Le Panthéon comme cache-présent ?

Il ne faudrait pas mais comment ne pas s’étonner ? comment ne pas soupçonner ?

Cet hommage à la Résistance avec l’entrée au Panthéon de quatre magnifiques et courageuses personnalités – dont celle de Pierre Brossolette qui me touche au plus haut point – va-t-il, comme on se l’imagine un peu naïvement, faire remonter le président de la République dans l’estime publique (Le Figaro, TF1) ?

On annonçait un discours de François Hollande flamboyant et plein de souffle. Sa tonalité moins épique que politique, avec des banalités sincères, solennelles et inévitables, est-elle de nature à redonner l’espoir à la France d’aujourd’hui ?

La poésie de cette gloire qui appartient au passé va peser peu au regard de la prose partiale et sans éclat avec laquelle le présent est écrit.

Cette manière d’honorer l’Histoire de France en la personne de ces quatre héros emblématiques ne fera pas oublier les contritions, les repentances, les flagellations cultivées avec une volupté masochiste par un Pouvoir qui, pour quelques heures de fierté, nous inflige des périodes qui incitent à gratter les plaies si ce n’est à les inventer.

Qui peut être dupe de ces artifices grandioses prétendant occulter une réalité et des pratiques pour l’Education nationale, l’Histoire, la culture, les langues à la source de notre civilisation, qui s’attachent au plus petit dénominateur commun et préfèrent abaisser niveau et qualité pour tous puisque l’inégalité de l’excellence était jugée intolérable ?

Quelle étrange et triste impression que celle d’une France enkystée dans une mémoire trop rarement gratifiante, désarmée face à ce qu’elle a du mal à affronter et qu’elle subit mais surtout orpheline de toute vision enthousiaste et mobilisatrice pour l’avenir.

Je ne peux m’empêcher de penser que le Panthéon est un cache-présent.

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  1. Dans cet alinéa : « Qui peut être dupe de ces artifices grandioses prétendant occulter une réalité et des pratiques pour l’Education nationale, l’Histoire, la culture, les langues à la source de notre civilisation, qui s’attachent au plus petit dénominateur commun et préfèrent abaisser niveau et qualité pour tous puisque l’inégalité de l’excellence était jugée intolérable ? » tout est exprimé.
    En revanche je ne suis pas d’accord avec l’affirmation qui suit : « Quelle étrange et triste impression que celle d’une France enkystée dans une mémoire trop rarement gratifiante, désarmée face à ce qu’elle a du mal à affronter et qu’elle subit… » Est-ce la France ou son personnel politique moisi et incapable du moindre sursaut, de la moindre grande idée pour la Nation, celle qui est jetée aux orties par les mêmes ?
    Ce que je trouvais étrange, pour ne pas dire inconvenant, c’est cette panthéonisation sous le frontispice du Panthéon qui déclare hautement : « Aux grands Hommes, la Patrie reconnaissante » avec les discours que ceux-là mêmes qui la vouent aux gémonies et rejettent le mot de patrie qui leur écorche habituellement les lèvres ? Seraient-ils eux-mêmes devenus réactionnaires, mot dont ils affublent ceux qui ne pensent pas comme eux ?

  2. Noblejoué

    Que les Français sont difficiles !
    Quand le Pouvoir ou des intellectuels avouent les crimes du passé, trop de défenseurs des victimes trouvent qu’on ne va pas encore assez loin dans ce sens.
    Quand le Pouvoir ou les intellectuels proclament les gloires du passé, trop de défenseurs de l’identité nationale donc en premier lieu de ce dont on peut être fier de manière la plus évidente, trouvent qu’on ne va pas assez loin dans ce sens.
    Comme des enfants ne voulant jouer ni à l’enterrement ni à la noce.
    Et à quoi veut-on jouer ? A la guerre civile à force de ressentiment réciproque entre droite et gauche ?
    En fait, il faudrait être fier de ses repentances comme capacité à essayer de réparer le mal du passé et de tenter de ne plus faire de victimes.
    De même, il faudrait être humble face à nos gloires du passé, en essayant d’agir au mieux selon leur modèle.
    Il faut rester fidèle à l’exigence (grecque, juive, chrétienne, humaniste) de ne pas faire de victime.
    Ne pas tomber dans le ressentiment et l’autoflagellation.
    Ni dans l’orgueil d’être capable d’essayer (nouveau dans l’Histoire du monde) tout cela, ni pour notre richesse matérielle et intellectuelle.
    C’est se disputer pour raison partisane qui est un cache-enjeu.
    Le manque de projets favorise la polémique, mais la polémique, aussi, favorise le manque de projet.
    Il est bien connu qu’on sort souvent des oppositions grâce à un tiers… Peut-être faudrait-il imiter tout ce qui semble, de l’avis de la gauche comme de la droite, être positif à l’étranger.
    Si cela existe mais probablement… En tout cas, cette recherche commune rassemblerait, donnerait des choses à imiter voire des idées personnelles, en tout cas la démarche de se rassembler pour construire des projets.

  3. Cette manière d’honorer l’Histoire de France en la personne de ces quatre héros emblématiques (…)
    Héros, héros…
    Il ne faudrait pas généraliser.
    Le fait d’avoir été une victime suffit-il à faire de vous un héros ?
    Pourquoi ne cite-t-on pas par exemple le poème -de jeunesse il est vrai- de Jean Zay intitulé Le drapeau ?
    Pourquoi des héros incontestables et sans reproche, qui ont le tort peut-être de ne pas avoir été affiliés à certains cercles occultes, sont-ils ignorés ?
    Et combien de personnages à la vie pour le moins contestable sont-ils logés au Panthéon ?
    Ceci dit, oui, le Panthéon est un cache-présent, permettant à des hommes indignes de redorer leur blason en récupérant une légende écrite par d’autres qu’eux, mais c’est aussi un cache-passé, à savoir un rideau de fumée répandu sur le Régime et ses hommes qui ont été les responsables par leur impéritie de la défaite de 1940.
    Les procès interminables intentés à Vichy, de 1945 à nos jours, en dépit des reproches légitimes que l’on peut faire au régime qui a « récupéré la patate chaude » de la défaite, participent aussi de cette logique de vouloir occulter les véritables responsabilités.
    Si les hommes de la république n’avaient pas laissé entrer les Allemands en France, la société civile faite parfois d’hommes parfois isolés, n’aurait pas eu à rentrer dans la clandestinité pour lutter avec ses pauvres moyens contre l’Occupant.
    Ce procès des vrais responsables, dont les noms ont parfois été donnés avec cynisme à certaines de nos rues, reste à faire.
    De toute manière, l’Histoire le fera, que nous le voulions ou non.

  4. Jean le Cauchois

    « …puisque l’inégalité de l’excellence est (était) jugée intolérable »
    C’est bien tout le problème de ces socialistes qui ont réussi à mettre sur le podium de la République « le plus excellent d’entre eux ». Je n’arrive pas à comprendre qu’un homme actuel, se déclarant toujours socialiste en 2015, comme par exemple François Rebsamen, continue à vanter l’excellence de François Hollande auprès des Français, pour le maintenir encore sur le podium. Ces gens ne se rendraient pas compte de leurs contradictions ? Ils sont cyniques, hypocrites et tout à fait inappropriés (comme disait DSK de ses derniers comportements médiatisés) pour panthéoniser des compatriotes exceptionnels qui ont, eux, assumé l’inégalité de leur existence.

  5. Cher Philippe,
    Nous ne pensons pas que le sujet donne ouverture à des polémiques.
    Cependant, nous entendons de plus en plus d’adultes moins réfléchis que de très jeunes personnes qui dénient le devoir de mémoire.
    L’histoire de la Seconde Guerre mondiale serait du siècle passé et nous devrions uniquement regarder l’avenir.
    Que les personnes qui osent tenir des discours insupportables prennent une calculette et se demandent quel âge aurait à ce jour un enfant assassiné pendant la seconde guerre dans des camps.
    Ana, tuée à l’âge de huit ans aurait partagé notre temps.
    Annie cachée dans un panier à l’âge de deux ans a pu avoir trois fils et nous connaître.
    Albert Semtob en rentrant de son devoir militaire chez lui a découvert que toute sa famille avait été assassinée.
    Il avait dix-sept ans, sa petite sœur Ana avait six ans à son départ.
    Non, ce n’est pas le passé, Philippe. C’est présent. C’est silencieux et terriblement présent.
    Etre résistant ce n’est pas faire de beaux discours pour faire remonter une cote de popularité.
    Le Chant des partisans et un silence, celui de tous ces enfants dont la vie a été arrachée. Respect aux résistants qui ont caché des enfants, qui ont œuvré à la libération de la France.
    françoise et karell Semtob

  6. Jean-Dominique Reffait

    Toute panthéonisation est une manipulation politique, ce n’est pas nouveau. Bien sûr, la panthéonisation est une parenthèse dans le présent, c’est sa fonction de suspendre le temps, de prendre de la hauteur, d’inviter la Nation à aimer le meilleur d’elle-même, ne fût-ce qu’un instant. Il en faut de ces moments-là, qu’il s’agisse du simple et, parfois, incompris 11 janvier ou de l’hommage du pays à ses héros.
    Et il est bien paradoxal, Philippe, de fustiger, à juste titre, le dénigrement de soi et de rechigner, dans le même temps, à s’émouvoir sans réserve des plus beaux visages de la France. Il y a lieu de prendre le bon comme il se présente avec enthousiasme, aussi fugace soit-il.
    Je déteste comme vous la repentance et la mortification nationale. C’est la raison pour laquelle je saute sans barguigner sur tout ce qui occulte ces tentations, qu’il s’agisse de la naïve et rafraîchissante manifestation du 11 janvier comme de l’auguste panthéonisation de quatre personnalités exceptionnelles sur bien des points. Je n’émets aucune réserve lorsque mon pays se présente sous son jour le plus digne.

  7. Le meilleur de la presse, le plus officiel de notre corps politique, nous font savoir qu’aujourd’hui, « quatre héros de la Résistance font leur entrée au Panthéon ».
    Pour Pierre Brossolette et Geneviève de Gaulle, on savait qu’ils étaient de véritables résistants, c’est-à-dire des personnes qui, au long de l’occupation et jusqu’à leur arrestation, ont conduit des actions pour nuire à l’occupant et libérer le pays, en prenant des risques insensés.
    Mais pourquoi faire saluer Jean Zay dans la même commémoration ?
    Les Allemands n’étaient pas encore arrivés à Bordeaux qu’avec un groupe d’anciens ministres et députés, surtout de gauche, il avait quitté la France pour le Maroc, à bord du Massilia. Les autorités de la Résidence l’y ont arrêté et remis au gouvernement de Vichy, qui l’a envoyé en prison. L’ancien ministre y a passé la durée de la guerre puis a été assassiné par des miliciens en 1944.
    Jean Zay est une victime de la guerre mais il n’a pas été, à proprement parler, un résistant.

  8. Bonjour Philippe,
    « Cet hommage à la Résistance avec l’entrée au Panthéon de quatre magnifiques et courageuses personnalités – dont celle de Pierre Brossolette qui me touche au plus haut point – va-t-il, comme on se l’imagine un peu naïvement, faire remonter le président de la République dans l’estime publique ? »
    Si la lutte contre l’occupant a montré que des hommes et des femmes ont su faire preuve d’un esprit patriotique et d’un courage admirables, les luttes intestines au sein des réseaux de résistants ont conduit à bien des bassesses.
    Jean Moulin est mort sous la torture, Pierre Brosselette a été torturé par la Gestapo et s’est suicidé, tous deux suite à une trahison. Que dire de Jean Zay lâchement assassiné par la milice française.
    On ne peut exclure que cette « panthéonisation » de quatre grands résistants ait une petite arrière-pensée politique. Un des objectifs, même si ce n’est pas le principal, étant de redorer le blason de François Hollande qui en a bien besoin si l’on se fie aux sondages sur sa cote de popularité.
    Il n’en demeure pas moins que ce discours, même s’il n’avait pas la flamboyance et le souffle de celui d’André Malraux, a eu le mérite de rappeler certaines valeurs qui ont tendance à être détournées de leur sens originel depuis quelques années, à commencer par l’amour de la patrie, le courage, la lutte contre les extrémismes et les haines.
    Il est regrettable que Nicolas Sarkozy ait décliné l’invitation offerte par François Hollande de s’associer à cette cérémonie destinée à rendre hommage à quatre grands résistants.
    Mais surtout je trouve consternant le comportement de l’ancien président de la République qui use de toutes les basses manœuvres pour discréditer son successeur qu’il appelle désormais « Moi je ».
    Le peuple peut-il se satisfaire d’un homme politique qui, pour briguer un second mandat, joue les cabotins sur les estrades avec des sketches dignes d’un Laurent Gerra dans ses mauvais jours ?
    Personnellement je ne le pense pas.

  9. Hommage à Jean Zay, qui qualifie dans son « poème » le drapeau national français comme « cette saloperie-là, cette saloperie tricolore, cette loque, cette immonde petite guenille, cet ignoble symbole de la race vile des torche-culs, ce terrible morceau de drap », pour lequel étaient morts « quinze cent mille qui n’entendront plus jamais, que leurs amours ne reverront plus jamais ».
    Cela représente bien la France actuelle socialiste des poètes rappeurs où le drapeau français recevra bientôt un croissant de lune islamique.

  10. Garry Gaspary

    Ni le latin, ni le grec ne procurent une quelconque excellence mais au plus une marque sociale que la gauche au pouvoir ne veut plus cautionner. La suppression de leur enseignement scolaire doit laisser place à un renforcement général de celui de la langue française et de l’histoire.
    Quant au désenchantement, il est en grande partie le fruit de l’évolution d’une communauté d’intellos à réaction qui était jadis composée d’apôtres de la Bonne Nouvelle et qui n’est aujourd’hui qu’un rassemblement de prophètes de malheur. La peur du lendemain – seul le pain admet la substantialité concrète de la quotidienneté chez ces gens, tout le reste n’étant fondé que sur un imaginaire délirant de l’avenir – a remplacé la promesse du salut. Nous devrions, selon eux, avoir peur de la couleur de peau de Christiane Taubira, de la double nationalité de Najat Vallaud-Belkacem, d’une gauche qui n’est jamais légitime lorsqu’elle est au gouvernement, et d’une République démocratique qui est capable d’élire un gouvernement de gauche, etc.
    Une gauche qui a bien compris que pour réenchanter le pays, il est d’abord nécessaire de le déchristianiser.

  11. calamity jane

    S’il fallait passer par une panthéonisation pour mettre en avant de possibles vécus par des personnalités qui ont su lire leur temps et agi pour ne pas sacrifier leur liberté, la journée d’hier était nécessaire.
    Une pensée toute particulière pour G. de Gaulle-Anthonioz dont, ainsi que je l’avais déjà écrit dans un billet concernant ce sujet, je suis ravie qu’elle reste aux pieds des monts blancs de la Savoie. J’espère qu’elle comprend comment elle peut être un exemple en toute simplicité.
    Quant à Papili-président-célibataire, je tenais à lui faire une petite remarque (entre deux coups de raquettes du zappeur) concernant sa tenue lors de célébrations qui le conduisent à saluer un corps qui vient de lui donner
    une indication : c’est la tête qui salue et pas la tête et le tronc.
    A moins qu’il portât – inhabituellement – un gilet pare-balles… qui eut pu immobiliser la nuque.

  12. @Achille
    …l’amour de la patrie, le courage, la lutte contre les extrémismes et les haines.
    L’amour de la patrie et le courage, je veux bien, mais quand vous rallongez la sauce avec la lutte contre les extrémismes et les haines, j’ai l’impression que vous reprenez là certains slogans prêts à l’emploi récités en boucle par des perroquets bien contemporains à des fins pas toujours très claires…
    Et rappelons tout de même que les premiers vrais résistants, pas ceux de 1944, ont tout abandonné pour se donner en entier à leur combat et ont fait par avance le sacrifice de leur vie pour leur pays.
    N’était-ce pas une forme d’extrémisme ?
    Alors pourquoi stigmatise-t-on de nos jours comme étant des extrémistes  ceux de nos compatriotes qui, ayant compris la nature et l’origine des dangers qui menacent notre pays, se sont aussi lancés – toutes proportions gardées – dans une nouvelle résistance ?

  13. …cet hommage à la Résistance avec l’entrée au Panthéon de quatre magnifiques et courageuses personnalités – dont celle de Pierre Brossolette qui me touche au plus haut point.
    Il est difficile de juger des qualités de résistant de tel ou tel, qu’il ait été panthéonisé ou non, mais Pierre Brossolette, par la détermination dont il a fait preuve en se défenestrant pour éviter de parler sous la torture, attire le respect.
    Ceci dit, et sans vouloir attiser une polémique inutile, il faut tout de même rappeler qu’une vive opposition existait entre lui et Jean Moulin et que le fait de les avoir réunis dans un même type d’hommage pose un problème de cohérence dans la gestion des symboles qu’ils ont chacun représentés.
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/05/31/faire-entrer-pierre-brossolette-au-pantheon-un-affront-a-la-memoire-de-jean-moulin_3421365_3232.html

  14. Navré de partager l’avis mitigé des autres contributeurs.
    Après avoir lu et relu la biographie de Zay, je ne discerne pas en quoi il a été résistant. En revanche, le poème incriminé est une erreur de jeunesse, ce n’est pas très important, mais il est à craindre qu’il n’ait été pris en compte par les gens de gauche comme un emblème de la destruction de l’idée nationale qui mériterait le Panthéon.
    Ce monsieur a vécu uniquement dans les palais de la République, a fait des réformes utiles, sans doute, mais si c’est le critère, il devrait y avoir foule au Panthéon.
    Solennellement, je fais remarque que Marc Bloch, héros de la première guerre mondiale, Croix de Guerre, Légion d’honneur, médaille militaire, magnifique historien, martyr de la résistance, engagé malgré son âge, comme le fut le juge Magnaud en son temps, héroïque devant le peloton d’exécution en exaltant un enfant de seize ans tué avec lui, n’est pas au Panthéon. Il fait partie des grands oubliés de la République, pas de la France.
    Les gouvernements français ont vraiment, dans cet exemple, une mémoire qui tourne au paradigme si tant est que passer sa vie dans les ors de la République vaille mieux que perdre la sienne dans la boue et le sang.
    Ceci ne vaut que pour Zay, car, bien sûr, les trois autres méritaient ces honneurs, même si on peut discuter de la nature du rôle de Brossolette qui, comme tout homme d’action, est sujet à la controverse. Ceci n’enlève rien à sa qualité personnelle.
    Quant aux deux dames, elles auraient mérité mieux qu’un discours de Hollande, mais sans doute, au-dessus d’elles, dans l’ombre, la voix lointaine du cardinal Saliège devait leur murmurer le Cantique.

  15. Savonarole

    Rédigé par : sylvain | 28 mai 2015 à 08:46
    Merci Sylvain pour cet éclairage sur l’oeuvre poétique de Jean Zay, stupéfiant, je ne connaissais pas ce texte à vomir.

  16. Cet hommage aux morts est sans intérêts pour les morts, il l’est également pour les vivants…
    M. Bilger, si vous le permettez j’aimerais assez avoir votre avis sur le procès qui se déroule dans le cadre de l’affaire Outreau.
    C’est votre analyse de magistrat qui m’intéresse ! Que devons-nous comprendre de cette société ? Que devons-nous attendre de la Justice ? Quels sont les buts visés ? Qui devons-nous plaindre ? Au chevet de qui la République doit-elle se tenir ?
    Hommage aux morts ! Hommage aux vivants !
    Avec mes remerciements anticipés !

  17. Savonarole

    Quel dommage que Catherine Jacob soit en congés payés pour quatre mois, elle aurait pu nous faire un parallèle entre les deux cercueils vides du Panthéon et le Tamagotchi japonais, jeu virtuel qui fit fureur dans les années 90. On pouvait donner à boire à son chien, sans avoir de chien. Pratique.
    Deux de ces quatre résistants ont préféré rester dans leurs tombe, et ce sont des cercueils vides qui ont fait vibrer notre Hollande… du Tamagotchi pur sucre.

  18. Je me doutais bien qu’un commentateur nous sortirait le fameux poème sur le drapeau, soigneusement sorti de son contexte, comme de bien entendu et bien sûr ce ne pouvait être que notre cher sylvain.
    Personnellement je souscris entièrement aux propos tenus par Jean Zay. A cette époque en effet, les jeunes fantassins étaient considérés par nos vénérables généraux comme de la simple « chair à canon ».
    Le patriotisme ce n’est pas aller à une mort certaine simplement pour parvenir à ravir une position tenue par l’ennemi qui n’avait aucune importance stratégique, mais permettaient à un général de se glorifier devant l’Etat Major avec en prime une décoration et une étoile de plus.
    Que dire des soldats qui ont été fusillés pour avoir refusé un ordre stupide? Ce n’est qu’un siècle après ces décisions odieuses qu’ils ont enfin recouvrés leur honneur.

  19. Du temps des communistes en Union Soviétique et dans les pays satellites, les gens vous disaient qu’ils en avaient plus qu’assez de ne voir à la télévision et dans les journaux que des commémorations pompeuses de la dernière guerre, des débats sur la dernière guerre, des films sur la dernière guerre (peut-être aussi des chansons). La célébration de l’héroïsme lié à la guerre n’en finissait pas. La différence avec nous, c’est d’abord que 70 ans plus tard, le rythme des célébrations est devenu plus raisonnable chez eux. La deuxième énorme différence, c’est que ces pays, même ceux qui ont été occupés, n’ont pas eu à subir le déshonneur d’avoir massivement collaboré. Cela leur a rendu le deuil plus facile.
    Nous entretenons à plaisir un culte morbide, en exaltant encore et encore nos héros pour nous identifier bien sûr à eux. Il serait temps de ne pas sans cesse mêler le passé au présent de cette façon-là, ni rappeler aussi solennellement que maladroitement notre mauvaise conscience aux yeux du monde. Ne donnons pas à certains l’occasion de nous juger sans fin, des décennies plus tard. Assumer ce passé peu glorieux ne consiste pas à mettre notre président sur une estrade au milieu des fleurs pour l’écouter discourir d’un air pénétré sur des thèmes, toujours les mêmes, au milieu des restes de résistants. Ce deuil artificiellement entretenu, ce n’est certainement pas pour cela que les résistants ont résisté. La grandiloquence d’Etat nous éloigne d’eux. Elle témoigne d’une fascination obscure pour un passé reconstruit et simplifié. Nous leur devons d’avoir sauvé l’honneur, et d’avoir eu le courage de résister ; il faut également accepter de devoir aux Alliés, y compris russes, la libération de notre pays.

  20. @ Parigoth | 28 mai 2015 à 09:56
    « Alors pourquoi stigmatise-t-on de nos jours comme étant des extrémistes ceux de nos compatriotes qui, ayant compris la nature et l’origine des dangers qui menacent notre pays, se sont aussi lancés – toutes proportions gardées – dans une nouvelle résistance ? »
    Je vous répondrai simplement par cette citation de Romain Gary : « Le patriotisme, c’est l’amour des siens. Le nationalisme, c’est la haine des autres. »
    Certains citoyens qui revendiquent leur amour indéfectible de la France ont bien du mal à faire la différence, en particulier ceux qui se laissent séduire par les discours populistes du FN.

  21. Savonarole

    Quand j’ai vu Lambert Wilson inaugurer le festival de Cannes par un hommage à Jean Zay, créateur du Festival, j’ai tout de suite compris que la France allait rafler un max de prix.

  22. Bonjour,
    « Panthéon comme cache-présent ? » dites-vous M. Bilger. Le titre est juste.
    Les commentaires des intervenants sur ce blog sont très enrichissants.
    Objectivement, personne n’est dupe pour savoir que la campagne de F.Hollande a commencé pour briquer un second mandat. Le stratagème politique de F.H. pensé et calculé minutieusement était en quelque sorte de re-sensibiliser les Français dans l’espoir de faire monter sa cote présidentielle et ministérielle. Tactique et technique restent les seules bouées de sauvetage.
    Pourquoi avoir attendu 71 ans pour reconnaître l’immense courage de nos quatre héros panthéonisés au moment même où ce gouvernement ne cesse d’être en chute libre ? La réponse est toute trouvée. Ce que nos politiques oublient c’est que nous ne sommes pas des marionnettes ni des guignols.
    Bien à vous

  23. Savonarole

    Les candidats au Panthéon sont toujours représentés en noir et blanc, photos lugubres de gens admirables, certes.
    On pourrait rajeunir cette nouvelle brasserie du Quartier Latin, voyez l’acteur Charles Denner, que vous avez tous admiré dans les années 80, saviez-vous qu’il avait reçu la Croix de Guerre ?
    Certes, il ne mérite pas le Panthéon, mais tout de même…

  24. Lent dépérissement de la capacité à endosser les habits présidentiels taillés par et pour un vrai Grand Homme.
    Pompidou n’y avait pas échoué, sa grande culture fit l’affaire.
    Avec le rejeton pseudo-aristocratique, commença la soumission au moloch médiatique.
    Conscient de ce processus moderniste de flétrissure en cours, Mitterrand lui aussi de grande culture réussit peu ou prou à retarder la farce finale, à coups de Panthéon et de force tranquille.
    Sans nullement vouloir faire plaisir à M. Bilger, c’est avec le suivant que la dégradation présidentielle est devenue une évidence impossible à maquiller.
    Le présent locataire ne peut plus qu’ajouter au ridicule, et plus il sue dans l’effort théâtral, plus il révèle l’obsolescence du canevas gaullien.
    On cherche UNE… ISSUE « de secours »… alors : une femme ? Il y en a une qui avait compris cela en 2007, ce sera peut-être mûr pour une autre dix ans plus tard.

  25. Complément.
    L’intercalaire Chirac a encore fait un peu illusion grâce à sa taille physique en dépit de sa manie de faire le « sympa ». Il a bénéficié du renoncement de Delors (pour ne pas barrer sa fille Aubry) et du profil d’inquiétant commissaire politique de Jospin, enfin de l’orage lepéniste.

  26. Olivier Ezquerra

    Bonjour Philippe Bilger,
    J’ignore pour ma part dans quelle mesure François Hollande partagerait cette analyse – celle d’utiliser la panthéonisation de ces grandes personnalités afin de masquer le présent qui, pourtant, nous immerge en permanence – au point que le soupçon serait naturellement fondé et révélateur.
    Permettez-moi de penser que cette prérogative présidentielle vaut pour elle-même et qu’elle n’a pas à s’interdire pour ne pas éveiller le soupçon.
    A défaut, toute action mériterait une critique venimeuse – qui ne serait pas si éloignée du parti pris et de la mauvaise foi…
    Si l’on doit estimer que ces personnalités méritent la place que la République leur rend – je fais référence à votre haute estime de Pierre Brossolette, qui me fascine et dont je tenais l’absence des lieux pour une parfaite injustice – il n’y avait pas forcément lieu d’attendre.
    Attendre quoi, d’ailleurs ? Une amélioration de la situation, un regain de popularité ? Et après l’appréciation unanime de la population dans son entier ?
    A supposer même qu’une action puisse ne pas être désintéressée, il me semble qu’elle puisse être malgré tout justifiée et légitime.
    François Hollande est redevable de ce qu’il fait mal, pas de ce qui devrait s’imposer, et ne pas soulever l’opposition ou le soupçon que la discussion rend par trop facile ou systématique.

  27. Une pantalonnade, on ne compte plus les discours du franc-maçon pour des francs-maçons, la démocratie est partie.
    Des cercueils vides pour un discours vide et des cerveaux vides.

  28. @ Achille
    Arrêtez avec vos idées préconçues sur la Première Guerre mondiale ! Mon arrière-grand-père commandait une brigade lorsqu’il fut tué au combat. La brigade d’à côté a perdu son chef un mois plus tard. De plus, ces généraux avait des fils ou des gendres. Combien sont tombés ? Un exemple : le général de Castelnau (général d’armée) a perdu durant ce conflit trois de ses fils ! Pour sa gloire, n’est-ce pas ?
    Ah ! Quel salaud ! Sacrifier ses propres fils !
    Pour moi, la nation, c’est : « Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. » Ernest Renan
    En quoi le nationalisme est-il condamnable ? Vous êtes capable de m’expliquer ?

  29. Ne me remerciez pas cher Savonarole, je ne fais que mon devoir d’informer sur des « cachotteries » gênantes pour certains.
    On aurait pu aussi mettre au Panthéon à côté de Jean Zay :
    Louis Aragon : le chantre, la muse communiste chère à la gauche et chanté par M. Ferrat Jean :
    « Nous ruinerons cette civilisation qui vous est chère »
    « Monde occidental, tu es condamné à mort »
    « Nous sommes les défaitistes de l’Europe : voyez comme cette terre est sèche et bonne pour tous les incendies »
    « Que les trafiquants de drogue se jettent sur nos pays terrifiés »
    « Que l’Orient, votre terreur, enfin à notre voix réponde »
    « Nous sommes ceux-là qui donneront toujours la main à l’ennemi »
    In La Révolution surréaliste, n° 4, 1925
    Du pacte germano-soviétique au Réseau Education Sans Frontières, en passant par les porteurs de valises du FLN, les communistes et leurs idiots utiles de gauche sont fidèles à eux-mêmes : « Nous sommes ceux-là qui donneront toujours la main à l’ennemi »…
    Bien entendu , les bien-pensants diront que ces paroles sont sorties de leur « contexte ».
    Quelqu’un a dit que le Panthéon a des odeurs de dépotoir ?

  30. calamity jane

    @Lucile
    Exactement ! le deuil de cette guerre a été plus facile pour d’autres pays !*
    Mais nous ne sommes pas dupes ! et les mesures prises au sortir de la guerre par le Conseil National de la Résistance ne l’ont pas été dans l’esprit qui gère aujourd’hui les gouvernements dans certains de nos pays européens
    qu’ils soient d’un bord ou de l’autre. Si pour les uns il fut facile de décréter pour reconstruire, pour les autres, aujourd’hui, il y a un manque de travail et d’imagination pour trouver et/ou gérer des solutions adaptées dans un monde qui change.
    *qui ont eu certainement un nombre de morts plus impressionnant que la France.

  31. @Achille
    Vous répondez par une pirouette en citant Romain Gary à propos de la différence entre patriotisme et nationalisme.
    Et en quoi le FN ou bien les gens qui se reconnaissent dans certaines de ses propositions ou constatations seraient-ils nécessairement animés par la haine des autres ?
    Oui ou non, notre pays est-il soumis à des menaces nouvelles, et le fait de les dénoncer est-il pour autant assimilable à du nationalisme ?
    Et l’amour des siens passe d’abord par leur défense quand leur existence est en danger.
    Je vous rappellerai que, pour citer une fois de plus ces années trente dont on nous rebat les oreilles à tout propos par des analogies souvent déplacées, que les gens qui alertaient alors l’opinion sur les dangers du militarisme allemand prêchaient dans le désert quand ils n’étaient pas vilipendés par ceux qui brocardaient le patriotisme et l’Armée (« Du moment qu’on démolit l’Armée, j’en suis » -Léon Blum, 1933…) et qui ont réuni toutes les conditions ayant conduit au désastre de 1940.
    http://www.enquete-debat.fr/archives/la-gauche-de-2012-commet-elle-la-meme-erreur-quen-1936-face-au-totalitarisme-82318
    Toutes les panthéonnades du monde ne suffiront pas à effacer leur forfaiture, mais le plus indécent est de voir leurs descendants idéologiques vanter l’esprit de résistance alors qu’ils donnent eux-mêmes dans la trahison.

  32. Robert Marchenoir

    Quant au fameux poème torche-cul de Jean Zay, le tam-tam blogosphérique auquel se livre la réaction à son sujet montre que chacun a son politiquement correct.
    Ce poème est parfaitement justifié et il n’y rien là qu’on puisse reprocher à son auteur.
    Des brigades de gens confortablement nourris, assis dans un bon fauteuil et n’ayant jamais risqué leur vie autrement qu’en traversant la rue nous jouent la comédie de l’indignation devant l’Outrage au Drapeau.
    Le sens de ce texte, publié contre la volonté de Jean Zay, est pourtant évident : face à l’épouvantable boucherie de la Première Guerre mondiale, il maudit les mensonges patriotiques qui ont décimé la France pour rien.
    Mais la morale historique rétroactive procure de telles satisfactions qu’il est difficile de n’y pas céder.

  33. En 1964 de Gaulle laissa la place de l’orateur à son ministre de la Culture…
    On a mesuré, depuis, combien il avait eu raison.
    J’aurais savouré entendre Fleur (au fusil) nous déclamer « Entre ici Geneviève… »
    Le féminisme aurait-il des limites ou les yeux bridés des uns conduisent-ils à l’aveuglement des autres ?
    (Celui ou celle qui prendra ce commentaire au premier degré ira se recueillir trois fois devant la tombe de Marie Curie)

  34. Tout en considérant que Jean Zay aura pu être un grand homme politique, ce que je ne conteste absolument pas, je me demande à quel titre est-il auréolé de la formule « grand résistant ». Il a passé le plus clair de la guerre en prison et en est sorti pour être lâchement assassiné. Qu’il rejoigne le Panthéon, cette station de métro désaffectée, soit, mais pas en tant que « grand résistant » !
    @Achille
    Vous m’amusez quand vous écrivez (sans rire ?) que le président Sarkozy brocarde l’actuel président. Qu’a fait ce dernier comme chef de l’opposition puis comme président de la République ? Profiter de cet article pour vitupérer l’ancien président est d’une audace toute faite de laideur ! Je suppose que quand on déteste on ne compte pas… Tout petit vous avez dû être trempé dans la mauvaise foi comme Obélix dans la potion magique du druide !

  35. cactus Rolling Stone qui amassa juste assez de mousse

    Pierre Brossolette, le collège où je rencontrai ma Mie, puis nous gagnâmes tous les deux notre pain quotidien jusqu’à il y a huit ans, époque où je battis en retraite à défaut de bâtir, vu que j’ai la chance d’être assez fortuné pour vivre en appartement de nanti(s) dans de l’ancien, moi l’Ancien qui aurais tant à conter entre deux bouts de Comté accompagnés de plusieurs doigts de bon Beaujolais avec ma compagne toujours sans pagne ni panier même si elle va toujours au piano après son boulot… Aucun intérêt ? Si ! Pour moi, pour nous au moins, qui sûmes si bien profiter de notre société juste après les belles années qui suivirent 39/45 ; années bénies entre anciens résistants, collabos côtoyés avec haine mais non dénoncés car il faut savoir tirer un trait, non ? Resterait entre français moyens… Le petit peuple, dont on ne parle jamais ou presque voire fresque ni au Grand Journal ni dans mon vieux poste dad radio époque TSF ! Pierre Brossolette, celui qui donna donna donne son nom à ma Mie, donc… Maintenant que nous arrivons à la fin de notre avis ici ou ailleurs j’ai une pensée pour lui, pour eux, moi qui sais très bien que je n’entrerai jamais au Panthéon, même pas en François François et tant mieux… Je vous laisse car mon dernier malaise fut un vrai, hier matin à huit heures dix… Pas le malaise que je ressens chaque matin depuis le 11 janvier de cette année mais un vrai, bientôt mortel j’espère… Car on en a assez vu, oops, lapsus linguae, j’en ai assez vu tel Valjean qui ne connut jamais, non plus, le Val-de-Grâce… Bien à vous monsieur Bilger ! Sissi ! Beau billet encore, vous me comblâtes à chaque fois, soyez béni et pas que comme dans les histoires de OUI-OUI !!

  36. Alex paulista

    Jean Zay évoque pour moi un nom de gymnase. Cet homme a dû s’intéresser au sport à un moment, parce que son nom se retrouve sur la moitié des complexes sportifs impossibles à trouver sans GPS.
    À Lyon on a nommé un stade Juninho, quand je dis ça ici au Brésil, ça leur parle !

  37. @ François | 28 mai 2015 à 13:04
    « Arrêtez avec vos idées préconçues sur la Première Guerre mondiale ! »
    Idées préconçues, dites-vous ?
    Je vous renvoie à la biographie du général Nivelle qui se distingua par la bataille du Chemin des Dames, également nommée « Offensive Nivelle ». Désastre qui se solda par un échec et fut très coûteuse en vies humaines : les Alliés perdirent 350 000 hommes (morts ou blessés) pour un gain de terrain minime.
    Ce fut le début des fameuses mutineries de 1917, maîtrisées par Pétain, qui le remplaça en catastrophe, en mai 1917, et fit fusiller quarante-neuf soldats, dont certains furent des soldats fusillés pour l’exemple. Le nom de Craonne, situé au cœur de la bataille du Chemin des Dames, a été popularisé par La Chanson de Craonne, qui reste associée aux mutins de 1917 de la Première Guerre mondiale.
    Je vous invite aussi à revoir le film Le pantalon rouge d’Yves Boisset tiré de l’histoire vraie de Lucien Bersot. Une plaque lui rendant hommage ainsi qu’à tous les « Fusillés pour l’exemple » a été fixée sur le Monument aux Morts, le 19 avril 2014, dans son village natal, Authoison (Haute-Saône).
    Des officiers se sont certes comportés de manière exemplaires durant les batailles de la « Grande Guerre » mais cela ne doit pas occulter le comportement scandaleux de certains de leurs frères d’armes qui ne faisaient aucun cas des soldats sous leurs ordres.

  38. Certes il faudrait être aveugle pour ne pas voir la manoeuvre politique de François Hollande dans cette cérémonie du Panthéon : d’ailleurs une partie de son discours la respire.
    Mais cette entrée au Panthéon de ces quatre personnalités remarquables devraient nous rassembler, dans un même devoir de mémoire. Il est regrettable que pour des considérations politiciennes Nicolas Sarkozy ait boudé cette cérémonie, lui qui mit en exergue Guy Môquet : certes victime de la barbarie nazie, mais loin d’être un résistant.
    Si Geneviève Anthonioz de Gaulle et Germaine Tillon ne suscitent aucune réserve, on peut qu’être attristé par des polémiques qui n’ont pas lieu d’être au sujet de Pierre Brossolette. Héros quasi oublié dont l’action égale celle de Jean Moulin, bien sûr les deux hommes eurent des divergences parfois virulentes, mais au final elles étaient plus de forme que de fond. A ce sujet l’article du Monde qui titre « Faire entrer Pierre Brossolette au Panthéon est un affront à la mémoire de Jean Moulin » est d’une infinie bassesse.
    On peut discuter à juste raison le cas de Jean Zay *, il fut un grand ministre, volontaire pour servir en 1939-40, tenta de poursuivre le combat en AFN et fut lâchement exécuté par la Milice. Mais il ne fut pas à proprement parler un résistant, car étant emprisonné elle fut juste d’ordre intellectuel, ce fut donc seulement une victime. Pour cette raison, d’autres auraient mérité cette place et notamment Marc Bloch, mais pour autant il ne dépare pas dans ce lieu.
    * Ressortir un texte privé, donc jamais publié par lui, et écrit à l’âge de 17/18 ans pour le démonétiser, cela est crapuleux. Si on déterre des textes privés, de jeunesse, de toutes les personnalités de sa génération et d’autres, on risque d’avoir de sacrées surprises.

  39. Cactus rebondissant sur Sbriglia avec moult plaisirs jusqu'ici inconnus

    J’y haute, cours l’Ami Sbriglia ! Sissi !

  40. @ sbriglia | 28 mai 2015 à 13:56
    Tiens on aurait dit du Savo. Dans le registre de l’humour vous faites des progrès. C’est très bien ! Continuez, vous êtes sur la bonne voie.

  41. @ adamastor | 28 mai 2015 à 14:33
    Je suis ravi de vous amuser. Mais le fait est qu’il est plus que probable de François Hollande n’aurait pas lancé une petite flèche perfide à Nicolas Sarkozy sur le nouveau nom de son parti, à savoir Les Républicains, si ce dernier avait accepté d’assister à la cérémonie du Panthéon.
    Ceci étant je pense que les Français en ont plus qu’assez de ces petites escarmouches entre présidents : l’ancien et l’actuel. Le prestige de la fonction mériterait un peu plus de hauteur, mais en ce moment la politique a atteint un tel niveau de médiocrité qu’il faut bien faire avec en attendant la relève qui n’arrive toujours pas.

  42. fredi maque

    Je ne peux m’empêcher de penser que le Panthéon est un cache-présent.
    Voilà.
    Et bravo pour votre court (pour une fois) et magistral billet.

  43. Savonarole

    Curieux, dès qu’il s’agit de guerre ce blog fait un tabac, même notre pacifique Brassens le chantait : « Moi mon colon, celle que je préfère c’est celle de 14-18 ! »…Tatsaaan !….et nos dames du blog se font silencieuses, comptant les morts…

  44. Savonarole

    @Alex paulista
    « Jean Zay évoque pour moi un nom de gymnase. Cet homme a dû s’intéresser au sport à un moment, parce que son nom se retrouve sur la moitié des complexes sportifs impossibles à trouver sans GPS »
    M’en parlez pas !
    Mon père qui fut un des chefs de cabinet d’Henri Frenay se retournerait dans sa tombe devant le spectacle de la place Henri Frenay de la Gare de Lyon à Paris où je suis obligé de distribuer mes clopes à des SDF en attendant mon train… Tout ça pour ça…

  45. @Trekker
    Ressortir un texte privé, donc jamais publié par lui, et écrit à l’âge de 17/18 ans pour le démonétiser, cela est crapuleux.
    Admettons.
    Maintenant, croyez-vous que beaucoup de ceux qui jouent les grands délicats devant la publication de ce texte, certes à considérer comme un péché de jeunesse, auraient réagi de même s’il s’était agi d’une personnalité supposée sulfureuse chez qui on aurait feint de trouver des propos prétendument racistes ?

  46. @calamity jane
    Bien d’accord avec vous. Le meilleur moyen pour le gouvernement de continuer dans la lignée de la Résistance serait de ne pas faire de dettes pour commencer, de façon à garder notre indépendance nationale, et à nous sentir libres, quitte à nous serrer la ceinture le temps qu’il faudra.
    Bon gré mal gré, nos prédécesseurs ont payé de leur personne génération après génération pour faire de la France un Etat moderne, où il fait bon vivre, et leurs efforts paraissent maintenant dilapidés en quelques décennies par une génération d’enfants gâtés profiteurs qui fabriquent du discours moral au kilomètre, et font la leçon en permanence du haut de leurs estrades enrubannées, tout en augmentant allègrement les dettes de la France pour se faire réélire. Pourvu que ce ne soit pas irréversible.

  47. @ Achille
    Pendant la Première Guerre mondiale, en France, 2 400 « poilus » auront été condamnés à mort et environ 600 fusillés pour l’exemple (source Wikipédia). Sur combien de millions de morts ? En être réduit à citer un film pour justifier vos propos témoigne d’une certaine légèreté, surtout d’Yves Boisset, connu surtout pour son engagement à gauche. Vous auriez pu faire un effort et citer de vrais historiens : « Le gâchis des généraux » de Pierre Miquel ou encore « Les Mutineries de 1917 » de Guy Pedroncini. Là vous auriez été crédible, mais comme vous ne les avez pas lus, vous vous contentez de raconter la doxa habituelle. Leurs jugements sont bien plus modérés que le vôtre et ils se fondent sur des faits, des chiffres, pas des impressions. Vous nous entretenez de l’affaire du Chemin des Dames, alors allons-y ! Qui est responsable ? Nivelle ou ceux qui l’ont laissé se parjurer (c’est-à-dire arrêter l’offensive si elle ne donnait pas satisfaction) ? De plus, je n’ai jamais prétendu que tous les généraux furent des saints, loin de là. Je dis simplement que 41 d’entre eux sont tombés durant la guerre, vous multipliez ce chiffre par trois ou quatre et vous obtiendrez le nombre de blessés portant des étoiles.

  48. Belle pirouette politique que d’amuser le bon peuple avec quatre cercueils vides devant le Panthéon.
    Pendant ce temps-là, on ne parle pas des sujets qui fâchent et des réformes enterrées.
    A quand la prochaine pirouette de l’illusionniste ?

  49. Savonarole

    Eric Woerth mérite-t-il le Panthéon ? Le roi de la relaxe à répétition, harcelé par la Gestapo médiatique, battu et torturé, le mériterait à mon avis.

  50. Mary Preud'homme

    Jabiru a écrit :
    « …Belle pirouette politique que d’amuser le bon peuple avec quatre cercueils vides devant le Panthéon… »
    —-
    Pantalonnades au Panthéon !
    Encore une preuve s’il en fallait que les contorsions et la vacuité sont devenues la marque de fabrique de ce pouvoir aux abois.
    « Hélas ! Hélas ! Hélas ! Pauvre cher et vieux pays ! »

  51. J. Marques

    J’ai bien aimé le début du discours. N’est pas Malraux qui veut et on ne demandait pas à François Hollande de l’être.
    Par contre je n’ai pas aimé du tout la défense implicite, à demi-mot, de sa politique éducative lorsqu’il nous a parlé de Jean Zay.
    Je me suis dit « même là il est en campagne, honteux ».
    J’ai un peu attendu, pour voir, puis j’ai éteint la télévision.
    Triste sire…

  52. anne-marie marson

    Franchement, je ne sais pas qui a ecoute le discours de F.Hollande. J’en connais qui ont pris soin de ne pas du tout tomber sur la ceremonie. A part les journalistes et les medias. Il fallait regarder la ceremonie en coupant le son, comme pour certaines competitions sportives dont les commentaires sont insupportables.
    On connait les ficelles des discours de F.Hollande. Avec les anaphores, il y a aussi la transposition. F.Hollande l’a dit : « Il faut transposer ».
    F.Hollande a commence cet ete, en transposant la guerre de 14-18 en Ukraine, devant les « royals » sideres.
    F.Hollande a recidive au Pantheon, ce qui donne ce discours bizarre (Laure Adler), sans rapport avec la realite, sorte de reglement de comptes permanent, manipulateur.
    Enfin, pour resumer ce que les Francais ont retenu de la ceremonie, la question d’un auditeur hier dans l’emission « Le telephone sonne » : pourquoi une croix sur le Pantheon ?

  53. @ Parigoth
    « Maintenant, croyez-vous que beaucoup de ceux qui jouent les grands délicats devant la publication de ce texte, certes à considérer comme un péché de jeunesse, auraient réagi de même s’il s’était agi d’une personnalité supposée sulfureuse chez qui on aurait feint de trouver des propos prétendument racistes ? »
    Mon propos ne se limite pas à Jean Zay, il concerne naturellement tous ceux, quelles que soient leurs inclinaisons politiques, qui font de même pour assouvir des rancoeurs politiques. Exemple : le Canard enchaîné qui à publié au début des années 80 une photo de Léotard, prise dans un cadre privé, avec des anciens de l’OAS, et de même au moment des assassins de paras par Merah, d’une photo ancienne représentant des jeunes sous-officiers de leur régiment posant devant un drapeau nazi…
    Ce sont les mêmes méthodes ignobles que celle utilisée vis-à-vis de Jean Zay, et cela n’a rien à voir avec la gauche ou la droite : des esprits prêts à tout pour cultiver des haines.

  54. Jean-Paul Ledun

    Après le « Canard enchaîné », le Panthéon…
    François Hollande a besoin des morts pour « grignoter » des points de confiance ?
    Quelle misère.

  55. Alex paulista

    @ cactus
    Faites gaffe quand même, le comté à l’apéro, incrusté de cristaux d’acides aminés, c’est mortel à se damner !

  56. Et si on posait quelques balises ? Pour quels critères a-t-on droit au Panthéon ? Lire le RAPPORT A MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, tome 1, de Philippe Bélaval, titré ET SI ON FAISAIT RENTRER LE PEUPLE AU PANTHEON.
    Bon, bon, mais même après je suis resté perplexe. Ceci dit je suis d’accord avec ce dernier, celui qui a donné le souffle immense de ce bâtiment est bien le discours de Malraux pour Jean Moulin.
    C’était quand même autre chose que ces « pensouilleurs » du type BHL, Jaquattali et consorts à la plume trempée dans les salons. Et non pas dans l’exercice d’un engagement humain (parfois limite), comme Malraux, mais d’une beauté exaltante transcendée par sa parole à la musicalité haletante qui lui faisait atteindre des sommets inaccessibles à jamais pour beaucoup d’intellectuels de couloirs.

  57. Franck Boizard

    @ Rédigé par : François | 28 mai 2015 à 17:47
    Très intéressant : « La grande illusion – quand la France perdait la paix – 1914-1920 », de Georges-Henri Soutou.
    Il analyse les causes politiques de l’offensive Nivelle.
    Quant aux mutins et aux fusillés pour l’exemple, on leur a donné, pour des raisons d’idéologie et de basse politique contemporaines, une importance tout à fait disproportionnée. Il est honteux qu’un Premier ministre, Lionel Jospin, ait prêté son concours à cette mascarade.
    Effectivement, Pedroncini fait un bilan mesuré.

  58. Xavier Nebout

    La panthéonisation est la canonisation des athées, et le nul touche à l’abjection en s’immisçant dans le domaine de la gloire.
    ———-
    D’autre part, la Résistance a certes eu ses héros même si la cause fut parfois équivoque – les uns résistant parce qu’essentiellement juifs et d’autres essentiellement communistes – et presque toujours néfaste car l’armistice ayant été très largement voulu par les Français, on n’avait pas à « résister » en assassinant des soldats allemands au coin des rues. La « résistance » a été en somme plus nuisible qu’utile en affaiblissant la position du Maréchal face aux autorités allemandes.
    Par contre, nous avons les héros de la bataille de France, les FFL, et ceux de l’armée d’Afrique préparée par Weygand avec la bénédiction du Maréchal, et parmi eux, bon nombre de héros qui auraient autant mérité d’être au Panthéon que les résistants.
    Closterman ne serait pas un héros ? Ceux de Normandie-Niemen non plus ? Les petits, les sans-grade qui ont rejoint de Gaulle, ceux du commando Kieffer, les marins de l’ile de Sein, ils ne seraient rien ? Et ceux qui ont volontairement rejoint la 2ème DB comme Jean Moncorgé ?
    Non, l’intello de gauche préfère celui qui se bat en civil et par derrière, à celui qui se bat en uniforme et par devant – noblesse oblige !

  59. Au delà du cas des quatre magnifiques et courageuses personnalités récemment panthéonisées – Philippe Bilger devrait quand même se renseigner ailleurs qu’auprès de la Grosse Presse avant de ce lancer dans le dithyrambe -, c’est sur l’ensemble de ces panthéonnades que nous devrions nous interroger.
    Comment ne pas voir que ces cérémonies, remontant à une révolution qui a usé et abusé des premiers procédés de propagande totalitaire, sont en réalité à travers des pompes grandioses un simulacre laïque des béatifications religieuses, mais – le Diable étant le singe de Dieu – présentant le plus souvent un caractère grandiloquent, prétentieux, parfois grotesque, en tout cas éloigné de toute dignité simple ?
    De plus, les exemples panthéonisés sont parfois contestables : pouvons-nous approuver sans réserve l’exemple de Jean Zay, avec son étrange résistance ou bien celui de Germaine Tillon dont l’attitude face à l’ennemi de la France semble avoir été à géométrie variable, si nous nous basons sur ses prises de contact avec les égorgeurs du FLN, alors l’ennemi de la France ?
    Si de franches crapules un temps panthéonisées ont malgré tout été chassées du Panthéon, est-il normal que des gens responsables de crimes de masse y soient toujours ?
    Nous pouvons aussi nous poser des questions sur les intrigues menées par certains cercles occultes, comme encore récemment, pour faire rentrer en priorité les leurs au Panthéon qui devient en quelque sorte un mausolée privé, alors que d’authentiques grands serviteurs de la France sont ignorés de la mémoire collective.
    Puisque la mode est à l’exaltation de l’esprit de résistance, pourquoi ne pas avoir par exemple célébré la mémoire d’Honoré d’Estienne d’Orves, dont les faits de résistance sont pourtant patents ?
    Ah, c’est vrai c’était quelqu’un de trop français, trop catholique, ayant eu le tort de ne pas avoir été initié.
    En quelque sorte, il s’agit de quelqu’un que les hommes du Régime désigneraient comme n’étant pas un vrai républicain, un citoyen de seconde zone…

  60. @François | 28 mai 2015 à 17:47
    « Vous auriez pu faire un effort et citer de vrais historiens : « Le gâchis des généraux » de Pierre Miquel ou encore « Les Mutineries de 1917 » de Guy Pedroncini. Là vous auriez été crédible, mais comme vous ne les avez pas lus, vous vous contentez de raconter la doxa habituelle.
    Je ne vous cache pas que la littérature portant sur les deux dernières guerres mondiales ne fait pas partie des thèmes qui me sont chers.
    Néanmoins j’ai quand même vu de nombreux documentaires sur le sujet, tous fort bien documentés, sur France 5 en particulier et sans être un expert sur la question, je pense en savoir suffisamment pour avoir un avis pertinent.
    Il est facile d’invoquer la doxa pour se débarrasser des arguments qui viennent perturber l’image quelque peu idyllique et grandiloquente que vous vous faites de l’armée et par la même occasion laisser entendre que ceux qui ne partagent pas votre vision sont des béotiens.
    Je vous laisse donc avec vos convictions et permettez que je garde les miennes.

  61. Michelle D-LEROY

    Honorer la mémoire des résistants, c’est normal. Par exemple, Jean Moulin a été incontestablement de ceux qui ont été d’une loyauté totale, je n’ai jamais entendu le moindre reproche fait à cet homme par quiconque. Pour tant d’autres, à commencer par Jean Zay, c’est plus ambigu, si ce n’est qu’il a été ministre du Front populaire, période si chère à nos socialistes. Et ce n’est pas parce qu’il n’y aurait pas eu cette cérémonie que les Français oublieraient l’Holocauste et ses horreurs. Une Histoire tragique qu’il convient de mettre aux programmes scolaires. Une Histoire douloureuse sans conteste, mais à force de se retourner vers le passé on oublie nos propres dangers à venir.
    La politique du vide de ce gouvernement et de ce Président est à l’image des cercueils vides descendus dans la crypte du Panthéon. Cette cérémonie est une opération de com’, une récupération politique pour faire communion nationale… pourtant totalement vaine.
    Pendant ce temps, les Français sont divisés sur pratiquement tous les sujets, car « ON » les divise. Hier, par exemple, je lis que Mme Taubira va nommer la syndicaliste à l’origine du « Mur des cons » à la direction de l’Ecole de la magistrature. Un défi !
    Et qu’il s’agisse de la santé, de l’école, du logement, tout est fait pour diviser, alors les cérémonies d’hommages perpétuelles, les discours soporifiques du Président tombent à l’eau d’eux-mêmes.
    Des discours concernant les panthéonisés mais au travers desquels il croit bon de nous faire une leçon de morale en comparant la vie des ces héros ou semi-héros à notre vie actuelle. Il peut faire la morale mais alors qu’il commence par nommer nos vrais problèmes actuels, ceux d’un Islam radicalisé dangereux sur notre sol et très inquiétant au Moyen-Orient où faute d’aider Assad, l’E.I. progresse dangereusement. Ce n’est pas nous, simples citoyens, qui pouvons agir. Entre deux maux, il faudrait pourtant choisir et intervenir avant qu’il ne soit trop tard.
    Enfin, les grands figures du Panthéon seront banalisées si elles deviennent nombreuses et choisies arbitrairement par les gouvernements en place, au même titre que la Légion d’honneur ou le bac, à force de les distribuer allègrement au plus grand nombre, on banalise et on enlève toute aura à la distinction. La vie actuelle est déjà beaucoup trop standardisée et l’égalitarisme au lieu et place de l’égalité des droits un véritable poison pour la grandeur d’une Nation.

  62. Jean le Cauchois

    « Cet hommage à la Résistance va-t-il faire remonter le président de la République dans l’estime publique ? »
    Bien sûr que non… Les Français de 2015 ne sont plus du tout les Français de 1965, comme les Français de 1965 n’étaient plus du tout ceux de 1915, lesquels n’étaient plus du tout ceux de 1865… Les Français actifs aujourd’hui, qui ont entre 25 et 65 ans, sont tous nés après 1950 et presque tous après 1968… Les hommages à la Résistance des années 40-45, en 2015, leur paraissent très décalés. Et les plus lucides, les plus attentifs ou les plus disponibles, ceux qui ont appris l’histoire de France récente auprès de ceux qui l’ont vécue, leurs grands-parents par exemple, qui leur ont raconté des épisodes particuliers (Dunkerque, l’exode, les stalags, Maréchal-nous-voilà, les biscuits caséinés, les bombardements, les postes à galène, le débarquement…) ont aussi réfléchi aux causes de ces épisodes, à la Grande Débâcle, aux années trente du socialisme ou du communisme triomphant en Europe. François Hollande aurait, au mieux, été un Jean Zay, pas un Pierre Brossolette. Il a affiché cette évidence de son insignifiance au regard de l’Histoire et sa petitesse sectaire au regard de la France éternelle.

  63. Robert Marchenoir

    Trekker | 29 mai 2015 à 00:59
    Un excellent article de Daniel Schneidermann sur le médiocre discours de François Hollande lors de cette cérémonie au Panthéon, n’est pas Malraux qui veut !…

    http://rue89.nouvelobs.com/2015/05/28/pantheon-malraux-1-hollande-0-259400
    Article épouvantable, qui illustre magnifiquement la profonde perversité de la pensée-de-gauche.
    Dans un premier temps, Schneidermann, la vigie morale de gauche qui n’hésite pas à critiquer son propre camp, fustige à juste titre François Hollande pour la basse récupération politique à laquelle il s’est livré lors de son discours.
    Mais c’est pour, aussitôt après, se livrer à une récupération politique encore plus effrontée et beaucoup plus malhonnête. Regardez :
    Pas facile, c’est vrai, de s’essayer au « entre ici », quand tout le discours visible de l’Etat, depuis tant d’années, de Président en Président, se décline plutôt autour d’un « sors d’ici ». Ou plutôt de deux, rigoureusement incompatibles.
    Sortez d’ici, scepticisme, déclinisme, populisme, miasmes nauséabonds. Mais aussi, sors d’ici, sors de notre communauté recroquevillée, migrant de Calais, sans-papiers, chômeur en fin de droits, racaille de banlieue, djihadiste radicalisé. Un jour ou l’autre, il faudra choisir entre les deux.

    Donc, Schneidermann commence par se donner le beau rôle en critiquant le président de la République pour avoir prononcé un discours d’exclusion au lieu d’un discours de rassemblement (un « sors d’ici »), mais c’est pour aussitôt donner sa version souhaitable de l’exclusion-de-gauche, en procédant à un spectaculaire amalgame entre les « djihadistes radicalisés » et les « chômeurs en fin de droits ».
    Il faut, d’après Schneidermann, choisir entre les deux « sors d’ici » et exclure « le scepticisme, le déclinisme, le populisme et les miasmes nauséabonds », pour conserver dans la communauté nationale (non recroquevillée)« les djihadistes radicalisés, les racailles de banlieue, les sans-papiers, les migrants de Calais et les chômeurs en fin de droits ».
    Un chômeur en fin de droits, c’est la même chose qu’un djihadiste radicalisé.
    Un immigré illégal (et non un « sans-papiers »), c’est la même chose qu’un terroriste fanatique mû par une idéologie génocidaire.
    Si les habitants de banlieue issus de l’immigration se livrent à la délinquance (les « racailles »), c’est parce qu’ils sont chômeurs en fin de droits.
    D’ailleurs, c’est bien connu, dans notre pays nauséabond et populiste, on met les chômeurs en fin de droits en prison et le GIGN les tue à l’occasion, exactement comme le GIGN tue parfois les djihadistes radicalisés, ce qu’il ne devrait pas faire car ils s’opposent au scepticisme et au déclinisme.
    Cette dégoûtante bouillie pour les chats réussit l’exploit d’être à la fois d’une nullité abyssale sur le plan intellectuel, d’une malhonnêteté assumée sur le plan de la morale, d’une prétention débordante sur le plan du style et d’une ignominie résolue sur le plan politique.
    En somme, il s’agit d’un texte extrêmement nauséabond – ah, excusez-moi, la police de la pensée me signale que la gauche a le monopole sur l’emploi de ce terme.

  64. @ Achille
    Je vous laisse donc à vos convictions (que je respecte, même si cela peut vous surprendre). Si vous me permettez une dernière réflexion, vous me faites songer à mon jury de thèse, qui portait, vous l’aurez deviné, sur cette période. Les poussahs qui m’interrogeaient alors étaient mal à l’aise, parce que je leur avançais des faits, des chiffres, des éléments tangibles qui remettaient en cause, partiellement (n’exagérons rien), leur idées préconçues. J’ai bien senti que ce n’était qu’à contrecœur qu’ils m’ont accordé ce pourquoi j’étais devant eux. Ce qui m’a « sauvé », ce fut le fait qu’ils ont pensé qu’un type en uniforme ne viendrait jamais marcher sur leurs plates-bandes et qu’au grand jamais, je ne viendrai les contredire dans un amphi ! Ce en quoi ils n’avaient pas tort…

  65. anne-marie marson

    Le Panthéon comme cache-présent ?
    Il ne s’agit pas seulement d’un cache-présent, mais aussi d’un cache-avenir.
    Je recommande l’interview de Luc Ferry ce matin sur Radio Classique, où il a bien dit que la gauche déculturée nous impose ses leçons de morale et de morale mémorielle, mais est en rupture avec l’école et le monde intellectuel (les « pseudo-intellectuels »), avec la culture, mais aussi avec les scientifiques (plus de ministre de la Recherche), et en rupture avec l’idée de progrès.
    Toutes les entreprises innovantes sont américaines, et en France il n’y a pas de grand leader ni de grands projets. Il faudrait compenser les politiques par une grande politique d’innovation, ce qui n’est pas le cas actuellement.
    Les discours de F.Hollande, c’est Sciences Po + télé, que Luc Ferry appelle la sociologie électorale, ou comment se faire élire et réélire.

  66. sbriglia@Parigoth

    @Parigoth
    « …pourquoi ne pas avoir par exemple célébré la mémoire d’Honoré d’Estienne d’Orves ? »
    Pour ma part je préfère que ce nom ait été porté par la glorieuse série des avisos de la marine nationale au travers des océans et de l’air du grand large plutôt que restreint à une sombre crypte…
    Vous imaginez une frégate ou un porte-avions baptisé Jean Jaurès ?

  67. Xavier Nebout

    Quelques éléments pour l’ambiance :
    Joffre, le grand Joffre qui a ses cours et ses avenues, a été nommé parce que franc-mac et a été une catastrophe jusqu’à la Marne où il n’a pas joué le rôle qu’on lui donne. Offensives imbéciles à outrance, fusillés pour l’exemple, etc.
    On n’oubliera pas que c’est la France qui a déclaré la guerre à l’Allemagne, et pas l’inverse. Hitler n’avait aucunement l’intention de s’en prendre à nous, du moins pas avant longtemps.
    Enfin, il convient de ne pas mépriser notre armée de 1940. D’abord parce qu’elle s’est bien battue, et ensuite et surtout parce que Hitler a su exploiter une somme de concours de circonstances telle qu’il y aurait lieu de se poser beaucoup de questions non élucidées.
    Du duc de Windsor aux communistes, qui a le mieux trahi la France ?

  68. @ Franck Boizard
    Pedroncini fut un de mes profs à Saint-Cyr. Il avait cette aura des très grands profs qui savait nous tenir éveillé après une marche de nuit (ce qui n’était pas une mince affaire), sans faire de chichi, mais avec des faits, des analyses pertinentes, pondérées, objectives. Il avait le don de nous tenir en haleine avec les « conneries » de nos aïeux, leur gloire, leur force, leur faiblesse. Ayant eu la chance de coudoyer à de multiples reprises des anciens combattants de la Grande Guerre, avant qu’ils ne deviennent des objets de musée, je peux vous assurer que Jospin n’aurait jamais pu faire cette pitrerie tant que les anciens étaient encore présents.
    De plus, j’ai un beau-frère qui, l’année dernière, m’a montré les carnets de son grand-père, ancien combattant, mais surtout, ayant retrouvé son ancien métier en 1917 : avocat ! Il défendait les mutins dans cette triste affaire. Vous seriez étonné des commentaires qu’on peut y lire : « Sauvé un salaud »,  « J’ai disculpé un coupable ! ». Auparavant, il était officier d’infanterie, de 1914 à 1917. Il a fait le job, c’est-à-dire, dans la mesure du possible, sauver les vies de ces pauvres types. Mais de là à en faire des héros, il y a un monde…

  69. sbriglia@François

    « Je ne vous cache pas que la littérature portant sur les deux dernières guerres mondiales ne fait pas partie des thèmes qui me sont chers.
    Néanmoins j’ai quand même vu de nombreux documentaires sur le sujet, tous fort bien documentés, sur France 5 en particulier et sans être un expert sur la question, je pense en savoir suffisamment pour avoir un avis pertinent. »
    François, notre Achille me fait penser à mon voisin retraité qui passant ses journées devant son poste à regarder documentaires sur documentaires croit se dispenser ainsi de l’effort de toute recherche personnelle historique, gobant ce que lui dégurgitent les étranges lucarnes… J’ai renoncé à lui apporter la contradiction tant il est verrouillé à ses certitudes télévisuelles…
    Comme Achille il a un avis sur tout et ne se prive pas de nous l’asséner…
    Parfois j’ai envie de le provoquer à commenter sur ce blog… mais la pensée de notre correctrice ainsi accablée m’en dissuade aussitôt.

  70. A l’adresse de ceux qui polémiquent sur la valeur des officiers généraux pendant la guerre de 14 pour en déduire des critères sociopolitiques : il faut lire le tonnelier Barthas et Jünger sur le sujet : deux camps, deux idées rigoureusement identiques. Les officiers insupportables sont nombreux, mais pas légion, les hommes les détestent mais obéissent. Les officiers, vrais patrons de leurs compagnies sont respectés, aimés même, et souvent meurent à la tête de leurs troupes.
    C’est donc presque un truisme de bavarder sur ce sujet qui concerne toutes les armées du monde. Le Maréchal Joukov était une ignominie, cruel et décimateur de ses propres mains, mais stratège génial car totalement insoucieux de la vie de ses hommes. Pétain a été très surfait, mais a su intervenir, même en teigneux discret, de façon très intelligente en sachant économiser le matériel humain.
    On peut aller à l’infini dans ce domaine, et je m’en excuse, je reviens sur Marc Bloch qui a très bien jugé le corps des officiers français en 1939. Je n’en reviens encore pas qu’on l’ait écarté du Panthéon, au profit de Jean Zay qui a le privilège de n’avoir rien fait, sauf de la politique. En revanche, j’admire Mendès, en tant qu’homme, qui a eu un bout de chemin avec Zay mais qui a poursuivi la guerre, s’est battu, a affronté un déshonneur controuvé et a eu de véritables idées pour la France, même si je ne partage pas sa vision.
    Les leaders méritaient mieux que le discours de Hollande, très racoleur, vide, insérant Belkacem et son tout petit niveau dans le sanctuaire de la construction française, incapable d’aborder des thèmes solides, incapable de façonner une représentation de la France, perdu dans des idées générales, comme l’avait un jour dit un gaulliste dont j’ai oublié le nom, à Léo Hamon « Mais qui est contre la vieillesse heureuse ? »

  71. Cactus qui se dévoile, tch´adore

    Et plutôt comme cache-sexe que cache-sectes, non ? Sissi ! Leur Panthéon est décousu, etc. etc. etc.

  72. Cactus @ sbriglia, Alex, Jean-Paul

    Le bête encore humain… a repris du poil ! Merci à vous ! Je répète ? Ça va faire lendemains de guère plus ! Bien à vous trois et à notre hôte en ce bed sans break fast…

  73. @sbriglia
    Vous imaginez une frégate ou un porte-avions baptisé Jean Jaurès ?
    L’horreur même, effectivement.
    Mais avec les zèbres qui nous gouvernent, nous aurons bien un jour ou l’autre à voir un boutefeu baptisé du nom de Louise Michel, la pétroleuse que d’aucuns voudraient aussi panthéoniser, tant que nous y sommes raclons les fonds de tiroir avec tout ce qui peut rester de pire…

  74. Savonarole

    « Vous imaginez une frégate ou un porte-avions baptisé Jean Jaurès ? »
    Rédigé par : sbriglia@Parigoth | 29 mai 2015 à 15:24
    Excellent ! Déjà que le Massilia fait rigoler tout le monde, mais alors un destroyer Jean Jaurès, y a de quoi tout de suite mettre les chaloupes à la mer, avant même le premier coup de canon !…

  75. Alex paulista

    @ sbriglia@Parigoth | 29 mai 2015 à 15:24
    Ahh le DDO… Ai navigué dessus. Il avait une âme, ce rafiot. Quand on arrivait à réveiller la tourelle d’un coup de pied savamment placé, la conduite de tir faisait preuve d’une précision redoutable.

  76. cactus @ François (@Franck)

    Méfiez-vous François… Il y eut les disparus de Saint-Agil… Votre Saint-Cyr ne serait-il pas plus Sophie-Marceau que Suaires ?! À bon entendeur, je vous salue, François !

  77. Savonarole

    « Du duc de Windsor aux communistes, qui a le mieux trahi la France ? »
    Rédigé par : Xavier Nebout | 29 mai 2015 à 15:58
    Doux Jésus que tout ceci est pénible, mais enfin, pour répondre à votre question : Pierre Cot ?
    Un socialiste…
    Vous verrez qu’au deuxième quinquennat de Hollande il sera transféré au Panthéon…

  78. Cet hommage à la Résistance (…)
    Cela fait des dizaines d’années que les hommes du Régime parmi les plus méprisables nous servent chaque jour ad nauseam de la Résistance matin, midi et soir sur tous les modes et à propos de tout et de n’importe quoi, quand on tient un filon permettant d’occuper le terrain médiatique et de se donner à bon compte le rôle de père-la-morale, on l’exploite jusqu’à plus soif.
    A côté de ça, les autres conflits que la France a connus avant et après cette brève période de notre histoire disparaissent par pertes et profits, et alors qu’ils regorgent pourtant d’actes de bravoure, de sacrifice voire de simple dévouement, ils disparaissent sous un étouffoir médiatique.
    Le plus révoltant est de constater que ces gens qui se drapent avec cynisme dans les plis de la Résistance sont les mêmes qui, de nos jours et non pas il y a soixante-dix ans, se comportent en nouveaux Collaborateurs d’un ennemi qui nous a ouvertement et sans ambiguïté déclaré la guerre en ce qui concerne quelques dizaines de milliers d’individus et in petto pour un plus grand nombre.
    Depuis plusieurs dizaines d’années, la France est mise en coupe réglée et des Français perdent la vie du fait des agissements de gens qui se comportent de façon objective comme des ennemis de la France, soit par les actes de guerre directe que sont les attentats, soit de façon plus indirecte et insidieuse par des crimes relevant d’un véritable racisme anti-français camouflés par les hommes du Régime et par leurs comparses en simples faits divers.
    De ceux qui viennent jusque dans vos bras égorger vos fils, vos compagnes ou de ceux qui les aident de façon perverse ou pour des motifs inavouables à envahir notre pays, lesquels sont les pires ?
    Alors, puisque l’on nous invite à adopter l’esprit de résistance, devons-nous envisager de reprendre le refrain : Aux armes, citoyens ! ?

  79. Savonarole

    @genau
    « Joukov était une ignominie, cruel et décimateur… »
    Après-guerre, de Gaulle au lieu de foncer à Washington pour remercier le peuple américain, est allé à Moscou, Joukov lui fait visiter les ruines de Stalingrad, devant ce spectacle de Gaulle dit « quel peuple ! », Joukov se rengorge, mais le général ajoute « je parle du peuple allemand »…

  80. @cactus
    Bien vu pour Les Disparus de Saint-Agil, excellent film au demeurant, mais le film de 1938 qui m’a le plus marqué est et reste Trois de Saint-Cyr 🙂
    @ genau
    « Pétain a été très surfait »
    Un de mes grands-pères, après la triste affaire du Chemin des Dames, a participé aux combats de la Malmaison. Il en a toujours gardé une admiration sans borne pour ce général, même s’il ne l’a pas suivi en 1940 (il a traversé la Manche). La victoire de la Malmaison a été voulue, préparée par Pétain, et la victoire fut au rendez-vous. Il fallait redonner confiance à nos troupes. Pétain avait mis les moyens, il a récolté ce qu’il avait semé. Cela n’excuse rien de ce qu’il devint par la suite, mais de grâce, quand on veut tuer son chien, il n’est pas besoin de l’accuser d’être porteur de la rage.
    Arrêtons de juger nos aïeux avec notre mentalité. La vie n’avait pas du tout le même sens, la même importance que nous lui accordons aujourd’hui. Rien qu’entre mon père (90 balais bien tassés) et moi, il y a un océan d’incompréhension, alors avec la génération précédente…

  81. @ sbriglia@François | 29 mai 2015 à 16:18
    « François, notre Achille me fait penser à mon voisin retraité qui passant ses journées devant son poste à regarder documentaires sur documentaires croit se dispenser ainsi de l’effort de toute recherche personnelle historique, gobant ce que lui dégurgitent les étranges lucarnes… J’ai renoncé à lui apporter la contradiction tant il est verrouillé à ses certitudes télévisuelles… »
    Eh oui cher sbriglia, même si cela peut vous surprendre, le livre n’est pas le seul point d’accès à la connaissance. Le cinéma, la télé, les blogs et les forums permettent aussi de s’enrichir intellectuellement et le blog de note hôte en est la meilleure preuve.
    Ceci étant je vous rassure, il m’arrive de lire de temps en temps, y compris des ouvrages portant sur des faits historiques. Il se trouve simplement que la période 1914-1945 ne me « branche » pas vraiment.
    On aimerait bien, en ce qui vous concerne, que vous nous fassiez davantage profiter de votre érudition. Malheureusement, à part balancer quelques fions d’un humour très inégal, les intervenants de ce blog restent sur leur faim. C’est bien dommage. Je suis sûr que vous avez des tas de choses à nous apprendre.

  82. En fait mon cher Achille, je ne sais comment vous répondre. En mélangeant dans votre réponse nos deux commentaires (c’est-à-dire celui de sbriglia et le mien), vous avez créé, à votre corps défendant, une certaine confusion. Quelles bribes de phrase m’étaient destinées ?
    C’est pourquoi je me suis résolu à vous répondre d’une façon générale. Vous écrivez « vous avez des tas de choses à nous apprendre » et je vous réponds NON ! Je n’ai strictement rien à vous apprendre, je n’ai juste qu’à vous proposer des faits. Eux seuls sont incontestables. Ce que vous en ferez est de votre responsabilité, certains vont vous déranger, d’autres, au contraire, vont aller dans votre sens. Libre à vous d’éliminer ceux qui vous dérangent. Inconsciemment, c’est ce que nous faisons tous, mais c’est la grandeur de l’homme que de savoir être humble et de reconnaître ses erreurs. Pas facile de remettre en question ce que l’on vous a appris, que ce soit à l’école où dans sa famille (surtout pour cette dernière).
    Nous avons tous un talon…

  83. Savonarole

    @genau
    Un livre peu connu : « En écoutant de Gaulle » de son aide de camp Claude Guy.
    Il relate une scène de la rencontre CDG/Staline à Moscou, à peine leur entretien terminé Staline se met à manger une soupe, de Gaulle se retourne et dit à Claude Guy « ces gens-là, on les a sur le dos pour cent ans »…
    Et sur Pétain, pour Xavier Nebout : « Sur les hommes de la IVe République : « Avec Pétain, « ils » ont été dégoûtants… Que moi j’aie condamné Pétain, c’était normal mais eux ? »…

  84. Franck Boizard

    @Xavier Nebout
    « Hitler n’avait aucunement l’intention de s’en prendre à nous, du moins pas avant longtemps. »
    C’est faux, tout simplement. Lire Kershaw, Lukacs, Delpla, etc.

  85. Savonarole

    Bon, je sens que ça va barder ici, avec le Maréchal, le général et l’aquarelliste moustachu…
    Je vais me coucher, demain à l’aube je prends la route, 1200 kilomètres, je rentre chez moi, en Espagne.
    Du haut de mon cabriolet je verrai bien si en traversant Aurillac on me cause du Maréchal.
    Je vous raconterai.

  86. @ genau
    « Le Maréchal Joukov était une ignominie, cruel et décimateur de ses propres mains, mais stratège génial car totalement insoucieux de la vie de ses hommes. »
    Vous caricaturez Joukov, certes il ne fut pas toujours économe de ses hommes, mais il faut contextualiser les affrontements de 42/45 sur le front de l’Est : le nombre des forces allemandes étaient sans commune mesure avec celles présentes en 44/45 sur le front de l’Ouest, et d’une grande férocité. C’était des affrontements dantesques, et ses victoires, Joukov les doit avant tout à sa capacité d’avoir su mettre en oeuvre le concept opératif *. En cela il était nettement supérieur à ses homologues allemands.
    * Les prémices du concept opératif furent mis en application par le général Pétain en 1917/18, et menèrent à la victoire. Celui-ci fut étudié, amélioré (en y intégrant la percée dans la profondeur grâce aux progrès de la technique : avions et chars) et conceptualisé par un petit groupe d’officiers soviétiques dans le début des années 30. Tous, et en premier Toukhatchevski, furent décimés sur ordre de Staline, une des causes de l’effondrement soviétique en 41, mais leurs travaux et concepts avaient eu une certaine diffusion auprès de jeunes officiers, dont un certain Joukov.
    Je vous conseille de lire la biographie récente de Joukov par Jean Lopez, un des meilleurs spécialistes de l’histoire militaire soviétique avec quelques-uns de ses collègues américains. Jusqu’au début des années 80 les historiens militaires occidentaux se basaient avant tout sur les témoignages et archives des maréchaux et généraux allemands, qui prenaient de grande liberté avec la réalité. Ce n’est que depuis les deux dernières décennies que l’historiographie militaire a travaillé sur les sources soviétiques, en premier les historiens américains, et est arrivée à une histoire plus objective qui met à bas certaines légendes des généraux allemands.
    « Pétain a été très surfait, mais a su intervenir, même en teigneux discret, de façon très intelligente en sachant économiser le matériel humain »
    Pas d’accord car en 1917 et surtout en 1918, il fut un grand stratège et un novateur, notamment avec ce qui allait devenir chez les soviétiques la manoeuvre opérative. Certes le Maréchal Pétain, et dès les années 20, n’avait plus grand-chose à voir avec le brillant général de 1918. Mû par orgueil, jalousie et rancoeur, il le démontra lors de la guerre du Rif : il intrigua pour faire relever Lyautey de son commandement, alors que celui-ci était en phase de réduire la rébellion et cela tout en finesse. Résultat il transforma cette rébellion en guerre, en fit un mini-Verdun colonial et cela valut à la France la haine des indigènes jusque dans les années 50 !…
    @ Xavier Nebout
    « Joffre, le grand Joffre qui a ses cours et ses avenues, a été nommé parce que franc-mac et a été une catastrophe jusqu’à la Marne où il n’a pas joué le rôle qu’on lui donne. Offensives imbéciles à outrance, fusillés pour l’exemple, etc. »
    Tout à fait exact ce que vous dites, la victoire de la Marne qui devait autant voire plus à Gallieni lui permit de masquer ses incompétences dans toute la période précédente.
    « Il convient de ne pas mépriser notre armée de 1940. D’abord parce qu’elle s’est bien battue, et ensuite et surtout parce que Hitler a su exploiter une somme de concours de circonstances »
    Encore exact. La grande majorité de notre armée s’est bien battue, et cela jusqu’au niveau brigade, voire souvent division. Les Allemands bénéficièrent de deux atouts : la nullité de l’état-major de Gamelin et celui des différentes armées (le général Georges qui pleurait dans son PC en est une illustration), et le quasi aventurisme de ses jeunes généraux. Ceux-ci ne firent pas la guerre telle que la concevaient les état-majors français, ce fut en quelque sorte une victoire de l’intelligence et du culot sur la tradition.

  87. @ François | 29 mai 2015 à 21:19
    En fait je m’adressais surtout à sbriglia qui semble faire une petite fixette sur ma personne. Le mois dernier il a réussi à me sortir deux commentaires que j’avais écrits il y a plus de 18 mois.
    Soit il conserve soigneusement mes commentaires, soit il a été faire une recherche dans les archives du blog, ce qui a dû lui prendre pas mal de temps.
    Enfin, vu l’intérêt qu’il me porte je ne saurais lui en faire grief. Quelque part c’est plutôt valorisant.

  88. J. Marques

    @sbriglia @Parigoth @Savonarole
    Un porte-avion baptisé Jean Jaurès ?
    Tout au plus un navire de la SNCM.

  89. Xavier NEBOUT

    @Trekker
    Certes, l’organisation de l’armée allemande était beaucoup plus performante que la nôtre, mais cela n’explique pas qu’ils aient attaqué très exactement là il fallait et au moment où il fallait, et au surplus contre l’avis de la majorité des généraux. Hitler avait-il la science infuse, où disposait-il de renseignements particulièrement précis ?
    Ne me dites pas que vous n’en savez pas plus.

  90. Xavier NEBOUT

    @Achille
    Ne confondez pas les condamnations et la charge de leur exécution dont a hérité Pétain.
    Il a limité des dégâts au mieux.

  91. @ Xavier Nebout
    En fait plus que l’organisation de l’armée allemande, c’est son emploi par ses généraux (notamment Guderian lors de la campagne de France) qui fut notoirement supérieur à celui de nombre des ganaches qui peuplaient nos principaux état-majors. Ces jeunes généraux allemands ont seulement fait preuve d’une grande intelligence tactique, entre autres en nous faisant nous engouffrer en Belgique alors que leur attaque décisive aurait lieu dans les Ardennes. D’où ma réflexion précédente : victoire de l’intelligence, de la novation et du culot sur le conformisme.
    Hitler comme le grand état-major de la Wehrmacht était réservé voire hostile à une telle manoeuvre, si risquée ; ce sont ses jeunes généraux tel Guderian qui lui ont forcé la main. Au vu des premiers résultats, franchissement de la Meuse et chute de Sedan, il se rallia à la stratégie de ses jeunes généraux. La « guerre éclair » est une invention après-coup de la propagande allemande, car elle résulta des longues percées imprévues de l’armée allemande et de la très mauvaise utilisation de nos troupes. Exemple : ce « génie » de Weygand n’avait pas prévu la chaîne logistique de ravitaillement en carburant de ses unités blindés, cela en cas de repli rapide de la Belgique où il s’était imprudemment bien trop enfoncé.

  92. Xavier NEBOUT

    @Trekker
    L’organisation de l’armée allemande différait de celle de la France par la notion de délégation et de responsabilité. A tous les degrés, le chef est responsable de l’exécution des ordres supérieurs avec la liberté de les exécuter comme il l’entend, alors que dans l’armée française, le moindre chef de section ne pouvait pas bouger le petit doigt sans en référer constamment au-dessus et ainsi de suite.
    S’en est suivi une plus grande souplesse, une exploitation de toutes les intelligences de la section à la division, au lieu de celle unique du général d’armée.
    S’en est aussi suivi une moindre nécessité de transmissions.
    C’est ainsi que Rommel a pu faire éclater ses talents, mais c’est ainsi également qu’il a bêtement perdu quinze jours à Bir Hakeim, et par là même perdu son armée.
    Mais par ailleurs, il y a eu trop de coïncidences favorables aux Allemands dans l’attaque par Sedan, pour que le hasard y ait toute sa place.

  93. J. Marques

    @ Xavier NEBOUT
    « …dans l’armée française, le moindre chef de section ne pouvait pas bouger le petit doigt sans en référer constamment au-dessus et ainsi de suite ».
    Cela n’a malheureusement pas changé je vous l’assure.
    J’ai pu voir ainsi un colonel me dire : « il faut demander l’avis du général (5 étoiles) ».
    Sur un sujet où justement le général ne connaissait rien puisque le sujet était nouveau et qu’on lui apportait une expertise pour se mettre en conformité avec la loi.
    Le sujet était l’archivage managérial, en plus simple la dématérialisation et l’archivage intelligent de tout ce qui est papier.
    Moralité tout cela a été mis sous le tapis et le projet a pris deux ans de retard. Il est certain que ce n’est pas avec ce genre d’officier qu’on va gagner un quelconque engagement armé, je ne parle même pas d’une guerre.

  94. @ Xavier Nebout
    « Mais par ailleurs, il y a eu trop de coïncidences favorables aux Allemands dans l’attaque par Sedan, pour que le hasard y ait toute sa place… »
    L’attaque et la prise de Sedan ne relèvent pas d’un quelconque complot ou trahison côté français, mais de l’exploitation rapide par les Allemands du franchissement de la Meuse faisant suite à la percée des Ardennes : pour résumer, du talent manœuvrier et innovateur de ses généraux.
    Les Allemands savaient fort bien que le gros de nos troupes les mieux équipées, y compris quasiment toutes nos réserves, étaient incapables d’un repli rapide de la Belgique et de mener une contre-attaque. De même celles stationnés derrière la ligne Maginot. L’inorganisation et la lenteur de notre logistique, alliées à un commandement peu réactif et c’est un euphémisme, nous interdisait une telle contre-offensive.
    De plus le point où ils ont franchi la Meuse à proximité de Sedan était le plus faible de notre système de défense : la ligne Maginot s’arrêtait à la frontière belge (merci au Pétain de 1930/35 opposé à sa prolongation, et persuadé que la forêt des Ardennes étaient infranchissable aux chars et unités mécanisés). En outre cette zone de la Meuse et Sedan n’étaient défendus par quasiment que des divisons de réserve, constituées lors de la mobilisation, et pas des mieux équipées : dans la doctrine de l’état-major cette zone ne risquait pas d’attaque, ou au plus très limitée par de l’infanterie.
    Bien sûr il y eu des défaillances de certaines de nos troupes, armée Corap, mais cela fut loin d’être décisif car c’est l’incapacité manoeuvrière de nos grands généraux qui fut la cause de tout. D’ailleurs vous avez très bien décrit dans votre commentaire précédent les graves carences d’organisation et la centralisation à outrance de l’armée française de 39/40.

  95. Xavier NEBOUT

    @Trekker
    Je ne pensais pas à un complot ou trahison côté français, mais anglais.

  96. @ Xavier Nebout
    « Je ne pensais pas à un complot ou trahison côté français, mais anglais. »
    Certes tout est possible, mais je n’y crois guère voire pas du tout. La Wehrmacht n’avait pas besoin de cela vu sa remarquable capacité tactico-manoeuvriere et face à elle les incapacités (un euphémisme) de nos état-majors.
    Là où on peut parler de trahison c’est dans le fait que Churchill refusa d’engager la majorité de son aviation de chasse en France, de même pour son armée de terre, cela courant et fin mai 40. Mais n’était-ce pas plutôt par réalisme que par trahison, quand il constata que l’armée française serait battue à court terme : réunion fin mai/début juin 40 où Gamelin et Weygand lui avouèrent piteusement qu’ils n’avaient aucune réserve, celles-ci étant quasi toutes en Belgique et qu’ils étaient dans l’incapacité de se replier rapidement.
    On peut raisonnablement penser que Churchill en réaliste et cynique qu’il était, considéra alors que l’armée française serait battue voire capitulerait, de plus la médiocrité de nos gouvernants politiques ne lui faisait pas espérer un sursaut digne d’un Clemenceau. L’Angleterre serait seule face à l’Allemagne, et il se devait de la préserver en maintenant chez elle tous ses moyens militaires.

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