Emmanuel Macron se balade !

Le citoyen attend, espère avec une vive impatience démocratique un vrai débat où E. Macron sera confronté à un adversaire de valeur qui lui offrira moins d’opportunités de briller et de se sentir à l’aise. Une authentique contradiction serait bienvenue. Pour lui comme pour nous. A-t-on eu raison de l’élire en 2017 ou n’est-il dorénavant qu’une illusion, une façade, créées par les marchés, une parole contrainte et une pratique dépendante ? Encore une chance ou déjà une déception ? Je me prends parfois à regretter que dans son environnement personne ne soit capable de jouer auprès de lui le rôle qu’il a eu auprès de François Hollande. Il est clair qu’il manque auprès d’Emmanuel Macron un Macron.

Une adhésion de seulement 28 minutes et puis…?

Des pays ont commencé à déconfiner et à tort ou à raison nous paraissons à la traîne. En tout cas il ne faudrait pas que l’ambiguïté, propre à l’art politique, infecte la sauvegarde sanitaire qui exige le contraire. C’est au pouvoir de guider, en l’occurrence, le peuple et non l’inverse. Qui est anxiogène.

Pourquoi le son français est-il si mauvais ?

Quitte à emprunter les chemins du réel, que les séries et les films français s’engagent sur ceux qui, dans notre quotidien, nous offrent, nous permettent une communication de qualité. Je ne vois aucune raison d’autoriser Vincent Lindon, qui est dans ses entretiens on ne peut plus audible, à ne pas l’être dans ses films. Une fois corrigée cette imperfection grave du son, je sens qu’il conviendra que je me méfie de ne pas tomber sous l’addiction des séries. Même après le 11 mai.

Les Français vont s’adresser au président !

J’ai l’impression qu’il nous questionnera le 13 avril bien plus qu’il n’affirmera. Ce sera moins un président s’adressant aux Français que des Français sollicités par un président qui s’avancera au jugé. Il est à la fois tout – c’est la monarchie républicaine – et rien : il faut pouvoir lui couper la tête symboliquement chaque jour.

Et si rien ne changeait demain ?

Je voudrais tellement que pour une fois le volontarisme, l’optimisme ne soient pas déçus. Que demain ne soit pas la copie conforme d’hier. Mais j’ai beau m’efforcer de la chasser, une petite voix intérieure me trouble : et si rien ne changeait demain ?

Tout ce qu’on pourrait ne plus dire…

Dans ce tissu de banalités antagonistes qui reviennent inlassablement occuper nos esprits, donnant l’impression qu’elles apportent du neuf, peuvent sans doute se glisser ici ou là des pépites, des fraîcheurs, des propos de journalistes, analystes, essayistes ou philosophes moins usés que la plupart, mais c’est tout de même globalement monotone. Un peu plus, un peu moins sombre. Mais beaucoup de il n’y a qu’à, il faut qu’on !

Les Beatles, comme si c’était yesterday

Les Beatles sont inclassables mais j’avoue qu’après avoir lu le classement du Point, j’ai succombé à la tentation de réentendre leurs chansons. La même magie, comme si c’était yesterday !

Justice en quarantaine ?

Le Soudanais réfugié qui a tué et blessé à Romans-sur-Isère au nom de l’islamisme puisqu’il fallait massacrer les « mécréants », a été vu en train de perpétrer ces crimes. Il a d’ailleurs reconnu les avoir commis. Cela n’a pas empêché les médias de parler du « meurtrier présumé ». Quand les principes sont vidés de tout sens par le réel, il serait heureux de privilégier l’enseignement du second plutôt que, en l’occurrence, l’abstraction hypocrite des premiers. Justice en quarantaine ? En tout cas elle bouge encore et beaucoup.

Charles Maurras : le retour ?

Pour dire la vérité, si j’ai eu envie d’écrire ce billet, ce n’est pas parce que j’ai été saisi par une illumination mais à cause de cette pensée très profonde de Charles Maurras qui m’a poussé à faire partager mon assentiment. Il se pose cette question : « Y a-t-il un progrès ?… Il y en aurait à coup sûr si chaque ne s’oubliait à perdre d’un côté ce qu’il gagne de l’autre ; si, la plupart du temps, l’homme ne négligeait de mettre bout à bout ses plus admirables profits ». C’est totalement juste et remarquablement écrit. C’est aussi Charles Maurras.