Justice au Singulier

Blog officiel de Philippe Bilger, Magistrat honoraire et Président de l'Institut de la Parole

« Le climat n’est pas malsain » à CNews…

Le sentiment diffus qu’éprouvent certains musulmans d’être en permanence ciblés ne peut pas être traité avec indifférence ou, pire, mépris même si on l’estime injuste tant à l’égard de CNews que de Bruno Retailleau, leur autre bête noire. On ne saurait tenir pour rien cette impression qui perçoit la chaine et le ministre, parfois, comme des ennemis de la religion musulmane quand ils ne s’attachent, par des analyses ou en action, qu’à ses dérives. Pour la chaîne, il est permis certes de considérer que les sujets concernant l’islam occupent au quotidien une place importante. Mais la télévision ne les invente pas. Elle ne s’en préoccupe que dans la mesure où ils mettent en lumière des problématiques concernant la France, le risque de communautarisme et la sécurité publique.

La magistrature fait trop dans le social !

Sans doute, malgré la fierté dont je ne cesse de rappeler l’obligation à l’égard de ce magnifique métier de magistrat – « raccommodant les destinées humaines » -, ai-je trop négligé un phénomène qui relève d’une sorte de perception d’un déclassement social, similaire d’ailleurs à celle d’un grand nombre d’avocats, qui ne permet plus aux juges de se poser en surplomb, en arbitres impartiaux, au-dessus de la mêlée sociale, des inégalités et des injustices de notre pays. Mais au contraire de s’y trouver impliqués de sorte qu’ils comprennent trop bien des argumentations vicieuses tenant à la prétendue culpabilité de la société. Tout cela ayant pour conséquence une miséricorde judiciaire au bénéfice des individus exonérés de tout.

De quelques états d’âme…

Tel un tourbillon permanent, s’agitent en moi tant d’énigmes à résoudre, d’interrogations à surmonter. On ne peut se contenter du « credo quia absurdum ». On veut pouvoir maîtriser si peu que ce soit le sentiment diffus qu’il y a quelque chose, quelqu’un, au-dessus de soi. Et élucider ce qui ne cesse de hanter l’humanité : les malheurs du monde, la mort des innocents, le Mal universel ; alors que la messe célèbre un dieu tout-puissant et miséricordieux qui à la fin des fins nous accueillera tous.

Oui, des barbares…

Oui, ce sont des barbares comme l’a très justement dénoncé Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur. On peut gloser à perte de vue sur ces malfaisants qui viennent, tels des parasites, se greffer sur les joies et les célébrations pour les dénaturer et les dévoyer. Barbares n’est pas une définition absurde, bien au contraire. Comme, pour les Athéniens, les barbares étaient ceux qui ne parlaient pas le grec, les barbares d’aujourd’hui sont ceux qui ne parlent pas la langue d’une société civilisée et pour qui le respect et la tranquillité sont des notions étrangères.

Le PSG éblouit…

L’initiateur de ce triomphe est l’entraîneur espagnol Luis Enrique. Avec compétence, autorité, rigueur et inventivité, il a fait du PSG, en deux ans, le meilleur club d’Europe. L’éternel débat sur le rôle décisif ou non d’un entraîneur est tranché avec cet extraordinaire technicien et meneur d’hommes. Il y a des personnalités, il y a des talents, qui savent faire la différence et modifier un collectif en le faisant passer d’un ensemble désordonné et sans âme à une équipe incomparable, solidaire, magique et infatigable.

On cherche une vigie de la sécurité …

Dans cet arbitrage sans cesse à effectuer entre nos libertés et notre sécurité, les premières gagnent trop souvent parce qu’elles fleurent bon le progressisme, elles relèvent de l’attitude des belles âmes, des sensibilités délicates et se qualifiant elles-mêmes d’élite, elles ne sont pas gangrenées par la contagion de l’utilitarisme ni du pragmatisme, le réel ne les insupporte pas puisque globalement il leur demeure étranger. La passion pour les libertés est le havre de sérénité et de bonne conscience d’une société privilégiée qui regarde de loin les malheurs de la masse et profondément s’en lave les mains.

On ne s’empêche plus nulle part !

Ce qui me frappe dans le monde d’aujourd’hui, en France comme dans d’autres pays, est la libération absolue de tout ce qui, dans les temps anciens, quand la civilisation imposait encore ses limites, se retenait, n’osait pas se déclarer à ciel ouvert, à transparence intégrale. Il n’est plus un registre qui échappe à cette universalisation du laisser-aller. Des ambitions personnelles aux analyses géopolitiques, des points de vue médiatiques aux saillies sociales, la parole ne se préoccupe plus de sa tenue, les convictions de leur expression décente, les jugements de leur délicatesse diplomatique.

L’inaction du Pouvoir est-elle obligatoire ?

L’action elle-même, en ce qu’elle clive, oblige à sacrifier et a d’irréversible, fait peur car elle ne laisse plus place à l’équivoque, au charme du virtuel et à l’espérance d’un possible consensus. Elle choisit dans le réel et s’aliène forcément les adeptes de la part abandonnée.

La France dans l’ombre est résiliente…

Je suis admiratif de ce pays où les luttes sociales, malgré leur caractère trop souvent idéologique, permettent de sublimer ce qu’il pourrait y avoir de sombre et de déchirant dans des inégalités humaines non justifiables. Le syndicalisme, en définitive, est la voie d’apaisement d’une société qui, face à la crudité de privilèges de toutes sortes ne s’affichant pas toujours discrètement, sait être résiliente.

Dedans ou dehors ?

Je suis persuadé que, si j’avais surmonté ma répugnance à l’égard du militantisme, du collectif et de l’obéissance obligatoire, je n’aurais sans doute jamais rué dans les brancards face à ce que le nouveau président de LR va mettre en oeuvre, en privilégiant la consultation des adhérents. L’intégralité de ses projets et de son plan d’action me convient et probablement me serais-je tenu coi. Mais Il y a des expériences qui m’ont démontré que je suis incapable de la discipline intellectuelle, politique et médiatique que les responsables des mondes où je suis présent attendent de moi. Non pas, me semble-t-il, parce que je serais un irresponsable, un agité compulsif mais tout simplement, parce que plaçant au-dessus de tout ma propre liberté, je n’aurais jamais pris garde à sa rançon possible sur les univers concernés. Moi d’abord, mon épanouissement, mon envie de penser et d’exister, mon être illimité contre les contraintes même légitimes des structures. L’idée que mon « je » devrait se réduire parce qu’il engagerait dangereusement au-delà de soi me dérange. Aussi, faute de cette inconditionnalité qui rassure les chefs, comme dedans je suis trop vite en opposition, je vais rester tranquillement dehors.

Comment je n’aurais pas défendu Gérard Depardieu…

Je crois que précisément à cause du caractère flamboyant, excessif, tonitruant de Gérard Depardieu, en tout cas sur les plateaux de cinéma, et de ce qu’on raconte sur son comportement habituel, mots et gestes compris, j’aurais cherché à offrir, pour sa défense, un contrepoint tout de mesure, de finesse, de délicatesse, comme une sorte de contraste avec l’image trop souvent véhiculée du client dont j’avais la charge. Me Assous a adopté l’attitude inverse.

Bruno Retailleau : le jour J pour le futur de la droite…

Non seulement Bruno Retailleau assumera cette mission avec sa formidable puissance de travail et de réactivité mais il est évident, si les Républicains prennent acte du fait que la droite est redevenue une espérance grâce à lui, que le ministre sera un appoint considérable pour le président du parti ; ce dernier fera bénéficier le ministre d’une force et d’une légitimité incomparables.