Justice au Singulier

Blog officiel de Philippe Bilger, Magistrat honoraire et Président de l'Institut de la Parole

La réalité, une intruse pour la politique française…

Pour le Danemark, on doit changer de politique quand le réel la contredit. En France on n’est pas loin, absurdement, quand le réel n’est pas conforme à nos voeux, de vouloir le reléguer, pour n’avoir rien à changer à l’idéologie ou au projet politique. Mieux vaut dénier ce qui est, au bénéfice de ce qui devrait être, plutôt qu’inventer un futur plausible à partir d’un présent immédiat et solide.

Henri est bien plus qu’Henri

Je suis lassé de ces hommages permanents rendus à des personnalités que nous qualifions d’emblématiques, comme si elles n’appartenaient pas à notre condition et que nous n’en étions pas solidaires. Comme si nous étions voués à ne jamais les imiter. De ces politiques donnant le mauvais exemple quand, face à la folie du monde et aux atrocités, face à la résistance de quelques-uns, ils devraient au moins se tenir bien et, à leur place, faire preuve du courage qu’on attend d’eux, quelle qu’en soit la nature. Il ne faudrait pas que Henri devienne l’éblouissante exception qui confirmerait la règle de l’abaissement.

Qui n’est pas de droite aujourd’hui ?

Je ne voudrais pas que la seule droite qu’on n’écoute pas, qu’on ne respecte pas, soit la droite conservatrice, fière d’elle, sans démagogie ni repentance, celle qui a tenu une ligne et ne s’est jamais abandonnée par complaisance à l’illusion d’une gauche jouant de sa domination médiatique et de la crainte d’une extrême gauche parant son goût de la violence de la noblesse prétendue de ses fins.

Pourquoi interdire aux magistrats ce que chaque jour ILS s’autorisent ?

Cette question de l’obligation de réserve me paraît d’autant plus inutile à poser qu’on sait à quel point, depuis le seul mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy, elle a pris un tour plus large, plus libéral, résultant logiquement de la latitude de parole que le président lui-même s’était octroyé et, surtout, de celle, notamment médiatique, qu’il avait permise à certains de ses conseillers les plus proches. Il était inconcevable d’aborder l’obligation de réserve, avant ou après 2007, de la même manière.

RN : le font-ils exprès ?

Il est navrant de devoir s’interroger : le font-ils exprès ? Ou bien sont-ils tellement enkystés dans leur bonne conscience et leur supériorité morale affichée qu’ils ne se rendent plus compte des dégâts démocratiques qu’ils créent et des ravages républicains qu’ils préparent ? Le RN les rend fous. Ils le servent en croyant l’abattre. Leur haine est un baume. Leur détestation systématique, une offrande. Espérons qu’ils n’auront pas droit à des remerciements en 2027.

Le mal de mère…

Ce moment magique où on a l’impression que l’existence n’est constituée que de ces instants où une unité des coeurs et des esprits se construit contre le monde, la fête des mères comme l’expression d’une gratitude infinie. Sans elle, nous n’aurions pas été là. Grâce à elle, nous serons.

Emmanuel Macron se lâche : plus rien à gagner…

Avec Emmanuel Macron, on ne sait plus sur quel pied, sur quel esprit danser ! Il donnait l’impression de se lâcher comme il n’avait plus rien à gagner mais à peine a-t-il endossé un habit qui plaît ici, qu’il s’en dépouille pour en mettre un autre qui plaira là. Comme si le langage présidentiel avait si peu d’importance qu’il pouvait se contredire sans dommage et sembler un jeu de l’esprit plus qu’une conviction de fond.

Pour un nouveau puritanisme…

En se complaisant, par le culte d’une fausse provocation mais d’une vraie vulgarité, dans ces séquences qui réduisent trop souvent le rôle des actrices à des exhibitions corporelles, le cinéma montre ses limites et surtout qu’il est incapable, en usant de toute la gamme des mots, des sentiments, des sensations, de montrer ce dont sa salacité si ordinaire nous abreuve.

Qui est humainement nécessaire ?

Dans cette humanité plus ou moins nécessaire – dépassant le stade des relations convenues -, il me semble qu’on ne peut échapper à ce constat que seuls donnent envie d’aller, avec eux, vers plus de proximité, de convivialité, de partage et d’intimité, ceux qui savent se fuir, qui non enkystés sur eux-mêmes ouvrent grand leurs yeux, leur esprit et leur coeur sur un autre horizon que leur petit royaume et leur autarcie.

Emmanuel Macron : la valse des mots…

Il y aurait eu pourtant quelques mots simples susceptibles de la qualifier, tout au long de cette descente implacable vers encore plus de délits et de crimes, vers des minorités de plus en plus violentes, vers une société éclatée, désarticulée, face à face dans ses antagonismes communautaristes, en basculement vers une France composite, hétérogène, sans qu’elle représente une chance. Déclin, décadence, régression, tiers-mondialisation, chute, sauvagerie, désastre… Pourquoi le président a-t-il alors choisi ce concept de décivilisation ?

Pourquoi Alain Finkielkraut hait-il la magistrature ?

Comment Alain Finkielkraut ose-t-il qualifier cet arrêt, en se déclarant « consterné », de « aussi révoltant que grotesque » ? Y a-t-il la moindre crédibilité dans une telle charge fondée à l’évidence sur l’argumentation univoque de la défense de l’ancien président ? Alain Finkielkraut, j’en suis convaincu, n’a pas usé de l’élémentaire prudence d’aller lire au moins les principaux extraits de cette décision. Il est vrai qu’il aurait dû les consulter sur le site de Mediapart !

Ils sont morts : une politique et moins de tweets et d’hommages…

Cette propension à s’égarer, face à des tragédies qu’on ne parvient pas à dominer, par une répression ciblée, est révélatrice d’une dérive française qui préfère s’évader dans le futur avec des dispositions absurdes plutôt que de tout faire pour affronter les défis du présent.