Le candidat

Il faudrait que ce billet soit chanté avec la musique de Simon et Garfunkel. Pourtant, la gaîté ne sera pas sa tonalité dominante.

Avant d'en venir à Ali Soumaré tête de liste socialiste pour les régionales dans le Val d'Oise, puisqu'il s'agit de lui, une autre face superbe et discrète de notre société qui offre- c'est une banalité- le pire et le meilleur, le paroxysme d'une moralisation qui pour le moins se trompe de cible mais aussi des comportements qui font honneur à l'humain.

La Dépêche du Midi nous apprend qu'un petit enfant de quatre-cinq ans tombé dans l'eau avec son vélo était en train de se noyer quand un jeune homme l'a secouru. Un témoin l'a vu jeter ses écouteurs, son téléphone et ses lunettes puis plonger. L'enfant sauf, ce héros du quotidien s'est éclipsé sans préciser son identité mais seulement qu'il était polonais. Cette scène s'est déroulée le 18 février vers 15 heures (Le Post, JDD.fr).

C'est une autre page qui s'ouvre avec Ali Soumaré.

Axel Poniatowski, chef de file de l'UMP pour le Val d'Oise, le maire UMP de Franconville Francis Delattre,  qui s'en était déjà pris sans finesse à Ali Soumaré, et Sébastien Meurant, maire de Saint-Leu-La-Forêt  l'ont gravement attaqué en le qualifiant de "délinquant multirécidiviste chevronné".

Immédiatement s'est mise en branle la double mécanique classique. D'une part la polémique politique avec les inévitables accusations, d'autre part l'émoi médiatique avec les soupçons prévisibles. En effet, à les supposer exactes, les informations diffusées sur Ali Soumaré par l'UMP n'avaient pu être obtenues qu'à la suite d'une complaisance policière ou judiciaire coupable. Ce point était acquis et d'ailleurs il n'a pas semblé être véritablement contesté par ceux qui avaient bénéficié de ce processus choquant (nouvelobs.com).

Les réactions du parti socialiste ont été celles qu'on attendait, un tantinet gênées mais seulement ciblées sur la manière dont l'UMP de ce département avait pu recueillir ces données et sur le scandale que représentait, selon lui, leur exploitation au cours de cette campagne des régionales. L'excellent Benoît Hamon jugeait l'affaire "insupportable", ne faisant pas dans la nuance en accusant l'UMP de prendre les jeunes des banlieues "pour des délinquants ou des footballeurs". Jean-Paul Huchon adoptait le même registre en s'interrogeant sur les méthodes de l'adversaire qui avait osé une manoeuvre relevant "d'une campagne de caniveau" et insinuant "qu'on sait à qui cela profite". D'autres, comme Martine Aubry et François Hollande, sont restés d'une réserve prudente  Ali Soumaré, quant à lui, confirmait son intention de porter plainte pour diffamation et violation du secret professionnel.

Pour l'ensemble des médias, le scandale, le seul, était là : dans cette instrumentalisation, par l'UMP, de renseignements qui auraient dû demeurer secrets et cette dégradation de la vie publique. Par exemple, Claude Askolovitch, dans le Journal du Dimanche, sous le titre: Pyromanes, s'indignait sur ce registre.

Je lisais, j'entendais, je regardais mais les uniques obsessions étaient celles que je viens de relater: ce qu'a fait l'UMP à l'égard d'Ali Soumaré n'est pas bien, comment cela a-t-il pu se réaliser ? On commence même à imaginer des complicités parce qu'un candidat UMP en Seine Saint-Denis a été un syndicaliste policier important. Bref, on s'occupe de tout sauf de l'essentiel. Plutôt, on se montre incapable d'embrasser deux scandales à la fois, le premier réel mais infiniment moins préoccupant pour la démocratie que le second.

Le second ? Qui s'est demandé une seconde si Ali Soumaré avait ou non un passé judiciaire ? Qui s'est, si la réponse était affirmative, questionné sur cette République capable d'envoyer au combat électoral, par l'entremise de l'un des partis qui la structurent, un jeune homme déjà condamné, peut-être à plusieurs reprises ? "Campagne de caniveau" certes mais quid du caniveau ? La nausée évidemment mais par quoi exactement est-elle suscitée ? Le coeur du débat est là, bien plus que dans les modalités sujettes à caution du recueil de l'information. Si Ali Soumaré, en effet, est déjà passé sous les fourches caudines de la justice, le proposer comme candidat aux citoyens sur une liste – alors qu'on avait le choix de ne pas le faire- constitue une dérive qui manifeste en profondeur un délitement de la morale publique, de l'exigence civique. Condamné, il a pu purger sa ou ses peines et il fallait tout faire pour favoriser sa réinsertion. Mais celle-ci devait-elle passer par un recyclage sur la liste PS des régionales ? N'y a-t-il pas d'autres moyens pour faciliter le retour à la norme ? Notre vivier militant est-il si pauvre que nos partis soient contraints, pour leur cause, de ne pas faire "la fine bouche" ? La démocratisation, serait-ce une tendance à ne plus offrir des modèles mais des repoussoirs ? L'éthique demeure un impératif en dépit des multiples transgressions ici ou là qui donnent bonne conscience à ceux qui n'ont qu'une envie : la relativiser. La pureté est peut-être dangereuse mais surtout elle est épuisante à assumer, je le conçois. Mais pourquoi alors venir dans le champ public ? Au nom de quoi ?

Frédéric Lefebvre, déclarant que "ces documents très précis" sur Ali Soumaré se trouvaient sur Internet, a souligné sur RTL cette évidence qu'il n'était pas indécent de s'intéresser au passé d'un candidat et Valérie Pécresse a fait preuve d'une mesure rare en soulignant seulement que " si les condamnations judiciaires sont vraies, c'est au PS de prendre sa responsabilité pour ces faits".

Comme ce pourrait l'être demain, pour un autre parti, si une telle situation se reproduisait.

Il y a des scandales à double détente. On fonce indignation au vent, tête baissée dans le premier pendant que le second s'étale ostensible et provocant. Il est vrai que la démocratie n'est que l'enjeu de ce dernier ! Rien que cela. L'électeur n'a pas à trancher les questions de morale quand elles peuvent être résolues avant.

Et si Ali Soumaré- si ce passé judiciaire est bien le sien- se retirait avec une élégance plus estimable que l'aval du code électoral ? Il deviendrait à sa manière, autrement que comme notre jeune héros polonais, une référence pour temps républicains troublés. 

 

 

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  1. Monsieur Bilger,
    Sur la base des actes et condamnations imputés à Ali Soumaré par les deux compères de l’UMP, si vous vous renseigniez sur le code électoral, vous constateriez qu’aucun de ces faits n’interdit à ce jeune homme de se présenter aux régionales. Seule la morale s’y opposerait, si la politique (et non le politique) connaissait cet univers de référence. Et, en ce domaine, l’UMP est la dernière à pouvoir donner des leçons (avec le FN peut-être). Le scandale, comme la véritable atteinte à notre démocratie, est donc bien là où le PS le voit. Cordialement.

  2. Un « politique » doit être moralement irréprochable….
    Et quand on détient une seule parcelle du « pouvoir », ne serait-ce qu’à la plus petite délégation du Peuple, et par le Peuple, il ne doit pas être question de malhonnêteté…
    Ces dérives politiciennes sont malsaines, et tant qu’elles existeront, un « politique » ne pourra qu’être soupçonné ! Dans le cas précité cette « candidature » bricolée doit être écartée.
    Pourquoi donc ce jeune Polonais ne serait-il pas pris un jour en position « éligible » puisqu’il démontre son désir de « Servir » et de faire le bien en toute discrétion ? Voilà qui est très rafraîchissant !

  3. Soit, mais comment négliger que cette droite UMP, ex-RPR, a envoyé aux élections de grands condamnés par les tribunaux de la République ? L’un d’eux est même préfet de région par la grâce du Président de la République. Qui s’en est ému ? Pourquoi ne s’en est-on pas ému outre mesure ? Au nom de quoi fait-on le tri dans les condamnations ? Voilà des questions qui méritent aussi une réflexion dans le cadre de celle que vous menez sur cette récente affaire.

  4. Cher Philippe,
    Comme souvent, très souvent, tout cela est fort bien argumenté, énoncé.
    En bon naïf, je pensais que le CV des candidats faisait l’objet d’un examen approfondi dans les partis.
    Il semble bien qu’il n’en soit rien, casier judiciaire, examen psychiatrique, test d’aptitude, tout cela est évidemment indispensable pour obtenir un poste de guichetier à la préfecture, mais ne saurait concerner en rien le personnel politique.
    Je préfère évoquer Simon et Garfunkel, Dustin Hoffman et surtout Anne Bancroft aux jambes à faire damner un saint, ce que je ne suis nullement, mais qui ont tant fait pour que les jeunes gens fantasment sur les charmes de la belle bourgeoisie. Merci, merci beaucoup.

  5. Bonjour,
    Vous posez bien là le véritable problème lorsque vous déclarez : « …le proposer comme candidat aux citoyens sur une liste – alors qu’on avait le choix de ne pas le faire – constitue une dérive qui manifeste en profondeur un délitement de la morale publique, de l’exigence civique. »
    Cela n’est pas nouveau. Je me permets simplement de rappeler que les mêmes partis n’ont pas hésité, par le passé, à représenter à plusieurs reprises devant les électeurs des personnalités dûment condamnés pour des faits graves (dont un a même occupé le troisième poste de l’Etat en terme protocolaire). A titre personnel, je vois à travers ces comportements déliquescents l’origine de nombre de maux dont on affuble ou accuse, c’est selon, l’institution judiciaire (le monde politique veut se venger et oppose systématiquement le pouvoir des urnes aux pouvoirs des juges) et les symptômes de la crise grave que traverse malheureusement notre démocratie.

  6. Jean-Dominique Reffait

    D’un côté nous avons des suppositions. De l’autre une certitude. Vous vous indignez des suppositions en passant généreusement sur les certitudes. Non.
    Il n’y a pour le moment qu’un fait : des éléments d’un dossier judiciaire sont transmis à des fins de campagne électorale par des services de l’Etat. C’est le seul fait de cette histoire dont vous admettez vous-même qu’il n’est pas démenti. Pas grave ? Je vous ai lu plus soucieux de l’impartialité de l’Etat en d’autres circonstances. Et votre précédent billet concernant les policiers en prend un sérieux coup : il faut y rajouter la suspicion de collusion d’intérêt entre la police nationale et l’UMP. Ca fait beaucoup mais ça ne vous gêne plus ?
    De l’autre, nous avons des allégations portées par le fils bien éduqué d’un ancien ministre de l’Intérieur, populaire dans la police et un responsable syndical de ladite police, corse de surcroît, ce qui n’est pas à mes yeux un gage de grande honnêteté morale dans la sphère publique.
    Les documents de ces messieurs ? Aucun pour le moment. Nous sommes impatients de lire la longue liste des condamnations de M. Soumaré, mais non, on se contente de balancer une fusée. La gêne de Valérie Pécresse en dit long sur la solidité du dossier. En vérité, M. Soumaré est le porte-parole des familles des jeunes de Clichy-sous-Bois, dossier pour lequel deux policiers sont poursuivis pour faux témoignage (ah l’acharnement contre ces pauvres petits policiers angéliques !). Il s’agit donc d’une opposition frontale entre MM. Soumaré et Beschizza, avec règlements de compte de barbouze à la clé.
    J’ai beau chercher sur le web, y compris sur les sites de l’UMP du Val d’Oise, aucune trace des documents. A peine sait-on qu’une affaire est en cours, sans savoir de quoi il s’agit. A-t-il brûlé un feu rouge ou tué une vieille dame ? On n’en sait rien.
    Vous êtes donc bien prompt à suggérer le retrait de la candidature d’Ali Soumaré. La préfecture a validé sa candidature, démontrant qu’il n’a pas été condamné à des peines infamantes privatives des droits civiques.
    Et puis… Doit-on faire la très longue liste de tous les repris de justice que la droite a recyclés ? Il n’en a pas été fait tout un foin par la gauche : Carignon, Longuet, Balkany et consorts.
    N’ayons pas l’indignation sélective.

  7. Le casting au faciès dans les partis politiques entraîne nécessairement des déconvenues ou des révélations gênantes utiles pour le camp adverse. Dans ma commune, le candidat socialiste aux dernières municipales portait un bracelet électronique pour abus de biens sociaux. Certain de l’emporter, il s’est accroché quelque temps jusqu’à ce que la fédération socialiste désigne un autre candidat. La médiocrité de notre système de représentation politique amène sur la scène médiatique Ali Soumaré dont la seule qualité est d’être Noir pour coller à l’air du temps. Il n’a pas oeuvré professionnellement dans sa vie pour avoir qualité à représenter le peuple, mais il est du même acabit qu’un excité du mouvement Jeudi Noir ou qu’un ancien sportif épinglé par la Cour des comptes, David Douillet.

  8. Bonjour,
    A la lecture de votre note, doit-on comprendre qu’un candidat ayant un casier judiciaire doit renoncer à se présenter à une élection ? Si oui, doit-on modifier le code électoral ?

  9. Cher M Bilger.
    Vous avez à mes yeux à la fois tort et raison.
    Raison face à la moralisation des hommes politiques, mais alors il faut qu’à gauche comme à droite, toutes les personnes condamnées soient assez dignes pour ne pas revenir ou venir à la politique, et ça en fait beaucoup, de Juppé à Balkany… et que les électeurs ne votent pas, comme il le font pourtant avec constance, pour des hommes politiques condamnés pour des malversations bien souvent liées à leur carnet d’adresses.
    Et en même temps, vous avez tort, car la dette est payée, et il faut avoir assez d’humanité pour reconnaître que la vie n’est pas un long fleuve tranquille, et que le sort, la colère, la pauvreté, la bassesse, la lâcheté.. nous emmènent ou peuvent nous emmener, tous, sur des chemins de traverse.
    La bonne attitude, qui demande un courage énorme, à la fois du candidat et du parti qui le soutient, serait d’arriver en mettant cartes sur table : « je suis un inconnu, mon parcours a été semé d’embûches, je me suis trompé, la société, avec raison, m’en a fait payer le prix, aujourd’hui je suis là comme témoin que l’on peut changer et comme témoin d’un autre monde, dont ne sont pas issus la plupart des politiques ».
    Mais cela est bien naïf, le fond du problème c’est que nos hommes politiques sont immoraux, tous, à des degrés divers, sanctionnés ou non par la justice. La politique est devenue un moyen comme un autre d’avoir du pouvoir et/ou de l’argent. Elle n’est pas (plus) faite pour faire avancer le bien commun.

  10. Le délitement est effectivement général parce que la référence à la « morale » ( laïque en l’espèce et non pas religieuse ) a totalement disparu de la société actuelle.
    Délitement quand le personnel politique, après condamnations diverses, se représente aux suffrages de ses concitoyens.
    Délitement quand les électeurs eux-mêmes choisissent pour les représenter des personnes condamnées.
    Mais s’appliquer certains principes d’action est nécessairement « ringard » puisque le cynisme ambiant est la règle.
    Cela est à rapprocher du système financier dont le seul objet et objectif est de faire de l’argent quelles qu’en soient les causes et les moyens. Il suffit d’étudier le rôle de la banque Goldmann-Sachs dans les déboires de la Grèce : d’abord conseil du gouvernement grec en lui conseillant un endettement, conseil grassement rémunéré ; puis spéculatrice en jouant sur les marchés cette même dette accumulée, avec un rapport financier encore supérieur, malgré le coût humain pour la population grecque !
    Ce point n’est pas très éloigné du sujet développé par Ph. Bilger car le personnel politique qui use des médias et pousse ses cris d’orfraie à la moindre attaque (cf. le cas Frêche) en prenant à témoin la conscience « citoyenne », est incapable de lutter contre les effets pervers du système financier internationalisé… A part « pleurer » sur les conséquences sociales !

  11. monsieur prudhomme

    Allez jusqu’au bout de votre pensée et demandez à tous ceux qui ont été condamnés de se retirer.

  12. « Et si Ali Soumaré- si ce passé judiciaire est bien le sien- se retirait avec une élégance plus estimable que l’aval du code électoral ? Il deviendrait à sa manière, autrement que comme notre jeune héros polonais, une référence pour temps républicains troublés. »
    « (AFP) – il y a 1 heure
    PARIS — L’ancien premier secrétaire du Parti socialiste (PS), François Hollande, a déploré les accusations portées’ sans en apporter la preuve’ contre Ali Soumaré, tête de liste PS aux régionales dans le Val d’Oise, mais a jugé que ‘si c’était avéré, il y aurait des suites à donner‘.
    ‘Il y a des règles à observer : on ne met pas sur la place publique des accusations sans en apporter la preuve‘, a déclaré M. Hollande interrogé sur Canal+ sur les attaques de l’UMP accusant M. Soumaré d’être un « délinquant. »
    « Mais l’affaire de polémique politicienne, pourrait glisser sur un tout autre terrain […] En effet, le 8 février, Jean-Pierre Mignard, également avocat des familles des deux adolescents décédés en 2007 après la collision entre leur moto et une voiture de police, a déposé plainte contre les policiers pour ‘faux témoignage‘. Et Ali Soumaré était le porte-parole de ces mêmes familles. Cette nouvelle mise en cause d’Ali Soumaré, qui fut porte-parole des familles de Villiers-le-Bel, quelques jours après l’engagement de poursuites judiciaires à l’encontre de fonctionnaires de police dans le cadre des incidents de Villiers-le-Bel, pose question », constate, dans un communiqué, Marie-Pierre de La Gontrie, porte-parole de la campagne Huchon 2010. »
    Avons-nous affaire à un nouvel incident Valérie Bègue, autrement dit à un candidat qui n’aurait pas été complètement honnête avec ses mentors, ici le Comité Miss France, là le PS, sachant que dans un cas comme dans l’autre, dire les choses avant qu’on ne les découvre laisse auxdits mentors le choix d’assumer ou de ne pas assumer, selon le degré de gravité estimée à l‘aune de leurs propres critères le passé de son poulain (combien de personnages dont le comportement leur a valu une inéligibilité judiciaire, sont revenus ensuite dans l‘arène politique…!), et ne pas le faire revient à une forme de rupture de contrat et ou d’escroquerie morale. Laquelle, si elle n’enlève rien à la beauté primée ou élue, est d’ordre rédhibitoire dès lors qu’il s’agit d’une candidature politique.
    Ou bien avons-nous affaire à une sombre salade électoraliste assaisonnée au vinaigre de la calomnie et assortie d’un traficotage de fichiers ? Auquel cas, il conviendrait que le candidat qui lui, connaît la vérité, ne se laisse pas abattre et se fasse un tremplin d’une éventuelle campagne de dénigrement pure et simple.
    Toute chose étant en ces matières, bien évidemment à double tranchant. Le peuple pardonne en effet beaucoup de choses, mais en aucun cas le foutage de gueule pur et simple, que ce soit le parti de l’adversaire du réputé délinquant qui tente de lui faire prendre des vessies pour des lanternes, ou que ce soit le parti du candidat concerné dont la hiérarchie aurait failli éplucher le CV en temps utile.
    Ceci étant, n’ayant pas été déclaré inéligible, il lui reste la ressource d’une candidature sans étiquette, ou sans autre étiquette que celle de pourfendeur de la mauvaise foi généralisée.

  13. Bonjour monsieur Bilger,
    Il est clair que le PS, sans doute soucieux de se fournir en voix auprès d’une population qui commence à devenir « significative », à savoir celle des banlieues, a sans doute fait preuve de négligence en ne vérifiant pas les antécédents de son candidat.
    D’un autre côté, il est à remarquer que côté UMP on n’est pas vraiment regardant sur la qualité du candidat non plus. Le délit de « sale gueule » de Francis Delattre à l’encontre de son adversaire dont, semble-t-il, le morphotype ne lui convenait pas, n’est pas vraiment un argument de bon goût. Mais c’est le fameux « humour de droite » que l’on rencontre généralement parmi les militants de l’UMP, voire même chez certains ministres…
    La seconde « révélation », à savoir candidat « multirécidiviste » par contre est plus sérieuse, car pour faire de la politique, il est clair qu’il faut avoir une morale politique sans faille.
    Une fois élu, il est vrai que cette fameuse morale sous l’influence des sollicitations diverses a tendance à s’émousser quelque peu. Mais il est indispensable de partir sur des bases saines…
    Depuis quelque temps, on le voit, l’affaire Clearstream est là pour nous le montrer, mais aussi, l’élection régionale en Languedoc-Roussillon et maintenant celle d’IDF, l’important pour gagner une élection n’est pas tant de présenter un programme aux électeurs, mais surtout de salir son adversaire en se présentant en parangon de vertu.
    Tout cela est bien glauque, mais en politique, comme dans les « affaires », seule la victoire est belle et les moyens pour y parvenir importent peu.
    On nous annonce un taux d’abstention record en mars prochain. Nul doute que ce genre de polémique du genre Clochemerle ne va pas inciter les citoyens à se précipiter pour aller voter.

  14. Monsieur,
    J’espère avoir mal saisi la teneur de vos propos.
    Pensez-vous qu’un candidat sanctionné pour avoir commis une infraction ne puisse pas, par la suite, se présenter à des élections ?
    L’inéligibilité que vous lui demandez de s’appliquer ne vous paraît-elle pas constitutive d’une double peine ?
    Salutations respectueuses

  15. Cher Monsieur,
    A la lecture de votre article, un souvenir d’enfance en forme de citation me revient : « La Loi, ça se respecte. Les valeurs, ça se partage. »
    Vous comme moi observons que nos responsables politiques veillent à ne pas être pris en défaut avec la loi. D’où le premier scandale que vous évoquez.
    Le second scandale relève de valeurs que l’on partageait naguère. On pourrait multiplier les exemples de ces abandons, à droite comme à gauche, en bas ou au sommet. (L’exemple le plus significatif restant pour moi celui d’Alain Carignon, candidat UMP en 2007)
    Cette évolution était prévisible. Et que faisons-nous aujourd’hui pour l’arrêter ?

  16. Il faut toutefois noter quelques ambiguïtés dans notre pays. En effet monsieur Soumaré ne pourra jamais être vigile dans une grande surface car son passé de délinquant, s’il est avéré, lui interdira cette profession. Par contre, rien ne l’empêche de briguer des postes à hautes responsabilités (maire, député…) c’est quand même un risque pour les citoyens que nous sommes non ?

  17. Pourquoi lui devrait-il se retirer des régionales et le maire d’Issy-les-Moulineaux M.Santini, lui, bénéficie des juges pour le laisser le temps des régionales car il est poursuivi pour abus de bien sociaux par la justice.

  18. Une fois de plus votre commentaire aura été pertinent. Cette affaire n’est-elle pas la conséquence d’une irresponsabilité sociétale française ; société dans laquelle on n’accepte ni la responsabilité, ni la contrainte et dans laquelle on manque cruellement de confiance dans la société elle-même mais aussi dans l’autre.

  19. Remarque en passant : la droite de ce pays ne se préoccupe guère de l’historique judiciaire des candidats, lorsque ceux-ci sont de son camp et condamnés (parfois récemment) pour corruption, abus de biens sociaux, etc. Certains voyagent même avec le Président de la République lors de ses voyages officiels.
    Pour les candidats de la droite, ils savent entonner la musique de « j’ai purgé ma peine, payé ma dette à la société, etc. » S’agissant des candidats de la gauche, en revanche ce sont des « délinquants multirécidivistes chevronnés ».
    Cela fait partie du cérémonial électoral, probablement, mais la politique n’en sort pas grandie.

  20. C’est effectivement le point qui m’a marqué immédiatement : on révèle qu’un homme aurait fait l’objet de plusieurs condamnations pour des faits graves d’atteintes aux biens et aux personnes, et le seul scandale que voient les médias, c’est qu’on ait révélé ces faits. Je pourrais dire que c’est surprenant, mais ça ne l’est pas tant que cela.
    Après, je suis tout à fait d’accord avec ce que vous écrivez, en indiquant : « on se montre incapable d’embrasser deux scandales à la fois, le premier réel mais infiniment moins préoccupant pour la démocratie que le second. »

  21. Pierre-Antoine

    @PB
    « Notre vivier militant est-il si pauvre que nos partis soient contraints, pour leur cause, de ne pas faire « la fine bouche »? »
    Je ne pense pas que ce soit la pauvreté du vivier, mais la largeur du fossé entre les jeunes des cités et ce « vivier », qui pousse le PS à chercher quelqu’un qui leur ressemble.
    Ressemblance non sur le plan judiciaire, mais sur l’origine, le langage et la proximité !
    A ce détail près, je souscris à votre billet.
    Cordialement
    Pierre-Antoine

  22. Le plus surprenant dans cette histoire est le côté « tu fais pareil, tare ta gueule à la récré » des arguments échangés par nombre d’intervenants. La politique c’est pour des gamins de maternelle qui aiment se rouler dans la boue. C’est en tous cas la deuxième occasion qui m’est donnée de le relever (http://bit.ly/bVJp8h).
    A croire que ni la morale, ni le droit n’ont plus d’importance : ce qui compte c’est de ne pas se faire prendre. Et si on est pris par un tricheur, c’est comme si on n’était pas pris !
    Et d’aucuns s’étonnent des prévisions d’abstentionnisme.
    S’il s’agissait d’élire des gens sérieux, honnêtes, travailleurs (travailleurs, pas multipostes/multitâches), peut-être les électeurs seraient-ils plus concernés ?

  23. Cher Philippe,
    Le second scandale méritait d’être souligné. Merci d’avoir avancé sur cette voie.
    Me J-P Mignard (tiens ? Ali Soumaré a choisi Me Mignard comme avocat ; Me Mignard est-il avocat et subsidiairement militant PS ou le contraire ?) a exposé au journal de mi-journée de France Inter que son client, en dehors d’une affaire très ancienne et « amnistiée » (?) contestait tout et que rien n’étant jugé, on était dans le scandale le plus abominable en tentant de salir un homme intègre. Pourquoi pas ? Personne n’a l’information de première main, chacun parle sur la foi de fuites, de on-dit… Si les accusations sont mensongères, la justice le dira pour les élections de 2015… peut-être !
    Deux réflexions :
    1-quel métier curieux que celui d’avocat. Dans ce cas comme dans celui de J-P Treiber, tout le monde marche un peu sur des œufs, avec prudence. Pas très à l’aise à droite comme à gauche sur le cas Soumaré, chacun pèse (à peu près) ses mots ; Treiber, dont le corps vient d’être retrouvé pendu, suscite un peu de dignité et de retenue. Dans les deux cas, les seuls qui se permettent des commentaires définitifs et tonitruants, ce sont les avocats (je parle de Szpiner et Mignard). Une race à part, au-dessus de tout ce qui régit le reste de la population ; ils peuvent tout se permettre, même les propos excessifs. Le bon sens, l’intérêt général ne comptent pas. Seul l’intérêt (?) de leur client s’impose, sans contre-pouvoir semble-t-il, et l’avocat se pose en porte-parole de la thèse la plus outrancière que son client aurait hésité à proférer avec le même aplomb lui-même. Servent-ils vraiment la justice dans ce cas ?
    2- ceux qui sont impardonnables dans cette affaire sont les responsables du PS qui accordent les investitures… Il y a assez de Français pour ne sélectionner que des gens irréprochables, et dont on est sûr des mains propres. Je sais que ceci s’applique depuis bien longtemps à droite comme à gauche ; mais aller ici et maintenant (après le débat sur l’identité nationale) faire sortir de l’anonymat un candidat « issu de la diversité » pour que son passé se retrouve sur la place publique (même si c’est à tort pour une part…) et ouvrir un boulevard à tous ceux qui voudront faire l’amalgame entre blacks du 9-3 et « connu des services de Police », c’est vraiment d’une bêtise ou d’une irresponsabilité politique graves.

  24. Mais enfin Philippe vous n’y pensez pas, vous voulez quoi au juste ?
    Que les élus condamnés, tiens au hasard, à des prises illégales d’intérêt se retirent ; qu’ils partent en exil à Saint-Martin et qu’ils y restent. Si on vous laissait faire, pour un peu vous exigeriez aussi que tous les politiciens mettent leurs actes en conformité avec leurs paroles ; que l’on ne trouve pas normal par exemple qu’un élu de la gauche de la gauche pleure sur le sort des pauvres Français, son oeil larmoyant rivé sur la montre à plus de 50 000 euros qu’il a payée en espèces…
    L’éthique dites-vous ; et puis quoi encore ?

  25. Certes, certes, mais alors parlons aussi de l’élégant M. Balkany, ami (autoproclamé ??) plein de classe de notre actuel président…

  26. Vos propos me choquent.
    Je ne sais pas davantage que vous si les propos portés à l’encontre de M. Soumaré sont exacts.
    A supposer qu’ils le soient, il est peu probable que M. Soumaré soit à l’heure actuelle sous le coup d’une condamnation lui interdisant d’être candidat à une élection.
    Sans doute même, les condamnations dont il est fait état ont-elles été exécutées.
    Dès lors, je ne vois pas un instant pourquoi M. Soumaré ne pourrait pas être candidat.
    Devrait-on empêcher tout délinquant d’avoir ce statut ? En ce cas, il appartient au législateur d’introduire cette règle. Comme il n’a pas jugé bon de le faire, M. Soumaré peut se présenter à une élection. Il n’y a aucun scandale à cela, bien au contraire.
    Que vous ne souteniez pas ce candidat est une chose que j’admets. C’est votre droit le plus absolu.
    En revanche, que vous qualifiiez sa candidature de scandale est inadmissible.

  27. Je lis avec attention votre avis sur cette « affaire » mais je ne peux m’empêcher de me poser une question, permettez que je vous la soumette.
    Vous écrivez « Si Ali Soumaré, en effet, est déjà passé sous les fourches caudines de la justice, le proposer comme candidat aux citoyens sur une liste – alors qu’on avait le choix de ne pas le faire – constitue une dérive qui manifeste en profondeur un délitement de la morale publique, de l’exigence civique ».
    En quoi présenter un citoyen disposant de ses droits civiques, ayant été condamné pour des faits vieux de 11 ans désormais, constituent-ils une dérive de la morale républicaine ?
    Puis-je vous rappeler que depuis il s’est impliqué dans la médiation entre les représentants de l’ordre public et les « jeunes » (pour peu que ceux-ci constituent une catégorie homogène, ce qui n’est pas la réalité). Ne vient-il pas à votre esprit lucide et rapide que cette condamnation a peut-être marqué une prise de conscience qui l’a poussé à s’engager politiquement, socialement ?
    Est-ce à dire que vous jugez comme une dangereuse dérive morale le fait de tirer les conséquences de son passé pour progresser ?
    C’est aussi pour cette implication que le PS – ses militants – du 95 a choisi de l’investir, pas uniquement sur le fondement marketing de la diversité que les médias ont jugé bon d’amplifier.

  28. Qui ne s’est pas indigné de la chasse qu’a subie Jean Valjean par Javert dans l’excellent roman de Victor Hugo, « Les Misérables ». Oui, il a eu des problèmes avec la justice, et il a été pourchassé sa vie durant. N’en était-il pas moins un bon maire ? Doit-on vraiment traîner ses condamnations passées (et payées) toute sa vie ? Pour ma part, je ne le crois pas.

  29. A en croire la sagesse populaire, la plupart des politiciens sont des escrocs, des menteurs, des personnes cupides et vaniteuses. D’ailleurs, et pour preuves indirectes, certains y gagnent même des titres honorifiques tels des abus de biens sociaux, détournement de fonds, diffamation etc… Mais continuent de se représenter et de se faire élire !
    Encore un peu jeune et naïf, je suis enfin heureux de savoir la frontière de probité qui sépare un bon candidat d’un mauvais : c’est d’avoir été élu avant d’être un voyou. De la bouche d’un magistrat, c’est très révélateur. Que l’on soit riche ou puissant…

  30. Patrick Handicap expatrié

    La morale politique, quelle blague quand on voit M. Balkany participer à presque tous les voyages officiels du Président, lui qui a été réélu malgré ses condamnations en correctionnelle.
    Et encore, Stéphane Guillon n’a pas cité ce qui aurait dû lui valoir les assises : la relation sexuelle (fellation) de sa secrétaire sous menace d’une arme (357 magnum).
    Il faudra d’ailleurs m’expliquer pourquoi le procureur n’a pas poursuivi même si la secrétaire avait retiré sa plainte, car il s’agissait bien d’un viol, donc d’un crime, de plus particulièrement lâche et odieux vu les circonstances.
    Alors ce qui serait reproché à Ali Soumaré, c’est de la bibine à côté…

  31. A supposer que les faits soient vrais – ce qui est loin d’être établi à l’heure où nous parlons – pourquoi devrait-il se retirer ? Combien d’hommes politiques condamnés pour des faits plus graves se sont représentés et ont été élus ? L’UMP en connaît quelque chose avec les Patrick Balkany et autres Alain Carignon. Ils sont malvenus de donner des leçons dans ce domaine.

  32. Monsieur Bilger,
    J’ai lu, sous la plume d’un universitaire italien spécialiste de la Rome antique, qu’un descendant de Caton le censeur, contemporain de César, auprès duquel un de ses partisans s’indignait de que ce dernier achetât des électeurs en vue de son élection au consulat expliqua qu’il fallait en acheter plus que lui !
    Je me souviens aussi de ce vers de Corneille : « Un tas d’hommes perdus de dettes et de crimes », repris par Gambetta dans un procès mémorable sous le Second Empire.
    Et l’on pourrait remplir des pages et des pages de cas similaires et conclure, pourquoi pas?, en ajoutant un commentaire à l’affaire Soumaré : comparer l’épaisseur d’un poil à celle d’un autre poil ou bien à celle d’une poutre.
    Et pourtant comment ne pas commenter ?

  33. Jean-Louis Bernard

    J’approuve la réflexion…
    Mais enfin, Le Pen, Papon, Bousquet, Balkany et tant d’autres… n’ont-ils pas été élus de la nation ou fonctionnaires, députés, préfet, ministres ? Je ne connais pas les faits qui sont reprochés, mais je doute qu’ils soient pires que la torture, la déportation, la menace avec arme… Nous verrons bien mais hélas, hélas, hélas, la situation s’est déjà si souvent produite que ma conclusion n’est pas encore écrite !
    Et puis comme l’écrit Michel Onfray :
    « Comme ces temps-ci le voile tombe et qu’on entend des intellectuels défendre un violeur de jeune fille, pourvu qu’il soit cinéaste, ou un amateur de prostitution pédophilique, pourvu qu’il soit ministre, on a eu également des défenseurs de la tricherie pourvu qu’elle soit le fait d’un footballeur de l’équipe de France, les héros de nos temps modernes… » Alors la justice, la morale… Voici venu le temps de la décadence…

  34. Bonjour
    1/ il est évident que l’UMP est allé chercher des poux dans la tête de Ali Soumaré. S’il avait été blanc, l’UMP aurait-elle fait son enquête ? !
    2/ il est étonnant de pouvoir révéler publiquement des informations aussi personnelles !
    3/ Contrairement à ce que vous dites, s’il a un passé et même une actualité douteuse, la réinsertion peut aussi passer par l’engagement politique ! Je ne vois pas pourquoi il ne mérite qu’une réinsertion « de moindre qualité » quand la petite histoire ne dit même pas quelles sont ses compétences et sa formation.
    4/ Evidemment, ça ne fait pas bon genre tout ça. Déjà qu’on ne voit pas toujours venir le délinquant en col blanc, alors si on le met (si c’est prouvé) sur le trône en le sachant d’avance… c’est pas très bon pour l’exemple !
    Bref, résultat ? eh ben, ça vole pas haut tout ça… et cela, qu’importe la solution qui sera trouvée pour terminer l’affaire.
    En tant que simple citoyen, je ne sais même pas quoi en penser vraiment.

  35. Donc une erreur passée, et payée, reste la tache de Macbeth et fait de soi un citoyen de deuxième catégorie – à vie.
    Et n’importe qui peut venir la brandir et vous faire sortir du cercle social sous les huées des vertueux (ou des malins futés).
    Ne faudrait-il pas, pour améliorer le système, que cela devienne héréditaire ?

  36. Alex paulista

    Je suis bien d’accord avec notre hôte : c’est incroyable d’envoyer au feu électoral un candidat dans une situation aussi délicate.
    C’est tellement énorme, à se demander si le pauvre homme ne fait pas office d’abcès de fixation.
    D’un autre côté, si tous les hommes politiques portaient en écharpe toutes leurs condamnations passées et procédures en cours pour détournement de fonds publics, emplois fictifs, subornation de témoins, faux en écritures, fausses factures, incitation à la haine raciale, non-respect de subordonnés, non-respect des recommandations de décontamination du sang, vote à la chaussette et autres bourrages d’urnes… les débats publics seraient beaucoup moins catholiques.

  37. Je lis les billets de monsieur Bilger avec un plaisir toujours renouvelé. La langue est belle, l’exposé clair et précis : autant d’assurances qu’une certaine éloquence ne se résigne pas à disparaître.
    Je partage le fond de la remarque : s’il est vrai que monsieur Soumaré a le passé judiciaire que lui prêtent ses détracteurs UMP, qu’allait-il faire dans cette galère ? Il eut été plus judicieux de la part de l’appareil du PS de discuter du bien-fondé de sa candidature avec l’intéressé, sans faux-semblants.
    Je ne peux toutefois m’empêcher de rapprocher monsieur Soumaré – qui n’a rien d’un professionnel de la politique – de certains acteurs de premier plan, tels qu’Henri Emmanuelli ou Alain Juppé : monsieur Bilger s’interroge – concernant monsieur Soumaré – sur le bien-fondé d’une candidature risquant de faire plus figure de « repoussoir » que de « modèle ». Ce sont là des inquiétudes que je partage. Je ne peux pour autant souscrire à ce qui ressemble à une campagne de dénigrement.
    Car voilà à mon sens un citoyen, dont le seul tort – outre son passé (qui reste à confirmer à ce jour) judiciaire – est de ne pas appartenir au sérail des professionnels de la politique. Nous aurions aimé entendre le même concert de réprobation lors de la réapparition de monsieur Juppé, une fois surmontée la tentation de Venise. Car voilà une personnalité politique qui a un réel passé judiciaire. Rappelons-nous, parmi les attendus du jugement rendu par le tribunal de grande instance de Nanterre, celui faisant référence à la confiance du peuple souverain…
    Le fait que monsieur Juppé soit maire de Bordeaux – avec le passé judiciaire qui est le sien – ne fait pas réagir le désormais incontournable monsieur Lefebvre. L’UMP s’accommode plutôt bien de ce passé-là, puisqu’on lui a confié la prestigieuse responsabilité de réfléchir, avec monsieur Rocard, aux orientations du grand emprunt qui va être lancé prochainement. La remarque s’applique pareillement à monsieur Emmanuelli, qui a retrouvé son fauteuil de député malgré ses déboires judiciaires, sur lesquels réprobation et critique ont glissé comme sur une toile cirée.
    Pourquoi autant d’agitation autour d’une candidature pour le moins inopportune, certes, mais guère plus choquante que ce à quoi nous ont habitué les principaux accusateurs du jour ? Est-ce à dire qu’il y a deux poids et deux mesures, et que les « chiens de garde » autoproclamés nous confirment que « selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » ?

  38. Disons que ces critiques seraient un peu plus fondées si elles n’émanaient pas d’un parti auquel appartient un certain Patrick Balkany qui (comme Jean-Paul Huchon du reste) semble correspondre, si l’on en croit ce qu’on lit sur Internet, à la définition d’un repris de justice.
    Si j’admets pour ma part très bien qu’un délinquant ayant purgé sa peine reprenne sa place dans le jeu démocratique, il me semble impératif d’en exclure définitivement ceux qui ont manqué à l’obligation de probité qui est fondamentale pour un élu. Dans n’importe quelle entreprise, un salarié qui tape dans la caisse est renvoyé. Question de loyauté.
    Dommage donc que votre analyse manque, cette fois-ci, un peu de pertinence.

  39. Ali Soumaré est l’un des deux personnages centraux d’un documentaire réalisé par TF1 en 2009 sur la vie dans les cités de Villiers-Le-Bel et Goussainville : dans ce documentaire, on voit Soumaré conseiller le journaliste de TF1 sur les endroits à filmer ou les personnages à interviewer ; mais il y joue simplement le rôle d’ouvreur de route pour TF1, désireuse de tourner ses images sans voir son équipe de tournage prise à partie par les jeunes. Le second personnage central du documentaire est cette personne d’origine africaine qui a été au nombre des Français ayant interrogé tout récemment Nicolas Sarkozy sur TF1.
    Je me demande, naturellement : pourquoi seulement Soumaré ?
    La question qu’il faut se poser est celle de savoir si le fait que Soumaré soit tête de liste est ou non conforme au code électoral.
    Je sais bien que les âmes sensibles veulent qu’un candidat à une fonction élective remplissent d’autres conditions que celles fixées par le code électoral. Ce sont les mêmes sensibles qui exigent notamment que la femme n’entre dans le mariage qu’à la condition d’être vierge.
    Je ne suis de ces âmes sensibles, même si j’estime souhaitable qu’un futur élu soit irréprochable en tous points.
    Mais chacun sait que de nos jours il est difficile de trouver des gens absolument propres.
    Monsieur l’Avocat général Bilger incarne le droit ; en tant tel, il doit donc être attaché au formalisme.
    Mais chacun sait que les délinquants ne sont pas seulement ceux qui ont été déclarés tels par les tribunaux ou cours. On trouve dans notre société quantité de délinquants sur lesquels la police et la justice n’ont pas encore mis la main ou à l’égard desquels l’une et l’autre se sont montrées gentilles. Ces délinquants-là ne sont pas des délinquants selon la justice des hommes, attachée à son petit formalisme. Mais on sait qu’ONTOLOGIQUEMENT ils sont aussi détestables humainement que les délinquants reconnus comme tels par cette même justice.
    Il n’est pas certain que Soumaré soit le seul délinquant d’entre les candidats aux élections régionales.
    Quelqu’un peut-il mettre sa main au feu et dire qu’aucun desdits candidats n’a commis à l’insu de la police et de la justice un délit ou même un crime ?
    On pourrait bien trouver par ceux-là des fraudeurs fiscaux, des pédophiles, des violeurs, des menteurs, etc.
    Je suis pour la radicalité. Allons vraiment au fond des choses : comme la police et la justice n’ont pas assez de moyens pour appréhender et sanctionner tous les délinquants, pourquoi ne pas organiser des séances de confession collective où chacun viendrait dire ce qui le tourmente.
    Que Soumaré, même en violation du code électoral, doive payer ne me pose aucun problème : je suis pour la vertu, c’est-à-dire pour une valeur qui est supérieure au droit positif, ce droit dont Monsieur l’Avocat général Bilger assure, à son niveau et selon ses moyens, l’application dans son vernis pénal (j’aime bien ce mot « vernis » que nos juristes adorent souvent employer).
    Comment ce candidat de l’UMP a-t-il pu accéder au dossier pénal de Soumaré ?
    Monsieur l’Avocat général Bilger aurait dû se poser cette question, qui interpelle la justice des hommes.
    L’actuel contexte d’agitation autour de l’identité nationale pourrait-il expliquer le dérapage nauséabond où s’engage la campagne pour les régionales?
    A mon avis, Monsieur l’Avocat général Bilger, en prêtant le flanc à une manoeuvre de basse politique, se départit de sa mission de citoyen : celle d’aborder uniquement les questions de fond, d’ignorer les questions de personne.
    Je crains que Soumaré pose problème parce que fondamentalement il est jeune, de race non européenne et originaire d’un quartier.
    Ses antécédents judiciaires sont un beau prétexte pour ceux qui l’ont offert à la vindicte populaire d’avancer masqués.

  40. Monsieur Bilger,
    Mon commentaire n’a rien à voir avec l’affaire Treiber. Il a à voir avec l’affaire Ali Soumaré, tête de liste du PS dans le Val d’Oise, qui a fait dernièrement l’objet d’attaques de la part de responsables UMP d’Ile-de-France mais aussi nationaux (à l’instar de Frédéric Lefebvre).
    Vous étiez ce soir invité sur le plateau du talk Orange-Figaro et avez été interrogé sur cette affaire. Pour résumer, vous avez estimé les actions de ces responsables « légitimes » dans le cadre de ces élections. Argument : il faut savoir pour qui l’on vote.
    Je ne vais pas vous cacher que ces propos m’ont totalement surpris de votre part. Le mot « légitime » est particulier, a un sens, se rattachant à la sphère de l’éthique, de la morale et plus généralement de la justice. Il est à distinguer, comme vous le savez, de celui de « légal », d’ordre juridique.
    Sur ce dernier point, vous connaissez très certainement les règles de droit : les informations divulguées et utilisées par les responsables de l’UMP et leurs acolytes ne pouvaient être accessibles par tous. Comme l’a écrit maître Eolas sur son blog à l’instar d’autres blogueurs-juristes et journalistes, l’ensemble de ces informations ne pouvait être accessible qu’en commettant un délit. Ainsi, les membres de l’UMP impliqués condamnent M. Soumaré au regard de son casier judiciaire tout en commettant eux-mêmes un délit. C’est un comble.
    Sur le plan de la légitimité, les choses se corsent véritablement.
    D’une part, il me semble qu’au sein des listes de l’UMP dans le cadre des élections régionales franciliennes, un certain nombre de candidats sont connus pour avoir été condamnés à plusieurs reprises et ont un casier judiciaire bien plus fourni que celui de M. Soumaré. De ce point de vue, le PS pourrait tout à fait jouer à ce jeu et je suis sûr qu’il gagnerait haut la main tant l’écart est important.
    D’autre part, cette question n’a rien à faire dans un tel débat. Ma conviction, c’est que les responsables UMP en Ile-de-France sont tellement dépourvus, sont tellement ridiculisés par certains propos tenus par eux (je pense notamment à ceux de Valérie Pécresse qui fait preuve d’une maladresse qui confine parfois à l’amateurisme le plus radical), qu’ils en viennent à ces extrémités pour tenter de décrédibiliser l’adversaire, seule chance de succès pour eux. Autrement dit, il s’agit d’un moyen de détourner l’attention en salissant coûte que coûte un candidat, au détriment d’un droit à l’oubli qui est, quant à lui, me semble-t-il légitime. C’est d’ailleurs pour cela que les responsables du PS locaux et nationaux n’entrent pas dans ce jeu, ayant toutefois conscience qu’ils pourraient largement en abuser.
    Mais cela rejoint un autre élément de réflexion : pourquoi Ali Soumaré ? J’affirme que ces attaques ont pour origine sa couleur de peau. Car qui pourrait imaginer de telles attaques contre un candidat ou un élu « blanc ». Il faut tout de même avoir conscience que cela est une première dans un tel cadre. On voit poindre ici un racisme qui ne dit pas son nom, des amalgames récurrents association notamment « immigrés » et délinquance. Les responsables UMP jouent ici avec le feu : il est facile de faire de tels amalgames qui sont souvent ancrés chez un nombre toujours trop important de nos concitoyens, notamment dans la périphérie parisienne. Nous entendons trop souvent la délinquance être associée à l’immigration et in fine à la couleur de peau. Etre de couleur, c’est faire l’objet de préjugés parfaitement honteux. Cette affaire le reflète parfaitement. De tels préjugés n’existent pas à l’égard des « blancs » : un candidat blanc qui aurait eu le même casier judiciaire n’aurait jamais fait l’objet de telles attaques. Je n’invente rien : c’est l’expérience de tous les jours qui me l’apprend.
    Il me semble donc essentiel de condamner de telles attaques car, contrairement à ce que vous avez affirmé – ou semblé l’avoir fait -, ces pratiques nauséabondes sont loin d’être légitimes et admissibles dans les temps actuels. Vous avez fait preuve, monsieur, d’une trop grande tolérance, tant sur le plan juridique (car les éléments divulgués n’ont pas été acquis légalement) que sur le plan de l’éthique politique et républicaine.
    J’avais assisté à votre conférence lundi dernier à Assas en tant qu’étudiant en droit. Vos propos m’avaient fortement intéressé. J’avais apprécié l’originalité de vos positions en matière d’indépendance de la justice. Je suis votre blog régulièrement. Je dois avouer que j’ai été assez déçu par vos propos trop tolérants et franchement pas très justifiés. Car tout ne peut être rapporté au droit de savoir : tout ne peut pas être su ; on n’aborde pas la question de la mémoire en politique comme on l’aborde ailleurs. Vous ne pouvez pas, en tant que juriste, soutenir, même implicitement, de tels actes malfaisants.
    Je vous invite donc à éclaircir vos propos au cours des prochains articles, vous qui êtes indépendant et parfaitement éclairé sur de nombreuses questions. Précision : il ne s’agit pas de prendre parti mais d’avoir suffisamment de recul pour comprendre certains enjeux qui se cachent derrière cette affaire.
    Bien à vous.
    Cordialement,
    LexParis

  41. Monsieur,
    Je tenais à dire qu’avant que vous n’écriviez votre article sur l’affaire Soumaré, j’avais pris l’initiative de faire un commentaire sur celle-ci à la fin de votre article – qui n’avait rien à voir – sur l’affaire Treiber.
    Pour répondre à votre article, je vous invite d’abord à lire mon commentaire mais ensuite à vous inviter à un réflexion : la mémoire en politique se conçoit-elle de la même manière qu’ailleurs ? Pour ma part, la réponse est négative.
    Par ailleurs, je suis désolé de vous dire que je ne vois pas en quoi une personne condamnée en justice (et qui n’a visiblement pas fait de prison : donc pas de délits graves) ne pourrait pas devenir élu, a fortiori au niveau local ? N’y a-t-il pas des élus de droite, y compris de la nation, qui ont un casier judiciaire long comme le bras, bien plus long que celui de M. Soumaré ?
    Je vous trouve un peu trop partial et pas franchement objectif. Je crois que vous ne mesurez pas assez les enjeux moraux qui se situent derrière cette affaire.
    Sincèrement, un candidat « blanc » aurait-il subi de telles attaques ? Je ne le crois pas du tout.

  42. Ce billet au parfum doucereux de catéchèse repose sur un préjugé jamais vraiment interrogé, selon lequel les hommes politiques devraient être des surhommes au-dessus de toute souillure morale, et au parcours de vie aussi blanc que la robe d’une oie. Or la démocratie, que cela plaise ou non, est d’abord l’exercice du pouvoir par le peuple pour le peuple, dans toute sa diversité et la singularité des différentes existences. S’il y a une morale qui compte en politique, c’est la vertu d’homme public, et là-dessus on ne sait rien de plus des qualités ou des défauts d’Ali Soumaré avec ces « révélations » de l’UMP. Probité ne veut pas dire passé de premier communiant ! A moins que l’on veuille au fond défendre une certaine forme d’oligarchie ou d’aristocratie.

  43. Bonsoir
    Cela semble vous choquer qu’une personne ayant été condamnée puisse se présenter devant les électeurs.
    A partir du moment ou elle n’est pas frappée d’inéligibilité, je ne vois pas où serait le problème ?
    Soit la peine compense l’infraction et l’on n’en parle plus, soit on marque au fer rouge pour la vie !!

  44. Aïssa Lacheb-Boukachache

    Il y a des jours comme celui-là où non seulement vous ramez, mon cher PB, mais en plus vous pétez carrément un câble… Que vous arrive-t-il, diantre ?! Vous me connaissez ainsi que mon passé, n’est-ce pas ? J’espère en ce cas que si, malade ou accidenté ou vieux grabataire vous deveniez désormais (je vous souhaite naturellement tout le contraire et d’aller toujours au mieux), vous n’opposerez pas ni l’éthique ni la morale ni aucune légitimité quelconque entre vous et moi lorsque, se rencontrant dans le même hôpital, je me pencherai le jour et la nuit sur vous pour vous soigner et soulager votre douleur… J’espère que vous ne me demanderez pas mon casier judiciaire ni ne cliquerez mon nom dans Google pour vous renseigner, avant que je vous touche pour soigner vos plaies, vos blessures ou votre tête malade d’une démence quelconque… Cela me vexerait, vous savez…
    Bonjour toutes tous !
    Aïssa.

  45. Michel Villey dans ses carnets de philosophie du droit présentait la cohérence comme une prétention.
    Tout de même…
    Comme d’autres, Alain Juppé a bien été condamné dans une affaire de prise illégale d’intérêt, il est redevenu maire de Bordeaux et temporairement ministre.
    Ce n’était pas une affaire de droit commun mais bien une affaire politico-financière.
    Ce type de condamnation est par essence plus incompatible avec l’exercice de responsabilité d’élu et la morale républicaine que vous défendez.
    Pourtant, vous ne demandez pas son retrait de la vie politique pas plus a fortiori que l’UMP.
    Dans la mesure où un homme a payé sa dette à la société et qu’il est protégé par la présomption d’innocence, pourquoi ne pourrait-il pas se présenter ?

  46. Je pense que si un repris de justice se présente à une élection, la population est en droit de le savoir.
    Juppé, Balkany, Huchon, Emmanuelli et bien d’autres ont été un jour condamnés par la Justice. Tout le monde le sait, connaît les délits commis, c’est bien normal et s’ils sont réélus, c’est en toute connaissance de cause.
    Si la candidat PS du Val d’Oise a été condamné par la Justice, il est bien normal que les électeurs en soient informés ainsi que des délits commis. Chacun doit pouvoir juger en connaissance de cause.
    Je crois que Monsieur Ali Soumaré se grandirait d’informer la population de ce qu’il en est réellement de son passé judiciaire.
    Bonsoir à Aïssa !

  47. Monsieur Juppé a été, je crois, condamné lui aussi et pourtant après avoir purgé sa peine il a contraint le maire de Bordeaux à démissionner pour se présenter à sa place. Et il y en a tant d’autres. Mais c’est vrai que pour eux c’était de la délinquance en col blanc !

  48. C’est très élégamment écrit.
    Vous vous voulez sans concessions, alors, soyons sans concessions et passons en revue tous les condamnés pour des délits bien plus graves qui sont à la tête de l’Etat : abus de biens sociaux, détournements de fonds publics, emplois fictifs, les affaires des HLM, favoritisme, des affaires ayant provoqué des morts, des suicides, qui plongent des citoyens dans des problèmes bien plus graves, l’OAS, etc.
    Pensez-vous que si Bernard Tapie se présente aujourd’hui sur la liste UMP on lui réservera le même traitement?
    Alain Carignon en Isère avait estimé à juste titre avoir payé sa dette à la société et s’était présenté aux élections.
    Alain Juppé est maire de Bordeaux.
    Et la liste est longue ; parmi les responsables politiques de droite comme de gauche, on trouve des délinquants en col blanc qui trônent derrière des bureaux de luxe dans nos ministères, nos mairies, nos préfectures, ou qui sont maires ou députés.
    Que reproche-t-on à Ali ?
    Vol aggravé dont il a purgé la peine en 1999, c’est-à-dire il y a 10 ans, alors qu’il avait 18 ans. Doit-il payer cela toute sa vie ?
    Ensuite, conduite sans permis de conduire : un crime abominable !
    Rébellion et résistance à agents : quoi de plus normal, surtout s’il était déjà fiché chez eux, quand on sait et que l’on voit comment ces gens traitent ces jeunes gens dans les banlieues et partout en France ? Les jeunes arabes et les Noirs sont victimes des contrôles policiers violents et non justifiés, des contrôles au faciès ; comment ne pas se rebeller face à ces abus ?
    Ce sont sûrement ces injustices qui amènent ces jeunes en politique parce qu’ils espèrent qu’ils pourront faire bouger les lignes et montrer à ceux qui les méprisent et qui les briment qu’ils sont capables de servir dignement leur pays.
    Ali a été condamné et alors ?
    Si vous êtes capable de disserter sur Ali, vous devez vous montrer capable également de disserter sur ceux qui nous dirigent et les grosses casseroles qu’ils traînent derrière eux.
    Pourquoi Ali devrait-il se retirer, parce qu’il est Noir ? Ne sommes-nous pas nous-mêmes prisonniers de ces préjugés racistes inconscients qui font que l’on veut que l’étrange étranger à la couleur de peau différente se montre sans tâche ni faille s’il veut se faire accepter par la société bien-pensante française ?
    Je soutiens la candidature d’Ali Soumaré et m’insurge contre la campagne indigne qui est menée contre lui.
    Je me suis toujours demandé ce que Rama Yade faisait dans ce gouvernement, parmi ces gens bourrés de préjugés et de mépris contre les Noirs.

  49. Jean-Dominique Reffait

    Délitement de la morale publique, le vrai :
    une jeune marocaine de 19 ans se rend à la gendarmerie pour déposer plainte contre les violences de son frère. Il veut la contraindre à retourner au Maroc pour un mariage forcé. La gendarmerie, chez qui cette jeune femme vient se réfugier, arrête la jeune fille et elle est expulsée vers le Maroc. Oh là, je n’ai plus envie de rire. Et pour de vrai j’ai des larmes de rage aux yeux. Pauvre gamine. Pauvre pays.

  50. Bonjour, M. l’Avocat Général
    On ne me fera pas croire qu’au Parti Socialiste, personne ne connaissait les affaires auxquelles M. Soumaré semble mêlé. Seulement, quand chez l’adversaire on trouve M. Balkany, M. Santini et bien d’autres personnalités politiques ayant eu affaire à la Justice ou se trouvant encore sous le coup de poursuites, les « décideurs » se disent que ça n’a plus d’importance. C’est le jeu du « je te tiens, tu me tiens par la barbichette ». Voilà le niveau exact des valeurs de ceux qui sont censés nous représenter. Je dis « censés », car ils ne représentent pas mes valeurs, celles que j’ai transmises à mes enfants. Mais, à mon sens, il est bien plus grave que des services de l’Etat -Justice ou Police- aient pu se rendre complices de la divulgation de ces renseignements. Dans un reportage TV, j’ai vu un des « accusateurs » brandir ce qui m’a semblé être une minute de jugement, déclarant qu’il s’agissait d’un document concernant M. Soumaré. Peut-être ai-je mal vu ? Il n’en reste pas moins que je trouve gravissime que des fonctionnaires, des agents de l’Etat, puissent s’adonner à de telles pratiques, et devenir par là même des agents de politiciens. Toute ma carrière, qu’il s’agisse de gouvernements de droite, de gauche, de cohabitation, je me suis efforcé à une totale neutralité en la matière. Qui que soit celui qui a « renseigné » les politiciens, il n’a rien à faire à la place où il se trouve. Sauf à admettre que nous sommes revenus cinquante ans en arrière, à l’époque des polices parallèles et des barbouzes.

  51. Aïssa Lacheb-Boukachache

    Même le Front National n’a pas tiré sur cette ambulance nommée Ali Soumaré. C’est dire combien l’argumentaire politique de cette Droite dont vous faites partie, cher PB, patine et glisse pour partir effectivement à vau-l’eau pour ne pas écrire dans le caniveau. Enfin, j’écris «cette Droite; certains de la Droite plutôt, ils ne sont pas tous aussi nauséeux et nauséabonds… Que fait Pasqua, le Charles s’entend, au Sénat, ô bonne mère ?! Le Sénat de la République, tout de même, c’est autre chose que le Conseil Régional, fut-il celui d’Ile-de-France. J’ai appris récemment que Botton, repris de Justice s’il en est, au casier judiciaire bien fourni, est depuis peu le chargé officiel de mission de notre Président Nicolas Sarkozy, et chargé de mission quant à quoi ? Les prisons. Delarue ne suffisant plus, il faut le croire, on a ajouté et du plus haut sommet de l’Etat, Botton. Que ce vivier que vous citez est bien pauvre en effet et comme le bon et honnête Delarue doit se sentir affligé d’être lesté de ce lourd boulet malfaisant et malhonnête Botton… Je ne plaisante pas, cher PB, je n’aime pas quand vous vous vautrez ainsi dans ces penchants populaciers (dixit Imbert) ostracisants, que je refuse de croire foncièrement les vôtres… Vous invoquez sans cesse l’éthique, la morale et j’en passe ; méfiez-vous, cela devient suspect, vous devenez suspect. Botton, Botton, chargé de mission de l’Elysée, allons, hardi Bilger, un billet de la même veine que celui pour Soumaré ! Je vous moque, cela faisait longtemps que je n’étais venu… Mais je vous dis une chose cependant : c’est le Peuple qui est le Souverain et il ne tiendra toujours qu’à lui de se choisir les représentants qu’il veut. Que cela vous chaut ou non. Voyez-vous, il y a ici à Reims un jeune député (il est né en 1975), Arnaud Robinet. Ce type est médecin, maître de conférence des université, chercheur et praticien hospitalier. 35 ans à peine, c’est un doué. Et désormais député. UMP. Je me dis à présent : quand a-t-il soigné des malades, ce type ? A-t-il seulement déjà soigné des malades, vu son âge en regard du temps qu’exige d’être ce dont il est tant diplômé ? A-t-il seulement eu envie de soigner les malades, les souffrants dans les hôpitaux et ailleurs ? Il est praticien hospitalier tout de même, du CHU de Reims. Que fout-il là-bas à l’Assemblée ? N’a-t-on pas davantage besoin de lui dans son service de l’hôpital plutôt que sur les bancs du Parlement ? Le vrai scandale, il est là, pas chez Soumaré ! Lui, Soumaré, dans son domaine, il a exercé, si je puis exprimer la chose ainsi, et maintenant il propose légitimement de partager et faire partager son expérience de la rue, de la misère, de la galère, à tous les Français. Ca a plus de gueule qu’un Arnaud Robinet sans condamnation aucune et jamais et médecin réel et virtuel à la fois… On ne fait pas médecine pour aller ensuite faire le singe sur les bancs de l’Assemblée ou alors auparavant on fait état d’années d’exercice et d’expérience en son art, on s’est rendu utile en ce pour quoi on s’est formé, en ce pour quoi la République a formé. Il est officiellement chercheur es médecine en plus et maître de conférences, c’est dire qu’il a le don d’ubiquité et une capacité de travail hors norme… Je le cite car c’est un exemple caractéristique. Mais je n’ai rien contre ; il est très sympa, Robinet… Qu’est-ce qu’on ne ferait pas, tout de même, pour être politicien… Les places doivent être chaudes et bonnes, il faut le croire… Même s’ils n’étaient jamais sincères, on comprendrait tous les Soumaré de France… Le vivier, le vivier, mon cher, il est partout et il n’a nul besoin d’avoir été condamné ou non…
    Aïssa.

  52. La loi (par le code électoral), la justice (par d’éventuelles peines complémentaires d’inéligibilité) indiquent, selon des normes précises, qui peut être candidat à une élection et qui ne le peut pas.
    Mais ce n’est pas encore assez pour certains arbitres des élégances morales qui surajoutent des conditions que le législateur ou le juge n’ont pas posées.
    Délinquant un jour, délinquant toujours.
    Et ainsi, une peine n’est jamais « purgée ».

  53. Bonjour,
    Pour ma part je suis surpris que la candidature de M. Huchon n’ait fait l’objet d’aucun débat. Celui-ci a été condamné (en première instance puis en appel) pour prise illégale d’intérêt dans le cadre de ses fonctions au Conseil Régional d’Ile-de-France. Certes la peine d’inéligibilité a été écartée dans le jugement d’appel, donc il est habilité, en droit, à se présenter. M. Huchon se trouve donc exactement dans la même situation que M. Soumaré. Rien n’interdit à ces deux personnes de se présenter au suffrage des électeurs ! Or il se trouve que les électeurs sont habituellement cléments envers les candidats ayant fait l’objet de condamnation (Balkany, Mellick, Carignon, etc…). A mon sens, c’est là que se trouve le hic si hic il y a.

  54. « mais il est du même acabit… qu’un ancien sportif épinglé par la Cour des comptes, David Douillet » a écrit SR.
    Avant de faire de la désinformation, SR, tentez de vous informer et reportez-vous au rapport de la Cour des comptes, sur son site, page 53 et suivantes… Rapport effectué par un député socialiste…
    Et si vous avez un tant soi peu de sens de l’honneur, à défaut du sens des convenances dont j’ai peine à croire que vous soyez pourvu, faites un rectificatif : David Douillet n’a jamais été épinglé par la Cour des comptes, sauf à considérer que les rumeurs et calomnies qui circulent sur le net, et sont reprises par les faibles d’esprit, sont paroles d’évangile.

  55. Catherine A à Laboca

    « Je sais bien que les âmes sensibles veulent qu’un candidat à une fonction élective remplissent d’autres conditions que celles fixées par le code électoral. Ce sont les mêmes sensibles qui exigent notamment que la femme n’entre dans le mariage qu’à la condition d’être vierge ». Quel est le rapport ? Laboca, voilà comment on tente de disqualifier un argumentaire : en faisant des comparaisons absurdes. En posant que ceux qui souhaitent des hommes politiques exemplaires sont les mêmes qui souhaitent des femmes vierges au mariage, vos propos non seulement n’ont pas de sens mais je les trouve extrêmement malhonnêtes.
    Si à propos du cas Soumaré, dont je ne sais s’il a « délinqué » ou pas, pouvait enfin se poser le problème de la morale en politique et pas seulement du droit, ce serait une bonne chose. Mais je ne me fais guère d’illusions, les occasions – et combien plus belles rappelées par de nombreux commentateurs – de le faire ayant été si nombreuses avant.

  56. 1/ Tout à fait d’accord avec Florence.
    2/ Si l’UMP présente aux élections des candidats en ignorant ou en cachant leurs erreurs, il trompe les électeurs. S’il veut qu’on lui fasse confiance il doit faire son travail d’éthique auparavant.
    3/ Il en est évidemment de même pour n’importe quel parti y compris le PS.
    4/ Les erreurs (éventuelles pour certaines d’entre elles) du candidat Soumaré n’engagent que lui.
    Les silences du parti socialiste nuisent à son désir légitime d’être impeccable et ce ne sont pas les défauts (connus ou pas) de candidats d’autres partis qui pourraient l’absoudre de ne pas avoir prévenu les électeurs.
    5/ Dûment informés, les électeurs feront leur choix.

  57. TATOUAGE INDELEBILE DE BAGNARD…
    éternisation illégale de la « peine »…
    néo-médiévalisation « juropositive »
    (la juropositivité est à la société ce que
    la séropositivité est à l’amour …),
    alors avoir purgé la sanction et payé sa
    dette à la société ne sert à rien :
    pourquoi pas mais il fallait le dire AVANT !
    (Mais puisque la France est championne
    universelle de la violation du principe de
    non-rétroactivité, alors !)

  58. « Et si Ali Soumaré – si ce passé judiciaire est bien le sien – se retirait avec une élégance plus estimable que l’aval du code électoral ? Il deviendrait à sa manière, autrement que comme notre jeune héros polonais, une référence pour temps républicains troublés. »
    Vous savez certainement monsieur Bilger que le retrait d’un candidat, une fois les listes closes, est IMPOSSIBLE ! Listes closes depuis le 15 février dernier.
    D’où très certainement ce tapage !
    Il y a quelque part en France une tête de liste décédée après ladite clôture. Les électeurs devront voter pour le mort !
    2.2.4. Décès d’un candidat
    Aucune disposition ne prévoit le remplacement d’un candidat décédé après le dépôt de la liste au premier tour, ni au second tour en l’absence de fusion de listes. Le décès d’un candidat postérieurement au dépôt de la liste n’entraîne donc aucune modification de celle-ci (les bulletins de vote de la liste devront comporter le nom du candidat décédé).
    Dans le cas d’une fusion de listes, un candidat décédé avant le dépôt de la liste fusionnée doit être remplacé par un autre candidat dont la liste a obtenu au premier tour au moins 5% des suffrages exprimés.
    Cette situation me rappelle le sketch de Muriel Robin :
    « … Je dois te dire quelque chose…
    – Je t’écoute…
    – Ali Soumaré est noir
    – T’es sûr ?
    – Oui !
    – Noir… noir ?
    – Oui !
    – 5 minutes,
    – Bouuuuuuuuhhh !!!!!
    Il fut un temps où on disait qu’il fallait éviter de faire des c… pour ne pas avoir de casier judiciaire et les portes fermées de la fonction publique…
    A force d’avoir la tête dans la boue, l’UMP ne voit plus chez autrui que les boues d’épuration !

  59. Catherine JACOB@Jean-Louis Bernard

    @Jean-Louis Bernard | 22 février 2010 à 18:34
    Juste pour mon information personnelle, vous aviez la musique de l’Île aux enfants de Casimir dans la tête en écrivant votre texte ?

  60. « Et puis… Doit-on faire la très longue liste de tous les repris de justice que la droite a recyclés ? Il n’en a pas été fait tout un foin par la gauche : Carignon, Longuet, Balkany et consorts. »
    JDR
    Oui, enfin… votre première partie était très convaincante… hélas vint la seconde, celle-là sous entendant que la rouerie tolérée ici (je suis bien d’accord avec vous) devrait donc aussi l’être là…
    Nous sommes loin de la gauche idéaliste, fière de ses valeurs et de sa supériorité morale, nous semblons là plus près du choix d’un candidat d’opportunisme électoral à la limite de la provocation quant à ce qu’on tolère progressivement venant des quartiers…
    En gros, je caricature à peine, on pourrait peindre cela en, « vous voyez, si on donne à ce genre de fâcheux la reconnaissance et l’embourgeoisement nécessaire, il peut très bien arrêter ses conneries ».
    Cela me rappelle les propos de Rama Yade sur la main de T. Henry (une obsession, je veux bien, mais elle le restera tant que je penserai que cela n’a pas été assez remarqué).
    Dieu sait si je peux juger méprisable la clique du neuf deux dont avez donné les noms, mais, pitié, que la gauche ne se perde pas dans la promotion d’une clique du neuf trois ou quatre…!
    AO

  61. Le choix d’Ali Soumaré comme tête de liste PS me choque pour les raisons indiquées par P. Bilger, mais aussi pour sa participation médiatique à l’affaire de Villiers-le-Bel. Comme je l’ai raconté chez koz, un ado de 17 ans s’est tué il y a quelques mois près de chez moi. Cette mort aurait sans doute pu être évitée si la police était intervenue pour empêcher ce gamin de faire des acrobaties à moto. Mais, la police avait ordre de ne rien faire, de peur que son intervention ne provoque un accident, et une émeute comme à Villiers-le-Bel. La conductrice de la voiture contre laquelle cet enfant s’est tué a failli être lynchée par les témoins. Le maire de la ville venu calmer les esprits également. Mais les médias se sont tus, et il n’y a pas eu de contagion. Merci Ali Soumaré.
    http://www.koztoujours.fr/?p=6957&utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+KoztoujoursTuMintresses+%28Koztoujours%2C+tu+m%27int%C3%A9resses+!%29#comment-101594

  62. @Bonjour M. Bilger,
    Je voudrais surtout saluer le retour d’Aïssa, je finissais par croire qu’il ne reviendrait plus.
    Pour le reste tout a déjà été écrit. Il y aurait donc deux poids, deux mesures. J’espère bien que M. Soumaré maintiendra sa candidature puisqu’il n’est pas inéligible, mais encore qu’il sera élu.

  63. On conçoit que cette affaire mette tout le monde mal à l’aise. S’il s’avère en effet qu’Ali Soumaré a un passé judiciaire, on se demande s’il est de bon ton qu’il figure sur la liste de Jean-Paul Huchon – récemment condamné pour prise illégale d’intérêts – et de Julien Dray – pas condamné, mais dont on a pourtant voulu empêcher la candidature à cause des soupçons qui pesaient sur lui. D’aucuns pointent alors du doigt le passé judiciaire de la droite francilienne, celle des Balkany, Aeschlimann, Chirac, Tibéri, Santini, Bédier, etc.
    Francis Delattre me fait donc penser à un catcheur qui accuserait ses adversaires de faire du chiqué. Ces derniers lui demandent alors de quel droit il ose rompre un secret certes de polichinelle, mais au sujet duquel tout le monde trouve son compte à faire comme si de rien était.
    Tout ceci serait presque comique, n’était cette déclaration de Frédéric Lefebvre, lue sur le sit du Parisien : d’après lui le cas Ali Soumaré « stigmatise la diversité car ce n’est pas un exemple de parcours exemplaire ». C’est transparent : quand on est « divers » (je laisse le lecteur traduire ce ravissant néologisme qui fait florès depuis peu), il faut être blanc comme neige – pardon pour le calembour difficile à éviter dans ce contexte. Évidemment, ce jugement ne s’applique pas aux « non-divers », auxquels on peut pardonner quelques démêlés avec la justice. Sans vouloir jeter l’opprobre sur Lefebvre et l’UMP en particulier (après tout, c’est le propre parti de Soumaré qui l’a estampillé « candidat de la diversité »), je trouve quand même que cela donne un relent pas très agréable à cette affaire. Et par conséquent, un côté plutôt léger à votre prise de position, M. Bilger.

  64. Cher Philippe,
    Je m’étonne qu’un billet subtil et nuancé, abordant LE débat du moment sous un angle moins rustique que celui adopté par la plupart des éditorialistes trouve sur ce blog un écho aussi décevant (pour l’essentiel !)
    « L’éthique demeure un impératif en dépit des multiples transgressions ici ou là qui donnent bonne conscience à ceux qui n’ont qu’une envie : la relativiser. » Et le moyen de relativiser c’est peut-être d’enfiler deux bons gros sabots :
    Merci d’abord à tous ceux qui rappellent que les batteries de casseroles sont légion à droite comme à gauche et que personne ne pourra jamais départager sur ce critère les candidats des différents partis : pas de parité à rechercher dans ce cas ! Autant de pourris candidats d’un côté que de l’autre. Quelle découverte !
    Mais on ne s’en était pas aperçu !!!
    Vous, si ?
    Perspicace commentateur, encore merci d’avoir pris la peine de cette salutaire mise au point.
    Merci encore davantage aux nombreux et avisés exégètes de l’affaire qui mettent en avant que n’ayant pas été déclaré inéligible par la justice, M. Soumaré peut se trouver candidat.
    Vous savez quoi ? On n’y avait pas pensé ! Ca, c’est un super-argument, fortiche de chez fortiche.
    Bon, je crois que sur les fortes paroles de ces contributions, on peut clore le débat : en résumé, M. Balkany n’étant pas un prix de vertu et M. Soumaré étant juridiquement éligible (deux vérités incontestables), il n’y a pas de discussion mais un seul problème : comment et pourquoi l’UMP a-t-elle trouvé qu’il y avait matière à sortir du bois ?
    Je viens de relire le billet de Philippe Bilger, et mon impression est qu’il pense évacués ces préalables assez basiques, entendus et lus partout et pose une question plus intéressante, en particulier dans la seconde partie de son texte. Pour le mortier et le casque lourd laissons faire les as de la dentelle : F. Lefebvre et B.Hamon !
    Pour parfaire ma mauvaise humeur, je me suis laissé convaincre d’aller voir la vérité juridique sur le blog de Me EOLAS.
    1- à quoi ça sert que la bien-pensance judiciaire se casse la tête depuis des décennies pour ratiociner sur la notion de récidive afin que personne ne puisse jamais être considéré comme récidiviste, si certains se permettent de parler français tout simplement. Il faut les mettre au pas ! Me Mignard va s’en charger. Salauds de justiciables. Celui qui tue sa mère avec un couteau tenu de la main gauche et balance son père par la fenêtre de la main droite n’est pas récidiviste. Combien de fois faudra-t-il le dire ?
    2- le casier judiciaire ; là je ne peux pas le résumer, allez pouffer vous-mêmes sur le blog en question. En gros, il s’agit d’une ardoise magique sur laquelle on écrit autant qu’on efface et qui est aussi bien cachée que le Graal.
    Avant de voter, ça me paraîtrait bien d’être informé de ce qu’ont fait de répréhensible (j’essaie de ne pas parler « juriste », c’est trop piégeux) les candidats et des peines qu’ils ont subies, même s’ils « ont payé leur dette à la société », comme dit ce slogan sans doute clair pour les juristes mais pas dans la vie ordinaire. Et si un type d’âge mûr est digne d’être élu après avoir volé des pommes à l’adolescence, le citoyen n’est pas si c… que vous le croyez. Il fera le tri. L’effacement du passé est un artifice malsain.
    J’ajoute tout spécialement pour Mme Clafoutis qu’il n’y aurait rien à ajouter pour que les fautes restent héréditaires. C’est déjà le cas : au XXI° siècle, chaque Français est coupable de la traite négrière et chaque catholique de l’Inquisition. Je suppose qu’elle se bat ardemment contre ces amalgames.

  65. Il y a toujours crime plus grave… surtout s’il vient d’un autre camp. La gauche prise la main dans le sac de sa mansuétude, voulant faire place à la diversité sans assumer pleinement le passé (pas forcément condamnable) de ce candidat… vient aujourd’hui nous faire croire que les candidats UMP sont corrompus ou « Balkanizés »… C’est oublier un peu vite que le deuxième candidat (après Soumaré) à avoir été condamné… est la tête de liste PS !! Jean Paul Huchon : condamné à 6 mois avec sursis pour prise illégal d’intérêt dans le cadre de ses fonctions de Président de Région. Et c’est ça qu’on appelle un bon bilan ! Il est vraiment temps que la campagne commence…

  66. Jean-Dominique Reffait

    Oursivi, vous avez raison, ce n’est pas un argument que de pointer les verrues du voisin pour masquer les siennes. Ce n’est pas un jugement moral de ma part – même si j’ai ma petite opinion comme tout le monde – mais juste le constat qu’on fait bien du foin pour Soumaré quand on en fait beaucoup moins pour d’autres. Mais, je suis d’accord, les uns ne justifient pas l’autre et je pense, pour être bien honnête, que le PS ne se serait pas plombé avec cette casserole si ces faits avaient été connus. A 20 jours du premier tour, on ne change pas de tête de liste, on boit le calice jusqu’à la lie en croisant les doigts.
    J’ajoute aussi que c’est un peu facile de reprocher à des personnes de quartiers chauds d’avoir elles-mêmes un passé moins linéaire que d’autres. On a vu avec Rachida Dati les petites tricheries ordinaires pour intégrer l’ENM. Je ne vous raconte pas les copies de diplômes maquillés que je vois passer sous mes sourcils froncés et lorsque les obscurités de Rachida Dati ont été connues, j’ai souri intérieurement : c’est tellement ordinaire. C’est tellement commun que cela en devient la norme et qu’on me roule des yeux étonnés lorsque, dans mes petites séances d’écrivain public pour les alentours, je refuse d’écrire une lettre administrative justifiée par une falsification grossière. Je veux bien qu’on bidonne un CV mais un diplôme ou une attestation surchargés de Tipp-Ex, faut pas exagérer.
    Les parcours exemplaires, c’est bien joli, mais dans certains quartiers c’est tout bonnement impossible. Du moins si l’on a l’ambition de faire autre chose de sa vie que d’émarger chez McDonald’s avec une casquette ridicule sur la tête. Il n’y a pas très longtemps on m’a chipé des livres dans ma voiture : eh bien, passé le désagrément, c’était plutôt une bonne surprise. Voler pour voler, autant que ce soit des bouquins.
    Je conclus en reliant le cas Soumaré du polonais sauveteur dont parle Philippe. Rien n’est univoque. Pourquoi cet homme a-t-il disparu sitôt l’enfant sauvé ? Papiers ? Délinquant recherché ? Que devra-t-on retenir de lui ?

  67. Alex paulista

    On savait déjà que l’UMP était gangrennée de flics sans déontologie. Pas de scoop de ce côté là.
    Puisque tout le monde approuve Le Candidat et qu’il fait rêver tout le monde en unifiant enfin le PS, je retire mes réserves, après tout Aïssa a raison le peuple est souverain.
    Vive le futur président !
    Allez Ali !
    Yes we can !
    Franchement, je fais des efforts, mais je n’y arrive pas, ce gars ne me fait pas rêver. Pour avoir habité occasionnellement dans des quartiers (dits) difficiles je reste un poil convaincu qu’on peut y éviter de conduire sans permis et de se rebeller devant des agents quand on traîne une casserole de condamnation pour vol avec violence, surtout quand on projette de se présenter devant les urnes.
    C’est un peu comme quand on passe le permis de conduire. En soi, rouler à 60 km/h en ville et passer à l’orange n’est pas très grave, mais être incapable de se retenir de le faire durant les 10mn d’examen de conduite est assez révélateur du danger potentiel d’un candidat.
    Tout le monde fait des bêtises. Après il faut savoir garder la tête froide, surtout si on a bénéficié d’indulgence et qu’on a dans l’idée de s’engager dans l’action politique pour pouvoir faire changer les choses sans rébellion inutile en respectant la loi.
    Je dois déjà être vieux jeu sans doute.
    Aïssa, votre cas est très différent, quoi que vous en pensiez.

  68. @Catherine A
    Contrairement à ce que vous pensez, je n’ai voulu ni « disqualifier l’argumentaire » de Monsieur l’Avocat général Bilger, ni faire des « comparaisons absurdes ».
    Ce que j’ai voulu montrer, c’est qu’il n’y a pas de différence entre ceux qui attaquent le candidat Soumaré en se fondant sur ses antécédents judiciaires et ceux qui ont reproché à cette femme du Nord de la France d’être entrée en mariage après avoir dupé son homme quant à sa virginité.
    Chez tout ce monde, on voit poindre l’amour de la pureté, la passion pour la pureté.
    Tout ce monde se reconnaît donc, la seule différence étant que si les uns exigent la pureté en politique, les autres l’exigent relativement aux relations conjugales.
    Au contraire de Monsieur l’Avocat général Bilger, je me suis placé sur le terrain de la morale, exigeant que ceux des candidats aux régionales qui seraient ou auraient été des fraudeurs fiscaux, des pédophiles, des menteurs, des voleurs, des infidèles, des corrompus, des violeurs de la réglementation des marchés publics se dénoncent spontanément dans le cadre d’une séance de confession collective.
    C’est pour respecter l’égalité entre tous les candidats que j’ai fait la proposition.
    La vérité, c’est que les gens sont hypocrites et sont, pour la plupart, incapables de tirer les conséquences ultimes de leurs engagements moraux.
    Catherine, la morale est indivisible. Elle n’est pas négociable. Plus que le droit, elle combat l’inégalité de traitement de personnes se trouvant dans la même situation.
    Je suis gêné que Soumaré soit seul livré au lynchage du public, alors que le peuple considère la classe politique comme généralement des gens corrompus.
    Monsieur l’Avocat général Bilger avait certainement le droit d’évoquer le dossier Soumaré. Mais il avait l’obligation de marquer au moins qu’il n’était pas certain que tous les autres candidats aux régionales étaient propres.

  69. Bonjour,
    Eh beh, quelle mayonnaise rance que votre billet là !
    Et ça jappe d’aise tout autour de vous !…
    Tout drapé de votre habit de gardien de la morale – qu’elle soit bonhomme ou républicaine – votre envie de héros vous fait décidément perdre la main.
    Oui, ce polonais de La Dépêche est un héros du quotidien, mais selon un autre code il n’a fait que son devoir, au moins pour ne pas avoir à s’expliquer devant un de vos collègues. Et cet anonymat gardé, sans doute voulait-il préserver son intégrité et ne pas devoir faire l’image du jour de ladite Dépêche et autre organe télévisuel. Peut-être aussi était-il sous le coup d’une condamnation, peut-être n’était-il pas Polonais mais ressortissant sans papier d’on ne sait où, peut-être avait-il écrabouillé un passant la veille, peut-être était-il recherché par je ne sais quelle police, sa femme pourquoi pas, qu’en savez-vous ?
    Tout cela, si cela est, n’enlève rien à son geste. Mais quel dépit vous pousse à imaginer que l’autre, la tête de liste en vue, pourrait accéder à cette hauteur morale en se retirant aujourd’hui car il aurait fauté hier ?
    Qu’il se retire peut-être, si le quart de tout ce qu’on l’arrose aujourd’hui est avéré et vérifié, mais après les élections seulement, après qu’il a fait campagne en utilisant cette perche que lui tendent ses adversaires, après qu’il a rallié nombre de gens comme lui, qui ont trébuché, même plusieurs fois, qui ont payé et à qui des gens comme vous essayent de faire croire qu’ils ont payé, alors qu’ils ont toutes les chances de n’avoir jamais fini de payer.
    J’imagine que vous ne pouvez pas défendre une position aussi extrême, quoique ça pourrait faire un peu de bien des fois. Mais en revanche, de quel droit vous permettez-vous de pencher pour la version des mieux-disant ? En tant que citoyen, vous pouvez grincer comme bon nombre, mais encore une fois le velours et l’hermine qui vous vont si bien en ressortent plutôt ternis, il me semble.
    Et si vous trouvez que ce genre de péripétie électorale pitoyable est un signe fatal de nos temps républicains troublés, je trouve pour ma part que cette manière que vous avez de préférer une soi-disant élégance héroïque à je ne sais quel code que vous avez sous le coude ne me donne aucunement confiance en la justice que vous représentez et qui est aussi la mienne, ne vous en déplaise.
    Cordialement

  70. Catherine JACOB

    « Talk-Figaro-Orange:22 février 2010 »
    Belle cravate…
    Ceci étant dit, j’ai bien entendu que la lucidité rétrospective était chose aisée. Sans aucun doute, mais souvent elle s’appelle analyse de la situation et celle-ci ne saurait être que rétrospective. D’autre part, c’est juste que nombre de vos commentateurs ont d’autres capacités d’analyse que les malheureux personnels pénitentiaires sur le terrain, mais bon, c’est justement cela qui permet la discussion ainsi qu’au schmilblick d’avancer vers l’avenir.

  71. Je crois personnellement à la rédemption de ceux qui ont eu la faiblesse d’emprunter le mauvais chemin. Se peut-il qu’un ancien délinquant reprenne espoir en la République et décide de la servir 11 ans après ? Je crois que c’est une des missions nobles du système judiciaire et j’ai peine à croire que ce ne soit pas également votre opinion. J’imagine même que vous servez la société en ce sens, sûrement bien. Alors peut-être le code électoral qui permet à Ali Soumaré de se présenter a-t-il du sens.
    Néanmoins je pense, comme vous si je lis bien entre les lignes, que les partis politiques majeurs devraient filtrer leurs listes davantage. Trop de gens à la vertu vacillante en position automatiquement éligible, c’est-à-dire sans que l’issue du vote ne puisse l’empêcher. À droite comme à gauche. Les partis ne font pas assez leur travail.
    En l’espèce je ne connais pas Monsieur Soumaré, c’est peut-être le repenti que je décris dans mon premier paragraphe, ou peut-être une erreur de filtre du PS. Mais ce n’est pas pour moi une évidence.

  72. Il serait peut-être plus simple de demander à tous ceux qui se présentent aux élections d’être totalement irréprochables : pas de condamnation, pas d’amende, aucune remarque adressée aux parents lors de la scolarité…
    Et de même pour les électeurs, n’ayons pas peur d’aller jusqu’au bout de la logique.

  73. Il semblerait que la tête de liste PS Ali Soumaré aurait un homonyme, ce qui changerait la tournure donnée à cette affaire.
    « La procureure de Pontoise, Marie-Thérèse de Givry, a précisé au micro d’Europe 1 qu’Ali Soumaré n’était pas la personne qui avait été condamnée en février 2007. Il s’agirait d’un « homonyme ». Cette décision, rendue par le tribunal pour enfants de Pontoise, « n’est pas publique », a précisé Marie-Thérèse de Givry. »
    Comment dit-on ? « Il faut savoir tourner 7 fois la langue dans sa bouche avant de baver ? »
    A suivre donc…

  74. @maguy37
    « Je me suis toujours demandé ce que Rama Yade faisait dans ce gouvernement, parmi ces gens bourrés de préjugés et de mépris contre les Noirs »
    On ne lui reproche pas d’être noir. Arrêtez avec ces salades qui vous donnent des allures de chevalier blanc humaniste.
    Il me semble qu’on lui reproche uniquement d’avoir, á un moment de sa vie, fait des « bêtises » (pour ne pas passer pour un gros c… raciste). Point.
    Moi, je ne lui reproche rien du tout. Je lui demande de mettre en place la politique qu’il croit être la meilleure pour son bout de France. Point.
    Je suis encarté. Point. A l’UMP. Point final.
    PS : A ceux qui nous jettent des noms de repris de justice de droite á la tête pour justifier le buzz sur M.Soumaré, n’oubliez surtout pas dans vos recherches de réouvrir l’affaire Urba, du Crédit Lyonnais, « Mitterrand et les 40 voleurs », etc. etc. etc.
    Dites-moi Philippe, je suis un peu déconnecté de la vie française ces temps-ci.
    Il y a une campagne électorale en cours ?

  75. Droit et moralité, que choisir ? Le droit est comme la politique. Tout n’est pas blanc et moral. O.J. Simpson était acquitté alors que les innocents de l’affaire d’Outreau étaient condamnés… La vérité absolue n’appartient qu’au divin. Le casier judiciaire pour un mandat politique n’est pas requis. Il appartient aux électeurs de faire la part des choses. D’ailleurs pourquoi ne pas insister sur le côté absolument immoral de Delattre et Meurant d’avoir obtenu illégalement les documents par le biais de fonctionnaires corrompus ? C’est beaucoup plus grave et vicieux que le vol commis par un garçon de 18 ans (erreur de beaucoup de jeunes), me semble-t-il ? Sinon, que dites-vous du copain de Sarkozy, un grossier récidiviste menteur de Levallois, Patrick Balkany (qui en dernière date a eu le culot d’inventer qu’il avait couché avec Brigitte Bardot malgré le démenti de cette dernière !) ? Voilà dans quel monde on vit !

  76. Monsieur Bilger,
    J’espère désormais que vous avez pris la mesure du scandale qui s’est joué autour d’Ali Soumaré puisque l’on a appris qu’il y avait eu homonymie concernant l’affaire de 2007 qui avait été mise en avant par les responsables de l’UMP. Doit-on d’ailleurs parler de responsables ?
    Cordialement,
    LexParis

  77. On nous rapporte qu’il y aurait eu un jeune
    alsacien Philippe Bulger (ou Bilger ?) qui
    aurait été exécuté à la Libération en décembre 1944 pour graves Kollaborations …
    ouf « il semblerait » que ce ne puisse être
    le même, du moins si l’exécution a bien eu
    lieu, car on n’a jamais retrouvé le corps
    mort (s’il a bien été pendu).
    Il faudrait rendre l’HOMOnymie illégale…

  78. Monsieur Bilger
    Je suis d’accord avec vous et pour tout dire, je suis assez désespérée de constater que les candidats munis de passé judiciaire sont de plus en plus nombreux. Pauvre France, ton honnêteté fout le camp ! N’y a-t-il donc pas des personnes honnêtes pour servir la France ? Je suis dégoûtée.

  79. Moi ce que j’aimerais, c’est que les Français ne votent plus pour des gens qui ont été condamnés récemment.
    Vous verrez, après deux ou trois exemples de non réélection de candidats récemment condamnés suite à une défection massive de l’électorat, leurs amis et soutiens politiques leur expliqueront spontanément qu’ils doivent se retirer pour le bien commun du Parti et du pays.
    Pas comme ici, où si on en croit un numéro du Monde de fin novembre, le PS savait que le casier de M. Soumaré était « défavorable ».

  80. Hé ! lecteur

    Le Chêne et le Roseau
    Le Chêne un jour dit au Roseau :
    « Vous avez bien sujet d’accuser la Nature ;
    Un Roitelet* pour vous est un pesant fardeau.
    Le moindre vent, qui d’aventure
    Fait rider la face de l’eau,
    Vous oblige à baisser la tête :
    Cependant que mon front, au Caucase pareil,
    Non content d’arrêter les rayons du soleil,
    Brave l’effort de la tempête.
    Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr.
    Encor si vous naissiez à l’abri du feuillage
    Dont je couvre le voisinage,
    Vous n’auriez pas tant à souffrir :
    Je vous défendrais de l’orage ;
    Mais vous naissez le plus souvent
    Sur les humides bords des Royaumes du vent*.
    La nature envers vous me semble bien injuste.
    – Votre compassion, lui répondit l’Arbuste,
    Part d’un bon naturel ; mais quittez ce souci.
    Les vents me sont moins qu’à vous redoutables.
    Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu’ici
    Contre leurs coups épouvantables
    Résisté sans courber le dos ;
    Mais attendons la fin. » Comme il disait ces mots,
    Du bout de l’horizon accourt avec furie
    Le plus terrible des enfants
    Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
    L’Arbre tient bon ; le Roseau plie.
    Le vent redouble ses efforts,
    Et fait si bien qu’il déracine
    Celui de qui la tête au Ciel était voisine
    Et dont les pieds touchaient à l’Empire des Morts.
    Jean de la Fontaine

  81. @Roger | 23 février 2010 à 22:15
    « Sinon, que dites-vous du copain de Sarkozy, un grossier récidiviste menteur de Levallois, Patrick Balkany (qui en dernière date a eu le culot d’inventer qu’il avait couché avec Brigitte Bardot malgré le démenti de cette dernière !) ? Voilà dans quel monde on vit ! »
    Vrai ou faux, franchement, qu’est-ce qu’on en a à faire.
    Personnellement, je pense qu’un homme qui commet sans nécessité des indiscrétions sur sa vie sexuelle (par ‘sans nécessité’, j’entends autrement que pour fournir à l’autre ou même se constituer par ex. un alibi vital, ou encore pour rétablir des relations de franchise dans sa vie de couple ainsi que pour revendiquer une éventuelle paternité), est un goujat de la pire espèce !
    Pour moi, par ex. s’agissant d’un homme politique, cela suffirait à faire basculer mon vote !

  82. J’espère un nouveau billet de votre part suite au dégonflement d’une partie des accusations portées par l’UMP.

  83. Patrick Handicap expatrié

    Les événements démontrent que les arroseurs se sont fait arroser.
    Vite vite, M. Bilger, votre billet pour réclamer la comparution immédiate des candidats UMP qui se sont rendus coupables de dénonciation calomnieuse, de consultation illégale de fichiers de police…

  84. @Roger | 23 février 2010 à 22:15
    Au fait, je viens de faire le calcul, 14 ans de différence entre les deux au sens de +14 pour BB.
    Mais bon, n’a-t-il pas signé le « Manifeste pour la défense du droit fondamental de l’enfant d’être accueilli et de s’épanouir dans une famille composée d’un père et d’une mère»?!

  85. Rédigé par: Jean-Dominique Reffait | 23 février 2010 à 15:56
    Alors là… je vous suis pleinement, j’aime aussi votre façon de refuser quand la faute ne se donne même pas la peine de se cacher…
    Cela dit, il serait si simple de faire établir des sites Internet gouvernementaux bien protégés où apparaîtraient les promos de chaque diplômés sur les 50 dernières années, de tout diplôme universitaire sérieux, chose qui rendrait une vérification immédiate à qui est nécessaire.
    Voilà un boulot à créer qui rendrait service que de mettre un peu de vérité dans ce jeu de dupe généralisé que devient la société.
    Etes par contre un poil trop pessimiste quant à l’absolu manque de chance de faire autre chose que serveur de McDo si on est Black et vient du neuf quelque chose qui n’est pas un ou deux. Quand je faisais ma thèse dans un grand organisme public, j’avais pour meilleurs camarades deux antillais, l’un X&Dr, l’autre Dr et bientôt agrégé, et leur fratrie était de la même eau. Des mecs supers, et bien perçus comme tels par tous. Mais tout le monde n’a pas la chance d’être doué, et de plus on a multiplié les formations de second ou troisième plan, qui ont fait naître perversement des espoirs que le peu de places intéressantes disponibles allait contredire sans pitié.
    Et en sus on laisse les « fakes » réussir – belle morale à quinze vitesses du Sarkozisme – pour vicier encore un peu plus la donne…
    Cela nous donne RD de la chance elle rit au barreau, sans même savoir de qui… et dans le même temps on renvoie une gamine qui risque de se faire marier de force dans son pays de sauvage…
    Que dire ?
    AO
    PS : Aïssa, êtes de retour, c’est bien.

  86. Catherine A @ Catherine Jacob : la connerie oui, la malhonnêté non

    Un goujat est à coup sûr très con mais il peut être honnête (évidemment je ne pense pas en écrivant cela à Balkany). La connerie – d’autant qu’elle passe souvent inaperçue – ne me paraît pas incompatible avec un mandat électif, la malhonnêteté oui. Bien sûr de nombreux candidats malhonnêtes ont été réélus et le seront encore ; parce que nous sommes en France dans un système partisan. Ce sont donc les partis – et en dehors d’eux point de salut pour un non-affidé – qui choisissent ceux qui vont aller au-devant des électeurs, qui n’ont alors souvent le choix qu’entre la peste et le choléra ; ou la pêche à la ligne puisque le vote blanc est considéré comme abstention. Et ces partis n’ont aucune envie de faire le ménage ; ils se contentent de tout mettre sous le tapis jusqu’à une nouvelle loi d’amnistie.

  87. @PARITOLOG | 24 février 2010 à 09:54
    « On nous rapporte qu’il y aurait eu un jeune
    alsacien Philippe Bulger (ou Bilger ?) qui
    aurait été exécuté à la Libération en décembre 1944 pour graves Kollaborations … »
    En août 1944, le seul Philippe Bilger que nous connaissons venait de souffler sa première bougie sur son premier gâteau d’anniversaire!
    Na klar! Hören wir mal auf mit dem witz
    « traîtrise génétique » façon « Du spinnst Francis »!

  88. @Catherine A @ Catherine Jacob : la connerie oui, la malhonnêté non | 24 février 2010 à 15:57
    « ils se contentent de tout mettre sous le tapis jusqu’à une nouvelle loi d’amnistie. »
    Cotisons-nous pour leur offrir un Dyson doté de la technologie Root Cyclone pour ne pas perdre d’aspiration ; Vous savez cette marque que Darty a virée de ses rayons parce que les appareils étant garantis cinq ans par la marque, ce distributeur ne pouvait plus faire son beurre avec les extensions de garanties abusives ?!

  89. « La connerie – d’autant qu’elle passe souvent inaperçue – ne me paraît pas incompatible avec un mandat électif » (Catherine A.)
    Un avocat sollicitait un de ses confrères pour son suffrage aux élections du Conseil de l’Ordre.
    « Je voterais bien pour toi, mais tu es trop c.. »
    « Eh, mon cher, il faut bien que toutes les opinions soient représentées ! »

  90. L’exquis Axel Poniatowski, membre de la Commission des Affaires Etrangères de l’Assemblée Nationale et véritable caricature du patricien sage et humain, se retrouve dans un tohu-bohu infernal ! C’est d’une drôlerie ! Il ne manquerait plus que Stéphane Bern prenne la défense de ce prince et s’écrie : « Oh, Nooon ! »…

  91. Somme toute, « une affaire qui fait pschitt », comme l’avait déclaré un ancien président de la République »… avec en prime une réédition de « l’arroseur arrosé ».
    Tout cela montre le (bas) niveau du débat politique dans notre pays.
    Question : sans angélisme aucun, jusqu’où ira-t-on en matière de vilenie ?

  92. @Jean-Dominique, la jeune marocaine a demandé à rentrer au pays, devait-on l’obliger à rester ici, battue comme plâtre? Vous croiserez peut-être son frère un jour, ne pleurez pas, tout n’est pas perdu.
    ___________________
    Le PS ‘stigmatise’ la diversité à force de discrimination positive, un comble ! Je ne suis pas loin de croire qu’il l’ont choisi justement parce qu’il avait un casier. Pas moyen de trouver un black sans casier qu’ils diront (même son homonyme en a un), vous comprenez, la police raciste, la justice aux ordres, l’école sans moyens, tout ça…
    Aujourd’hui la règle médiatique veut que les paroles aient plus de poids que les actes, c’est ainsi.
    La stigmatisation de R.Polanski est plus grave que l’acte barbare qu’il a commis il y a longtemps. Les délits avérés d’Ali ne pèsent rien face au scandale de leur dénonciation.
    C’est celui qui vend la mèche qui est honni, en revanche le délinquant devient la victime, ce héros de la modernité, victime du pire des crimes aujourd’hui: la discrimination négative.

  93. Cette façon d’agir n’est malheureusement pas nouvelle. C’est un « coup monté » par le PS ai-je entendu ?… Bien sûr ! C’est évident !
    Une question cependant. Ce jeune militant va être défendu par Me Mignard. Qui va rémunérer ce médiatique avocat, le PS ou le candidat ?
    Dans l’éventuelle élection de monsieur Ali Soumaré, celui-ci sera-t-il déjà l’obligé d’un parti ?
    La morale de cette lamentable histoire voudrait que les accusateurs publics soient destitués…
    Mais l’UMP aura t-elle le courage de faire le nettoyage dans ses rangs ?
    La réponse est évidente…

  94. Valérie Pécresse aura le même sort que Françoise de Panafieu.
    N.Sarkozy voulait que B. Delanoë soit élu.
    Et il a fait trébucher Panafieu.
    De même qu’il préfère qu’un bon percheron comme JP Huchon soit à la tête de l’Ile-de-France.
    C’est une nouvelle forme de « l’ouverture » : faire battre ses propres troupes pour mieux signer des traités de paix durables.
    Nicolas Sarkozy a dû trouver un Machiavel de poche au Drugstore des Champs-Elysées.

  95. @ Aïssa Lacheb-Boukachache.
    Je sais qu’à l’hôpital, où il me faut aller, c’est le d’Aïssa que j’espère trouver.

  96. Catherine A coupeuse de cheveux en quatre

    @Laboca
    « Ce que j’ai voulu montrer, c’est qu’il n’y a pas de différence entre ceux qui attaquent le candidat Soumaré en se fondant sur ses antécédents judiciaires et ceux qui ont reproché à cette femme du Nord de la France d’être entrée en mariage après avoir dupé son homme quant à sa virginité », écrivez-vous. Mais bien sûr qu’il y en a des différences, et sérieuses ! Vous êtes en plein sophisme. Exiger d’un candidat une exemplarité morale me paraît tout à fait normal. Et la féministe que je suis n’exige pas pour autant la virginité d’une femme, ce qui n’a strictement rien à voir avec la morale mais plutôt avec des traditions moyenâgeuses derrière lesquelles se réfugient des esprits tordus ; les mêmes qui parlent de crimes « d’honneur » quand ils tuent des femmes juste parce qu’elles sont femmes.
    @sbriglia
    Votre avocat a le sens de la répartie mais il aurait fallu lui répondre qu’il faisait une petite confusion : la connerie est un état hélas chronique alors qu’une opinion n’est souvent que temporaire. Les hommes politiques qui en changent souvent le démontrent allègrement.
    Sur ce j’arrête de couper les cheveux en quatre et je laisse ce blog à des commentaires plus sérieux…

  97. Je pense que pour éclairer cette affaire, il manque une dimension, qui la ramène paradoxalement à un fait divers médiocre dévoilant des pratiques politiques très habituelles en période de campagne.
    Car la liste Huchon héberge un Francis Delattre de gauche qui s’est empêtré dans une affaire incroyablement similaire à l’affaire Soumaré.
    Lors de la campagne des législatives de 2007, le maire PS d’Asnières avait qualifié un jeune beur, candidat concurrent, de « caïd » aux multiples condamnations.
    Lors du procès en diffamation qui a suivi, diverses pièces sont apparues, semblant provenir du dossier administratif du prétendu caïd, par ailleurs employé municipal. Peine perdue, le maire d’Asnières a été condamné il y a quelques mois pour ces propos.
    Outre son importance dans le dispositif de campagne de M. Huchon (coordonnateur de la net-campagne et 3e de liste dans les Hauts-de-Seine), le sel de cette affaire est que le maire d’Asnières était dans le passé président de SOS Racisme 92.
    La seule différence, au fond, c’est qu’à ce jour le socialiste ne s’est pas excusé. Mais l’UMP étant au coeur d’une tempête médiatique, il est difficile de savoir si la contrition est spontanée, ou cordialement encouragée.
    Deux articles de référence sur cette autre affaire :
    L’Humanité : Zouhair, « caïd »  : 
les mots qui disent 
la stigmatisation…
    http://www.humanite.fr/article2759300,2759300
    Libération : «Caïd», le mot qui coûte cher à l’élu. Le maire PS d’Asnières, condamné pour des propos tenus contre un médiateur.
    http://www.liberation.fr/societe/0101578728-caid-le-mot-qui-coute-cher-a-l-elu

  98. Bonjour
    Pardonnez mon ignorance mais j’ai cru comprendre que quand on est condamné ou disculpé il y a eu arrêt de justice.
    Qui peut interdire la communication de cet arrêt et en quoi est-il secret ???
    Je compte sur vous pour me répondre car j’ai vraiment besoin de savoir.
    Merci.
    Duval Uzan

  99. GRAND MERCI « PEDAGOGIQUE » @ Mme le Pr Jacob,
    c’est très clair :
    « Na klar! Hören wir mal auf mit dem witz
    « traîtrise génétique » façon « Du spinnst Francis »! »
    (respect des consciences et auto-suffisance
    sont ontologiquement incompatibles)

  100. Les élites proviennent du même moule des ghettos blancs et riches ; ici on a par chance un jeune issu de l’immigration, grandi en banlieue ! On ne peut pas prôner l’égalitarisme et la diversité en rejetant le bébé avec l’eau du bain ! Antijeunisme et racisme voilà l’histoire ! « Délinquant récidiviste », pouah quels nullards !
    Isabelle.

  101. Le psy@PARITOLOG, JPLedun, Catherine Jacob, Pierre-Antoine... & PB

    @PARITOLOG, JPLedun, Catherine Jacob, Pierre-Antoine… & PB
    « So what ? » interroge JPLedun
    « Du spinnst Francis » ! s’esclaffe CJ
    Ehééé…… ZZZZZZZzzzzz spinner est arrivé
    Bavant ses catilinaires…
    Tout à ses philippiques
    A ses effets de manches
    Moulinant, moulinant…
    Et l’aine s’adira…
    Dans l’amer bière s’échoua
    De Philippe Bilger qu’éclaboussa
    Exhalant sa haine de convaincu…
    Grand dépendeur d’andouilles
    Peut-on entendre
    Maintenant dans les prétoires
    Une lettre vous manque nous a conté Pierre-Antoine
    Et tout change !
    Le spzinnerisme est né

  102. @ Jiel
    « J’ajoute tout spécialement pour Mme Clafoutis qu’il n’y aurait rien à ajouter pour que les fautes restent héréditaires. C’est déjà le cas : au XXI° siècle, chaque Français est coupable de la traite négrière et chaque catholique de l’Inquisition. Je suppose qu’elle se bat ardemment contre ces amalgames. »
    Très bonne remarque : il m’avait échappé que les catholiques français étaient inéligibles. Eclairé par vos soins, je vais de ce pas m’insurger contre ce scandale.
    Le mieux serait d’obtenir que soient rétablis et la Sainte Inquisition, et la traite des Noirs (c’est bon pour la relance).
    Je m’y mets dès que j’arrête de rigoler quant à la perspicacité des candidats UMP d’Île de France.
    J’invite les deux ou trois zozos à l’origine de ce magnifique plantage (cornaqués par le vertueux hôte de ces bois) à me rejoindre dans ce valeureux combat.
    Mais il serait souhaitable qu’ils effectuent au préalable un stage auprès des aborigènes australiens portant sur la manipulation du boomerang : sans diplôme (authentifié), je ne les accepterai pas.

  103. M. Bilger
    Toujours aussi agréable de vous lire tant la mesure semble manquer en ces temps de déraison.
    S’agissant de l’affaire Ali Soumaré, que demande-t-on en effet ? Simplement de connaître son passé judiciaire ; l’électeur veut savoir pour qui il vote, est-ce déraisonnable ?
    M. Huchon a été condamné à 6 mois de prison avec sursis et 6000€ d’amende pour prise d’intérêts, tout le monde le sait et il sera sans doute élu à la tête de la région Ile-de-France, grand bien lui fasse.
    De la même manière M. Balkany a été condamné et frappé d’inéligibilité à Levallois, ses électeurs le savaient. Une fois la peine d’inéligibilité passée, ils l’ont élu en connaissance de cause, je le regrette mais c’est comme ça.
    Je me rappelle l’affaire de la gare du Nord en 2007, où un resquilleur a été défendu par le PS ; le pauvre contrôleur, lui, a été roué de coups et ignoré par ce même PS.
    La gauche dans son ensemble a tourné le dos au peuple, elle voit le délinquant comme le nouveau prolétaire de demain qui sera le fer de lance de la révolution. Je suis d’autant plus triste de cet aveuglement que je suis de gauche.
    Une dernière chose qui m’irrite le poil, tant la confusion dans les mots est grande, les condamnations d’Ali Soumaré ne sont pas prescrites comme l’affirme son avocat, repris en coeur par les médias.Tout au plus Ali Soumaré est réhabilité, la justice étant passée, les peines confirmées, les actes délictuels ont été reconnus et sanctionnés par la justice.

  104. @jemerappelle | 26 février 2010 à 14:38
    « Tout au plus Ali Soumaré est réhabilité, la justice étant passée, les peines confirmées, les actes délictuels ont été reconnus et sanctionnés par la justice. »
    Je pense à une chose, tout à coup, et c’est que les citoyens passés sous le rouleau compresseur de la Justice et retournés un peu aplatis sur le droit chemin, ont besoin d’un José Bové à eux qui connaissent leur situation, leurs aspirations, leurs problèmes et, à l’instar de cette ancienne prostituée américaine employée par les services de police pour mettre en place un programme d’éducation (voir: http://www.prostitutionetsociete.fr/prevention-et-education/prevenir-la-prostitution/norma-hotaling-initiatrice-d-un) ou cette autre, hollandaise ou italienne, je ne sais plus, élue député et à l’origine de projets de loi concernant des problèmes donc qu’elle était bien placée pour connaître !
    D’où je pense qu’on a toujours tout intérêt à dire les choses comme elles sont, cela permet de trouver les bons interlocuteurs et, en l’espèce, les bons électeurs potentiels !

  105. Alex paulista

    @ jemerappelle
    « Tout au plus Ali Soumaré est réhabilité »
    « Tout au plus » me semble maladroit. Vous préférez ceux qui doivent leur liberté à la faveur du temps qui a coulé ?
    Émile Louis a failli faire partie de cette dernière catégorie…

  106. Et si tout bonnement cette polémique était née simplement parce que monsieur Ali Soumaré n’était pas « juif » et qu’il serait ainsi fait un amalgame avec l’affaire Fofana ????????

  107. Rédigé par Madame/Monsieur etsietsietsi…? le 27 février 2010 à 10:28
    Promis, la prochaine fois, on mettra « Paris en bouteille » !

  108. Si la politique devait être aussi stricte que certaines professions de sécurité quant aux antécédents judiciaires de son personnel, il faudrait que ce soit par une loi, qui serait ainsi opposable à tous. On voit bien le problème depuis les développements de l’affaire du côté de Madelin-Devedjian – le coup bas est revenu comme un boomerang ! Comme nombre de commentaires l’ont fait remarquer, la politique offre globalement le spectacle d’un monde où les règles ne sont pas les mêmes, où le détournement de fonds fut courant (est encore ?) pour cause de financement des partis, où le trucage des élections parisiennes s’est avéré organisé par des petites mains sans que le chef eût été informé… un faux immeuble plein de faux électeurs ! Bref, la démocratie est dévoyée et l’exigence morale assez limitée. Sans parler des liens avec l’argent noir du patronat (caisse de l’UIMM) dont il est probable que jamais on ne sache à qui cette fortune a été distribuée. N’oublions pas aussi que notre président aurait pu être poursuivi pour corruption et prise illégale d’intérêt (affaire classée sans suite), qu’une ministre a truqué son CV, qu’un affairiste sportif en délicatesse avec la justice fut ministre, sans parler de l’époque Pasqua… Mieux encore : selon le Canard, le gouvernement cherche à éviter à M. Carignon de payer de sa poche sa condamnation à 250.000€ et quelques !
    Mais nous, citoyens, sommes-nous réellement en situation morale de critiquer ces politiciens douteux ? Lorsque les électeurs plébiscitent le couple Balkany en revotant pour eux après que la justice a confirmé leurs nombreuses malversations, n’est-ce pas la preuve de notre goût pour la symbolique tribale du chef qui distribue les récompenses tout en s’octroyant le meilleur morceau ?
    Le plus étonnant finalement, c’est que la majorité de citoyens remplissent honnêtement leur déclaration de revenus et fraudent modérément !
    La direction des affaires à un haut niveau nécessite une part de secret et quelques accommodements avec la morale (à qui vendre des armes si on ne serre plus la main aux crapules et aux théocraties ?), et cette affaire va plus loin que le cas individuel, il s’agit de définir quel degré d’honnêteté et de morale on exige de nos politiciens. Surtout maintenant qu’il devient évident que les états eux-mêmes truquent leur comptabilité, comme la Grèce, avec la complicité tacite des autres pays européens…
    La politique peut-elle être morale, peut-elle être propre autrement qu’en apparence ?

  109. Bonsoir M. Bilger,
    Je suppose que vous avez comme moi lu Le Canard Enchaîné de ce jour et vu le fac similé de l’extrait du casier judiciaire vierge de M. Soumaré.
    Votre billet était prématuré je crois. Mieux vaut s’assurer de la véracité des faits avant de condamner.
    Encore quelques jours avant le verdict dans l’appel en assises de l’affaire Viguier. L’ultime rebondissement de ce procès d’appel : subornation de témoin, faux témoignage, connivence entre les enquêteurs et l’amant de la supposée victime (puisqu’aucun corps n’a jamais été retrouvé) devraient logiquement faire douter Albi après avoir fait douter Toulouse.
    Difficile métier que le vôtre, lorsque malgré l’incertitude, vous devez requérir.

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