Justice au Singulier

Blog officiel de Philippe Bilger, Magistrat honoraire et Président de l'Institut de la Parole

Qu’aurions-nous fait ?

Autant pour la délinquance et la criminalité ordinaires il est possible, sans trop se tromper, de se dire qu’on ne serait jamais pris dans leur étau, autant, pour ces condamnations historiques, en se plaçant au niveau du citoyen de base, il faut toujours, si longtemps après, se questionner : moi, qu’aurais-je été, qu’aurais-je accompli, qu’aurais-je refusé ?

Nicolas Sarkozy… et tous les autres citoyens…

Nicolas Sarkozy a été le héros judiciaire malheureux de cette journée du 30 septembre. Je comprends qu’il attende avec impatience l’appel et qu’il espère un arrêt infirmatif. Il me pardonnera mais la multitude qui m’importe est celle abandonnée par le pouvoir. Que le Justice soit trop lente, selon une immense majorité, n’est malheureusement un drame que pour elle.

Le déclin, pire, l’abîme…

La distinction entre le déclin surmontable et l’abîme inéluctable me semble d’autant plus pertinente qu’elle explique en grande partie les discours extrémistes et radicaux, même si les angoisses ne sont pas les mêmes. Leur tonalité laisse entendre, contre la gauche et la droite conventionnelles, que les politiques classiques ne sont plus vraiment agréées, parce qu’elles ont échoué et laissé le citoyen sur sa faim, au fil des engagements non tenus et d’une République très douée pour le verbe solennel mais moins pour la sauvegarde de son identité. Le déclin nous laisse une chance. L’abîme ferait de notre renaissance un miracle.

Prophète en Justice ?

L’honnêteté commande : pour l’avenir, si ces avancées aboutissent, ce sera bien pour la Justice, les citoyens et la démocratie.

Eric Zemmour, à l’extrême droite de Marine Le Pen…

Ceux qui prétendent que la campagne présidentielle sera sans intérêt et que les personnalités qui concourront n’auront pas le niveau ont bien tort. La vie politique réserve des surprises. Pourquoi 2022 échapperait-il à cette loi qui fait que les jeux ne sont jamais faits ?

On va bientôt juger les irresponsables pénaux !

On va bientôt juger les irresponsables pénaux : c’est mon angoisse ! Étrange comme aujourd’hui les victimes sont à la fois négligées, délaissées mais sublimées. Si elles gagnaient sur ce plan, ce serait la fin d’une certaine civilisation !

Mais pour qui nous prennent-ils donc !

Dans cette complexité et cette effervescence, ces surprises et ces attentes, il est sans doute difficile pour beaucoup de prendre déjà un parti mais à voir la manière dont l’arrogance de ce pouvoir se convainc lui-même qu’il est irréprochable et performant, dont il se pousse du col, peut-être sait-on déjà qui n’aura pas notre voix ? Mais pour qui nous prend-il donc !

L’injonction de la diversité…

La diversité, j’en ai assez de l’entendre invoquer sans qu’on m’offre jamais la moindre preuve de la richesse qu’elle serait censée apporter. Parce qu’il faudrait y aspirer par principe sans se soucier le moins du monde de l’équilibre qu’elle va rompre, de l’harmonie qu’elle va détruire.

Emmanuel Macron retombe en Présidence !

Une interrogation. Comment le président de la République jugerait-il des citoyens traitant son bilan avec autant de sévérité que celle dont il a fait preuve, avec une immodestie choquante, à l’égard des médaillés olympiques et paralympiques ? Mal évidemment. Alors qu’ils en auraient le droit puisqu’ils l’ont élu en 2017 avec un Nouveau monde mort-né.

Choquer, est-ce nécessaire ?

Quel que soit le journalisme, intelligence, talent, modestie, écoute, volonté de savoir, belle oralité et politesse sont les dispositions capitales. Après, si on choque, ce sera forcément à bon escient.

Agnès Buzyn : les politiques doivent-ils avoir peur ?

Ces dernières années l’ennemie n’est pas la judiciarisation de la vie politique contrairement à ce qu’on allègue pour pointer des causes exogènes. Mais le fait que celle-ci est structurellement étrangère au courage et à l’absence de démagogie. Les politiques ne doivent pas avoir peur à cause d’AB. Ni de la Justice. Mais parfois se méfier d’eux-mêmes.

Eric Zemmour : à prendre et à laisser…

S’il y a des choses à prendre et à laisser chez EZ, avant même sa candidature certaine, il est devenu, plus que jamais, une personnalité influente dans le débat public. À ce titre, il a droit à un traitement équitable et, pour ce qu’il pense, dit et écrit, à une contradiction démocratique qui ne crache pas honteusement sur l’homme mais affronte ses idées pour le meilleur ou pour le pire.