Justice au Singulier

Blog officiel de Philippe Bilger, Magistrat honoraire et Président de l'Institut de la Parole

Eric Zemmour : à prendre et à laisser…

S’il y a des choses à prendre et à laisser chez EZ, avant même sa candidature certaine, il est devenu, plus que jamais, une personnalité influente dans le débat public. À ce titre, il a droit à un traitement équitable et, pour ce qu’il pense, dit et écrit, à une contradiction démocratique qui ne crache pas honteusement sur l’homme mais affronte ses idées pour le meilleur ou pour le pire.

Un procès de neuf mois, réponse au terrorisme ?

la moindre des choses est de rendre la justice plus simple, plus rapide, moins naïve, moins masochiste, pour appréhender des crimes d’un type nouveau. Rien ne serait pire, pour se donner bonne conscience, que de les banaliser dans un fourre-tout pénal.

Jean-Paul Belmondo à bout de souffle…

On a souvent abusé de cette assimilation mais JPB, c’était la France, peut-être celle d’hier, en tout cas celle de Cyrano, la France qu’on aime. La France dont je crains qu’il l’emporte avec lui.

Plutôt la copie que l’original !

L’exemple le plus caricatural, ces derniers mois, semble se rapporter à Eric Zemmour et à son « original » tandis que Marine Le Pen, délibérément mais aussi à son corps défendant, se dégrade, selon certains, en copie.

Tout sauf se moquer de Cyril Hanouna !

Il n’était pas nécessaire que ce dealer, chez CH, vienne donner des leçons d’immoralité et le député LREM, une personnalité, elle, parfaitement honorable a eu raison de s’indigner.

Emmanuel Macron, explorateur dans son pays !

Le président de la République tombe de saisissement et d’inquiétude face à la France qu’il préside. Ses promesses habituelles et renouvelées – c’est toujours pareil, un volontarisme énergique mais verbal : à Marseille, « ne rien lâcher contre le trafic de drogue » ou « ne lâchez rien » aux policiers marseillais – n’auront pas plus d’effet que tout au long de son mandat où son caractère n’a cessé de s’opposer à son devoir.

Michel Onfray, encore et toujours !

J’entends déjà le reproche : encore Michel Onfray, toujours Michel Onfray ! Ce n’est pas ma faute s’il a écrit Autodafés. Je ne pouvais pas me passer de lui rendre cet hommage, lui qui a su si bien se mettre au service du génie intrépide de quelques autres.

N’est pas Macron qui ne veut pas !

J’imagine comme Emmanuel Macron doit considérer, avec une ironie optimiste, ces péripéties qui feront peut-être plaisir à Eric Zemmour mais ne donnent pas de la droite une image de vaillance et de conviction. Que signifie cette aspiration éperdue à l’unité quand ceux qui auraient dû être les premiers à s’engager ne le font pas !

Dans la vie professionnelle, faut-il « s’écraser » ?

Pourtant, malgré toute cette argumentation frileuse, je considère qu’il ne faut jamais « s’écraser ». Cette obligation est si proche de ce « exister c’est insister », dont modestement j’ai tenté de faire le fil directeur de mon existence notamment judiciaire, que je me réjouis de l’opportunité que m’a donnée ce chirurgien. Au moins je suis sûr de n’être pas pourfendu pour avoir projeté un peu de lumière sur ce dernier !

Le président incarne-t-il « le camp de la raison et de la République » ?

Si Clément Beaune n’avait pas été sérieux dans son propos, ç’aurait été d’une saumâtre ironie ! Sans doute évoquer par le verbe la raison et la République peut-il sembler un moyen de se les approprier mais les Français savent ce qu’il en est du réel et de ce qu’ils vivent et endurent. Le pouvoir a le droit de se croire l’incarnation de la raison et de la République mais, de grâce, qu’il ne prenne pas ses désirs pour la vérité.

Des présidents pour temps calmes ou temps de crise ?

Paradoxalement je devine pourquoi les temps de crise ne sont pas honnis par les gouvernants, et même obscurément désirés : la réalité est univoque et son enseignement est clair. Il faut se battre, résister, on est moins jugé, l’unité est favorisée, on est aimé tout simplement parce qu’on est là ! Un jour, qui sait ?, la République nous offrira un président achevé, complet.

BAC Nord : mention très bien !

BAC Nord, hors compétition à Cannes, s’il avait concouru pour la Palme d’or, ne l’aurait évidemment pas obtenue. Trop vrai, trop peu manichéen, trop angoissant sur notre pays, aucune sublimation des crapules et des voyous, la police considérée avec un regard évidemment plus laudateur quelles que soient ses failles et son pragmatisme. Mais peu importe. Allez le voir. Il mérite la mention très bien.