Mona Ozouf (MO) est une historienne de la Révolution mais son intelligence, sa culture et sa liberté de pensée nous apprennent beaucoup sur notre société et les mois agités par lesquels elle continue à être secouée.
Alors que paraît un essai collectif autour de son oeuvre, des portraits d’elle ont été faits et elle a donné un certain nombre d’entretiens, tous brillants et éclairants.
Quelle profondeur, quelle humanité, quelle volonté d’aller au plus près du réel, quel souci de mesure et d’équilibre développés grâce à l’écrin d’une langue superbe, d’une maîtrise absolue du français et de sa palette infinie !
Une leçon pour tous ceux qui ne sont pas loin de considérer, au contraire, que le progrès d’une civilisation est dans sa décontraction et dans la manière « cool » dont elle traite et trahit les trésors et les forces du passé !
Je ne m’épargne pas puisque j’ai l’impression que MO, que je n’ai jamais rencontrée, s’adresse à moi pourtant quand elle affirme : « On ne me fera jamais dire : c’était mieux avant ». Car je n’ai que trop tendance à aller sur cette pente d’un déclinisme qui ne me paraît pas, il est vrai, toujours erroné si on examine sur le long terme l’évolution de notre pays, de ses institutions, de ses pouvoirs, de ses comportements singuliers et collectifs. Il ne me semble pas que le fil du temps ait été inéluctablement porteur de progrès en nous entraînant vers le meilleur.
Mais plutôt vers un tranquille délitement. Si doux, parfois, qu’il échappe à notre vision et à notre entendement.
MO est tellement remarquable qu’on a scrupule à jeter une contradiction infiniment modeste dans son champ de conviction et de clarté. Cependant, puisque j’ai déjà commencé, je relève avec regret qu’elle a été communiste et qu’elle bénéficie de cette complaisance lassante à l’égard de ceux qui sont plus félicités pour avoir quitté le communisme que blâmés pour y avoir adhéré…
MO, questionnée sur l’actualité et les Gilets jaunes (GJ), propose une analyse qui nous sort des sentiers battus de l’inconditionnalité ou du mépris (Le Monde).
D’une part elle relève une différence fondamentale entre 1789 et les GJ : ces derniers « ne rêvent pas d’avenir, ils sont dans l’immédiateté ». En effet, dégoûtés par le concept d’un « nouveau monde » auquel ils n’ont jamais cru et dont ils n’ont pas vu apparaître la plus faible esquisse, ils se battent pour et dans le présent. Leur condition ne leur laisse pas assez de souffle pour embrasser l’avenir alors qu’ils s’imaginent faussement l’embraser.
D’autre part, et surtout, elle souligne que les GJ « s’inscrivent effectivement dans la revendication de l’égalité réelle mais que le problème est que l’égalité réelle est une chimère. On ne peut pas la réaliser dans un monde où la nature et l’histoire sèment des inégalités de tous ordres. L’égalité ne peut donc que rester un horizon si bien que les vrais défenseurs de l’égalité sont ceux qui se proposent, non de proclamer l’égalité réelle, ce qui est à la portée de chacun, mais de réduire laborieusement les inégalités, ce qui est une tout autre affaire ».
Ces observations, à mon sens, constituent le plus bel éloge qui soit de la démarche réformiste et montrent bien la supercherie intellectuelle et démocratique de tout processus révolutionnaire. Qui affirme mensongèrement pouvoir éradiquer ce qui demeurera toujours au coeur des pratiques sociales et humaines. On tue un peuple et on détruit une société au prétexte de les guérir de l’heureuse maladie d’une humanité imparfaite.
Cette perception de la lutte des GJ et de son inévitable dégradation est lucide sans être humiliante pour eux. Elle est pertinente sauf à admettre que la finalité des GJ n’est même plus d’avoir des objectifs à atteindre – lesquels d’ailleurs ? – mais seulement l’aspiration à mener un combat qui même sans cause est de nature à justifier des destinées trop longtemps sous le boisseau. On ne sait plus pourquoi on se bat mais on se bat. Dans les GJ – la comparaison honore trop certains d’entre eux – il y a des Cyrano au petit pied qui banalisent les exigences de résistance et de revendication. Cyrano n’éprouvait pas de haine et se contentait de porter haut sa cocarde et sa singularité.
MO n’est pas « Gilet jaune » mais sa fine compréhension de ce phénomène inouï nous le rend en définitive plus acceptable, plus familier que ne l’aurait fait une adhésion jusqu’au-boutiste.
L’intelligence n’est jamais de trop pour appréhender aujourd’hui, ses avancées comme ses orages ou ses indignités.
En somme la belle-mère idéale. On en rêve.
Elle a rendu sa carte du PCF il y a 25 ans, Budapest c’était vraiment too much pour elle.
Puis elle a soutenu W. Bush, tout en faisant une carrière magistrale dans le Golgotha de gauche qu’est l’université française.
Une femme admirable, certes…
Mais d’autres intellectuels ont pris des sentiers moins sinueux. Notamment en Angleterre ou aux États-Unis.
Vous qui tous parlez anglais, voyez cet entretien magistral de Niall Ferguson, historien anglais, qui explique comment il a été viré des plus grandes universités américaines, toutes noyautées par une smala de gauche néo-marxiste, les « Democrats » comme on dit aujourd’hui.
On en a un peu soupé de tous ces anciens mao-trotskos qui nous ont chanté Mai 68 et qui aujourd’hui, pleins aux as, trouvent les Gilets jaunes odieux, « qui sont ces gens sur mon plongeoir ? », chantait Souchon.
https://m.youtube.com/watch?v=VKkNIOkGtnQ
Sans vouloir censurer Mona Ozouf, il me semble quand même que la Grande Peur, pour le moins, se situe dans l’immédiateté, et même dans l’irrationnel…
Quant aux révolutions, elles me paraissent beaucoup moins dirigées que vous ne le dites : ce ne sont ni Mirabeau, ni le duc d’Orléans qui ont fait celle de 1789.
Vous oubliez aussi que tous les révolutionnaires ne veulent pas changer la nature humaine, certains se limitent à la forme de l’Etat. Ces événements sont aussi le fait de gens qui réfléchissent et qui essayent de les fixer sur des principes… et qui ne sont pas forcément des idiots utiles.
Ainsi de Barnave, qui commence la Révolution lors de la journée des Tuiles et qui écrit trois ans plus tard : « On nous fait un grand mal quand on perpétue ce mouvement révolutionnaire qui a détruit tout ce qui était à détruire, qui nous a conduits au point où il fallait nous arrêter, et qui ne cessera que par une détermination paisible, une détermination commune, un rapprochement, si je puis m’exprimer ainsi, de tout ce qui peut composer à l’avenir la Nation française. Songez, Messieurs, songez à ce qui se passera après vous : vous avez fait ce qui était bon pour la liberté, pour l’égalité ; aucun pouvoir arbitraire n’a été épargné, aucune usurpation de l’amour-propre ou des propriétés n’est échappée : vous avez rendu tous les hommes égaux devant la loi civile et devant la loi politique ; vous avez repris, vous avez rendu à l’État tout ce qui lui avait été enlevé. De là résulte cette grande vérité que, si la Révolution fait un pas de plus, elle ne peut le faire sans danger ; c’est que, dans la ligne de la liberté, le premier acte qui pourrait suivre serait l’anéantissement de la royauté ; c’est que, dans la ligne de l’égalité, le premier acte qui pourrait suivre serait l’attentat à la propriété ».
Comme quoi, on peut être intelligent et avoir soutenu les pires atrocités !
Cette dame est impressionnante !
Ayant eu la joie de la rencontrer, j’ai ressenti chez elle une profondeur de pensée d’une densité rare .
La Bretagne, ma Bretagne, fournit régulièrement ce genre de personnalités enrichies de « composition française » : le granit lavé de vent, de pluie… et de soleil, résiste bien aux prédateurs urbains, en se moquant de leurs attaques superficielles !
Mona Ozouf ou la Belle Île au milieu de la mer d’Iroise !
Mona Ozouf et les recherches en doctorat, l’incontournable, à côté de Soboul, Dumas, Mommsen et Dressel, plus les autres modernes, de Leroi-Gourhan à Ménager ou de Lumley. Quelle tristesse de ne pas les citer tous.
Bon, alors, pour l’égalité, c’est loupé. Je hais l’égalité, le bonheur est dans l’inégalité qui fixe les buts à atteindre, dans un avenir comptable de génération ou dans la ligne brumeuse des descendances. Qu’allez-vous parler d’égalité à cette jeune femme khâgneuse qui joue Poulenc, les yeux au ciel, presque irréelle ou à ce jeune lieutenant de commandos qui filme une opération depuis son parachute et amerrit sur un caisson de flottaison, en pleine mer ?
Oui, l’égalité des chances ? Cela n’a pas de sens, puisque chacun a sa chance mais la néglige, parce qu’il n’est pas l’égal de celui qui attrape tout ce qui passe.
L’égalité est un mot restreint aux volontés de celui qui n’en parle jamais. Il faut trente-six ans de collège pour faire un gentleman, et un gentleman n’est pas obligatoirement une réussite.
Pourquoi l’égalité est-elle si souvent flanquée de la chance ? Etonnant, non ? On penserait que c’est la réussite qui est ainsi. En outre, celui qui a eu sa chance, offerte, tendue, et qui la laisse passer a-t-il droit à une seconde chance ? Comme les déconnectés de banlieue ou de beaux quartiers ? Ou alors n’a-t-il plus droit à rien ? Et la réprobation est alors lancée, pas de chance.
Non, l’égalité, c’est une question de volonté et l’amour de l’inégalité, c’est la reconnaissance de la valeur relative. Foin des inégalités de fortune ; la fortune est fille de gitan, elle passe. Sur les trois cents spartiates dénommés « eugènes », c’est-à-dire bien nés, seuls le quart avaient leurs « quatre quartiers ». Les autres ne sont pas distingués par l’histoire, pourtant.
La jeune porte-parole de l’Elysée, la meuf Ndiaye, est bien jolie et plutôt douée, elle a eu toutes les chances dans son berceau et même si le chemin emprunté ne fait pas miracle (réussir par la gauche UNEF et consorts a toujours un parfum de Hollande), elle a forcé sa chance malgré un bagage universitaire des plus communs. Donc, soyons sérieux, au départ, papa maman, ça fait pas très gauche, les bonnes écoles, un poil de faculté et en plus, la façon, la manière.
Je me souviens d’un affrontement universitaire vigoureux où le fin mot fut l’injonction de se faire agréger avant de juger. Intolérable, c’est vrai, mais garder la cible dans le viseur est une bonne incitation à la précision.
Etonnant que vous n’ayez pas noté cet avis inquiétant de Mona Ozouf :
« Plus tard, avec l’historien François Furet, votre ami, vous avez justement bataillé contre l’interprétation marxisante de la Révolution française, et ce fut l’occasion de batailles épiques. Aujourd’hui, on a l’impression que ce front est largement éteint. »
MO : « Pas tant que vous le croyez… Et ce qui me rend triste, c’est que les mêmes problèmes ressurgissent. La polémique a la vie dure. A l’université, on entend à nouveau les mêmes sornettes sur la Terreur comme purge salvatrice, non seulement comme une réponse aux circonstances de la guerre civile et étrangère, ce qui peut se plaider, mais comme une réponse adaptée et efficace, ce qui est absurde… Bref, je ne devrais pas le dire, mais j’ai souvent l’impression que, François et moi, nous avons rompu beaucoup de lances pour rien. »
Quatre sièges vacants.
Trente-six membres actuels.
Cinq femmes.
Trente et un hommes.
Madame, faites acte de candidature: le Quai Conti se grandirait de vous accueillir.
Je retiens ceci :
« Cette complaisance lassante à l’égard de ceux qui sont plus félicités pour avoir quitté le communisme que blâmés pour y avoir adhéré. »
« On ne sait plus pourquoi on se bat mais on se bat. »
Sur le premier point, les récipiendaires de ces félicitations n’ont même pas toujours quitté le communisme (je ne parle pas de Mona Ozouf).
Voir Edwy Plenel, qui, pas plus tard qu’hier, se félicitait d’avoir été trotskiste. Pourquoi ? Parce que « c’était une critique de gauche de l’Union soviétique ». Parce que « nous avons été les premiers à dire la vérité sur l’URSS ».
Mais à quoi bon avoir été les premiers à dire la vérité sur l’Union soviétique (admettons), si c’est pour prôner derechef le communisme ? Et qu’est-ce donc qu’une critique de gauche de l’URSS, sinon le bon vieux bobard selon lequel le stalinisme n’était pas le vrai communisme, et que celui-ci est toujours le but désirable ? (« Un autre monde est possible ».)
Autre escroc de ce type : Cornelius Castoriadis, qui a été effectivement parmi les premiers à « dire la vérité sur l’Union soviétique », mais qui a fondé une revue nommée… Socialisme ou Barbarie. Et qui n’a jamais renié cette vision, malgré les protestations récentes de « son ami » Luc Ferry (c’est lui qui le dit), lequel prétend (à tort) qu’il avait renié le marxisme. Luc Ferry, comme beaucoup d’autres, est censé être de droite.
D’une part elle relève une différence fondamentale entre 1789 et les GJ : ces derniers « ne rêvent pas d’avenir, ils sont dans l’immédiateté ».
C’est tout simplement parce que les Gilets jaunes – pour simplifier – voient et subissent de plein fouet le vrai visage de l’avenir radieux rêvé par les révolutionnaires de 1789 et par quelques autres à leur suite.
Et cet avenir, qui est pour eux un présent ainsi qu’une triste réalité et non pas un fantasme trompeur, est plus que sordide.
@ Savonarole | 01 avril 2019 à 15:39
« On en a un peu soupé de tous ces anciens mao-trotskos qui nous ont chanté Mai 68 et qui aujourd’hui, pleins aux as, trouvent les Gilets jaunes odieux, « qui sont ces gens sur mon plongeoir ? », chantait Souchon. »
« Pourquoi, un peu ? Pourquoi cette retenue ?
———————————-
@ genau | 01 avril 2019 à 16:43
« Pourquoi l’égalité est-elle si souvent flanquée de la chance ? »
Parce qu’il ne vous a pas échappé qu’entre l’égalité et soi, se trouve une quantité folle d’obstacles.
Ils ne sont pas tous l’effet du hasard mais bel et bien de l’action de votre « égal », qui n’a pas besoin de la chance puisque l’accompagnent ceux à qui il a susurré les mots qui font s’ouvrir large et béant un avenir radieux…
D’ailleurs, ce mot d’ « égalité » ne sert qu’à faire accroire toutes sortes de sornettes… puisque la nature qui a horreur du vide a surtout horreur de l’égalité, elle peut à la rigueur supporter les suites, les ondes, les fractales, la relativité, mais l’égalité, certes, non !
Les hommes sont de doux rêveurs, et leur mère douce et bonne leur a fait cette promesse, qui est un mensonge. Ils espèrent cette affection aveugle, alors que tous savent que c’est une illusion et nous aimons d’amour l’illusion, n’est-ce pas ?
C’est la raison pour laquelle de grands hommes et de grandes femmes, lorsqu’ils lisent le mot « égalité », imaginent la Justice, voyez, ici, Agrippa d’Aubigné
Je veux peindre la France une mère affligée,
Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée.
Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts
Des tétins nourriciers ; puis, à force de coups
D’ongles, de poings, de pieds, il brise le partage
Dont nature donnait à son besson l’usage ;
Ce voleur acharné, cet Esaü malheureux,
Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux,
Si que, pour arracher à son frère la vie,
Il méprise la sienne et n’en a plus d’envie.
Mais son Jacob, pressé d’avoir jeûné meshui,
Ayant dompté longtemps en son cœur son ennui,
À la fin se défend, et sa juste colère
Rend à l’autre un combat dont le champ et la mère.
Ni les soupirs ardents, les pitoyables cris,
Ni les pleurs réchauffés ne calment leurs esprits ;
Mais leur rage les guide et leur poison les trouble,
Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble.
Leur conflit se rallume et fait si furieux
Que d’un gauche malheur ils se crèvent les yeux.
Cette femme éplorée, en sa douleur plus forte,
Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte ;
Elle voit les mutins tout déchirés, sanglants,
Qui, ainsi que du cœur, des mains se vont cherchant.
Quand, pressant à son sein d’une amour maternelle
Celui qui a le droit et la juste querelle,
Elle veut le sauver, l’autre qui n’est pas las
Viole en poursuivant l’asile de ses bras.
Adonc se perd le lait, le suc de sa poitrine ;
Puis, aux derniers abois de sa proche ruine,
Elle dit : « Vous avez, félons, ensanglanté
Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté ;
Or vivez de venin, sanglante géniture,
Je n’ai plus que du sang pour votre nourriture !
Agrippa d’Aubigné, Les Tragiques, Livre I, Misères, vers 97 à 130.
@ Robert Marchenoir
« Voir Edwy Plenel, qui, pas plus tard qu’hier, se félicitait d’avoir été trotskiste. Pourquoi ? Parce que « c’était une critique de gauche de l’Union soviétique ». Parce que « nous avons été les premiers à dire la vérité sur l’URSS ». »
L’une des plus belles escroqueries historiques ! Trotski a eu la malchance (?) de perdre contre Staline. Mais soyons bien certains que si le contraire s’était produit, le régime soviétique n’en eut pas été moins brutal !
Souvenons-nous que Trotski du haut de son train ne faisait pas dans la dentelle.
Notre hôte cite Mona Ozouf concernant les Gilets jaunes. J’espère qu’il a vu la magnifique interview qu’elle a accordée à Karim Rissouli concernant la question des prénoms que lui-même, accompagné de R. Ménard et E. Zemmour (« belle » compagnie !) souhaitent choisis du calendrier catholique. Elle leur répond magnifiquement. Une claque pour ces trois messieurs:
Mona Ozouf: « Cela pose au fond la question qui est celle de l’identité française. Ça veut dire que lorsque l’on adopte la France… on adopte une certaine idée de l’universel, parce que la France est cette nation qui pense posséder l’universel dans sa particularité. Une nation missionnaire.
Mais on peut en effet aimer cette universalité parce que cette ambition de l’universalité est plus noble que le repli sur la particularité. La seule question qui se pose est de savoir si on peut être à la fois fidèle aux valeurs universelles… tout en chérissant sa part d’héritage particulier… Et je crois qu’il faut nous habituer à l’idée que nous pouvons à la fois adorer la particularité de nos appartenances, nos appartenances à partir desquelles nous avons construit notre personnalité, et le fait d’appartenir à un ensemble humain plus vaste ».
K. Rissouli: « Je vous confirme, on peut s’appeler Karim et se sentir pleinement français. »
MO: « On peut parfaitement s’appeler Karim et se sentir Français et s’appeler Mona et n’avoir aucune tentation centrifuge. »
Merci madame Ozouf.
Bonjour,
Quand Mona Ozouf affirme dans cet entretien qu’on ne lui fera jamais dire que c’était mieux avant, il me semble qu’elle n’y fait référence qu’à ce considérable changement ayant permis aux femmes le recours à la contraception et échapper dans le même temps à l’abjection de l’avortement clandestin effectué dans l’effroi total dû aux conditions d’illégalité et de précarité sanitaire.
Je ne sais pas si Mona Ozouf rejette totalement les temps « d’avant ».
J’en serais étonné. Si j’en crois ce qu’il m’a semblé percevoir de sa personnalité dans cet article, elle ne peut adhérer à cette posture désormais commune où l’on rejette sans nuance le présent pour glorifier le passé ou à l’inverse dénoncer les anciennes valeurs bousculées par les modes de vies actuels que l’on entend épouser exclusivement.
« Pour ma part, l’une des réflexions les plus pertinentes qui ait été portée sur ce mouvement, me paraît être celle de Mona Ozouf :
« Par-delà les similitudes, il y a pourtant une différence fondamentale entre 1789 et l’actuel mouvement des Gilets jaunes : ces derniers ne rêvent pas d’avenir, ils sont dans l’immédiateté. Les femmes et les hommes qui entraient en révolution en 1789 héritaient des Lumières et avaient de grandes idées sur ce que pouvait être une société parfaite. » (Entretien dans Le Monde du 23 mars)
Rédigé par : Marc GHINSBERG | 24 mars 2019 à 14:11 »
Il est toujours prétentieux de se citer soi-même, mais en la circonstance je n’hésite pas, il n’est pas si fréquent d’être à ce point en avance sur un billet.
Je partage les sentiments d’estime que vous portez à Mona Ozouf. Sa fine analyse du mouvement des Gilets jaunes contraste avec les inconditionnels des révolutionnaires du samedi. Je pense notamment à Étienne Chouard qui voit des complots partout : https://www.programme-television.org/news-tv/VIDEO-Pascal-Praud-reprend-Etienne-Chouard-sur-la-theorie-du-complot-Vous-etes-serieux-4633531
et au président de Sud Radio, Didier Maïsto, qui se reconnaîtra dans votre propos : « Mona Ozouf n’est pas « Gilet jaune » mais sa fine compréhension de ce phénomène inouï nous le rend en définitive plus acceptable, plus familier que ne l’aurait fait une adhésion jusqu’au-boutiste. »
Il y aurait beaucoup à débattre sur la question réformisme-révolution que vous esquissez :
« Ces observations, à mon sens, constituent le plus bel éloge qui soit de la démarche réformiste et montrent bien la supercherie intellectuelle et démocratique de tout processus révolutionnaire. »
Il faudrait convoquer Alexis de Tocqueville et Hegel entre autres. Ce sera pour une prochaine fois.
Tout le monde peut se tromper, surtout faire des erreurs de jeunesse. Combien de trotskistes (Jospin, Cambadélis, Dray, Goupil, etc.) d’hier méprisent maintenant farouchement le mouvement des GJ, ils se revendiquent de cette gauche bien-pensante et humaniste et donc immigrationniste. Ils ont gardé la vision de l’Internationale socialiste de Trotski, qui n’a plus de social que le nom.
Je ne connais pas suffisamment Mona Ozouf pour dire qu’elle aussi a gardé les principes sociétaux du communisme.
« Je n’ai que trop tendance à aller sur cette pente d’un déclinisme qui ne me paraît pas, il est vrai, toujours erroné si on examine sur le long terme l’évolution de notre pays, de ses institutions, de ses pouvoirs, de ses comportements singuliers et collectifs. Il ne me semble pas que le fil du temps ait été inéluctablement porteur de progrès en nous entraînant vers le meilleur. »
Ce qui était mieux avant, c’était les relations humaines aujourd’hui bafouées par un communautarisme exacerbé d’une part et par un appétit démesuré de l’argent d’autre part.
Ce qui est mieux maintenant c’est une grande liberté de vie personnelle.
Néanmoins, c’est quand même cette liberté des comportements qui amène à un délitement de la société.
A l’école, élèves et parents d’élèves ont le droit de tout et oublient les devoirs élémentaires, le respect des autres dont celui envers les enseignants, les amenant parfois jusqu’au suicide.
Dans la vie courante, ce sont les incivilités quotidiennes qui empoisonnent les rapports entre collègues, voisins, inconnus dans les transports en commun et autres lieux publics.
Les droits avant les devoirs, faute de respect élémentaire mais aussi de sanctions.
Et ce n’est pas l’apanage des petites gens, du commun des mortels, nos ministres ou élus se comportent parfois de la plus vulgaire des façons, faisant fi des institutions, de la politesse élémentaire.
Ainsi, lorsque Mme Sibeth Ndiaye s’exprime en langage banlieue, alors que l’Elysée est censé donner le ton en matière de vocabulaire, de bonnes manières, c’est toute la France qui sent un dévoiement, un relâchement des us et coutumes.
Par contre, si effectivement l’égalité réelle n’existera jamais, le communisme en a fait la démonstration et qu’il est illusoire et démagogique de vouloir niveler les classes sociales, chacun étant différent, nous savons que les plus débrouillards, les plus intelligents, les plus chanceux aussi seront toujours devant, il est du devoir des politiques élus de réduire les inégalités au minimum. Le système fiscal par exemple à lui seul démontre aujourd’hui des inégalités criantes. Le système social également.
A titre d’exemple, depuis des années, on peut constater qu’un salarié avec un travail parfois difficile (trajet, profession, horaires…) qui perçoit un salaire et paie des impôts gagne moins qu’une personne au chômage ou au RSA avec de multiples allocations qu’elle ne déclare pas.
Ensuite des situations familiales permettent de réduire ses impôts par rapport à des situations plus établies.
De modestes salariés ou petits retraités cotisent à la Sécurité Sociale et à une mutuelle alors que des personnes sont mieux garanties en bénéficiant de la CMU ou de l’AME.
Etc, etc.
On peut donc dire qu’en dehors d’inégalités fortuites et inévitables et des inégalités dues au système social pervers, le rôle de nos dirigeants politiques a une importance bien réelle.
Par ailleurs, les Gilets jaunes (que je distingue toujours des vrais casseurs) comprennent clairement que l’Etat dépense sans compter devant leurs yeux et réclament la part du gâteau. C’est on ne peut plus humain.
Au-delà d’une grande intelligence, d’un langage exceptionnel, les propos de Mona Ozouf traduisent subliminalement la doctrine communiste (remise au goût du jour) dans laquelle elle a été formée durant toutes ses années d’études.
Il n’est nul besoin d’avoir son remarquable parcours pour apprécier que le mouvement des Gilets jaunes, dans ses premières semaines, n’est pas révolutionnaire mais plutôt sociétal. Franchement cher P. Bilger !
Quant à sa phrase « On ne me fera jamais dire : c’était mieux avant », toujours cet optimisme communiste des « lendemains qui chantent » ! J’attendais, compte tenu de son intelligence, une phrase plus nuancée.
Cordialement.
« D’une part elle relève une différence fondamentale entre 1789 et les GJ : ces derniers ne rêvent pas d’avenir, ils sont dans l’immédiateté. »
Ce qui distingue la révolution de 1789 de la révolte de 2018-2019 est surtout la différence de classe sociale des leaders de ces deux époques.
Il suffit de regarder les cursus :
* J-P Marat était médecin, physicien et journaliste.
* Maximilien Robespierre était avocat.
* Georges Jacques Danton était avocat issu de la bourgeoisie de robe et de finance.
* Louis Antoine Léon de Saint-Just était le fils d’un capitaine de cavalerie. Il a fait des études de droit.
* Camille Desmoulins était avocat et journaliste.
* Fouquier-Tinville issu d’une vieille famille bourgeoise était notaire.
Rien à voir avec les « figures » des Gilets jaunes incapables de s’exprimer correctement en français :
* Maxime Nicolle, ancien taulard.
* Eric Drouet chauffeur routier qui ne sait même plus où il a garé son camion.
* Jérôme Rodrigues chômeur longue durée.
* Priscilla Ludosky vendeuse de cosmétique bio.
* Ingrid Levavasseur aide-soignante.
* Jacline Mouraud accordéoniste musette et chasseuse de fantômes.
* Jean-François Barnaba fonctionnaire sans affectation payé 2 600€ / mois à ne rien faire.
Les premiers savaient exprimer leurs revendications sur une tribune et l’ont tous payé au prix de leur vie.
Les seconds se servent des réseaux sociaux pour déverser leurs infox et ameuter leurs fans qui déjà croient au grand soir.
Ils veulent tout et n’importe quoi, tout de suite, sans se soucier de leurs invraisemblances, avec pour tout slogan « Macron démission ! » « on ne lâche rien ! » qu’ils nous déballent tous les samedis depuis quatre mois.
Le moindre bobo se traduit aussitôt par des cris d’indignation devant des médias qui rajoutent de l’huile sur le feu vu que c’est bon pour l’audimat.
Je ne dirais pas, moi non plus, que c’était mieux avant, mais en ce moment le pire est devenu notre quotidien.
@ Achille | 01 avril 2019 à 21:50
Et vous croyez ça drôle… sur le tempo de l’histoire de Coluche
https://www.youtube.com/watch?v=ANBy-wQRq8o
Surtout lorsque vous poursuivez :
« Les premiers savaient exprimer leurs revendications sur une tribune et l’ont tous payé au prix de leur vie ».
En s’auto-éliminant car leur classe sociale n’a rien fait à l’affaire les concernant…
Je n’ai jamais lu quoi que ce soit de Mona Ozouf.
C’est sans doute un tort mais je survivrai à ça aussi. Je sais juste que j’ai dû l’entendre dans Répliques de Finkie une fois ou deux sur France Culture et j’imagine que j’ai dû tomber dessus en zappant dans 28 minutes d’Arte, donc en passant vite fait sur un trou noir intellectuel télévisuel français de plus, mais je ne sais plus à quel propos ce qui veut dire qu’elle ne m’a pas laissé un souvenir impérissable.
Remarque, très peu m’en laissent ces derniers temps surtout s’ils ne sont pas musiciens ou une belle femme. « Chacun voit midi à sa porte ».
Donc je ne savais pas grand-chose de Mona Ozouf avant ce billet de M. Bilger et il semble que je ne manquais rien vu qu’elle affirme: « On ne me fera jamais dire: c’était mieux avant ».
Par exemple, j’affirme que la musique moderne était bien meilleure entre, allez, 1950 et 1975, que maintenant et je ne parle même pas de la musique classique qui était largement meilleure les siècles précédant le XXe.
Aucune contestation possible dans ce domaine.
On pourrait même dire que la littérature qui n’est certainement pas mon sujet de prédilection était « bien mieux avant » mais c’est un domaine où il faut laisser le temps au temps si je puis dire donc on verra.
Qu’en est-il de la peinture et de la sculpture, bref, des ARTS en général qui sont sans doute la seule particularité de l’humanité par rapport à l’animal ?… n’étaient-ils pas « mieux avant » ? Je le crois et en suis même certain.
Et il y a sûrement d’autres domaines qui m’échappent sur le moment où on pourrait dire assurément que « c’était mieux avant ».
Je passe vite fait sur probablement l’anachronisme du siècle, donc une des pires c*nneries du siècle: « D’une part elle relève une différence fondamentale entre 1789 et les GJ : ces derniers « ne rêvent pas d’avenir, ils sont dans l’immédiateté ».
Parce qu’évidemment, le peuple parisien qui a pris la Bastille pensait déjà à la Révolution, Danton, Robespierre, la Terreur, la République et tout et tout… On est en plein délire là. C’en devient risible.
Donc dire « JAMAIS je ne dirai que c’était mieux avant » n’est que la preuve d’une profonde stupidité parce que ça exprime un manque d’ouverture d’esprit ce qui est le comble quand on se prend pour un(e) intello.
Remarque, ce n’est ni la première ni la dernière qui croit que parce qu’elle a un bon score à un test de QI et sait faire des mots croisés compliqués, elle est « intelligente » et se prend pour une intello, les cimetières sont remplis à ne plus savoir où les mettre de ce genre de « grands personnages », et malheureusement ce n’est ni la première ni la dernière médiocre qui a ses fans du genre de M. Bilger.
Ce qui est dingue, c’est de penser qu’il suffirait que les gens arrêtent d’admirer des médiocres pour que le monde aille mieux mais évidemment c’est impossible parce que ça voudrait dire que ces gens passent du stade de la nullité pure et simple à celui de « juste » médiocre et donc réalisent qu’en fait la « montée de marche » n’était pas si grande et que les médiocres n’étaient pas si géniaux que ça et qu’il n’y a pas de quoi grimper aux rideaux.
C’est sûr qu’aux yeux d’un nul, un médiocre a toujours l’air d’un génie.
Et c’est un champion de la médiocrité qui le dit.
« On ne me fera jamais dire : c’était mieux avant »
Tant mieux car c’est une remarque ridicule du point de vue d’un témoin de ce que fut avant, le temps de neuf décades en attendant le siècle.
Comment des gens peuvent-ils juger un avant qu’ils n’ont pas connu ?
Il y a eu du « mieux avant », surtout en matière de courtoisie et d’espace vital, mais il y a eu bien pire avant, genre WW1 et WW2 en à peine un siècle, le temps d’une vie aujourd’hui.
Il y a beaucoup de mieux maintenant : le confort, l’éducation universelle, la santé, les conditions de travail, les vacances… mais nous ne sommes pas en mesure d’apprécier la chose faute de connaître l’avenir !
Si l’on s’en tient à l’Evolution, l’avenir devrait être meilleur, il l’a été de façon continue depuis homo erectus !
Seul vrai côté négatif : nous devenons trop nombreux et vivons trop longtemps pour la taille de la Planète, certainement pas plus malheureux.
@ Pierre Blanchard | 01 avril 2019 à 22:28
Très drôle. J’aimais bien Coluche. Je me demande bien ce qu’il dirait sur les Gilets jaunes, s’il vivait encore. L’inventeur des Restos du cœur savait être saignant avec les bonimenteurs de foire.
Ce que je voulais simplement dire, c’est que la Révolution n’a pas été conduite par les sans-culottes (les Gilets jaunes de l’époque) mais par des bourgeois, voire quelques gentlemen de la petite noblesse, largement inspirés par Voltaire, Rousseau et les Lumières. Ils disposaient d’une certaine culture et de neurones en bon état de fonctionnement.
Ils se sont auto-détruits, certes. Mais c’est exactement ce que font les « figures » des Gilets jaunes depuis quatre mois. La différence c’est qu’ils n’utilisent pas la guillotine, mais les médias.
Le mouvement des Gilets jaunes s’auto-entretient par un refus du système dont ils se sentent exclus, mais ils sont bien incapables d’en proposer un autre mieux adapté à leurs exigences. On a vu ce qu’ont donné les régimes qui ont érigé l’égalité comme principe absolu (bref, le communisme). Ce sont tous devenus des dictatures.
La démocratie offre aux citoyens les mêmes droits, mais l’égalité n’existe pas, chacun de nous disposant de sa personnalité et des capacités intellectuelles qui lui sont spécifiques.
La société des fourmis de Bernard Werber n’est pas la nôtre et heureusement !
L’histoire de l’humanité est une suite de révolutions. Néolithique d’un continent à l’autre, les grands migrations indo-européennes, dont l’une d’elles donnera naissance à l’Empire romain, l’avènement du christianisme, ladite « Renaissance » et la fin de la spiritualité, et là, Mona Ozouf vogue sur la superficie des choses.
L’inégalité surgit lorsqu’on songe à sortir de sa condition, et ce faisant en reniant le père. La richesse du paysan était de tenir l’outil de son grand-père et non de lui dire implicitement qu’il était un pauvre idiot en achetant un tracteur.
Le soixante-huitard qui est en « faculté » ne croise plus le regard du père qui n’a que son certificat d’études, et de plus le traite implicitement de pauvre idiot en lui disant qu’il ne croit pas en Dieu.
Mais dès lors, celui qui a renié son père reniera la notion même de père, et le « parvenu » qui ne se satisfait pas de l’outil de son père ne sera jamais assez riche pour être heureux.
Alors la notion même de bonheur n’est plus de ce monde, et après la transition illusoire de l’être suprême socialiste, la peur du gouffre autour duquel on tourne rond, l’enfer.
« La République des juges » ou « Le coup de pied de l’âne »
Ulcérée – semble-t-il – d’avoir été écartée dans l’affaire Tapie/Crédit Lyonnais au profit d’un arbitrage privé, la corporation des juges tient sa revanche : réquisitoire très sévère dans cette affaire (5 ans de prison pour Tapie, etc.). Il paraît même, selon la presse, que le procureur donnait dans le boulevard pendant sa prestation !
Et ce, sans le moindre début de preuve(s) : des présomptions, simplement des présomptions. Un faisceau de présomptions serait-il une preuve ? Confirmation de la souplesse intellectuelle de la profession ?
Le tout, en liaison avec certains de leurs collègues de Bercy (les fameux liens invisibles dont tout un chacun parle, mais que personne ne nomme !).
La République des Juges ? Quelle profession !
Cordialement cher P. Bilger.
Petit complément d’information.
Mona Ozouf a participé à l’émission C Politique de France 5, pendant laquelle elle a donné son opinion sur le mouvement des Gilets jaunes.
Elle l’a fait avec la lucidité de l’historienne de qualité qu’elle est, mais aussi avec une humanité surprenante.
Voici le lien qui permettra d’entendre toutes les facettes de sa vision.
Si vous ouvrez le lien, après 80 secondes de publicité incontournable, allez directement à la minute 48 où elle aborde ce sujet, et pendant quelques minutes elle tient des propos extrêmement nuancés, où apparaît derrière la lucidité historique, une certaine compassion pour les GJ, et aussi une compréhension du mouvement, sans sombrer dans une approche manichéenne.
https://www.france.tv/france-5/c-politique/c-politique-saison-10/932915-c-politique.html
Elle parle de l' »impossibilité de se figurer un avenir » pour les GJ en ajoutant « nous en sommes tous là » et un peu plus loin elle dit encore « aucun horizon ne se dessine », ce qui n’est pas rien de la part d’une historienne.
Ce qui ne veut pas dire qu’elle l’approuve, mais qui prouve qu’on peut faire de ce mouvement original pour notre temps, une lecture humaniste.
Sur ce complément d’information qui me paraissait utile dans le débat, je retourne à ma charrue, en saluant tous ceux avec qui j’ai échangé aimablement.
L’idée de comparer les GJ avec les révolutionnaires de 1789 me paraît déjà artificielle. Mais la réponse de Mona Ozouf encore plus, et aussi réductrice bien sûr.
Je discutais avec un père de famille étranger qui s’inquiétait pour l’avenir de ses enfants et qui disait : il n’y a plus de place pour les gens moyens (études, responsabilités, adaptabilité au changement, revenus), ils sont inutiles. Si on n’appartient pas à l’élite, on ne sert plus à grand-chose, on est en trop, on n’a plus sa place (mais l’a-t-on jamais vraiment eue ?).
Comme quoi, il n’y a pas qu’en France que l’on s’inquiète. Je ne sais pas si c’est à tort ou à raison.
Je lui faisais remarquer que pour qu’il y ait une élite, il faut qu’il y ait beaucoup de gens « moyens » , sans quoi le mot « élite » n’a pas de sens. Il reconnaissait que c’était un paradoxe, une situation vide de sens et sans issue, mais cela ne faisait qu’ajouter à son inquiétude. Au vu des résultats scolaires, l’un de ses enfants fera partie de l’élite, l’autre se débrouillera comme il pourra.
Je me demande s’il est raisonnable d’envisager le monde autrement que radicalement séparé entre les gens qui ne sont rien et ceux qui sont quelque chose, mais cela paraît essentiel quand on gouverne et quand on essaye de préparer l’avenir du pays. La France avait la réputation d’un endroit où il faisait bon vivre, et où l’on était encore quelqu’un si l’on était travailleur, honnête et paisible, qu’on appartienne à l’élite ou pas. C’est ce deuil qui est impossible à faire.
@ Achille
« Ce que je voulais simplement dire, c’est que la Révolution n’a pas été conduite par les sans-culottes (les Gilets jaunes de l’époque) mais par des bourgeois, voire quelques gentlemen de la petite noblesse, largement inspirés par Voltaire, Rousseau et les Lumières. Ils disposaient d’une certaine culture et de neurones en bon état de fonctionnement. »
Mais ces bourgeois – et même ces aristocrates dévoyés – qui donnaient dans les « idées nouvelles » ont utilisé les sans-culottes ou assimilés comme leur bras armé pour mettre en œuvre leurs coupables desseins.
Par exemple, l’épisode de la conduite à Paris de la famille royale, abusivement présenté comme un mouvement populaire spontané, a été organisé d’en haut.
Par la suite, comme pour tout golem, il est arrivé que leur créature ait échappé à ses maîtres.
Par ailleurs, le fait de disposer d’une certaine culture et de neurones en bon état de fonctionnement ne pourra pas garantir de bons résultat si tout cela n’est pas dirigé vers le Bien, le Beau et le Vrai et dans le respect d’un minimum de valeurs morales.
Cela continue de se vérifier à notre époque avec les fausses élites sans foi ni loi qu’elle secrète trop souvent.
À propos du fameux « c’était mieux avant », voici ce que Jean d’Ormesson écrit dans « Au Plaisir de Dieu » :
« Talleyrand : « Quiconque n’a pas vécu avant 1789 n’a pas connu la douceur de vivre ». 1789 fut successivement remplacé par 1830, par 1948, par 1870, puis par 1900, par 1914, par 1929, par 1939. Il me semble aujourd’hui que nous étions encore drôlement heureux entre 1945 et 1965 ou 1970. À des détails comme celui-là, je comprends que j’ai vieilli. »
Mais l’égalité réelle est déjà là dans l’Open source, le Vélib, Airbnb, le Flex office, etc.
Hier, il y avait ma licence, mon vélo, mon appartement, mon bureau, etc. mais tout cela disparaît progressivement. La propriété meurt tout doucement. La fin de votre monde n’est pas la fin du monde, et c’est cela qui vous met en panique.
L’avenir est à gauche, la Révolution continue sa route, soit vous lui ouvrez les bras, soit elle vous piétinera sans aucune hésitation.
Je ne m’épargne pas puisque j’ai l’impression que Mona Ozouf, que je n’ai jamais rencontrée, s’adresse à moi pourtant quand elle affirme : « On ne me fera jamais dire : c’était mieux avant ».
En URSS, une femme s’adresse à sa petite-fille :
– Natacha, on a dû t’apprendre à l’école comment nous vivrons quand nous aurons atteint le communisme, pourrais-tu me l’expliquer ?
– Eh bien grand-mère, quand nous aurons atteint le communisme les magasins seront pleins, il y aura du beurre, de la viande, des saucisses, du pain et bien d’autres choses encore, tu auras la possibilité d’acheter tout ce que tu veux…
– Ah, s’écria la vieille femme joyeusement, tout comme sous le Tsar !
@ boureau | 02 avril 2019 à 07:18
« …des présomptions, simplement des présomptions. Un faisceau de présomptions serait-il une preuve ? »
Que disait Philippe Bilger déjà à propos des ‘casseroles’ de Sarkozy ? 😉
Je ne reviendrai pas sur les revendications des Gilets jaunes, vivre, vivre tout simplement du fruit de son travail, vivre, manger jusqu’à la fin du mois sans redouter le jour où l’on ouvre la porte du frigo et que ce soir on se contentera de « pringas » (*).
Ce n’est pas compliqué à entendre, vivre de son travail, boucler ses fins de mois même frugalement, mais bon sang les boucler en travaillant, pour cela pas besoin de grand débat, juste mettre la main à la poche et ponctionner les 1% qui représentent 30% du PIB et l’explosion des dividendes. Un CICE inepte qui n’a fait que gonfler ceux-ci, il fallait bien être Président pour l’appliquer.
Rassurez-vous ils n’iront pas voir ailleurs, ils aiment trop le pays qui leur garantit la sécurité des infrastructures et l’équilibre de la justice. Les Majors sont en France, la qualité de l’encadrement est là et à la pointe du combat.
Les tricheurs sont connus, un état de droit n’aura pas le bras qui tremble.
Souvent des femmes, soignantes pour certaines, enfants à charge et rien à espérer elles se fichent de la fin du monde, elles pensent fin du mois, s’habiller, se nourrir, et travailler, pas plus, et des politiques depuis des décennies qui ne voient rien venir, aveugles de leurs intestins bien nourris, imbéciles de réflexion.
Pas un pour racheter l’autre.
Il me sort par le nez, je l’ai encore entendu ce matin à la radio, François Hollande et des crétins qui voudraient que les anciens de son calibre participent à la vie publique, « l’expérience » disaient-ils, on a vu le désastre où ils nous ont menés, l’écrasement d’une société et une fracture consommée.
Qu’il s’en aille ! Le pays n’a pas besoin de lui ni d’autres, nous sommes les pleureuses de l’Europe à vouloir toujours nous tourner vers ce qui nous a conduits au désastre.
L’attelage du moment Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron, paraît-il, comme si le premier nous avait sauvés du déluge, incapable de franchir les primaires dans son propre camp et nous devrions nous pencher sur ses augures ? Nous sommes pris par les médias officiels pour des idiots.
Pauvre République, politique de boîtes de conserve dont la date de péremption est dépassée et qu’il faudrait encore consommer ; et l’ouvre-boîte Pépère pour entreprendre ce qu’il n’a jamais réussi à faire, ouvrir les tiroirs de l’intelligence de présider.
Mongénéral doit être bien triste, Georges Pompidou aussi, toutes ces hirondelles pour un printemps que le pays attend toujours.
(*) Pringas : le croissant de celui qui vit frugalement : cuire du pain dur à l’huile, une fois égoutté le saupoudrer de sucre et tremper avec son café au lait, recette de grand-mère.
Il est toujours aisé de tenir des propos distanciés et pondérés lorsqu’on appartient à l’élite.
L’idée de parvenir à l’égalité est devenue effectivement totalement chimérique depuis qu’une classe ultraminoritaire qui ne paye pas d’impôt s’est emparée des richesses et du pouvoir en corrompant les politiques qu’elle a réussi à faire installer (élire) aux postes de commande (Macron, Incompétent Ier) et en contrôlant les canaux d’information.
Lors du « grand » débat, la question posée et formulée très clairement par Jean Pisani-Ferry sur la réforme de la fiscalité et tout simplement la nécessité de mettre en oeuvre les mesures nécessaires pour parvenir à plus d’équité fiscale n’a reçu aucune réponse de la part du roitelet capricieux.
La journée de l’autisme est d’ailleurs entièrement dédiée à ce dernier.
Et tout ça bien sûr, mais est-il encore besoin de le rappeler, dans l’indifférence et l’esprit de corruption plus ou moins passive de la quasi-totalité des gens de médias.
Qui se soucie aujourd’hui du procès Tapie et de l’arbitrage truqué et d’une manière générale de ces fortunes bâties malhonnêtement grâce à l’argent public au temps où le Crédit Lyonnais et la Société Générale étaient des banques publiques ? Qui parle d’Uramin ?
Que connaissent les Ozouf, Ferry, Bruckner et autres Enthoven de pacotille à la réalité exprimée par les GJ ?
Dans les années 70 et 80, les prétendus intellectuels s’asseyaient sur le réel au nom de l’idéologie. Ils avaient au moins ça pour faire plus ou moins bonne figure. Aujourd’hui, tout ces gens sont nus et ne sont vraiment pas beaux à voir.
Ils sont même affreusement laids tous ces intellectuels de cour (et non pas de courage) prêts à faire reluire tout ce qui bouge pourvu que cela leur permette d’accéder à la crème du petit cercle des parvenus.
A mon sens, M. Bilger, la seule façon pour les GJ de s’inscrire dans un processus de type 1789, ce serait de provoquer une réaction anti-anarchique totalement irrationnelle qui aurait des conséquences encore plus destructrices que les GJ eux-mêmes.
C’est ainsi qu’a débuté la Grande Peur de l’été 1789. Les théories du complot fonctionnaient déjà à l’époque, et se répandaient très vite.
Mais on n’en est pas là, et une des différences avec 1789, c’est qu’il n’y avait pas alors d’échéances électorales proches… N’empêche qu’une Nuit du 4 août l’année prochaine aurait un côté caustique. Je verrais bien Laurent Wauquiez demander le rétablissement de l’ISF, puis proclamer Emmanuel Macron restaurateur de la liberté française.
@ Marc GHINSBERG | 02 avril 2019 à 11:59
Talleyrand était un expert en douceur de vivre à grands frais… des autres ! Il en oublie quelques guerres, famines, choléra, jacqueries, quelques coups de poignards et coupe-gorges ici et là (ce n’est pas une invention de Daech) !
Dommage que l’histoire ne nous dise pas comment vivait le pékin ordinaire avant 1789, le problème étant qu’ils étaient tous illettrés comme nous le confirmerait Emmanuel Macron. Situation qui a conduit à 1789, oublie encore Talleyrand, quand faute de gilets jaunes les pékins se sont révoltés sans culottes, eux aussi avaient déjà leurs casseurs.
Rien de nouveau dans ce monde.
Nous avons même notre Talleyrand, notre Diable Diplomate : BHL !
Déjà un problème d’élites (pré-ENA) !
@ Lucile | 02 avril 2019 à 11:36
« Il n’y a plus de place pour les gens moyens (études, responsabilités, adaptabilité au changement, revenus), ils sont inutiles. »
Ce que vous évoquez est en effet une tendance mondiale, due justement à la mondialisation.
Les meilleurs, sur tous les critères, ont accès à des opportunités mondiales à une échelle jamais vue auparavant. Mais cela signifie aussi que les autres, c’est-à-dire la plupart des gens, sont en concurrence avec un nombre beaucoup plus grand de personnes.
Concrètement : n’importe quel diplômé français est en concurrence avec les meilleurs diplômés chinois. Et comme le vivier d’origine dépasse le milliard…
Cette évolution est irréversible à court terme, et même à moyen terme. Le but d’un éventuel combat politique ne peut donc pas être de « lutter contre la mondialisation », ce qu’on ne peut pas faire, pas davantage qu’on ne peut « lutter contre le changement climatique » ; il doit être de s’y adapter, en faisant en sorte qu’elle bénéficie le plus possible au plus grand nombre.
Il n’y a pas de recette magique en la matière. Mais mettre fin au socialisme hexagonal, qui constitue une sorte de record mondial et nous handicape gravement dans cette concurrence, serait un bon début. Sans parler de l’immigration de masse, bien entendu.
« La France avait la réputation d’un endroit où il faisait bon vivre, et où l’on était encore quelqu’un si l’on était travailleur, honnête et paisible, qu’on appartienne à l’élite ou pas. »
C’est une réputation rétrospective. Méfiez-vous des anachronismes. Vous seriez surprise de savoir en quoi consistait le « bon vivre » d’hier, si vous examiniez objectivement la question.
______
@ Xavier NEBOUT | 02 avril 2019 à 07:08
« L’inégalité surgit lorsqu’on songe à sortir de sa condition, et ce faisant en reniant le père. La richesse du paysan était de tenir l’outil de son grand-père et non de lui dire implicitement qu’il était un pauvre idiot en achetant un tracteur. »
Donc en fait, toute tentative d’ascension sociale (ou de simple progrès) est une insulte faite par les fils à leur père (les filles ne comptent pas, apparemment). D’ailleurs, les pères ne sont pas fiers de la réussite sociale de leurs enfants. Vous êtes vraiment un fanatique illuminé.
Vous êtes en train de nous faire la promotion du communisme, en plus : les pauvres doivent rester pauvres, parce que sinon ils créent l’inégalité, et en plus ils insultent leur père et par conséquent ils insultent Dieu.
Vous êtes en train de nous faire la promotion d’une société où l’essentiel des gens grattent le sol en crevant la dalle. Inutile de dire que vous, vous n’êtes pas dans ce cas.
Votre arrière-arrière-grand’père, il était agent immobilier ?
@ Claude Luçon | 02 avril 2019 à 17:44
Il y en a un autre qui écrivait :
Le Peuple autrefois il avait, pour patienter, la perspective du Paradis. Ça facilitait bien les choses. Il faisait des placements en prières. Le monde tout entier reposait sur la résignation des pauvres “dixit Lamennais”. Maintenant il se résigne plus le pauvre. La religion chrétienne est morte, avec l’espérance et la foi. « Tout en ce monde et tout de suite ! ». Paradis ou pas !…
Allez gouverner un petit peu dans des conditions pareilles !… Ah ! C’est infernal ! Une horreur ! Je veux bien l’admettre. La preuve c’est que personne n’y arrive plus.
Le peuple il a pas d’idéal, il a que des besoins. Le damné il est pas commode faut qu’on l’éclaire et bougrement, pour qu’il s’élance aux barricades, qu’il commence à faire le fou.
Il préfère, lui, la vie de famille, l’autobus et les meetings. Au fond il aime pas les histoires. C’est un conservateur fini. Voter ça devrait bien suffire, voilà ce qu’il pense intimement. Il est gueulard mais pacifique. Plus mendigot que fracasseur.
La rhétorique c’est pour les foules, aux chefs il faut du répondant et le vrai répondant c’est la Banque.
Qui ouvre les crédits, mène la danse.
Signé : Louis-Ferdinand Céline
« On ne sait plus pourquoi on se bat mais on se bat. »
En effet. Et on peut dire du camp d’en face :
« On ne sait plus pourquoi on débat mais on débat. »
Car aucun des deux camps ne veut céder.
J’ai dit suffisamment tout le mal que je pensais de Wil. Je n’en suis que plus à l’aise pour le féliciter pour son billet du 01/04 à 23h32.
Il y aurait des chapitres à écrire sur la répartition des nuls, des médiocres et des élites. Surtout sur ces dernières, souvent autoproclamées ou qui se mesurent au nombre de ‘’like’’ reçus sur un smartphone. Aujourd’hui, on n’écrit plus, on tweete ; on ne commente plus, on clique ; et on croit que les quelques lignes écrites sur un blog (appelées contribution) vont rester à la postérité, à tel point que certains en arrivent à se citer eux-mêmes jusqu’à trois ans en arrière !
Des milliards de messages par jour sont ainsi envoyés de par le monde. Comme si tous les automobilistes allumaient en même temps leurs clignotants. Ils en déduiraient sûrement que c’est eux qui sont au siècle des ‘’Lumières’’ !
Je me souviens du temps (1947) où il fallait quatre heures d’attente pour obtenir une communication entre Saint-Dié et Paris. Le mineur (18 ans) que j’étais alors attendait sur un brancard dans un couloir de l’Hôtel-Dieu (inondé par les toilettes bouchées) l’autorisation parentale de l’opérer d’une péritonite. Merci pour le « mieux avant ».
Aujourd’hui, les patients qui attendent plus de quatre heures aux urgences déclenchent une émeute ou déposent une plainte. Une nouvelle profession est née : profession victime ! Quelques morts suspects dans un coin de France ? Une armée de psys et d’avocats surgissent pour soutenir la population forcément traumatisée ; des cohortes de journalistes posent la question des responsabilités et des indemnités ; des centaines de bouquets et de bougies sont déposées sur les lieux du drame et des voix s’élèvent pour dire « ils n’auront pas ma haine » au cours d’une marche blanche. La présence de plusieurs ministres est considérée comme à peine suffisante si le président de la République ne se déplace pas en personne.
C’était mieux avant ?
@ breizmabro | 02 avril 2019 à 18:14
Formidable !
Vous avez pincé le truc qui colle parfaitement, Ferdinand disait « j’ai un rail biseauté spécial », vous l’avez fait ressortir.
Merci.
Je ne dirai plus un mot sur cette chère Bretagne, je vous le promets.
Envoyé de mon iPad
A propos de Gilets jaunes, c’est fou le nombre de radars brûlés que l’on peut voir sur le bord des routes.
Oui mais qui a fait cela en si peu de temps et partout en France ?
La réponse vient d’arriver en direct, 400 radars de nouvelle génération vont être placés cette année à proximité de nos routes.
Hein, quoi, comment ont-ils fait pour préparer aussi vite tous ces radars afin de remplacer les autres qui vieillissaient en silence ??
Cherchez et vous comprendrez où nous en sommes arrivés en Macronie… les fake news c’est lui et ce n’est pas terminé… Pinocchio nous prépare une série d’imprévus à vous tournebouler.
Sarkozy qui risque la prison et qui voudrait bien que quelqu’un l’aide à échapper à cela, n’hésite pourtant pas à nous dire que tout cela va se terminer mal pour l’autre et pourtant nous avons pu constater que l’autre l’utilise maintenant souvent, comme quoi : qu’est-ce qui est plus épouvantable qu’un tordu ? Deux tordus évidemment !
@ Gavroche | 02 avril 2019 à 19:29
Moi qui vous cause, je peux vous dire que Porte d’Orléans, lorsqu’on s’engouffre sur l’A6, il y a trois radars qui limitent la vitesse, en moins de 400 mètres vous avez trois avertissements, 50, 70, 90, alors qu’il faut s’élancer.
Seul un énarque ou un major de Polytechnique a pu concevoir une idiotie pareille…
Vous avez parfaitement raison. L’égalité est une chimère.
Les régimes issus de la révolution démontrent qu’au fil du temps, des inégalités nouvelles se créent. Et un autre combat doit s’enclencher.
Dans les pays occidentaux, il y a des syndicats, des partis politiques, des intellectuels qui peuvent s’exprimer librement. Les inégalités sont encore criantes mais il y a un moyen de des combattre.
A titre de comparaison, les régimes issus des révolutions communistes sont les plus inégalitaires et les plus dictatoriaux. Une nomenklatura s’installe, se gave et ne tolère aucun contre-pouvoir. La presse est muselée et les rares opposants disparaissent de la circulation ou bien séjournent dans des camps.
@ breizmabro | 02 avril 2019 à 18:14
« Le peuple il a pas d’idéal… »
Louis-Ferdinand Céline se trompait, il en a un, au moins en France : LES VACANCES !
A bas l’boulot ! Viv’ la pétanque !
Les « majors de Polytechnique » ne sont pas aux ordres ! savomachinchose.
Le lent délitement dont vous parlez est celui de nos vies. La France vieillit (elle doit avoir aujourd’hui autour de 45 ans), donc oui forcément c’était mieux avant.
Tout en partageant votre défiance des révolutions qui sont souvent plus destructrices que créatrices (encore qu’à long terme, je ne ne pense pas que vous et moi ayons à regretter 1789 et ses excès), je ne saisis pas trop où vous voulez en venir: 4 000 manifestants le samedi à Paris ne font pas une révolution. Et en 1789, les paysans voulaient aussi la terre ou plutôt la fin des corvées, et je ne sais pas sur quoi Mona Ozouf se fonde pour affirmer « qu’ils voyaient à long terme ». Nous sommes en présence d’un mouvement de mécontentement populaire, pas d’une révolution, ni même d’une insurrection ou d’une jacquerie. N’exagérons pas, même si ça fait vendre et si ça émeut dans les chaumières ! Vous exagérez.
« …Le vrai rideau de fer, c’est entre les riches et les miteux, les questions d’idée sont vétilles entre fortunes égales, l’opulent nazi et l’administrateur de Suez y parcourent les mêmes golfs, ils ouvrent la chasse ensemble, ils soupent à Saint-Moritz. Mais nous, là, hâves, pinailleurs, trimards, mégottiers, revendicateurs, allez, à la niche ! »
http://www.dailymotion.com/video/xqpvok_louis-ferdinand-celine-defendu-par-guillemin_webcam
Oh, la douce et terrible musique !
Ferdine à la rescousse, le paradis c’est ici et maintenant si on admettait de s’occuper les uns des autres, mais non, la caste et la hiérarchie, le % face aux 99, ma référence et mon monde d’hier, ça explose à 9 milliards bientôt, et la sécu ne pourra pas payer la Ferrari à tout le monde, déjà que 4,5 milliards n’ont pas accès aux toilettes et risquent de contaminer les nantis avec leurs streptocoques, le crin sur la corde crisse sa disharmonie.
Le riche s’ennuie, ma bonne dame, il s’invente des combats de 1930 pour la bonne cause de la droite ou de la gauche car c’était mieux avant ou maintenant, n’est-ce pas, sauf que nous sommes toujours inaptes à vivre l’instant présent, infichus de s’apercevoir que la seule égalité, c’est la mort, du cercueil en or jusqu’au lit de la terre, allongés semblables au creuset des conflits.
A la niche du tombeau, l’humanité est incapable d’accéder à la seule révolution envisageable, préférant la haine de l’intelligence désincarnée à l’incarnation du don gratuit et du soin aux plus petits, seul chemin, si doux mais si escarpé, pour accéder à l’éternité de la liberté.
@ jack
« Dans les pays occidentaux, il y a des syndicats, des partis politiques, des intellectuels qui peuvent s’exprimer librement. »
Sauf que tout ce petit monde qui peut parler librement et pour cause est du côté du manche, du pouvoir oppresseur et empêche les opposants de s’exprimer, en usant de divers artifices, y compris par le biais de lois liberticides composées sur mesure à cet usage, du moins en France gauchie.
@ Wil | 01 avril 2019 à 23:32
En passant par :
@ Mitsahne | 02 avril 2019 à 18:51 (que j’apprécie énormément)
J’ai pu lire ce que ce cher Wil avait écrit sur Momo et je le félicite en brandissant ma casquette au bout de mon pic… Quelles bandes de cloches avons-nous générées depuis cinquante ans et ils nous les imposent comme s’ils étaient des Dieux.
Heureusement la science et les techniques ont rétabli l’équilibre en faisant un bond prodigieux, sans cela la terre se serait écroulée.
« Personnellement je suis assez contente que ce c** prétentieux, marin en Barbour, donneur de leçons sans les appliquer, ait disparu de ce blog »
Rédigé par : breizmabro | 08 mars 2019 à 20:02
« savomachinchose. »
Rédigé par : calamity jane | 03 avril 2019 à 05:14
C’est curieux cette hystérisation des commentatrices par Savonarole…
Si nous nous reportons à cet extrait de la pensée de madame Ozouf transmis par un intervenant, nous pouvons tout de même nous montrer réservés :
« Ça veut dire que lorsque l’on adopte la France… on adopte une certaine idée de l’universel, parce que la France est cette nation qui pense posséder l’universel dans sa particularité. Une nation missionnaire. »
Cette prétention à l’universalisme qui a été une des caractéristiques de la révolution de France, n’est-elle pas une forme de péché d’orgueil ?
N’oublions tout de même pas que c’est au nom de cet universalisme que l’Europe a été mise à feu et à sang pendant plusieurs années, y compris des pays qui ne demandaient qu’à vivre tranquillement comme la Suisse…
Et plus tard, les successeurs des révolutionnaires ne sont-ils pas les premiers responsables de l’instauration d’un colonialisme idéologique ?
Voici ce qu’a par exemple déclaré Jules Ferry (alias Le Tonkinois) à la tribune de l’Assemblée :
« Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. »
Eh oui, c’est cela aussi, l’universalisme…
@ Claude Luçon | 02 avril 2019 à 22:28 (@ breizmabro | 02 avril 2019 à 18:14)
« Le peuple il a pas d’idéal… »
Louis-Ferdinand Céline se trompait, il en a un, au moins en France : LES VACANCES !
A bas l’boulot ! Viv’ la pétanque !
______________________
Non, il ne se trompait pas !
Par ailleurs, les vacances, pour le peuple, c’est la mort, car enfin, à cet instant inévitable (pour le moment), il se passe la chose merveilleuse entre toutes, qui est la libération des contingences, et se trouve alors la délicieuse paix, le repos sans fin…
Car, pour se payer le luxe d’un idéal, il faut d’abord avoir un quotidien, qui ne soit pas précisément l’enfer…
Ici, plusieurs commentaires de Giuseppe ont dit ce que le peuple désire, mais il n’est pas entendu… Car ce peuple, pour son plus grand malheur est ridiculisé et manipulé.
Il ne faut pas grand-chose, pour atteindre cet exploit… il faut dire simplement qu’il est vindicatif, haineux, jaloux, mesquin, paresseux, et aussi qu’il vient d’ailleurs. Tout ceci n’est pas faux, et n’est pas nouveau.
Puis, il convient de remarquer dans un autre commentaire, celui d’Achille, que ces révoltés ne sont pas ceux de 1789, dont on notera qu’ils étaient rompus à l’art de parler. Ceux de 2018 seraient plus proches de ceux du Bounty.
Ainsi, la pétanque qui n’est pas une activité de vacances pour ceux des Alpilles, mais de tous les jours, ne peut permettre de mettre en lumière l’idéal du peuple, et l’on se prend à croire, à la lecture de certains, que le monde se porterait infiniment mieux sans peuples, et alors, toute cette engeance d’illustres goinfres, qui sort elle, de la cuisse de Jupiter, pourra se vautrer dans l’idéal de la possession tyrannique, dans la soif inextinguible de l’or, Charlot pourra pendant ce temps se délecter dans ses semelles !
Alors, s’il est une personne qui parle exactement du peuple c’est bien Céline, il en sait long et vrai, ce qui ne fait pas de lui un parangon de vertu.
Mais, et puisqu’il s’agit de bien nommer les choses, comme le dit sur un autre fil un autre commentateur, il faut dire que l’absurde et l’inique s’appuient sur le bras l’un de l’autre, et comme il se doit, l’absurde et l’inique foulent aux pieds l’idéal.
Car enfin, l’idéal suppose le début d’un raisonnement, et sa poursuite ne peut s’incarner sans la connaissance du passé.
Pourtant, aujourd’hui, c’est la Moria (celle d’Érasme) qui hurle ce qui est vrai, son allié est la déesse aux cent bouches qui a, par le miracle du progrès, donné beaucoup d’enfants volubiles et inconsistants, ils sont infatigables et plein de fougue, avec des envies de crimes et de sang que les générations précédentes avaient pour habitude de satisfaire environ tous les 25 ans…
C’est pourquoi il faut regarder ce monde dans les yeux qu’il a torves, et ce détail rend difficile l’examen de la situation. Je pourrais dire que ses yeux torves il les tient de sa mère Patrie, ou de son père Idéal, mais non, il les tient des philosophes en abondance et des polichinelles politiques, qui ont tous un lien charnel avec les médias faisandés et mercenaires.
Cependant, et puisque regarder ce monde en face est impossible, il serait peut-être bon de s’en détourner et d’en proposer un autre, meilleur, et nous revoilà à notre point de départ, est-ce que oui ou non, le peuple français est un bon bouliste ?
La réponse est non ! Est-il, alors, idéaliste ? Non ! Est-il méprisable ? NON, trois fois NON !
Les vacances de M. Hulot n’ont pas commencé et M. Tati s’en étonne !
@ Claude Luçon 02 avril 2019 à 22:28
Dans les années… à Brest les jours de grandes marées tout (ou presque) les ouvriers de l’arsenal allaient à la pêche.
Ainsi un jour que de Gaulle venait visiter Brest, passant sur le pont de Recouvrance un officier de liaison lui « aurait » dit : « sous ce pont nous avons 5 000 fonctionnaires en repos ».
Mais ça c’était avant, avant que « la marine » aille naviguer à Toulon.
…et avant la naissance de Manu le réformateur 😉
@ duvent | 03 avril 2019 à 10:48
Vous n’avez pas tout à fait compris Claude Luçon.
Vous ne parlez donc pas le Claude Luçon ?
En fait il voulait dire que depuis Léon Blum, qui a accordé au prolétariat les congés payés et la semaine de 40 heures, la France sombre dans le néant.
J’ai entendu ça toute ma jeunesse aux déjeuners dominicaux, avec grand-mère et grand-père….
Malgré ces forages dans l’ineptie, ils n’ont jamais trouvé de pétrole…
@ Giuseppe
Merci pour votre commentaire, je le trouve remarquable, vraiment.
PS non secondaire: j’en profite pour m’assurer que votre voisin se porte bien et la 4L… aussi ! 🙂
« Cependant, puisque j’ai déjà commencé, je relève avec regret qu’elle a été communiste et qu’elle bénéficie de cette complaisance lassante à l’égard de ceux qui sont plus félicités pour avoir quitté le communisme que blâmés pour y avoir adhéré… »
C’est parce que les gens sont plus frappés par ce qui est arrivé que ce qui aurait pu arriver, la France ayant subi une occupation nazie et non communiste.
Pour le présent, les attentats ayant eu lieu exercent aussi une bien plus grande influence que ceux qui ont été déjoués.
Plus félicité pour arrêter d’être dans l’erreur que pour être dans le vrai, c’est le pendant du ressentiment contre ceux qui ont raison tout de suite.
Trop de gens se sentent plus gratifiés de voir leur erreur partagée, ou si lucides, de voir l’autre le devenir, que de recevoir une leçon qui pourtant les éléverait.
Le drogué, qui lui n’a pas pour programme d’obliger tout le monde à l’être, comme les totalitaires, on lui en veut de s’évader des souffrances du monde.
C’est fort injuste et révèle encore la vanité et l’illusion des gens, lesquels ne veulent pas essayer de voir le monde comme il est, ou du moins, ne le font pas jusqu’au bout, mais n’assument pas ces réticences.
Tandis que d’autres peuvent fort bien reconnaître tous les faits et toutes les idées les plus désagrébles, mais comme ça fait une sacrée charge, et que d’ailleurs, il y a plus plaisant, se divertir.
Par exemple en se droguant.
Mais le drogué, le pauvre sera persécuté, on ne le félicitera pas plus d’arrêter qu’on ne le critiquera d’avoir goûté son nectar.
Les gens sont vexés qu’on ne partage pas leurs rêves, si faux et parfois ignobles qu’ils puissent être, haro sur le drogué qui développe les siens, ton corps ne t’appartient pas. Voir les communistes avec l’opium…
@ breizmabro | 03 avril 2019 à 12:36 duvent | 03 avril 2019 à 10:48
Aujourd’hui ce sera 9 trous, il faudra bien que nous prenions le temps de bavarder, non pas sur le pont de Recouvrance mais dans un endroit frais.
Il est clair que discréditer – et cela certains médias savent le faire, montrant des images tronquées et écoeurantes à l’excès – pour un public de moutons cher à Mongénéral quand il était en pétard contre lui.
Oui c’est tellement facile de laisser traîner une caméra hostile sur une bouteille vide, quelques détritus, sur quelques sans dents pour faire l’affiche… c’est répugnant.
Les pays totalitaires dont l’info est aux ordres ne leur arrivent pas à la cheville.
« Ici, plusieurs commentaires de Giuseppe ont dit ce que le peuple désire, mais il n’est pas entendu… Car ce peuple, pour son plus grand malheur est ridiculisé et manipulé. »
Pourtant encore hier soir nous en parlions, de cette intelligence naturelle, des petits, des obscurs, des sans-grade, de cette intelligence lumineuse qui résout un problème pratique de joint haute pression à installer, devant un aréopage de technocrates médusés.
Cette intelligence qui nous a aidés, poussés à être meilleur, on avait besoin de leur reconnaissance pour avancer.
Tout cela est dissimulé par des « merdias » incultes et parfois immondes.
Sans ces damnés, pas de Tour Eiffel – c’est un exemple -, pas d’hôpitaux, et j’en passe, pas de soins pour nos vieux os à venir.
J’arrête ici, trop long à expliquer à ceux qui ne voient que la peinture alors que l’essentiel de la structure est dessous, invisible mais indispensable.
Euh… Je m’éloigne, et vous attends, la table est mise, le paysage aussi. Coup de sang contre la bêtise qui entoure, insidieuse, méchante, médiocre.
Le monde ne se refera pas non plus, désespérant souvent, résister toujours.
Allez on passe à table, pour le plaisir et sous le plus beau panorama du monde, of course.
https://goopics.net/i/ePAK4
@ Aliocha | 03 avril 2019 à 08:50
C’est « Bhoutan » simple !
————-
@ sbriglia | 03 avril 2019 à 09:25
Il y avait donc danger à anagrammer savonarole ?
@ Exilé | 03 avril 2019 à 10:28
« Cette prétention à l’universalisme qui a été une des caractéristiques de la révolution de France, n’est-elle pas une forme de péché d’orgueil ? »
En ce qui concerne le personnage, l’orgueil explose sur son visage et en fait sa beauté, comme le salpêtre sur les vieux murs ; mais tout cela n’est que de la poudre aux yeux.
@ fugace 03 avril 2019 à 14:50
Ben en même temps Savonarole est le client de sbriglia l’avocat du barreau de ce blog…
(mais chuuuut faut pas le dire le client paye en cash*)
*en énervant grave la Bretonne qui n’y voit que du feu 🙁
@ breizmabro | 03 avril 2019 à 12:36
« Ainsi un jour que de Gaulle venait visiter Brest, passant sur le pont de Recouvrance un officier de liaison lui ‘aurait’ dit : ‘sous ce pont nous avons 5 000 fonctionnaires en repos’. »
Comme quoi, les sales habitudes de cette corporation ne datent pas d’hier. Du temps du Général, ça pouvait encore passer pour amusant, car la dépense publique était de l’ordre de 35 % du PIB.
Mais bien sûr, lorsque des fonctionnaires de la Défense nationale prennent l’habitude d’aller à la pêche pendant les heures de travail — et que même Saint de Gaulle les laisse faire –, eh bien le ver est dans le fruit. Soixante ans plus tard, nous avons 5,7 millions de ces parasites, qui pompent 56 % des ressources du pays… assortis de Gilets jaunes qui trouvent tout bizarre de « ne rien avoir dans le frigo passé le 15 du mois ». Ben, c’est normal : il a fallu nourrir les fonctionnaires avant…
On ne peut pas, à la fois, avoir « le service public que le monde entier [ne] nous envie [pas] », et avoir de quoi payer ses factures… il va falloir choisir.
@ Robert Marchenoir | 02 avril 2019 à 17:45
Globalement, le monde va beaucoup mieux. En quelques années l’extrême pauvreté, l’illettrisme et la mortalité infantile ont diminué dans des proportions incroyables. L’espérance de vie a augmenté de façon spectaculaire. Il y a moins de conflits armés. Bref, (presque) tout va beaucoup beaucoup mieux.
La vie est certainement moins difficile qu’elle ne l’a été en France aussi. La richesse matérielle est plus grande, même pour les plus pauvres.
Mais il y a d’autres signes incontestables, mesurables, qui montrent une forme de délabrement et de lassitude. Niveau scolaire, santé mentale, fécondité… C’est peut-être trivial, mais quelque chose se passe. Et la régression est rapide.
@ HOPE | 03 avril 2019 à 13:07
Ma génération doit beaucoup à l’école de la République, elle nous a permis de nous éduquer gratuitement sans cela nous n’aurions pas eu les moyens. Cela ne s’oublie pas.
Il me revient de temps en temps en mémoire les paroles de ma maman, essentiellement quand une de mes très proches se plaint pour… pas grand-chose en fait, « avoir du bien donne du mal » disait-elle.
Elle aurait tendance à l’oublier, mais elle se ressaisit vite, il est vrai que les civilisations anciennes de ses études l’avaient un peu éloigné de certaines réalités.
Mon voisin est en forme – il vous remercie -, autant que sa 4L qui résiste à beaucoup d’inepties sur l’écologie. S’il suffisait de supprimer son véhicule pour assainir l’atmosphère ce serait trop simple.
Je viens de lire qu’un cétacé échoué avait dans son ventre ingurgité 20 kg de plastique… Mon voisin me fait remarquer que jusqu’à preuve du contraire sa 4L n’est pas amphibie et celle-ci en est bien contente, de fait elle ne fabrique pas de plastique et donc ne pourra pas en avaler.
Cordialement.
« L’égalité ne peut donc que rester un horizon. Les vrais défenseurs de l’égalité sont ceux qui se proposent, non de proclamer l’égalité réelle, ce qui est à la portée de chacun, mais de réduire laborieusement les inégalités, ce qui est une tout autre affaire ».
L’égalité réelle est effectivement une pure utopie et c’est pour cela qu’au concept d’égalité je préfère celui de justice.
L’égalité réelle serait-elle d’ailleurs un objectif souhaitable ? Correspondrait-elle vraiment à ce type de société idéale, parfaite, que certains imaginent ? Je ne le crois pas.
Cette société qui ferait table rase de nombre de valeurs, qui abolirait toute hiérarchie des savoirs, des mérites, des talents, qui nivellerait responsabilités et professions, qui ne motiverait plus ses différentes composantes, cette société-là dans sa triste uniformité serait sans avenir et peu enthousiasmante à vivre.
Au nom de l’égalité, serait-il juste que nous soyons tous placés sur un même plan alors que nous n’avons pas les mêmes mérites, les mêmes responsabilités, n’accomplissons pas les mêmes tâches, ne consentons pas les mêmes efforts, les mêmes sacrifices, n’acceptons pas les mêmes risques ?
Au nom de l’égalité, serait-il juste d’exiger de tous les mêmes choses alors que chacun est différent et que nous n’avons ni les mêmes capacités ni les mêmes charges ?
C’est la raison pour laquelle, considérant cette notion d’égalité réelle illusoire, je lui préfère la notion de justice qui consiste à mettre toute son énergie au service d’une politique qui, prenant acte des inégalités de fait, de talents, inhérentes à la vie, s’attache à gommer le plus possible les effets dommageables de celles-ci sans pour autant les abolir.
@ Robert Marchenoir 03 avril 2019 à 18:16
« Comme quoi, les sales habitudes de cette corporation ne datent pas d’hier »
C’est vrai mais j’avais cru comprendre que Manu-le-jeune allait remédier à cela en supprimant 120 000 postes de fonctionnaires en 2019. A ce jour il en a supprimé combien aux dernières nouvelles ?
En même temps (et parallèlement) Manu avait dit aussi « Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des hommes et des femmes dans la rue, dans les bois ou perdus » (27 juillet 2017 – Orléans).
C’est sans doute à la perspective de voir 120 000 fonctionnaires errant dans les rues ou dans les bois qu’il s’est ravisé.
Imaginez Robert M. 120 000 fonctionnaires errant dans les rues et les bois en portant des gilets jaunes de protection !! 😉
Adéo Robert M.
@ breizmabro | 04 avril 2019 à 15:53
« Imaginez Robert M. 120 000 fonctionnaires errant dans les rues et les bois en portant des gilets jaunes de protection !! 😉 »
Il me semble que c’est ce que nous avons constamment depuis 1945, dans s’pays. Le « troisième tour social », « les revendications de la rue », « la juste colère du peuple », la sainte Manifestation qui est un droit de l’homme, le blocage périodique du pays par des bienfaiteurs « qui font grève pas par plaisir, mais pour défendre les intérêts des autres »… je n’ai pas besoin d’imaginer quoi que ce soit.
« J’avais cru comprendre que Manu-le-jeune allait remédier à cela en supprimant 120 000 postes de fonctionnaires en 2019. A ce jour il en a supprimé combien aux dernières nouvelles ? »
Vous êtes donc pour la réduction massive des effectifs des fonctionnaires ? C’est officiel ? On peut l’écrire sur votre page Wikipédia ?
@ Robert Marchenoir 04 avril 2019 à 21:36
« Vous êtes donc pour la réduction massive des effectifs des fonctionnaires ? C’est officiel ? On peut l’écrire sur votre page Wikipédia ? »
Oui !
Tellement simple, fugace, qu’après tant de siècles le génie des justes reste inaccessible à nos complexités :
« Malgré la brève ivresse causée lors de la Renaissance par la découverte des lettres grecques, le génie de la Grèce n’a pas ressuscité au cours de vingt siècles. Il en apparaît quelque chose dans Villon, Shakespeare, Cervantès, Molière, et une fois dans Racine. La misère humaine est mise à nu, à propos de l’amour, dans l’École des Femmes, dans Phèdre ; étrange siècle d’ailleurs, où, au contraire de l’âge épique, il n’était permis d’apercevoir la misère de l’homme que dans l’amour, au lieu que les effets de la force dans la guerre et dans la politique devaient toujours être enveloppés de gloire. On pourrait peut-être citer encore d’autres noms. Mais rien de ce qu’ont produit les peuples d’Europe ne vaut le premier poème connu qui soit apparu chez l’un d’eux. Ils retrouveront peut-être le génie épique quand ils sauront ne rien croire à l’abri du sort, ne jamais admirer la force, ne pas haïr les ennemis et ne pas mépriser les malheureux. Il est douteux que ce soit pour bientôt. »
http://teuwissen.ch/imlift/wp-content/uploads/2013/07/Weil-L_Iliade_ou_le_poeme_de_la_force.pdf
Mona Ozouf n’est pas « gilet jaune » et c’est tout à fait normal. Elle a atteint l’age respectable où la confection de banderoles n’est plus d’actualité. Le découpage et le coloriage sont des activités qui appartiennent au passé. Plus jeune, elle était une adepte convaincue et convaincante de la lutte finale mais les temps ont changé.
La rebelle s’est assagie tout en continuant à bénéficier des largesses de la République.
Ainsi va une souris qui creuse son chemin dans la meule de fromage, il faut bien manger, n’est-ce pas ?
@ vamonos 05 avril 2019 à 10:27
« Ainsi va une souris qui creuse son chemin dans la meule de fromage, il faut bien manger, n’est-ce pas ? »
Et pourtant le 15 du mois elle ne doit pas manger grâce à la générosité de sa banque qui lui aura octroyé – généreusement – 200 euros de découvert par mois avec intérêts (il faut bien que les banques vivent aussi), résiliable à tout moment.
Les cocos ont toujours été très fort en fromage y compris au Venezuela, même si celui-ci a un goût prononcé de pétrole 😉
Comme c’est étrange, comme c’est bizarre et quelle coïncidence. Mme Mona Ozouf apparaît dans le premier numéro du trimestriel Zadig, elle y parle de son enfance en Bretagne suivie de son émancipation qu’elle a vécue comme, je la cite, une levée d’écrou. Elle parle surtout de la Révolution française dont elle est une spécialiste, ce qui lui permet de faire des rapprochements avec les événements actuels qui provoquent tant de désordres et de commentaires depuis bientôt six mois.
Selon Mme Ozouf, les Gilets jaunes sont des adeptes du dégagisme, de la révolution immédiate, en aucun cas ils ne proposent d’alternatives, de pistes de construction.
Finalement, j’ai quand même quelques points d’affinités avec Mme Ozouf.
J’en reviens à ma première idée du mois de novembre 2018, les Gilets jaunes sont des nihilistes et les meneurs identifiés dès le début des émeutes ne méritent pas d’être encore libres de circuler dans ce pays.
@ Giuseppe
J’aime vous lire. Vraiment ! À bientôt 🙂
J’ai écouté Mona Ozouf qui était invitée à C Politique dernièrement. Sans être aussi dithyrambique que Philippe Bilger, j’ai trouvé ses propos intéressants. Comprendre les Gilets jaunes sans pour autant justifier leur comportement sectaire me paraît une bonne approche.
Mais j’ai particulièrement apprécié l’invité de dimanche dernier, Michaël Fœssel. Philosophe éclairé qui a su garder sa liberté de penser en ne se laissant pas récupérer par un parti politique comme Raphaël Glucksmann par le PS, ou encore François-Xavier Bellamy par LR.
Il ne se laisse pas aller à ses états d’âme comme Michel Onfray concernant le couple Macron. Il n’essaie pas non plus de refaire le monde à sa façon comme BHL.
Bref, un philosophe bien dans sa tête, avec des idées saines, qui sait s’écarter des poncifs et éléments de langage qui sont déversés dans les médias par des intellectuels et des politiciens peu inspirés.
Ce que Michaël Fœssel reproche à Emmanuel Macron, ce n’est pas tant ses maladresses verbales qui agacent même ses partisans, mais plutôt d’avoir détruit l’équilibre gauche-droite qui permettait, en France (comme ailleurs), de proposer deux modèles de société qui pouvaient toutefois cohabiter harmonieusement ainsi que nous avons pu le constater avec François Mitterrand et Edouard Balladur, ainsi qu’avec Jacques Chirac et Lionel Jospin.
L’élection de EM a provoqué un modèle politique inédit qui a eu surtout pour effet, outre de faire voler en éclats la gauche et la droite traditionnelle, de laisser le champ libre aux partis extrêmes, le RN et LFI qui ont très bien compris le parti qu’ils pouvaient tirer du mouvement des Gilets jaunes qui va entamer aujourd’hui son vingt et un énième samedi de manifestation et dont on peut se demander quand il s’arrêtera. Ceci d’autant plus que la principale disposition de la loi anticasseurs a été rejetée par le Conseil constitutionnel au nom de la démocratie.
Quand la démocratie devient la porte ouverte au désordre et à l’intolérance, elle risque de conduire à un régime totalitaire. Les exemples ne manquent pas dans l’histoire de l’humanité.
Espérons toutefois que les démocrates de gauche et de droite en prennent conscience. Qu’ils cessent de s’entredéchirer pour de basses considérations politiciennes et qu’ils remettent les partis extrémistes à leur véritable place, c’est-à-dire avec moins de 5% d’intentions de vote.
Pour l’avoir entendue, mieux, écoutée lors d’une conférence, Mona Ozouf est ce qu’on appelle un esprit brillant. Ce soir-là, je me sentais parfois l’âme d’un tracteur qui voit rutiler une Ferrari. Pour son ancienne appartenance communiste, rien d’étonnant Philippe. Ce milieu universitaire était truffé de cocos et si l’on ne montrait point patte blanche, une sympathie marquée pour telle ou telle tendance gauchiste, la porte de la promotion professionnelle restait fermée. C’est que simuler n’est pas l’apanage de la chambre à coucher.
Il en était ainsi pour la génération de madame Ozouf, le brio personnel passant après l’esprit de chapelle ou de cellule. Je crois savoir que cette imprégnation politicienne s’est fanée tout comme la pratique religieuse chez les hussards lettrés de l’autre pôle du spectre idéologique. Eh oui, tout change, tout évolue et chacun(e) d’exhiber sa carte tout en se remémorant le code à 4 chiffres :/