Durant les vacances, faute d’informations inutiles à nous communiquer, les médias deviennent parfois remarquables notamment avec la publication de séries consacrées à des thèmes divers tels que la politique, la littérature ou la vie internationale.
On a eu ainsi des articles passionnants sur le président chinois (Le Monde) et des entretiens parfois stimulants sur « La littérature et eux » (JDD).
Cela m’a rappelé les soirées bénies de l’ORTF en grève où nous n’avions que le journal télévisé suivi d’un film.
Dans le JDD, j’ai été particulièrement intéressé par les échanges avec François Bégaudeau qui avec une intelligence et une lucidité dont même ses adversaires l’ont souvent crédité a déclaré qu’il « met la littérature au-dessus de tout » mais surtout m’a touché grâce à une analyse très fine sur un état dont au quotidien, pour moi, j’avais seulement la perception confuse.
Le bonheur de ces esprits sincères et lumineux qui vont droit au coeur de la vérité !
On le questionne sur le point de savoir « s’il est un partisan des relations conflictuelles ». Sa réponse mérite d’être quasiment totalement citée. « Dans ma vie il est rare que mes relations prennent un tour conflictuel. Mais le conflit, lorsqu’il a lieu, crée chez moi une excitation érotique. L’excitation tient au fait que quelque chose de vrai est en train de se dire. Il y a du vrai dans le conflit comme il y a du faux dans la paix. Il est excitant que les choses s’entrechoquent. Quand tout se déroule bien, lors d’un bon dîner bourgeois par exemple, on est dans l’agréable. Mais qu’un désaccord survienne autour de la table et, immédiatement, on s’ennuie un peu moins. Tout le monde va muscler son jeu. Dans le conflit, il y a de la vie en plus. Du point de vue politique, le corps social est conflictuel. Quand un dissensus se fait jour, quelque chose de la vérité du monde social s’exprime. Je trouve que nous sommes en déficit de conflits ».
Tout est dit, me semble-t-il, de l’appétence de certaines natures pour le trouble, la dispute, l’intensité et la contradiction. Pour elles ces dispositions non seulement ne sont pas négatives mais au contraire chassent l’ennemi principal qui est en effet l’ennui. Elles leur donnent l’impression d’une existence authentique alors que se couler dans le lit de conversations inoffensives, d’où tout risque est délibérément exclu en vertu d’absurdes conventions sociales, est créateur d’un assoupissement intellectuel et humain dévastateur. On le voit bien si on prétend suivre les règles de la bienséance qui imposeraient de répudier le sexe, l’argent et la politique dans nos échanges conviviaux. Parce que ce sont à peu près les seuls qui pourraient allumer le feu d’une excitation bienvenue. Tout le reste est de la tiédeur élégante et superficielle.
Il y a, dans la paix, certes de l’ennui mais aussi de la bêtise. Elle est le refuge confortable, l’abri des gens qui n’ont rigoureusement rien à dire parce que penser vraiment, dire sincèrement, répondre librement, est conflictuel.
Il ne s’agit pas de faire de chacune des séquences de sa vie, quel que soit leur registre, une sorte de combat permanent où la vertu d’un caractère serait sans cesse dégradée en caractériel. Mais de n’avoir pas peur de l’affrontement qui surgit à tout coup quand on quitte les territoires mous et facilement consensuels de l’insignifiance.
Merci à François Bégaudeau d’avoir donné son brillant aval à ces ressorts qui me sont familiers puisque je les éprouve et qu’ils instillent en moi le sentiment d’être, la joie d’une identité qui se confrontant à celle des autres justifie sa vigueur et sa nécessité.
J’aime par-dessus tout pouvoir ainsi retrouver cette devise que j’ai faite mienne depuis longtemps et que j’ai tenté d’incarner le moins mal possible. Elle est de Balzac: « Je suis de l’opposition qui s’appelle la vie ».
Plus que m’opposer, ce qui m’intéresse c’est convaincre. Force est de constater que l’on y parvient rarement. Mais enfin quelquefois…
Je n’ai pas lu l’article du JDD dans lequel François Bégaudeau exprime son goût du débat qu’il appelle conflictuel.
Mais cette vision des relations humaines est ancienne, elle est le propre de ceux qu’on appelle les intellectuels, et la disputation à la Sorbonne était la règle, il y a bien longtemps.
Antoine Houdar de La Motte a écrit un poème célèbre (?) qui évoque avec beaucoup de verve et d’humour le même point de vue.
Je n’en cite que les derniers vers :
« C’est un grand agrément que la diversité.
Nous sommes bien comme nous sommes.
Donnez le même esprit aux hommes ;
Vous ôtez tout le sel de la société.
L’ennui naquit un jour de l’uniformité. »
Pour ceux qui souhaitent le poème en entier voici le lien, ils s’apercevront que cet Antoine fut célèbre en son temps pour ses talents de compositeur.
http://jeanjosephjulaud.fr/2013/11/antoine-houdar-de-la-motte-lennui-naquit-un-jour/
Vos devoirs de vacances, cher Philippe Bilger, sont décidément épatants !
Il y a, dans la paix, certes de l’ennui mais aussi de la bêtise. Elle est le refuge confortable, l’abri des gens qui n’ont rigoureusement rien à dire parce que penser vraiment, dire sincèrement, répondre librement, est conflictuel
J’avoue que cette phrase me laisse rêveur. Mais finalement elle correspond bien à l’état d’esprit Gilet jaune du moment.
Ainsi donc la paix est ennuyeuse, elle est même stupide car elle nous conduit à l’assoupissement intellectuel, c’est bien ça ?
Il faut donc chercher la castagne car elle permet de libérer nos frustrations, nos éternelles insatisfactions, faire éclater notre indignation parce que finalement celle-ci produit une jouissance que même le bonheur d’une belle journée enchanteresse ne saurait apporter ?
Finalement heureusement qu’Adam et Eve ont été chassés du paradis terrestre, sinon que serait devenue l’humanité dans un monde enchanteur où il n’est même pas nécessaire de gagner son pain à la sueur de son front et dans lequel il n‘y aurait pas de conflits, de méchanceté, de jalousie et de cupidité.
Mon Dieu, quel ennui ! On l’a échappé belle !
« Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,
Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois,
Plus éclatant que les cymbales ?
Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l’oiseau merveilleux ?
– Ami, dit l’enfant grec, dit l’enfant aux yeux bleus,
Je veux de la poudre et des balles. » (Victor Hugo)
Le bourgeois s’ennuie donc s’il n’a pas sa guerre, et ne sait définir la vie qu’en opposition, à quoi, il ne sait, mais sinon le corps caverneux a de plus en plus peine à se remplir, n’est-ce pas, et l’érotisme s’absente.
L’humanité en est donc encore à son enfance romantique de savoir désigner l’ennemi comme fondement de son identité, et l’étreinte létale comme condition de son divertissement, que serait le succès mondain sans le goût du sang ?
Ainsi, tous les enseignements d’équilibre se pulvérisent comme les possibilités d’avenir, bébé gavé s’ennuie, il veut jouer à la guerre et sera donc dissous dans les fissures de son propre désir, qui ne sait s’affirmer que face à celui qui le détruira, il n’y a pas qu’en amour que le rival heureux se confonde avec le bienfaiteur :
« Les Turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil.
Chio, l’île des vins, n’est plus qu’un sombre écueil,
Chio, qu’ombrageaient les charmilles,
Chio, qui dans les flots reflétait ses grands bois,
Ses coteaux, ses palais, et le soir quelquefois
Un choeur dansant de jeunes filles. » (VH)
Cela m’a rappelé les soirées bénies de l’ORTF en grève où nous n’avions que le journal télévisé suivi d’un film.
Je vois que nous partageons les mêmes souvenirs.
Il en allait de même pour les émissions de radio, où la propagande journalistique et les rythmes syncopés abrutissants étaient remplacés par de la musique écoutable…
Au fait, à quoi sert donc au juste le prétendu « service public de l’audiovisuel » ?
Merci pour ce billet, tout à fait d’actualité, mais qui aurait été inutile il y a 40 ou 50 ans.
Bégaudeau rationalise. Je serais tenté de voir dans ces conflits désirés une sorte d’exutoire d’un besoin existentiel déçu. La vie est ennuyeuse.
Comme chez les « noiseuses », belles ou pas.
Que le conflit mette du piment dans la vie, nul ne le contestera. Mais lorsque le plat est trop épicé, il arrive aussi qu’il soit difficilement mangeable !
Le conflit est certes naturel car il serait utopique d’imaginer qu’une unanimité puisse se réaliser au sein d’un groupe, quelle que soit la dimension de ce dernier et quel que soit le sujet concerné.
Comment prétendre à une telle unité qui ne se trouve en fait que dans l’individu, alors justement que le groupe est pluriel par opposition à chaque individu qui, lui, est singulier ?
Mais où se situe l’intérêt du conflit s’il n’agit pas uniquement comme un aiguillon qui stimule la pensée, la réflexion, qui ouvre des horizons nouveaux, qui débouche sur un consensus et s’il ne contribue en fait qu’à diviser encore plus les individus, à rendre les points de vue encore plus inconciliables ?
Le conflit doit être l’expression naturelle, sans être pour autant agressive, de divergences, d’oppositions, qui doit permettre de tendre vers une solution de paix, qui n’est point ennui mais au contraire harmonie, favorisant le vivre-ensemble.
« Peut-on citer pour l’Etat un plus grand mal que celui qui le divise et d’un seul en fait plusieurs, et un plus grand bien que celui qui l’unit et le rend un ? » écrivait déjà avec raison Platon.
Bon ! Et bien non seulement je ne suis grosso modo d’accord avec rien de ce qu’écrit notre hôte, mais j’ose affirmer que de tels propos montrent qu’en fait ils sont l’expression de forts conflits permanents avec soi-même (désolé).
« Il y a du vrai dans le conflit comme il y a du faux dans la paix »
Ah bon ? Je ne sais pas mais le contraire est parfaitement vrai ! En fait ce blog semble écrit par quelqu’un qui ne connaît pas la paix (avec lui-même). Avec tout le respect que… naturellement !
Il y a des littérateurs et il y a des littrés-rateurs.
« Hommage à une très grande dame, écrivaine, poète et militante, Toni Morrison. Grâce à elle, les noirs ont enfin pu entrer par la grande porte dans la littérature. Les mots réveillent les consciences et les cœurs, ils font reculer le racisme et la haine. Les mots ont un pouvoir » signé Muriel Pénicaud qui venait de découvrir « la littérature-sans-frontière ».
Réponse cinglante d’Alain Mabanckou, prix Renaudot en 2006
« En France un Noir de la Guyane, Goncourt en 1921 (René Maran). Wole Soyinka (Nigeria), Nobel de littérature. Vous avez l’excuse de l’ignorance, pour cela je vous pardonne ce dérapage choquant… »
(Wole Soyinka, auteur nigérian, avait obtenu le prix Nobel de littérature 7 ans avant Toni Morrison)
J’espère que le nouveau code du travail, devenu végan, est mieux sourcé 😉
Dans son exemple, la paix ennuyeuse de Bégaudeau est celle du politiquement correct qui étouffe le débat. Pour aller dans son sens, un cran au-dessus, il y a la paix munichoise qui s’accommode de compromissions et qui au bout du compte fait le lit de la guerre. Elle prospère sur le camouflage, et sur le renoncement, elle fait des victimes et le statu quo qu’elle offre est un marché de dupes. C’est la solution de facilité, elle est plus qu’ennuyeuse, elle est lourde de sous-entendus et de menaces.
Toujours d’après son exemple, il fait allusion, je pense, aux idées et aux débats qu’elles suscitent, quand il attribue aux conflits le pouvoir de révéler la vérité. Toujours pour aller dans son sens, nos propres contradictions nous prouvent que nous ne sommes pas des robots, que nous vivons, et que nous ne pouvons pas nous considérer comme des machines transparentes, complètement cohérentes, et exemptes de dissensions internes. Ce serait une négation de la vie et de ce que nous sommes.
Nos conflit internes et externes font donc partie de notre lot. Mais la nécessité de négocier en fait aussi partie, la résolution de conflits est un de nos meilleurs outils d’adaptation, et l’idée que la paix est supérieure à la guerre fait partie de nos idéaux. Il me semble que le débat d’idées, même conflictuel, tourne le dos à la guerre, dans la mesure où il évite le recours à la violence, en permettant à chaque opposant de dire ce qu’il a en vu, étape n° 1 de toute négociation réussie. L’esprit de coopération et la négociation ont au moins autant permis à l’espèce humaine de se développer que la capacité à se battre.
Il y a des relents de marxisme dans l’idée de conflits ouverts générateurs de progrès, sans négociation ni aménagements possibles. On a vu ce que ça donnait dans l’histoire du XXe siècle. On en voit encore la trace dans certains conflits sociaux qui prônent l’affrontement pour l’affrontement. Que ce soit sur le mode politique ou sur le mode séducteur, et dandy.
« Il y a, dans la paix, certes de l’ennui mais aussi de la bêtise » (Ph. Bilger)
« L’ennui est la mère de tous les vices »*
De tous les proverbes celui-ci est un des seuls qui aient complètement raison (Alexandre Dumas fils)
* « L’ennui » d’Alberto Moravia
« On a eu ainsi des articles passionnants sur le président chinois »
Puisque vous évoquez la Chine, on peut mentionner ce film chinois de 2014 sur Arte qu’est Coming Home (titre original: Gui Lai). Bien que considéré comme un sous-genre, je l’ai trouvé bien sûr très attendrissant mais aussi très intéressant relativement à ce que cet « En attendant Godot » à la chinoise, donne à percevoir en filigrane du côté profondément destructeur des individualités de la Chine de la révolution culturelle.
On avait déjà Alain (« Penser c’est dire non »), Nougaro (« Vie, violence, ça va de pair »), maintenant on a Bégaudeau.
C’est toujours surprenant de voir comment le vocabulaire guerrier est si rapidement intégré, on pourrait utiliser « discussion » à la place de « conflit ». Dans un conflit un objectif écraser/tuer l’autre dans une discussion essayer de convaincre et de valider ses propres arguments par l’écoute d’un point de vue tiers.
On peut simplement citer John Stuart Mill:
« Nous avons maintenant affirmé la nécessité – pour le bien-être intellectuel de l’humanité (dont dépend son bien-être général) – de la liberté de pensée et d’expression à l’aide de quatre raisons distinctes que nous allons récapituler ici :
1° Premièrement, une opinion qu’on réduirait au silence peut très bien être vraie : le nier, c’est affirmer sa propre infaillibilité.
2° Deuxièmement, même si l’opinion réduite au silence est fausse, elle peut contenir – ce qui arrive très souvent – une part de vérité ; et puisque l’opinion générale ou dominante sur n’importe quel sujet n’est que rarement ou jamais toute la vérité, ce n’est que par la confrontation des opinions adverses qu’on a une chance de découvrir le reste de la vérité.
3° Troisièmement, si l’opinion reçue est non seulement vraie, mais toute la vérité, on la professera comme une sorte de préjugé, sans comprendre ou sentir ses principes rationnels, si elle ne peut être discutée vigoureusement et loyalement.
4° Et cela n’est pas tout car, quatrièmement, le sens de la doctrine elle-même sera en danger d’être perdu, affaibli ou privé de son effet vital sur le caractère ou la conduite : le dogme deviendra une simple profession formelle, inefficace au bien, mais encombrant le terrain et empêchant la naissance de toute conviction authentique et sincère fondée sur la raison ou l’expérience personnelle. »
Faut-il confondre l’échange d’opinions et de coups, le jeu et l’hostilité ?
L’unanimité obligée ennuie, mais la polémique obligatoire aussi, en somme, toute répétition.
Si on en vient à quitter la disputatio et qu’on met l’autre sur la sellette, son honnêteté intellectuelle et tout ce qu’on voudra, il ne faudra plus jamais croire faire la paix avec lui sauf à s’y soumettre, dit en terme moins… polémique : lui présenter ses plus humiliantes excuses.
Et encore, ce n’est pas gagné… Il appartient à chacun d’agresser, pas d’être pardonné, dans son tort, on tombe dans l’arbitraire de l’autre.
C’est comme la guerre, si le peuple A agresse le peuple B, le peuple B ne lui doit en rien la paix.
Le plus sûr, pour un humain ou un peuple agressé, est de tuer l’agresseur. D’abord, l’ennemi ne revient pas, ensuite, son exemple fait réfléchir.
On n’est pas populaire, mais craint, ce qui vaut mieux. La popularité, c’est n’importe quoi, les Américains ne sont même pas populaires ici, avec tout ce qu’ils ont fait pour nous.
Ils ont mieux que la popularité, ils ont leurs armes et leur courage pour les protéger… En France, nous nous sommes soumis aux Allemands, et nous n’avons pas arrêté d’être antiaméricains parce qu’ils nous avaient sauvés. Il faut croire que nous leur en voulons de leurs bienfaits…
Les nazis, les soviétiques, les lyncheurs de cours de récréation et autres gens si recommandables sont populaires.
C’est sûr qu’avec eux, pas de paix, pas d’ennui, la violence et le mensonge se donnent libre cours.
Il n’y a pas qu’à la bombe qu’on aurait pu appliquer l’idée de dissuasion… On s’étonne qu’il y ait toujours de nouveaux génocides.
Mais aucun peuple n’a subi de génocide en retour. Le voleur, le violeur, le tueur sont punis, le peuple qui déborde de ses frontières y est parfois ramené… Mais jamais un peuple commettant un génocide n’est rayé de la carte.
Est-ce qu’il perd même du territoire en faveur de ses victimes survivantes ? Non… Donc, donc, donc, la morale pourra être assénée à tout le monde, peuples génocidaires et autres, la morale de l’histoire est que le génocide est un crime impuni.
Raisonnement à plus forte raison, si les gens commettent des transgressions même quand il y a de fortes probabilités de crimes, comment ne s’y adonneraient-ils pas encore bien plus quand ils n’en seront pas incommodés ?
Il faudrait prendre la résolution préventive que tout peuple commettant un génocide soit imputé de son territoire en faveur de ses victimes – les malins qui croient y échapper en tuant jusqu’au dernier peuple ? Le territoire sera donné à des réfugiés, ce n’est pas ce qui manque.
Un crime sans punition ! Et on croit qu’il n’y en aura plus… Eh bien, si la morale avait dû dissuader, cela aurait eu lieu, n’est-ce pas ?
Autre chose, il y a de la confusion mentale… On ne punit pas de vrais crimes, par contre, on punit des crimes sans victimes, type blasphème ou drogue.
Relions drogue et génocide. Comment ? Un peuple oriental tue ses drogués… Si assez de gens de ce peuple se droguaient, cela finirait en auto-génocide, les croisés de la réalité éliminant les rêveurs, après les khmers rouges, et en même temps que les khmers verts jetant les peuples hors de leurs terres pour faire des réserves naturelles (réfugiés de la conservation), les khmers du monde qui ne flottera pas ! C’est vrai, le monde est si réel, si parfait tel quel, qu’il ne saurait être question de rêver. Se droguer ? C’est passer à l’ennemi, pour le moins.
Tout ça n’est pas très bouddhiste… Mais la principale religion des Philippines n’est pas le bouddhisme ou l’hindouisme, c’est le catholicisme, ceci expliquant cela. La réalité est sacrée car Dieu s’est incarné dans l’Histoire, alors l’amour du prochain ou la justice… D’accord, des catholiques protestent, mais ça sert à quoi ?
Leur rapport au monde les pousse à persécuter tout ce qui en dévie, comme tous les monothéistes, d’ailleurs, ce qui s’aggrave de religion en religion, chacune devant se démarquer violemment des suivantes. On pourrait imaginer d’autres trucs après l’Islam, toujours pire, d’ici à la mort du soleil, il y a de la place pour une théologie et des pratiques toujours plus ragoûtantes. L’horreur théologique ?
La comédie.
S’il y a des dieux, le jour où ils se manifesteront parce que menacés de prison par leur procureur pour non assistance à humains en danger, les gens leur en voudront moins de leur abandon à toutes leur misère que dans leur vanité.
Partir, les abandonner ? Cela n’est rien, mais faire tomber le château de cartes monothéiste oppressif, alors là, non, c’est intolérable.
On ne le tolérera pas, on les traitera de démons… Enfin, l’avantage :les dieux diront les humains irrécupérables, des arriérés d’un monde arriéré, et retourneront chez eux.
Bien sûr, tous ces gens croient détenir la vérité qui leur garantit un droit à commander les autres, les autres qui n’en peuvent mais, comme les Allemands de RDA essayant de passer le mur, on ne peut pas faire grand-chose face au monde accablant de souffrance-mort-oppression, sauf, évidemment, rêver.
Mais les abominables dissidents doivent être anéantis… Il y a des martyrs religieux dont certains se font exploser pour tuer des gens qui ne leur ont rien fait, il y a des martyrs du rêve tués avec les applaudissements de leurs concitoyens et de ceux qui rêvent d’en faire autant chez eux, ici.
En bref, le Graal des défenseurs de la réalité, mais non réalistes car on ne l’est pas sans comprendre la puissance du rêve, est de chasser leur ennui en chassant tous ceux qui leur déplaisent dans une réalité pourtant décrite comme formidable.
Et dans un sens, elle l’est, la guerre sainte est merveilleusement récréative. Il y a de l’agressivité, on peut avoir de l’argent et du pouvoir et de la renommée avec ça. Le rêveur n’a pas besoin de vous prendre la vie, mais sa vie qui n’a pas besoin de vous nuire blesse ? parce qu’elle ne dépend pas de vous… Alors on dira être contre la drogue à cause de l’addiction, mais en somme, personne ne va interdire l’addiction au pouvoir, au sexe, à la religion, personne ne va interdire le salariat ou l’amour ou allez savoir…. Toutes sortes de dépendance.
Alors ce qu’on condamne chez le drogué, c’est paradoxalement son indépendance face à un certain nombre de gens et de choses, avoir, disons, une dépendance différente. Si on me dit la drogue plus destructrice, tout dépend du produit, de l’usage et de la personne. C’est comme l’amour, qui détruit autant que le reste. Suicide d’amour, personne battue à mort, personne appelant ses méchants parents sur son lit de mort… Un désastre. Mais comme on compare le pire de la drogue au meilleur du reste, les conclusions qu’on en tire ne sont pas équitables.
Parce qu’on surinvestit la réalité, elle a le sens de l’Incarnation, dieu notera tout le monde comme Patrice Charoulet rêvait de noter tous les commentateurs… C’est que tout est important autant qu’urgent, la réalité est un combat, une croisade, et qui en dévie, il faut qu’on le châtie.
On n’est pas obligé d’entrer dans une telle vision du monde, loin de là… Nous sommes des corps et des rêves, des corps-effritements, et des rêves pleins de toutes les faiblesses d’êtres assaillis par un monde qui nous tue un peu plus à chaque instant.
Pour mieux voir, on a des lunettes, pour mieux marcher, chaussures, et pour gens fatigués, cannes… Pour mieux rêver ? Alors non, c’est interdit, on n’a pas le droit, il est déjà bien bon qu’on laisse dormir et rêver, une activité nécessaire, mais pas vue comme productive, alors aller à l’assaut du rêve comme un surfeur d’une grande vague ? Interdit, c’est dangereux, et dans un pays, on vous tuera pour vous être mis en danger, c’est sûr qu’on ne se mettra plus en danger, comme ça. Objectif atteint !
Le problème de la société n’est pas de sauver des vies, elle est d’empêcher qu’on dispose de sa vie et de sa mort, qu’on soit souverain sur soi-même. Philosophe toujours ! Mais ne décide, en vérité, ni de ta vie, ni de ta mort. Dire aux gens d’être responsables d’eux-mêmes quand ils ne peuvent ni mourir ni rêver à leur guise : étrange.
Disons qu’on les enferme dans un espace compétitif genre jeu du cirque où chacun peut essayer de prendre la place de l’autre, où des gens sont laissés sur le carreau, mais on est découragé de sortir de l’amphithéâtre par tous les moyens.
Ce combat devient une addiction pour certains, il n’y a pas de combat, je m’ennuie. Le chat qui ne chasse pas et ne joue pas a son quart d’heure de folie, le cultivé ennuyé, sa polémique.
Entre le ronron de l’entre-soi où personne n’ose être sincère, et la défense de ce qu’on estime être juste pour triompher de l’autre, je ne vois guère d’échanges de vues dignes de ce nom.
La personne qui anime un débat, qui tient un salon, sachant éviter et l’eau froide et que les gens s’ébouillantent, est vraiment providentielle.
Et rare.
https://maximetandonnet.files.wordpress.com/2017/07/sans-titre.pngLe 6 août 2019, en pleine torpeur estivale, est tombé l’arrêté réformant le baccalauréat et définissant ses nouvelles épreuves. Le faible intérêt des médias et de la classe politique pour cette petite révolution est révélateur de l’apathie générale qui règne sur la France.
Le problème est moins le déficit de conflits que la pléthore et l’excès de consensus.
Quel plaisir de retrouver ce bon vieil Houdar, croiseur de fer à friser et pirate des écumes versifiées.
Oui, sans doute, la diversité est le sel de l’entretien, les hommes politiques en ont malheureusement tant corrompu les règles qu’elle est à nos jours un instrument de dérision, ne comptez pas sur moi pour faire des citations, pas plus Bilger que Chapelain n’en épuiseraient le contenu.
Le repas entre amis, le cauchemar du convive si on n’a pas un thème où se rencontrer, tout commentaire gastronomique ou de souvenir de vacances étant mis à l’index. Aujourd’hui, ce genre de fadaises va avec les photos du dernier voyage à………… et le sourire de Madame en short devant le Taj Mahal ou la tronche de Monsieur dominant un fjord sublime.
« Et vous, cher ami, où étiez-vous ? »
« A En Calcat, pour une formation de psalmiste. »
« Mon Dieu, comme c’est intéressant, vous nous en parlerez un jour, et vous, Marie ?….. »
« Oh, rien, Ushuaia ».
Allez donc aborder un sujet touchant à la résurrection de la pensée de Pascal, comme il se fait sur France Inter ou à la pensée de R. Aron telle qu’elle aurait pu se manifester dans l’affrontement (réel ????) entre Poutine et l’Amérique de Trump. Qui acceptera de relire une sourate ? Ou un commentaire de Saint Augustin ? Peut-on réciter un simple poème de Jammes, un début d’élégie de Samain, quand on entend que notre ministre du Travail, universitaire, je crois, ignore les écrivains africains.
Ce n’est qu’un point de départ, après la pensée s’organise, les souvenirs reviennent, la fresque se colore, les références se musclent, mais pas dans une France où la seule préoccupation est le rendement, l’organisation, le fisc, les impôts, quitte à ne faire que des constats attristés.
Quand les enfants ne savent plus lire et les étudiants pensent que le général Pompidou a prononcé le discours de Bayeux, il ne reste que les conversations professionnelles, où les médecins savants à gâcher une soirée par leurs échanges toxiques et leurs femmes par leurs récits de domestiques introuvables.
L’affrontement est un aspect de l »art de conférer » que Pascal louait tant chez Montaigne et auquel cher hôte, vous auriez pu renvoyer votre auteur, à moins qu’il n’y ait pensé, je n’ai pas lu l’article.
Conférer est aussi persuader et le choix des mots comme la vérification des dissensions par l’analyse des faits invoqués nous ramènent, et toujours à Aron. Le génial mais horrible Sartre a passé par là, en creusant son sillon de pédantisme gauchi, mais il agonise, ayant reconnu trop tard l’ignominie de son idéologie. Morte la bête, mort le venin.
Les classiques, vous dis-je.
« Il y a, dans la paix, certes de l’ennui mais aussi de la bêtise » (Ph. Bilger)
S’il n’y avait que cela !
La guerre c’est la guerre des hommes, la paix c’est la guerre des idées (V.H.).
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@ breizmabro | 08 août 2019 à 13:42
Proverbe plus connu par « L’oisiveté est la mère de tous les vices ».
Je partage cependant le fait qu’avec ennui, ou désœuvrement, le proverbe est plus juste.
Car si
– l’ennui correspond à un sentiment de lassitude, une impression plus ou moins profonde de vide, d’inutilité
– la paresse, une propension à ne rien faire, une répugnance au travail, à l’inaction
l’oisiveté, elle, fait état d’une personne qui ne fait rien, momentanément ou de façon durable, qui n’a pas d’occupation précise.
Ainsi on ne peut pas dire qu’Archimède ait été particulièrement actif dans son bain quand il a découvert le principe physique qui porte son nom.
De même, Newton n’était pas particulièrement affairé sous son arbre quand il a vu tomber la pomme.
– Un temps de réflexion et de créativité donc
– un moment temporairement dégagé des contingences de l’instant et des obligations sociales.
Aussi c’est bien grâce à l’oisiveté créant un vide, un espace propice à la réflexion, au questionnement sur soi, que sont issues de bonnes raisons d’y demeurer.
@ Breizmabro 08 août 12 h 33
Merci de rappeler ce grand écrivain Wole Soyinka et rappelons que durant la guerre civile il avait été emprisonné par le gouvernement fédéral pour sympathie avec les sécessionnistes biafrais alors qu’il avait tenté de dissuader leur chef, le colonel Ojuwku, de ne pas faire sécession avec l’Etat fédéral ; cela a fait l’objet de deux ouvrages « A man died » et « A season of anomy ».
Dans les années 90 le Nigeria était le plus grand producteur de littérature du continent africain.
A côté de Soynka, il faut citer Amos Tutuola (« L’ivrogne dans la brousse »), Ben Okri, Nkem Nwankwo (« Ma Mercedes est plus grande que la tienne »). Cyprian Ekwensi (« Jagua Nana ») et le grand Chinua Achebe avec « Things falls apart » où il décrit magistralement l’affrontement de la culture traditionnelle avec la civilisation occidentale importée.
On s’était habitué au manque d’instruction de nos politiques, mais pour le coup cette ignorance de Muriel Pénicaud est particulièrement affligeante.
On ne peut que vous louer, cher Philippe Bilger, pour la justesse de vos observations dans ce dernier billet plein de fines remarques.
« Il y a du vrai dans le conflit comme il y a du faux dans la paix » dites-vous. C’est le propre de la contradiction. Déjà, dans les années soixante, le merveilleux Alexandre Vialatte écrivait :
‘’…L’idée que si toute révolte est bonne, celle qui se fait contre la révolte ne peut être qu’excellente aussi. Et que plus on justifie sa thèse, plus on justifie celle de l’adversaire.’’
Votre billet ne manquera pas de susciter bien des réflexions pertinentes et certainement quelques banalités. Je me permets de sourire à la remarque un rien narcissique de Julien Weinzaepflen (6/08 à 5h24) à votre précédent papier, je la cite : « Cette page d’introspection presque délirante et qui rencontre tellement les questions que je me pose à propos de moi-même et ce que je pense de moi ces jours-ci ». On ne saurait aller plus loin dans le plaisir de s’étaler. Il n’a pas osé ajouter ‘’Pensée de l’auteur’’ pour qu’on ne songe pas à l’attribuer à Platon ou à Epictète.
Cela fait sans doute partie des joies secrètes de tenir un blog, il y a des sommets et des précipices…
Lire ou relire « Un roi sans divertissement » de Giono (titre emprunté à Pascal : « Un roi sans divertissement est un homme plein de misères ». Jusqu’où peut mener l’ennui chez des personnes de qualité. Le style, l’ellipse, l’enchantement en prime…
Il semble que personne ici ne connaisse François Bégaudeau.
Tous les commentateurs embrayent immédiatement sur ce que dit Philippe Bilger, sans se soucier de l’imbécile qu’il évoque et qui aurait pu tout aussi bien parler d’un âne bâté, sans changer un mot de son billet.
C’était bien la peine de recevoir ici même Pierre Jourde et Éric Naulleau pour nous servir du François Bégaudeau en plein mois d’août. Car ces deux mousquetaires éreintent systématiquement ce philosophe de pacotille qui est abonné à France Inter et France Cuculture.
http://pierre-jourde.blogs.nouvelobs.com/francois-begaudeau/
Cher Philippe,
En effet, se complaire dans la querelle intestine est un art. Mais quelques individus parviennent à dépasser le stade sadique oral ou sadique anal et parviennent à sublimer leur réalisation en s’orientant vers la construction.
Chercher des idées dans un débat, les faire remonter, les contredire apporte une énergie nécessaire et stimulante, vers l’amélioration de nos sociétés et encore faut-il les agir…
Il existait déjà une magnifique chanson
« Liberté, mon cul.
Egalité, mon cul.
Fraternité, mon cul »
qui tendait à rompre avec « Liberté chérie ».
Nous sommes tous dotés d’ambivalence, mais la qualité d’écoute est à développer.
Il paraît que vers les années 1970, il suffisait de lever le pouce pour se déplacer et que le plaisir de parler, l’idée de ne pas s’endormir au volant donnait un espace de partage vivant.
Aujourd’hui cet espace est un échange payant.
Rencontrer un partenaire est devenu un échange monétaire et au prétexte de modernité cela ne choque personne de s’étaler comme un morceau de viande sur une toile. Et le pauvre individu qui risquera un sourire ou un compliment pourra en rendre compte au tribunal.
Si le top de l’espoir est la société hyper judiciarisée, le culte du nombrilisme et du slip, il est temps de concevoir autre chose de plus bandant et de spirituel. Que vivent les orages et les mystères de l’esprit.
Notre société est trop moulée, trop corsetée et elle suffoque sous les interdits, les taxes, les règlements.
Macron est la pensée unique et lisse et il devrait retrouver ses aspérités humaines et viriles, c’est une antiquité de cabinet de curiosité.
Il s’ancre dans des pensées préfabriquées et tend à contraindre la société vers des pensées artificielles et en réponse l’humain se penche vers les paradis artificiels ou l’obscurantisme.
Trump fait sourire lorsqu’il utilise la paille plastique comme objet électoral.
Il faudra combien de temps à ce gouvernement pour enfin comprendre que le déchet plastique est un trésor recyclable à l’infini.
Il y a possibilité de créer des emplois partout sur terre avec cette manne due à notre non respect de la nature. Des artistes, des designers, des artisans se lancent dans cette nouvelle voie.
C’est de l’humain qu’il faut, de l’humain et du débat et de la réhabilitation et c’est la seule réponse à apporter à cette déferlante de violence qui va atteindre un pic.
Un vrai bout de pain, un vrai bouquin, un vrai sourire, un vrai travail, un vrai débat, un vrai regard, une vraie pensée c’est cela la demande majeure et il n’est pas nécessaire de passer par l’anarchie pour rappeler les besoins d’authenticité.
françoise et karell Semtob
La vie est une lutte du premier instant jusqu’au dernier souffle. Ne serait-ce que la respiration ou les battements du cœur nécessitent de l’énergie. Le corps est rarement au repos. Même le sommeil est un état pendant lequel le corps mène une lutte, un combat dans un théâtre où se produisent des scènes d’une violence inouïe. L’apnée du sommeil constitue un fléau, la brièveté du sommeil paradoxal demeure une énigme pour les non-initiés.
Pour progresser dans n’importe quel domaine, il faut d’abord atteindre un niveau de compréhension correct puis se faire violence pour sortir de la zone de confort atteinte. Alors le véritable apprentissage peut commencer. L’action qui mène à la maîtrise est un moteur indispensable pour enfin atteindre l’excellence, la vie, la vraie, sans artifice.
Toutefois, il convient de ne pas confondre la vérité et l’une des caractéristiques de l’un des moyens permettant de l’atteindre. Certes, il faut souvent se battre et déployer beaucoup d’énergie pour sortir la vérité du puits où elle avait été dissimulée par des manipulateurs et des voyous, mais une fois qu’elle est en pleine lumière, connue et reconnue, la vérité procure un sentiment de joie, de plénitude, la vérité est extatique.
Les grands mystiques connaissent les moyens et les méthodes pour atteindre par la méditation notamment, un niveau de vigilance de l’esprit qui ouvre des portes vers la vérité. En apparence, un spectateur aura l’impression que le mystique ne fait rien alors que son corps a fini de lutter contre les crampes et que la respiration est complètement supervisée par la volonté. Le cœur, quant à lui se repose comme il peut entre deux battements.
« « L’ennui naquit un jour de l’uniformité. »
Pour ceux qui souhaitent le poème en entier voici le lien, ils s’apercevront que cet Antoine fut célèbre en son temps pour ses talents de compositeur.
http://jeanjosephjulaud.fr/2013/11/antoine-houdar-de-la-motte-lennui-naquit-un-jour/
Rédigé par : Tipaza | 08 août 2019 à 07:15″
Et le magistrat à la retraite:
« L’ennui naquit un jour de l’uniforme ôté »
« L’ennui de la paix, la vérité du conflit »
Dimanche après avoir deux pages pleines à la gloire de Marlène Schiappa dans le JDD (un vrai pensum), je suis tombé quatre pages plus loin sur l’interview de François Bégaudeau avec en chapeau : « Je mets la littérature au-dessus de la cause ».
Voilà un anar-chic (tendance néo-marxiste cool) qui ne se prend pas pour une demi-m…! Il est vrai que les questions posées étaient gratinées du genre : « Aimez-vous Pascal pour sa radicalité ? » La réponse fut à la hauteur !
En fait, de Pascal, il aurait dû retenir la phrase qui a donné lieu à de multiples interprétations souvent contradictoires : « Le moi est haïssable ».
Que dire sur votre billet cher P. Bilger ? Rien !
A ce niveau de personnalisation, je n’entre pas dans l’intimité du moi des autres. Mais on peut aussi relire et méditer une autre phrase de Pascal:
« La nature de l’amour-propre et de ce moi humain est de n’aimer que soi et de ne considérer que soi ». Ce qui ressort de l’interview de F Bégaudeau.
Cordialement.
Je suis assez surpris de ce billet, car alors que je suis généralement émerveillé par ce qu’écrit Philippe Bilger, je le trouve aujourd’hui totalement à côté de la plaque. Entre la paix et le conflit, il y a le dialogue et la construction en commun de deux compréhensions différentes d’un même phénomène, éclairées par la rationalité.
Je trouve que cette vision manichéenne « guerre ou paix » néglige totalement l’approche rationnelle et scientifique. Je comprends bien qu’un prétoire est un lieu où une vérité naît de la confrontation (et non de la conjugaison) de deux interprétations. C’est ainsi que beaucoup de peuples ont trouvé le moyen de résoudre les questions de justice.
Mais que dire de la construction scientifique ? En réalité la plupart des décisions prises sur notre planète ne le sont ni via des conflits, ni par une bête passivité ; elles le sont par la confrontation de déductions et la résolution commune de problèmes : voitures, fusées, téléphones, maisons, réseaux, remplissage de bouteilles de plus en plus fines, etc.
Notre monde est fait de collaborations construites sur des analyses objectives, et les dîners bourgeois parisiens et les prétoires ne représentent qu’une infime partie de ce que notre humanité produit… heureusement !
Si le conflit dans le cadre du débat intellectuel n’est pas, comme le « Moi », haïssable à la condition de respecter l’autre et ses opinions que l’on ne partage pas, la tendance actuelle me semble plutôt aller dans le sens de la censure des propos qui ne se conforment pas à la doxa diffusée par notre personnel politique et nos médias.
Mais si l’on quitte le domaine de la « disputatio », sans doute ne faut-il pas fermer les yeux sur ce qui se passe hors de nos frontières avec des risques de dérapage pouvant conduire à de vraies guerres dont personne ne maîtrisera le déroulement.
Si l’on veut en avoir une petite idée, il suffit de lire cette analyse :
https://prochetmoyen-orient.ch/cinq-lecons-de-la-crise-du-golfe-persique/
Je dirai aux croyants : priez pour que la sagesse l’emporte !
J’avais lu cet entretien. Vous réussissez l’exploit d’en tirer peut-être le seul élément positif qui s’y trouve, et à l’enrichir de vos réflexions. Ce qui m’a le plus frappé, en lisant l’article, est au contraire à quel point cet homme, qui se prétend écrivain et qui est interrogé comme tel, s’exprime comme un cochon. Il prétend être obsédé par « le mot juste », et il parle un français abominable. Regardez :
« La saisie morale de l’art me met hors de moi. »
Hein ? quoi ? C’est tellement mal dit, que cela fait le titre de l’interview.
« Je protège l’art contre ceux qui veulent le mettre sous surveillance morale et politique. »
Où la laideur de l’expression se marie avec la boursouflure de la prétention. Heureusement que l’art a Bégaudeau pour le protéger !…
« On n’a pas de vie artistique digne de ce nom si l’on ne relance pas les dés idéologiques dès que l’on ouvre un livre. »
« Il n’y aurait rien de pire qu’un livre qui s’assujettirait à la cause. »
« La littérature est un luxe de temps. »
« Le pauvre est requis par sa propre survie. »
« J’étais dans la conviction et non dans le rêve. »
« Sans vouloir être dans la polémique… »
« Les intellectuels devraient être dans la clairvoyance. Depuis longtemps, ils ne sont plus dans le discernement mais dans l’affolement. »
Je pense qu’il faudrait rétablir la peine de mort pour les gens qui sont « dans » quelque chose.
« La vie d’un esthète est sans cesse contrariée : Chateaubriand et Flaubert sont primordiaux pour moi. »
« Il ne faut pas se méprendre sur ce qu’est un littéraire. Un littéraire ne cesse de manipuler de la vie et du vivant. Le romancier est quelqu’un de fondamentalement passionné par la vie. Tout ce qui appartient au vivant le concerne. »
« La littérature permet de comprendre ce qu’on ne comprend pas. »
Bouvard et Pécuchet, Tartarin de Tarascon, etc.
« Je dévore le patrimoine français. J’arrête les études à 23 ans et je me tourne alors vers les vivants. Je me demande : ‘Qu’écrivent les vivants ?’ «
Question : « Votre agrégation de lettres modernes vous donne-t-elle un statut social ? »
Réponse : « A l’intérieur de moi, je ris. Je n’en retire aucun aplomb et je suis sceptique devant la légitimité que cela m’accorderait aux yeux des autres. J’évolue dans des milieux, comme la gauche radicale, où l’agrégation crée une certaine inquiétude : est-il une garantie de subversion alors qu’il a poussé le conformisme jusqu’à passer un concours emblématique d’un certain élitisme français ? »
Et donc, voilà ce qu’est un agrégé de lettres aujourd’hui. Okay.
« Je n’ai pas un rapport identificatoire aux personnages. »
« Je ne faisais pas de différence entre le côté récepteur et le côté émetteur. »
« Je me sens en familiarité éthique avec Michaux. »
« Je suis serein par rapport à la réception d’un livre. »
« Je vais plutôt angler les choses autrement. »
Bonne idée, et puis profites-en pour te relire, on ne sait jamais…
Bégaudeau s’exprimant comme un plumeau, il n’est pas étonnant que sa pensée soit frelatée. Il prétend que l’art doit échapper à tout enrégimentement politique, mais c’est pour aussitôt signaler sa vertu et manifester qu’il est dans le camp du Bien : il « évolue dans le milieu de la gauche radicale », il n’est pas antisémite, et le livre qu’il vient de publier s’appelle Histoire de ta bêtise.
Le monde est divisé en deux, les gentils et les méchants. Les gentils sont de gauche, comme lui, Bégaudeau, et les méchants sont non seulement de droite, mais stupides. C’est pourquoi on a le droit, et même le devoir, de les tutoyer. Et d’écrire des livres pour expliquer à quel point on les méprise.
Le personnage qu’il interpelle de la sorte est son ancien patron, dans la revue où il écrivait. Il appartient à « cette bourgeoisie humaniste et cool » qui « devient agressive dès qu’elle se sent menacée, notamment par une adversité de classe. Elle montre alors son fond invariant agressif. Elle sort ses armes habituelles, comme le licenciement. Le bourgeois cool devient un bourgeois pas cool. »
Bien sûr, Bégaudeau n’est pas un bourgeois, lui. C’est un prolétaire, un aristocrate, un guérillero de la justice sociale, un artiste — tout ce que vous voulez, mais pas un bourgeois. On ne sait pas trop ce que le terme désigne (toujours cette incapacité à utiliser le mot juste), mais ce qui est sûr, c’est que le bourgeois est une sombre ordure.
Contre lui, tout est permis, même le tutoyer en public. Même cracher dans la soupe d’une revue qui vous faisait vivre jusque-là, et au visage de l’homme qui signait vos chèques.
Mais c’est lui, l’agressif, c’est lui, le « pas cool », sous prétexte qu’il vous vire lorsque vous publiez un livre destiné à le traîner dans la boue. Tout en prétendant qu’il ne s’agit pas de lui, qu’il a cru se reconnaître à tort. Comme font tous les cafards délateurs gauchistes dans le genre de Bégaudeau.
En fait, le bourgeois est le nouveau Juif de notre temps — et d’ailleurs, la résurgence de l’antisémitisme de gauche montre bien les affinités de cette vision paranoïaque du monde avec le marxisme.
Je vous renvoie au film Entre les murs de Bégaudeau pour mieux comprendre le monument de politiquement correct qu’incarne ce monsieur. Faux dans la forme et faux dans le fond, tout est raccord, si j’ose dire.
Ce qui aide à comprendre cette interview, c’est l’article que François Bégaudeau lui-même a écrit, sur son propre blog, concernant cette affaire.
On verra :
– Qu’il confirme que son rédacteur en chef Vincent Jaury, auquel il reproche de l’avoir licencié, est bien visé par son livre Histoire de ta bêtise (bien qu’il noie le poisson en affirmant s’en prendre à une classe, dont l’homme en question ferait partie).
– Qu’il se livre à une danse écœurante et interminable sur l’air de « c’est çui kidi kiyé ».
– Qu’il confirme être un « marxiste ou para-marxiste » appelant de ses vœux la violence politique.
Il vaut la peine de citer dans son intégralité ce passage de son livre qu’il reproduit pour sa défense — et qui est en réalité profondément incriminant. S’adressant au bourgeois emblématique visé par le titre, il écrit :
« T’observer m’envahit, je l’avoue, d’une joie trouble. Je suis bien inconstant : alternativement je déteste et adore vérifier que tu persistes dans ton être bourgeois. Je veux que tu disparaisses et que tu dures. »
« Ta disparition ferait un gros vide dans mon quotidien. Assurément ma vitalité a besoin de toi, de ton adversité. Nous autres marxistes ou para-marxistes nous délectons de nommer la violence constitutive des rapports sociaux, et d’en inférer que la violence seule peut les subvertir. La pensée radicale exsude un goût pour le heurt, corrélée peut-être à un goût pour la matière vivante née du heurt des atomes. Le marxisme est un vitalisme. »
On avait bien compris que le marxiste Bégaudeau a besoin du bourgeois fantasmatique pour vivre, de même que l’antisémite a besoin du Juif maléfique et tout-puissant, et que « l’anti-raciste » a besoin de voir des « racistes » partout.
Et on avait bien compris que la raison première qui nourrit l’être-de-gauche de Bégaudeau (et d’autres), c’est son goût pour la violence.
Mais c’est sympa de sa part de nous le confirmer.
On mesure à quel point, à mon humble avis, le goût du débat vigoureux défendu ici par Philippe Bilger est différent du « goût pour le heurt » manifesté par François Bégaudeau. Le marxisme n’est pas un vitalisme ; c’est un banditisme.
Terminons, en guise de point d’orgue, par ceci. Dans l’éditorial par lequel il annonce se séparer de François Bégaudeau, Vincent Jaury écrit :
« Ce ‘tu’ est le bourgeois essentialisé, dont il souhaite donc la disparition. Par quel moyen il la souhaite ? On peut l’imaginer, nous qui avons en mémoire le XXe siècle. Cet appel au meurtre, ce fantasme de ‘classicide’ selon le terme de Michael Mann, est inacceptable. »
Et que dit François Bégaudeau, dans sa réponse à cette accusation ?
« …le bourgeois, qui ne mérite ni plus ni moins la mort que quiconque. »
Comment appelle-t-on quelqu’un qui s’adonne à une pareille hypocrisie ? Il faudrait un écrivain, sans doute, pour trouver le mot juste.
Une question demeure, comment l’université française peut-elle octroyer des agrégations à des esprits aussi mal fichus ?
La fifille à Tonton est également « agrégée », et ne riez pas, « agrégée de philosophie ».
Elle a vendu ses livres comme des petits pains, les médias se marchaient dessus pour l’avoir à l’antenne.
Le magazine Elle lui confie une chronique, jusqu’au jour ou le Canard révèle que la rédaction s’arrache les cheveux à chaque livraison et réécrit sa prose en bon français avant de la publier.
On la retrouve critique de cinéma, faisant fuir le public à chaque fois qu’elle encensait un film (film de gauche bien évidemment).
Une fois Tonton décédé, la critique littéraire, reprenant ses esprits et n’écoutant que son courage, a enfin commencé à défaire au démonte-pneu cette bulle d’insignifiance.
Tous ces canards sans tête se retrouvent généralement à France Inter, le dernier havre qui veuille bien les recueillir.
On attend un billet sur le génie de Joy Sorman.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Joy_Sorman
À lire la descente en flammes de Bégaudeau par RM on se perd en conjectures sur les choix estivaux de lecture de notre hôte…
La fascination du bourgeois pour l’écrivain de gauche me surprendra toujours…
« On vous vendra les pelles avec lesquelles vous creuserez votre tombe. »
@ sbriglia | 08 août 2019 à 20:49
Et pour nos Bidasse, autrefois, à quelques jours de la « quille »:
« La joie naîtra bientôt de l’uniforme ôté. »
@ Lucile
« Il me semble que le débat d’idées, même conflictuel, tourne le dos à la guerre, dans la mesure où il évite le recours à la violence, en permettant à chaque opposant de dire ce qu’il a en vu, étape n° 1 de toute négociation réussie. »
Mais n’oublions pas non plus, dans la résolution ou la prévention des conflits, le recours à des explications, par exemple dans les multiples cas de la vie courante qui trop souvent risquent de tourner à la querelle.
Le problème est que pour parvenir à discuter, chaque partie doit être capable de pratiquer non seulement un langage commun mais encore de partager les mêmes références culturelles.
Qui n’a pas parfois amèrement constaté que des mots ou des comportements étaient interprétés de travers et dans un sens hostile alors qu’il n’y avait aucune volonté initiale en ce sens ?
Le plus inquiétant de nos jours est que, devant ce qu’ils considèrent comme une offense, certains individus ont souvent tendance à faire appel immédiatement à la violence la plus extrême avant même d’avoir ouvert la bouche…
François Bégaudeau. Bon sang, mais c’est bien sûr ! Je me disais bien avoir entendu son nom quelque part. C’était lors d’une interview à France Inter consacrée à son bouquin, incontestablement un monument de la littérature, « Histoire de ta bêtise ».
Fatuité, arrogance et mépris. Pendant ces quelques minutes surréalistes, il a su montrer toute l’étendue de son talent sur ce vaste sujet vu qu’incontestablement il est un expert dans le domaine.
Comme si notre époque n’était pas en perpétuel conflit… Des colères individuelles qui s’expriment pour tout et n’importe quoi, à tel point que le Conseil d’Etat a ouvert un site très fréquenté pour les instruire…
Sur les conseils désintéressés de Robert Marchenoir | 09 août 2019 à 04:19 je suis allé sur le site de François Bégaudeau où j’ai découvert un personnage très différent de celui décrit par le billet.
D’où j’en conclus que la guerre de Troie aura bien lieu, et qu’il ne faut pas trop s’ennuyer de cette paix que nous vivons.
Paix relative tout de même, car entre la fureur des para-marxistes, les mondialistes qui veulent changer nos voisins en d’indéfinissables cousins venus d’ailleurs et les végans qui nous feraient revenir au temps des diligences de Flaubert et Maupassant, mais pas de leurs agapes, il ne nous reste pas beaucoup d’espace de sérénité silencieuse comme il se doit.
De l’art de la conversation entre personnes du même monde à celui de l’invective parce qu’on se connaît trop bien et qu’on se déteste pour ça, en passant par l’art du débat, riche d’échanges d’idées, mais souvent narcissique, en finissant par l’art de parler pour ne rien dire, je me demande si le mieux n’est pas de se taire.
Quand il pleut Paris est plus propre !
@ Tipaza
Merci pour le poème d’Antoine Houdar de La Motte.
Je n’en connaissais que l’excellent et fameux dernier vers et sans savoir même d’où il venait…
« L’ennui naquit un jour de l’uniformité. »
L’ennui peut naître certes de l’uniformité, pas la paix. Elle est, elle, expression maîtrisée de la diversité.
Cher Philippe,
J’aime bien les êtres délicats qui parlent de conflits, mais dans le cadre qui leur convient.
Le rapport de force ne leur plaît que transfiguré dans des limites qui leur conviennent, la parole… là ou ils se sentent forts.
Ou violemment loin de chez eux, par procuration, chez les barbares.
Un bon coup de poing dans la gueule ne leur ferait pas de mal. Avec un : tu vois ducon, c’est ça le conflit.
@ Robert Marchenoir 4h09
Citant Bégaudeau:
« »T’observer m’envahit, je l’avoue, d’une joie trouble. Je suis bien inconstant : alternativement je déteste et adore vérifier que tu persistes dans ton être bourgeois. Je veux que tu disparaisses et que tu dures. »
« Ta disparition ferait un gros vide dans mon quotidien. Assurément ma vitalité a besoin de toi, de ton adversité »
On pourrait remplacer « bourgeois » par « raciste » et Bégaudeau par la clique entière de SOS Racisme qui est consubstantiellement liée à la détection des blancs qui n’allumeraient pas des bougies devant les cités de banlieue….
J’avais regardé l’émission de Taddéï opposant Bégaudeau à Proust (pas Marcel hein…):
https://www.youtube.com/watch?v=nVx4OEzs0yU
Une vive intelligence certes mais aussi une folle arrogance et un auto-centrage incroyablement intense.
La purée marxiste dont il agrémente ses propos me le fait ranger dans la catégorie des brontosaures relookés à la sauce Libé !
On me demande comment je vais.
Bien. J’ai 74 ans. Je vois bien. J’entends bien. Je dors bien. Je n’ai pas de dentier. Je ne suis pas chauve. Je ne suis pas en surpoids. Je n’ai jamais eu mal à la tête de ma vie.
Je n’aime le goût d’aucun alcool, et, donc, je n’en bois pas. Je ne bois que de l’eau de source. Je ne fume pas. Je ne bois pas de café. Mon alimentation, frugale, me plaît.
J’aime les fruits, les légumes, le poisson, le pain complet, les œufs. Je ne mange pas de saucisse, de saucisson, de pâté et le reste.
Je n’ai pas d’hypertension artérielle. Mon analyse de sang annuelle est excellente à tous égards.
Je ne prends aucun médicament. Et, m’endormant en cinq minutes, je ne prends aucun somnifère. Je n’ai jamais pris d’anxiolytiques. Je n’ai jamais été dépressif. Je ne suis ni paranoïaque, ni schizophrène, je ne crois pas que tout l’univers me surveille et m’espionne. Si la NSA veut m’écouter au téléphone, qu’elle ne se gêne pas. Cela ne m’empêchera pas de téléphoner. Dois-je préciser que je n’ai jamais consommé de cannabis, de cocaïne, d’héroïne, etc., même si je pense que les deux drogues qui tuent le plus de monde en France sont l’alcool* et le tabac. Les chiffres sont connus. Qui les cherchera les trouvera.
*qui cause quantité de malheurs et de crimes
@ Patrice Charoulet | 09 août 2019 à 11:15
Un pur trouve toujours un plus pur que lui qui l’épure.
Je connais un retraité de l’Education nationale qui n’a pas de médecin traitant.
@ Patrice Charoulet
C’est l’histoire d’un mec qui va voir son docteur. Après l’avoir examiné, le docteur lui dit :
– Mon vieux, il va falloir arrêter de boire, de fumer et il va falloir vous modérer avec les femmes.
Le mec répond à son docteur.
– Bien docteur, je ne sais pas si avec tout ça je vais vivre plus vieux, mais en tout cas la vie me paraîtra plus longue !
@ Lucile
« Il me semble que le débat d’idées, même conflictuel, tourne le dos à la guerre, dans la mesure où il évite le recours à la violence, en permettant à chaque opposant de dire ce qu’il a en vu, étape n° 1 de toute négociation réussie. »
Petit quatrain pour expliquer à Lucile le secret d’une négociation réussie :
Le Livre d’une main,
De l’autre le gourdin.
La seule façon,
De réussir une négociation.
« Quand tout se déroule bien, lors d’un bon dîner bourgeois par exemple, on est dans l’agréable. Mais qu’un désaccord survienne autour de la table et, immédiatement, on s’ennuie un peu moins » (Ph. Bilger)
Rien que pour cette phrase je dédie à monsieur Bilger et à son épouse ainsi qu’aux meilleurs commentateurs de son billet sur « ..la vérité du conflit » cet extrait réjouissant à ne manquer sous aucun prétexte (sauf pour ceux ou celles qui l’ont déjà vu évidemment ;))
https://www.dailymotion.com/video/x99l9e
Adéo, moi je vais me réfugier chez Jacky car ça va souffler fort sur la côte.
Pour rajouter encore un peu de piment aux débats d’idées, on pourrait remettre au goût du jour la vieille tradition du duel politique (à l’épée et au premier sang, histoire d’éviter les drames…). Pour mémoire, Gaston Defferre livra le dernier, Jean-Marie Le Pen fut témoin de l’avant-dernier.
Le duel n’étant pas explicitement interdit en soi et l’édit du 6 février 1626 pouvant être considéré comme caduc, il suffirait que la Cour de cassation change la jurisprudence établie en 1837, et très timidement appliquée…
Il est hautement probable qu’à l’annonce de cette légalisation, Emir Kusturica envoie immédiatement ses témoins à BHL.
@ Patrice Charoulet 09/08 11:15
En fait, pas le moindre conflit chez vous, un esprit sain dans un corps qui l’est donc tout autant.
Voilà qui doit faire bien des envieux !
Mais puisque vous connaissez ainsi la paix, êtes-vous alors en accord avec notre hôte qui prétend n’y voir qu’ennui ou vous inscrivez-vous en faux contre cette affirmation ?
@ Patrice Charoulet | 09 août 2019 à 11:15
« On me demande comment je vais. »
Euh… non. Personne ne vous a demandé si votre grand’mère faisait du vélo. Qu’est-ce qui vous fait croire que le lectorat de ce blog se connecte ici pour connaître votre bulletin de santé ? En matière de nombrilisme, vous en remontrez à François Bégaudeau.
Au demeurant, vous faites preuve, selon votre habitude, d’une singulière impolitesse. Non seulement il est particulièrement fat de votre part de vous attribuer le mérite de votre bonne santé, mais c’est manifester beaucoup d’indélicatesse que de vous vanter de votre bonne fortune, à l’adresse d’une compagnie qui, par la force des choses, compte sans doute en son sein des personnes de votre âge qui n’ont pas votre chance.
Mais continuez à nous donner des leçons « d’anti-racisme » — comme Bégaudeau, tiens donc ! –, ça vous permettra de donner le change.
@ Robert M. 09 août 2019 à 19:33
Non mais là vous avez mille fois raison !* Qu’est-ce qu’on en a à faire de son bulletin de santé à ce p’tit prof à la retraite qui nous bassine avec sa chasse aux pseudos…
* bon d’accord j’ai tout compris parce que le post était court 😉
Adéo Martchi
@ Michel Deluré
« Le conflit doit être l’expression naturelle, sans être pour autant agressive, de divergences, d’oppositions, qui doit permettre de tendre vers une solution de paix, qui n’est point ennui mais au contraire harmonie, favorisant le vivre-ensemble. »
Je propose que nous évitions de recourir à cette expression « vivre-ensemble » qui a manifestement été forgée et lancée par des officines placées dans l’ombre du PS afin de forcer les Français à avaler la pilule de l’immigration non désirée, présentée à la fois comme une normalité et comme une inéluctabilité avec laquelle il faudra composer de force.
En principe l’expression « vivre-ensemble » ne s’applique qu’aux personnes qui désirent se mettre en couple par un accord réciproque, par exemple dans le mariage.
Dans le domaine social, il faut bien reconnaître qu’au vu des drames relatés par la rubrique des faits divers de la presse ce « vivre-ensemble » inter-communautaire n’a rien d’idyllique et tourne trop souvent au sinistre.
Tipaza un beau soir écrivit un quatrain
À propos d’un gourdin,
Cet instrument grossier qui fait peur au gredin.
Pareil quatrain, ça craint…
Quelquefois je me dis que Patrice Charoulet est une création, qu’il y a derrière lui un blogueur qui s’amuse à camper ce personnage de prof à la retraite collectionneur de citations et toujours prêt à se montrer en exemple. Il est trop fidèle à lui-même pour être vrai. Et puis, je trouverais amusant que celui qui nous reproche nos pseudonymes soit un faux. Cependant la cour assidue qu’il a faite à Robert Marchenoir me fait douter de mon hypothèse, on a peut-être affaire quand même au vrai Patrice Charoulet. Dans ce cas la réalité ressemble à une fiction.
@ Patrice Charoulet | 09 août 2019 à 11:15
« Bien. J’ai 74 ans. »
Moi j’aurai bientôt 90 ans et j’ai tous les problèmes que vous n’avez pas, plus du palu, des restes d’infection amibienne, etc.
Un vrai désastre médical, mais je cavale toujours et aime aussi toujours la bonne chère, les grands vins et les jolies femmes même si ce n’est plus que platoniquement.
Nous en reparlerons dans 16 ans 🙂
@ Lucile | 09 août 2019 à 23:23
En fait, c’est vous, l’écrivain. Il faut une imagination littéraire à toute épreuve pour échafauder l’hypothèse selon laquelle Charoulet serait un canular…
En effet, son numéro est tellement improbable qu’il appelle cette hypothèse. Mais, outre que les détails de la pièce ne collent pas (trois personnages différents coalisés, véritable effraction dans mon mail…), c’est ignorer les mille et un événements alentour qui, eux aussi, ressemblent à des blagues, des parodies, des « fake » — et qui, hélas ! sont bien réels !
Si les gens ne lisent plus, c’est peut-être que la réalité a largement supplanté la fiction.
@ Claude Luçon | 09 août 2019 à 23:28
Il y a des gens en bonne santé sans être vivants. Vous c’est l’inverse. Bravo ! Je vous souhaite une meilleure santé, et ce n’est pas une formule en l’air, c’est possible avec le développement de la science.
Est-ce qu’il y a des exceptions ? En tout cas, avec Patrice Charoulet vous illustrez encore que le vivant n’est pas moralisateur, et que le moralisateur n’est pas vivant !
Je souhaite à chacun de vivre aussi longtemps qu’il le veut et d’avoir le goût de la vie qui persiste en lui comme un grand vin de longue caudalie ! Avec tous les problèmes de santé que vous avez, vous faites paradoxalement plaindre quelqu’un qui est en « bonne santé » mais en comparaison n’est pas vivant et ne s’en rend même pas compte… On comprendrait qu’un fantôme, se croyant encore de sang et d’os, ait ce problème, pour un être capable en principe de goûter aux plaisirs, c’est plutôt étonnant… Pfeu ! Patrice Charoulet fait aussi ressortir en comparaison que je connais quelqu’un de merveilleux ayant une tendance à l’addiction et se privant donc de vin sans faire la morale aux amis qui boivent. Quelle classe ! Le-vin-qui-fait-des-dégâts, oui ! Mais la pensée aussi, on ne va pas s’interdire de penser…
Quant à l’amour ! Vous donnez à penser que vous êtes capable de vous émouvoir, tandis que Patrice Charoulet parle de sa femme, mais comme d’un meuble, elle fait partie de son environnement, mais on ne sait rien d’elle quand il parle de parler sans masque (enfin, ne l’obligeons pas, la dame n’en a peut-être pas envie !) et sans dire qu’il l’aime.
La journée de Patrice Charoulet avec mon mauvais esprit :
« Je pars à la bibliothèque, pendant ce temps ma femme fera les corvées ménagères. On a pris mes revues…
Il y a des gens me paraissant peu cultivés à la bibliothèque. L’un d’eux a pris l’une de mes revues ; passe encore, mais quand je songe que de telles personnes peuvent être jurés… Effrayant !
Si ma femme pouvait emprunter des revues de cuisine, elle renouvellerait peut-être un peu sa palette… Mais je ne sais pas si j’en ai vraiment envie.
Tiens, je vais lire mes revues de centre droit, mais jamais rien sur le vin. Comment peut-on s’intéresser à autre chose que les dégâts des boissons alcoolisées, tels par exemple que les accords mets-vins ? Mes invités n’ont qu’à boire de l’eau ou des mariages aussi désaccordés que certains pianos.
Je vais aussi emprunter des livres de littérature française, mais pas d’ailleurs. Je suis allé en des contrées lointaines, je ne me dépayserai pas par la pensée… Au contraire, je tends à ramener l’ailleurs au connu. Arrachons le masque car c’est ramener l’ailleurs du nouveau au connu d’un patronyme. Tout le monde a un patronyme, celui qui écrit doit se conformer à tous. Le style, c’est l’homme, mais le nom de plume ne fait pas partie du style.
Ainsi, je peux faire la cour à un styliste et vouloir arracher son masque, et savoir son métier, son adresse et tout ce qu’il me plaira de lui demander. Un jour, les gens seront traçables comme on l’exige des produits de consommation. Car n’est-il pas plus dangereux d’ignorer qui est qui que d’acheter mal à propos ? Je suis humble, mais me sais prophète.
Je rentre, ma femme et moi mangeons. Je lui raconte les sauvageons qui discutent à la bibliothèque, et les délinquants qui ont des préjugés, et pire, des préjugés illégaux du blog Bilger. Chez un magistrat ! Elle me dit de bien prendre soin de moi à chaque sortie, courage avant chaque combat numérique et homérique.
Je suis prophète en mon pays, et Jérémie pour l’avenir.
Tout est clair, soit les gens sont sans masque car irréprochables et sans l’ombre d’un trait de caractère paranoïaque, soit ils se dérobent au regard qui les rendrait à la morale ou à la santé mentale, parce qu’ils sont bien atteints, je vous l’assure en confidence… Même si je ne m’en prévaux pas, je suis moraliste et médecin de l’âme.
Je n’ai peut-être jamais découvert de nouvel auteur, mais en me jetant dans la croisade de démasquer les internautes, en ramenant l’inconnu au connu, j’assume un rôle autrement novateur et prophétique.
Si je voyais un fantôme, j’exigerais, outre son nom et son histoire, qu’il se montre sans masque et sans voile et parle clairement autant que distinctement.
Je le montrerais à tout le monde, et dirais que si on peut obtenir cela d’un spectre, on peut d’autant plus l’exiger des vivants.
J’ignorerais qu’on ne peut pas plus tuer deux fois un mort, enfin, dans notre culture, que m’attaquer physiquement pour mes prises de position. »
@ Patrice Charoulet | 09 août 2019 à 11:15
« Bien, j’ai 74 ans. »
Foin de faux fuyants,
Le poids des ans,
N’y est pour rien.
C’est d’être végétarien,
Sans hyponyme,
Servant de pseudonyme.
Pour toutes ces qualités
Vous méritez d’être cité :
Voilà un ange bavard,
Comme un boulevard !
Ce n’est pas l’usage,
Qu’il y ait tant de babillage.
Lorsqu’un ange passe.
Demandons à l’ange que silence il fasse.
@ Robert Marchenoir | 09 août 2019 à 19:33
Bob – je me permets – mourir en bonne santé a un côté terrifiant, non ?
Sans connaître le spectre d’une bonne bouteille, du dernier verre, du ris d’agneau sauce citron réduite…
@ Exilé 09/08 20:31
Rassurez-vous, je ne prenais le terme « vivre-ensemble » que dans son acception d’une cohabitation harmonieuse entre individus dans le cadre d’un groupe, quel que soit la dimension de ce dernier et qui ne se limite pas à celle d’un couple.
Les quelques officines gauchisantes auxquelles vous faites référence ne peuvent se prévaloir de la paternité de cette expression et donc des modes de vie et de gouvernance qu’elle sous-tend.
Dans la vie publique, chaque individu appartenant à un groupe a sa singularité, pense différemment, a ses propres intérêts qui ne sont pas ceux de ses voisins, voire est ennemi des autres individus de ce groupe.
Il importe donc de s’employer à favoriser la cohabitation de ces individus pour rendre la vie du groupe la plus efficace et la plus harmonieuse possible. Ce qui implique de s’interroger sur la manière dont nous allons organiser la vie de ce groupe du point de vue de sa gouvernance, de son éducation, de sa justice, de sa défense, de son système social, etc.
C’est là le rôle, entre autres, du politique que d’assurer le passage d’un stade initial que nous pourrions définir de conflit à un stade final d’harmonie que nous pourrions qualifier de paix. Ce vivre-ensemble-là n’a pour moi nulle connotation de quelque couleur politique que ce soit.
@ Patrice Charoulet | 09 août 2019 à 11:15
Ravi que soyez en bonne santé à 74 ans. Il faut dire que votre hygiène de vie vous protège de toutes ces petites misères qui surviennent arrivé à un certain âge : diabète, hypertension, cholestérol, urée pour ne citer que les plus courants.
Ceci étant j’hésite à venir déjeuner chez vous dans le cas, bien improbable, où vous m’inviteriez à votre table.
Sans être un sybarite insouciant, j’aime bien avoir un verre (ou deux) de bon vin, de préférence bourgogne ou bordeaux, encore qu’il existe aussi d’excellents côtes-du-rhône. Certes un petit verre de Badoît après le plat de résistance peut se concevoir.
Après le repas j’aime bien aussi fumer un petit cigare (Davidoff de préférence) accompagné, le cas échant, d’un Armagnac hors d’âge.
Et tant pis pour les petits désagréments qui pourraient advenir !
@ Robert Marchenoir | 09 août 2019 à 19:33
Bob – je me permets -, je ne vais pas vous demander votre bulletin de santé, ou plutôt je demanderais la fiche de contrôle technique de la machine que vous êtes.
Bouteur sans aucun doute, une grue de 50 m de flèche, et un système d’interférences à vous tout seul.
Je vous recommande en même temps – le bien nommé – les contrôles obligatoires, on ne sait jamais, j’ai vu des câbles effilochés qui paraissaient neufs, mais question moteur, aucun cliquetis anormal, seul un petite réglage de soupape sera le bienvenu.
Le souffle y est souvent, le turbo déclenche un peu vite, mais comme la machine semble saine, comme dirait mon voisin, la révision même avec un peu de retard ne pose pas problème.
La cartographie aussi de l’allumage est bien, mais par mesure d’économie je vous conseille un mélange de E85 à hauteur de 30 %, avec votre E10 sans modifier la carte grise, ce qui serait une hérésie, compte tenu de la qualité de votre moteur. Je suppose que vous carburez à l’essence.
J’ai vu que vous aviez changé la courroie de distribution, un bon point, il peut se produire des ruptures impromptues et catastrophiques pour les cycles soupapes/cylindres, élément essentiel qui coûte une misère et une grosse demi-journée de travail.
Pas de contre-visite, rien qu’à l’oreille tout semble normal, bon, parfois vos accélérations peuvent hérisser, mais c’est le lot de tout conducteur, même les plus paisibles, qui dès qu’ils ont un volant dans les mains invectivent pour une broutille qu’ils supportent tous les jours dans le cadre de leur activité.
@ Robert Marchenoir | 10 août 2019 à 04:29
« Si les gens ne lisent plus, c’est peut-être que la réalité a largement supplanté la fiction. »
Celle-là je la garde au chaud, du Patrick Modiano sans aucun doute.
Lisant avec moult intérêt le « Journal inutile 1973-1976 » de Paul Morand, je tombe sur cette phrase qui m’évoque votre billet, Philippe Bilger:
« Tous les défauts des gens éclatent dans les dîners en ville: la vanité et la fourberie des femmes, la bêtise ou le conventionnel des hommes, le faux des rapports sociaux, la comédie humaine. Tout cela rend le dîner en ville un supplice effroyable. Le déjeuner, au contraire, est rapide, amusant, léger, on n’a le temps de détester personne, c’est charmant. » (page 332)
@ caroff 18 août 18h10
Vous lisiez « Journal inutile » de Morand et vous nous livrez une citation. Vous avez de bonnes lectures. Ce journal posthume est une mine et un régal. Quelle franchise, quel style et quel grand écrivain ! C’est l’un de mes écrivains préférés du XXe siècle et c’est mon livre préféré de lui. A lire toutes affaires cessantes. Et quel contraste avec les médiocres idoles qu’on nous propose partout et tout le temps.
@ Patrice Charoulet 17h03
« À lire toutes affaires cessantes. »
Je les avais lus (tomes 1 et 2) il y a vingt ans et j’ai replongé: même délectation !!
Ses romans viennent de paraître dans la collection « Bouquins »…
@ Noblejoué | 10 août 2019 à 05:05
Mais c’est marrant comme tout, vos « compliments » à Patrice Charoulet !
Un petit verre de Pomerol accompagnait notre rigolade…
Merci !