L’honneur est sauf au Plessis-Trévise

On a beaucoup parlé ces derniers jours des faits criminels qui ont été commis à Créteil avec un caractère clairement antisémite. Trois jeunes gens ont été mis en examen comme je l’ai relaté dans mon billet « L’antisémitisme du crime ». La lutte contre le racisme et l’antisémitisme a été décrétée, comme à chaque épisode de ce type, « grande cause nationale ». C’est à la fois solennel et probablement stérile.

Le Val-de-Marne a connu, le 4 décembre, au Plessis-Trévise, une publicité plus honorable grâce à l’intervention courageuse d’un voisin et d’un chauffeur de bus de la ligne 206. Un excellent article du Parisien nous narre cette histoire qui met du baume au coeur.

Une jeune femme de 27 ans, Sophie, enceinte de cinq mois et demi, a été violemment agressée par deux hommes qui l’ont frappée pour tenter de voler sa voiture.

Elle venait de faire des courses, il était 17 heures 30, elle avait arrêté son véhicule en bas de son immeuble. Elle faisait un signe à un voisin pour qu’il l’aide à décharger ses sacs.

A peine s’était-elle dirigée vers son coffre que deux jeunes gens, âgés de 22 et 23 ans et avec le visage en partie camouflé, se précipitaient vers elle.

L’un, en prenant de l’élan, lui porte un coup de pied dans le ventre et l’autre la menace avec un couteau. Elle tombe lourdement à terre, leur crie de « faire attention à son bébé » et elle s’attire cette réplique ignoble : « Je vais le tuer, ton enfant ».

Les deux malfaiteurs lui réclament les clés de la voiture. Se répartissant la besogne, le premier la frappe au visage et le second approche le couteau de la jeune femme.

Sophie terrorisée leur indique où trouver la clé. Le voisin, descendu, tente de s’interposer. Les deux voyous menacent de le « planter » s’il ne s’écarte pas. Le duo monte en voiture mais ne parvient pas à la faire démarrer à cause de son système d’allumage particulier.

Un chauffeur de bus a vu la scène et manoeuvre pour bloquer le passage de la voiture. Pris au piège, les malfaiteurs s’enfuient tandis que plusieurs personnes apportent une assistance à Sophie.

Peu de temps après, les deux agresseurs seront interpellés.

Sophie s’est vu prescrire quatre jours d’ITT mais a été rassurée, sa petite fille n’a rien.

J’ai eu tort de dénoncer trop souvent l’indifférence civique de mes compatriotes, probablement parce que je n’étais pas sûr moi-même d’être à la hauteur si des événements dramatiques m’avaient mis en situation de pouvoir intervenir.

Il y a des héros modestes du quotidien, beaucoup plus qu’on ne croit. Une fraternité élémentaire est toujours prête à surgir et dans la grisaille d’une France trop morose, quand la délinquance et la criminalité ne se voient opposer aucun obstacle législatif sérieux, la solidarité du Plessis-Trévise fait du bien.

On prend ce qu’on peut et toutes les bouffées de fierté collectives sont bonnes et douces à apprécier.

Le Plessis-Trévise, d’une certaine manière, a vengé Créteil. La démocratie a su se manifester et se défendre avec allure.

Article précédent

Les battements de coeur sont à proscrire !

Article suivant

La torture, de père en fille ?

Voir les Commentaires (19)
  1. Le prénom de la victime est connu, son adresse facile à trouver. Par contre, les délinquants ont droit à l’anonymat, une défense dans les règles de l’art et ils seront bientôt libres, si ce n’est déjà le cas.

  2. « Le Plessis-Trévise, d’une certaine manière, a vengé Créteil. La démocratie a su se manifester et se défendre avec allure ».
    Quel pathos, quel vent ! Risible.

  3. Bonjour Philippe Bilger,
    « L’honneur est sauf au Plessis-Trévise »
    On ne peut que rendre hommage à ces deux hommes courageux qui n’ont pas hésité à porter secours à cette jeune femme victime de ces deux délinquants. Délinquants qui se sont distingués par leur lâcheté en s’en prenant à une femme enceinte.
    Mais cela ne leur suffisait pas de lui voler sa voiture, il fallait également qu’ils fassent preuve de sauvagerie au point de rouer de coups leur victime qu’ils ne connaissaient même pas.
    Cette agression pousse à rechercher la cause d’un tel comportement.
    Comment peut-on, à 22 ans, se comporter de la sorte au point de n’avoir plus aucun respect pour rien ni personne ? Qu’est-ce qui peut bien pousser ces fous furieux à s’en prendre aux médecins et aux pompiers qui viennent porter secours à des habitants de leur quartier ? Dans quel monde vivent-ils ?
    Qui est en cause ? les parents qui fuient leurs responsabilités, le système éducatif français totalement déficient, l’urbanisation irresponsable des cités, les réseaux sociaux ouverts à tous les mouvements séditieux ?
    Une chose est sûre, il y a un gros malaise au sein d’une certaine jeunesse totalement désocialisée. Et ce n’est certainement pas avec des discours et des chiffres « apaisants » sur l’insécurité, comme ceux qui nous ont été communiqués dernièrement par le ministre de l’Intérieur, que ce problème se règlera.

  4. Le Plessis-Trévise, d’une certaine manière, a vengé Créteil. La démocratie a su se manifester et se défendre avec allure.
    Cher monsieur Bilger, j’approuve votre billet, constatant qu’il existe encore en France des gens capables de porter secours à leur prochain.
    Mais de grâce et par pitié pourquoi croyez-vous nécessaire de parsemer vos commentaires de notions à caractère politique comme la démocratie?
    Qu’est-ce que la démocratie vient donc faire ici ?
    J’ose espérer que tous ceux qui se portent au secours de leur prochain en difficulté le font avant tout sans se poser de question, par réflexe charitable et non au nom de la démocratie ou bien de la prétendue république ou que sais-je encore.
    En raisonnant par l’absurde, en imaginant que la même scène se soit produite sous un régime encore plus dictatorial que le régime actuel, auriez-vous pu terminer votre billet par « La dictature a su se manifester et se défendre avec allure » ?

  5. « Le Plessis-Trévise, d’une certaine manière, a vengé Créteil. La démocratie a su se manifester et se défendre avec allure. »
    Mais sommes-nous descendus aux enfers pour qu’un fait divers banal et un civisme normal soient ainsi portés aux nues !
    …Pour qu’un ancien haut magistrat en vienne à écrire que l’acte de civisme d’un homme bloquant avec son autobus une petite voiture « venge » (sic !) l’abjection totale du premier crime !
    Mais, cher Philippe, pendant la guerre, vous n’auriez pas cessé de tenir la plume nuit et jour !
    Allons, ce conducteur de bus n’est grand à vos yeux que parce que vous êtes à genoux !
    Ou bien vous faites du pisse-copie…

  6. Impossible de trouver le nom des agresseurs. De fait tout le monde pense la même chose. Retrouvés cagoulés en possession des bijoux qu’ils venaient de voler, ils sont présumés innocents, les mains pleines. La bien-pensance a fait le buzz sur l’égorgeur, un p’tit gars bien d’chez nous, qui s’éclate au djihad syrien. Depuis des lustres les « petits blancs » contraints financièrement à vivre dans les cités qui subissent sans cesse ce que pudiquement la presse nomme incivilités, on n’en parle jamais, ce sont des mauvais, immoraux qui votent de plus en plus mal et même FN. Quand Grigou était garde des Sceaux, elle répétait sans cesse qu’il n’y avait pas d’insécurité mais rien qu’un sentiment d’insécurité. A force d’être moralisateur, mentir par omission, ne choisir que des politiques avec casseroles, Cambadélis, H. Désir… le PS n’est plus du tout crédible.

  7. Petit retour sur l’agression de Créteil. Nos journaux ne manquent pas de rappeler que ce sont des policiers blancs qui tuent des noirs aux USA. Quelle est la couleur de peau des agresseurs de Créteil et leur ethnie ?

  8. Catherine A. l'art de la chute

    Bon OK il faut une bonne chute à tout bon papier mais tout de même, je ne pense pas que la démocratie soit sauvée par l’acte courageux ou héroïque d’une personne, pas plus qu’elle ne serait mise en danger par la lâcheté, la bêtise de quelques-uns.

  9. Nous sommes donc entrés dans l’ère du commentaire de faits divers !
    Quel est le but recherché ? Sur ce blog beaucoup déversent leur volonté à peine dissimulée d’en découdre, ainsi je suis déçu de voir le choix de vos billets, et regrette de ne pas y trouver autre chose que ce que voudrait voir se propager la presse populiste et populaire.
    Il serait plus intéressant de rechercher ce qui est bon et utile au discours public. Quant à dire combien ce qui est odieux est odieux, combien ce qui est scandaleux est scandaleux, et combien ce qui est méprisable est méprisable, il me semble que le vulgum pecus s’en charge avec plaisir et volupté… Monsieur Bilger, quand donc reviendrez-vous à la profondeur de votre pensée naturelle ? C’est cela qui nous donne une impression qu’elle n’est pas tout à fait morte.

  10. @zefir
    Encore un acte de barbarie de ces chrétiens du Val-de-Marne ! Est-ce que leurs coreligionnaires vont cette fois manifester leur indignation et appeler sur eux les foudres de la justice ?

  11. daniel ciccia

    Au fait, c’est quoi le désir de vindicte publique sinon ce à quoi, à chaque prétexte fourni ici comme ailleurs, les contributeurs cèdent avec empressement et facilité. L’enfer, monsieur Bilger, est plus que jamais pavé de bonnes intentions. Plus ou moins bonnes…

  12. Avez-vous remarqué la disparition médiatique totale des sociologues du CNRS ? On les voyait partout sur France 3, chez Calvi, à la radio, dès qu’un beur était arrêté, ils arrivaient en charge de cavalerie sur les médias pour nous expliquer que c’était de notre faute. « Société répressive » c’était leur slogan.
    À l’heure ou on vend des aéroports en France aux Chinois, ce serait une bonne affaire de leur fourguer le CNRS pour un franc symbolique (ils négocieront certainement), mais ça nous fera des millions d’économies.
    @sbriglia
    En effet on aurait aimé un billet sur la relaxe de Monsieur Guérini à Marseille. On peut se poser la question de savoir si la justice locale n’était pas en service commandé pour le PS afin de dézinguer ce Guérini… On a vu le résultat : Gaudin réélu !… Pour empêcher une candidature, il suffit en France de déclencher le ministère de la Justice et de téléphoner à Davet et Lhomme…. On pourrait presque penser au carillon des casseroles de Sarkozy qui s’éteignent une à une. Curieux.

  13. Pourquoi en conclusion « la démocratie a su se manifester et se défendre » ?
    Je suis un lecteur assidu de vos chroniques avec lesquelles je ne suis pas toujours en accord et ai un grand respect pour votre talent et intelligence.
    Mais que diable vient faire la démocratie dans votre conclusion ?! Non pas que je sois contre celle-ci mais pourquoi vouloir la mettre à toutes les sauces ? C’est l’humanise, le courage, l’intelligence, le coeur qui s’est manifesté et qui a vengé Créteil. Mais de démocratie point…

  14. Il aurait peut-être mieux valu, en effet, attendre un peu que les deux agresseurs soient relâchés, par la grâce taubirienne, pour savoir comment ils vont se venger de leur échec sur cette jeune femme. Car ils le feront.
    Ensuite, vous auriez pu, cher M.Bilger, dire votre surprise que les deux défenseurs n’aient pas été interpellés pour violences envers les agresseurs, en cherchant bien, le procureur aurait pu trouver un défaut dans leur attitude, un mot un peu rude, une manoeuvre intimidante, que sais-je ?
    Ne soyons pas inquiets ils dormiront chez eux mercredi, après un rappel à la Loi, les agresseurs.
    En revanche, quand même, la démocratie n’a pas grand-chose à voir là-dedans, sauf à déplorer ce qu’on en a fait, en la gommant au profit de la simple République.
    En ce qui concerne l’organisation sociale, la chose est symptomatique. Le défaut d’aide à autrui en danger est un délit, soit, mais l’aide doit être strictement calibrée pour répondre aux prescriptions légales. Le voisin n’a que « tenté » de s’interposer. Donc, la jeune femme pouvait être égorgée, malgré lui. Or, si, armé d’un gourdin de chêne vert il avait horionné les deux comiques, l’évaluation de la proportionnalité aurait mérité une garde à vue.
    Si la chose s’était passée dans le domaine d’une de ces bandes alibabesques, le défenseur était promis à la peine de mort par les bandes qui l’auraient jugé à la Daech, ou à la correctionnelle si les forces de l’ordre étaient venues interrompre le tournage du film.
    Donc, le sujet n’est pas aussi futile qu’il paraît.
    Ce qui reste regrettable c’est que ce soit aussi rare de célébrer l’échec du crime, car c’en est un, en raison même du sort peu enviable fait aux auxiliaires accidentels de l’ordre public. Dormez en paix, Mlle Schmidt, ou vous, les innombrables personnes tabassées par les horreurs endo ou exogènes absoutes au nom de la diversité, et vous tous, agressés perdus d’esprit, malheureux troupeau de méprisés par la justice, réunis dans une même égalité, soyez fiers d’appartenir à un monde qui vous réduit à la morne insignifiance de l’uniformité. Vos semblables n’osent plus se reconnaître dans le miroir de la vanité contemporaine.

  15. Le bien dans Paris intra muros et le mal au-delà du périph’. C’est tellement simple. Et que des érudits comme P. Bilger en viennent à commenter quotidiennement des rumeurs, des cancans, des racontars est plus inquiétant que le fait divers lui-même. Le schéma qui prend est le suivant : un visage flouté, des mains qui s’agitent, une accusation d’antisémitisme, une banlieue, une bande de jeunes, une tour en arrière-plan.

  16. Jean le Cauchois

    Cher PB,
    Vous nous apprenez que la victime se prénomme Sophie, était enceinte de cinq mois et demi, et qu’elle attendait une petite fille. Je vous propose, dans quatre mois, soit vers Pâques, de nous confirmer que la maman et son enfant se portent bien en sortant de la maternité mais surtout, surtout, de nous indiquer le prénom des deux agresseurs et surtout leur situation au regard de la justice : c’est en général ce qui n’est jamais révélé ! Peut-être que ça n’intéresse personne de savoir que la justice travaille vite et bien. Et dans ce cas, les faits paraissent simples à établir ! même si les journalistes informateurs n’ont pas la notoriété et le professionnalisme de messieurs Lhomme et Davet.

  17. Allons allons, arrêtons de stigmatiser ces pôv’ malheureux agresseurs, tout le monde a compris que le seul fait de ne pas les nommer prouve que ce sont des… « Suédois »…
    Toute autre ressemblance avec des personnes « supposées » ne serait que pure coïncidence !

Laisser un Commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *