Le chaos, soit, mais l’étoile ?

Frédéric Nietzsche (FN) dans « Ainsi parlait Zarathoustra », écrit : « Je vous le dis : il faut avoir du chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse » (cité par Maxime Dalle dans L’Étoile dansante).

Cette pensée et cette phrase sont magnifiques. Elles contraignent à de la lucidité mais suscitent aussi de l’espérance.

Pour tous ceux qui font de mon blog un forum désordonné à leur disposition, en me privant des réflexions que j’attends à la suite de mes billets, j’ose espérer que cette fulgurance d’un génie qui de plus en plus est accordé avec le désordre et l’imprévisibilité de notre monde sera au moins l’occasion d’analyses ciblées.

On comprend bien cette volonté de FN de nous inciter à avoir du « chaos » en nous-mêmes. Parce que dans sa conception philosophique et son élan de vie, tenter de maîtriser notre nature, veiller à séparer en amont le bon grain de l’ivraie, limiter si peu que ce soit l’effervescence intime quel que soit son registre, de ce qui irrigue, perturbe ou enrichit nos tréfonds, serait entraver l’accumulation d’un capital précieux : le trésor que l’abandon à soi, et non pas de soi, jour après jour, constitue par un mélange à l’égard duquel nous devrions bien nous garder d’avoir la moindre initiative de contrôle et de censure.

J’entends que pousser jusqu’à l’extrême cette liberté de laisser advenir en nous le « chaos » considéré comme le terreau à partir duquel l’invention du meilleur serait possible risquerait – si on ne fait pas bien le départ entre les désordres légitimes et en quelque sorte nécessaires et les cloaques sans foi ni loi – de justifier les transgressions les plus odieuses.

Ce qui revient, pour notre humanité, si elle cherche à suivre la pente de FN, à aspirer au chaos mais pas n’importe lequel.

Il ne faut pas non plus confondre cette incitation à un chaos originel avec cette banalité, par exemple celle d’une Constance Debré : « Le drame de notre condition humaine, c’est d’être plongé dans le chaos » (Figaro Madame). Le premier est salvateur, le second destructeur.

Pour ma part, je suis sensible à cette manière qu’a FN d’ennoblir l’instinct car depuis toujours, par volonté ou par faiblesse, j’ai ressenti le bonheur trouble de laisser s’agiter en moi les forces obscures et les lumières limpides, d’une certaine manière les démons et les grâces.

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Parce qu’il m’est apparu, et pas seulement à cause de mon activité professionnelle principale, qu’aucun salut ne pouvait naître, pour la compréhension de nos frères même dévoyés, pour la lucidité sur les choses et les êtres qui nous entouraient, sans d’abord cette obligatoire complicité, cette connivence cultivée entre ma subjectivité prête à tout embrasser et l’infinie diversité des normalités ou des déséquilibres ailleurs.

Entre la joie équivoque de désordres intimes mêlant sans filtre sentiments, idées, humeurs et frustrations et le devoir social et généreux de tenter d’être un soutien s’assignant des visées altruistes.

Mais s’il n’est que trop facile de tout concéder au chaos, comment accoucher, grâce à lui, « d’une étoile qui danse » ?

Je me souviens, il y a longtemps, d’une analyse très juste de ma personnalité, qui concluait à un mélange inextricable d’un goût du désordre et d’une aspiration à l’ordre. En même temps, à chaque seconde de ma vie. Et mille expériences m’ont démontré la validité de cette approche.

Cette hantise de l’ordre se partageant avec le chaos puis le pacifiant et le régulant, serait-ce « mon étoile qui danse » ? Quelle serait celle de la plupart des humains ? Faut-il admettre que certains, obsédés par la volonté de ne jamais se quitter des yeux et de l’esprit, insensibles au caractère créatif du chaos, seraient forcément limités et réduits à un classicisme de qualité mais voué à être sans charme ?

Je n’aurai pas ce pessimisme. Chacun de ceux disposés à se laisser envahir par le chaos, par le tumulte intérieur d’un dérèglement souhaité, a sa vision de « l’étoile qui danse ». Cette belle notion, à la tonalité si poétique, n’est pas, malgré l’apparent débridement du chaos antérieur, une école de la facilité, une opportunité de confort mais une sorte d’ascèse vous contraignant à accoucher du meilleur de soi. Un peu comme cette réflexion d’André Gide conseillant de « suivre sa pente mais en montant ».

Pour aimer profondément ce lien qui est fait entre la nature créatrice du chaos et l’exigence qu’elle impose à ceux qu l’abritent, je ne méconnais pas l’extrême difficulté d’identifier le chemin qui vous permettra à la fois de développer ce qu’on porte déjà en soi de remarquable et de réaliser les virtualités qu’on pressent mais que trop souvent une paresse d’être vous interdit de concrétiser.

« L’étoile qui danse », c’est changer la boue en or, l’informe en royaume, le confus en clarté, l’acceptation molle de soi en désir d’exemplarité. C’est user du chaos, cette mine indistincte, diverse et contrastée, pour accoucher sinon de l’idéal de soi – il ne faut pas rêver -, en tout cas de l’incarnation la moins médiocre possible de ce que nous avons toujours voulu être, avec la conscience de nos limites mais l’incroyable puissance d’une personnalité décidée à se construire elle-même.

Au commencement était le chaos et le chaos s’est métamorphosé, s’est fait étoile, est devenu danse.

FN nous invite à nous pousser au-delà de nous-mêmes. Quelle superbe entreprise, pas loin d’un destin !

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Voir les Commentaires (92)
  1. Marc Ghinsberg

    « Il est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant. » (André Gide)
    Ce devrait être la devise des condescendants.

  2. Il y a pas mal de galaxie où tout « danse » autour d’un trou noir. Toutes ? On en débat.
    Mais ce que je veux dire par là est que le chaos n’est jamais mort sous l’étoile, le chaos est dans l’ordre comme la tectonique des plaques sous l’apparente paix du sol accueillant nos pas.
    Ainsi, le chaos accouche perpétuellement d’une étoile. Jusqu’à ce que l’univers soit… en fait, on n’en sait trop rien, mais en général, on suppose qu’il finit mal, déchet puis néant.
    Que l’univers soit sur une mauvaise pente ou non, il est certain que l’être humain l’est lui, il souffre, il meurt, et souvent, entre les deux, il échoue comme les débris d’un naufrage.
    L’immense Nietzsche lui-même a sombré dans la folie, et trop de gens ont récupéré son oeuvre à des fins inavouables. L’oeuvre, pourtant, surnage, de même que les ruines portent témoignage de ceux qui les ont érigées, mélancolie et inspiration capables d’inspirer tous les réveils, comme on le sait depuis la Renaissance fécondée par la redécouverte des monuments antiques.
    Comme l’oeuvre de Nietzsche, je suppose que le livre sur les ruines dont j’envoie le lien a été lu par beaucoup.
    https://www.decitre.fr/livres/une-histoire-universelle-des-ruines-9782021282504.html
    Mais quoi de mieux que de lire et de relire des œuvres qui provoquent et la réflexion, et un retour d’affection pour la vie avec un fond et une forme, des ténèbres et des lumières dignes des plus belles aurores ?
    Nietzsche dit que la vie doit être aimée « quoi qu’il en coûte », si j’ose dire, mais c’est son alter ego qui l’exprime le mieux, à mon avis :
    Prière à la Vie de Lou Andreas-Salomé
    « Certes, comme on aime un ami
    Je t’aime, vie énigmatique –
    Que tu m’aies fait exulter ou pleurer,
    Que tu m’aies apporté bonheur ou souffrance.
    Je t’aime avec toute ta cruauté,
    Et si tu dois m’anéantir,
    Je m’arracherai de tes bras
    Comme on s’arrache au sein d’un ami.
    De toutes mes forces je t’étreins!
    Que tes flammes me dévorent,
    Dans le feu du combat permets-moi
    De sonder plus loin ton mystère.
    Être, penser durant des millénaires!
    Enserre-moi dans tes deux bras :
    Si tu n’as plus de bonheur à m’offrir –
    Eh bien – il te reste tes tourments. »
    Bref, la vie est un chaos pas plus apprivoisé qu’un tigre sauvage. Chacun, s’il veut que son chaos soit une étoile doit équilibrer l’ordre et le désordre en soi, Apollon et Dionysos, comme dirait Nietzsche.
    On ne naît pas étoile, on le devient ! Et on ne se repose pas dans sa lumière, on la sort perpétuellement de soi, étoile se consumant dans l’obscurité de la nuit, peut-être lié à d’autres alchimistes du chaos par ce que Nietzsche appelait une amitié d’étoiles.

  3. Claude Luçon

    « Je vous le dis : il faut avoir du chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse »
    N’est-ce pas le contraire qu’il fallait dire ?
    Une étoile qui danse doit accoucher du chaos en soi ?
    Quand on pense au correctement correct et à la période actuelle ?
    Car si :
    « Au commencement était le chaos et le chaos s’est métamorphosé, s’est fait étoile, est devenu danse. (PB)

  4. Rien que le mot chaos écrit en français est déjà un obstacle, un cahot que la langue du locuteur prononce en évitant de toucher les dents, les joues ou le palais. La lettre h ne se prononce pas et il faudrait être un puriste réactionnaire pour énoncer la lettre s. Avec cet enchevêtrement de difficultés se dessine un désordre généralisé qui tente de représenter la multitude de désordres accumulés.
    Bon courage pour ranger méthodiquement, les gens qui réussissent pourraient tout aussi bien devenir des champions de Tetris, le jeu mythique écrit par un Russe qui parlait japonais. Un esprit humain avait réussi à maîtriser deux langues d’une complexité supérieure à la moyenne. Au milieu de ce chaos est apparue une idée simple, une fois conceptualisée et mise en application, Alekseï Pajitnov a réalisé l’invention d’un divertissement qui apporte des récompenses au cerveau, des instants de bonheur de plus en plus rapprochés à mesure que le score augmente et que la vitesse croît proportionnellement. Il n’y a que les tricheurs qui mettent sur pause, ils n’ont rien compris au but de ce jeu démoniaque.
    Le joueur essaie de vaincre, d’atteindre la récompense, l’étoile promise. Toutefois la réussite personnelle n’est qu’une amère victoire si elle est vécue dans la solitude. La reconnaissance des autres, des enfants et des pairs ajoute un élément indispensable pour atteindre un niveau de satisfaction élevé.
    C’est l’une des raisons pour lesquelles les commentaires hors-sujet fusent sur ce blog. Les gens souffrent de solitude et voudraient trouver la légitimation de leur réussite à travers le regard des autres. Alors ils racontent leur vie.
    Au fait, je regrette les commentaires de Catherine JACOB parce que l’humour japonais est stratosphérique. Elle me faisait sourire contrairement à Friedrich Nietzsche dont le profil épouvantable est un repoussoir, un chaos de frayeurs abominables.

  5. « Pour tous ceux qui font de mon blog un forum désordonné à leur disposition, en me privant des réflexions que j’attends à la suite de mes billets, j’ose espérer que cette fulgurance d’un génie qui de plus en plus est accordé avec le désordre et l’imprévisibilité de notre monde sera au moins l’occasion d’analyses ciblées. » (PB)
    Il faut bien reconnaître que ce blog ressemble trop souvent à un forum où certains contributeurs ont tendance à passer outre le thème du billet pour se laisser aller à des réflexions diverses et variées en fonction des sujets qui leur tiennent à cœur.
    Je conçois bien que ce soit assez frustrant, et même un brin agaçant, pour l’auteur du billet qui, selon l’expression de Nietzsche, espère tirer de « ce chaos une étoile qui danse », une pensée lumineuse qui constituerait le prolongement de sa réflexion.
    Cela arrive quelquefois, mais les pépites sont rares au milieu du tombereau de propos peu amènes de certains contributeurs qui ont tendance à s’échauffer rapidement.

  6. Compte tenu de la qualité des billets, le chaos dont il est question ici ressemble fort à un bouillon de culture d’où, nous le savons tous, il peut jaillir le meilleur… du billet, mais aussi le pire… des commentaires.
    D’où la nécessité comme dans toute culture biologique d’assurer une hygiène et une stérilisation par une modération indispensable.
    Par ce commentaire, suis-je bien resté dans les limites du chaos nietzschéen ?
    Le thème de l’étoile qui guide nos pas, dans le désordre du monde, n’est pas propre à FN, il a déjà été tellement traité que je devine que nous allons avoir une Voie lactée de commentaires.
    Je reviendrai, pas le temps maintenant.

  7. Dans le domaine des sciences et techniques le rôle de l’ingénieur est aussi de partir d’un chaos, d’un amas désordonné, d’une vague idée confuse, pour arriver à une œuvre. Et pour les arts c’est comparable. Toute la difficulté est de ne pas se laisser entraîner par le chaos pour que les effets pervers d’un système ne soit pas supérieurs au bénéfice espéré.

  8. « Pour tous ceux qui font de mon blog un forum désordonné à leur disposition, en me privant des réflexions que j’attends à la suite de mes billets, j’ose espérer que cette fulgurance d’un génie qui de plus en plus est accordé avec le désordre et l’imprévisibilité de notre monde sera au moins l’occasion d’analyses ciblées. » (PB)
    Tiens, cela m’évoque un texte de Nietzsche, retrouvable avec quelques mots clés, sans doute…
    Oui !
    « Là où le fort est faible, là où le noble est trop indulgent — c’est là qu’il construit son nid répugnant : le parasite habite où le grand a de petits recoins malades.
    Quelle est la plus haute espèce chez l’être et quelle est l’espèce la plus basse ? Le parasite est la plus basse espèce, mais celui qui est de la plus haute espèce nourrit le plus de parasites.
    Car l’âme qui a la plus longue échelle et qui peut descendre le plus bas : comment ne porterait-elle pas sur elle le plus de parasites ? »
    Eh oui, qui ne peut craindre d’être le parasite d’un autre… ou d’un blog ? Ou de même, d’être grignoté par les autres ?
    Plus on a de « démons et merveilles », de doutes, plus on offre un espace d’expression, plus on se vulnérabilise, et si on veut la liberté, on accepte le chaos, qui accouche de tout et pas seulement d’étoiles !
    Mais sans cela, il n’y a pas même l’ombre d’une étincelle, le moindre éclat de l’aube.
    Trop d’ordre stérilise, trop de désordre corrompt.
    Comme notre hôte a beaucoup des deux impulsions, Dionysos et Apollon, comme dirait Nietzsche, il le sait parfaitement.
    Le voit en lui et dans les autres, criminels, médiatiques et commentateurs de blog.
    Cependant, je ne serais pas si sévère envers les critiques et les commentateurs que d’autres, pour moi, ils font partie du spectacle, comme on peut s’en rendre compte, même enfants, grâce aux marionnettes, n’ayons honte d’aucune source.
    https://www.youtube.com/watch?v=GzGvSOURUTg
    Et puis, quelle meilleure fin qu’un sourire ?

  9. @ Vamonos
    « C’est l’une des raisons pour lesquelles les commentaires hors-sujet fusent sur ce blog. Les gens souffrent de solitude et voudraient trouver la légitimation de leur réussite à travers le regard des autres. Alors ils racontent leur vie. »
    Ce n’est pas mon cas. J’aime la solitude.
    Cela étant, je suis surpris de découvrir dans ce billet un précis ou résumé de philosophie discordienne par Monsieur Bilger. Comme quoi tout peut arriver et tout arrive.
    N’ayant pas vraiment l’âme poétique, la terminologie de « l’étoile qui danse » me laisse en fait passablement insensible. Mais l’idée que du « chaos » provienne l’identification d’une esthétique personnelle permettant de changer la boue en or ne peut à mon sens résumer toute la relation entre ordre et chaos. C’est aussi en créant suffisamment d’ordre, de structure, et même de hiérarchie dans une société qu’on peut permettre de capitaliser sur l’or que d’autres font émerger de la boue de leur chaos. Sans hiérarchie, sans ordre, il n’y a pas d’échelle sur laquelle grimper. Autant les créatifs que les faibles ont besoin de cette échelle. Car sans elle, ils sont encore moins qu’ils ne le sont si ce n’est rien du tout.

  10. « F.N. (Nietzsche) nous invite à nous pousser au-delà de nous-mêmes. Quelle superbe entreprise, pas loin d’un destin ! » (PB)
    Je confirme, le FN est le seul parti qui pourra réveiller les citoyens cocufiés par la macronie islamogauchiste nupes.
    Je préfère Zemmour, lui au moins il résiste, décrit les réalités qui lui coûtent très cher, il ne fait pas de moratoires comme certains ici et partout dans ce pays de loques soumises.

  11. J’ai toujours eu du mal à lire Nietzsche et notamment sa théorie du Surhomme qui a été dévoyée par le régime nazi, un peu finalement comme la pensée de Karl Marx a été déformée par les communistes de tous les pays.
    C’est sans doute la raison pour laquelle à la fin de sa vie Marx a dit qu’il n’était pas marxiste.
    Nietzsche qui est mort fou à 55 ans n’a pas eu le temps de s’exprimer sur les effets de sa doctrine. Aurait-il dit, lui aussi, qu’il n’était nietzschéen, nous ne le saurons jamais !

  12. @ F68.10 | 25 février 2023 à 09:26
    « Ce n’est pas mon cas. J’aime la solitude. »
    Vous vous êtes isolé par peur du ridicule honteux de vos moratoires loupés fiascos, je vous comprends ; si vous désirez, je peux vous accompagner et prodiguer mes conseils pour vous sortir de ce marasme mental, ne me remerciez pas c’est de bon coeur.

  13. Des cahots du chaos naîtrait la transe en danse, l’esclave est donc cet autre qui justifie ma royauté, mon moi enfin identifié, les premiers sont les derniers aux paradis illuminés des comme en terre du « or, su j’ai », quand je t’aimais.
    Ne t’aimant plus, je ne sais plus.

  14. « Je me souviens, il y a longtemps, d’une analyse très juste de ma personnalité, qui concluait à un mélange inextricable d’un goût du désordre et d’une aspiration à l’ordre. »(PB)
    N’est-ce pas ici la mise en lumière de votre esprit de contradiction élevé au rang des Beaux-Arts ?
    Vous nous avez souvent dit qu’il fallait apprendre à penser contre soi-même et ainsi se trouver confronté à des certitudes qui soudainement n’en sont plus. Comme en effet une destruction intime de l’ordre qui régnait en vous et qui, doucement ou subitement se laisse entamer par des opinions suscitant un chaos bienvenu.
    Pour vos lecteurs, n’y a-t-il pas, dans ce vous décrivez de vous, une analogie avec votre métier passé ? Remettre de l’ordre dans la société grâce à la Loi, briseuse de chaos.
    Mais votre côté compassionnel (les défauts ou les fautes que vous prêtez aux autres et que vous voulez comprendre) mâtiné d’une curiosité aiguë pour les êtres et les faits vous a fait emprunter un chemin menant vers l' »étoile ».
    Pardonnez cette analyse bas de gamme.

  15. Patrice Charoulet

    Cher Philippe,
    Puisque que vous publiez la photo de Nietzsche (quelle moustache) et que vous citez l’un de ses livres, cela me fait penser à ceci :
    Quand j’ai rencontré pour la première fois Cioran à Dieppe, où il avait, en plus de son appartement rue de l’Odéon, un petit appartement dans ma sous-préfecture, je m’étais mis en tête alors de traduire « Ainsi parlait Zarathoustra ». J’étais bien équipé. J’avais (et j’ai toujours), les « Werke in drei Bänden », édition Karl Schlechta, recommandée par mon professeur d’Université, Alexis Philonenko (reçu premier du premier coup à l’agrégation et auteur réputé d’une centaine de livres, bien supérieurs à ceux du minuscule Onfray). J’ai acquis toutes les traductions françaises existantes et je me suis servi des meilleurs dictionnaires français (Littré, etc.). J’étais plein d’ambition. Je savais notamment que Nietzsche était (avec raison) grand lecteur de Voltaire. Or, Voltaire, en langue française, n’écrit pas « Zarathoustra », mais « Zoroastre ». Dès le titre, ma traduction fut donc « Ainsi parla Zoroastre ».
    Une de mes 3 500 relations (baptisées « amis ») sur Facebook, philosophe et écrivain, sélectionné pour le Goncourt, en sortant de Normale Sup, a consacré un an à retraduire ce livre. Et il a traduit le titre comme je l’avais fait dans l’anonymat le plus complet dans les années 80. Je lui ai dit mon approbation.
    Manquant de persévérance, je n’ai pas terminé ma traduction, qui dort dans un tiroir.
    Je reviens à Cioran (en Pléiade en 2023 (!)) qui, lors d’une de mes cent promenades avec lui, me posa vingt questions. « Comment avez-vous traduit ceci ? comment avez-vous traduit cela ? »
    Roumain, devenu écrivain français, il était marié à une agrégée d’anglais, Simone Boué, et… connaissait le texte… allemand de notre livre presque presque par coeur.
    Je pourrais en dire plus mais je m’arrête là pour aujourd’hui.

  16. Avec le talent on fait ce qu’on veut, avec le génie on fait ce qu’on peut disait Ingres. Je fais ce que je peux pour commenter votre billet cher hôte, qui parle peut-être de notre génie caché. Notre chaos intérieur qui parfois nous pousse à l’aventure, au dépassement non calculé de nos capacités, aussitôt contredit par notre talentueuse raison qui nous incite à enfiler le harnais du devoir, de la contrainte.
    Est-il possible d’être raisonnablement génial ?

  17. Claude Luçon

    « Pour tous ceux qui font de mon blog un forum désordonné à leur disposition, en me privant des réflexions que j’attends à la suite de mes billets, j’ose espérer que cette fulgurance d’un génie qui de plus en plus est accordé avec le désordre et l’imprévisibilité de notre monde sera au moins l’occasion d’analyses ciblées. » (PB)
    Mais n’est-ce pas ce qui se passe ici ?
    Pour les fidèles de ce blog, et nous sommes nombreux, le texte du jour déclenche une réaction imprévue venue de son chaos personnel d’où sort, parfois, une étoile qui danse.
    Car j’y reviens,
    « Au commencement était le chaos et le chaos s’est métamorphosé, s’est fait étoile, est devenu danse. » (PB) et à cela, athée, je crois, étant fondamentalement évolutionniste.
    Il suffit parfois d’une phrase, d’un mot, surtout d’une remarque anodine de Philippe pour venir troubler le chaos de chacun d’entre nous et, il faut l’admettre, une pensée de l’un en choque un autre qui nous embarque dans une autre danse !
    La suite des idées soumises à Philippe peut prendre une forme inattendue, mais conséquence parfois prévisible, le chaos d’un littéraire provoque souvent le chaos d’un scientifique, deux chaos fondamentalement différents..
    Ce blog est incontestablement à Philippe mais il est aussi à nous car ce sont tous nos chaos qui s’étalent ici.
    Ou ce blog est-il réservé aux littéraires ? Je ne le crois pas !
    Dans un billet récent « Un couple infernal : l’avocat et son client… » c’est une remarque bien d’actualité de sbriglia qui a déclenché une remarque de ma part, le couple infernal ne se limite pas seulement à la justice surtout quand on ignore totalement qui sont les acteurs. Quand la justice vous est inconnue, c’est au fond de mon chaos que m’a été rappelée une situation où j’étais l’avocat et un collègue le client, il ne s’agissait pas de légal mais de financier !
    Puis une idée en a poussé une autre et notre chaos a fait le reste.
    Sur la sévérité du chaos de notre magistrat vient se brancher notre chaos, c’est parfois désagréable mais ce peut être amusant ou curieux ! Désagréable aussi bien sûr !
    Certes il faut chercher à savoir pourquoi ces déviations de la pensée car c’est génétique, dans notre ADN. « Au commencement était le chaos »…
    Si nous restons fidèles à ce blog c’est aussi parce qu’il nous laisse la liberté de donner cours à notre chaos.
    Pourquoi, grâce au billet du jour, un de nous n’évoluerait-il pas dans un autre monde, du palais de Justice à un site pétrolier au milieu du Sahara il y a une conception différente, très différente, des relations entre humains.
    Entre un dirigeant et son collègue qui a commis une immense conn… bêtise mettant en danger la vie d’autres en ne respectant pas les lois élémentaires de sécurité, le choix est de savoir si on lui passe un sérieux savon ou si on lui dit de rentrer chez lui et d’y rester, ce qui peut donner une situation pour le moins tendue et un rapport du genre avocat et client ! Pas dans un tribunal, en plein désert !
    Pourquoi ne pas laisser, comme vous le faites heureusement, une place à son expérience dans la suite de votre billet ?
    On lit le vôtre puis on choisit qui nous offre une déviation intéressante, ou même parfois de vieux routiers qui se retrouvent, sur Justice au Singulier, le blog devient salon, ou même saloon !
    Pourquoi pas ?
    Sous-entendu bien sûr que le tout soit courtois !

  18. Certains voient des choses que tout le monde ne voit pas !
    Emergeant du chaos ou de la gangue, il y a quelque chose de sacré qui brûle en nombre d’éléments qui nous entourent.
    Et même si la distance entre la terre, le ciel et les milliards d’étoiles qui peuplent l’univers nous paraît infinie, simples mortels, nous aspirons parfois à franchir cet obstacle qu’une musique, un chant ou un poème inspiré vont nous faire entrevoir, miraculeusement, l’espace d’un court instant de grâce et de communion partagées avec l’Invisible.
    https://youtu.be/TQ_Ktz73WMY

  19. Je désirais trouver un éclairage sur l’opposition entre chaos et désordre, j’ai donc fait une petite recherche dans la mythologie grecque sur le « chaos », et aussi sur le « cosmos », car FN y fait allusion avec son idée de danse des étoiles. Une chorégraphie d’ailleurs dans ce cas, plutôt qu’une danse.
    Le chaos est un vide. Il est béant et informe. Le mot grec « chaos » signifie : « vide, abysse ». Il est de la même famille que les verbes « Chasko » et « Chaino », qui veulent dire « béer », et dont la racine indo-européenne a donné « yawn » en anglais (bailler). Il a aussi le sens d’espace sans limites et de ténèbres. S’il est désordonné ce n’est pas par désordre, mais par absence d’ordre.
    Le dieu Chaos, en s’unissant à Érèbe (Les Ténèbres), a donné naissance à la Nuit, voûte étoilée et protectrice, qui elle-même en s’unissant à Chronos, a donné naissance à Hémèra, la lumière du jour. On est passé du Chaos au Cosmos, un univers complexe, en ordre, et régi par des lois. On est passé des ténèbres à la nuit, et on est passé de la nuit à la lumière du jour.
    Le verbe kosmein signifie « disposer, préparer, établir », et aussi « orner » (d’où le sens du mot « cosmétique »). Le mot « Kosmos » en grec moderne signifie : « ordre, bon ordre, arrangement ordonné ». Il désigne aussi le monde, l’univers.
    Conclusion – provisoire – de ma petite recherche : avoir du chaos en soi, oui mais au sens de vide.

  20. @ Lucile | 25 février 2023 à 14:29
    Petit avis personnel qui n’engage que moi, évidemment.
    Il ne faut pas confondre le chaos et le néant. Le néant n’est rien alors que le chaos est un monde inorganisé au départ qui avec le temps, beaucoup de temps, a évolué, s’est structuré en obéissant aux lois universelles, pour, in fine, se constituer en un monde organisé avec ses propres lois.
    L’univers vient du chaos, le big-bang, qui a généré des galaxies, des étoiles, des planètes. Notre système solaire, avec ses planètes et donc notre bonne vieille Terre, est sorti du chaos (et non du néant) et fait partie intégrante de cette évolution, puis sur Terre des conditions particulières ont permis à la vie végétale, animale d’apparaître. Enfin est venue l’humanité qui a continué son évolution pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui et qui continue sa progression. Jusqu’où ira-t-elle ? Nos descendants le sauront peut-être, mais pas nous…

  21. @ sylvain
    « Vous vous êtes isolé par peur du ridicule honteux de vos moratoires loupés fiascos, je vous comprends ; si vous désirez, je peux vous accompagner et prodiguer mes conseils pour vous sortir de ce marasme mental, ne me remerciez pas c’est de bon coeur. »
    Non. Je ne me suis pas isolé par « peur du ridicule honteux » de mes « moratoires loupés fiascos ».
    Rappelons quelques évidences:
    1. Les moratoires contre la lapidation des femmes adultères et contre les vols planés d’homosexuels sans parachute, c’est une Bonne Chose.™ Car ce n’est pas une chose du passé.
    2. Tant que les pays musulmans ne voudront pas lâcher la Loi de Dieu comme source fondamentale du droit, la seule solution, c’est le pilpoul théologico-juridique comme des moratoires. Ou la Guerre contre Dieu (en leurs termes) pour imposer la démocratie. La même que vous conchiez au nom de votre tribalisme théocratophile. Car vous n’êtes pas, en soi, bien différent des talibans.
    3. Des mouvements de réforme légale au sein même d’une religion ont réussi par le passé. Il suffit de prendre l’épisode connu sous le nom de Haskalah dans le monde juif pour s’en convaincre. Et de le répliquer. Ce que tente de faire mon copain Ben Salmane, qui a engagé une réforme visant à expulser 80 % des hadiths de la législation saoudienne. Comme quoi, non, l’approche que je prône est non seulement possible, mais a été appliquée dans le passé, et est en phase d’application en ce moment même. Pendant que vous ne faites que beugler.
    Pour vous répondre au sujet de la solitude:
    J’aime la solitude. J’ai un tempérament assez intellectuel, et l’activité contemplative ou méditative non seulement ne m’effraie pas, mais je la juge utile. Vous devriez essayer, aussi. Cela pourrait vous faire du bien.
    Cela étant, Monsieur Bilger a, dans ce billet, effectué un subtil rappel comme quoi il apprécierait que les commentaires restent, si possible, ciblés sur le sujet du billet. Il est donc temps de vous faire remarquer que votre propos idiot n’a vocation qu’à rajouter du Chaos. Je le juge donc malvenu, car il contribue à dévier la conversation, et ainsi à pourrir les commentaires. Il n’apporte en effet absolument rien: nous avons fait le tour du sujet de la lapidation et du moratoire à de multiples reprises, et vous n’avez rien apporté de constructif à cette discussion.
    Je vous rappelle que le commandement divin qu’il s’agit ici d’abolir se trouve dans Deutéronome 22:23-24. Et qu’en conséquence, les musulmans les plus bruts de fonderie réclament que vous, en tant que bon chrétien, commenciez, enfin, à appliquer la Loi de Dieu et à lapider vos femmes. Tant que vous ne le faites pas, vous serez un mauvais chrétien, incohérent dans votre respect de la Loi de Dieu, et en porte-à-faux avec la religion que vous affirmez défendre en réclamant à outrance la persécution organisée des basanés.
    Et, entre nous, je partage, sur ce point circonscrit, le point de vue de ces théocrates musulmans: je ne reconnais pas grand-chose de chrétien chez les gens qui se réclament de nos jours du christianisme. Ces théocrates musulmans vous rappellent, à juste titre, que vous êtes incohérent, et que votre défense de la religion n’est, au fond, que du pipeau. Que vous n’êtes qu’un joueur de bonneteau.
    Eux, au moins, ils ont le mérite d’être cohérents. Pas vous.

  22. @ Achille | 25 février 2023 à 16:26
    D’accord avec vous pour ne pas confondre le vide et le néant. Pour les Grecs, le chaos est un lieu (et un Dieu).
    Dans la mythologie grecque comme dans vos propos, le passage de l’inordonné à l’ordonné se fait dans un sens seulement, celui du progrès. Vous employez le mot « progression ». La question qu’on peut se poser et que pose le texte de Philippe Bilger : ce passage du Chaos au Cosmos peut-il se faire dans le sens inverse ? Pouvons-nous faire des allers et retours entre le Chaos et le Cosmos ?
    Pour en revenir à vos remarques sur l’évolution du monde, je laisserai maintenant de côté la discussion sur la théorie évolutionniste. Admettons-là. Il reste malgré tout pour les modernes que nous sommes, une interrogation désagréable : jusqu’à quand une société humaine avec une technologie de plus en plus développée pourra-elle survivre ? À force de les maîtriser, sommes-nous encore adaptés aux lois de l’Univers ?

  23. @ F68.10 | 25 février 2023 à 17:46
    Bingo ! J’étais passé juste pour vous dénicher, gagné ! Je n’ai pas lu vos élucubrations hallucinogènes, trop longues, merci quand même d’avoir répondu, à bientôt cher F68 j’ai gagné mon pari, bonne soirée.

  24. @ Lucile | 25 février 2023 à 18:25
    « Jusqu’à quand une société humaine avec une technologie de plus en plus développée pourra-elle survivre ? À force de les maîtriser, sommes-nous encore adaptés aux lois de l’Univers ? »
    L’évolution technologique se fait à une vitesse folle, surtout avec l’apparition du numérique qui a complètement révolutionné nos conditions de vie, tant sur le plan professionnel que privé.
    Aussi tout laisse à penser que les générations à venir auront de plus en plus de mal à suivre cette évolution. Je connais certains seniors qui ont bien du mal à communiquer via l’informatique avec les diverses administrations (impôts, banque, assurance maladie, caisse de retraite, etc.) et ces modalités se généralisent dans tous les domaines.
    En fait, plus que les lois de l’Univers qui sont bien connues et finalisées, ce sont surtout les modalités administratives de plus en plus informatisées de notre société qui posent un problème d’adaptation.

  25. @ Exilé
    Voilà me semble-t-il ce qu’aurait voulu démontrer FN quand il annonce la mort de Dieu, à laquelle va succéder la mainmise d’un Etat tout-puissant, faisant figure de nouvelle idole tenant son pouvoir d’un présumé peuple souverain qu’en réalité ledit Etat manipule à longueur de temps et auquel il ment sans vergogne :
    « L’institution de pouvoir a profité de la « mort » de Dieu et de la « fatigue » des hommes pour le remplacer. Le statut de nouvelle idole de l’État repose plus précisément sur l’origine qu’il revendique : il affirme provenir du peuple, en être l’émanation, ce qui garantirait qu’il défend bien ses intérêts. Or, il s’agit là d’un mensonge » (…)
    « L’État ment, dénonce Nietzsche, dans toutes ses langues du bien et du mal ; et, dans tout ce qu’il dit, il ment – et tout ce qu’il a, il l’a volé. Tout en lui est faux ; il mord avec des dents volées, le hargneux. Même ses entrailles sont falsifiées » (Ainsi parlait Zarathoustra)

  26. @ Patrice Charoulet | 25 février 2023 à 11:01
    Si une bonne traduction est advenue, qu’importe qu’elle ne soit pas la vôtre ? Par contre, vous seul pouvez raconter vos conversations avec Cioran.
    Je suppose que bien des lecteurs de Cioran ne manqueraient pas de consulter votre livre d’entretien.
    Qui sait, vous avez peut-être commencé sans persévérer ? Au cas où vous désireriez continuer, je vous souhaite bon courage ainsi que d’arriver à bon port. Votre début de traduction deviendrait, rétrospectivement, un exercice contribuant à l’achèvement de votre ouvrage.
    Qu’ils vous encouragent ou non, je pense que notre hôte et bien des commentateurs vous souhaitent cet accomplissement.

  27. Chaos macronien :
    Il faut reconnaître que notre Macronéron est un très fin tacticien en création de chaos.
    Ce n’est plus Moi ou le Chaos en accusant le RN mais Moi ET le Chaos !
    Chaos qui restera dans l’histoire de son quinquennat comme sa plus brillante réussite, un crime d’Etat contre son peuple, bien programmé que le monde entier ne nous envie pas.
    D’ailleurs ce slogan devrait figurer sur le fronton de l’Elysée : 
    « Moi et le Chaos »

  28. @ sylvain
    « Bingo ! J’étais passé juste pour vous dénicher, gagné ! Je n’ai pas lu vos élucubrations hallucinogènes, trop longues, merci quand même d’avoir répondu, à bientôt cher F68 j’ai gagné mon pari, bonne soirée. »
    Oui. Vous me dénicherez. Pas de souci.
    Maintenant, évitez simplement de le faire sur le billet même où notre hôte tente de cadrer un peu ses différents commentateurs, hein…

  29. Le Grand Chaos islamiste.
    Obstinément, les Français se sont employés à faire entrer des millions de barbares dans l’un des plus beaux pays qui fut.
    Le temps est maintenant venu de la récolte, des conséquences, et de l’inéluctable : l’avenir de la France, c’est la barbarie.
     
    La terreur intellectuelle règne en France mais comme acte de résistance nous n’avons que les moratoires des lâches à lui opposer.

  30. @ sylvain
    « La terreur intellectuelle règne en France mais comme acte de résistance nous n’avons que les moratoires des lâches à lui opposer. »
    Vos manières consistant à pratiquer une forme infantile de provocation en mentionnant le mot « moratoire » à tout bout de champ sont des manières de lâche.

  31. Faut-il avoir du chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse ?
    Au fond c’est tout le processus de création que pose FN.
    Si la créativité est un processus naturel et elle l’est, alors elle suit le même chemin que tout processus de création dans la nature.
    Ce qui sort brutalement de l’informe donne de l’informe. C’est le processus de l’éruption du volcan, et la lave est stérile dans un premier temps.
    La formulation de FN est brutale, elle saute implicitement une étape importante qui est le processus de maturation ou d’incubation.
    Aucune plante, aucun arbre, aucun vivant ne jaillit brutalement de l’informe et du désordre.
    Il y a toujours le processus d’incubation, de maturation qui produit la création avec une lenteur modulée en fonction de ce qu’elle doit être.
    Ce processus est présent quelle que soit la nature de la création, mais il se manifeste de façon différente.
    Il est l’intermédiaire indispensable entre le chaos, le bouillonnement des idées qui demandent à s’exprimer, car les idées sont obstinées elles dépassent le porteur, et leur réalisation concrète.
    Ce temps d’incubation est vécu de façon différente suivant les domaines de création, il n’est pas le même pour un artiste ou pour un scientifique.
    Pour l’artiste, il se manifeste le plus souvent par approximations successives, à en juger par l’évolution des oeuvres des plus grands.
    Picasso n’a pas été directement le peintre cubiste révolutionnant la peinture, il a été un grand peintre classique, ses périodes bleues et roses ont précédées la période cubiste.
    Pour les scientifiques, il semble que ce processus de maturation soit plus lent, plus intériorisé, et qu’il prend fin plus spontanément lorsque l’idée jaillit.
    Tout se passe, pour tenter une comparaison un peu hardie avec l’informatique, comme si une partie du cerveau travaillait en arrière-plan de l’activité normale du scientifique, la découverte jaillissant souvent en dehors des moments de réflexion « normale « qui constituent le terreau indispensable.
    Il y a de nombreux exemples bien connus.
    La formulation de la structure du benzène est le résultat d’un rêve qui a inspiré le chimiste Kekulé, c’est du moins ce qu’il a dit.
    Archimède a découvert son fameux principe dans sa baignoire. Les autres et nombreuses découvertes mathématiques qu’il fit, ont été obtenues en situation de recherche normale.
    Je le précise parce que je ne voudrais pas qu’on s’imagine que toutes les découvertes relèvent d’une spontanéité aussi exotique, après un temps de maturation.
    Ce travail d’arrière-plan du cerveau explique pourquoi Newton regardant tomber une pomme de son arbre, comprend enfin qu’une force attire la pomme vers la terre, c’est la loi de la gravitation. Il l’extrapole à la force qui agit sur la lune.
    Pour d’autres découvertes scientifiques, ce temps d’incubation est intégré dans le temps de travail, il est moins visible par nature même, mais il existe toujours.
    Nietzsche qui débordait d’énergie vitale n’a peut-être pas donné à ce temps, que l’on peut qualifier de temps intérieur, l’importance qu’il aurait dû lui donner. Cela arrive parfois chez de grands créateurs qui sont dévorés par leur création.
    Je m’aventure beaucoup en disant que c’est peut-être une des origines de sa folie, mais il me semble que l’absence de maturation d’une pensée aussi élevée que celle de Nietzsche a dû être un des éléments de sa déstabilisation.

  32. @ Achille | 25 février 2023 à 20:03
    Si ce n’était que ça.
    Je pensais surtout aux armes de destruction massive et au big bang dont nous avons les moyens.
    Aux virus cultivés dans certains laboratoires. À la baisse de la fécondité. Etc.

  33. Le Parnassien José-Maria de Heredia a traité ce sujet du chaos d’où émerge une étoile.
    Heredia a vécu de 1842 à 1905, Nietzsche de 1844 à 1900, ils sont donc contemporains, ils auraient pu se faire des bisous à Sedan.
    Le poème s’appelle: ”La naissance d’Aphrodite”.
    Avant tout, le Chaos enveloppait les mondes
    Où roulaient sans mesure et l’Espace et le Temps ;
    Puis Gaïa, favorable à ses fils les Titans,
    Leur prêta son grand sein aux mamelles fécondes.
    Ils tombèrent. Le Styx les couvrit de ses ondes.
    Et jamais, sous l’éther foudroyé, le Printemps
    N’avait fait resplendir les soleils éclatants,
    Ni l’Eté généreux mûri les moissons blondes.
    Farouches, ignorant des rires et des jeux,
    Les Immortels siégeaient sur l’Olympe neigeux.
    Mais le ciel fit pleuvoir la virile rosée ;
    L’Océan s’entr’ouvrit, et dans sa nudité
    Radieuse, émergeant de l’écume embrasée,
    Dans le sang d’Ouranos fleurit Aphrodite.

  34. « J’ai ressenti le bonheur trouble de laisser s’agiter en moi les forces obscures et les lumières limpides » (PB)
    C’est tout ?
    C’est un peu court, jeune homme !…
    On pouvait dire…oh ! Dieu !… bien des choses en somme…
    Cruel : Moi, avocat général, j’aurais bien aimé conduire certains de mes confrères au pied de l’échafaud.
    Lucide : J’ai détesté cet avocat qui a ridiculisé mon réquisitoire…
    Désabusé : J’en ai assez de faire le clown chez Pascal Praud… mais il faut bien s’occuper…
    Humain, trop humain : Pourquoi ai-je baissé la peine réclamée après la visite de l’avocate du prévenu à mon bureau ?
    Consterné : Personne ne va donc écrire que faire de Nietzsche son maître à penser après trente ans, c’est aussi stupide que de déclamer du Rainer Maria Rilke au-delà de ses dix-huit ans ?
    Dépressif : Mais pourquoi donner de la confiture chaque jour à ces c… ?

  35. « L’univers vient du chaos » est la phrase la plus stupide que j’aie jamais entendue. Car le chaos – abstraction – est dans l’Univers comme le plus infime des cirons qui s’essaye à poursuivre son « existence », les exemples ici ne manquent pas.
    L’univers vient d’une Intelligence absolue – concept qui ne se peut concevoir – qui se manifesta dans un moment sans temps et dans un lieu sans espace car le temps ni l’espace n’existaient auparavant.
    Cette Intelligence, certains dont je suis l’appellent Dieu et cela ne me gêne nullement, et pour tout dire m’indiffère, que d’autres l’appellent autrement comme hasard, ou néant, ou rien, ou même Grand Architecte de l’Univers c’est à dire Big Bang… une appellation qui me plaît particulièrement et qui me rassure car elle provient d’un Chanoine de l’Université catholique de Louvain, le physicien Georges Lemaître dont le nom est associé à celui de Planck… pour l’éternité… !

  36. Est-il possible d’être raisonnablement génial, se demande Jérôme, relevant que notre liberté est notre capacité à en définir les contraintes, comme Nietzsche remarquait qu’il n’y avait aucune différence quant au martyr entre Dionysos et le crucifié, que le chaos de l’un offrait à l’autre la toute-puissance de sa genèse divine, occultant l’étoile adorable de son innocence, révélant néanmoins que dans la passion dionysiaque comme dans la passion de Jésus, c’est la même violence collective qui opère, seule l’interprétation est différente.
    Là est le fil où tous nous dansons comme le funambule de Maxime Dalle.
    Loin de relever d’un préjugé en faveur des faibles contre les forts, la prise de position évangélique, c’est la résistance héroïque à la contagion violente, c’est la clairvoyance d’une petite minorité qui ose s’opposer au grégarisme monstrueux du lynchage dionysiaque.
    La vraie force et la vraie toute-puissance transmute le fondement victimaire de toute institution en la prise de conscience du phénomène que nous devons à Nietzsche, comme nous lui devons aussi son refus délirant qui mena aux pires désastres du XXe siècle.
    Pour éluder sa propre découverte et pour défendre la violence mythologique, il dut alors justifier le sacrifice humain avant de voir cette contradiction fondamentale briser son esprit, pensant que l’étoile qui danse ne pouvait venir que de lui-même, funeste interprétation qui l’entraîna au chaos des retours dionysiens, plutôt que de reconnaître que la morale des esclaves qu’il fustigeait n’était que la lumière de l’étoile véritable à même de nous en libérer, nous permettant alors de danser follement sur le fil de notre réalité pleinement éclairée.

  37. Xavier NEBOUT

    Merci pour la prise de tête…
    À la mesure de mes facultés intellectuelles, il s’agirait de faire abstraction de notre perception du monde où se déroule temps (selon Hésiode celui de Chronos), non pas pour le quitter et aller à l’Esprit (celui de Kronos) – le lieu de l’unité temporelle, mais de trouver la source de notre vie – le fond de notre instinct vital, voire le jacent au fond de ce dernier, et de là, laisser jaillir la lumière pure dans la raison d’un moment.
    Là où un autre a dit: « Je suis là, au monde, et je regarde mon être », il s’agit ici de regarder la source vitale de son existence pour trouver la clairvoyance sur sa conscience, et pouvoir ainsi y discerner le trésor caché.
    Et, moi, l’emmerdeur, je dis: « cherchez l’erreur ».
    Il fut un temps où ceux qui n’avaient pas eu une expérience mystique ou « initiation » au sens archaïque, une sortie du corps pour le dire en deux mots, n’étaient pas autorisés à se dire professeur de philosophie. Consacrer sa vie à le nier en faisant fi de toutes les spiritualités, conduit à péter un câble et finalement tout le système.
    Le mot « âme » est la racine de « animer », c’est à dire de la vie. Or, l’âme est indépendante du corps puisque pouvant s’en détacher. Plus exactement, c’est de cette faculté de détachement laissant le corps inanimé dont aura été déduite la notion d’âme.
    Cependant, l’âme est chargée de la mémoire de son stade animal, tel est son poids. Après une vie de prière – tournée vers l’Esprit, elle s’élève vers le détachement du monde terrestre, alors qu’après une vie de fautes contre elle-même, elle s’enfonce dans la terre.
    Mais là, vais-je me prendre une bulle pour  » hors sujet » ?
    Pas si vite !
    Il s’agit maintenant de savoir en quoi l’introspection existentielle tendant à la source de son instinct vital, diverge de la voie spirituelle de la libération de l’âme.
    Et là, il s’agit d’une simple question de volonté se traduisant par le vocabulaire de sa pensée. Avec l’un la lumière s’appelle « Lucifer », avec l’autre « papa », le mot d’amour filial qui conduit à Dieu.
    En Inde on vénère Vac pour ne pas se tromper.

  38. @ Bill Noir
    « L’univers vient d’une Intelligence absolue. »
    Nous n’en avons aucune preuve. Et nous avons même la preuve par l’évolution des espèces par sélection naturelle que l’ordre peut provenir d’un seul mécanisme de sélection sans intelligence préalable.
    Dans une veine nettement plus chrétienne, vous pouvez aussi trouver des écrits qui accordent au Chaos un rôle primordial. Dans les textes de Jacob Böhme (1575 – 1624) par exemple.

  39. Pas besoin de disserter sur le chaos et en faire un concours casting de pédants illuminés qui savent tout et toujours plus que tout le monde.
    Les « Zérudis des grandes nécoles », ces précieuses ridicules qui polluent les médias et ne savent faire que des moratoires yakafoquonistes BHListes F68istes débiles, complices du poudré gominé, les gens s’en tamponnent, le chaos ils le vivent au quotidien, au local, à domicile ; ils savent que leurs agresseurs bénéficieront d’une impunité totale et que les victimes seront poursuivies si elles osent se défendre et blessent un de leurs bourreaux.
    Nous subissons déjà les crimes, entrés dans les moeurs, des envahisseurs arabo-africains islamistes sur tout le territoire, agressions, vols, viols, coups de couteau, une insécurité record, le peuple collabore à sa propre destruction, du pain bénit pour la macronie nupes aux ordres de Bruxelles.
    Dans toutes les villes, communes, villages, un nouveau phénomène se répand comme une traînée de poudre : la sauvagerie des bandes organisées qui sévissent surtout de nuit : cambriolages, effractions violentes, saccages de locaux commerciaux, de zones industrielles, de magasins, maisons, immeubles, salles des fêtes, plus rien ni personne n’est à l’abri : de plus en plus de fournils de boulangeries connaissent de véritables « Orange mécanique » nocturnes pendant que le personnel y travaille, ces criminels frappent les ouvriers terrorisés, les torturent, les menacent de représailles sur leurs proches et leurs enfants dont ils connaissent l’adresse ; beaucoup n’ont plus le courage de continuer leur métier et ferment leur boutique.
    Omerta des merdias aux ordres, silence, RAS !
    Bravo Schengen, porte ouverte pour les criminels arabo-africains islamistes et si d’aventure elles étaient verrouillées, ils les fractureraient avec la bénédiction de la gauche collabo macronienne nupes.
    Mais nos grands cerveaux liposucés ont trouvé la parade indiscutable pour expliquer ce climat de haine absolue et de crimes à grande échelle :
    « Cézemmour, célépen, ben voyons ! »
    Le LOL du billet : « Il faut avoir du chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse » cité par Maxime Dalle dans L’Étoile dansante !! On y pige queue Dalle et on s’en fiche ! Soirée bien arrosée et cocaïnée ? Voilà un exemple parfait de ces formules littéraires alambiquées chaotiques surgies de cerveaux en putréfaction ; des étoiles ? des asticots plutôt.

  40. Xavier NEBOUT

    @ Bill Noir
    @ F68.10
    D’une part, avant le temps, il n’y a pas d’avant.
    D’autre part, le Big Bang est un effet, pas une cause.
    Si la cause est hors du temps, elle peut aussi bien se situer dans notre passé que dans notre avenir.
    Or, dans un univers en expansion infinie, la vitesse de cette expansion tend à dépasser la vitesse de la lumière, et donc à rejoindre la cause…

  41. Cher Philippe Bilger,
    Voilà un billet dominical qui vaut son pesant d’or. Nul doute que du côté de Röcken, l’auteur du Gai Savoir doit sourire d’aise dans sa tombe (miraculeusement préservée des pelleteuses) en lisant la remarquable exégèse que vous faites de sa pensée.
    Si le K.O. nous fait entrevoir les étoiles, il nous faut accepter de passer par bien des cahots de la pensée pour permettre à l’étoile lumineuse qui sommeille en nous de sublimer le chaos et ennoblir notre esprit.
    Une condition est néanmoins nécessaire pour rendre possible cette transsubstantiation : que l’école ait accompli son œuvre culturelle et émancipatrice, en nous dotant des outils indispensables pour élever notre esprit vers des idéaux qui nous dépassent.
    Depuis un demi-siècle, ce n’est plus le cas. Ne pas s’étonner alors que ce chemin de lumière ne conduise, cahin-caha, les nouvelles générations qu’au stade balbutiant du cahot de l’esprit.
    P.-S.: une étoile, c’est déjà beaucoup. Mais deux, c’est déjà trop : votre billet s’est multiplié par deux, comme par enchantement !

  42. Patrice Charoulet

    @ Exilé 25 fév.18h14
    Vous avez écrit :
    « Dieu est mort ». Signé Nietzsche.
    « Nietzsche est mort ». Signé Dieu.
    La prétendue réponse amusante à ces mots de Nietzsche est bien connue. Cela ne me fait pas vraiment sourire. Je pourrais répondre, ce qui ne serait pas plus drôle : « Nietzsche a existé. Dieu ne pouvait rien signer car il n’existe pas ».
    Je préfère vous faire observer que beaucoup de chrétiens, dans leurs prières mêmes, n’ont pas des idées très claires concernant « Dieu », si j’ose dire. Certains pensent vraiment à Dieu, celui qui aurait créé plusieurs milliards de galaxies (chapeau, l’artiste !), et d’autres à Jésus.
    Or, à mes yeux, Jésus, né de Marie et d’un charpentier, qui avait des yeux, un nez, une bouche, un foie, des reins, est né, a vécu et a été crucifié, comme Spartacus et des milliers d’autres. Il n’y avait ni guillotine, ni chaise électrique. Il est mort. Comme tous les hommes. Mort et enterré. Si l’affirmation de Nietzsche est « Jésus (pris pour Dieu par les chrétiens) est mort », eh bien oui. C’est aussi clair et… sans intérêt que de dire : l’eau mouille, le feu brûle ou la Terre est ronde.
    De toutes les phrases de Nietzsche, que je suis très loin de vénérer, c’est une des moins intéressantes.
    Je conçois que cela ait fait tiquer ou s’indigner les chrétiens – vous êtes du nombre manifestement – et c’est votre droit le plus strict.
    Moi, quand je lis ça, ma réaction est : Bof !

  43. Julien WEINZAEPFLEN

    Est-ce que le chaos peut accoucher d’une étoile ? Je ne sais pas, je n’en suis pas là. Mais moi qui passe souvent par des phases chaotiques, je demande simplement au chaos de n’être pas le dernier mot d’une histoire ou d’une relation. Et pour ce faire, vous donnez un excellent conseil: refuser que l’abandon à soi ne devienne un abandon de soi.
    Mais le chaos peut accoucher d’une étoile si on se projette dans la transcendance de l’action et qu’on se dépasse pour non seulement ne pas saper le travail, mais mettre toutes ses forces à faire du beau travail par amour de l’art et pour l’amour du travail.
    L’artiste est souvent un être chaotique, car plongé dans les affres de la création. Il sublime son chaos quand il donne ce qu’il n’a pas. Et peut-être y a-t-il là une image de la rédemption: le Christ remet les péchés en faisant que le pécheur passe avec Lui au-dessus de ses péchés pour n’en continuer pas moins de créer et faire effort pour créer du beau. Il y a souvent un diamant dans la boue.

  44. Xavier NEBOUT

    @ Patrice Charoulet
    Dieu tri-unité, existe par le Fils, qui ayant rejoint le père créateur dans l’Esprit, crée le monde de toute éternité.

  45. @ Patrice Charoulet
    Si nous élargissons un peu la citation, nous pouvons lire :
    « Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c’est nous qui l’avons tué ! »
    L’eau mouille, le feu brûle ou la Terre est ronde, les humains tuent.
    Bof ?

  46. hameau dans les nuages

    « Pour tous ceux qui font de mon blog un forum désordonné à leur disposition, en me privant des réflexions que j’attends à la suite de mes billets, j’ose espérer que cette fulgurance d’un génie qui de plus en plus est accordé avec le désordre et l’imprévisibilité de notre monde sera au moins l’occasion d’analyses ciblées. »
    Je suppute que je fais partie de ceux-là et là bien humblement j’avoue que je sèche.
    Ou alors suite à ce passage :
    « Il est temps que l’homme se fixe à lui-même son but. Il est temps que l’homme plante le germe de sa plus haute espérance. Maintenant son sol est encore assez riche. »
    Ce que je pourrais traduire modestement en étant agriculteur par : Jeter son blé à l’espérance soit 20 jours avant la naissance du Christ.
    Alors que sylvain parle avec raison des semeurs de mer*de.
    Notation de mon professeur de philo : »Style décousu, hors sujet, 2/20 pour l’encre ».

  47. Chacun vit au sein de son chaos personnel, qui se modifie au fil de l’existence, de ses rencontres, de ses émotions, des hasards de la vie. Le chaos personnel est intime, ne se dévoile que partiellement à l’autre, se cache dans le secret de l’âme.
    Certains se contenteront de vivre en acceptant de le subir, de l’âge de raison au cercueil, moutons de Panurge dans un univers qui les domine. D’autres tenteront de l’apprivoiser en utilisant le plus bel instrument de recherche dont il dispose, l’intelligence, qui se développe en se nourrissant de ses succès, de ses échecs aussi.
    Ceux-là, qui veulent donner du sens à leur vie si courte par rapport au Temps, ordonner leur chaos, tracent un chemin dans un labyrinthe sans cesse en mouvement, s’obligent à se frayer un étroit passage vers leur vérité, elle aussi personnelle et, confrontée à celle des autres et aux réalités mouvantes du monde, forcément éphémères.
    L’entreprise est titanesque, le chantier toujours à reconstruire tant le chaos, qui s’adjoint sournoisement l’aide de la mémoire, sait élever des obstacles qui retardent, empêchent, découragent.
    Seuls les plus persévérants et les mieux armés par la pratique quotidienne de leurs dons innés et de leurs savoirs acquis, ceux rompus à l’exercice de leur sens critique, parviennent à s’approcher de leur objectif, cette « étoile qui danse », cet instant où l’on est en droit de se dire que sa vie est réussie, que l’on regagnera le néant sans regret. Satisfaction elle aussi toute personnelle… et, pour les croyants, éternelle.
    Cette « étoile qui danse », réservée à son usage personnel ou accessible à d’autres, à la multitude parfois, est multiforme. Pour l’un, elle sera le constat d’une vie familiale sereine, pour l’autre la reconnaissance populaire d’un talent exceptionnel, un troisième la découvrira dans le pouvoir qu’il exerce ou, au contraire, dans la solitude choisie comme axe de vie. Mieux vaut bien sûr qu’elle s’incarne dans le camp du Bien, même si, dans son for intérieur, le pire criminel, organisant son chaos pour atteindre celui du Mal, peut prétendre l’avoir trouvée et même exhibée sous sa forme la plus abjecte aux yeux de la société.
    À chacun son ambition, à chacun son bonheur…
    À chacun, à chaque individu, de choisir son parcours, de hiérarchiser ses projets de vie, de retenir dans ses idées contradictoires, ses fulgurances opposées, celles qui lui semblent les plus justes, les plus à même de construire le destin qu’il souhaite. À chacun d’oublier celles qui lui paraissent, au contraire, ajouter du chaos à son chaos, de refuser ou d’accepter les recommandions des clercs, de prendre en compte ou non le regard des autres…
    Finalement, chacun possède une vie, une seule vie. Chacun est libre de son destin, de patauger dans le conformisme ou de s’organiser pour, au moins, tenter ou se donner l’illusion de s’en extraire… Sans pourtant jamais oublier que sa liberté a pour limite celle des autres et, qu’il le veuille ou non, que l’homme est un animal social, qui ne peut se construire sans le soutien – ou l’animosité – de ses semblables.
    Bref, chacun d’entre nous, pour maîtriser son chaos, doit trouver une juste milieu entre le laisser-aller du capharnaüm et l’obsession de l’ordre… sans être sûr pourtant d’atteindre « l’étoile qui danse ».

  48. @ Patrice Charoulet | 26 février 2023 à 14:25
    Cher Patrice,
    « Mort et enterré. » 
    Parfaitement exact et historique.
    Mais ensuite ressuscité, historique aussi…
    Je vous remercie pour votre amusant petit cours d’apologétique, il me permettra peut-être même de faire mes prières du soir avec encore plus de recueillement que d’habitude.
    Merci et bonne nuit.

  49. Claude Luçon

    À la réflexion, pourquoi chaos ?
    Nietzsche n’était-il pas un libre penseur ?
    Quelqu’un qui pensait ne pas avoir besoin d’un Dieu, de religion ou de parti politique pour le guider ?
    Sa vie n’était-elle pas son problème ? À lui d’en résoudre les problèmes, même les souffrances, en les acceptant comme des défis, et les bonnes surprises comme un plaisir, organiser sa vie en se fixant ses propres règles et lois tout en respectant les autres…
    Pas de chaos, pas de fatalisme, pas d’optimisme béat, simplement affronter sa vie et en assumer la totalité sans chercher à être ou trouver une étoile, qu’elle danse ou pas !
    Vivre sa vie et la prendre comme sa propre responsabilité, combattre le pire et apprécier le meilleur ?
    En bref, vivre sa vie !

  50. @ Patrice Charoulet | 26 février 2023 à 14:25
    « Or, à mes yeux, Jésus, né de Marie et d’un charpentier, qui avait des yeux, un nez, une bouche, un foie, des reins, est né, a vécu et a été crucifié. »
    Va falloir revoir vos cours de catéchisme Patrice Charoulet. Jésus est certes né de Marie, mais Joseph n’était que son père adoptif. Elle l’a conçu tout en restant vierge. C’est d’ailleurs pour cela qu’on l’appelle « l’Immaculée Conception ».
    C’est un peu compliqué, mais Xavier NEBOUT vous expliquera mieux que moi. 🙂

  51. @ Tipaza | 25 février 2023 à 23:35
    C’est votre commentaire que j’ai préféré. Mais Nietzsche a parlé d’Apollon, d’équilibre, pas seulement de Dionysos et n’a pas toujours voulu sombrer dans la folie alors qu’il le souhaitait, à la fin.
    Pourquoi, à votre avis ?
    Oui, il y a le risque de folie, mais d’un autre côté, se modérer peut faire perdre l’inspiration aux créateurs, de même que les habitudes peuvent rendre la vie de bien des gens insipide.
    En somme, le mieux est de ne se laisser enfermer par rien, mais comment faire ? Dans la vie habituelle ou pour créer.
    Bien sûr, cela diffère pour chacun, mais comme vous avez fait un formidable commentaire, je vous demanderais de continuer en me donnant votre opinion sur ce problème.
    En somme, le mieux serait de parvenir à ne tomber ni dans le chaos, ni dans un ordre stérilisant.

  52. « Le chaos, soit, mais l’étoile ? » (PB)
    Dès que le temps me le permet je m’en vais poser cette question à la dernière coqueluche à la mode:
    https://openai.com/blog/chatgpt/
    Ne vous enquiquinez pas à traduire, posez directement la question en français… Mais @ Robert Marchenoir je suppose l’a sans doute déjà posée avant moi.

  53. @ Achille | 26 février 2023 à 21:26
    « Elle l’a conçu tout en restant vierge. C’est d’ailleurs pour cela qu’on l’appelle « l’Immaculée Conception ».
    C’est un peu compliqué, mais Xavier NEBOUT vous expliquera mieux que moi. 🙂 »
    Non.
    Le dogme de l’Immaculée Conception se rapporte à la seule conception de Marie et non à celle de son fils…
    Encore un toutologue qui bâillait en cours chez les Maristes…

  54. @ sylvain
    « Pas besoin de disserter sur le chaos et en faire un concours casting de pédants illuminés qui savent tout et toujours plus que tout le monde. Les « Zérudis des grandes nécoles », ces précieuses ridicules qui polluent les médias et ne savent faire que des moratoires yakafoquonistes BHListes F68istes débiles… »
    Ouais. Ben on sent tout de suite que ce n’est pas avec vous qu’on va péter l’atome.
    ————————————-
    @ Xavier NEBOUT
    « D’une part, avant le temps, il n’y a pas d’avant. D’autre part, le big bang est un effet, pas une cause. »
    Nous ne savons même pas s’il y a un instant zéro. Nous savons qu’il y a une phase d’inflation. Et des broutilles de plus, mais guère bien plus.
    À supposer que le « Big Bang », i.e. l’instant zéro, ait eut lieu, ce serait alors un phénomène, et son statut de « cause » ou d' »effet » serait en l’état indéterminé. Mais il n’y a aucune raison a priori que le Big Bang soit une cause initiale. Ni même que le concept de cause initiale fasse sens. Le statut du Big Bang fait actuellement l’objet d’une crise dans la discipline de la cosmologie.
    « Si la cause est hors du temps, elle peut aussi bien se situer dans notre passé que dans notre avenir. »
    La notion de causalité présuppose celle du temps, dans son acceptation commune. Si vous voulez parler de causalité sans notion de temps, il conviendrait que vous nous expliquiez ce que cela signifie avant d’aller plus avant.
    « Or, dans un univers en expansion infinie, la vitesse de cette expansion tend à dépasser la vitesse de la lumière, et donc à rejoindre la cause… »
    Non. Il n’y a pas de « vitesse » associée à l’expansion de l’univers.
    C’est comme si vous étaliez une pâte à tarte avec un rouleau à pâtisserie. Plus vous applatissez la pâte, plus elle devient large, plus elle s’étend. Mais le point sur la pâte que vous considérez, lui, reste fixe sur la pâte. Au même endroit. Il ne se déplace pas. Il n’y a pas de vitesse. Vous ne faites qu’étaler l’espace autour de ce point quand votre rouleau à pâtisserie passe dessus, mais le point, lui, ne bouge pas. Il y a juste une pâte qui s’étend. Pas plus.
    Si vous vous déplacez sur cette pâte à une vitesse fixe, il est mécanique que des points très distants s’éloignent de vous plus vite que vous ne pourriez jamais les rejoindre quand vous étalez la pâte. Mais les points de votre pâte restent fixes. Ils n’ont pas de vitesse. L’expansion de l’univers n’est pas une vitesse. Son unité de mesure est en effet en s⁻¹, alors qu’une vitesse se mesure en m.s⁻¹.
    Comme la vitesse de la lumière est fixe, les points les plus distants s’éloigneront d’autant plus vite qu’ils sont distants, et ce au fur et à mesure que la pâte s’étend. Et la lumière ne pourra alors plus les atteindre.
    C’est ainsi que des portions de l’univers disparaîtront hors de l’univers visible, et qu’il ne pourra alors pas y avoir de causalité physique entre des points de l’univers qui ne sont pas reliables par la lumière. (Car la vitesse de la lumière n’est en fait pas celle de la lumière mais bien celle de la « causalité ».)
    Mais je ne vois pas en quoi tout cela revient à « rejoindre la cause ». Au contraire: ce sont des points entre lesquels il ne peut alors pas y avoir de causalité du tout.
    En fait, en observant le fond diffus cosmologique, il a même été possible de reconstituer les masses qui ont maintenant disparu derrière l’horizon de l’univers observable. Nous pouvons donc cartographier ce qu’il y a derrière cet horizon, mais nous ne pouvons par contre plus observer cette portion de l’univers, ni interagir avec elle. Mais elle est cartographiable à la louche. En images, pous vous donner une idée du principe.
    Techniquement, l’impact gravitationnel dans le passé de matière désormais au-delà de l’univers observable se fait encore sentir dans ses effets de nos jours, ce qu’on appelle le courant sombre ou le dark flow. Et c’est en mesurant cela que nous avons les prémisses d’une cartographie de l’univers non-observable. Essentiellement depuis l’article de 2008 intitulé « A measurement of large-scale peculiar velocities of clusters of galaxies: results and cosmological implications » de Kashlinsky et collaborateurs.
    Sur toutes ces questions, je vous conseille sans réserve la chaîne YouTube PBS SpaceTime.
    Mais tout cela n’a pas grand-chose à voir avec la notion psychologique de chaos personnel qu’il conviendrait de commenter… Au moins, mentionner Jacob Böhme, lui, sur lequel sylvain ironisait, avait l’intérêt et l’avantage de faire de la notion du chaos une notion simultanément métaphysique mais aussi une notion psychologique. La notion d’Abîme ou d’Ungrund qu’il développa fut reprise en un sens psychologique comme volonté pure, lieu d’origine d’une notion de, disons, désir. Cela influença par la suite la pensée romantique dans un William Blake, par exemple, qui représente bien en sa personne et dans son œuvre ce lien entre le Chaos ou l’Abîme et ce en quoi il peut se métamorphoser au moyen, entre autres, de l’imagination humaine. En quoi l’or peut émerger de la boue.
    Je n’ai toutefois pas l’âme poétique, et je ne peux qu’esquisser des liens entre ces différentes notions, en prenant des exemples historiques et des personnes historiques où ces thèmes se matérialisèrent. Peu importe qu’un sylvain juge cela pédant: c’est là où je vois les thèmes du billet de Monsieur Bilger à l’œuvre.

  55. Julien WEINZAEPFLEN

    @ Claude Luçon | 26 février 2023 à 20:40
    « A la réflexion, pourquoi chaos? »
    Au fond je me posais la même question en lisant le billet de notre hôte.
    « Sa vie (la vie de Nietzsche) était son problème. […] organiser sa vie en se fixant ses propres règles et lois tout en respectant les autres… »
    Ce qui pose la question de savoir si l’anarchie serait un mode de gouvernement viable. J’ai toujours pensé que non, car si nous vivions sous le régime de l’anarchie, me convaincais-je, il n’y aurait ni médecins ni infirmières, et il n’y aurait pas non plus de police, trois métiers essentiels sans lesquels il n’y a pas de vie en société possible. Mais estimer que ces métiers n’existeraient pas en régime anarchique est peut-être sous-estimer la nature humaine, prompte à porter secours et à faire la police.
    Donc l’anarchie marcherait peut-être. Mais « organiser sa vie en respectant ses propres règles » et donc en supposant qu’il n’y a ni ordre ni chaos, respecte-t-il le mode d’emploi de la vie ? N’y a-t-il pas un ordre intrinsèque à la vie ? Une hétéronomie (c’est un autre qui me donne sa loi) qui contrarie la chimère de l’autonomie que vous nous exposez sereinement et brillamment ?
    Je suis personnellement fasciné par le fait que le christianisme paulinien prétend affranchir de la loi. À vrai dire, cet anti-légalisme allant jusqu’à dire que « la loi met en évidence le péché » et qu’on ne peut imputer à personne de péché tant qu’il n’y a pas de loi, est une lubie de saint Paul. Aujourd’hui, les penseurs chrétiens parlent volontiers de « lois ontologiques ». Mon illégalisme en prend un coup, mais je crois qu’ils ont raison. Saint Pierre disait déjà des écrits de saint Paul qu’il ne faut pas les lire sans formation, car s’affranchir de la loi peut conduire à toutes les perversions. On n’y a pas manqué en régime chrétien.
    Donc il y a un ordre dans la vie. Quant au tohu-bohu dans lequel l’artiste trie pour créer, il relève de l’intime et du psychologique.

  56. Xavier NEBOUT

    @ F68.10
    Je vous dis que le Big Bang est un effet et non une cause, et vous me répondez qu’il n’y a aucune raison que le Big Bang soit une cause !
    Le reste est à l’avenant, et vous vous appuyez sur des positions marginales liées à votre obsession athéiste.
    On consultera à ce sujet l’article très complet de Wikipédia.

  57. Macron le protecteur des islamistes fréristes salafistes a tout fait pour déconstruire la France et la rendre plus fragile en accélérant l’invasion venue d’Afrique qui n’apporte que des souffrances et une insécurité chronique au peuple de France.
    L’immigration d’origine musulmane est une ligne directrice de la politique de Macron afin de déblayer juridiquement au maximum le terrain pour rendre impossible la maîtrise de l’immigration, pour laisser le champ libre au communautarisme musulman, et pour la criminalisation de la critique de l’islam. Zemmour en a fait les frais.
    Autrement dit, pour interdire tout ce qui serait susceptible d’être réellement efficace dans la lutte contre l’islamisme.

  58. @ sbriglia | 26 février 2023 à 22:03
    « Le dogme de l’Immaculée Conception se rapporte à la seule conception de Marie et non à celle de son fils… »
    Quelle importance puisque de toute façon, dans un cas comme dans l’autre, c’est une ânerie, même si elle a été acceptée par des millions de croyants depuis des lustres.
    J’avoue que les cours de catéchisme ne m’ont jamais vraiment emballé. Heureusement ils n’étaient pas notés sinon je ne vous dis pas la moyenne que j’aurais obtenue.
    J’ajouterais que mieux vaut un toutologue qui s’efforce de participer à la vie de ce blog en donnant son avis, même contestable, sur le billet en cours qu’un fâcheux à l’humour étriqué qui n’a d’autres plaisirs que de balancer des vannes à deux balles sur ce blog.
    Vous semblez sérieusement manquer d’occupations… 🙂

  59. Quand un conducteur de TGV s’apprête à traverser une gare de banlieue il doit vérifier impérativement s’il n’y a pas sur les quais des gens prêts à en découdre violemment au point de se balancer sur son train !

  60. @ Lodi | 26 février 2023 à 21:30
    Vous êtes bien aimable de penser que je peux donner plus d’explications que je n’en ai donné. En réalité quand on veut expliquer un processus de création, on ne fait que le rendre plus incompréhensible.
    Essayons tout de même.
    Ce n’est pas le créateur qui crée, c’est la création qui fait le créateur. Tout le problème est dans le dosage du volontarisme dans le processus créatif.
    Qui décide de la sortie de l’étoile dansante du chaos ?
    Ce que j’ai voulu dire, c’est que c’est l’étoile qui décide de sortir, et qu’il faut lui donner le temps de s’adapter au monde extérieur.
    C’est cela le temps de maturation, le temps de passage de la fleur au fruit mûr.
    Ce temps de passage n’est pas volontaire, au sens où il est gouverné par l’intellect, il fait partie de la création elle-même et doit être vécu comme tel.
    Dans un remarquable petit livre qui fit sensation à sa sortie, intitulé :  » Le Zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc », l’auteur H. Herrigel explique ou plutôt raconte, car il ne peut y avoir d’explications, que pour atteindre la cible, ce n’est pas l’archer qui doit tirer mais « quelque chose doit tirer ».
    Ce quelque chose n’étant pas le vide de l’esprit dans le sens où la culture occidentale l’entend un peu naïvement.
    Expliquer ce que doit être ce « quelque chose », je ne saurais le faire, et le peut-on d’ailleurs, mais ce quelque chose qui dépasse l’archer et le fait entrer en communion avec l’arc, la flèche, la cible, est, me semble-t-il, le « quelque chose » qui fait que la création se réalise par le truchement du créateur.
    Vous suivez ? Vous avez de la chance, parce que moi je m’y perds.
    L’idée du billet était la dualité entre le chaos et la danse de l’étoile, que Philippe Bilger exprime avec ses mots d’homme de loi, en ordre et désordre, et que j’exprime en termes plus naturistes en parlant de temps de maturation, cette phase qui va de la fleur au fruit mûr de la connaissance. Chacun ses mots ! ,-)
    C’est dans le passage d’une phase à l’autre de cette dualité qu’il faut laisser « le temps au temps », et laisser advenir la création sans volontarisme.
    C’est là qu’il faut expliquer (je ne doute de rien) à Nietzsche, chantre du volontarisme officiel avec son fameux : « Deviens qui tu es », qu’il aurait dû dire : « Devenez qui vous êtes », prenant en compte le chaos en soi et l’étoile en gestation qui va jaillir.
    Bon voilà quelques explications inutiles et maladroites, mais je ne sais rien faire d’autre.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Zen_dans_l%27art_chevaleresque_du_tir_%C3%A0_l%27arc
    —————————————————————-
    @ F68.10 | 26 février 2023 à 23:19
    Pour une fois vous avez été clair. C’est bien, continuez comme ça.
    Mais, il y a toujours un mais, vous n’avez pas répondu à la question physique et métaphysique qui angoisse (pas trop quand même) Achille, Lucile et Xavier NEBOUT.
    L’univers est en expansion, parfait jusque-là, nous sommes d’accord.
    Dans son expansion il « transporte » le temps et l’espace qui lui sont consubstantiels, parfait encore.
    Mais dans QUOI cet univers s’étend-il ?
    That is the questionne ?? comme dit l’homme de la rue avec son bon sens.
    Est-ce le néant, et qu’est-ce que le néant qui accueillerait l’univers, ou le chaos de l’Olympe grec, capable de générer l’univers ?
    Ce ne saurait être le vide qui est rempli d’énergie noire et de matière noire aux dernières nouvelles.
    Alors quoi ?
    Voilà la question de Lucile, d’Achille de Xavier… et que je me pose moi-même.
    Évidemment on peut répondre que l’expansion de l’univers est le continuum de la création, mais ça me paraît un peu court.
    Création ex nihilo ou pas ? That is the questionne, que se pose à nouveau l’homme de la rue, et ma foi je déambule avec lui.

  61. @ F68.10
    C’est au contraire excessivement intéressant de lire vos tentatives de vulgarisation scientifique, et qu’importe que les inquisiteurs les rejettent d’un revers d’une main dont ils démontrent alors qu’elle n’a de chrétienne que sa capacité à rejeter les raisons de la science et des principes fondamentaux de doute et d’incertitude.
    Ceci pour vous dire que je contredis votre dénégation de posséder une âme poétique, et que les liens que vous tissez témoignent que vous rejoignez là la définition de ce qu’est un écrivain pour l’un de ceux qui a fait l’expérience la plus haute de l’art romanesque :
    « …je m’apercevais que, pour exprimer ces impressions, pour écrire ce livre essentiel, le seul livre vrai, un grand écrivain n’a pas, dans le sens courant, à l’inventer puisqu’il existe déjà en chacun de nous, mais à le traduire. Le devoir et la tâche d’un écrivain sont ceux d’un traducteur. »
    https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Proust_-_Le_Temps_retrouv%C3%A9,_tome_2.djvu/45
    Que ce soit le même qui ait proféré que nous n’avons notion du réel que par la trace qu’il laisse en nous, ou que peut-être la résurrection de l’âme après la mort est-elle concevable comme un phénomène de mémoire, n’est pas anodin, mais signe qu’au-delà des différences chaotiques de chacun, n’existe qu’un souverain bien qui délivre du mal, la paix, qui permettra à tous de partager ce que je vous reconnais et dont je vous remercie, l’effort de mieux nommer le réel.

  62. Immaculée Conception, autrement appelée Immatriculée Contraception par Alexandre-Benoît Bérurier lui-même.
    Invention qui date du… XVIIIe me semble-t-il.
    L’Église a de ses ressources tout de même 🙂

  63. Patrice Charoulet

    Cher Philippe, vous avez consacré un texte à Nietzsche, j’avais commenté ce texte. Un autre commentateur s’adressant à moi avait rappelé, pour le discréditer, cette blague idiote :
    « Nietzsche est mort » (signé : Dieu). J’ai commenté cette blague idiote, en remarquant la fréquente confusion chez les chrétiens entre Jésus et Dieu. Nombre de chrétiens m’ont alors récité, comme des perroquets, ce qu’on leur avait appris au catéchisme. Cela me conduit à dire ceci :
    La religion musulmane fait bien rire la plupart des athées, mais aussi des chrétiens, et me semble aussi dure à croire. En revanche, si quelqu’un venait de Sirius, il aurait bien du mal à croire des assertions contenues dans la religion chrétienne. Touchant la création de l’univers, de la Terre, du règne animal et de l’homme, on peut certes croire que cette création est divine… On peut aussi ne pas y croire. Libre à chacun.
    Mais la religion chrétienne a une particularité, elle demande à ses adeptes de croire aussi un certain nombre de choses sur Jésus, contrairement à d’autres monothéismes, la religion juive par exemple.
    Le chrétien doit croire que Jésus n’a pas été engendré par un homme, le mari de Marie, et que sa mère, malgré sa grossesse et son accouchement, est vierge.
    En second lieu, le chrétien doit croire que Jésus, qui fut crucifié, comme mille autres à cette époque, est mort puis ressuscité. J’ai entendu un jour un évêque, à la radio, déclarer : « Si Jésus n’est pas ressuscité, notre foi est vaine ».
    À mon humble avis, si l’on regarde les choses froidement, et sans réciter son catéchisme, Jésus était un homme. Tout homme depuis le début de l’humanité, ne peut naître qu’après l’union d’un homme et d’une femme. Un chrétien m’informe que Joseph n’est pas le père de Jésus, mais son père adoptif ! Si l’on ne croit pas à cette religion-là, on peut contester que Jésus n’ait pas eu un père humain, comme tout le monde. Et si l’on ne croit pas à cette religion, on peut nier que la mère de l’enfant Jésus soit… vierge.
    La mort de Jésus. Un chrétien doit croire que Jésus est ressuscité. Un non-chrétien ne peut y croire, aucun homme, depuis le début de l’humanité, n’ayant ressuscité. Jésus était un homme, tout homme est mortel, Jésus était donc mortel.
    Pour conclure, la religion chrétienne demande aux chrétiens de croire des choses incroyables. Pour ma part nul ne me fera croire des choses incroyables.

  64. @ Xavier NEBOUT
    « Je vous dis que le Big Bang est un effet et non une cause, et vous me répondez qu’il n’y a aucune raison que le Big Bang soit une cause ! Le reste est à l’avenant, et vous vous appuyez sur des positions marginales liées à votre obsession athéiste. On consultera à ce sujet l’article très complet de Wikipédia. »
    Eh bien consultons Wikipédia:
    « De façon générale, le terme « Big Bang » est associé à toutes les théories qui décrivent notre Univers comme issu d’une dilatation rapide. Par extension, il est également associé à cette époque dense et chaude qu’a connue l’Univers il y a 13,8 milliards d’années, sans que cela préjuge de l’existence d’un « instant initial » ou d’un commencement à son histoire. […] Quelques idées fausses sur le Big Bang: le Big Bang ne se réfère pas à un instant « initial » de l’histoire de l’Univers. Il indique seulement que celui-ci a connu une période dense et chaude. De nombreux modèles cosmologiques décrivent de façons très diverses cette phase dense et chaude. Le statut de cette phase a d’ailleurs été soumis à maints remaniements. [..] Lemaître considérait (à juste titre) qu’il était difficile de prétendre connaître avec certitude le comportement de la matière à de telles densités, et supposait que c’était la désintégration de ce noyau atomique géant et instable qui avait initié l’expansion (hypothèse de l’atome primitif). Auparavant, Lemaître avait en 1931 fait remarquer que la mécanique quantique devait invariablement être invoquée pour décrire les tout premiers instants de l’histoire de l’Univers, jetant par là les bases de la cosmologie quantique, et que les notions de temps et d’espace perdaient probablement leur caractère usuel. Aujourd’hui, certains modèles d’inflation supposent par exemple un univers éternel, d’autres modèles comme celui du pré-Big Bang supposent un état initial peu dense mais en contraction suivi d’une phase de rebond, d’autres modèles encore, basés sur la théorie des cordes, prédisent que l’univers observable n’est qu’un objet appelé « brane » […] plongé dans un espace à plus de quatre dimensions (le « bulk »), le big bang et le démarrage de l’expansion étant dus à une collision entre deux branes (univers ekpyrotique). » — article wiki francophone sur le Big Bang.
    Ma position n’est donc pas marginale mais est bien parfaitement mainstream: le Big Bang ne prouve aucunement l’existence d’un instant zéro. Cela ne décrit donc que des phénomènes inflationnistes chauds intégralement soumis à la loi de la causalité, et ce n’est pas une cause originelle. Et même à supposer que cela soit un instant zéro, nous n’avons aucune preuve qu’il ne s’agisse pas, par exemple, d’une collision de deux branes, auquel cas son statut de cause initiale ne ferait pas sens non plus.
    Ce ne sont donc pas des positions marginales, mais bien des positions parfaitement mainstream. Ce ne sont pas non plus des positions en soi athées: le Big Bang ne prouve ni n’infirme l’existence de Dieu. Vous faites donc là un faux procès en athéisme: c’est ici une position rationaliste, qui prend appui sur les données observables et sur les spéculations de nature logico-mathématique. Rien de plus. C’est ici du rationalisme. Pas de l’athéisme.
    Par contre, le rationalisme, au sens large du terme, a tendance à battre en brèche les positions religieuses. L’idée qu’une intelligence absolue soit nécessaire pour l’existence ou la création d’un monde ordonné est fallacieuse: l’évolution des espèces par sélection naturelle en fournit un contre-exemple et falsifie donc votre position, qui semble certes de bon sens, mais qui est de fait démentie par de tels exemples.

  65. @ Julien WEINZAEPFLEN | 27 février 2023 à 05:05
    « …si nous vivions sous le régime de l’anarchie (…) il n’y aurait ni médecins ni infirmières, et il n’y aurait pas non plus de police, trois métiers essentiels sans lesquels il n’y a pas de vie en société possible. »
    La vie en société exige aussi des enseignants et des juges. On notera que tous ces métiers indispensables sont aujourd’hui en crise. Notre société serait-elle en train de se déliter ? À qui imputer cela si ce n’est à nos dirigeants… choisis par nous ?

  66. @ F68.10 | 27 février 2023 à 11:18
    En tant que créationniste convaincu, la vision du chaos et plus largement de l’Univers de Xavier NEBOUT est assez simple.
    Le monde a été créé par Dieu en six jours et le septième il s’est reposé.
    Tout ce qui sort de ce concept est pure élucubration d’hérétiques qui finiront dans les flammes de l’enfer quand leur heure sera venue. 🙂

  67. Xavier NEBOUT

    @ F68.10
    La notion de « Big Bang » étant en effet aléatoire, c’est à « expansion de l’univers » que je me réfère, et là, sur Wiki, les données sont quelque peu différentes.

  68. « Le dogme de l’Immaculée Conception se rapporte à la seule conception de Marie et non à celle de son fils… » (sbriglia)
    Quelle importance puisque de toute façon, dans un cas comme dans l’autre, c’est une ânerie » (Achille)

    Achille au musée:
    « Tu vois c’est Léda enlevée par Patrocle »
    « Mais non Papy, c’est Europe enlevée par Zeus déguisé en taureau »
    « Quelle importance ! De toute façon, dans un cas comme dans l’autre, c’est une ânerie ! »

  69. @ Tipaza | 27 février 2023 à 09:09
    Evidemment, on en sait fort peu sur le fonctionnement de l’esprit humain.
    Pour ce qui concerne la création, l’ordre et le désordre, ou la maturation par le temps… Cela me semble deux façons de voir un processus de transformation. Et cela me donne l’idée que cela recouvre autre chose : la parfaite union et le dépassement du conscient et de l’inconscient…
    Une mobilisation totale de l’esprit.
    Je pense que pour un créateur, c’est le Graal, mais l’épuisement oblige à décélérer. Le corps se traîne comme un boulet quand on lui demande la moindre chose, ce pourquoi le sport peut être utile : en somme, il faut essayer de le rendre le moins inconfortable possible pour le cerveau.
    Sinon, il y a diverses corvées à faire dans la vie, et enfin, il faut presque débrancher le circuit créatif pour activer à plein la fonction critique indispensable.
    Bref, enfin, je ne sais pas si cela vaut grand-chose, mais grâce à vous, j’ai une idée sur ce que pourrait être l’état de concentration extrême parfois connu par certains créateurs, savoir la parfaite union du conscient et de l’inconscient.

  70. @ Xavier NEBOUT
    « La notion de « Big Bang » étant en effet aléatoire, c’est à « expansion de l’univers » que je me réfère, et là, sur Wiki, les données sont quelque peu différentes. »
    À voir…

  71. L’Homme est ainsi fait qu’il a une inclination naturelle ethnocentrique. Le monde doit tourner autour de lui-même et de son nombril. Ainsi il s’affranchit de la peur du vide et de la complexité chaotique des grands nombres.
    L’homme est au sommet des espèces qui peuplent la terre qui n’est qu’un petit point situé à une extrémité d’une galaxie répertoriée sous le nom de Voie lactée.
    L’Homme s’occupe, il classe les espèces. Chaque espèce tient sur une fiche qui n’est que la page d’un livre. L’ensemble des mammifères occupe un rayonnage de 70 cm de long. Toutes les espèces d’oiseaux tiendraient dans un mur de rayonnage de la bibliothèque. Toutes les espèces tiendraient sur les quatre murs de la pièce où serait rangée la bibliothèque des espèces.
    L’Homme pourrait considérer avec humilité que son espèce n’est qu’une page d’un livre et que les autres espèces occupent toutes les autres pages des autres ouvrages de la bibliothèque. Eh bien non, il chipote avec cruauté et une méchanceté immense comme une petite starlette dédaigneuse qui voit des fascistes partout, comme un athée qui s’attaque lâchement aux Chrétiens mais jamais aux Musulmans.

  72. Avant que le coq ait chanté, l’apôtre répéta: non, je ne le connais pas.
    Qui donc était cet homme, qui alors connut ce que Proust, près de deux mille ans après, décrira comme l’être qui ne peut sortir de soi, qui ne connaît les autres qu’en soi, et, en disant le contraire, ment ?
    Quelle était-elle, cette figure qui allait radicalement transformer le monde, vider le tombeau des angoisses de la mort, et permettre au plus simple jardinier, vous, moi, de consoler la peine des affligés par le deuil en reconnaissant la toute-puissance de notre parole partagée, de notre connaissance libérée des illusions de puissance par l’exemple de son pardon, du marteau des philosophes qui continuent après tous les pogroms, tous les génocides, à se penser du côté du bien et refuser cette potentialité du cœur humain de ne plus se penser relié par la haine, mais par l’amour du prochain ?
    Avant Abraham il était, qui permit à sa mère de le concevoir sans péché car elle était sans péché, l’immaculée entre les bras de l’homme qui ne savait concevoir sa paternité que comme l’expression tyrannique d’une autorité tutélaire et bornée, et se vit visitée, tremblante de toutes les jouissances, par l’ange des félicités amoureuses.
    Ô Marie, mère de Dieu enfin incarné en sa toute signifiance, Verbe qui déjà avant tout était et encore aujourd’hui voit sa lumière refusée par les barbons philosophes qui ne savent que reproduire sans cesse ce que leur dicte l’orgueil qui tue, plutôt que reconnaître qu’ils sont invités en la maison du Père à participer aux justices de la paix, à la vie qui, elle, sait nommer le réel et ressuscite en chacun de ses enfants sa vérité éternelle.
    Bof les pogroms, bof les génocides, bof la Shoah, nous disent-ils, choisissant avec Nietzsche d’ensevelir sous toujours plus de cadavres le souci de la victime innocente, abandonnée par le mensonge d’une paternité qui n’a pas su encore accomplir son Destin divin, Celui qui sut il y a deux mille ans sortir du ventre immaculé pour affirmer au chant du coq qu’il pouvait entre Ses mains aimantes remettre Son Esprit, offrir à l’homme la liberté de choisir de l’incarner, et dont aujourd’hui il est si cruel d’observer que ce n’est pas en Lui qu’il est absurde de croire, mais en l’humanité qui s’évertue encore à Le refuser.

  73. @ F68.10 26 février 10h24
    « L’univers vient d’une Intelligence absolue. » (Bill Noir)
    « Nous n’en avons aucune preuve. Et nous avons même la preuve par l’évolution des espèces par sélection naturelle que l’ordre peut provenir d’un seul mécanisme de sélection sans intelligence préalable. » (F68.10)
    Euh ! C’est quoi avoir une preuve ?
    Avant le Big Bang il n’y a rien ou alors il y en eut d’autres qui ont si mal marché que l’Intelligence absolue les a effacés. Certains scientifiques travaillent même sur le Big Crunch, une hypothèse qui marche avec ou sans Dieu, car l’effacement de la Création est plausible si le Créateur juge un jour que « c’est marre ! »
    Bon ! Laissons cela… J’ai honte de parler ainsi à un algébriste distingué, lequel aurait été probablement plus utile à l’humanité souffrante s’il s’était passionné pour la Cosmologie !
    Permettez-moi tout de même de vous faire remarquer qu’en sautant immédiatement, sans transition du Big Bang à l’évolution des espèces, vous brûlez quelques étapes « essentielles ».
    Avant le Big Bang rien, après le Big Bang il y a tout. Et le passage du rien au tout est hors du temps et sans durée puisque le temps n’a un sens qu’après le Big Bang. L’Intelligence absolue se limite dans cet instant «  unique et prestigieux » à forger la matière avec le proton et le rayonnement avec le photon avec quelques ingrédients supplémentaires pour faire la sauce.
    Et cette « secousse » était si puissante que l’espace-temps apparut et se gonfla sans limites mais « raisonnablement » !
    L’affaire était En Marche pour des milliards d’années… on pouvait dire ça parce que l’on disposait maintenant du temps et de l’espace… avec en supplément quelques normes de fabrication – constantes universelles – indispensables pour le bon fonctionnement du bazar.
    J’ai honte de vous raconter tout ça, tant j’ai hâte d’en venir aux deux étapes suivantes : la vie et la pensée, la seconde née de la première.
    Avant l’évolution des espèces il y eut les espèces et avant les espèces il y eut la vie et la vie est née dans des environnements convenables prévus dès le Big Bang et inscrits en lui (un mécanisme physico-chimique à la fois local et limité). Il n’y a ni miracle ni irrationalité, ni fantasmagorie. Il n’est pas interdit de penser que la vie existe ailleurs que chez nous dans des galaxies lointaines, le contraire serait une injure faite à l’Intelligence absolue !
    Que l’on arrive, ou non, un jour ou l’autre à communiquer avec ces vies m’est indifférent… les difficultés que l’on est obligé d’assumer avec la vie sur la Terre nous suffisent pour l’instant.
    Avec la vie la pensée vint naturellement : une sorte de recherche d’optimisation et d’adaptation au milieu naturel, une intelligence primaire, une source logique du « mieux vivre » !
    Et l’évolution des espèces qui vous tracasse n’est-elle pas démonstrative et toute contenue dans ces animaux gigantesques – dont on peut admirer les carcasses au muséum d’Histoire naturelle – et dont l’organe de la pensée était minuscule et sans rapport avec leur envergure et qui de par ce déséquilibre hideux étaient appelés à disparaître. Il y a aussi de l’esthétique dans la construction de l’univers !
    Et il arriva qu’un jour la pensée devint prépondérante chez certains animaux qui marchaient debout sur leurs deux pattes arrières.
    Prépondérante mais inégalement répartie, et l’intelligence – qualité de la pensée – peut faire défaut.
    Bonne journée camarade.

  74. @ Bill Noir
    « Euh ! C’est quoi avoir une preuve ? »
    Très bonne question. Une « preuve », c’est formuler la question de l’existence de Dieu dans le cadre d’une théorie précise qui admette des conséquences testables à court, moyen, long ou très long terme, et ensuite de tenter des expériences, qu’elles soient de la pensée ou de nature empirique, qui, si elles échouent, invalident l’existence de Dieu. Entre-temps, la conjecture de l’existence de Dieu n’est pas rejetée. Mais cela s’applique tout autant à la conjecture de l’inexistence de Dieu. Il s’agit donc d’établir une préférence critique entre ces deux thèses. De les mettre chacune dans la balance et de regarder dans quel sens les données empiriques mais aussi l’application rigoureuse de la logique ou de la raison font pencher la balance. C’est essentiellement une histoire de préférence critique.
    Le plus gros du boulot, dans la question de l’existence ou de l’inexistence de Dieu, consiste à se mettre d’accord sur les normes épistémiques permettant de trancher la question. En règle générale, nous ne parvenons dans aucune discussion sur ce sujet à ce stade préliminaire: chaque camp à tendance à chercher et à se trouver des excuses pour se ménager des passe-droits face aux données, à la logique et à la raison. Mais rien n’empêche, en théorie, entre gens de bonne foi, d’engager ce travail de fond. C’est juste que pas grand monde n’y a intérêt: c’est bien plus drôle de faire œuvre de rodomontades pour « justifier » ses petits plaisirs égoïstes comme les djihads de toutes obédiences.
    « Certains scientifiques travaillent même sur le Big Crunch. »
    Ou le Big Rip. Quand l’inflation de l’univers sera tellement intense qu’elle en arrivera à déchirer même les particules élémentaires. Vous trouverez tout cela sur PBS SpaceTime. En toute franchise, nous n’en savons encore rien. Nous sommes actuellement occupés à mettre noir sur blanc toutes ces théories, à tenter d’en prévoir les conséquences et leur mode opératoire, leurs lois, pour tenter d’en extraire des tests empiriques ou logiques de ces thèses. Il faut avoir l’humilité de dire « on ne sait pas. » Quand on ne sait pas. Pas quand on sait.
    « Bon ! Laissons cela… J’ai honte de parler ainsi à un algébriste distingué, lequel aurait été probablement plus utile à l’humanité souffrante s’il s’était passionné pour la Cosmologie ! »
    Je me moque de l’humanité souffrante. Mais je suis en désaccord sur votre évaluation de l’utilité de l’une ou l’autre discipline. L’astronomie, astrologie ou cosmologie n’est que le parent le plus noble de la géométrie et in fine de l’algèbre. L’un ne va jamais, historiquement, sans l’autre.
    « Permettez-moi tout de même de vous faire remarquer qu’en sautant immédiatement, sans transition du Big Bang à l’évolution des espèces, vous brûlez quelques étapes « essentielles ». »
    Pas vraiment. Sur la question de l’ordre naissant du chaos, la question de l’évolution des espèces est plus pertinente que celle du Big Bang. Car c’est là que le problème métaphysique de la nécessité d’une intelligence absolue se manifeste de manière bien plus explicite, et testable.
    « Avant l’évolution des espèces il y eut les espèces et avant les espèces il y eut la vie et la vie est née dans des environnements convenables prévus dès le Big Bang. »
    C’est dans le mot « prévu » que j’ai un problème. Car il y a deux principes à l’œuvre dans cette question: Le principe copernicien, qui affirme qu’il n’y aucune raison que nous ayons une place privilégiée dans l’univers. Et le principe anthropique, qui affirme, lui, que ce que nous observons n’est possible que dans les conditions qui nous permettent de l’observer.
    Toutes les questions de « prévisions » (en votre sens) ou de « providence » doivent s’analyser en équilibrant ces deux principes. À titre d’exemple, prenons la question de notre positionnement dans l’univers. Le principe copernicien est alors vérifié: nous savons maintenant que nous sommes sur une planète à peu près lambda, dans un système solaire à peu près lambda, dans une galaxie à peu près lambda. Cela étant vérifié, cela doit pourtant aussi être équilibré avec le principe anthropique: l’endroit le plus lambda de l’univers, c’est le vide intersidéral, et ce n’est pas propice à la vie; il ne peut donc pas y avoir d’observateurs de notre acabit. Pour qu’il y ait un équilibre entre principes coperniciens et principes anthropiques, il convient d’observer que nous sommes dans un endroit lambda de l’univers, mais suffisamment pas lambda pour que la vie y soit possible, i.e. sur un truc comme la Terre.
    Toute discussion sur le fine-tuning de choses comme la constante de structure fine sur laquelle sont basées les thèses providentielles relatives au Big Bang doit prendre en compte l’équilibre entre ces deux principes. Les gens ayant une tournure d’esprit religieuse affirment, à juste titre, que le seul principe copernicien ne peut à lui seul expliquer notre situation « providentielle ». Ils oublient simplement le principe anthropique.
    (C’est d’ailleurs marrant de voir ce qu’il est possible de modéliser sur la base de ces deux principes coperniciens et anthropiques: l’univers serait, selon ces modèles, peuplé à moitié, en étendue, d’extra-terrestres en mode conquérant et colonisateur; rencontre prévue dans un demi milliard d’années. Papier: « If Loud Aliens Explain Human Earliness, Quiet Aliens Are Also Rare », par Robin Hanson, Daniel Martin, Calvin McCarter, et Jonathan Paulson, Astrophysical Journal, 2021.)
    « Il n’est pas interdit de penser que la vie existe ailleurs que chez nous dans des galaxies lointaines, le contraire serait une injure faite à l’Intelligence absolue ! »
    Je vous renvoie à Entretiens sur la pluralité des mondes de Bernard Le Bouyer de Fontenelle. Il traite de cela, c’est extrêmement bien écrit, et, peut-être bien plus important, question technique de drague, c’est au top. Je vous laisse découvrir.
    « Que l’on arrive, ou non, un jour ou l’autre à communiquer avec ces vies m’est indifférent… les difficultés que l’on est obligé d’assumer avec la vie sur la Terre nous suffisent pour l’instant. »
    C’est vrai que, l’urgent, c’est d’arriver à ne pas faire partir la Terre en hiver nucléaire. M’enfin, moi, je n’ai plus beaucoup d’illusions sur le caractère de l’humanité.
    « Et l’évolution des espèces qui vous tracasse n’est-elle pas démonstrative et toute contenue dans ces animaux gigantesques – dont on peut admirer les carcasses au muséum d’Histoire naturelle – et dont l’organe de la pensée était minuscule et sans rapport avec leur envergure et qui de par ce déséquilibre hideux étaient appelés à disparaître. Il y a aussi de l’esthétique dans la construction de l’univers ! »
    Même la question de l’esthétique est soumise au principe anthropique. « Beauty is in the eye of the beholder », comme on dit. Mais la question du statut ontologique du Beau n’est à mon sens pas épuisée.
    Quant à la vie, oui, son seul critère à optimiser, c’est la robustesse des organismes face aux conditions de vie. L’intelligence ou même la sagesse n’en fait absolument pas partie. C’est même, pour l’instant, à peu près complètement inexpliqué en quoi libérer du temps de cerveau disponible en dehors des contraintes de reproduction fut un avantage évolutif. Je ne suis même pas sûr que cela en soit un. Je pense simplement qu’il n’y avait pas de contraintes qui s’opposaient à la mise en place de temps de cerveau disponible ; et que cela a, in fine, permis l’émergence de de fonctions cognitives biologiquement inutiles, mais qui nous ont donné une capacité réflective. Dont nous faisons piètre usage. Nous sommes pourtant bel et bien collectivement responsables de cet usage.

  75. @ F68.10 28/02/23 14:22
    EN BREF
    §1 « Euh ! C’est quoi avoir une preuve ? » était une simple boutade pour vous attirer, ça a marché, c’est tant mieux !
    « L’existence de Dieu »… ce n’est pas mon propos. Je m’intéresse à la cause/auteur (?) du Big Bang dont l’existence est reconnue par le scientifique le plus chagrin.
    §2 Dieu n’est pas un sujet qui appartient en propre aux scientifiques… la preuve : toutes sortes de gens s’en emparent ! Je m’en tiens à l’étonnement que j’éprouve quand le scientifique me parle de cette explosion première sans présupposer sur son origine et sans s’émerveiller de sa dimension et de son incongruité !
    §3 Le Big Crunch est scientifiquement incertain. Le responsable du Big Bang saura bien trouver la solution adéquate à la question. De toute manière ce n’est pas pour demain… nous avons encore du temps pour savourer tous les Poutine de la création.
    Je me reconnais l’humilité de dire : Je ne sais pas !
    §4 Ce n’est pas bien de vous moquer de l’humanité souffrante mais je partage votre opinion sur les spécialités scientifiques se confortant les unes les autres mais inégalement chatoyantes, l’Algèbre indispensable à ses sœurs étant la plus rude !
    Pour la suite de votre réponse je n’ai que peu à ajouter sauf peut-être sur l’évolution des espèces qui n’a rien de mystérieuse, sur la pluralité des mondes habités (avec lesquels nous n’aurons probablement jamais aucun rapport) constituant de fait un non-problème, et sur le peu d’intérêt irraisonnable que vous marquez sur l’apparition de la vie et de la pensée.
    Bonne journée à vous.

  76. @ Bill Noir
    §1 La question de la notion de preuve n’est pas qu’une boutade. C’est une question sérieuse. Et je ne pense pas que l’idée d’une « cause » initiale ou d’un « auteur » soit reconnu par même le scientifique le plus chagrin.
    §2 Aucun sujet n’appartient en propre aux scientifiques. Mais l’existence de Dieu demeure une question scientifique en soi. C’est une question de nature factuelle, sur laquelle nous pourrions avoir des idées justes ou des idées fausses. Ce type de questions, c’est justement le domaine de la science, qui n’est pas la propriété exclusive des scientifiques. Quant à la « cause » initiale, bien sûr que nous nous en occupons: de mon côté, j’ai une préférence pour les branes prévues par la théorie des cordes, mais je pense qu’il convient de dire « je ne sais pas » sur un tel sujet. L’absence de savoir à ce sujet n’est pas, toutefois, une excuse pour se réfugier dans une notion de Dieu ou même de cause initiale abstraite pour combler artificiellement et indûment notre ignorance.
    §3 Big Rip ou Big Crunch ? Je ne sais pas. J’ai plutôt une préférence pour le Big Rip, mais elle ne repose pas sur grand-chose.
    §4 L’humanité n’est pas au centre de mes préoccupations: elle me gonfle, même.
    §5 Les questions d’origine de la vie, de notre cognition, de la réalité, des espèces et tout et tout et tout ont tendance, en fait, à m’indifférer. Je ne les traite essentiellement que pour deux raisons:
    1. Ces questions ont pour intérêt essentiel de nous permettre d’échafauder nos meilleures méthodes de raisonnement et sont, en ce sens, les cas tests les plus inconfortables de la rationalité ; et c’est en forgeant qu’on devient forgeron. La méthode m’importe. La réponse à la question a tendance à m’indifférer: même si Dieu existait, il ne serait pas nécessairement mon copain.
    2. Ces questions sont celles qui troublent le plus les humains et celles qui les amènent le plus facilement à se trouver des excuses pour préférer croire que savoir. C’est cela que je trouve triste. C’est aussi un peu pour cela (mais aussi pour d’autres raisons) que je n’ai que peu d’estime pour l’humanité.

  77. @ F68.10
    « §3 Big Rip ou Big Crunch ? Je ne sais pas. J’ai plutôt une préférence pour le Big Rip, mais elle ne repose pas sur grand-chose »
    Personnellement je tiens plutôt pour le Big Crunch, je suppose que l’Intelligence absolue ne voudrait pas abandonner quelques détritus après l’affaire faite.
    Mais les recherches sur le Big Rip sont positives du point de vue de l’avancement de la science.
    « §4 L’humanité n’est pas au centre de mes préoccupations: elle me gonfle, même. »
    C’est un point de vue respectable.
    À ce sujet je me permets de citer Rémi Brague (« Le Règne de l’homme », où il répertorie toutes les attitudes des grands penseurs au cours des âges sur les risques encourus par cette vieille dame).
    Parfois je me demande si, malgré mon âge, je vais me payer le début de WW3. J’ai la faiblesse de penser que je ne le mérite pas.
    §5-1 La question de l’origine de la vie est fondamentale. L’éviter – ce que vous semblez faire – n’est pas « raisonnable », c’est tout le débat sur l’existence de Dieu. Si la vie est inscrite dans le Big Bang ou non, permet, ou non, de croire ou de ne pas croire ; il y a tant de braves gens qui perdent leur existence dans ce débat.
    Comment imaginer que l’Intelligence absolue aurait mis directement ses mains dans le cambouis biologique pour formater des structures informes qui avaient faim, froid et qui ne pensaient qu’à se reproduire ?
    L’origine de la pensée est sans mystère… ces magmas vivants étaient, comme tout un chacun, face à des problèmes de survie tels, qu’ils ont pris l’habitude de chercher et que leur matière grise s’est épaissie.
    « C’est en forgeant qu’on devient forgeron » dites-vous, ce que vous vous astreignez à faire bien longtemps après eux.
    Dieu ne serait donc pas votre copain… vous n’en avez pas besoin, avec tous ceux que vous vous êtes fait ici ; vous suscitez l’intérêt des meilleurs.
    §5-2 « Préférer croire que savoir » c’est commun, c’est facile, ça ne mange pas de pain… mais ça ne mène pas très loin. Les cerveaux les plus célèbres de l’Humanité se sont penchés sur Dieu, beaucoup avec bonheur, d’autres s’en sont détournés, on peut citer de franches canailles… Savoir c’est important, croire ce n’est pas mal non plus…
    Bonne journée camarade.

  78. @ Bill Noir
    « La question de l’origine de la vie est fondamentale. L’éviter – ce que vous semblez faire – n’est pas « raisonnable », c’est tout le débat sur l’existence de Dieu. »
    Je ne vois pas en quoi les débats sur l’origine de la vie et de l’existence de Dieu serait reliés. Que la vie existe ou n’existe pas, la question de l’existence de Dieu serait, à mon sens, inchangée.
    Mais, au fond, oui, je ne vois pas bien à quoi sert de trancher la question de l’existence de Dieu. Si ce n’est à se faire un petit plaisir de casse-tête logique. Comme un Sudoku ou un Rubik’s cube.

  79. Documentaire intéressant ce soir sur France 5 pour ceux qui s’intéressent à la naissance de l’univers et à la nature du chaos.
    Voilà qui devrait répondre à certaines de leurs interrogations…

  80. @ F68.10
    « Je ne vois pas en quoi les débats sur l’origine de la vie et de l’existence de Dieu serait reliés. Que la vie existe ou n’existe pas, la question de l’existence de Dieu serait, à mon sens, inchangée. »
    Si la vie n’existait pas, l’univers serait une création inutile, son existence serait ignorée, une collection de boules solaires en feu et des planètes inertes et silencieuses. Le créateur d’un tel bazar, à supposer qu’il existât, se demanderait s’il n’aurait pas commis une bévue. Il effacerait illico presto la chose.
    C’est l’homme qui se préoccupe de la création de l’Univers, il est naturellement amené à réfléchir (parce qu’il est doté de la pensée) sur la question ; entre 2 sudokus.
    Qu’il donne des réponses diverses et variées ne m’étonne pas. C’est habituel chez lui !
    La question véritable qu’il devrait se poser serait plutôt sur l’apparition de la pensée.

  81. @ F68.10
    L’intelligence humaine est le miroir dans lequel l’Intelligence Créatrice mire son œuvre.

  82. @ Bill Noir
    « L’intelligence humaine est le miroir dans lequel l’Intelligence Créatrice mire son œuvre. »
    Cela n’est à mon sens qu’une projection psychologique. C’est une façon d’anthropomorphiser la question de la conscience en prétendant las déifier. Quand Spinoza dit des trucs du genre, OK, c’est dans le cadre d’un système philosophique. Mais au-delà de ce genre de systèmes, ce n’est qu’une illusion que certains trouvent réconfortante. Pas moi.
    « Si la vie n’existait pas, l’univers serait une création inutile, son existence serait ignorée, une collection de boules solaires en feu et des planètes inertes et silencieuses. »
    Si la vie n’existait pas, l’univers serait, oui, inintéressant. Un univers sans conscience, sans capacité de faire émerger nulle part des entités cognitives capables de l’observer réflexivement. Une absence de conscience.
    Mais, même pour un univers mort, la question d’un « Créateur », i.e. celle de Dieu, resterait inchangée. L’architecture logique de la question resterait en effet identique: l’idée que ce qui existe nécessiterait un Créateur (position que je récuse) serait un argument tout aussi valable, que la vie existe ou que la vie n’existe pas.
    « Le créateur d’un tel bazar, à supposer qu’il existât, se demanderait s’il n’aurait pas commis une bévue. Il effacerait illico presto la chose. »
    Ah bon ? Pas sûr…
    « La question véritable qu’il devrait se poser serait plutôt sur l’apparition de la pensée. »
    Pour moi, la pensée cognitive complexe à la sauce humaine n’est pas une nécessité biologique évidente. La sélection naturelle ne requiert en effet que la robustesse dans la survie et dans l’ardeur reproductive. Comme le disait Schopenhauer, le fait que l’homme peuple le monde ne prouve pas son intelligence mais ne fait que prosaïquement prouver sa lubricité. La cognition complexe est une sorte de bonus, une cerise sur un gâteau, non requise à mon sens par des impératifs biologiques. Mais comme elle n’est pas détrimentale, elle fut possible et de ce fait rendue possible par les aléas de la nature. À mon sens, la sélection naturelle ne sélectionna pas l’intelligence humaine ou celle des mammifères supérieurs. Elle ne vit simplement aucun intérêt à l’éliminer, ce qui n’est pas tout à fait pareil.
    Pour les poulpes, leur remarquable intelligence semble par contre résulter d’un impératif biologique de survie. Quand les nautiles perdirent leurs carapaces suite au changement de pH des océans, certains devinrent des seiches et calamars, et optèrent pour la vitesse comme mode de survie. D’autres optèrent pour une adaptabilité cognitive remarquable leur permettant de s’attaquer même aux requins avec une aisance digne d’un film d’horreur et de science fiction.
    Personnellement, quelques questions que je me pose quand je compare l’intelligence des humains et celle des poulpes sont celles de savoir si 1. l’intelligence des poulpes ne serait pas comparable en nature avec l’adaptabilité d’un intelligence artificielle moderne et 2. si la conscience d’un humain et celle d’un poulpe sont de niveau ou nature comparable. La conscience étant une notion différente de celle de l’intelligence.
    Quoiqu’il en soit, tout modèle cherchant à expliquer les natures de la conscience et de l’intelligence et les conditions de leurs émergences doit être capable d’expliquer 1. l’intelligence des humains, 2. l’intelligence des poulpes, 3. les intelligences artificielles et 4. les éventuelles intelligences extra-terrestres. (Je ne m’attends toutefois pas à ce que les poulpes découvrent le feu tout au fond de l’océan…)
    Mais je ne vois pas en quoi cela aurait à voir avec la question de l’existence d’un Dieu créateur et transcendant dans son acte de création. Pour les raisons expliquées en haut de ce commentaire.

  83. @ Bill Noir | 06 mars 2023 à 09:56
    Tellemant vrai. Mais comment faire comprendre cela à des ectoplasmes raisonnant en robots hyper sophistiqués et dociles ?
    Pas sans cause que tout ce qui relève de la Création passe à des lumières lumière de leur cerveau atomisé et découpé en mille particules façon puzzle !

  84. @ Axelle D
    « Tellement vrai. Mais comment faire comprendre cela à des ectoplasmes raisonnant en robots hyper sophistiqués et dociles ? Pas sans cause que tout ce qui relève de la Création passe à des lumières lumière de leur cerveau atomisé et découpé en mille particules façon puzzle ! »
    Navré Madame, mais j’attends encore un argument solide me permettant de faire pencher la balance en faveur de l’existence d’un créateur plutôt qu’en faveur de sa non-existence.
    Libre à vous de me le proposer.
    Mais je vous préviens: parmi tous les « arguments » en faveur de la création qu’on oppose aux athées, je n’en connais pas un seul qui n’ait fait l’objet d’une réfutation en bonne et due forme.
    Seul l’argument du fine-tuning est un peu costaud à démonter. C’est d’ailleurs celui qui fit l’objet de nos échanges ici-même entre Bill Noir et ma personne.

  85. @ F68.10
    Je voudrais clairement préciser que je ne me mêle pas de la question de l’existence de Dieu. Seulement de l’Intelligence Créatrice sur laquelle on peut disputer sans tergiverser. Le scientifique, le raisonneur, éventuellement le philosophe ne peuvent écarter la question. L’IA est parce que nous sommes à même de la penser. Elle est parce que sans elle nous ne serions pas. Et tout ce que l’on connaît d’elle c’est qu’elle se manifesta.
    §1 « L’intelligence humaine est le miroir dans lequel l’Intelligence Créatrice mire son œuvre. » n’est qu’une image qui se veut poétique sur laquelle on peut s’arrêter pour « se faire plaisir » ou non.
    Déifier, anthropomorphiser la Création, pas moi non plus.
    Le philosophe et le scientifique ne marchent pas sur la même route et ne se privent jamais de s’invectiver rudement.
    §2 Il me semble avoir déjà répondu. Un univers mort ne peut se concevoir que parce que nous sommes dans un univers vivant.
    « …Mais, même pour un univers mort, la question d’un « Créateur », i.e. celle de Dieu, resterait inchangée… »
    Par qui ? Pour qui ?
    Pourquoi concevoir un univers mort ? Le concepteur serait au mieux un enfant qui joue au meccano.
    « …l’idée que ce qui existe nécessiterait un Créateur (position que je récuse) serait un argument tout aussi valable, que la vie existe ou que la vie n’existe pas. »
    C’est parce que la vie – votre vie – existe que vous êtes en position de récuser la nécessité d’un Créateur.
    « Un Créateur, i.e. Dieu » est une facilité de la pensée que vous devriez ne pas commettre… un scientifique ne doit pas mêler la Raison et la Foi.
    §3 « Ah bon ? Pas sûr … » Le Créateur effaceur n’était qu’une innocente plaisanterie.
    §4-1 «La cognition complexe est une sorte de bonus, une cerise sur un gâteau, non requise à mon sens par des impératifs biologiques. »
    La pensée naît de la vie pour des raisons esthétiques… une dynamique esthétique (pourquoi créer de la laideur, de la lourdeur, de l’inconséquent) mais aussi pour rationaliser le bazar et optimiser le bonheur et la joie.
    La pensée naît de la vie comme la vie naît de la matière… une dynamique créationniste voulue par l’Intelligence Créatrice.
    §4-2 J’ai une grande admiration pour les poulpes qui meurent acagnardés dans un trou/caveau pour donner la vie et pour que l’espèce demeure.
    §4-3 La question de l’existence de Dieu n’est pas scientifique… elle relève de la Foi. Dieu est et n’est pas l’Intelligence Créatrice. Je ne suis pas assez philosophe pour aborder ce sujet.

  86. @ Bill Noir
    « Je voudrais clairement préciser que je ne me mêle pas de la question de l’existence de Dieu. Seulement de l’Intelligence Créatrice… »
    Vous voyez une différence entre les deux notions ? Pas moi…
    « §4-3 La question de l’existence de Dieu n’est pas scientifique… elle relève de la Foi. »
    Cela reste une question sur la vérité ou la fausseté d’un fait allégué. Cela, en soi, c’est bien l’objet de ce qu’il est coutume d’appeler la science.
    Il ne me semble pas pertinent de disserter longuement sur les autres points de votre précédent commentaire. Au-delà de désaccords de principe (il n’y a pas de différence de fond entre science et philosophie, par exemple), l’essentiel de ces points, à l’exception de la question esthétique, a déjà été traité.
    Il n’y a toutefois aucune raison qu’une intelligence créatrice soit à l’origine de la création: la sélection naturelle offre un contre-exemple ; le jeu de la vie de Conway offre aussi un contre-exemple sous la forme d’une simulation ; et même l’intelligence artificielle moderne montre que ce qui est créé outrepasse largement l’input créateur. Cela bat en brèche la nécessité d’une telle intelligence créatrice.

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