Justice au Singulier

Blog officiel de Philippe Bilger, Magistrat honoraire et Président de l'Institut de la Parole

Comme Fabrice Luchini, aimerions-nous être de gauche ?

Cela faisait longtemps que Fabrice Luchini n’avait pas été à ce remarquable niveau qui lui a permis de développer ses réponses avec brio et gravité. Sur des sujets aussi divers que le bonheur, l’amitié, son rapport avec sa fille, sa conception de l’amour, la politique, le reproche d’être un histrion médiatique, sa mère, sa sociabilité, il se révèle, sans afféterie ni comédie. Et dans une vérité d’autant plus convaincante qu’à l’évidence il ne joue pas le rôle d’une personnalité voulant à tout prix être singulière.

Tom Hanks est atteint à son tour…

Imaginons, si on continuait à suivre cette pente suicidaire, ce que pourraient devenir les spectacles, l’art, la littérature et la culture de demain. Non plus une transfiguration, une recomposition, un approfondissement du réel, le droit à l’imagination et au second degré, le génie de quelques-uns de savoir sublimer ceux qu’ils ne sont pas, le bonheur ou la douleur bienheureuse de la représentation d’un monde à la fois si lointain mais si proche, non plus de la magie, non plus de la poésie dans toutes ses facettes mais de la prose, la pire qui soit : celle qui plagie le réel et, trop vertueuse, meurt sous lui.

Vive l’homme-enfant !

Que l’enfance ait été vécue comme une bénédiction ou telle une blessure. Dans tous les cas, plaie vive ou royaume enchanté, ce qu’elle apporte de fragilité, d’imprévisibilité et de légèreté à l’âge mûr est une chance. Elle met de la poésie, parfois douloureuse, dans une prose qui sinon risquerait de peser et d’ennuyer par sa gravité trop responsable.

Il ne faut pas avoir honte du populisme judiciaire !

Si le populisme judiciaire est une plaie de la République, que magistrats et avocats fassent leur examen de conscience : ne sont-ils pas, à des titres divers, directement responsables de ce qu’ils s’imaginent combattre ? L’aristocratisme pénal est le pire remède au populisme : il le valide au lieu de le réduire.

La France dans le coeur, le Danemark dans la tête

Ainsi, ce que le petit Danemark a su accomplir pour réguler et maîtriser l’immigration, la grande France en serait incapable ? Ce que ce petit pays a mis en oeuvre, contre l’ouverture des frontières à tout-va, au bénéfice de son Etat-providence, notre grand pays ne serait pas assez intelligent pour s’en inspirer et assez compétent pour le réaliser ?

Emmanuel Macron ne surprend plus, il déçoit…

Une authentique normalité présidentielle serait de savoir apposer sur la France et donc, par son entremise, sur le monde, une vision de simplicité vraie, de justice irréfutable et de courage admiré.

L’emprise, une tarte à la crème ?

Il me semble que, sans porter atteinte au caractère largement positif et libérateur d’un féminisme qui résiste et ne tend plus l’autre joue, il convient cependant de ne pas faire l’impasse sur ce que l’argument de l’emprise trop sollicité peut avoir de contradictoire avec une vision de l’humanité digne de ce nom : hommes ou femmes, nous ne sommes pas voués à être de « petites choses » incapables de rien affronter, de rien vaincre.

Cyril Hanouna fait tout péter !

Il n’est pas convenu ni convenable. Il est outrancier, parfois vulgaire, démagogue aussi. On peut tout dire de ce bateleur de génie. Le pire, il s’en moque. Le meilleur, il s’en flatte. Mais il n’empêche : on a besoin de lui. Ces derniers temps il a fait exploser l’audiovisuel public, en particulier Radio France avec un ciblage sur France Inter à laquelle on offre la fabuleuse opportunité de pouvoir vous critiquer avec l’argent qu’on lui donne.

Entre J.K. Rowling et François Sureau : une familiarité…

L’une évoque le besoin et l’allégresse d’écrire, telle une volupté qui dépasse ce que la nature peut offrir même de plus beau, et que l’autre glorifie la littérature qui, rassemblant les oeuvres universelles, projette les lecteurs dans un temps magique qui n’a plus rien à voir avec notre quotidienneté et son rythme.

Hugo Lloris : mon profond regret…

Hugo Lloris ne jouera plus pour l’équipe de France. Il a annoncé sa retraite internationale avec la classe et la délicatesse qui l’ont toujours défini. Je n’ai jamais cessé d’apprécier ce grand gardien de but exceptionnel sur sa ligne et dans ses sorties dans les airs. Que l’arrêt ou le détournement des tirs au but n’ait pas été sa spécialité principale – même s’il a connu quelques réussites notamment à Tottenham – ne m’est jamais apparu comme un grief digne d’intérêt.

Henri Bergson : un saint laïque ?

Il m’a fallu attendre la superbe et déchirante biographie, par Michel Laval (« Il est cinq heures, le cours est terminé »), de cette personnalité exceptionnelle pour savoir qui Bergson était vraiment, pour connaître la profondeur de sa pensée et ses extrêmes qualités morales et humaines. Superbe existence, en effet, que l’auteur qualifie « d’itinéraire », qui a conduit le jeune Henri Bergson pourvu de tous les dons jusqu’aux cimes du savoir, de la gloire académique et littéraire.

La routine du tragique…

Ces sujets aussi graves qu’ils soient ne pèsent pas lourd face au tragique dans le monde, qui devient routinier. Il existe, on s’y habitue, on déplore, on proteste, on a de la bonne volonté mais l’impuissance domine.

Pourquoi encore Didier Deschamps ?

Noël Le Graët, âgé de 81 ans, s’accroche à sa fonction de président, a encore des ambitions mais, à considérer ces derniers mois, n’a-t-il pas perdu toute légitimité, y compris pour son opération programmée en faveur de Didier Deschamps, quand Zidane piaffe et apporterait du nouveau à cette équipe de France ? En dépit de l’excellent bilan de son sélectionneur et entraîneur actuels, elle serait sublimée par son successeur.