Justice au Singulier

Blog officiel de Philippe Bilger, Magistrat honoraire et Président de l'Institut de la Parole

Il nous faudrait Balzac !

toutes ces personnalités d’hier, d’aujourd’hui et peut-être de demain, que de choses elles auraient à nous dire, que de marchés elles ont dû conclure, que de fausses oppositions et de vraies connivences elles ont dû manifester ! Que de luttes souterraines nous sont occultées et comme nous ne savons au fond presque rien, derrière les façades politique, gouvernementale et présidentielle !

LR se trompe de chaos !

En réalité, si on peut en effet craindre l’amplification d’un chaos de plus en plus organisé, avec des blocages et des reconductions de grèves, à la suite de cette honteuse péripétie parlementaire et de la nasse dans laquelle le pouvoir et le gouvernement se trouvent, il en est un autre qui menace. LR acceptant de voter la motion de censure rendrait le futur, qui pour l’instant est brouillard et décomposition, plus lisible et plus conforme à la réalité du pays. Je ne voudrais pas que LR se trompât de chaos. Le plus grave n’est pas celui qu’on croit.

Le droit va parfois de travers…

Comment le citoyen pourrait-il avoir la moindre empathie, la déférence minimale pour une institution qui seulement soucieuse de la perfection formelle de ses démarches juridiques est prête à aller ainsi jusqu’au bout de l’indécence ? Ne faudrait-il pas une fois pour toutes réviser un État de droit qui autorise de telles anomalies ? Ne conviendrait-il pas de refuser qu’une situation illégale dès l’origine puisse créer des droits pour les transgresseurs et davantage même, leur octroyer de l’argent ?

Peines planchers : on a besoin d’elles !

Il faut accepter que le dispositif des peines planchers (instaurant principalement des peines minimales) régisse l’ensemble des parcours judiciaires caractérisés par des récidives et réitérations chroniques. Il convient en effet de sanctionner l’entêtement dans les transgressions, quelle que soit leur nature. Il faut sortir de l’appréciation au cas par cas d’un casier judiciaire mais appréhender celui-ci globalement en relevant la constance d’une volonté transgressive.

De quelques ridicules d’aujourd’hui…

Quelques humeurs qui ne mériteraient pas un billet à elles seules mais peuvent intéresser ceux qui sont sensibles à tout ce qu’une certaine forme de modernité a de ridicule, voire de dévoyé. Le ridicule de ces accolades et de ces embrassades surjouées entre chefs d’Etat quand seuls les rapports de force comptent. Le ridicule de ceux qui s’indignent des conséquences quand ils ont laissé prospérer les causes……….

Les médias une addition, pas une addiction !

On n’est jamais au meilleur tout seul. J’ose soutenir qu’il y a des vertus, des talents, des dons, des réussites, de belles attitudes qui n’ont de chance de se concrétiser que si miraculeusement, pour leur permettre l’incarnation, le hasard ou la volonté sont parvenus à créer un environnement magique, des complicités de qualité, des affinités rares.

De qui, de quoi ne se méfie-t-on pas ?

Mon but, par cette répétition de « forcément », est de montrer que rien n’est fatal, qu’aucun sombre destin ne nous est assigné par principe, que les aberrations ne sont pas irréversibles, que tout peut être révisé, que tout peut être reconstruit, que le présent et le futur sont malléables, qu’entre le forcément et le réel il y a juste la liberté, l’action des hommes, les fabuleuses exceptions qu’une société réserve, qu’il y a de l’invention plein l’avenir et que les étiquettes qu’on colle sur tout ce qui vit, pense, respire, parle et crée pourraient ne pas être apposées à perpétuité.

Emmanuel Macron, le mal-aimé ?

Emmanuel Macron se mêle de tout, tout le regarde, il travaille pour deux, la nuit n’est pas un repos, la pression est sur tous, on ne peut pas de manière commode le prendre pour un roi fainéant, il vit, il bouge, il s’agite, il se morfond, il ne supporte pas cette inaction qui vient mettre des bâtons dans son énergie, dans son désir de réforme, dans sa passion de bousculer et de provoquer, on sent son exaspération face à ces oppositions qui se contentent de s’opposer, face à son camp dont il mesure à sa juste valeur la qualité et déjà divisé à cause de certaines loyautés troubles, un zeste dissidentes : EM est agaçant pour beaucoup précisément parce qu’il ne se résigne pas à l’immobilisme. On le préférerait serein, tranquille, observateur regardant le temps présidentiel passer, encore un peu là, déjà presque plus là.

Maël sauvé par les médias, est-ce normal ?

L’instauration d’une épée de Damoclès dans les reins du pouvoir, à tous ses niveaux, serait salubre, rappellerait l’exigence de l’action et surtout réduirait à néant le système français de l’irresponsabilité. On ne serait plus quitte seulement avec des promesses ! On serait fondé à questionner le ministre, tous les échelons techniquement inférieurs et subordonnés : qu’avez-vous fait de votre devoir, de votre possibilité d’agir ou de réagir ?

Frédéric Taddeï : je donne toutes mes différences…

L’un a des émissions qui lui ressemblent, l’autre, qui se distinguent de lui. Deux natures qui, grâce à leur antithèse, vont permettre à CNews de briller et d’être attaqué à proportion de la liberté et du talent que cette chaîne porte. Si ses contempteurs savaient (mais pour ne pas être gênés par l’objectivité, beaucoup ne la regardent pas !) à quel point les assauts difficiles, même ministériels, qu’on lui livre renforcent la résolution et le plaisir de ceux qui en sont les auxiliaires ravis, sans doute se calmeraient-ils ! Frédéric Taddéï donne toutes ses différences. Et on a déjà celles de Pascal Praud.

Et s’ils laissaient Edouard Philippe un peu tranquille ?

Profondément le malaise vient du fait que la démarche d’Edouard Philippe échappe au schéma classique qui voudrait qu’une personnalité rejetée et jalousée ne puisse s’abandonner qu’à l’alternative suivante : se révolter avec perte et fracas ou se fondre dans la masse majoritaire et espérer dans le futur. Edouard Philippe a choisi une dissidence plus subtile. Il n’est pas tout à fait et pleinement dedans, il n’est pas à l’évidence dehors. Il essaie de sauvegarder son indépendance et sa liberté en instillant une opposition délicate

Le chaos, soit, mais l’étoile ?

Chacun de ceux disposés à se laisser envahir par le chaos, par le tumulte intérieur d’un dérèglement souhaité, a sa vision de « l’étoile qui danse ». Cette belle notion, à la tonalité si poétique, n’est pas, malgré l’apparent débridement du chaos antérieur, une école de la facilité, une opportunité de confort mais une sorte d’ascèse vous contraignant à accoucher du meilleur de soi.