Justice au Singulier

Blog officiel de Philippe Bilger, Magistrat honoraire et Président de l'Institut de la Parole

Brigitte Bardot : une grâce émouvante…

Entre la merveille qu’elle fut jeune et la merveille qu’elle est demeurée autrement à 90 ans, je n’ai pu m’empêcher de voir sur BFMTV ce qu’une influenceuse américaine avait décrit : plus rien d’important ne s’était déroulé en France après elle. Sans la moindre vanité, elle a semblé l’admettre, ce qui rejoignait le sentiment de mélancolie tendre et souriante, d’ironie gracieuse qui a paru l’habiter durant ces échanges.

Quelle sacrée surprise !

Quelle allure, quelle dignité, quel splendide et solennel rituel que celui qui a présidé à l’élection du cardinal Prevost. Tous ces cardinaux dans un huis clos qui n’est pas retrait du monde mais volonté d’offrir à celui-ci le meilleur choix possible ont donné de l’Église catholique et du catholicisme tellement décrié – trop souvent sans réaction de sa part -, une image magnifique.

La volupté de la transgression ou la douleur de la sanction ?

On ne peut pas à la fois s’indigner face à l’ensauvagement d’une société – du fait de majeurs souvent multicondamnés et de mineurs de plus en plus précocement engagés dans la violence – et refuser de mettre en oeuvre la dureté pénale qui au moins permettrait de le réduire. Pour espérer une France moins meurtrie au quotidien, il faut que la douleur de la sanction relègue au second plan la volupté de la transgression. Ce serait cruel ? La cruauté serait de ne pas le faire.

Un référendum sinon rien !

Le paradoxe en effet est qu’on multiplie les sondages compulsifs, les ersatz de référendum, les conventions partielles, les consultations régionales, les grands débats, les délibérations réduites, les commissions commodes, les apparentes sollicitations populaires. Pour donner l’impression d’un pouvoir respectueux des tréfonds de la France alors qu’en réalité il fait ce qu’il peut avec une Assemblée nationale rétive et divisée et qu’il cherche désespérément à continuer la politique mais par d’autres moyens.

Il faut se battre pour des riens !

Que personne ne vienne me chercher des noises, puisque je ne vais gêner personne ni faire de l’ombre à quiconque, quand dans mon minuscule pré carré j’égrènerai, avec un inventaire qui ne pourra pas être exhaustif, tous ces riens qui m’agacent, me sollicitent, me mobilisent, m’indignent, me découragent ou me font prendre au sérieux, voire au tragique, ce qui, pour la plupart des êtres, serait à peine considéré !

Cyril Hanouna ne sera pas président mais…

Les sanctions dont Cyril Hanouna a été victime, l’injustice dont C8 a pâti avec l’instauration d’une double peine – les amendes payées puis une éradication scandaleuse -, les controverses quelquefois de nature politique, qui ont impliqué CH, le comportement de ce dernier se sentant trop limité dans le rôle qu’une animation classique lui imposait, la constante irruption dans l’espace médiatique d’un trublion constituant le divertissement comme une autre manière de faire de la politique, les débats civiques et sociétaux étant pour lui d’autres modalités pour divertir – tout cela qui tient à lui-même ainsi qu’à son environnement peut être perçu comme un prélude à ce qui adviendra s’il va au bout de son élan politique.

Justin P : 100 % Complexe !

Les crimes commis par Justin P ce mineur de seize ans imposaient une grille d’explication complexe, aussi bien psychiatrique que sociale, sécuritaire, politique… Souhaiter un tel pluralisme n’est pas fuir ses responsabilités mais au contraire prendre la mesure d’un événement qui risquera de demeurer incompris si on récuse la plénitude nécessaire.

Se taire, écouter et admirer !

En quelques minutes, Sylvain Tesson a magnifiquement décrit son rapport avec les choses, avec l’espace, avec la nature, cette manière qu’il avait eue d’escalader les cathédrales pour prier à sa manière, de s’approprier le monde par le mouvement et de nous le restituer ensuite grâce à la littérature, avec un vocabulaire d’une richesse telle que l’univers y était enfermé et qu’il parvenait à relever le défi de mots aussi puissants et singuliers que la réalité qu’ils décrivaient. Tout était beau et convaincant. Pour moi, un grand moment de télévision, qui nous sortant des joutes ordinaires nous faisait monter dans les cimes ; au figuré pour nous !

Le pape François a-t-il été de gauche ?

Dès lors que ce pape avait pour exigence de coeur et d’esprit fondamentale la paix, la concorde entre les nations, le refus absolu de la guerre, l’équité internationale, il était inévitable que d’une certaine manière il concédât bien plus à Dieu qu’à César. Aucun pape n’a apposé plus que lui, sur la fureur, la violence et le chaos du monde, le voile qu’il n’hésitait pas à rendre impérieux d’une morale universelle dont le catholicisme était l’incarnation emblématique.

Les malfaisants ont pris le pouvoir !

Je vois bien pourquoi la Justice, au-delà de sa politisation, est mal perçue par rapport à la police et à l’armée. Elle intervient tard, trop tard, quand tout est consommé et elle est rarement à la hauteur de ce qu’espère le citoyen même de bonne foi. Elle n’est par ailleurs jugée que sur ses affaires médiatisées ce qui a pour conséquence de laisser dans l’anonymat la multitude des pratiques des parquets et du siège acceptables, parfois même excellentes.