Justice au Singulier

Blog officiel de Philippe Bilger, Magistrat honoraire et Président de l'Institut de la Parole

La Justice pourrit toujours par la tête !

Ce n’est pas en bas que les problèmes se posent, pas dans la quotidienneté judiciaire et pénitentiaire que réside la solution mais dans le pouvoir, dans la tête, dans ceux qui pourraient et devraient, dans la volonté et l’action des ministres. Encore faudrait-il que l’une et l’autre ne soient pas stérilisées prioritairement par les haines idéologiques à sens unique d’un garde des Sceaux séduit par la Nupes et s’en étant vanté!

Tout va très bien, messieurs les ministres…

Un basculement dramatique s’est produit dans notre société quand la police, de plus en plus souvent, au lieu de pouvoir opérer sa mission de contrôle et d’interpellation, est devenue elle-même une cible. La malfaisance spécifique, les guet-apens, les violences à son encontre font qu’elle ne peut plus nous protéger mais doit être protégée. Un comble.

À l’Assemblée nationale, le RN les rend fous !

Je l’avoue : j’imaginais que ce beau et équitable coup de force législatif, avec cette majorité seulement relative pour Renaissance, cette impressionnante représentation de la Nupes et ces 89 députés RN (que MLP n’espérait pas, même au comble de l’optimisme), permettrait de mettre au rancart les constants affrontements de la France livrée à elle-même puisqu’ils se pacifieraient naturellement par la magie parlementaire.

Mathilde Panot : ils devraient tous avoir honte…

Si on continue sur ce registre dégradant d’une sorte de guerre civile instillant son poison sectaire et approximatif dans l’espace démocratique, l’urbanité républicaine, qui n’interdisait pas l’affrontement vigoureux sur le fond mais concentrait l’intérêt sur lui, ne sera plus qu’une nostalgie.

Laurent Wauquiez : deux mais pas trois ?

Le successeur de Christian Jacob aura un immense honneur : redonner son lustre à un parti qui, déjà axe central à l’Assemblée nationale, devra retrouver l’influence naturellement dévolue à une droite républicaine indépendante et vigilante. LW a refusé cette belle et honorable mission. Dommage pour lui

Caroline Cayeux : le retour du stalinisme…

Quel étrange pays que celui où on dicte de force le bon grain et l’ivraie sans laisser à la personne concernée la responsabilité d’arbitrer, dès lors qu’elle respecte la loi et de surcroît a même la faiblesse de cracher sur sa liberté passée.

Vulcain n’a pas été dérangé…

Vers la fin, le président a souligné – sa connaissance de la mythologie est indiscutable – qu’il ne se sentait pas ou plus Jupiter mais plutôt Vulcain, celui qui est à la forge et qui travaille sans relâche pour son pays. Pourquoi pas ? Mais il est sûr que Vulcain ne s’est pas fatigué lors de ces échanges dont on espérait trop. Bien au contraire, il s’est reposé. Dommage.

Sauvé qui peut…

Que la magistrature sorte autant que possible de son corporatisme, soit mais que toutes les autres institutions (je pense notamment au Barreau et au monde politique selon sa structuration partisane) fassent de même. Et que surtout, l’effacement de notre entre-soi ne soit pas une perverse opportunité, pour d’autres influences (sans trop de légitimité) et d’autres emprises (celles d’un pouvoir pressé de combler le vide), de dominer un corps qui a enfin découvert, avec des scories certes mais vigoureusement, ce qu’une authentique indépendance signifie.

Antonio Ferrara : une espérance inquiète…

Pour rien au monde je ne voudrais, pour Antonio Ferrara, spéculer sur une politique du pire. Bien au contraire. Je forme le voeu qu’il accepte de ne me laisser, à son sujet, que l’espérance en la délestant de toute inquiétude.

Le parler-vrai d’Elisabeth Borne…

Elisabeth Borne a dit, au sujet des journalistes : « On passe notre temps à répondre à des questions cons ». Petit émoi mais vrai problème. Ce propos mérite d’être pris au sérieux car il contraint à une interrogation qui m’est toujours apparue passionnante: les réponses ne sont-elles pas décevantes parce que les questions ne sont pas bonnes ? En effet il est impossible, pour une personnalité quelle qu’elle soit, malgré son désir de répondre, d’informer et d’éclairer, d’être au meilleur si la question qui devrait libérer son intelligence et son argumentation la bloque au contraire dans un champ restreint.

Chienlit ?

La honte absolue devant l’attitude collective de LFI lors du discours de politique générale de la Première ministre. Je sais que le chahut politique n’est pas né aujourd’hui mais il a atteint le 6 juillet un comble d’indécence et de vulgarité. Je ne suis pas persuadé qu’un homme aurait eu droit au même traitement et que, si Jean-Luc Mélenchon avait été député et de fait responsable de son groupe, les choses auraient tourné de la même manière, avec une telle indélicatesse républicaine. Je n’ose imaginer les réactions médiatiques si le RN s’était comporté avec cette même attitude : il aurait été voué aux gémonies. Mais, pour LFI, on prend acte et on ne condamne pas.

Un président réélu : et après ?

Faute d’avoir songé à cette idée toute simple de combler les béances de son quinquennat précédent, de réparer ses imperfections, Emmanuel Macron va se traîner – sans nous étonner – tout au long du nouveau. Son intervention lors du conseil des ministres du 4 juillet en était déjà une preuve : fatigué avant l’heure ! plus l’envie d’avoir envie !