Justice au Singulier

Blog officiel de Philippe Bilger, Magistrat honoraire et Président de l'Institut de la Parole

Un héros iranien va être pendu et on ne fait rien…

Toomaj Salehi est incarcéré depuis le mois d’octobre 2022. Dès le début de la révolte des jeunes femmes iraniennes contre l’obligation de se voiler, avec les multiples violences, emprisonnements et exécutions qui ont suivi, il a défendu avec courage et talent leur cause, conscient des risques qu’il encourait de la part de ce régime barbare, sans illusion sur son propre futur.

Edwige Antier a raison, je comprends Ramzy Bedia…

Je retiens une double conclusion miraculeuse : que cette éducation aimante mais à la dure n’ait rien dégradé chez Ramzy ni dans sa fratrie mais qu’au contraire elle ait sauvé l’un et l’autre, à vie, des dangers et de la nuisance de cette cité criminogène. Edwige Antier a raison mais je comprends Ramzy Bedia qui, jugeant sans vanité ce qu’il est devenu, ne théorise pas sur l’éducation qu’il a reçue mais remercie sa mère.

La pauvreté de l’entre-soi : mes contradictions…

Ce besoin de ne jamais me sentir coincé entre mes quatre murs, rebattus d’interlocuteurs que je surprendrai aussi peu qu’ils me surprendront, trouve son paroxysme dans des débats médiatiques où, présent, il peut se faire que les plateaux composés – à supposer qu’on ait eu le choix d’invitations sur une large palette intellectuelle et politique – représentent plus un piétinement sur les mêmes chemins que des approfondissements et corrections enrichissant sa propre pensée.

Quel type, ce Jean Cau !

Retrouver aujourd’hui tout ce que cet être doué à tant d’égards a eu d’unique m’a saisi à l’esprit et au coeur. Un choc. À cause de cette certitude que pour la France, les dangers qui la menacent, le délabrement de ses institutions, sa décadence, le manque de courage de ses dirigeants, tous politiques confondus, et la morale dont elle aurait besoin, un Jean Cau serait plus que jamais nécessaire. Il a tout annoncé, il a tout vu et dit avant tout le monde. Rien de ce qui est tristement actuel ne lui a échappé.

Carlos Tavares joue à quel poste ?

Ainsi Carlos Tavares devrait rendre des comptes quand ils sont au beau fixe ! grâce à ses salariés mais aussi à son aptitude à la direction et à sa compétence. En revanche, le politique battu, le ministre médiocre, les conseillers déplorables sont dans la tradition française intouchables. C’est trop facile de soutenir qu’il y a des élections quand incontestablement des désastres ont été causés et qu’ils justifieraient des sanctions. Je comprends le sentiment des salariés de Stellantis qui doivent vouloir une part plus importante de cette manne collective mais sans CT, elle aurait été moindre. CT joue à un poste capital : celui sans lequel les autres n’auraient aucun sens.

Que le peuple français fasse silence !

Derrière ces péripéties qui paraissent se rapporter à des analyses juridiques et à des contradictions de spécialistes, se cache en vérité un dessein qui concerne au premier chef le commun des citoyens. Il s’agit au fond de se servir de la Constitution non pas pour le peuple mais contre ses intérêts. Le peuple n’est acceptable, dans cette démocratie sous l’empire de ce pouvoir macronien et de ce Conseil constitutionnel, que s’il fait silence. On le fait taire en l’étouffant délicatement dans les formes. Quand il pourra libérer sa parole, il hurlera.

À couteaux tirés…

On ne peut pas se résoudre au simplisme du « il n’y a qu’à… », « il faut qu’on… » ! On n’arrache pas une culture néfaste comme on pourrait le faire d’une mauvaise herbe. Cette société qui s’est installée aux côtés de la nôtre, voire face à la nôtre, est peu disposée au dialogue. Elle est enracinée dans ses croyances, ses convictions, persuadée qu’elles doivent demeurer intangibles et que toute offense qui leur serait faite mériterait une riposte, souvent violente. Les tragédies criminelles récentes doivent être analysées comme la volonté de ne pas céder à la civilisation de notre pays, à ses règles, à son terreau non négociable.

Etudiants magistrats : une culture précoce de la plainte…

Cette culture de la plainte habitue, à un stade précoce, quand tout serait encore possible et révisable, les étudiants magistrats à ne pas se faire confiance, à se défier d’eux-mêmes, à incriminer des forces supérieures qui seraient prétendument créatrices d’injustices pour ces êtres trop rapidement blessés ou offensés. Ce n’est pas rien que cette dépendance structurée si tôt qui, par la suite, l’auditeur devenu magistrat du siège ou du parquet, le confirmera dans une attitude au moins de relative soumission se résumant par cette certitude que sa liberté doit plier face à l’injonction du supérieur.

Mes naïvetés politiques…

Si les propos du Président sont dévalués, si ce qu’il dit glisse dans la conscience publique – qu’il s’agisse de saillies ou d’argumentations sérieuses -, cela ne tient pas seulement à 2027 où il ne pourra plus nous faire don de sa personne mais, plus profondément, au fait qu’il a trop évolué, infléchi, contredit, varié, démenti et déstabilisé, qu’il nous a trop habituées à percevoir dans l’affirmation d’aujourd’hui la dénégation de demain, qu’il nous a, au fond, interdit de lui attacher foi et confiance, nous privant de cette exemplarité capitale d’un chef si légitime que cru sur parole.

« Emmanuel, ça fait quand même onze ans que tu es là ! »

Cette semonce d’il y a quelques jours demeurerait un épisode marquant mais sans plus, si elle ne révélait pas un trait de caractère détestable d’Emmanuel Macron. Il est à la fois présent et absent, il est impliqué dans les désastres mais se situe en surplomb comme s’il n’était coupable de rien, il évoque et dénonce les fautes de ses ministres comme s’ils n’étaient pas les siens, il se vit tranquille et dénonciateur comme un observateur alors que le déplorable bilan de ses sept ans sur l’état économique, financier, sécuritaire et judiciaire du pays est à mettre à sa charge.

Montpellier, Viry-Châtillon… et la suite…

Face à une réalité scolaire de plus en plus traumatisante qui semble très difficilement maîtrisable par nos gouvernants, c’est notre État de droit qui doit s’ajuster. Pour la multitude des agressions qui, à tous niveaux, pour ceux qui enseignent comme pour ceux qui sont enseignés, pour les parents, les professeurs, les élèves comme pour les voyous qui gravitent dans les marges, pas d’autre solution que de les châtier vite et fort. Et on fera de la sociologie après.

Défendre l’école publique malgré tout !

Il faut défendre l’école publique contre la commission qui, sous prétexte de favoriser la mixité sociale et son utilisation des fonds publics, prétend contrôler l’école privée parce qu’elle réussit et que le catholicisme qui l’irrigue majoritairement insupporte tous ceux qui ne trouvent rien de mieux que de défendre l’école Averroès