Justice au Singulier

Blog officiel de Philippe Bilger, Magistrat honoraire et Président de l'Institut de la Parole

La droite la plus lâche du monde ?

L’histoire de la gauche et de l’extrême gauche est au fond le récit d’un réalisme tellement dominant qu’on pourrait le qualifier de cynisme. Elles se fabriquent, à intervalles réguliers, un ennemi dont elles surestiment délibérément le danger et qui les rassemble. Comme le « fascisme » est à nos portes, il est urgent d’occulter tout ce qui est moral et de mener la lutte qui ne sera jamais finale puisque la démocratie a beau exister, elle compte peu face aux prurits révolutionnaires qui n’attendaient par exemple que la déroute du macronisme et le triomphe du RN pour reprendre toute leur vigueur.

Adresse à tous les honnêtes gens contre l’ultragauche !

Le président de la République ne démissionnera pas, il restera jusqu’au bout. Je songe à Raphaël Glucksmann qui réclamait « une éthique démocratique ». Vaste et belle entreprise ! Avant, que tous les honnêtes gens, tous les citoyens de bonne volonté se réunissent pour favoriser la paix de la démocratie.

Emmanuel Macron : c’est sa faute, sa très grande faute…

Si demain le RN, comme c’est probable, a davantage de députés et que l’Assemblée nationale verra sa composition bouleversée avec, je l’espère, une représentation forte à gauche d’une social-démocratie authentique et un échec de LFI, le président de la République sera forcément conduit à nommer un Premier ministre qui ne sera pas récusé par le nouveau groupe majoritaire, les députés macronistes étant probablement réduits dans leur nombre. Il devra tenir compte d’un certain nombre de données et on retrouve alors là la critique de la présidente de l’Assemblée nationale déplorant la dissolution et suggérant « un pacte de gouvernement, de coalition, un autre chemin ». Mais avec qui ?

Contre le badinage présidentiel…

J’avais comme l’impression qu’à travers ces journalistes quasiment moqués, le président jouait avec le peuple français et qu’au fond il nous annonçait : quoi qu’il se passe, j’ai la main et rien ne changera. C’était exprimé avec une ironie manifestant à la fois un zeste de sadisme et une arrogance résultant d’un pouvoir toujours sans partage, aussi entamé qu’il puisse être.

Jacques Fesch, une preuve contre la peine de mort ?

Le pire, condamné par la peine capitale, a été suivi, lors de l’incarcération, par une rédemption admirable comme s’il convenait, pour Jacques Fesch, de changer l’abjection en lumière. Cette histoire à la fois exemplaire et tragique suscite évidemment une réflexion sur la peine de mort.

Mon blog n’est pas une machine de guerre !

Les sujets divers apportés par l’actualité ouvrent un immense espace lié aux faits politiques ou judiciaires du jour, à des émissions médiatiques où la psychologie des intervenants me passionne, à la littérature ou au cinéma, à des faits de société infiniment plus révélateurs dans leur apparente simplicité, brutalité ou originalité que des événements semblant plus importants, à des dénonciations ou des admirations qui autorisent à ma subjectivité débridée l’expression la plus libre, à des portraits où il m’est permis de m’abandonner à ma dilection principale qui est de tenter de comprendre, d’analyser et d’épouser les chemins par lesquels sont passées des personnalités qui dans tous les cas m’intéressent, ou à une vitupération de quelques ridicules d’aujourd’hui.

Éric Dupond-Moretti : entre mauvaise foi et impuissance…

Que je sache, à la Chancellerie il y a une direction de l’administration pénitentiaire à laquelle les responsables des centres pénitentiaires, des centres de détention et des maisons centrales rendent compte : le ministre est donc informé des dysfonctionnements de toutes sortes qui pourrissent le fonctionnement de beaucoup d’établissements, des conditions honteuses d’enfermement (les matelas !), de la circulation de la drogue et des portables, du fait lamentable que l’incarcération n’est plus la fin de la délinquance et de la criminalité mais leur poursuite. Éric Dupond-Moretti prétend ne pas avoir découvert ce déplorable constat avec la fuite de Mohamed Amra. Qu’a-t-il donc accompli pour y remédier ?

Défendre Israël, le devoir de l’homme blanc ?

C’est logiquement à cause de cela que l’extrême gauche est devenue, par compensation, antisémite. Puisque l’homme blanc emblématique d’une civilisation honnie, ne pouvait que susciter chez les mondialistes,les tenants d’une immigration libre et ouverte comme un nouveau prolétariat, les idolâtres des Palestiniens pourtant dominés par le Hamas islamiste, une réaction haineuse et d’exclusion à l’encontre des juifs israéliens, sans qu’il y ait parfois une distinction nette entre critique de la politique israélienne et antisémitisme abject. Ce qui est blanc est israélien et donc suspect !

Résistant toujours, même au petit pied !

Plus que jamais, je continue à penser que, où que ce soit, quoi qu’il se fasse ou se dise, devant la plus infime des indécences jusqu’à la plus grossière des attitudes, dès lors que nous en sommes les auditeurs ou les témoins, sur les plans culturel, judiciaire, médiatique, politique ou social, citoyens concernés, engagés forcément, nous devons réagir. Résister, même au petit pied. Même modeste, même dérisoire, même limitée, la résistance que l’époque nous impose doit être menée avec obstination.

S’il y avait un mercato politique, Marion Maréchal serait hors de prix !

Si nous disposions, pour la politique, d’un quotidien comme l’Équipe pour le sport, Marion Maréchal bénéficierait de beaucoup d’étoiles. Son transfert serait hors de prix ! Je ne suis pas de ceux enthousiastes par inconditionnalité ; je mesure seulement comme sur le plan technique, de la forme, son apparence ajoutant à son expression la place au-dessus du lot. Si je la juge bien supérieure dans ses prestations à Manon Aubry (elle récite), à Valérie Hayer (elle tremble) et à Marie Toussaint (elle ennuie), ce n’est pas que je sois misogyne : je crois au contraire qu’on a oublié combien certaines femmes pouvaient avoir de talent et combien d’autres pourraient en avoir.

Nicolas Sarkozy peut avoir raison !

Louant Georges Pompidou qui aurait souhaité qu’on ne parlât pas de lui plus tard, parce que cela signifierait que la France a été heureuse, Nicolas Sarkozy, en mettant au premier plan l’incarnation pour la réussite d’une politique, est absolument dans le vrai. C’est d’ailleurs une idée constante chez lui puisque je me souviens qu’il y a quelques années, il avait souligné, en substance, qu’un bon projet appliqué par un médiocre serait un échec, à rebours d’un programme discutable mis en oeuvre par une personnalité de qualité.

Attal-Bardella : une lutte des classes ?

Jordan Bardella a été appliqué, scolaire, contraint. Mal à l’aise. Sérieux certes mais tendu. Alors que face à lui, il y avait une alacrité d’esprit, une verve, presque une désinvolture, une habitude de l’oralité et de la contradiction. Ce que l’un cherchait à apprendre et à cultiver – une qualité de pensée et d’expression, une aisance, une souplesse intellectuelle et humaine -, l’autre les avait et les manifestait naturellement. C’est ce que j’ai appelé dans mon titre « une lutte des classes ». Le destin ô combien méritant, volontariste et militant de JB, fier de ses origines populaires et de son ancrage en Seine-Saint-Denis d’où grâce à sa mère et à lui-même il était sorti exemplaire, avec des qualités de rigueur, de rectitude et de travail, était clairement aux antipodes de celui de Gabriel Attal, avec une famille privilégiée, où la politique coulait dans ses veines depuis toujours, où rien n’était à apprendre puisque tout semblait su de toute éternité, par hérédité, où les idées et les mots qui allaient avec composaient un ensemble sans heurts ni ruptures.

L’opposition qui s’appelle la vie : comme on est mal !

Assez de ce désastre qui a subverti les valeurs, bouleversé les hiérarchies, mis les élèves à la place des maîtres, remplacé l’autorité par la complaisance et fait prendre le repli et la faiblesse pour une forme moderne de l’audace. Assez de ces assez. J’aimerais tellement faire partie des enthousiastes sans nuance. Mais si je suis mal dans l’opposition qui s’appelle la vie, au fond comme je suis bien !