Justice au Singulier

Blog officiel de Philippe Bilger, Magistrat honoraire et Président de l'Institut de la Parole

Penser sur tout, parler de tout, est-ce devenu impossible ?

J’espère qu’on parviendra à sauver la gratuité de l’esprit, le pur plaisir de penser sur ce qui fait notre honneur : tout simplement réfléchir, s’interroger, rêver, inventer, agiter. Sans se demander à quoi ça va servir.

LR : la machine à perdre s’enraye…

Mais un dernier élément, dont les élections régionales ont démontré de manière éclatante la validité, tient à ce que LREM n’a pas de projet, qu’elle se réduit à Emmanuel Macron, que ce dernier est à la fois son seul programme et son unique espoir et que LR pourront, devront tirer profit de cette pauvreté. Rien n’est gagné mais comment ne pas se féliciter que la machine à perdre se soit enrayée du côté de LR ! Et, pour Xavier Bertrand, on verra.

Sarah Halimi : un projet de loi vraiment utile ?

Ce projet de loi sera adopté. Je ne pense pas qu’il bouleversera de manière radicale la nature de l’expertise psychiatrique mais dans notre climat si prompt à l’indignation et à la fois à l’ignorance, il comblera ceux qui ne savaient pas mais dénonçaient haut et fort et n’offrira pas un autre choix, à ceux qui savaient mais étaient vilipendés, que son acceptation. Le projet de loi comme baume.

Le Festival de Cannes : amateurisme ridicule et monstrueux…

Tout cela atteint le comble du grotesque. L’anormal et l’incongru se cultivent eux-mêmes, aux antipodes de la plus petite parcelle d’authentique humanité. Manifestement Julia Ducournau n’a pas su accomplir le saut entre le bizarre, l’horreur et l’universel. À son film il manque donc l’essentiel. Qu’un jury ait osé magnifier une telle supercherie ridicule et grandiloquente me dépasse.

Mon voyage immobile dans CNews…

L’erreur serait de percevoir ces ajustements, ces modifications, ces retouches, ces perplexités comme des faiblesses. Alors qu’ils donnent au contraire de la force à la pensée et à l’esprit qui la brasse. Ce voyage immobile à CNews demeurera comme la preuve qu’il n’est pas nécessaire d’aller loin pour s’inventer en mouvement perpétuel.

Bêtise ou ignominie, faut-il choisir ?

Comparer le pass sanitaire avec la Shoah était le comble de l’odieux mais il y a mille degrés inférieurs qui autorisent les complotistes, les péremptoires, les frénétiques du préjugé, les amateurs arrogants, à s’ébattre dans le champ illimité de la crise sanitaire et de ses développements surprenants.

Edouard Philippe tisse-t-il sa toile ?

Edouard Philippe est agaçant car dur à étiqueter : il peut sembler comme tous les autres mais souvent, de manière décalée, il rappelle qu’il est singulier. Il ne se force pas à avoir des bouffées d’atypisme, c’est lui dans sa vérité et, plutôt que de se mutiler, il tient à demeurer cette personnalité à la fois classique pour sa vision économique et sociale mais originale par beaucoup de traits, d’intuitions et de fulgurances qui le placent ailleurs. Il a les pieds sur terre mais je sens sa tête dans des nuages poétiques ou romanesques. Le réel le guide mais ne l’étouffe pas. Il bouge.

Jean-Marie Le Pen s’est-il dédiabolisé trop tard ?

Entretien exceptionnel, dans Causeur, d’Élisabeth Lévy avec Jean-Marie Le Pen (JMLP). Exceptionnel d’abord parce que les questions sont fines et intelligentes. Comme, dans le journalisme, ce n’est pas une règle générale, on a le droit de saluer cette réussite. Exceptionnel, aussi, par la substance de ce dialogue où d’une certaine manière JMLP, âgé de 94 ans, se dédiabolise sur le tard.

Faut-il pleurer pour être un homme ?

Les larmes sont à la fois de la faiblesse et, pourquoi pas, de la force quand on résiste à une vision tellement rigide de la virilité qu’elle les interdirait. Mais tout dépend : pleurer sans cesse, pour tout et n’importe quoi, s’avachir dans les pleurs, relève d’une forme d’exhibitionnisme qui vise à se faire admirer dans un monde qui veut nous convaincre qu’il faut pleurer pour être un homme.

Les experts sont-ils irresponsables ?

À la simple lecture de ce billet, il est facile de mesurer la passion que m’a inspirée cet univers singulier, étouffant, totalitaire, émouvant, irrespirable souvent, étrangement humain aussi, de la cour d’assises. Celle-ci a pour grandeur et pour limite de ne supporter que l’excellence de tous ceux qui la servent.

Il faut un coup de force chez Les Républicains !

Il faut un coup d’Etat à LR. Ma confiance ira plus vers Valérie, Xavier, Laurent, Bruno, David et Michel qu’au président Jacob et au comité stratégique (si mal nommé) avec ses étranges chemins de dérivation ; et de fuite.

Le président nous donne le tournis !

Il nous donne le tournis. C’est sa chance mais notre infortune. On ne peut pas totalement négliger les lueurs malgré les nombreuses ombres qui accablent.