A chaque élection, cela ne manque pas. On craint le risque d’un vote de pur rejet ou on constate qu’il a eu lieu en déplorant le défaut d’adhésion positive.
Pour 2017, nous avons déjà l’un de nos meilleurs analystes, Gérard Courtois, qui, pour « 2017, élection de tous les rejets », énonce que « plus que jamais, l’heure est à la défiance, au choix négatif, au vote exutoire » (Le Monde).
Il me semble qu’on fait suffisamment de procès à la classe politique, gauche et droite confondues, sans en rajouter un qu’elle ne mérite pas véritablement.
Quoi de plus naturel quand on s’engage dans la joute présidentielle que de choisir comme terrain d’attaque inévitable, privilégié, dominant, le bilan du prédécesseur ou celui de son successeur si on songe à Nicolas Sarkozy ? Il s’agit de la matière médiocre, décevante, perfectible contre laquelle promesses et engagements vont se développer et se multiplier en s’efforçant de faire croire à un futur qui serait radicalement différent.
Mais il ne l’est jamais même lorsque la campagne de conquête du pouvoir a été menée avec bonne foi et que par exemple on n’a pas prétendu lutter contre cette globalité multiforme dont le principe n’était pas à récuser en tant que tel : la finance.
D’abord, insensiblement ou ostensiblement, le réel viendra grignoter, gangrener ou affaiblir les originalités les plus vives, le neuf le plus éclatant parce que celles-là et celui-ci ne peuvent exister que dans les songes et les provocations d’avant l’action.
Ensuite, parce que l’exigence démocratique d’invention, à la supposer souhaitable, imposerait des visions contradictoires, des projets authentiquement alternatifs, des distinctions vigoureuses entre les programmes. On est bien obligé d’admettre que pour les politiques traditionnelles – de droite ou de gauche mais aptes au gouvernement -, les frontières entre elles sont de plus en ténues, voire interchangeables. Comme si, peu ou prou, la même musique était proposée mais avec des tonalités très inégales, assourdissante ici et plus faible là. Droite et gauche, ennemis en apparence, presque jumeaux par force ?
Si on veut bien appréhender le reproche, décisif pour une certaine gauche, de droitisation des idées-choc de Nicolas Sarkozy, elles ne sont que la continuation, adaptée à la terreur du jour, de celles de 2007 et, en caricature, de 2012. Surtout elles ne représentent absolument pas une rupture ni un bouleversement par rapport à la normalité républicaine dans son essence mais seulement une intensité du son, une puissance maximale pour une société perçue comme dure d’oreille.
Ses adversaires sont moins épris de la grosse caisse que d’un rythme soutenu sans être tonitruant.
Peut-être les seules démarches qui pourraient se piquer d’apparaître pour radicales sont-elles celles du FN ou d’une gauche tellement désaccordée que le président de la République l’a exclue de sa stratégie et de ses pensées ?
Ces structures partisanes en même temps désirées pour voir mais rejetées au fond, avec lesquelles on joue à se faire peur, qu’on essaye pour quelques élections mais qui ne pourraient se projeter au plus haut que si le peuple écoeuré par la médiocrité et l’impuissance du classicisme politique décidait, en désespoir de cause, de leur ouvrir la porte ?
La raison fondamentale qui doit sinon interdire le grief du rejet, du moins le relativiser tient à cette évidence que les chemins de l’avenir sont encombrés, qu’il n’est plus possible de circuler librement sur les avenues du futur et que le monde impose sa loi. Sur tous les plans, bien au-delà des contraintes techniques ou bureaucratiques de l’Europe, des réglementations stérilisantes et des comportements obligés, dans les maquis nationaux et internationaux où la raison se perd, où les capacités d’action s’amoindrissent, où l’élan créateur est réduit à presque rien, quelle serait donc la dernière chance d’un pouvoir pour oser de nouvelles pistes, se colleter à de l’inconnu et apposer sur une grille trop lisible pour le meilleur et pour le pire des définitions et des lettres encore surprenantes ? Droite et gauche feignant d’être des explorateurs mais condamnés forcément au pré carré, à la portion congrue ?
Tout a été dit d’une certaine manière, tout a été tenté, conçu. On répètera plus fort, moins fort.
L’invocation à la liberté comme remède suprême, pour remettre du jeu dans les mécanismes rouillés, pour créer des espaces et desserrer les noeuds, n’est certes pas récusable dans son excellent principe mais j’ai souvent éprouvé l’impression que les peuples comme les individus ont plus peur de la responsabilité que leur octroie la liberté qu’ils ne goûtent l’autonomie qu’elle leur procure.
Ce n’est pas demain que le bilan d’avant cessera de justifier l’opposition d’après.
Ce n’est pas demain que la circulation sera fluide.
Cher Philippe,
Je ne sais si je suis particulièrement fatigué ou si vous êtes trop subtil pour ma modeste intelligence, mais j’ai du mal à vous suivre, où voulez-vous en venir ? Reprenez-vous à votre compte le slogan UMPS ? Constatez-vous amèrement que la politique est contrainte par le réel ? Regrettez-vous que le « peuple » n’use de sa liberté pour se porter vers les extrêmes pour qu’enfin les choses changent ? Je n’ai jamais eu en vous lisant un tel sentiment de confusion.
Il me semble qu’on fait suffisamment de procès à la classe politique, gauche et droite confondues, sans en rajouter un qu’elle ne mérite pas véritablement.
Comment cela ?
Quarante ans d’impérities et de n’importe quoi qui se traduisent par des massacres de masse qui ne sont qu’un hors-d’œuvre par rapport à ce qui nous attend, plus des actes commis par de plus en plus de déséquilibrés, avec des responsables (?) qui osent venir se pavaner d’un air satisfait devant les caméras avec toutes leurs dents de crocodile dehors pour en rajouter une louchée en 2017 alors qu’ils devraient se cacher sous le tapis voire croupir dans un cul-de-basse-fosse et ce procès aurait été fait ?
Et en plus, il faudrait les en remercier ?
M. Bilger,
Que voilà un billet fort alambiqué… Et je regrette de ne pas bien saisir votre but.
Les chemins de l’avenir sont encombrés par quoi exactement ? Je ne vois rien dans vos propos d’insurmontable, je ne vois pas non plus ce qui gênerait l’avenir, ni ce qui pourrait l’empêcher d’advenir dans toute sa puissance.
Peut-être voulez-vous attirer notre attention sur le travail à accomplir et sur l’impéritie des prétendants ? Mais ce n’est pas neuf !
Quant à la métaphore acoustique, elle me semble bien faible.
Il me semble que le pathétique est dans ce que : « Pour 2017, nous avons déjà l’un de nos meilleurs analystes, Gérard Courtois, qui, pour « 2017, élection de tous les rejets », énonce que « plus que jamais, l’heure est à la défiance, au choix négatif, au vote exutoire » »(Le Monde).
Ce M. Courtois grand analyste suivant vos dires n’est pas meilleur que ma grand-mère, que tous ici nous appelons Cassandre, prévisions principalement rhumatismales…
Enfin, nous ne sommes qu’au début de ce cirque stupide et ennuyeux, qui va nous voler un temps précieux, et le dilapider sans rime ni raison.
Puis, nous aurons à supporter la loi que nous nous serons faite, puis nous geindrons, puis nous nous défausserons, puis nous chercherons le bouc émissaire, et enfin nous le trouverons…
Voilà une analyse terre à terre, à vérifier, SGDG, et sans être expert !
En effet, pour les gauchislamistes ce sont les chemins de leurs cerveaux qui sont bien encombrés :
MDR PTDR plié en douze !
Un camp d’été «décolonial» interdit aux blancs :
Des proches des Indigènes de la République ont lancé un camp de formation à l’antiracisme… réservé uniquement aux personnes souffrant de « racisme d’Etat ». Une revendication de non mixité de plus en plus présente dans les milieux de gauche radicale.
Là on ne peut que s’incliner devant les gauchisteries de nos gauchisses, ho hisse !
http://www.lefigaro.fr/…/01016-20160421ARTFIG00149-un…
« …à cette évidence que les chemins de l’avenir sont encombrés, qu’il n’est plus possible de circuler librement sur les avenues du futur et que le monde impose sa loi. »
Le monde impose-t-il sa loi ?
Mis à part les événements naturels, et encore… ce qui arrive aux hommes n’est-il pas de leur fait ?
Quelle est cette divinité, « le monde », à laquelle nous serions soumis ?
La France, de par son histoire, sa pensée, sa réputation, ne devrait-elle pas crier haut et fort que nous faisons fausse route ? Crier au monde qu’il n’y a pas de « loi du monde » qui tienne ? Crier au monde que la liberté n’est pas un vain mot ?
Honte sur elle : elle se déchire sur le burkini et autres fadaises !
« L’invocation à la liberté comme remède suprême, pour remettre du jeu dans les mécanismes rouillés, pour créer des espaces et desserrer les noeuds, n’est certes pas récusable dans son excellent principe mais j’ai souvent éprouvé l’impression que les peuples comme les individus ont plus peur de la responsabilité que leur octroie la liberté qu’ils ne goûtent l’autonomie qu’elle leur procure. »
C’est beau comme du Corneille mais cela ne mène à rien.
Je ne suis pas bien sûr de vous avoir compris mais j’ajouterai que « ce n’est pas demain qu’on détrônera le roi des cons présidentiables ».
Pour rassurer @Lucile 25 août 01:25
« …ça fait froid dans le dos »
N’ayez aucune crainte, ça n’a rien à voir avec le terrorisme ni une éventuelle guerre. Le gouvernement allemand a toujours été très prévisionniste envers ses citoyens. Cette annonce leur avait déjà été faite en 1995 dès la fin de la guerre froide recommandant à la population d’être prévoyante et de s’assurer d’avoir à la maison suffisamment de bouteilles d’eau et de nourriture au moins pour deux semaines en cas de catastrophe naturelle, en cas de conflit civil ou de grande manifestation privant les magasins en approvisionnement vital. Seulement, ça a été dit maladroitement et pas développé et les gens ont eu peur.