Mais la Justice, Dupontel !

Lors du dernier « Ce soir (ou jamais !) », à propos de l’erreur judiciaire je me suis retrouvé notamment avec Me Dupond-Moretti et Albert Dupontel, le réalisateur de « Neuf mois ferme » où il joue en compagnie de Sandrine Kiberlain (France 2).

Après avoir vu un extrait où celle-ci hurlait et avoir entendu Albert Dupontel, au demeurant très sympathique mais proférant les clichés lassants et ironiques sur les magistrats, j’étais inquiet. Je savais que j’irais voir le film et que probablement je me rongerais les sangs, tant le confort et la facilité de rire de la Justice demeurent aujourd’hui une mine inépuisable. Alors que, se redressant, elle devrait être soutenue sinon applaudie et que servile, elle méritait le châtiment, même celui de la dérision et de la moquerie. Le monde change, et heureusement elle aussi.

J’ai eu une bonne surprise.

D’abord, pour qui a subi la longueur de « La vie d’Adèle », les registres étant évidemment totalement différents, le rythme enlevé et vif de « Neuf mois ferme » m’est apparu comme une chance, un soulagement et une délivrance. Ce n’était pas gagné car il y a des comédies épouvantablement diluées, et ce sont les pires.

Ensuite, certes, c’est une pochade, et peu importent les invraisemblances aussi bien psychologiques que judiciaires, en particulier cette juge Felder travaillant à son bureau lors de la nuit du réveillon au Palais de justice avec des avocats – éméchés (et cela est moins invraisemblable !).

J’admets volontiers la définition de « drame rigolo » que Dupontel donne de ce vaudeville judiciaire, mais pas seulement (Le Parisien). En effet, il y a quelque chose, par moments, mais à rebours de son atmosphère gravement sarcastique, de « La tête des autres » de Marcel Aymé. Dans cette rencontre improbable entre une jeune femme célibataire juge d’instruction et un braqueur n’ayant jamais eu de sang sur les mains et surtout n’ayant jamais arraché les yeux de sa victime – j’ai songé à une affaire où j’avais requis, l’un des accusés ayant crevé les yeux de la morte pour que son regard ne lui fasse pas honte -, j’ai perçu, à gros traits, sur un mode caricatural, l’image d’une Justice affrontée à l’éternel débat sur la culpabilité ou l’innocence.

Qu’il y ait dans ces séquences loufoques ou fantaisistes des banalités n’est pas négatif car, au-delà de l’apparence, j’ai apprécié que Dupontel ne s’abandonne pas à la volupté de constituer les personnages judiciaires – juge d’instruction, avocat général et présidente de cour d’assises – comme des repoussoirs absolus, des êtres odieux. L’avocat bègue qui défend Nolan joué par Dupontel est lui hilarant.

La fin heureuse de cette charge en définitive ni aigre ni méchante montre un magistrat ayant le courage de ruiner sa carrière pour sauver un innocent qui est aussi, il est vrai, le père de l’enfant qu’elle porte.

Pochade, vaudeville, drame rigolo, comédie décapante, satire d’un univers, divertissement sans prétention – Dupontel, dans ses dialogues, ne joue pas au penseur -, « Neuf mois ferme » est tout cela et je ne suis pas sûr que j’aurais consacré à cette sympathique oeuvrette un billet si je n’avais pas rencontré Albert Dupontel chez Frédéric Taddéï et surtout si je n’avais pas lu ses entretiens promotionnels dont celui du Monde.

Il y déclare notamment ceci qui relève de la dénonciation type de la magistrature, avec l’assurance d’être approuvé par toutes les démagogies ignorantes ou cultivées : « Je pense de manière générale que les juges ne devraient pas juger des choses qu’ils ne connaissent pas…Comment voulez-vous qu’un juge comprenne pourquoi un gosse a volé un sac ?… Personnellement j’ai une phobie de l’erreur judiciaire. J’ai toujours peur d’être accusé de quelque chose que je n’ai pas fait ».

Mais pour qui prend-t-il les juges ? J’espère qu’il a une meilleure opinion des cinéastes. Au nom de quoi les magistrats ne sauraient-ils pas comprendre les raisons, les mobiles et les ressorts de la délinquance ? Serait-il le seul, lui, Albert Dupontel, à saisir les méandres de l’âme humaine ?

J’approuve le reste ou du moins je n’éprouve aucune difficulté à partager l’angoisse de Dupontel et cette panique devant l’erreur judiciaire possible. Mais est-il obligé de tellement jouer sur du médiocre velours alors qu’il est si manifestement intelligent et singulier ?

A CSOJ, devant lui, j’avais évoqué les grands films italiens ou américains sur la justice. Force est de reconnaître que celle-ci et son univers peuvent conduire aisément à la farce ou alors à une flamboyante et belle gravité.

Pourquoi Dupontel, un jour, ne mettrait-il pas son talent, contre son art tout de grimace, au service de la vérité et de sa profondeur ambiguë, complexe ?

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  1. 1) Le phénomène évoqué s’inscrit dans un phénomène plus général, la délégitimation de tous ceux que leur fonction amène à porter un jugement sur autrui : magistrats, policiers, enseignants…
    2) Forme subtile de décrédibilisation de la Justice, le téléfilm « Vaugand » qui montre que dans un procès tout est affaire de mise en scène par les avocats…

  2. Bonjour Philippe Bilger,
    « A CSOJ, devant lui, j’avais évoqué les grands films italiens ou américains sur la justice. Force est de reconnaître que celle-ci et son univers peuvent conduire aisément à la farce ou alors à une flamboyante et belle gravité. »
    Un des films cultes américains sur la Justice est sans aucun doute « Douze hommes en colère » avec Henry Fonda dans le rôle du juré trublion.
    Certes il y a des énormités dans le scénario. On imagine mal, en effet, une enquête aussi bâclée et un avocat de la défense aussi nul, au point que ce sont les jurés qui ont réussi à reconstituer les faits et démontrer que l’accusé était innocent.
    Mais quelle belle étude psychologique des personnages !
    Pour en revenir au film de Dupontel, je n’ai pas, comme vous, l’œil du professionnel et donc je me contenterai d’aller le voir pour le jeu des personnages, la qualité des acteurs et l’humour loufoque qui se dégage de son film.
    J’aime bien le style un peu « foufou » de Dupontel, surtout comme acteur. Souvent nominé aux César, jamais primé, il fait partie de ces valeurs sûres du cinéma français.
    J’irai donc voir son film, sûr de passer un bon moment, quelle que soit la critique à son égard. Encore que, semble-t-il, celle-ci serait plutôt bonne.

  3. Quel contraste avec ce qu’on peut voir du fonctionnement de la justice américaine à travers des séries telles que Close to Home ou New York Police Judiciaire (dont le titre original est Law & Order). Imagine-t-on en France une série intitulée « La loi et l’ordre » ? Quel contraste aussi avec la façon dont les policiers, les pompiers, les médecins et autres figures d’autorité (accomplissant des missions de service public) sont présentés dans des séries telles que Hill Street Blues, Criminal Minds, Third Watch (en français New York 911) et Urgence. Ils sont présentés comme des héros, mais avec des faiblesses, ce qui les rend à la fois dignes d’admiration et proches de nous. Ce qui est mis en avant dans toutes ces séries, c’est le professionnalisme. Ce qui manque cruellement en France. Surtout chez des « artistes » tels que Abdellatif Kechiche dont je n’irai pas voir le dernier film. L’ouverture d’esprit a des limites.

  4. « Je pense de manière générale que les juges ne devraient pas juger des choses qu’ils ne connaissent pas »
    C’est exactement ce que dit la magistrature d’elle-même !
    Elle seule serait capable de se juger.

  5. Une bonne surprise, oui. Un film hilarant, qui joue aussi sur les peurs enfantines, dont celle de l’ogre, en forçant le trait. La plaidoirie nulle de l’avocat bègue atteint des sommets comiques.
    Dans la réalisation de ses films, Albert Dupontel se met à la place des toutes petites gens, les très modestes, voire les marginaux. Pour ces personnes issues d’un milieu social défavorisé, c’est comme une évidence, à tort ou a raison, que les classes sociales aisées ne peuvent pas les comprendre, et cela dans aucun domaine, judiciaire, économique, social. Dupontel partage cette croyance, et c’est vrai que vu de l’extérieur, vu d’en bas, la machine judiciaire fait peur, surtout quand on n’a rien à se reprocher.

  6. « Comment voulez-vous qu’un juge comprenne pourquoi un gosse a volé un sac ?… »
    On attend donc avec gourmandise la plaidoirie de l’avocat de Dupontel comme partie civile le jour où celui-ci se fera agresser et dérober ses effets personnels…
    PS : Grand regret de n’être pas, ce jour, à l’audience « Baby Loup » à la première de la Cour, audience où le Procureur général Falletti va, enfin, dénoncer l’aveuglement des éléphants du cimetière, lui le non-voyant…

  7. hameau dans les nuages

    Petit clin d’oeil :
    Cet après-midi je suis Sentinelle… devant un tribunal.
    Juste retour des choses après quatorze ans de procédure et un champ de ruines. Heureusement le temps fait son œuvre.

  8. C’est drôle, on entend toujours par « erreur judiciaire » un innocent condamné et jamais un coupable innocenté.

  9. Nordine : « C’est drôle, on entend toujours par « erreur judiciaire » un innocent condamné et jamais un coupable innocenté. »
    Je me faisais la même réflexion. Cela dit, un coupable contre lequel on n’a pas de preuves emportant la conviction, on ne peut pas le condamner, sa relaxe ou son acquittement ne constituent donc pas une erreur judiciaire.
    L’erreur judiciaire en cas d’acquittement, c’est O. J. Simpson acquitté parce que les femmes noires constituant le plus clair du jury, animées par leur hargne à l’encontre d’une femme blanche épouse d’un homme noir (il y a aux Etats-Unis un gros déficit d’hommes noirs, dû à la prison, à la mort, à la drogue, déficit qui touche de plein fouet les femmes noires car les hommes blancs ne fraient pas avec elles) étaient tellement limitées intellectuellement et culturellement que notamment elles parvenaient à croire qu’elles ne croyaient pas à l’évidence d’une donnée Adn.
    Comme aurait dit feu J.-J. Servan-Schreiber : dans vingt-cinq ans comme là-bas ici.
    (Que faisait saint Badinter quand cette ignominie judiciaire s’est commise : il brossait son auréole ?)

  10. « Cet après-midi je suis Sentinelle… devant un tribunal »
    Rédigé par : hameau dans les nuages | 17 octobre 2013 à 12:12
    Juste un peu de poésie dans ce monde de brutes.
    « Je suis le vieux guetteur
    Qui monte la garde sur les remparts.
    La nuit est bien calme
    Et tu dors…
    Les hommes ont effeuillé mes songes.
    Je n’avais pas, pour paraître devant eux
    Ma robe de lin,
    Ils me demandaient un parchemin.
    Je n’avais qu’un bouclier de guetteur.
    Le jour point
    Et, nous retrouverons demain dans le jardin
    En poussières d’argent sur le rosier
    Nos rêves d’enfants.
    Je suis le vieux guetteur
    Qui monte la garde sur les remparts,
    J’ai dans les yeux, les aurores des temps anciens
    Et dans la tête, la chanson des temps futurs. »
    Bernard Dadié

  11. jcr (jésus christ ravi)

    Notre Hermine râle dur… l’esprit de corps ne vous lâche pas comme ça et le réflexe communautariste est irrépressible… c’est la meilleure et saine garantie du débat et de l’analyse.
    Pourtant, en duo ou a capella réduit à deux ténors (de la planète justice), une vérité « vraie » a été dite dans cette émission CSOJ de F. Taddéï quand Eric Dupond-Moretti a révélé une réalité accablante. Beaucoup de postulants à l’Ecole de la magistrature y entrent pour régler des comptes, ensuite ils sont sûrement syndiqués au SM… sans jeu de mots.
    Le fait était, est tellement connu et avéré que maintenant, après des boucheries judiciaires trop médiatisées, tout candidat à l’EM est soumis à un examen et des tests psychologiques. C’est bien le moins pour des intronisés dans un pouvoir régalien tout-puissant, souvent abscons et intouchable.
    Dernière mascarade et cerise sur la toque, un juré (représentant du peuple français) est poursuivi pour avoir révélé les manipulations des magistrats d’assises sur les jurés.
    Dupontel n’a fait que traduire cet état de fait dans une parodie qui pousse les portes interdites au peuple au nom duquel des figurants pontifient assis sur leurs certitudes incomplètes, leurs phantasmes, leurs complicités ou leurs refoulements non liquidés… tout le contraire de la sérénité et de la sagesse.
    Dans ce film chacun y trouvera son compte ou ce qu’il cherche. A coup sûr, il se marrera, ce qui est un luxe actuellement.
    Merci, Madame Sandrine et Monsieur Dupontel.

  12. @Nordine | 17 octobre 2013 à 12:15
    «C’est drôle, on entend toujours par « erreur judiciaire » un innocent condamné et jamais un coupable innocenté. »
    C’est simple. Demandez-vous si vous préféreriez être à la place de l’innocent condamné ou à celle du coupable non reconnu ? Hum ?! À votre avis qu’est-ce qui est le plus susceptible d’être effrayant et insupportable à la conscience collective en général ?

  13. Michelle D-LEROY

    Je n’ai vu ni « La vie d’Adèle » ni « Neuf mois ferme ».
    Je vais moins au cinéma vu que je regrette dans la plupart des cas d’avoir payé aussi cher pour un résultat aussi maigre. Je regarde les films après coup sur une chaîne dédiée à cela. Et cela confirme mon sentiment à la fin du film et notamment en voyant les fins bâclées : je suis ravie de n’avoir pas dépensé dans un billet de cinéma.
    Par contre, j’admets que certains films à grand spectacle, à paysages grandioses, à effets spéciaux ne sont magnifiés que sur grand écran.
    En ce qui concerne Albert Dupontel (dont le nom est proche du mien), je l’avais découvert comme humoriste au départ de sa carrière, avec des tics assez vulgaires, je le trouvais donc assez médiocre dans ce registre, puis je l’ai vu jouer dans « Un long dimanche de fiançailles » et là, ce fut une révélation tant il était émouvant et se révélait être un excellent comédien.
    Je l’ai vu dans « Ce soir (ou jamais !) », n’attachant à ses paroles que peu d’importance, vu que les artistes, souvent narcissiques, se permettent d’avoir des jugements décalés par rapport à la vraie vie, de défendre la veuve et l’orphelin pour avoir bonne conscience quand ce n’est pas se montrer donneurs de leçons.
    J’ai donc pris le parti depuis longtemps déjà de les prendre pour ce qu’ils sont, des artistes parfois excellents, géniaux même dans leur art mais de me désintéresser totalement de leur vie et de leurs opinions.
    D’ailleurs, cette manie de considérer qu’une personne célèbre et starisée détient la vérité et doit être suivie dans ses idées, m’exaspère. Il m’est arrivée jeune d’être admirative (mais jamais fan) de certains artistes et d’être tellement déçue par leur conduite ou leurs propos (souvent démago) que je me garde bien aujourd’hui d’être « baba ».

  14. @PB « Mais la Justice, Dupontel ! »
    Et l’info ?
    Les journalistes si prompts à être des auxiliaires de justice, ils sont encore au ciné ?
    http://www.insolent-montauban.com/
    Voir l’article du 15 octobre : « Le fils de la favorite arrêté ! »
    J’attends de voir, ou d’entendre, ce que les magistrats vont dire ou faire avec ce délinquant-là… Reconduite à la frontière de l’Elysée pour lui et sa mère ? 😀

  15. Dupontel, qui a un humour ravageur, devrait faire un film sur ces étudiants, enfants de bourgeois, qui encombrent Paris pour manifester en faveur de Leonarda.
    Je viens de traverser Paris pour payer in extremis mes URSSAF, je n’ai croisé que des pré-pubertaires en Burberry et en Barbour, j’ai dû abandonner ma voiture et poursuivre à pied. Dans ces joyeux défilés j’ai compté peu de noirs et peu d’arabes.
    Ce mouvement spontané (?) fait penser aux « Incoyables » de la Révolution française. Ces dandys révoltés vont ce soir manger une bonne côte de bœuf, cuite à point, chez papa et maman.

  16. En complément de Catherine JACOB | 17 octobre 2013 à 13:48
    En japonais, le mot sac (FUKURO – 袋・嚢 →chinois guǒ soit ◎ 包=l’enveloppe et quand cette enveloppe est en cuir = 鞄, le sac à mains), est par ex. un homonyme de uterus, autrement dit un substitut populaire des termes médicaux que sont : SHIKYÛ [子宮] – palais fœtal – ou encore ENA [胞衣]- le placenta {soit également la Fulgya scandinave, la forme, le double du héros dans la mythologie germano-scandinave dont on peut peut-être trouver une trace populaire dans le jeu qui consiste en une course de sacs, et forme qui représente ce que leur magie cherchait à atteindre}-, ou encore la mère en tant que le réceptacle d’un tel sac et qui se dit normalement en forme humble, autrement dit en parlant de (≠ à ) sa propre mère : HAHA [母] (sans rire..), et enfin, toujours sans rire, et avec ou sans voyelle longue terminale, la chouette ( 梟, ici hibou pêcheur, prédateur notamment des grenouilles, cette chouette [梟]qui niche dans les arbres creux comme les petits d’hommes dans les dames de l’arbre et dont l’écriture se décompose arbre (木) + oiseau (鳥).

  17. « L’erreur judiciaire en cas d’acquittement, c’est O. J. Simpson. »
    Rédigé par : Buridan | 17 octobre 2013 à 13:46
    Il faut tenir compte du contexte de tensions raciales exacerbées. Le procès très médiatisé d’O. J. Simpson s’est déroulé trois ans seulement après les émeutes de Los Angeles (en 1992, à la suite de l’affaire Rodney King). La composition du jury et le lieu du procès sont aussi très importants. Huit des douze jurés étaient noirs. Et le procès s’est déroulé à Los Angeles County (8,7 % de Noirs), alors qu’il aurait dû avoir lieu à Santa Monica (0,4 % de Noirs). Les avocats de Simpson ont utilisé habilement l’argument racial pour faire acquitter leur client. Son ex-femme, Nicole Brown, avait appelé huit fois la police pour violences conjugales, avant d’obtenir le divorce et finalement être assassinée par Simpson. Si Simpson a été acquitté au pénal, il a été condamné au civil. 33 millions de dollars qu’il a tout fait pour ne pas payer (notamment en s’installant en Floride). Sa nature violente et criminelle a fini par le perdre. En 2008, il a été condamné à 33 ans de prison (sans possibilité d’être libéré avant 2017) dans une affaire de braquage et d’enlèvement, à Las Vegas. Il avait eu plus d’une fois des démêlés avec la police et la justice. Il s’en était toujours sorti, parce qu’il était riche, célèbre et noir. Si Maître Badinter souhaite rendre visite à O. J. Simpson pour lui expliquer les bienfaits de l’abolition de la peine de mort, il le trouvera au Lovelock Correctional Center, Pershing County, Nevada. Je lui souhaite bien du plaisir.

  18. «Pourquoi Dupontel, un jour, ne mettrait-il pas son talent, contre son art tout de grimace, au service de la vérité et de sa profondeur ambiguë, complexe ?
    Mais la Justice, Dupontel !
    »
    Qu’un ex-étudiant en médecine qui l’a quittée en 5ème année après avoir fait plus de la moitié d’un parcours qui n’est pas si simple, vire brusquement sa cuti pour le théâtre est également arrivé à deux membres de notre famille.
    L’un cependant déjà diplômé et spécialiste, s’était mis en tête de passer le concours d’entrée d’une formation de pilote de l’air et de le réussir, pour revenir au final vers la médecine mais après avoir transmis le virus à ses enfants qui travaillent tous dans l’aviation y compris les conjoints.
    L’autre en cours de parcours comme Dupontel, et comme lui fils d’un couple de médecins, s’est mis récemment en tête d’entrer aux Beaux-Arts et de réussir le concours. Je lui souhaite accessoirement autant de succès qu’à Dupontel, car dans la conjoncture actuelle, cela me paraît très courageux que d’abandonner une filière au bout de laquelle l’attendait la reprise sans frais d’un cabinet qui marche, pour une filière tout ce qu’il y a de plus aléatoire vu que les œuvres d’art ne sont pas prêtes d’être remboursées par la Sécu, quel qu’en soit le mérite thérapeutique.
    Pour en revenir à Dupontel, il ne me paraît pas très étrange que de voir un ancien étudiant en médecine s’intéresser aux relations du corps féminin avec la grossesse pour traiter de la question sous l’angle de l’absurde, autrement dit celui d’une vieille fille acariâtre avant l’âge car manifestement pas encore ménopausée, aux mœurs tout sauf dissolues, habituée à chercher la petite bête dans les dossiers de ses «clients» et qui s’étant retrouvée elle-même aux prises avec la petite bête qui monte qui monte… lors d’une soirée exceptionnellement arrosée, s’était déjà pris un certain nombre de mois de préventive à son insu, avant d’être informée qu’elle en avait en tout pour neuf mois ferme, du fait que et contrairement à sa propre expérience des études médicales, au bout d’un certain nombre de semaines, il n’est plus possible de changer de cap.
    Il aurait sans doute pu rechercher son modèle dans le vivier de l’Education nationale qui ne manque pas de vieilles filles acariâtres, notamment dans des domaines comme l’histoire-géo ou la physique-chimie, mais il n’y avait sans doute que la Justice pour rendre plus sensible le fait qu’elle était prisonnière de son corps, pourtant libre comme l’air, autrement dit du petit être innocent qui se trouvait à l’intérieur et qui commence par être lui aussi traité comme un coupable dont on instruit l’affaire, laquelle instruction commence avec une recherche ADN qui se poursuit par la recherche de l’identité de cet ADN avec celui de l’auteur des faits, plus facile même pour un magistrat en marge de ses activités professionnelles que cela ne l’eût été pour un fonctionnaire de police, ce qui crée une situation au comique très exploitable puisqu’elle concerne ce qui devra se passer après la levée d’écrou qui a nom «accouchement» concernant la (ré)insertion dans une «cellule» familiale de trois innocents dont deux ne le sont que grâce à la clause d’irresponsabilité qui a nom « absence d’intention dans la commission des faits par deux co-auteurs sous influence » et le troisième bien qu’innocent de tout, se prend à perpétuité les conséquences de sa conception sous des auspices défavorables par deux irresponsables.
    D’où avant d’être une mise en cause de l’institution judiciaire elle-même qui me paraît plutôt fonctionner en la circonstance comme révélateur, le véritable drame est ailleurs qui va bien au-delà d’une simple «œuvrette» et la remarque « Comment voulez-vous qu’un juge comprenne pourquoi un gosse a volé un sac ? » peut aussi s’entendre « Comment voulez-vous qu’un gosse comprenne pourquoi un juge s’est fait faire un gros sac par son «client»avant de comprendre ce qu’il en est de sa propre existence ? »
    Ce n’est donc pas tant la Justice qui est affrontée à l’éternel débat entre la culpabilité et l’innocence, que l’innocence qui est affrontée à l’éternel débat de l’existence comme à celui de son propre enfantement. Mais la fin heureuse représente sans doute un message d’espoir eu égard à la possibilité de la vie elle-même de tout reprendre à zéro au bon moment.

  19. Effrayant : le fils Trierweiler qui s’encanaille sur le bitume en hurlant à la régularisation de tous les sans-papiers, dans le même temps les bourgeoises sous-payent les femmes de ménage et nounous africaines, une fausse famille kosovare sème la discorde au gouvernement, avec une enfant boulotte à la communication bien rodée. Mieux qu’à Marseille. Le cinéma c’est maintenant !

  20. Michelle D-LEROY

    @ Savonarole
    Les lycéens montés par l’extrême gauche manifestent leur soutien à Leonarda pendant que leurs parents bobos se plaignent de payer trop d’impôts, destinés en grande partie à l’immigration qu’ils chérissent. Insoluble.
    Aujourd’hui le procès de l’humoriste Dieudonné, et des bagarres dans les couloirs du TGI de Paris entre pro et contre.
    Quelle chienlit ! Un gouvernement qui attise les haines et les divisions par son incohérence. Nous ne sommes pas loin d’une situation insurrectionnelle tant les gens sont à cran.
    Rappel révolutionnaire : le 17 octobre 1793, les Français coupaient la tête de la pauvre Marie-Antoinette.

  21. Mary Preud'homme

    Encore un épisode à rebondissements de la saga familiale de Catherine Jacob. Plus fort que Downton Abbey… On ne s’en lasse pas !

  22. Rédigé par Madame Michelle D-LEROY le 17 octobre 2013 à 19:09
    La moyenne d’age de la population n’etait peut-etre pas la meme a l’epoque…

  23. De loin en loin, Philippe se fait éléphant (non rose) dans un magasin de porcelaine. Excès d’adrénaline d’ordre corporatiste. Si vous voulez bien, reprenons ce titre inopportun, anguleux autant que désobligeant pour ce cinéaste au regard d’enfant. D’abord, supprimer la majuscule à Justice, pour lui donner un peu plus de souplesse, de proximité. De même, le pseudo fait un peu trop communale, le prénom pour les mêmes raisons est plus seyant. On essaye ?
    « Mais la justice, Albert ! » Mmmouais, pas convaincu, trop déclamatoire. On se passe du mais, un mot de rupture, toujours et encore le liant. Le point d’exclamation qui fait miroir va aussi sauter. Voyons…
    « La justice, Albert » Presque ça. Suffit de laisser choir la virgule et je crois que c’est bon. Et puis aussi…
    « La justice Albert ? » On devrait gagner quelques lecteurs avec l’interrogation, la part de mystère, la question qui s’ouvre. On fait entrer, avec le sourire.

  24. @ Michelle D-LEROY | 17 octobre 2013 à 19:09
    En effet, il y a comme un « syndrome Sarkozy » qui frappe Hollande, plus personne ne le supporte. Une sorte de boomerang médiatique. Même Thierry Arnaud de BFMTV en porte les stigmates avec son pansement sur le nez, lui qui tous les soirs nous vantait le « génie et l’humour » de François Hollande.
    Quand on voit tous ces écoliers, bien blancs et bourges, on songe à ce célèbre préfet de Paris qui en mai 1968 avait saisi un mégaphone place de la Sorbonne pour dire aux occupants : « Allez, rentrez chez vous, dans dix ans vous serez tous notaires ! »
    (J’ai oublié son nom mais même Daniel Cohn-Bendit l’avait finalement pris en sympathie)

  25. « La moyenne d’age de la population n’etait peut-etre pas la meme a l’epoque… »
    Rédigé par : Valerie | 17 octobre 2013 à 19:54
    Elle a même sacrément stagné après la Révolution… Plus on coupe de têtes et moins la démographie augmente. Et je ne parle que des têtes…

  26. Quand on pense que Nafissatou Diallo a été déboutée face à DSK parce qu’elle avait menti sur ses déclarations lors de son immigration aux USA, alors que le père de Leonarda a menti de A jusqu’à Z…

  27. JC Samson Le Havre

    Merci Michelle D-LEROY (19:09) pour ce rappel historique = Valérie T dans le rôle de Marie-Antoinette (elle en a la féminité séduisante, le soir, à la Lanterne, à deux pas du Hameau) et François H dans le rôle de Louis XVI (il en a la bonhomie sympathique et l’esprit de décision…). Pas difficile de trouver les Turgot, Mirabeau, Robespierre, puis Fouquier-Tinville… puis Barras… l’embarras pour le casting, y compris un rôle pour Dupontel… et les jeunes figurants gratuits pour défiler de la Bastille à la Nation.

  28. Croyez-vous Monsieur Bilger que les adhérents du Syndicat de la Magistrature sont toujours des descendants de Oswald Baudot et de sa célèbre harangue ?

  29. Cher Philippe,
    Pas de savon de Marseille, concernant ce billet fort agréable à lire.La ponctuation est à respecter pour la bonne lisibilité des propos.
    Si qu’on vous a vu dans l’émission de « Ce soir (ou jamais !) », affirmatif.
    Du vrai Bilger, « putain ».
    Et ce duel des deux monstres sacrés de la Justice française. « Oh, con », quel régal.
    On a même cru que vous alliez « pondre » un livre tous les deux. Voilà qui aurait du chien et qui ferait piger plein de notions.
    « Deux colosses à la Une ». On veut vous voir plus souvent avec le grand Dupond-Moretti sur les plateaux ou sur les planches.
    Cela déplacerait les foules, « putain ».
    Sur la fessée de Rousseau, on a tout décodé.
    Lorsque vous fûtes questionné sur la circoncision, vous avez avec une grande finesse de coeur redressé le tir sur les égarements de l’Europe et nous vous en remercions.
    L’Europe ferait mieux de s’occuper de la déforestation, de la biodiversité parce que sans forêt, l’eau douce disparaît.
    Pour ceux qui ont des angoisses sur le devenir de la justice, nous vous invitons à consulter le site de l’ONG Envol Vert car la justice doit remercier nos forêts d’avoir fait don de leurs membres et sujets pour laisser les archives de la justice s’écrire.
    http://envol-vert.org/
    françoise et karell semtob

  30. Véronique Raffeneau

    « Je pense de manière générale que les juges ne devraient pas juger des choses qu’ils ne connaissent pas… »
    Peut-être faut-il rappeler à A. Dupontel que la justice n’est pas que pénale, qu’il y a un continent et des océans qui s’appellent la justice civile.
    Que pouvait-il connaître des désastres et des désespoirs ce jeune juge d’un tribunal d’instance de province rencontré il y a quelques semaines ?
    Tellement peu.
    Et pourtant, ce jeune juge a tout compris.
    De la façon la plus humaine, délicate, intelligente et la plus sensible qui soit.
    Non, bien sûr que non, il n’est pas besoin « de connaître les choses » pour savoir et comprendre.

  31. « Pourquoi Dupontel, un jour, ne mettrait-il pas son talent, contre son art tout de grimace, au service de la vérité et de sa profondeur ambiguë, complexe » dites-vous.
    J’ai personnellement adoré « Deux jours à tuer » et le jeu de Dupontel « tout en profondeur ».

  32. Mabrouk@prudhommes.fr

    Merci pour ce billet qui reflète parfaitement la pensée de bon nombres de magistrats. Hélas, et sans vouloir « défendre » Albert Dupontel (qui n’est pas pire qu’un autre !), les clichés ont souvent bon dos au cinéma, et ce, quelle que soit la profession en jeu. Comme tout film (en tout cas la plupart d’entre eux), on trouve dans « 9 mois ferme » du bon et du moins bon. Tempérance…

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