Justice au Singulier

Blog officiel de Philippe Bilger, Magistrat honoraire et Président de l'Institut de la Parole

Elisabeth Quin trop élogieuse de 28 minutes ?

Impalpable, subtile, avec bonne conscience, flotte l’évidence que celui ou celle qui vient sur 28 minutes ne doit pas se leurrer : ne pas croire à sa liberté absolue dans le choix de ses pensées et dans leur expression. Pour prendre des exemples caricaturaux, il FAUT détester le RN, vouer Zemmour aux gémonies, se trouver dans le cercle macronien de la raison, accabler la société qui crée les coupables plus que ceux-ci, se fondre dans un humanisme hémiplégique puisqu’il ne pleure et ne compatit qu’à gauche. Ce n’est pas maladroitement fait, ce n’est pas un rouleau compresseur, c’est enrobé, suave, penser autrement c’est le monde des ploucs, c’est redoutable.

Fabien Roussel : un communisme populaire ?

Je dois admettre que Fabien Roussel, dans l’univers politique et pour la sincérité du verbe – il n’aimera pas ma comparaison – est le seul qui, avec Eric Zemmour, apporte un ton nouveau, une parole non gangrenée par le professionnalisme et l’habitude, un élan, une fraîcheur.

La voix de Jean-Pierre Bacri manque plus que jamais…

Une personnalité intelligente, libre jusqu’à susciter l’incompréhension, détestant les étiquettes et la globalisation paresseuse, seulement soucieuse d’exprimer sa vérité quoi qu’il en coûte, fuyant les conformismes comme la peste, jamais mouton de Panurge, haïssant les injustices, ne signant pas mécaniquement toutes les pétitions de gauche, si lucide sur son passé de – selon lui- « petit con cannois », s’étant découvert lui-même grâce au théâtre et au cinéma, devenu un scénariste de haute volée de concert avec Agnès Jaoui, l’amour de sa vie puis une amie avec laquelle l’entente artistique n’a jamais été brisée, un homme intelligent récusant tout ce que le jeu social induit de simulacre et de conventionnel, un Alceste qu’il aurait formidablement joué sur scène s’il ne l’avait pas estimé trop proche de ce qu’il était dans la vie, une intégrité d’acier, un inimitable râleur dont le visage s’éclairait d’un magnifique sourire, une rectitude exemplaire nous donnant à tous la mauvaise conscience de préférer les accommodements tranquilles aux conflits nécessaires, Jean-Pierre Bacri, une force tendre, une intégrité absolue.

Emmanuel Macron le Parisien, Emmanuel Macron l’Européen…

Je sais bien qu’il est de bon ton, pour faire sérieux, de prétendre ne s’attacher qu’au fond mais aucune victoire ne sera possible si on ne prend pas la mesure des dons et de l’incroyable force de démonstration d’EM. Avec l’obligation d’être meilleur que lui pour le langage et dans la contradiction.

Tout se tient !

Le plus grand obstacle à la restauration d’une forme même minimaliste de civilité est le refus précisément d’admettre que tout se tient, du dérisoire au gravissime. Rien n’est neutre, indifférent ou bénin. Les vulgarités sont connectées, le pouvoir transgressant gangrène la base, les médias incorrects influencent mal, le langage dévoyé fait école et la société s’abandonne peu ou prou à un cloaque. Le comble est de voir dans cette libération de mauvais aloi un progrès. Elle signe plus un crépuscule qu’une aurore..

Eric Zemmour, un repoussoir, un exemple ?

Je me demande si cet homme brillant et cultivé n’est pas fasciné par la brutalité de la pensée, par l’envie d’aller au bout, sur tous les thèmes qu’il aborde, d’un maximalisme qui démontre moins sa sincérité que sa passion pour le champ de bataille. Il ne conçoit sa vérité que comme un lance-flammes !

Michel Houellebecq : anéantir. Son génie fait le contraire !

Un roman tellement riche qu’il est difficile d’en épouser toutes les faces comme si MH, lassé par ses livres précédents à la fois remarquables mais centrés sur le registre inimitable d’une ironie sèche et drôle et d’un pessimisme brillamment sarcastique sur notre monde, avait décidé d’élargir sa palette, d’enrichir ses inventions et, d’une certaine manière, de nous démontrer, avec quelle force d’analyse et d’émotion, que rien de ce qui était humain ne lui était étranger.

Moins de chiffres, plus d’actes !

J’entends déjà ceux qui vont, la bouche en coeur évoquer la prévention qui est sur le long terme. Nous serons tous morts, et les élus avec nous, avant que l’éducation, à la supposer opératoire, ait fait son oeuvre rédemptrice. Savoir ce que l’on veut pour une société et mettre tout au service de cette ambition : c’est cela, une politique pénale cohérente. Pour défendre les élus comme le commun des citoyens.

Nos politiques : portrait de groupe…

Qu’on ne voie pas dans ce portrait de groupe l’ombre d’une dérision à l’égard de quiconque. Je respecte profondément le service politique et républicain en gros même si j’ai quelques réserves au détail.

Charles de Gaulle, Philippe de Gaulle : tel père, tel fils ?

De ces échanges, avec le général mis en lumière par l’amiral, se dégage encore plus la certitude que le premier était unique, pour les quelques ombres comme pour les multiples lumières, et qu’il ne sert à rien aux politiques d’aujourd’hui de se dire « gaullistes » quand l’Histoire a fait le général et qu’ils ne font plus l’Histoire. Philippe de Gaulle annonce que cet entretien sera le dernier. Espérons que non. Une voix comme la sienne, portée par ce dont elle hérite et qu’elle porte, peut et doit encore se faire entendre.

Emmanuel Macron ou comment avoir tort quand on a raison !

Le président avait raison de mettre en cause ceux qui refusent, au péril de leur vie et de celle des autres, de se faire vacciner. Il l’a fait en clivant et je ne suis pas persuadé que cela lui apportera un bénéfice politique.