L’épuration continue…

En 1942, Henri Dutilleux (HD) a composé la musique d’un film à la gloire des sportifs, commandité par Vichy. En 2015, le maire du 4ème arrondissement de Paris a décidé de surseoir à l’apposition d’une plaque commémorative sur l’immeuble où habitait le musicien, dans l’île Saint-Louis.

Ce grand compositeur, né en 1916, est mort au mois de mai 2013.

Christophe Girard, le maire en question, avait engagé le processus de la plaque en décembre 2013.

Le Comité d’histoire de la ville de Paris avait émis un avis positif mais avait éprouvé le besoin de rappeler cet épisode musical de 1942.

C’est à cause de cette incursion dans un passé lointain que le maire du 4ème arrondissement a cru bon de différer l’apposition. De la différer ou de l’annuler ?

Il est rassurant de constater que ce recul a suscité une fronde considérable.

Jack Lang s’est dit « abasourdi » en soulignant qu’HD avait été « un des plus fervents et fidèles soutiens de François Mitterrand ». Cette référence pourrait apparaître comme dangereuse puisque des procès injustes ont été intentés à l’ancien président de la République, précisément à cause d’une période jugée discutable dans son passé.

L’Académie des Beaux-Arts s’est déclarée « indignée ».

Claude Samuel a évoqué « une connerie absolue » et a rendu hommage « au modèle de vertu, de probité et de rigueur morale » qu’était, pour lui, HD.

On a dû faire état des preuves de résistance d’HD, qui a adhéré en 1942 au Front National des musiciens, organe de résistance d’obédience communiste.

il a fallu aussi rappeler la mise en musique de textes clandestins en 1944 (Le Nouvel Observateur), notamment des poèmes de Jean Cassou, grande figure de la Résistance.

La cause était entendue pour tout le monde et, pour une fois, intellectuels et instances compétentes s’accordaient.

Au-delà de cette navrante polémique qui révèle à quel degré de déplorable inquisition la France est arrivée, on a le droit, comme Franck Ferrand l’a fait dans un article lumineux (Figaro Vox), de mettre en évidence cette absurdité : si HD n’avait pas pu se voir décerner un brevet de résistant, il aurait été hors de question d’envisager l’apposition d’une plaque ! alors que sa personnalité et sa créativité auraient continué à la justifier amplement.

C’est une tentation constante de réécrire l’Histoire de France en oubliant, par exemple, que dans leur majorité les Français avaient, jusqu’au mois de novembre 1942, adhéré à la présence tutélaire du Maréchal Pétain pour « sauver ce qui pouvait l’être de l’honneur national ». Il aurait été le « bouclier » quand d’autres, avec le général de Gaulle tenaient le « glaive ».

Le seul intérêt de ces controverses qui nous enfoncent dans une période dont le caractère à vif ne cesse d’exacerber le présent : nous sommes obligés d’affronter la vérité d’alors en ne sublimant pas le passé au nom d’une multitude d’héroïsmes rétrospectifs. Les courages en chambre, déconnectés des tragédies et des choix douloureux, ont naturellement vocation à se multiplier…

Pour peu que quelqu’un veuille agiter cette Histoire officielle, comme Eric Zemmour dans son chapitre sur Vichy, dont je suis persuadé que très peu l’ont lu avec honnêteté et bonne foi, cela devient un scandale.

Pour cette musique de film en 1942, 73 ans après, HD serait encore suspect ?

Nous devrions aller plus loin. Pourquoi s’arrêter à Vichy ? Tous les anciens communistes ayant approuvé implicitement ou explicitement le stalinisme et le goulag ne devraient-ils pas être interdits médiatiquement ?

Puisque, paraît-il, chaque destin, pour se prévaloir d’une pureté absolue, ne saurait avoir toléré la moindre faiblesse ou avoir été habité jamais par une quelconque médiocrité, qui pourrait s’arroger le droit de juger, qui serait légitime pour mettre en cause HD ?

Rien ne m’irrite plus – combien d’échanges vigoureux ai-je subis et entretenus sur ce thème – que la certitude et l’arrogance avec lesquelles certains sont convaincus, en 2015, qu’ils auraient été des héros en 1942. Je déteste ces consécrations a posteriori et ces justiciers de bazar.

Le plus triste dans cette histoire est que pour l’Histoire de France rien n’a changé.

L’épuration continue.

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Voir les Commentaires (62)
  1. Franck Boizard

    « Tous les anciens communistes ayant approuvé implicitement ou explicitement le stalinisme et le goulag ne devraient-ils pas être interdits médiatiquement ? »
    C’est pô pareil, voyons !
    Quand on est de gauche, on a forcément de bonnes intentions, ça justifie tout. Inversement, quand on est à droite, on a forcément de mauvaises intentions, ça condamne tout, même quand on est prix Nobel de médecine.
    Les choses sont d’autant plus mêlées que la résistance n’était pas à gauche et la collaboration à droite.

  2. Maurice du Balto

    Quand ces apprentis coiffeurs de l’immonde cesseront-ils de tondre de présumés collaborateurs ?
    Ces « justiciers au nom du souvenir » s’affirment comme de médiocres et inutiles historiens de pacotille.
    Très souvent ils ne peuvent, dans leur réquisitoire englué de suffisance, que maquiller grossièrement l’unique souci qui anime chaque individu en période de conflit : survivre !

  3. Xavier NEBOUT

    Un pas de plus et vous êtes vous aussi rayé des médias encore que vous vous soyez arrêté à 1942.
    Or en 1942, le général de Gaulle lui-même était toujours hostile à la résistance intérieure armée car la guerre a ses règles, dont le port de l’uniforme en unités constituées. Il était sur ce point du même avis que les Allemands en ce que la guerre de partisans qui plus est après la signature d’un armistice ou d’une capitulation relève du crime de guerre.
    Par contre, pour ce qui est des renseignements, la résistance était prônée et organisée en sous-main par le gouvernement de Vichy.
    La catastrophe a été l’assassinat de Darlan sans lequel l’histoire eut assurément été tout autre.

  4. Vrai pour « jusqu’ en 1942 » mais les Français avaient-ils le choix, étaient-ils aussi bien informés que l’on peut l’être aujourd’hui pour se forger un jugement ? Dans tous les cas on pourra toujours trouver toutes les bonnes raisons historiques de justifier un camp ou l’autre, vaste débat aurait dit Mongénéral.
    Par contre dans la trilogie de Jean Lacouture, un passage dit que le Général de Gaulle a énoncé qu’après mars 1943 ce ne sont plus des résistants. Stalingrad était passé par là.
    « Epuration », sans doute excessif, certains en sont morts, retourner la terre du passé n’est pas très efficace non plus 70 ans après. Vraiment, n’y a-t-il pas de choix plus importants à mettre sur des plaques, pardon, sur la table et de refaire le passé. Laissons les choses là où les historiens les ont laissées, mais diviser encore pour toujours les mêmes antiennes : a-t-il ou non failli, Henri Dutilleux ? Les mélomanes ne se posent pas la question alors ne posons pas de plaque objet d’une discorde qu’il ne souhaitait peut-être même pas. On est toujours à vouloir la reconnaissance pour les autres. Thomas Piketty a bien refusé la sienne, alors qu’on fiche la paix aux précédents.

  5. « …la certitude et l’arrogance avec lesquelles certains sont convaincus, en 2015, qu’ils auraient été des héros en 1942 »
    Voilà tout le problème !
    C’est à peine s’ils ont le courage, en bande, de murmurer leur conviction, alors soyons certains de leur héroïsme de salon. Le cas Wagner a fait le lit de toute cette imbécillité superbe !
    A quand l’épuration tout court ? De beaux jours nous attendent… Vouez aux gémonies ! Vouez, vouez, il en restera toujours quelque chose !

  6. L’aurait dû dire « Si mon cœur est français ma musique est internationale ! ».
    Il aurait eu sa plaque – et même sa rue – comme Arletty dont le cul, lui, était international…

  7. Robert Marchenoir

    Cher Monsieur Bilger, vous demandez : « Tous les anciens communistes ayant approuvé implicitement ou explicitement le stalinisme et le goulag ne devraient-ils pas être interdits médiatiquement ? »
    Excellente question. D’ailleurs ce n’est pas la sanction médiatique qui serait la plus souhaitable, mais la sanction pénale.
    La trahison, la complicité d’assassinat, le détournement de fonds, ce sont des infractions, jusqu’à plus ample informé.
    Quant à donner des gages de « ce qu’on aurait fait pendant la guerre si on avait été là », eh bien il y a au moins une façon de s’en assurer : ceux qui, en France, aujourd’hui, font allégeance à Vladimir Poutine qui a désigné, sans ambiguïté, l’Europe et les Etats-Unis comme ses ennemis, eh bien ceux-là auraient collaboré avec les Allemands en 39-45.
    Pour le dire autrement : soutenir Poutine aujourd’hui, comme le font tant de Français puissants ou anonymes, c’est, sur le plan moral, l’exact équivalent de la collaboration avec les nazis.
    Plus exactement, c’est pire : pendant la Seconde Guerre mondiale, la France était occupée par une puissance totalitaire. Il y avait quelque risque à s’y opposer.
    Aujourd’hui, il n’y a aucun risque à s’opposer à la Russie. Sinon, pour certains, le risque de perdre des avantages financiers dus à d’avantageuses opportunités commerciales ou spéculatives en Russie, à des postes de « journalistes » confortablement payés au service de Radio-Paris – pardon, de Russia Today, de Sputnik ou de l’une quelconque des officines de propagande et de désinformation du Kremlin -, à des facilités de carrière « universitaire » à Moscou, à des prêts de banques russes à visées électorales, etc.
    Sont encore plus condamnables moralement ceux qui se font les porte-voix de Vladimir Poutine pour la seule satisfaction narcissique d’être conviés à s’adresser aux députés russes à Moscou, à « observer » des parodies de référendums organisés sous la menace des canons, à participer à des « colloques » anti-occidentaux patronnés par les autorités russes, etc.
    Pour ne rien dire de ceux qui se contentent de la douteuse notoriété d’un blog, voire de la simple satisfaction de venger leur ressentiment et leurs frustrations personnelles en se faisant les laquais complaisants d’un homme qui prend plaisir à traîner leurs compatriotes dans la boue – et à les menacer très concrètement par tout l’éventail des méthodes de la guerre hybride, allant de la désinformation à l’attaque nucléaire en passant par la subversion, la torture et l’assassinat.
    Les anonymes de cette dernière catégorie sont les mêmes qui envoyaient des lettres de dénonciation à la Gestapo pour régler des jalousies personnelles, des conflits de voisinage ou simplement pour se venger de la médiocrité de leur vie. Ce sont les mêmes qui tondaient des femmes à la Libération.
    Comme quoi, la propension à la trahison est toujours aussi vivace.

  8. Nul ne devrait être interdit médiatiquement mais il ne faut pas non plus tout mélanger
    Effectivement l’histoire de la plaque pour Henri Dutilleux me paraît d’une grande bêtise de la part de ce maire.
    Vous faites allusion à la position des communistes au long de l’histoire du 20ème siècle.
    Elle est effectivement ambiguë.
    Eux qui se parent de toutes les vertus républicaines sont loin d’être des démocrates sincères.
    Eux qui jusqu’à l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS trouvaient naturel de ne rien dire sur les camps de concentration soviétiques, les tristement fameux goulags.
    Eux qui pendant le début de la Seconde Guerre mondiale n’ont rien dit suite aux accords soviéto-nazis, entre confrères on se comprend n’est-ce pas.
    Eux qui se sont inventés largement des fusillés, annonçant plus de martyrs que la France n’en a eus réellement.
    Eux qui sont allés conspuer pour ne pas dire plus les militaires partant de Marseille pour l’Indochine car ils partaient face à des rouges.
    Quand je vois des rues Lénine comme à Ivry ou Vitry pour ne citer qu’elles je suis plus qu’indigné.
    Quand on connaît l’histoire de certains dirigeant du PC français au temps de la WWII comme celle de Georges Marchais pour ne citer que lui.
    Pour toutes ces raisons, je pense qu’effectivement on pourrait largement faire le même sort au PC qu’au FN.
    Ces deux partis n’étant, selon moi, absolument pas démocratiques au sens républicain du terme, dans la finalité de leurs actions et idéologies.
    Pour autant je suis contre leur interdire de s’exprimer au nom de cette liberté que nos avons célébrée il y a peu.

  9. Denis Monod-Broca

    Qu’il est doux de montrer du doigt, d’accuser, de vouer aux gémonies !… que c’est rassurant, réconfortant !…
    Mais c’est injuste.

  10. Michelle D-LEROY

    En ce qui concerne l’ancien Président, pendant la guerre, il cherchait surtout à trouver un créneau pour sa future carrière politique, son ambition personnelle ; avant d’être collabo ou résistant, il allait surtout dans le sens porteur du vent.
    Par contre, actuellement nous assistons à une nouvelle épuration, pas seulement vichyste, mais d’abord celle de la bien-pensance qui décide du camp du bien, telle une justicière.
    Après la grande polémique de Béziers où une rue a été rebaptisée Hélie de Saint Marc, un grand officier de l’armée française, dont personne, de la politique ou des médias, n’a cru bon de parler et de retracer sa carrière et les faits d’armes, notamment d’avoir pris le parti des harkis. Condamnable juste parce qu’il avait eu le tort d’avoir pris parti pour l’Algérie française… parce qu’avoir désobéi au Général, cela je ne crois pas que ça dérange un socialiste… et bien sûr parce que c’est Robert Ménard (un non républicain) qui a eu cette malencontreuse idée de le mettre à l’honneur.
    Il y a Henri Dutilleux mais j’ai lu aussi que l’hôpital Charles Richet de Villiers-le-Bel sera débaptisé d’ici quelques semaines (un biologiste prix Nobel aux thèses trop eugénistes selon les belles âmes).
    A qui le tour ? En cherchant bien ils vont trouver des phrases ou des faits douteux (pour eux) qui pourraient remettre en question le passé de grandes figures françaises mises à l’honneur de rues, de stades, de lycée.
    Pourtant, je n’entends ni ne vois personne s’étonner que des communes du Val-de-Marne gardent des noms de rues au nom de révolutionnaires russes pourtant très contestables et mêmes ayant commis des crimes de masse. Une attitude pour le moins bizarre.
    Nous commençons à étouffer dans cet étau des idées conformes.

  11. @ Xavier Nebout
    Il est exact que le général de Gaulle fut jusqu’à mi-1942 hostile aux actions armées de la résistance intérieure et notamment au fait de tuer des soldats allemands (ce que faisaient les communistes depuis l’attaque de l’URSS). Cela non pas à cause de la signature de l’armistice par l’Etat de Vichy que d’ailleurs il reniait, mais parce que cela n’avait aucune efficacité militaire et générait des représailles importantes sur la population civile : otages fusillés.
    La fourniture de renseignements aux Anglais, notamment jusqu’en 1942, fut le fait de réseaux de résistance qui n’agissaient pas selon les ordres de Vichy. Même quand ces membres étaient d’obédience maréchaliste, ils agissaient de leur propre initiative (cas de l’ex 2° bureau militaire Terre sous couvert des « Travaux Ruraux » et Air) et n’étaient ni encouragés ni ne bénéficiaient de la bienveillance du gouvernement de Vichy. Celui-ci, profondément anglophile, y était profondément hostile, et certains furent même arrêtés par la police du régime. Ces figures emblématiques tels les colonels Rivet et Fayol gagnèrent d’ailleurs l’AFN, cela peu après le débarquement américain de novembre 1942.
    « La catastrophe a été l’assassinat de Darlan sans lequel l’histoire eut ASSURÉMENT été tout autre. »
    Désolé ce fut une exécution parfaitement justifiée (certes sommaire, mais cela lui évita la honte d’un conseil de guerre), votre amiral n’était qu’un opportuniste de la pire espèce. Il ne devait son ascension au commandement de la Marine qu’à ses intrigues dans les années 30 au sein des cabinets ministériels de centre-gauche et radicaux, et à son appartenance aux Hauts Grades de la franc-maçonnerie. De 1920 à 1939 il fait toute sa carrière dans lesdits cabinets, ce qui lui vaudra la phrase assassine suivante : « La France a trois amiraux : Esteva, qui n’a jamais connu l’amour ; Darlan, qui n’a jamais connu la mer, et le vrai loup de mer qui a bourlingué toute sa vie et qui, lui, n’a jamais connu Darlan ». Un grand « visionnaire » qui refusa à la fin des années 30 d’équiper de radars la flotte, alors que la France était en pointe dans cette technologie nouvelle.
    Rallié peu après l’armistice au Maréchal, il fut de fait un des responsables du drame de Mers el-Kébir, il sera pendant près de deux ans le chef du gouvernement de Vichy. A ce poste il mènera une politique active de collaboration avec les Allemands, et a contrario agressive vis-à-vis des Britanniques, certes souvent velléitaires par manque de moyens militaires.
    Lors du débarquement américain en AFN où il se trouve par le plus grand des hasards (maladie de son fils), il ordonne aux troupes présentes de faire feu contre ceux-ci : environ un milliers de mort côté US. Huit jours après, face à l’inanité de son action il fait cesser les combats, se rallie toute honte bue aux Américains et prend avec leur accord la direction de l’AFN. Mais il maintient les mesures antisémites de Vichy !…
    Tel est le triste sire auquel vous dressez des lauriers.

  12. Marc GHINSBERG

    La droite n’a pas le monopole de la bêtise. Le maire du quatrième arrondissement, souvent mieux inspiré, vient d’en apporter la preuve. A se demander s’il ne fait pas un concours avec Robert Ménard. Je crains, dans ce cas, qu’il ne présume de ses forces. En plus il donne à notre cher Philippe l’occasion de nous expliquer que l’épuration n’est pas terminée. L’ampleur des protestations soulevées, de tous bords, montre à l’évidence que oui. Quant à l’histoire, cher Philippe, vous venez de découvrir qu’elle est écrite par les vainqueurs. Ce n’est pas une raison pour la réécrire n’importe comment selon la fâcheuse habitude d’E.Zemmour.

  13. Rien ne m’irrite plus – combien d’échanges vigoureux ai-je subis et entretenus sur ce thème – que la certitude et l’arrogance avec lesquelles certains sont convaincus, en 2015, qu’ils auraient été des héros en 1942. Je déteste ces consécrations a posteriori et ces justiciers de bazar.
    Oui, ces justiciers de bazar, l’expression est juste, qui se prennent pour des héros et qui réécrivent l’histoire quand ils visionnent vautrés devant leur écran de télévision en se goinfrant de cacahuètes ou de pizzas un film retraçant un épisode de cette époque.
    Dans la longue série des réprouvés, figure le grand Alexis Carrel – sans qui les opérations à cœur ouvert ne seraient pas possibles – ainsi que les frères Lumière, les inventeurs du cinéma, tout simplement, qui avaient été interdits d’effigie sur le billets de la Banque de France.
    Suggérons donc à toutes ces belles consciences morales adeptes de la chasse aux sorcières de refuser énergiquement de subir une intervention chirurgicale cardiaque en cas de nécessité, ou bien de fréquenter les salles de cinéma…
    Et au fait, combien de Français savent-ils que le numéro INSEE qui leur est affecté (le code à 13 chiffres improprement appelé le « numéro de sécurité sociale ») est une création de Vichy, ainsi d’ailleurs que le principe de ladite sécurité sociale, qui a été repris en 1945 avec peu de modifications ?

  14. @ Xavier Nebout
    Darlan n’avait plus beaucoup de soutiens à la fin 42… Enfin, j’imagine que vous ne tresserez pas de lauriers à Giraud, à cause de Pucheu…

  15. Nous vivons une époque charnière : l’ultime étape de la décomposition du gauchisme (et un cadavre n’a pas une odeur spécialement alléchante, quoi qu’en aient pu dire les surréalistes). Je fais partie d’une génération qui a connu l’agitation consécutive à la parution d’un témoignage de ce que l’on appelait alors les dissidents : « L’Archipel du Goulag ». Tout y était déjà : les cris d’orfraie de l’intelligentsia, le refus de voir la réalité en face, car le marxisme rend sourd et aveugle. Nous avons, avec l’épisode Dutilleux, les derniers spasmes de la très longue agonie de cette idéologie totalitaire et mortifère. Ce sont les mêmes sectateurs qui se sont émus à la parution du « Livre noir du communisme » qui tentent, dans un ultime soubresaut, de condamner Dutilleux, sans penser une seconde qu’une de leurs idoles, J.P. Sartre, fit jouer Les Mouches devant un parterre d’officiers allemands. Guitry, pour le même motif, fut arrêté, Sartre fit partie du Comité d’épuration…

  16. Catherine JACOB

    « En 1942, Henri Dutilleux (HD) a composé la musique d’un film à la gloire des sportifs, commandité par Vichy.  »
    Est-ce que le compositeur des Fragments d’un Chœur de l’Oreste d’Euripide (480-406 av. J.C.) consignés sur le Papyrus Wien G 2315 écrit vers 200 av. J.-C., notation vocale provenant d’Hermopolis Magna où il a été récupéré dans un cartonnage de momie à la fin du XIXe siècle, a voté la mort de Socrate (vers 470/469 – 399 av.J.C.) ?
    Si vous réfléchissez bien, c’est possible. Car, selon la théorie pythagoricienne des existences antérieures, un Athénien du temps de Socrate et d’Euripide a très bien pu se réincarner en scribe à Hermopolis et rédiger le papyrus confié ensuite à la garde d’une momie, sous l’effet d’une réminiscence.
    Écouter l’infâme musique sur Youtube (« Anakrousis – Orestes Stasimo » de Gregorio Paniagua) ; Justiciers de Bazar, of corse s’abstenir.

  17. Eh oui c’est tellement plus facile après ! Toujours les mêmes, ils n’y étaient pas, mais par contre de s’afficher sans pudeur résistants. Et bien sûr aussi de se réclamer d’une rectitude exemplaire.
    Alors à quoi bon. A quoi bon ressasser sans cesse ce qui est l’évidence, il n’y a pas plus courageux que celui qui n’a rien entrepris. Rien n’y fera, toujours les mêmes, profiteurs d’un jour, profiteurs toujours. Encore lui, l’inoxydable J. Lang, n’en a-t-il donc pas assez, qu’il passe son tour, il est de tout ; on veut changer, évoluer, respirer enfin un air nouveau, toujours les mêmes, sans cesse les mêmes, usant à force.

  18. « Le plus triste dans cette histoire est que pour l’Histoire de France rien n’a changé. »
    Et ça remonte loin ce penchant pervers de la gauche pour l’épuration.
    Robespierre maître d’œuvre de la terreur et ses partisans avaient pratiqué l’épuration, le nettoyage ethnique et l’élimination de tous ceux qui pouvaient leur résister.
    Vieille stratégie de la gauche, que cette politique du vide et du mépris.
    L’exemple de Lavoisier, inventeur de la chimie moderne, est emblématique d’une épuration absolue. Condamné à mort, sans raison comme tant d’autres, Lavoisier demanda un sursis pour achever une expérience. Le président du tribunal lui répondit : « La République n’a pas besoin de savants »
    Cette réponse tristement célèbre n’est pas à l’honneur de la République. Mais il paraît que la Révolution est un tout.
    Ceux qui de façon hystérique se revendiquent de cette République, n’ont plus les moyens de trancher des têtes.
    Ils préfèrent stigmatiser des philosophes qui ne pensent pas comme eux, et effacer de la mémoire collective certains compositeurs de musique.
    On peut remarquer que notre Premier ministre est marié avec une violoniste. Si on en juge par son comportement hystérique à l’Assemblée et sur les estrades électorales la musique n’adoucit pas ses mœurs, et ne l’incite pas à respecter un grand compositeur en intervenant dans cette affaire. Qui ne dit mot consent.
    Quel journaliste aura le courage de demander à la violoniste Anne Gravoin épouse Valls ce qu’elle pense de cette lamentable affaire ??

  19. Eh oui, maintenant il ne suffit plus d’être un grand compositeur, un écrivain de talent, un peintre de génie ou même un brillant scientifique, il faut aussi (et surtout) être un parangon de vertu, avec attestation dûment validée par au moins deux témoins de moralité.
    On vit une époque formidable, comme disait Reiser.

  20. @Alex paulista
    « Débats de nonagénaires ! »
    Peut-être mais eux ont fait la guerre et à les écouter on apprend beaucoup, plus que dans un livre d’histoire.
    Justement, Darlan ayant été cité, je pense à mon père, bientôt 92 ans et marin en 39, qui m’a toujours dit « j’aurais aimé faire la peau de ce salaud ».

  21. Jean MORLAND

    Encore un coup de moraline…
    Personne ne se pose la question de savoir ce que ce sulfureux film sur le sport disait exactement… En tout cas, ce ne semble pas avoir été « les Dieux du stade » (qui est un film très beau, au demeurant). Que Vichy ait soutenu le sport, ce n’est pas vraiment mauvais en soi, et, inversement, cela ne rend pas le sport mauvais. Moins encore la musique – dont on ne nous dit pas non plus ce qu’elle valait – et toujours encore moins son auteur.
    La France restera toujours un pays de guerres de religions absurdes et sanglantes.

  22. A propos des communistes fusillés (J. Marques à 15 h 16 le 24 mars)
    Parmi ceux-là il ne faut surtout pas oublier ceux fusillés en 1940 pour sabotages dans les usines d’armement françaises; par exemple chez Farman un jeune ouvrier communiste tripotait les arrivées de carburant de manière que l’essence goutte sur les tubulures d’échappement et fasse exploser l’avion en vol.
    Mêmes manips chez Renault avec des vis jetées dans les boîtes de vitesse des chars.
    D’où l’expression bien connue : le PC parti des fusillés.

  23. @ Achille le 25 mars 2015 à 08:04
    « …attestation dûment validée par au moins deux témoins de moralité »
    Il est vrai que depuis que nous avons un pouvoir socialiste, la moralité (à géométrie variable ;-)) devient le passeport nécessaire à la circulation des idées, il n’est que d’écouter les harangues de M. Valls !
    Naturellement ce chantre de la moralité qu’est notre Premier ministre ne va pas jusqu’à évoquer Cahuzac, Guérini ou Cambadélis qui, « même pas peur », fait la leçon à N. Sarkozy qui lui, sauf erreur, n’a jamais été condamné à de la prison (n’en déplaise à Monsieur Bilger ;-))

  24. Xavier NEBOUT

    @Trekker
    Je ne sais pas où vous avez vu que je tressais des lauriers à Darlan, encore que les auteurs sont unanimes pour reconnaître qu’on lui devait la plus belle flotte que la France ait jamais eu, et que l’attitude de d’Astier de la Vigerie et consorts ait été très discutable.
    La catastrophe, et le revirement de l’histoire, ça a été l’installation de de Gaulle. Sans cet assassinat, ce dernier serait passé au second plan, et il y a tout lieu de penser que la libération aurait donné lieu à une réconciliation nationale avec maintien des communistes au pas par les Américains.
    Nous nous serions économisés l’arrivée de la pègre médiatico-politique qui empoisonne notre pays depuis 1945, et la déconsidération en Indochine avec tout ce qui s’ensuivit.

  25. Michelle D-LEROY

    Hier soir une belle interview d’ A. Finkielkraut dans Le Divan sur France 3 la nouvelle émission de M.O.Fogiel. A revoir en replay au besoin.
    Tout ce sur quoi nous débattons : la guerre de 40 et sa complexité, les interrogations sur une immigration qui change le visage de la France, l’intégration devenue impossible ou presque, bref le monde d’aujourd’hui et la quasi impossibilité d’aller à contre-courant des idées du socialisme ambiant. Un AF qui s’énerve en entendant tant de contrevérités et surtout mis au ban malgré son intelligence par une gauche figée dans ses certitudes et qui pour avoir l’air humaniste avec certains, condamne toute personne qui ose émettre des doutes sur la société d’aujourd’hui.
    A regarder.

  26. Xavier NEBOUT

    @Trekker
    Je ne trouve pas trace d’une opposition de Darlan aux radars. C’est bien au contraire lui qui aurait en 1939 octroyé des crédits illimités pour équiper la flotte à commencer par le Strasbourg puis le Richelieu.

  27. @ Xavier Nebout
    Si j’entre dans votre logique, il n’y a plus que Giraud de disponible. Je crois me souvenir qu’il avouait ne rien comprendre à la politique… J’imagine aussi que vous pensez que la mission Auphan aurait réussi. On peut toujours rêver.

  28. Merci à Trekker pour le rétablissement du profil vrai de Darlan.
    Merci à François pour le rappel du parcours de Sartre sous la botte, on pourrait y joindre celui de Simone de Beauvoir (lire « Mémoires d’une jeune fille dérangée » de Bianca Lamblin).
    Merci à Tipaza pour le parallèle dressé avec la dérive populicide de la première république française, illustré par le cas accablant fait à Lavoisier… c’est à Clemenceau qu’on attribue « la révolution est un bloc » à la Chambre dans les débuts de la IIIe où le camp monarchiste ne s’était pas encore résigné.

  29. Ça devient franchement comique ici.
    On parle de Dutilleux et ça bascule sur Darlan, Giraud et Pucheu, on s’attend à Mers el-Kébir, ça ne va pas tarder à arriver.
    Dutilleux « épuré », ça le sort de l’anonymat : jamais entendu parler de ce musicien couvert de récompenses. Il paraît qu’il « composait dans la clandestinité », laissez-moi rire, je l’imagine dans sa cave tapotant sur son piano alors que les bus de la RATP fonçaient sur Drancy… c’est le Bonnard du clavier.
    Dutilleux avait 24 ans en juin 40, il aurait pu tout de même faire autre chose que des gammes en pleine déroute.

  30. La mise en scène de grand-messes politico-médiatiques où l’on baigne tous ensemble dans la réprobation ou dans les bons sentiments me paraît toucher de près ou de loin à la manipulation des masses. On les intimide avec l’histoire, on évoque à tout propos les relents d’un passé trouble, pour leur faire proclamer leur écœurement, comme s’il s’agissait de raviver au moindre prétexte, même tiré par les cheveux, la honte, l’obligation de pénitence, et le malaise des individus que nous sommes. Et maintenant, alors qu’il y a paraît-il 8000 morts par an de maladies nosocomiales dans les hôpitaux, et un nombre astronomique d’enfants qui arrivent tous les jours dans ces mêmes hôpitaux en lambeaux sous les mauvais traitements de leurs parents, on nous fait communier dans le deuil républicain à grande échelle pour un accident d’avion certes navrant et spectaculaire, un peu énigmatique aussi, mais pas plus affreux que tous les drames qui jalonnent notre quotidien.
    Dès que l’infosphère politique et médiatique donne le la, tout le monde se signe avec componction, pour bien montrer qu’il est du bon côté de la barrière de peur qu’on ne le prenne pour un ennemi de la nation, car c’est vite fait, par les temps qui courent. On adopte le ton et les mines de circonstance, tout comme les gens qui faisaient la queue autour du cercueil de Staline en sanglotant.
    On y trouve sans doute une satisfaction morbide, mais il y a là un assouvissement de l’instinct grégaire qui sous ses airs solennels et ses rites quasi religieux, me donne envie de fuir la foule à grandes enjambées. Qu’on laisse les morts en paix, ce n’est pas leur dénonciation politique qui importe, c’est la réflexion sur les erreurs du passé, et seulement si elle peut servir à quelque chose. Combien de fois va-t-on rejouer leur jugement ? Ce qui est malsain, mais vraiment malsain, c’est toute cette agitation orchestrée, ce n’est pas la musique d’Henri Dutilleux.

  31. Franck Boizard

    Je sais que je vais choquer certains nostalgiques : Darlan, Giraud, Pétain n’ont aucun intérêt à mes yeux. Ils ont fait des choix qui se sont révélés mauvais, voire pire. Vea Victis !
    **************
    La théorie du glaive et du bouclier est absurde, mais il est compréhensible que des contemporains s’y soient raccrochés. En revanche, la soutenir en 2015 est – comment dire ? – surréaliste.

  32. Ainsi va ce pauvre pays, gouverné souvent par des brutes, comme Clemenceau, refusant les offres de paix, justifiant par une simple formule le meurtre de Lavoisier, comme notre collègue qui, involontairement, ne voit dans Dutilleux qu’un tapoteur de notes dans la débâcle, en ignorant qu’il a été mobilisé comme tout le monde : comme de Gaulle, fractionnaire acide du pays et garant du massacre de nos amis algériens. Et ne parlons pas de la foule sainte de la gauche génocidaire, par approbation temporaire, mais électorale, de toutes les horreurs commises par les tyrans marxistes.
    Tous ces gens-là ont tellement de dégoût d’eux-mêmes qu’ils se jettent sur la moindre proie pour lustrer leurs plumes du sang chatoyant des victimes faciles. Comme ce M.Girard qui se construit un humanisme de précaution, ajoute à la liste impressionnante de ses fonctions celle de premier imprudent de France, dépassant provisoirement les pires parlementaires ou journalistes vautrés, attaché à détruire ce qu’il avait primitivement favorisé, au nom d’une peur hystérique du qu’en dira-t-on.
    Dans le grand ballet des gueules sérieuses, tragiques masques d’une compassion en carton-pâte, les ministres sont des étoiles, non par empathie, mais par exigence du spectacle et quête d’applaudissements.
    Quand ressort l’histoire des faits, l’analyse des décisions confrontées aux postures, quand se déroule l’écheveau des ambitions et des vengeances, apparaît la laideur humaine, qui circule de gauche à droite.
    Il n’y a pas de remède, personne n’est bon, mais par pitié, quand on insulte le génie musical en le rabaissant au rang des politiques, qu’on ait la grâce d’aller se pendre ou de démissionner. M.Girard restera pour longtemps le maître à penser des imbéciles, des trouillards et des ignorants, même s’il méritait mieux, initialement.

  33. Franck Boizard

    Ce passé qui ne passe pas nous fait victimes d’un phénomène étrange.
    D’habitude, nous avons une vision des événements passés caricaturale, tout simplement par économie : nous ne pouvons pas connaître les nuances de chaque situation. Mais ce n’est très grave parce que l’impact de cette vision sur notre vie politique et sociale est très limité.
    Certes, notre vision du baptême de Clovis manque de nuances, mais on vit bien avec parce que tout le monde s’en fiche.
    Or, dès qu’il s’agit de la Seconde Guerre mondiale, c’est la double peine : nous avons la caricature et l’obsession. On nous intime l’ordre de nous conformer à une doxa qui n’a aucun fondement dans la réalité.
    La doxa est la suivante : le bon choix entre résistance et collaboration était évident. Ceux qui ont choisi la collaboration étaient des salauds. Et si les Français étaient en majorité collaborateurs ou attentistes en 1940, cela prouve juste que les Français sont (notez le présent) des salauds à rééduquer d’urgence.
    Bien sûr, il est impossible de discuter avec la doxa, son absurdité la protège, c’est tout le mérite de « plus c’est gros, plus ça passe ». Si vous me dites que la table blanche est gris clair, on peut discuter. Si vous me dites qu’elle est noire, c’est impossible.
    Face à un Christophe Girard, il ne faut pas discuter des mérites et des manquements d’Henri Dutilleux. Il faut contester le fait même de porter des jugements anachroniques hors d’un cadre érudit.

  34. Florence Lanaud

    @ Savonarole
    « Il paraît qu’il « composait dans la clandestinité », laissez-moi rire, je l’imagine dans sa cave tapotant sur son piano… c’est le Bonnard du clavier. »
    Décidément, vous êtes très drôle, il y a un petit peu d’Audiard chez vous.
    Mais vraiment !
    (Et je pense ce que je dis)

  35. Ah, le silence assourdissant, encore aujourd’hui, surtout aujourd’hui, de Pierre Boulez !…
    « Au cours de cette émission, j’avais relevé le fait que Pierre Boulez, durant toute sa vie, n’avait jamais dirigé la moindre note de Dutilleux. Plus terrible encore, par la mesquinerie et la jalousie que cela révèle (il faut bien appeler un chat un chat), jamais Boulez n’a mentionné, prononcé, cité, écrit où que ce soit le nom même d’Henri Dutilleux. Ce compositeur majeur, le plus joué dans le monde de son vivant, eh bien Pierre Boulez avait décidé une fois pour toutes qu’il n’existait tout simplement pas, n’avait jamais existé, ne devait pas exister. » (Philippe Cassard, Souvenirs d’HD)

  36. Franck Boizard

    @Lucile | 25 mars 2015 à 12:37
    Oui. Cela rappelle ce qu’écrivent Orwell, Huxley ou Le Bon sur la manipulation des masses par le sentimentalisme et les émotions collectives (j’ai l’impression qu’on est tous les jours en 1984 dans le meilleur des mondes).
    ******************
    Les curieux et les iconoclastes pourront lire Une si douce Occupation, de Gilbert Joseph, qui raconte cet épisode « résistant » de la vie de Sartre et Beauvoir. Le même a commis un décapant Combattant du Vercors.

  37. L’épuration continue… sauf à l’Education nationale où on laisse un instituteur en place alors qu’il a déjà été condamné pour pédophilie (Villefontaine, en Isère).
    On n’entend pas beaucoup sur ce sujet les journaux satiriques, les défenseurs obsessionnels de la laïcité et les anticléricaux.

  38. @Savonarole
    Beethoven pestait contre le bruit des canons de Napoléon envahissant l’Europe pendant qu’il composait, n’avait-il pourtant rien de mieux à faire ? Idem pour Soljenitsyne au goulag, et tous les artistes des pays satellites de l’URSS pendant qu’ils étaient sous l’occupation russe. Bref, si les artistes de l’histoire avaient attendu la paix pour écrire, composer, peindre, construire, ils n’auraient pas fait grand-chose. De plus, il faut vivre. Une commande pour un musicien, c’est un peu d’argent pour poursuivre sa création. C’est facile de critiquer un jeune homme de 24 ans en train d’essayer de survivre dans la tourmente quand on a tout ce qu’il faut.
    Il y a eu un très beau reportage il y a quelques années sur les « malgré nous » polonais. Quand Hitler a envahi la Pologne, de jeunes paysans ont été enrôlés de force. C’était ça ou le peloton d’exécution. Quand la Russie a vaincu les Allemands, elle les a envoyés au goulag parce qu’ils avaient servi Hitler. Après une jeunesse cauchemardesque et des années de bagne et d’humiliation, les survivants sont retournés dans leur village, où tout le monde leur tourne le dos et parle d’eux à voix basse, parce qu’on a honte d’eux. Les régimes totalitaires embrigadent les gens par la force et par la peur, c’est une de leurs caractéristiques, de même que les pervers pervertissent. Ils salissent leurs victimes, ils les obligent à se corrompre, c’est là que réside leur pire perversion. Dans le livre de Lehane, « Mystic River », qui commence par le viol d’un enfant, le narrateur, lui-même enfant à l’époque et y ayant échappé, raconte que le petit rescapé était devenu « damaged goods » (produit abîmé) ; il ne comprenait pas ce que cela voulait dire, mais savait que c’était infamant ; il lui était dorénavant interdit de jouer avec son copain. Sauf participation active et volontaire, les « malgré nous » sont des victimes, il est injuste de se dépêcher de les mettre du côté de leurs bourreaux.

  39. Xavier NEBOUT

    @Boris
    La mission d’Auphan aurait eu une chance de succès si de Gaulle avait été quelqu’un d’honnête – ce qu’il aura mis bien longtemps à devenir, s’il l’a jamais été.
    L’intérêt de l’arrivée de Darlan dans le jeu était précisément d’apporter ses talents de politicien et d’excellent négociateur roublard, comme il fallait l’être à ce moment-là.
    @Franck Boizard
    Vous ne pouvez pas à la fois vous plaindre de la pègre gaucho-médiatique d’aujourd’hui, et ne pas vous questionner sur d’où elle vient.
    Or, tout remonte à la Libération, et donc en grande partie à l’assassinat de Darlan.

  40. Le polémiste Dieudonné, poursuivi pour injure à l’encontre de Manuel Valls, qu’il avait qualifié de « Mussolini moitié trisomique », a été relaxé hier par le tribunal correctionnel de Paris.
    On voit par là que les limites de l’épuration ont été atteintes, et je me réjouis de cette relaxe.
    Reste évidemment une grande perplexité.
    L’injure était-elle :
    -dans la comparaison avec Mussolini, qui fut, faut-il le rappeler, membre du Parti socialiste italien (PSI) et directeur du quotidien socialiste Avanti
    -dans le trisomique, comparaison blessante pour ces handicapés dont l’innocence et la gentillesse sont touchantes
    -ou dans la demi-mesure que Valls réfute dans un hybris frisant l’hystérie ??

  41. @ Xavier Nebout
    Il est parfaitement exact qu’on devait à l’amiral Darlan une magnifique flotte à la fin des années 30, quasi équivalente à celle anglaise. Mais à un détail près, seuls le Richelieu et Strasbourg étaient équipés de radars, d’ailleurs des prototypes de faible portée, car il ne croyait pas à ce genre d’équipement, contrairement aux Anglais qui commencèrent à en installer dès 1936/37.
    Si Darlan n’avait pas été assassiné à l’instigation des Britanniques – les royalistes qui en furent les auteurs n’étaient que leur bras armé -, nous aurions eu à la Libération une France dirigée par l’AMGOT. Les Américains et notamment leurs représentants en AFN, Clark et Murphy, acceptèrent le revirement de Darlan en fin 1942. Ils savaient fort bien que le personnage serait la marionnette idéale pour ce type d’administration : suffit de lire leurs rapports sur Darlan à l’époque et aussi Giraud. L’AMGOT aurait eu l’immense vertu de maintenir à leur poste les ex-hauts fonctionnaires qui servaient avec zèle encore à la mi-1944 l’Etat fantoche de Vichy.
    Pour revenir au sujet du post de notre hôte, l’attitude du maire du 4ème arrondissement au sujet d’Henri Dutilleux est d’une grande bassesse et hypocrisie. Avec les mêmes critères les rues au nom de François Mitterrand, Gaston Gallimard, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, etc. devraient être débaptisées !…
    @ Franck Boizard
    « La théorie du glaive et du bouclier est absurde, mais il est compréhensible que des contemporains s’y soient raccrochés. En revanche, la soutenir en 2015 est – comment dire ? – surréaliste. »
    Cette théorie absurde fut surtout diffusée après-guerre, de 1945 à 65, par les ex-serviteurs de Vichy dont certains avaient beaucoup a se faire pardonner, les nostalgiques du régime et nombre d’ex-maréchalistes. Elle leur permettait après coup de justifier leur attentisme-aveuglement, ou pire leurs compromissions. On a exactement en parallèle à la même époque, cette autre légende comme quoi l’armistice était inéluctable et l’impossibilité de poursuivre le combat à partir de l’AFN.

  42. Cher Philippe,
    Il y a des jours comme cela où l’on a tout juste l’envie de ne plus parler, de se réfugier dans un silence intérieur.
    françoise et karell Semtob

  43. Approbation de l’incidente de Paul Duret sur la curieuse mansuétude dont a bénéficié un si légèrement condamné pour recel d’images pédo-pornographiques avant passage à l’acte « pour de bon ».
    Si Vichy est « un passé qui ne passe pas » (Henry Rousso), en revanche Outreau est un passif magistratesque qui passe trop bien.
    On a parlé d’ « intouchables » : on voit où ils sont.
    Relire inlassablement « Anonymat garanti pour magistrats pédophiles » in Le Canard Enchaîné du mercredi 23 juillet 1997 : c’est comme une boîte noire qui parle, qui parle, qui parle. Cet article est un Institut de la parole à lui tout seul…

  44. Bach un communiste exemplaire, du temps de la déférence à l’Eglise.
    Mozart un génial illustrateur, du temps suivant.
    Wagner un jazzmann qui ne savait pas qu’existait le jazz !
    Mais Zemmour, un commentateur actualisé !!
    @Notre Hôte !
    Pour une fois, votre billet est inspiré par HD.
    Tout cela ne tient pas avec l’entremise de la musique…
    Si je recoupe mon histoire familiale, il y a de fortes chances que je fusse conçu à Seyne-les-Alpes qui s’oblige, même si mon père fut honoré pour ses obsèques avec une couronne du PCF il y a trois ans à peine, et si comptent les attachements divergents autant qu’ils comptent… alors vous dites des bêtises au moins autant que moi !!

  45. Eric Zemmour à 8h21 sur RTL, à propos des juges d’instruction qui viennent de rater l’épuration d’Eric Woerth après celle de DSK : « que ceux-ci soient membres ou non du Syndicat de la magistrature ».
    En effet il serait un peu facile de se défausser puisque le SM donne le ton général du Grand Corps Malade grâce notamment à son noyautage absolu de l’ENM. A l’entrée de ce phalanstère coupé du réel, une épreuve dite « d’entretien » permet aux pro-épurateurs d’éliminer les jeunes consciences insuffisamment malléables.

  46. LOL LOL LOL ! (oui je sais c’est ringard)
    La paranoïa anti-FN continue et s’amplifie jusqu’à la caricature extrême : ce matin C .Barbier a commenté et donné son avis sur « l’attentat ou suicide supposés » de l’avion au-dessus des Alpes : « imaginez que ce soit un attentat terroriste, quel cadeau pour le Front National, la donne politique pour le deuxième tour des élections en serait toute chamboulée et le FN se verrait renforcé… etc. » LOL LOL LOL !
    On attend aussi les antisarko et leurs délirantes tirades habituelles dès qu’il se passe un fait divers suspect dans le monde : « Sarko aurait été vu traînant derrière les hangars où était entreposé l’avion… » LOL LOL LOL !
    Et pourquoi pas les commentaires de notre christianophobisé Gaspinou ; et de Christian C qui verrait bien lui aussi des commandos d’intégristes chrétiens derrière ce « supposé attentat ». RE LOL LOL LOL !
    Qu’est-ce qu’on se marre, mais qu’est-ce qu’on se marre !! Attraper des crampes d’abdominaux de bon matin à force de rire, en plus des cinq fruits et légumes imposés par le lobby des services de Santé, ne peut qu’améliorer la santé physique, le mental et le transit intestinal.

  47. Xavier NEBOUT

    @Trekker
    « …cette autre légende comme quoi l’armistice était inéluctable et l’impossibilité de poursuivre le combat à partir de l’AFN »
    Là, vous vous dévoilez dans la parfaite mauvaise foi, car une personne aussi bien renseignée que vous sait ce qu’il en aurait été.
    D’abord, c’eut été un véritable massacre de notre armée en déroute ; de 100 000 morts nous serions passé à X centaines de milliers. Mais sans doute êtes-vous de ceux qui ne comptent pas les morts. Les Français, eux, comptaient, et c’est bien pour cela que le Maréchal Pétain leur inspirait confiance.
    Ensuite nous n’avions pas les moyens d’embarquement nécessaires. De plus, comme nous n’avions quasiment plus d’aviation, le massacre se serait poursuivi en Méditerranée par l’aviation allemande sans compter la très importante marine italienne.
    Au surplus, l’Espagne aurait été conviée de gré ou de force à se joindre à l’Axe, etc.
    Par contre, les forces allemandes auraient été mobilisées au sud. C’est pourquoi Hitler a accepté l’armistice contre l’avis de bon nombre de généraux allemands, pour pouvoir faire face à Staline qui n’attendait probablement que cela pour envahir l’Allemagne et la suite…

  48. Xavier NEBOUT

    @Cirsedal
    Et notamment de voir si on est entre frères, enfants de frères, ou futur frères…

  49. @Xavier NEBOUT
    Vous êtes sensible aux allégeances plus ou moins cryptées qui minent la santé du Grand Corps Malade, et en effet dans un registre pseudo-familial il y a des boutiques.
    Vous avez évoqué les classiques Frangins, mais grâce au féminisme n’oublions pas les Frangines avec ou sans Tabliers. Et puis il y a les Tantes, très actives contre les délits de mœurs. Plus rares, des Tontons qui fricotent et font fric avec malfrats… Quelle famille !

  50. Franck Boizard

    @ Rédigé par : Xavier NEBOUT | 26 mars 2015 à 09:14
    L’armistice n’avait absolument rien d’inéluctable. Il y a eu un débat à l’époque, c’est donc qu’on envisageait des alternatives :
    1) Les autres pays envahis (Belgique, Pays-Bas…) n’ont pas signé d’armistice. Il n’était donc pas inéluctable. Ce n’est pas un raisonnement anachronique, une construction a posteriori : puisque certains pays dans la même situation que la France n’ont pas signé d’armistice, c’est qu’ils ont fait autre chose, que l’armistice n’était pas inéluctable, contrairement à votre affirmation.
    2) Weygand a refusé la capitulation (geste militaire) pour l’honneur de l’armée et a poussé à l’armistice (geste politique). Que pèse l’honneur de l’armée face au destin du pays ? Nous sommes là dans un cas typique de vision étroite des vichystes (je répète cette phrase de Gaxotte que j’aime bien : « Vous suivez le Maréchal aveuglément ? Bien sûr. Sinon, comment pourriez-vous le suivre ? » Les collabos se sont crus face à Napoléon à Iéna, ils étaient face à Gengis Khan).
    3) Les armées nazies ont été incapables de traverser la Manche face à la Royal Navy et elles auraient été capables de traverser la Méditerranée face la Royal Navy et la Marine Nationale réunies si le gouvernement français s’était replié à Alger. C’est une plaisanterie ?
    Vous pouvez lire l’uchronie « 1940, et si la France avait continué la guerre… » Elle vaut ce qu’elle vaut, comme toutes les uchronies, mais les questions qui nous agitent sont beaucoup plus creusées que quelques phrases dans des commentaires de blog.
    4) Je ne soutiens pas qu’il était facile de prendre la bonne décision. Mais votre manière de prétendre qu’il n’y avait qu’une solution et une seule, l’armistice, est tout simplement contraire à la vérité la plus élémentaire telle qu’inscrite dans les débats du gouvernement français de l’époque.

  51. @ Xavier Nebout
    “…cette autre légende comme quoi l’armistice était inéluctable et l’impossibilité de poursuivre le combat à partir de l’AFN“
    Je vous avais déjà joint il y deux ou trois ans un article de feu le général Merglen, démontrant que c’était parfaitement possible. Ce général était quand même docteur en histoire, publiait régulièrement dans des revues savantes, et avait une expérience militaire indéniable : chef de corps du 11ème Choc, adjoint au général commandant la 11ème Division Parachutistes, etc. Pour en savoir plus sur lui voyez sa nécrologie, dans le 2ème lien ci-dessous.
    http://www.creuse-resistance.fr/blog/public/La_France_pouvait_continuer_la_guerre_en_juin_1940.pdf
    http://www.bienpublic.com/grand-dijon/2012/07/06/albert-merglen-engage-de-la-premiere-heure

  52. Xavier NEBOUT

    @Trekker
    1/ Combien de morts pour essayer de ralentir l’avancée de l’armée allemande vers Marseille et Toulon ? 100 000, 200 000 ?
    2/ Combien de morts sur les bateaux coulés par l’aviation allemande, et que serait-il resté de notre marine avant qu’elle arrive en AFN ?
    3/ Quid de la très importante marine italienne ? elle n’existait pas ?
    A part ça, votre général Merglen est intéressant, mais on lira plutôt les mémoires de Weygand.

  53. @Trekker
    L’article du général Merglen que vous avez transmis, expliquant pourquoi la France aurait pu poursuivre les combats en AFN en 1940, est intéressant.
    Ceci dit, il y aurait beaucoup de points à remettre en perspective ou à discuter.
    Par exemple, rien ne dit que le gouvernement de Vichy était au courant des projets formulés par les États-Unis (alors neutres) avant le déclenchement de la guerre en ce qui concerne leur intervention éventuelle directe ou indirecte dans cette partie du globe.
    De même, les déclarations bellicistes de Roosevelt n’ont concrètement que peu de valeur à l’époque, dans une Amérique qui n’a pu être sortie de son isolement que par Pearl Harbor.
    Par ailleurs, il n’est pas sûr que les Anglais, eux-mêmes à court de matériel (abandonné à Dunkerque) et vivant parfois d’expédients, auraient été en mesure de ravitailler les Français d’AFN.
    Il ne faut pas oublier non plus que l’AFN ne disposait pas d’industries et d’arsenaux capables d’alimenter en continu une armée en opérations en munitions, pièces de rechange, matériels modernes, etc.
    Et surtout, si le centre de gravité des combats s’était déplacé en AFN après l’armistice – chose d’ailleurs difficile à imaginer compte tenu du traumatisme subi par l’ensemble de la population – ce qui aurait équivalu à un casus belli, il est probable que les Allemands auraient quoi qu’on en dise adapté leurs plans en conséquence ne fût-ce que pour contrer la présence militaire britannique en Égypte et au Proche-Orient.
    Les accords Marchal-Eccles ont été conclus lors de la mission Rougier envoyée par le maréchal Pétain auprès de Churchill.
    Voici ce que ce dernier a déclaré à Louis Rougier le 20 septembre 1940 :
    « J’envoie Weygand en Afrique du Nord avec tous les pouvoirs, loin des discordes du Conseil des ministres où il ne peut plus s’entendre avec Laval, et hors du regard des Allemands. Sa mission sera de sauvegarder l’Afrique du Nord et de former une armée capable de la défendre. Un jour cette armée nous servira, mais il est encore beaucoup trop tôt ».
    (Les hommes de Pétain, Philippe Valode, éd. Nouveau Monde Editions).
    Cette prophétie s’est réalisée en temps et en heure avec la création de l’Armée d’Afrique, qui participera à la libération de la France après la glorieuse campagne d’Italie.

  54. Ben dites donc, y en a ici des prophètes de ce qu’ils auraient fait s’ils avaient vécu les années 40 ; bien entendu tous ont la meilleure solution aux problèmes de stratégie militaire, aux collaborations et résistances ; c’est impressionnant le nombre de héros hébergés sur ce blog par M. Bilger ! j’en suis baba.
    Ce que je retiendrai de toutes ces tirades aussi baveuses que les omelettes de ma belle-mère, c’est ce petit bout de Xavier NEBOUT :
    « …marine avant qu’elle arrive en AFN » ?… C’était prémonitoire : Marine, le FN… ça se confirme aujourd’hui.

  55. Pour une fois, bien d’accord avec sylvain | 27 mars 2015 à 17:51
    Comme le chante très bien le rockeur franc-comtois
    Si tu veux jouer les maquisards
    Va jouer plus loin, j’ai ma blenno.
    Tu trouveras toujours d’autres fêtards.
    C’est si facile d’être un héros…

  56. Les Français, les Anglais, les Allemands, les Italiens… et les Suisses ?? vous oubliez les Suisses : la Marine suisse, ce sont bel et bien les Suisses qui ont inventé les bords de mer !

  57. J’abhorre toute conception hygiéniste de l’Histoire. Celle-ci est pleine de grumeaux, de doute et reculs, d’interprétations erronées, elle schlingue et c’est pour ça que j’essaye d’en savoir plus et plus loin. Trop de lissage conduit à l’officiel jusqu’à la littérature à tendance sulpicienne. Plus risible que l’habituel principe de précaution ?

  58. N’oublions pas la petite-fille de Maurice Papon, épurée il y a quelques années du ministère des Anciens combattants simplement à cause de sa filiation (je ne sais même pas si elle portait son nom de jeune fille) : quelle honte !

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