Justice au Singulier

Blog officiel de Philippe Bilger, Magistrat honoraire et Président de l'Institut de la Parole

Michel Houellebecq : provocateur du juste milieu…

À la lecture de cet impressionnant autoportrait de MH, au travers de toutes les réponses qu’il a livrées, j’ai perçu chez lui l’expression d’une provocation consubstantielle à sa personnalité – MH n’aura jamais l’esprit ordinaire – mais atténuée par la découverte d’une sagesse qui le conduit dorénavant à poser sur tout un regard d’aménité et de bienveillance critique.

Suis-je un sale type ?

Il me prend la tentation, parfois, d’appréhender la vie comme elle est, comme elle vient. Sans la juger, sans me juger. De jouir du présent et de m’oublier, même si c’est pour gratter mes plaies. Mais ce serait me changer. Je vais continuer, avec une allégresse sombre, à m’interroger et à me battre pour que la réponse à cette question : suis-je un sale type ? ne soit pas forcément affirmative.

Nicolas Sarkozy : faut-il être ignorant pour le défendre ?

On est renvoyé naturellement, dans notre démocratie et si on éprouve encore un respect au moins minimal pour nos institutions, à faire confiance à la Justice qui, quoi qu’on en dise et malgré les humeurs et les aigreurs citoyennes de telle ou telle personnalité, est en l’occurrence le seul service public , dans son registre pénal, qui connaît le dossier, n’est pas suspect de partialité, bénéficie d’une collégialité et de multiples recours. Sauf à valider cette absurdité non seulement offensante mais fausse judiciairement que tous les magistrats auraient été animés par une haine unique et solidaire à l’encontre de l’ancien président et qu’ils auraient ainsi voulu sa perte, alors que par ailleurs il n’est plus une cible sur quelque plan que ce soit.

Marine Tondelier : on ne doit pas dire ça !

Cette banalisation participe de l’absolue dégradation du débat public, cherchant à faire accroire que frapper est comme dire, massacrer à plusieurs comme contester et que tout est permis puisque le président serait responsable de tout, même de ce qui l’accable, l’affecte indirectement et bouleverse son épouse

Les droits du footballeur : un certain humanisme obligatoire ?

Quels que soient les motifs des rares oppositions à l’égard de cette grande messe LGBT, si peu appropriée à l’univers d’un match qui n’a pas pour vocation l’éducation éthique des joueurs ni celle des spectateurs ni l’enflure miséricordieuse des commentateurs, mais la force et la vigueur d’évolutions antagonistes talentueuses et spectaculaires, je suis rétif à l’idée de stigmatiser ces résistances à ce consensus apparent.

Un contre-gouvernement, ça ne suffit pas…

Il y aurait une voie royale pour une droite voulant rénover la Justice, à condition que plus aucun tabou ni interdit venant d’ailleurs ne pèsent sur l’élaboration de son projet. Un contre-gouvernement ne suffit évidemment pas pour redresser LR. Des noms, même fiables et brillants, ne pourront pas à eux seuls offrir des chances et de l’avenir à une droite authentiquement et solidement conservatrice. Il conviendra d’élaborer, pour chacun des secteurs concernés, un programme suffisamment précis, mais pas trop pour que la réalité, venu le temps du pouvoir, puisse s’y engouffrer. Et il n’y aura que ce dernier détail à régler : l’emporter en 2027.

Elle contrôle, il désespère…

Alors, s’il faut choisir puisque, paraît-il, la France est incapable à la fois de rigueur et d’un humanisme vrai, s’il convient d’arbitrer entre une Contrôleuse et une répression enfin efficace, je n’hésite pas une seconde. Le paradoxe est qu’on nomme pour ces postes des personnalités déjà systématiquement miséricordieuses, ce qui crée une redondance institutionnelle dans l’esprit alors qu’on devrait procéder à l’inverse : nommer des réalistes pour que cette fonction ne soit pas une opportunité de faiblesse supplémentaire. Celui qui m’importe est Anton Gisquet. Qu’il réfrène ses pulsions que je peux comprendre mais que je n’approuve pas. Mais de grâce qu’on ne lui rende pas le civisme trop insupportable ! Contrôler soit mais surtout consoler les détresses du peuple !

Libé s’égare sur Sud Radio…

Il n’y a pas plus de lucidité ni de bon sens à encaserner Sud Radio dans un populisme qui n’est pas le sien et dont j’aurais apprécié que Libération en donnât une définition. Suis-je malicieux si j’ose avancer qu’est populiste tout ce que Libération n’approuve pas ? Derrière cette double page de Libération, je perçois une mauvaise action très éloignée d’une authentique information et d’une vision impartiale et équilibrée. Elle me semble surgir à cause d’un constat et d’un déclin. Le constat. Libération a beau traiter SR avec condescendance, le fait est que cette radio monte, progresse et ce n’est pas par hasard. Son slogan « parlons vrai » implique un « parlons libre », l’un et l’autre séduisant de plus en plus dans un monde médiatique où généralement ils font défaut, en tout cas en plénitude. Le déclin. Où est passé le Libération que j’ai beaucoup lu où une imprévisibilité vive, inventive, honnête n’avait pas encore été remplacée par une prévisibilité se qualifiant de progressiste et devenue ennuyeuse à force d’avoir fait passer ses préjugés avant la réalité ?

Camerone : comme nous sommes petits aujourd’hui !

Rien ne pouvait mieux survenir, dans cette période lugubre, de défaitisme et de déclin, où la France s’interroge, se dispute, où l’esprit national est battu en brèche, voire moqué ou, pire, piétiné, que la mémoire de cette magnifique geste où quelques vaillances de toutes nationalités mais seulement unies par la passion de la France ont donné leur vie pour sauver ce qui devait l’être, acquérant ainsi une gloire ineffaçable.