Le souci de soi, le poids des autres…

Il est passionnant d’observer le phénomène des modes qui oscillent, dans tous les registres, entre le ridicule et l’allure.

Il y a une manière, en effet, de ne savoir vivre à l’intérieur des époques que par des cycles successifs plus ou moins ponctuels, plus ou moins durables, qui se chassent les uns les autres, remplacent un visage par un autre, une réputation par une autre et un mimétisme par un autre.

Dans le domaine médiatique et artistique, pour ne prendre que ces exemples d’illustration d’une modernité éblouie puis jeteuse, on a eu à peu près dans l’ordre Alessandra Sublet, Maïtena Biraben, Yann Moix, Léa Salamé avant d’autres qui prendront une relève aussi incompréhensible ou aussi justifiée. Pour les acteurs, Jean Dujardin, Alexandra Lamy, Marion Cotillard ou Guillaume Gallienne ont bénéficié, notamment, d’une exposition qui laisse pantois ou admiratif, c’est selon.

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Cette succession démontre le prurit d’une instabilité qui a besoin de s’émerveiller aussi fugacement qu’elle déserte, le seul critère du talent étant en définitive de s’incarner dans une adhésion quasi constante et généralement assez fiable.

La mode me fascine surtout par les effets ravageurs qu’elle fait subir à l’humanité elle-même.

Le souci de soi qui domine aujourd’hui et se traduit par la sollicitude angoissée ou narcissique qu’on a pour son apparence, son visage, son cou, ses poignets, ses jambes ou ses pieds. Elle démontre qu’on s’est contemplé durant quelques minutes ou davantage dans une glace, qu’on s’est plu ou déplu et qu’on a été suffisamment attaché à soi qu’on a pris la peine de se sophistiquer, de s’alourdir, de se singulariser, de s’attifer, de s’orner, de s’embellir ou de se dégrader. En tout cas, de refuser ce qui pour moi est l’élégance suprême : la nudité de ce dont on se contente, qu’on offre à autrui.

Fi donc de ce narcissisme pointilliste qui ajoute, en tout ou en partie, moustaches, configuration capillaire atypique, barbe, bracelets, colifichets et colliers de toutes sortes, tatouages, piercings et bizarreries, à la classique ordonnance d’un corps et d’une figure dépassant la beauté et la laideur par l’acceptation simple de ce qu’ils sont.

Je n’entrerai pas dans les détails qui peuvent parfois régir les désirs d’une gracieuse féminité craignant le passage du temps ou voulant en effacer les effets, du botox à la chirurgie esthétique (Figaro Madame).

Pour ma part j’ai déjà prévenu ma superbe épouse que si elle osait porter atteinte à son visage, je divorcerais sur-le-champ ! Il y a un charme infini, pour une esthétique en elle-même plaisante, de s’enrichir de ce qui ne fait pas décliner mais porte au comble : le temps comme allié, l’existence qui pose sa marque sur la peau comme une amie et n’est qu’espérance du prochain geste, de l’impatience suivante, sans jamais tomber dans le regret ou la nostalgie.

Chacun fait ce qu’il veut évidemment mais ce souci de soi est d’autant plus paradoxal qu’il s’articule sur un mimétisme absolu et qu’il donne une immense place au pouvoir des autres, à leur emprise. Comment n’avoir pas été saisi ces années récentes par ce grégarisme du superficiel, cet impérialisme par exemple du poil qui conduit chacun à laisser pousser sa barbe, qu’elle date de trois jours ou de plusieurs semaines ! Le signe de ralliement d’un monde qui ne sait plus quoi faire pour se ressembler !

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Le délitement d’une envie qui aurait le droit d’être singulière en une véritable pratique sociale est très révélateur des ressorts profonds d’une humanité qui aime se distinguer, mais comme tout le monde ! Le souci de soi, certes, mais s’il s’insère dans le courant dominant. On doit compter aujourd’hui les hommes qui, dans tous les secteurs, n’ont pas succombé à cette mode qui fait du poil fourni le dernier cri de la mode, l’expression suprême de ce qui est convenable, porteur, élégant, chic.

A bien y réfléchir, tout démontre, de l’intellectuel à l’esthétique, de la parole à l’écrit, du dérisoire au grave, que les citoyens répugnent à une authentique liberté d’expression, à l’allégresse de penser et de sentir non forcément contre mais dans une solitude créatrice ; ils adorent se mêler, se réchauffer, se coaguler, se fondre, s’effacer, presque disparaître au lieu d’exister par tous les pores matériels et immatériels de leur être.

Le souci de soi, l’oubli de soi mais avec le poids des autres. Une fraternité facile et sans ambition. Avec son pluriel homogène et monotone qui étouffe jusqu’à l’envie du singulier, la mode est un monstre paisible au quotidien !

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  1. Bonjour,
    « Pour ma part j’ai déjà prévenu ma superbe épouse que si elle osait porter atteinte à son visage, je divorcerais sur-le-champ ! »
    Mais nous, les fidèles commentateurs de votre blog, nous ne sommes pas d’accord.
    Nous voulons garder notre discrète modératrice-correctrice qui veille à ce que nos commentaires soient exempts de fautes d’orthographe et de grammaire. Quel soulagement lorsqu’une énorme faute a échappé à notre vigilance de voir qu’une petite main de fée l’a corrigée.
    Bon pour ce qui est de la mode qui chasse le naturel, elle a toujours existé. Depuis la mode des binettes de Louis XIV jusqu’aux piercings et tatouages de notre époque.
    C’est un signe de ralliement plus qu’une recherche d’identité.
    Remarquez combien de cégétistes de tout poil ont adopté une moustache à la Martinez depuis quelque temps ! 🙂

  2. Avec son pluriel homogène et et monotone qui étouffe jusqu’à l’envie du singulier, la mode est un monstre paisible au quotidien !
    La mode est un tyran pas très paisible envers celui qui refuse de céder à ses caprices, vite marginalisé surtout dans les groupes de jeunes gens.
    Chose curieuse, ces jeunes gens qui affectent des attitudes de rejet de l’uniforme sont les premiers à s’affubler de bleus de Gênes les faisant ressembler à des vachers de l’Ouest étasunien, un peu comme si nous devions nous accoutrer de bleus de chauffe pour paraître branchés….

  3. La lame d’un rasoir qui glisse sur de la mousse est le meilleur moyen pour se réveiller de bon matin et effacer les dernières volutes consécutives aux rêves nocturnes. Une bonne hygiène de vie commence par la barbe retirée, les ongles coupés et les dents propres. De toute façon, quand on mène une vie physiquement active, il est impossible de déroger au rasage du matin. Au bout d’une heure d’effort, quand la transpiration s’installe vraiment et qu’il faut ventiler, les poils du sommet du corps sont un handicap rédhibitoire, le choix est vite fait, il faut se raser de près ou abandonner le mode de vie actif pour une vie sédentaire.
    L’usage du botox se démocratise, les femmes s’en procurent de plus en plus et même dès trente ans lorsque les premiers soupçons de plis apparaissent alors que les rides n’ont pas commencé à creuser la peau. Les campagnes d’information dans les journaux féminins entretiennent le désir de rester jeune éternellement. Les boniments publicitaires ne sont pas forcément agressifs, il peut s’agir d’articles, de témoignages, de sujets dans les blogs et les forums. Les femmes sont tentées par les cures de jouvence, les traitements miracles et les miroirs aux alouettes. Les hommes sont moins ciblés par les publicitaires, sans doute parce que le narcissisme est un trait de caractère plutôt féminin. Avez-vous remarqué la photo qui figure en fond d’écran du téléphone portable d’une jeune femme ? Bien souvent, elle choisit une photo de son visage. En général, un jeune homme ne fait pas cela.

  4. Catherine A pas à une contradiction près

    Le rejet des apparences ou / et de leurs modifications alors même que vous précisez la beauté de votre épouse et non son charme ou son intelligence. Cette seule expression « ma superbe épouse » pour être exacte n’en démolit pas moins toute votre démonstration… le diable et les détails décidément.

  5. Alex paulista

    « Pour ma part j’ai déjà prévenu ma superbe épouse que si elle osait porter atteinte à son visage, je divorcerais sur-le-champ ! »
    Ah bon ?
    C’est étrange d’accorder tant d’importance à un nez un peu raboté ou des peaux légèrement tirées.
    Vous divorceriez pour si peu ? Vous êtes pire que ceux que vous moquez.

  6. Xavier NEBOUT

    Les religieuses ne laissent comme au Moyen Âge, apparaître que leur visage, et la lumière qui s’en dégage n’a pas besoin de fards.
    Par contre, dans notre bas monde, si les charmantes épouses se laissent aller au naturel sans coiffure, ni maquillages, teintures, épilations, etc., il n’y en a pas beaucoup qui vont passer la cinquantaine voire même la quarantaine, sans voir leur époux s’envoler.

  7. En ce centenaire de Verdun je vous invite mon cher Philippe à regarder d’un œil critique ces jeunes, trop jeunes hommes si peu originaux qu’ils portaient tous la moustache ou la barbe, s’affublaient, tous, dans le civil, bourgeois ou ouvriers, d’un chapeau ou d’une casquette et de pantalons à bretelles…
    Que la guerre était jolie en ce temps-là et combien nos poilus se distinguaient-ils les uns des autres…
    « …la nudité de ce dont on se contente, qu’on offre à autrui », cette « élégance suprême » (sic) ils vous l’offrent désormais entre leurs six pauvres planches…

  8. Herman Kerhost

    Euh, je pense que ce billet c’est un peu n’importe quoi, de moins en moins de gens se laissent pousser moustache et barbe, voyons !
    Non, en ce moment c’est plutôt la nudité qui a du succès, et si vous voulez mon avis, le narcissisme est de votre côté à donner en exemple votre préférence pour celle-ci.
    Vous êtes, donc nous devrions être !
    Et si comme l’a dit un intervenant un tatouage est un signe de ralliement (???) que devrions-nous dire de la cravate ?

  9. Philip_Marlowe

    Aristote, Victor Hugo, Jules Ferry, Jean Jaurès, Charlemagne (quoique il paraît finalement qu’il fut glabre), Sébastien Chabal, Cervantès, Léon Tolstoï, Abraham Lincoln… À l’exception de Sébastien Chabal, qui est bien vivant et à qui je vous laisse le soin d’expliquer à quel point il pourrait améliorer son apparence et être vraiment original, faut-il rectifier leur représentation, comme il fut fait pour André Malraux avec son indécente cigarette, en lui ôtant leur barbe ?
    Arrivé à l’orée de la soixantaine, j’ai aimé adoucir les ravages du temps en adoptant la barbe, définitivement je crois. Cela va sans dire en la soignant, mais ce n’est pas très contraignant. Ça ne m’empêche pas d’être physiquement actif, cher vamonos. Faudrait-il que j’y renonce sous le prétexte fallacieux que c’est la mode ?
    Vous ne cessez de fustiger votre époque qui vous déplaît, parfois à juste titre, mais là l’argument me semble léger. Prenez garde à ne pas vous tromper sur vos contemporains, comme le firent les Anglais qui qualifièrent de génération perdue celle dont furent issus les pilotes de la bataille d’Angleterre.

  10. J’aime bien les billets qui sortent du champ politique, ce sont ceux où le talent de Ph. Bilger, libéré du souci de soi et du poids des autres, s’exprime avec le plus de verve et d’humour.
    La mode est un vieux sujet de société.
    Souvenons-nous (si je puis dire) des chaussures à la poulaine au XIV et XVe siècle. Leurs bouts effilés étaient un marqueur social important, et avaient atteint de telles dimensions qu’un édit royal les interdit. Mais il ne fut pas suivi d’effet, on n’interdit pas la mode, sauf évidemment s’il s’agit d’une mode exogène comme la burqa, mais c’est un autre sujet.
    Comme diraient mes ados de petits-enfants, il manque à la liste d’aujourd’hui la référence aux réseaux sociaux, à la mode, faiseurs et défaiseurs de rois médiatiques d’un jour mais aussi de politiciens et de leur politique.
    Redoutables machines de combat utilisées jusqu’à l’indécence par tous dans la démolition de l’autre, et réciproquement.
    L’amitié réduite à l’inscription sur une liste de Facebook, et la réputation au nombre de followers de Twitter.
    Le suprême narcissisme étant celui du selfie et l’infini plaisir de se voir et se faire voir devant le Colisée à Rome, ou à Florence, à moins que ce ne soit à Venise un jour de marée basse, peu importe, l’essentiel étant de se voir, devant l’accessoire, le monument.
    J’ai remarqué également la propagation des barbes, celles de trois jours, à croire qu’il faut économiser l’eau et donc que les ablutions doivent se faire plus rares.
    Par contre le port des barbes plus conséquentes me pose un vrai problème, un barbu ou deux ça va encore, mais trois barbus sont-ce des barbouzes ou des islamistes en colère ?
    Un coiffeur new-yorkais a proposé de teindre les barbes pour éviter la confusion. L’idée est excellente, une barbe rose pour les partisans du mariage pour tous par exemple.
    Par contre pour « l’élégance suprême de la nudité » (!!) j’exprime certaines réserves.
    Disons que c’est généralement vrai pour les femmes entre 18 et 25 ans et à moins de s’appeler Jane Fonda, je suggère aux autres d’éviter cette forme d’élégance.
    Les hommes c’est différent, E. Macron a démontré que c’est en costard qu’on est le plus élégant.
    On peut remarquer comment la stricte tenue vestimentaire du « social-libéralisme » ( ?) à la française se différencie de la cool attitude californienne de Steve Jobs, de Mark Zuckerberg et autres créateurs des nouvelles technologies.
    Le jean et le tee-shirt des éternels ados du numérique versus le costard des déjà vieux de la politique.
    Les uns sont en marche quand les autres survolent le monde.
    Il y a là matière à réflexion, entre la créativité technologique californienne et la créativité fiscale hollandaise.
    J’invite un sociologue de la mode qui passerait par ici à se pencher sur le sujet.
    Il pourrait également réfléchir au costume toujours étriqué de F. Hollande et à ses manches trop courtes, seule façon pour un président impuissant de montrer qu’il a les bras longs !

  11. Jean Pierre CASSAGNE

    La mode, éphémère respiration du temps, est dans tous les replis du quotidien. Nos silhouettes et donc notre image en premier lieu, mais aussi nos pensées (pensée unique), nos expressions, nos mimétismes et donc nos influences et nos imitations : tout est mode à qui veut bien s’y conformer ! N’est-il donc pas plus simple, de ne jamais chercher la mode pour l’être tout le temps, c’est-à-dire notre propre mode, la plus naturelle, malgré les affres du temps ?

  12. Il y a manifestement des modes qui bougent. Quand je regarde les nouvelles coupes de cheveux des footballeurs je constate que leurs coiffeurs débordent de créativité et que nos « djeunes » en raffolent en se les appropriant.
    Au moins des choses qui bougent et qui ne fâchent personne. Peut-être que certains politiques devraient s’en approprier aussi, ils y gagneraient sans doute en popularité. Par contre pour les presque chauves, va falloir trouver autre chose.

  13. Bonjour,
    Rassurez-vous M. Bilger, vous n’avez rien à craindre. Votre épouse, Pascale, sait qu’elle a un visage superbe et ne fera jamais la bêtise de confier son visage angélique à un plasticien pour le transformer en momie du musée Grévin. Quand on avance dans l’âge, forcément que l’histoire s’inscrit sur le visage et sur le corps de nous tous.
    Je préfère une femme ou un homme avec quelques rides et un vrai sourire que tirés à l’extrême et à la bouche en forme de pneu Michelin. C’est franchement moche.
    Par contre, il y a d’autres méthodes pour se préserver contre le stress de la vie parisienne qui nous rend vulnérable à un vieillissement anticipé : cures de thalassothérapie deux fois par an, très revigorantes et stimulantes et un repos bien mérité aux îles Marquises avec une escapade en haute mer pour quelques jours.

  14. Robert Marchenoir

    @Exilé | 07 juin 2016 à 09:01
    Ces jeunes gens qui affectent des attitudes de rejet de l’uniforme sont les premiers à s’affubler de bleus de Gênes les faisant ressembler à des vachers de l’Ouest étasunien.

    Tut, tut… Les bleus de Gênes sont faits en toile de Nîmes. Il n’y a donc pas plus franchouille qu’un blue-jean.

  15. Combien de femmes supportent des compagnons chauves et bedonnants quand les hommes qui en ont les moyens les quittent pour des compagnes plus jeunes et plus excitantes ! Vous êtes une personne d’exception cher Monsieur Bilger.
    Ce que je trouve désopilant ce sont toutes ces femmes qui finissent par se ressembler parce qu’elles ont recours aux mêmes techniques de rajeunissement ! Mais personne ne les aime donc suffisamment pour le leur dire ?

  16. Denis Monod-Broca

    Le snobisme, forme exacerbée du respect de la mode, Proust l’a fort bien décortiqué.
    Être original, mais comme tout le monde, être rebelle, mais comme tout le monde…
    Exemple bien visible : l’architecture. Pour se faire connaître en architecture il faut faire original. Nos architectes modernes rivalisent d’originalité. Résultat : l’architecture moderne se reconnaît au premier coup d’œil !… Elle est une catégorie en soi. Patatras ! : toutes ces originalités sont mises dans le même sac, elles y perdent toute originalité… (Voir l’opération Austerlitz à Paris, extraordinaire juxtaposition d’ouvrages extravagants)
    C’est bien naturel. C’est « humain ». Nous imitons. Peut-être même ne savons-nous faire que ça, imiter (ou contre-imiter ce qui revient au même). Être libre commence par la prise de conscience de cet irrésistible instinct…

  17. Savonarole

    Il n’y a plus guère que Volkswagen pour nous proposer dans ses spots publicitaires des imberbes, sinon ils sont tous poilus, comme en 14, du camembert à l’ami Ricoré, ils ont l’air de ne pas avoir pris une douche depuis quinze jours.
    Avez-vous déjà vu Patrick Cohen dans l’émission C à vous ? Pas lavé, pas rasé, on a l’impression qu’il a toujours envie d’aller se délier le boyau, je ne le regarde qu’avec un rouleau de PQ à la main, au cas où.
    Au-delà de ce que PB décrit, on remarquera également l’intrusion de noirs (des « blacks », pour être politiquement correct) dans les publicités. Ils sont parfaitement rasés, toujours mariés à une blanche, jamais le contraire d’ailleurs, et on les cantonne à des rôles de consommateurs, vous ne verrez jamais un noir vous vanter un crédit à la consommation, ou un dentifrice, et encore moins une voiture.
    On pourrait y voir une forme de racisme chez les publicistes, un noir ça mange des Kinder ou ça joue au tennis (et encore…), mais dès qu’il s’agit de banque, crédit, bagnole, électroménager, ils disparaissent.
    Au fond, on se demande pourquoi il y eut une telle polémique pour « Y a bon Banania ! »…

  18. SERAYE Yves

    Je vous ai lu et je suis convaincu !
    Oui mais vous parlez de la France, cher Philippe Bilger, car dans d’autres pays les populations ne peuvent pas se « déguiser » à outrance et usent soit d’une coquetterie à la portée de leurs bourses inexistantes ou, à l’inverse, certaines populations américaines affichent leur graisse sans scrupules, comme un don naturel de leur moi et de leur surmoi !
    Ce qui m’amuse ce sont les faux nudistes qui exposent leurs attributs selon une mode où chacun aura un « zizi » à la mode de chez nous comme le chantait Pierre Perret et les femmes des tétons qui peuvent encore attirer le regard !
    Les grandes marques d’ailleurs abusent de la « folie » des dingos et vendent de tout et n’importe quoi à des prix qui dépassent l’imagination et pourtant qui ne valent pas plus qu’une roupie… mais les belles frivoles sont ainsi faites et les vieux, à côté de leurs pompes, peuvent les acheter pour un moment superficiel avec un sac de chez « cochon » ou un bijou de chez « plouc »… voire un scooter de luxe avec ses attributs !
    Lorsque l’on n’a que cela à se mettre dans la cervelle pour être momentanément heureux, pourquoi pas !
    A propos de votre épouse que vous nommez, j’ai aussi la chance d’avoir une épouse qui est de plus en plus belle au fur et à mesure que les années nous offrent le plaisir de partager !
    Ceci dit la société française de demain devrait cacher sous des voiles les beautés et ne nous laisser voir que ce que l’outrage des ans aura défiguré… les femmes des homosexuels seront-elles voilées ?
    Kenavo !

  19. Rue Saint-Férréol à Marseille : une foule compacte, plus ou moins débraillée, casquettes dans tous les sens sauf à l’endroit, visages poilus ou pas rasés, couleurs uniformément dans un éventail entre noir et gris, en passant par les bleus.
    Au milieu, apparition : une dame, manteau de velours Venise, chapeau à voilette, bas et souliers à boucle. Un monde disparu émergeant dans la Cour des Miracles.
    on a connu des modes beaucoup plus extravagantes : « péuque blonde et collet noi », sans parler du très ancien régime et ses canons ou perruques. Quant à la négligence corporelle, ça va plutôt mieux, aucun contemporain ne survivrait quinze jours dans le Paris de « Mort à crédit » ou pis de Notre-Dame de Paris. Nos bonnes provençales ne changeaient de robe que tous les dix ans à peu près, ne les enlevaient guère et ne les lavaient surtout pas, tant elles finissaient par partir en lambeaux.
    Martial raillait déjà les fantasmes de la mode. La seule chose gênante, à ce jour, c’est l’agressivité liée à la dégaine. Mais enfin, quand nous aurons un gouvernement islamiste, cela se résorbera à coups de trique.
    Quant à la mode de luxe, elle est inaccessible, enfin, à la majorité et en ce qui concerne les hommes, depuis les années 1970 ne propose que thème et variations sur un air connu, rien de plus.
    L’engouement pour un homme vaut ce que valent les hommes, une brève apparition, beaucoup d’argent investi, une rentabilité urgente et un abandon à la mesure de l’insuccès. Sans intérêt.

  20. @Savonarole | 07 juin 2016 à 19:07
    « On pourrait y voir une forme de racisme chez les publicistes »
    Le terme est inapproprié : on dit « publicitaire ».
    « …mais dès qu’il s’agit de banque, crédit, bagnole, électroménager, ils disparaissent. »
    Là, les montants sont en général assez conséquents, et il devient alors difficile de payer au black…

  21. « Le temps comme allié, l’existence qui pose sa marque sur la peau comme une amie et n’est qu’espérance du prochain geste, de l’impatience suivante, sans jamais tomber dans le regret ou la nostalgie. » (PB)
    « Décharné, dénervé, démusclé, dépoulpé, » Ronsard pour finir, le temps qui fuit, la vie qui s’enfuit, oui sans doute sans nostalgie, vivre tous les jours mais qu’il est cruel de regarder parfois devant soi.

  22. Si madame Bilger change d’avis en risquant le divorce, Alex (paulista) se fera un plaisir de donner les meilleures adresses en matière de chirurgie esthétique. Au Brésil, c’est des champions et en plus pour des Occidentaux comme nous, c’est à des tarifs magnifiques.
    Même pour un gars de la France profonde comme moi, sabots et béret de bonne heure ou presque, je me suis douté pour la mode. Sur le vieux dico de mémé, Louis XIV avec toutes ces boucles et sa mise riche, Henri IV chichement vêtu à côté et presque chauve, Louis XI et son drôle de sous-chapeau. Les effets de mode et l’Histoire font bon ménage.

  23. Cher Philippe,
    Après avoir bien cherché la question posée, nous n’avons aucune réponse à apporter sur le poil. De bon poil, c’est mieux d’être.
    Ce commentaire ne permettra à personne de se poiler. Les codes de la mode ne sont pas toujours à respecter. En voilà une liberté !
    françoise et karell Semtob

  24. Le souci de soi, le poids des autres, et le compte panaméen du chirurgien. Aztèque fendeur de poitrine et exciseur raffiné, oyez, oyez, bonnes gens, ici on change de cœur, de sexe, on n’a plus d’âge. Vous désirez, vous avez les moyens, vous avez droit ! L’orphelin sera blond, bien sûr, regardez sa mère, la misère ne l’a encore pas bousillé, non, pour une paternité, ce n’est pas cher !
    Ah, mon amour, la nouvelle ride au coin de ton œil donne à ton regard un éclat qui me rappelle…
    Si tu n’étais plus là, si l’on s’était quitté, cet éclair de jeunesse qui est notre éternité, la ride ne me l’aurait pas révélé.

  25. Frank THOMAS

    « On doit compter aujourd’hui les hommes qui, dans tous les secteurs, n’ont pas succombé à cette mode qui fait du poil fourni le dernier cri de la mode, l’expression suprême de ce qui est convenable, porteur, élégant, chic. »
    Comme vous je suis frappé et quelque peu agacé par ce culte soudain de la pilosité masculine. Il y a dans cette mode, comme dans toutes, un côté moutonnier qui ne laisse pas d’être ridicule. Mais après tout on est aussi frappé de la similitude des barbichettes et des moustaches Louis XIII ou des rouflaquettes Troisième République. Il fut même un temps, paraît-il, où la moustache faisait partie de la panoplie du gendarme. Au fond rien de nouveau, donc, si ce n’est la brusquerie du phénomène.
    Mais il me semble qu’on pourrait peut-être aller plus loin dans l’analyse des causes de ce brusque retour de la barbe en Occident.
    Je me hasarde à formuler l’hypothèse que la progressive perte du pouvoir par les hommes depuis le siècle dernier ainsi que la mode unisexe voire androgyne des dernières décennies – mode qui touche jusqu’à la grammaire – ne sont pas étrangères à cette réaffirmation visuelle et incontestable de la spécificité masculine.
    Paradoxal retour en arrière dans la direction des sociétés les plus discriminantes dans le domaine des rapports hommes-femmes.

  26. Frank THOMAS

    @ Lev
    « J’aime bien l’expression « me trompe-je » ? »
    Euh… oui, vous vous trompez et donnez dans la blague facile du type « où cours-je ? » ou, pire encore parce que doublement fautive, « dans quel état j’erre ? ».
    Les grammairiens ne sont pas bêtes, qui nous enjoignent dans ce cas de frapper le « e » final d’un accent aigu pour éviter ces cacophonies ridicules. Dites donc « me trompé-je ? »

  27. Marc GHINSBERG

    Ce billet tombe pile-poil.
    Après avoir passé un mauvais week-end à Béziers, puis un autre devant la finale de Roland Garros, notre ami Philippe reprend du poil de la bête. En tout cas, il n’a pas un poil dans la main. Multipliant billets, chroniques, vidéos, radios, télévisions, il n’hésite pas à prendre ses plus fidèles fans à rebrousse-poil en soutenant un candidat qui n’a plus un poil sur le caillou dans un chauve-qui-peut général.
    Mais qu’il se rassure ses adversaires de tout poil ne lui lanceront pas comme certains députés de l’opposition l’ont fait à l’égard de Cécile Duflot à l’Assemblée nationale lorsqu’elle s’est présentée dans un seyante robe à fleurs… à poil !
    PS : Que ceux qui trouveraient que mon commentaire n’est pas au poil me pardonnent.

  28. Xavier NEBOUT

    En d’autres termes : le visage étant la forme de l’âme, qu’en est-il lorsqu’on le transforme pour être conforme à l’image d’une autre âme ?
    Mais alors, pour définir l’être qui détermine une âme, il faudrait que la raison sous-tende l’intellect, or c’est l’intellect qui sous-tend la raison et pas l’inverse.
    La transformation se réduit alors, à l’image d’une personne au sens étymologique, à un masque qui n’est pas le reflet de ce qu’on a l’illusion d’être, mais celui de la fuite de soi.
    Ces transformations sont suicidaires par essence.
    Pour le bouquin, j’attends une avance…

  29. « A bien y réfléchir, tout démontre, de l’intellectuel à l’esthétique, de la parole à l’écrit, du dérisoire au grave, que les citoyens répugnent à une authentique liberté d’expression, à l’allégresse de penser et de sentir non forcément contre mais dans une solitude créatrice ; ils adorent se mêler, se réchauffer, se coaguler, se fondre, s’effacer, presque disparaître au lieu d’exister par tous les pores matériels et immatériels de leur être. »
    Vous oubliez une chose M. Bilger, et peut-être l’essentiel ?
    Vous avez parfaitement exposé votre point de vue, tronqué d’une réalité brutale, qui est celle qui consiste à exclure celui qui ne se conforme pas.
    Et cette brutalité est à son paroxysme dans certains lieux où l’on se déguise également, et où comme M. Jourdain, on s’extasie…
    L’autre oubli est celui de l’esthétique, car voyez-vous il n’y a pas que le conformisme, il y a également une expression de soi que nous trouvons finement exprimée dans la nature, et je vous invite à relire Fabre ou Buffon.
    Vous n’aimez pas comme Horace la foule profane, mais vous y avez inclus trop de monde…

  30. @ Marc GHINSBERG | 08 juin 2016 à 10:39
    « Que ceux qui trouveraient que mon commentaire n’est pas au poil me pardonnent. »
    Ce genre de commentaire nous rase !!

  31. Comment n’avoir pas été saisi ces années récentes par ce grégarisme du superficiel, cet impérialisme par exemple du poil qui conduit chacun à laisser pousser sa barbe, qu’elle date de trois jours ou de plusieurs semaines !
    Au fait, n’est-ce point là une atteinte scandaleuse à cette égalité (ou prétendue telle) que l’on nous colle désormais à toutes les sauces ?
    @Denis Monod-Broca
    Exemple bien visible : l’architecture. Pour se faire connaître en architecture il faut faire original. Nos architectes modernes rivalisent d’originalité. Résultat : l’architecture moderne se reconnaît au premier coup d’œil !…
    Ah, l’architecture moderne, parlons en ! Comme si toute architecture n’a pas été moderne par nécessité…
    Le problème est que les architectes actuels – est-ce dû à leur nature ou bien à la déformation qu’ils ont subie ? – semblent s’évertuer à faire laid, cher et tordu plutôt que beau, bon marché et fonctionnel.
    On ne compte plus les bâtiments, y compris des palais de justice ou bien des salles d’opéra, qui perdent qui des boulons qui des poutrelles ou bien des pans de murs au risque de blesser le public, ou bien les parkings dépourvus de rampes d’accès, ou bien les maisons individuelles auxquelles il manque un escalier pour accéder au premier étage…
    Nous en avons assez de ces architectes qui semblent parfois s’être échappés de l’asile.
    Et n’oublions pas, dans le cas des bâtiments scolaires, l’inévitable œuvre d’art, amas de matériaux assemblés de façon biscornue, qui permet de faire travailler contre des espèces sonnantes et trébuchantes extorquées au cochon de payant un prétendu artiste, de préférence un copain bien vu des Hommes du Régime.
    Et si nous revenions à la simplicité, à l’esthétique et au bon sens, pour changer un peu ?

  32. Jean-Dominique Reffait

    Lorsque le premier Cro-Magnon qui s’est mis une plume sur la tête et un os dans dans le nez s’est aperçu qu’il emballait moult vénus callipyges, les copains ont embrayé derrière pour ne pas se laisser réduire aux mochetés de la tribu. À moins que ce ne fut l’inverse et qu’une petite coquine Cro-Mignonne ait décidé de se réserver le jeune puceau en lui laissant deviner des torrents de lascivité de ses hanches ornées de feuilles de bananiers.
    Et c’est l’engrenage. L’esprit original imité par la horde des clampins qui se colle un os dans le nez et des feuilles autour des fesses, se badigeonne de boue rouge du plus bel effet, accroche des noisettes à ses oreilles pour terminer fashionista dans les soirées branchées de la Côte d’Azur.
    Je ne divorcerais pas pour un petit coup de bistouri librement consenti pas plus que pour une couleur sur les cheveux ou une épilation sous les bras : ce sont des petits arrangements avec une réalité jugée trop sévère. La civilisation est un ensemble d’arrangements avec la nature qui visent à embellir celle-ci selon ce que l’époque qualifie de beau. Un jardin à la française n’est rien d’autre que de la chirurgie esthétique appliquée à une prairie. Il s’agit de s’inscrire soi-même dans l’air du temps sans pour autant courir après toutes les excentricités qui fleurissent quotidiennement.
    Les femmes sont, hélas, bien plus sollicitées par le poids d’une société qui décrète que la jeunesse, la pureté du teint et la finesse de la taille sont les critères exclusifs de la séduction. Et ce ne sont pas les variations successives des modes qui sont blâmables mais la tyrannie qui impose qu’hors le canon impératif de l’époque, il n’y aurait point de beauté ou de séduction. Il faut apparaître comme tout le monde ou devenir invisible.
    Être soi dans son apparence, comment le pourrait-on ? Refuser de céder à une mode nous verse immédiatement dans une autre, nous nous inscrivons de toute façon dans un groupe et ses codes d’apparences, à moins de choisir l’excentricité ou la négligence…

  33. @Marc GHINSBERG | 08 juin 2016 à 10:39
    « Que ceux qui trouveraient que mon commentaire n’est pas au poil me pardonnent. »
    …manque le côté « rasoir » mais c’est pardonné…

  34. @ Frank THOMAS
    Pour répondre à votre question concernant la barbe (à laquelle je trouve une forte connotation avec l’intégrisme quand elle est fournie, surtout sur les côtés) :
    http://www.lexpress.fr/actualite/politique/le-pouvoir-du-poil-en-politique_1312728.html
    @ Xavier Nebout
    Je ne crois pas que le visage soit toujours une expression de l’âme, on connaît des monstres au visage d’ange, en revanche Socrate avait l’air d’un lourdaud. Hitchcock a joué sur le contraste entre l’apparence glacée de ses héroïnes et leur côté volcanique. Ce qui me paraît certain, c’est que l’apparence influe sur la perception que les autres ont de nous, et par ricochet sur la manière dont nous nous percevons. Le Richard III de Shakespeare attribue commodément dès le début de la pièce sa méchanceté à sa difformité physique : « Moi dont le corps est disproportionné et que la tricheuse Nature a lésé, déformé, mal fini… puisque je ne puis être un amoureux, je suis déterminé à me comporter en scélérat ». C’est un héros chez qui la laideur et la noirceur de l’âme vont de pair. Mais ce n’est pas toujours le cas.
    Dans une société avide d’images et de représentations, et qui voit partout du symbole même là où il n’y en a pas – et en fabrique même de faux, par une confusion de la partie et du tout -, il ne faut pas s’étonner que chacun s’emploie à construire soigneusement non seulement son image, mais sa légende.
    Mais je pense qu’à force de voir des représentations fictives, nous perdons nos repères dans la compréhension instinctive que nous avons par exemple de la dangerosité ou de la bienveillance d’autrui. Le test de Szondi montre à quel point nous sommes équipés pour percevoir inconsciemment dans le visage des autres leur registre pulsionnel, par attirance, par rejet, ou par indifférence. Tout cela est faussé par les films et reconstitutions diverses dont nous nous gavons. À la fois artisans et victimes, nous devenons plus informés et plus habiles à maîtriser les apparences, mais sommes peut-être moins bien armés pour en décrypter le sens.

  35. Michelle D-LEROY

    La mode est un vaste sujet, un sujet qui a toujours existé au travers des époques. On peut regarder peintures et gravures, on peut les dater par rapport aux habits. Il suffisait qu’un roi ou un prince s’habille ou se coiffe avec une nouveauté pour que les suiveurs en fassent autant et la mode était un marqueur de l’époque, avec fraises, crinolines, perruques, etc. Aujourd’hui rien n’a changé. Cela passe par les coiffures, les habits, les lunettes et même la décoration intérieure, et ce sont toujours les personnalités en vue, réputées pour leur bon goût ou leur provocation, qui lancent les modes. Des changements de modes qui modifient parfois les filières économiques.
    Malgré parfois une certaine résistance à ces nouveautés, on y vient naturellement, parce que si on doit acheter un habit, celui-ci a la coupe, le ton, la matière qui se fait au moment de cet achat, presqu’impossible de trouver autre chose.
    Indirectement on ne peut donc que s’adapter. Mais pourrait-on rester en dehors ? il suffit de regarder de vieilles photos avec nos pantalons pattes d’eph, nos lunettes énormes, nos coiffures frisottées pour nous trouver vieillots et même un tantinet ridicules.
    Ensuite il y a plusieurs modes selon le milieu où on vit et travaille. Si on y regarde bien, on ne s’habille pas pareil à La Défense que dans les banlieues nord où on voit plus de sweats à capuche que de costards.
    La mode la plus courante actuellement reste le jean-baskets. Bien porté avec chemise ou chemisier, cela reste très correct. Couramment encore, ce même jean se porte déchiré, allant du plus grand chic pour les uns au plus grand négligé à mon goût.
    Du coup, je pense que si l’habit ne fait pas le moine, il y contribue. Dis-moi ce que tu portes et je te dirai qui tu es. Sobre ou extravagant, classique ou moderne, minutieux ou sans soin, etc. Le premier coup d’oeil compte notamment en matière de recrutement.
    Dans le domaine du négligé, une anecdote me vient à l’esprit : pendant un été particulièrement caniculaire, la climatisation était en panne et pour pallier les réclamations, une note de la direction, envoyée sur l’intranet, expliquait au personnel qu’en raison des circonstances, il sera possible de s’habiller plus casual en attendant la réparation. Le lendemain, dans les couloirs où circulaient aussi de nombreux clients, on pouvait croiser des salariés en shorts, tongs et tenues de vacances. La direction a dû réagir inversement au vu de ce laisser-aller.
    De plus en plus on voit fleurir des images de soi négligées. Par exemple une ministre, récemment, a reçu un couple royal en visite officielle avec un ourlet défait.
    Tout naturellement, ceci m’amène à la mode des barbes qui fleurissent et sont souvent mal entretenues, qui vont de pair avec la mode décontractée de notre époque. On voit même les jeunes monarques européens barbus. Il paraît que la barbe est un signe de bellicisme et qu’elles seraient signe de guerre.
    En tout cas, elles pourraient amener à se méfier d’un individu barbu vu la période troublée par les attentats. Comme quoi l’apparence n’est pas si neutre.
    En ce qui concerne la mode de la chirurgie esthétique, devenue monnaie courante, ceux et celles qui y ont recours ne semblent pas toujours avoir vingt ans parce que d’autres signes ne trompent pas sur leur âge (les mains par exemple).

  36. Jean le Cauchois

    @ Marc Ghinsberg à 10:39
    Votre commentaire n’est ni barbant, ni rasant, ni même suant : j’ai encore tous mes poils secs.

  37. Savonarole

    Ah nom de Dieu ! Depuis 11h24 duvent, il n’y avait plus rien !…
    Pascale est-elle membre de la CGT ?

  38. Philippe Bilger dit : « Cette succession démontre le prurit d’une instabilité qui a besoin de s’émerveiller aussi fugacement qu’elle déserte, le seul critère du talent étant en définitive de s’incarner dans une adhésion quasi constante et généralement assez fiable. »
    Même replacé dans le contexte du billet, pouvez-vous expliquer cette nébuleuse ?…ou comment écrire obscur quand on peut discourir limpide. Pfffffff.

  39. Noblejoué

    Suivre un groupe, la mode, si une telle chose intéresse, ou son style si on en a ? Je comprends ceux qui s’habillent toujours pareil pour régler une fois pour toutes le problème du choix des vêtements. Perte d’un souci et gain de temps.
    La peau est, au fond, un vêtement. Il est celui dont il est le plus important de se soucier mais ce souci peut dégénérer en conformisme et les chirurgiens esthétiques, qui devraient être des artistes, en semblent souvent bien loin, dommage. La série Nip et Tuck, sur le sujet, était vraiment bien.
    J’apprécie ceux qui restent toujours avec leur amour, notre hôte a bien raison de faire l’inverse du personnage de la chanson de Brassens, Auprès de mon arbre…

  40. Le pire, à mon sens, dans toutes ces modes ridicules – barbe façon islamiste ou négligée genre Gainsbourg, tatouages comme le petit dauphin sur le sein d’une fille demain devenue grosse qui se mue en baleine sur son ventre, pantalons déchirés ou qui tombent le long des cuisses des garçons allant jusqu’à montrer leurs fesses, piercings parfois dans les endroits du corps les plus insolites, coupes de cheveux type serpillère mouillée posée sur des crânes partiellement rasés, casquettes à tout-va même au cours des repas au restaurant, baskets portés en costard cravate (vu à la télé !) – c’est que tous ces gens se croient et se proclament libres, sans même réaliser qu’ils obéissent et se plient à un conformisme affligeant ! Des moutons !
    @Herman Kerhost
    Pas de moustache ? de barbe ? Vous nous écrivez de la lune ?

  41. Herman Kerhost

    @adamastor
    Je vous invite à lire le commentaire de sbriglia, il vous éclairera, sans besoin pour cela de la lune…

  42. @ Marc GHINSBERG | 08 juin 2016 à 22:49
    « Poilant ! »
    Hum, j’aurais dit désopilant plutôt.
    Avez-vous vraiment bien travaillé vos cours de répliques de la rue de Solférino ?

  43. Xavier NEBOUT

    Rajeunir son visage, est-ce le transformer ?
    Les outrages du temps qui sont aussi ceux des joies et des peines mais plus encore des culpabilités, sont-ils indissociables de l’âme ? L’âme vieillit-elle ?
    Non puisqu’elle est une substance spirituelle, mais une substance spirituelle s’enrichit comme un âme se forge, car on est plus intelligent à cinquante ans qu’à vingt.
    Si bien que si un homme de cinquante n’était pas plus intelligent qu’à vingt, on pourrait en dire que c’est un imbécile.
    Alors, se rajeunir, c’est avoir l’air d’un imbécile…

  44. Xavier NEBOUT

    @Lucile
    Ce que vous dites être une perception inconsciente se rapporte aux auras.
    Par ailleurs, la beauté de l’âme ne se mesure pas à l’aune de notre nature. Nous trouvons naturellement laides certaines races humaines.

  45. Cette anecdote lue il y a quelques années dans la presse américaine.
    Une jeune marque de prêt-à-porter chébran avait expédié pour se faire de la pub à un sportif pro récent des vêtements à titre gracieux : s’ils te plaisent mets-les ou à défaut distribue-les dans ton entourage, on discutera business et chiffres plus tard, c’était l’idée générale.
    Effectivement, vestes et sweat-shirts ont connu une très bonne diffusion, au plan local pour le moins. Le sportsman généreux ou peu conquis a ventilé à tout-va aux sans domicile fixe et nécessiteux de son secteur. Lesquels dûment griffés ont donné à cette marque une image socialo-trendy à laquelle elle ne s’attendait sûrement pas.
    Y a-t-il eu action judiciaire du fabricant, je ne l’ai pas su. Si ça se trouve, ces clochards yankees apprêtés gagnaient plus de monnaie que les employés de cette firme qui assemblait ses textiles dans quelque pays du sous-continent indien :/

  46. Savonarole

    « Quoi de plus beau pour un crapaud que sa crapaude »
    (C’est de Voltaire je crois, ou alors c’est de moi, je ne sais plus…)

  47. @ Marc GHINSBERG | 08 juin 2016 à 22:49 et ceux qui ont une envie de se poiler encore :
    De tous poils
    Les poils, comm’ c’est horripilant
    Ça pouss’ sans arrêt, tout le temps
    Et partout comme du chiendent
    Mêm’ bien après notre vivant.
    Sur les bras, la tête et les joues
    Les aissell’s, le menton, le cou,
    Et des pattes jusqu’au maillot
    On en a vraiment plein le dos!
    Les poils, c’est pas toujours au poil
    A un poil près, comm’ je présume
    Et c’est parc’ que je t’aime à poil
    Qu’à tous tes poils, j’ préfèr’ ton plume
    Les poils, c’est un’ calamité
    Qui nous rase le plus souvent.
    Dans les oreilles ou dans le nez
    Ils caus’nt ainsi bien des tourments.
    Pour sauver la face, on s’épile
    A perdre son temps, son argent
    Et c’est jusqu’aux cils et sourcils
    Qu’on taille sans ménagement.
    Les poils, c’est bien horripilant
    Pour qu’on s’en fasse des cheveux
    Et qu’avec l’un d’eux sur la langue,
    On perd’ le fil de nos harangues.
    Ayez-en un au creux d’ la main
    Et vous resterez bien en plan:
    Même plus épais que le crin
    Votre énergie est en suspens.
    Les poils, c’est pas toujours au poil
    A un poil près, comm’ je présume
    Et c’est parc’ que je t’aime à poil
    Qu’à tous tes poils, j’ préfèr’ ton plume
    Les poils, c’est bien désopilant:
    Quand par hasard, on les rebrousse,
    On se barbe et fort mécontent,
    On fait un’ drôle de frimousse
    Pour avoir un meilleur profil
    On se laiss’ pousser la moustache
    Et sans plus se faire de bile
    On s’imagine plein de grâce.
    Les poils des colliers et barbiches
    Dénotent beaucoup de noblesse
    Mais ceux des boucs, sévèr’s et chiches,
    Méritent bien qu’on les délaisse.
    Les poils ainsi les plus prisés,
    Demeurent les beaux favoris:
    Comment ne pas prendre son pied
    Avec des pattes si jolies.
    Les poils, c’est pas toujours au poil
    A un poil près, comm’ je présume
    Et c’est parc’ que je t’aime à poil
    Qu’à tous tes poils, j’ préfèr’ ton plume
    Il est pourtant des poils chéris
    Qui forment un bien doux duvet.
    Dans le triangle du pubis
    Leur touffe est un gazon bien frais.
    C’est un bocage au bon cresson
    Qu’on foule et mâche avec plaisir:
    Plus que le cach’mir, le vison
    Ta fourrure a tous mes désirs.
    Les poils, c’est pas toujours au poil
    A un poil près, comm’ je présume
    Et c’est parc’ que je t’aime à poil
    Qu’à tous tes poils, j’ préfèr’ ton plume
    Ecrit par Louis Vibauver
    Tous droits réservés ©
    (trouvé sur http://www.lespoetes.net/tdmpoeme.php?id=11129&theme=CORPS)
    Conclusion ====>
    « Souvent Poil varie, bien Fol qui s’y fie »

  48. calamity jane

    Vous m’inspirâtes, par le titre de ce billet, une petite question à François Hollande alias Papili.
    François, gouverner est-ce « le souci des autres, le poids de soi » ou le souci pour les autres, le poids pour soi ?
    Allé Papili : un peu de courage.

  49. Mary Preud'homme (Cyrillus, une bonne adresse !)

    Ce qui compte chez un homme avec ou sans moustache, c’est le soin qu’il apporte à son corps, à son apparence, pour lui et pour les autres. Veiller à la surcharge pondérale, à faire du sport à tout âge ou du moins se bouger devraient être ses priorités. Une belle coupe et des cheveux poivre et sel c’est la classe plutôt que des cheveux teints et gominés façon Hollande…
    Quant aux femmes, il me semble que nombreuses sont celles qui aiment qu’on leur dise (sans mentir) qu’elles ne paraissent pas leur âge, moi comprise. Epilation et soins de peau, oui, mais teinture facultative. Rester soignée en toutes circonstances, y compris au saut du lit sans pour autant faire du jeunisme, surveiller sa ligne, savoir modérer son langage et se tenir en société…

  50. Noblejoué

    @ Alex paulista
    « Vous divorceriez pour si peu ? Vous êtes pire que ceux que vous moquez. »
    Je vous rassure, je crois que notre hôte ne fait qu’une figure de style… Un peu comme si notre hôtesse disait « si mon mari arrête d’écrire ses livres et blogs, je divorce ». Je crois que les mariages heureux sont entre des gens dont chacun fait ce qu’il veut et permet à l’autre d’en user de même. J’y vois une forme d’encouragement à persévérer dans son être…
    Je présume que là, je peux faire preuve d’optimisme… Pour les Etats-Unis, par contre, j’ai peur, car si excellents qu’ils aient pu être, ne perdant jamais leur régime démocratique, personne, personne, personne, n’est à l’abri du pire.
    Je n’ai aucune idée de ce qui peut advenir des Etats-Unis, et j’ai peur de ce que leur déclin provoquerait chez nous. Un peu comme à la mort d’un ami ou d’un modèle ou des deux, on se sent triste pour lui, qu’on peut présumer anéanti alors qu’en général les gens préfèrent vivre, et pour soi, appauvri par la perte une personne pour soi irremplaçable.
    Et donc, il y a assez de vrais soucis dans le monde, je ne vais tout de même pas m’en faire pour nos hôtes, qui à ce que je présume, ont la vie la plus heureuse qui soit, à faire ce qu’on veut et vivre avec la personne qu’on aime.

  51. @fugace | 09 juin 2016 à 13:44
    Bon, comme on n’est pas à un poil près…
    Une pensée, je ne sais plus de qui (Savonarole peut-être ?) :
    « Dieu est cruel avec les hommes. A partir d’un certain âge, Il leur enlève les poils de la tête pour les replanter dans leurs oreilles »
    @calamity jane | 09 juin 2016 à 16:08
    « …une petite question à François Hollande alias Papili.
    François, gouverner est-ce « le souci des autres, le poids de soi » ou le souci pour les autres, le poids pour soi ?
     »
    Si on remplace « François » par « Nicolas », ça marche aussi !
    C’est pratique, ce truc…

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