Justice au Singulier

Blog officiel de Philippe Bilger, Magistrat honoraire et Président de l'Institut de la Parole

Pensées profanes sur les Gilets jaunes et autres…

Le 8 décembre on le prédit, on nous l’annonce, on le craint, on le veut, probablement une déferlante de GJ et de casseurs dans leur foulée va s’abattre sur Paris. Il n’y aura pas que le pouvoir, le ministre de l’Intérieur, le Préfet de police qui seront jugés. Mais aussi tous les GJ.

Monsieur le président, il y a une solution !

La seule solution qui vaille est cette solution politique. L’arrogance d’un Etat est le pire handicap pour faire fi du bon sens démocratique. Il faut abandonner la posture et tenter de réconcilier ainsi la France et son président. La France des oubliés avec celle des privilégiés. Puisqu’il ne doit y en avoir qu’une : indivisible.

Les Gilets jaunes : jusqu’où aller trop loin ?

Les Gilets Jaunes, pour eux, parce qu’ils doivent nous donner la certitude que nous n’avons pas été de leur côté pour rien, éviteront cette tentation d’aller trop loin, avec le vertige qui saisit toute protestation collective durable et largement approuvée, et de quitter le chemin royal de la démocratie pour s’engouffrer dans le chaos du n’importe quoi. On les écoute enfin. Qu’ils parlent donc !

Emmanuel Macron n’aurait pas pu convaincre…

Le constat est terrible. Le soutien du pays aux Gilets Jaunes est encore plus dominant après le discours du président, jugé par ailleurs hors sujet (Odoxa). Mais que Emmanuel Macron se rassure : à la date où il a parlé, il ne pouvait plus convaincre. Trop de passif à rattraper, si peu d’actif à proposer. La cause était déjà entendue.

Honte certes, mais qui peut être fier ?

Ou devra-t-on, face à l’impuissance chronique et à la fracture économique, sociale et nationale, se résoudre à accepter la dangereuse idée que la politique gagnerait à tout coup à être confiée à l’inventivité et à la spontanéité des citoyens ? Macron démission :

Quand les médias se regardent le nombril…

Le jour où tous les éditorialistes seront libres et brillants, il n’y aura plus de perles rares, d’éblouissantes exceptions. On a encore du temps devant nous pour cela. Quand les médias se regardent le nombril, une belle opportunité d’examen critique !

Ah, si Emmanuel Macron était Georges Pompidou…

Ah, si Emmanuel Macron était Georges Pompidou, il aurait réfléchi en intégrant le fait que 60% des Français ont besoin de leur voiture pour une quotidienneté laborieuse et il se serait interrogé sur ce point capital, et son Premier ministre avec lui : une politique n’est-elle glorieuse que si elle est punitive, que si elle divise, que si elle propose un futur pour les privilégiés, inconcevable pour les modestes, en ne se colletant pas d’abord à l’insupportable et lancinante charge du présent pour tant de gens ?

Omnipotence de l’accusation ou de la défense ?

Je ne prétends pas être cynique mais réaliste. Dès lors qu’un projet de loi, dans le registre pénal, n’a pas le loisir de peser comme sur un trébuchet la dose de liberté et l’exigence de de sûreté, de concéder une stricte égalité à l’une et à l’autre, puisqu’il faut choisir et arbitrer pour déterminer la meilleure procédure possible, je préfère pour nous, pour la communauté nationale, pour tous les citoyens, l’omnipotence de l’accusation à celle de la défense.

Selon Castaner, ça va castagner !

Cette autorité qui n’a au fond que des ratés et se réveille le temps d’une fronde, d’une jacquerie qui sortent des chemins démocratiques battus est insupportable. On la préférerait plus modeste mais constante.