Le 12 septembre, sur BFM TV, dans une émission de débat intitulée « La Dispute », deux avocats ont dialogué au sujet de l’affaire criminelle dont a été victime Agathe Hilairet le 10 avril dernier, de l’auteur présumé de cet enlèvement puis du meurtrier Didier Laroche et, plus généralement, « du difficile suivi des condamnés pour viol » (Le Parisien).
Même s’il n’y a pas de preuve, pour l’instant, de la présence ou de l’absence de violences sexuelles, le parcours judiciaire de Didier Laroche et l’exécution des sanctions qui ont été édictées à son encontre, ne peuvent que conduire à s’interroger sur la pertinence des échanges entre ces deux conseils à peu près accordés sur le fait que la justice n’est pas responsable, que les crimes sexuels sont imprévisibles et qu’en définitive, les polémiques au sujet de la trajectoire de Didier Laroche seraient inutiles.
Je crois exactement l’inverse.
En 2003, l’avocat général qui avait requis contre Didier Laroche, pour une double agression sexuelle, devant la cour d’assises de Riom, avait déclaré à son sujet « qu’il était un homme dangereux, qu’il recommencerait ». Ce qui s’est tragiquement avéré.
En 2004, en appel, pour viol avec arme, il est condamné à trente ans de réclusion criminelle dont vingt ans de sûreté.
Vingt ans plus tard, Laroche se retrouve à Casabianda – ce centre de détention sans murs – où le régime pénitentiaire est souple. En avril 2024, il est libéré sur décision du juge de l’application des peines de Bastia, malgré l’opposition formelle des parties civiles et les conclusions d’un expert psychiatre qui jugeait « incertaine sa curabilité ». On connaît la suite.
Si on remonte en amont, à l’âge de 29 ans, il est condamné à douze ans de réclusion pour le viol d’une joggeuse. En 1999, il a bénéficié d’une permission de sortie durant laquelle il agresse à nouveau une joggeuse.
Sorti de prison en 2000, il est à nouveau arrêté en 2001 pour viol avec arme sur une jeune femme de 24 ans.
De cette histoire criminelle répétitive et rendue confuse par une exécution des peines calamiteuse, inspirée par l’optimisme sur un Laroche « récupérable » et « réinsérable », comment ne pas s’indigner d’abord du fait qu’aucune des sanctions n’a été purgée intégralement ?
Alors que contrairement à ce qui avait pu être affirmé dans « La Dispute », il était non seulement facile mais élémentaire, en raison de l’histoire criminelle de Laroche gangrenée par d’atroces similitudes, de prévoir que cet homme était enfermé dans un système où il serait inéluctablement coupable de crimes sexuels et victime de ses pulsions terrifiantes. La conclusion à en tirer était de récuser un humanisme béat et de refuser une générosité et un laxisme dont la société allait payer le prix.
C’est ce qui s’est produit.
Il est essentiel, pour conforter cette argumentation, de souligner que soumis à une surveillance judiciaire à Vivonne, après sa sortie de Casabianda, moins d’un an après, il commet le pire sur la malheureuse Agnès Hilairet.
Non seulement la criminalité sexuelle est singulière parce que, sauf miracle, le condamné la renouvelle mais dans les intervalles du contrôle qu’il peut apparemment respecter, il s’abandonne au pire de ses pulsions.
Il me semble que ce n’est pas instrumentaliser l’horreur que de considérer que pour la faire cesser, pour éviter qu’elle se reproduise jour après jour, il faudra radicalement changer notre logiciel : l’État de droit n’est pas destiné à nous faire plaisir mais à protéger la société des Laroche réels ou à venir.
« Il me semble que ce n’est pas instrumentaliser l’horreur que de considérer que pour la faire cesser, pour éviter qu’elle se reproduise jour après jour, il faudra radicalement changer notre logiciel : l’État de droit n’est pas destiné à nous faire plaisir mais à protéger la société des Laroche réels ou à venir. » (PB)
Il existe pourtant une solution pour éradiquer les pulsions de ce genre d’individus incurables : la castration chimique, voire physique.
Étonnant qu’elle n’ait pas été appliquée. Dans certains pays c’est le cas.
@ Achille
Tout à fait d’accord avec vous.
On claque les bijoux de famille entre deux briques. Et pour ceux qui pensent que ça fait mal, il faut juste faire attention à ne pas se coincer les doigts.
@ stephane | 13 septembre 2025 à 17:54
« On claque les bijoux de famille entre deux briques. »
Je me suis laissé dire que cela se faisait régulièrement pour castrer les moutons et les cochons dans les campagnes.
Faut demander à hameau dans les nuages. Lui il doit savoir ! 😊
« l’État de droit n’est pas destiné à nous faire plaisir mais à protéger la société » (PB)
Une formule qui devrait être gravée en lettres de marbre recouvertes d’or inaltérable, sur le fronton de l’École nationale de la magistrature.
Depuis quelques décennies, depuis la trop fameuse, lamentable et détestable harangue d’Oswald Baudot, les jeunes magistrats sont formés à privilégier et préserver le sort de l’individu déviant, au détriment de celui de la société.
Pourtant un minimum de réflexion montre que l’homme étant un animal social, il n’existe qu’en société et si l’on veut précisément maîtriser son animalité, cela passe par un contrôle du fonctionnement de la société.
Le Code d’Hammurabi, premier code civil si je puis dire, qui réglementait l’organisation de la société, date d’environ 1750 avant notre ère. C’est dire si la nécessité d’une société organisée et régie par des lois structurantes était déjà comprise.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Code_de_Hammurabi
La primauté donnée à l’individu versus la société est une idée moderne, poussée jusqu’à l’absurde.
Cet absurde étant le résultat de la perte de toute référence transcendante, qu’elle soit mystique ou sociale.
À ce propos, il convient de remarquer que les pays qui se disent marxistes, niant la mystique religieuse donnent la primauté à un avenir « radieux » qui sert de substitut de transcendance, et constitue une mystique politique.
L’avenir, comme l’horizon, étant toujours hors de portée, comme le Dieu qu’ils récusent l’est également.
Donner la primauté à l’individu versus la société, c’est donner la primauté à la cellule cancéreuse sur l’organisme complet.
À terme c’est la mort de l’individu, et celle de la société postmoderne que nous vivons.
La nature ayant horreur du vide, y compris du vide structurant, une autre société, d’importation celle-là, se met progressivement en place dans laquelle c’est le collectif, désigné sous le nom d’Oumma, qui a la priorité.
Ainsi disparaîtront les sociétés qui auront oublié que les Droits de l’homme étaient dans leur version initiale les Droits de l’homme et du citoyen.
La part du citoyen étant celle qui fait passer l’ordre social avant le confort de l’individu.
Quel magistrat sait encore que les droits du citoyen font passer la liberté de l’homme sur le chemin de la sécurité ?
« l’État de droit n’est pas destiné à nous faire plaisir mais à protéger la société des Laroche réels ou à venir. » (PB)
Mais vous savez bien qu’au pays de la justice inversée, l’État de droit a pour vocation de protéger les assassins afin qu’ils puissent condamner à mort des innocents.
Je m’étonne que personne n’ait songé à la science, qui sans être magique, propose tout de même des pistes sérieuses, ainsi :
https://lejournal.cnrs.fr/articles/contre-les-violences-sexuelles-les-neurosciences-en-renfort
Le retour d’un blog nouveau, dont on se réjouit, s’accompagne de la disparition regrettable du remède, exprimé là-bas mais disparu ici, à la pathologie relationnelle qui considère autrui comme une maladie incurable.