Justice au Singulier

Blog officiel de Philippe Bilger, Magistrat honoraire et Président de l'Institut de la Parole

Malek Boutih fait encore des siennes !

Cette évidence a le mérite de battre en brèche ce qui depuis plus d’un an, à droite comme à gauche, est martelé dans les têtes : Marine Le Pen sera forcément présente au second tour. Avec des adversaires qui l’espèrent, la volupté démocratique occultée par une apparente angoisse républicaine : parce qu’ils seraient sûrs de l’emporter ! Comme si on était, aussi et surtout, fatigué par avance de s’opposer à ce que la paresse civique et la pauvreté de l’offre politique prétendent fatal.

Le malheur, le ridicule et le sérieux…

Comment ne pas faire allusion à un livre de Bernard Plasait, reçu il y a peu sur « Le Discours, une passion française » avec cette phrase d’Oscar Wilde en couverture : « Je déteste les discussions. Elles vous font parfois changer d’avis ». C’est à cause de cela que je les aime.

L’apaisement ne se décrète pas !

Ce n’est pas son discours sur l’apaisement qu’il faut donc reprocher à François Hollande. Mais d’avoir placé la France, pour des raisons économiques, sociales, judiciaires et culturelles, sur une pente contredisant absolument et violemment son verbe de paix et la paix rarement battue en brèche – malheureusement, c’est là qu’il est le meilleur ! – de son verbe.

On peut encore débattre en France !

On peut encore débattre en France. Mais ouvrons le cercle et acceptons que la liberté et l’intelligence ne soient pas en permanence mises sous le boisseau par la malfaisance de la morale, par ce totalitarisme du Bien qui fait des ravages et nous laisse nostalgiques des périodes où l’affrontement des esprits n’était pas pollué par la judiciarisation immédiate de la pensée.

Les policiers en ont marre, nous aussi !

On ne traitera pas ainsi la problématique fondamentale qui relève du rapport condescendant, voire méprisant entre police et justice, la seconde s’octroyant l’esprit propre et laissant les mains sales à la première. L’immense succès du 14 octobre démontre que la coupe est pleine. Et la patience à bout. Il n’est pas anormal que « la Justice se voie demander des comptes ». Les policiers en ont marre, nous aussi.

Les citoyens ont tort, pas le pouvoir !

Il y a une forme d’impudence à culpabiliser, sur le ton du deuil démocratique, les citoyens qui s’égareraient, à déplorer les avancées du FN mais de demeurer à l’abri de toute critique dans le contentement socialiste de soi et la bonne conscience d’un pouvoir qui ne saurait fauter ni mal agir puisque, de gauche, il est forcément irréprochable. Pourtant le FN progresse à cause de lui. Ce pouvoir est vigilant mais les yeux fermés.

Nicolas Sarkozy, un étrange modérateur…

Un autre que Nicolas Sarkozy blâmant Nadine Morano n’aurait pas contraint l’opinion à se dire dans un sarcasme : « Mais il se moque du monde ! ». Pas lui, pas pour ça ! Pas lui, pas pour ça !

Me Eolas rouvrira son compte Twitter !

Je ne sais pas si Me Eolas a interjeté appel de ce jugement. En revanche j’ai la certitude qu’après l’avoir fermé, il rouvrira vite son compte Twitter. Avec un autre parfum, j’espère.

Permission de ne pas rentrer ?

On ne peut plus dorénavant éluder cette angoissante question. Comment faire pour qu’une permission de sortie ne devienne pas une permission de ne pas rentrer et, pour certains, constitue une permission de « braquer » et de tirer sur les fonctionnaires de police ?

L’épuration du vocabulaire : un rêve français ?

Initialement je voulais intituler ce billet : un rêve de gauche ? Mais il faut m’y résoudre : la controverse suscitée par Nadine Morano et tant de polémiques antérieures manifestent que l’épuration du vocabulaire est un rêve français et consensuel. Dommage.